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Les conseillers municipaux de Paris sous la Troisième République (1871-1914)

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Nobuhito Nagaï

Seconde partie. Conseillers municipaux de Paris de 1871 À 1914

Chapitre VII. Carrières

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  • 1 Voir le chapitre III.

1La rupture que la Troisième République a voulue avec le régime précédent se reflète dans la composition de l’assemblée municipale parisienne : seuls deux des édiles du Second Empire s’y sont retrouvés1. Mais qui étaient ces nouveaux hommes ? Qu’est-ce qui les a conduits à l’Hôtel de ville ? Le présent chapitre se donne pour but d’examiner les différents itinéraires qu’ont suivis nos conseillers et le déroulement de leurs carrières.

A. Antécédents politiques avant 1871

2Pour la plupart des conseillers municipaux de la Troisième République, la véritable carrière politique a commencé après le 4 septembre. Seuls 18 d’entre eux avaient exercé un mandat – de conseiller municipal, de maire ou adjoint, de conseiller général ou de parlementaire – avant 1870. Mais plus nombreux sont ceux qui avaient activement participé à la vie politique, de différents moyens.

3Si aucun de nos conseillers n’avait reçu un mandat au cours de la Monarchie censitaire, certains s’étaient lancés dans les luttes politiques de l’époque. Le cas le plus célèbre est celui d’Ulysse Trélat. Né en 1795, il avait déjà 35 ans lorsqu’il combattit sur les barricades en juillet 1830. Après l’arrivée sur le trône du Roi-Citoyen, qu’il n’applaudit pas, il adhéra à la société « les Amis du peuple », qu’il présida ensuite, et lutta contre le régime comme journaliste au Patriote du Puy-de-Dôme, et au National. Ce qui lui a valu plusieurs poursuites et condamnations. Son engagement politique fut récompensé en 1848, par son élection à l’Assemblée constituante, et par son entrée au gouvernement.

4Antide Martin, futur conseiller de Saint-Vincent-de-Paul (Xe, 1878-1882), avait suivi un itinéraire identique. Membre à 18 ans d’une société secrète à Lyon, sa ville natale, il faisait partie de la Société des droits de l’Homme sous Louis-Philippe. Pour ces activités, il fut condamné à la déportation en 1834. À la chute de la Monarchie en 1848, il fut nommé adjoint au maire de Saint-Etienne et conseiller général de la Loire.

  • 2 Maitron Jean (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Éd. ouvrières, t. 6. (...)

5Joseph Cusset, ouvrier imprimeur, fut arrêté en 1839 pour avoir fait partie de la société secrète « Les Saisons ». Le peintre Félix Jobbé-Duval passait pour avoir participé à l’insurrection que cette société a provoquée le 12 mai 18392. D’autres conseillers avaient fréquenté les milieux de l’opposition démocratique, comme Cantagrel, qui était disciple de Fourier et de Considerant, ou Auguste Cadet et Charles Martin, « collaborateurs », selon diverses sources, de Ledru-Rollin et de Delescluze à la fin de la Monarchie de Juillet.

6Nous pourrions multiplier les exemples, mais les renseignements sont souvent approximatifs, à cause probablement de la distance qui sépare l’époque dont il s’agit de celle à laquelle les notices ont été établies. Au total, sur environ 100 conseillers municipaux ayant atteint leur majorité durant cette période, une quinzaine furent impliqués dans une affaire ou dans un mouvement à caractère politique, dans la plupart des cas du côté de l’opposition démocratique. Mais peu d’entre eux jouèrent un rôle important.

7Concernant l’assemblée municipale de Paris, leur sort futur était presque identique. 7 d’entre eux sont entrés au Conseil municipal en 1871, et les autres au cours des années 1870, tous sous l’étiquette républicaine.

8Lors de la Révolution de 1848, 4 de nos conseillers avaient exercé un mandat.

9Trélat fut envoyé par le département du Puy-de-Dôme à l’Assemblée nationale constituante, avant d’être nommé ministre des Travaux publics en mai 1848, et d’affronter en tant que tel le problème des ateliers nationaux. Maurice Engelhardt fut élu conseiller municipal de Strasbourg en 1848. Saint-Etienne eut parmi ses adjoints Antide Martin. Dans la capitale, deux des futurs conseillers municipaux de la Troisième République furent chargés d’administrer des arrondissements : Joseph Vautrain, adjoint puis maire de l’ancien IXe arrondissement de février 1848 jusqu’en décembre 1851 ; Trélat, maire de l’ancien XIIe arrondissement en 1848.

10En dehors d’eux, trois conseillers furent nommés à la tête de départements : il ne s’agit pas d’un mandat, mais la nomination à ces postes était alors hautement politique. Degouve-Denuncques, collaborateur de journaux réformistes sous Louis-Philippe, fut désigné à la tête du Pas-de-Calais (juin 1848 – janvier 1849) puis des Deux-Sèvres (janvier – novembre 1849). Casimir Henricy, rédacteur du National depuis 1840, fut envoyé à Brignolles en avril 1848 comme sous-commissaire. André-Saturnin Morin était sous-commissaire de Nogent-le-Rotrou en février 1848 et également conseiller général d’Eure-et-Loir.

11Sous la Seconde République, trois des futurs conseillers municipaux ont entamé leur carrière politique en tant que représentants à l’Assemblée législative. Il s’agit de Vauthier, élu dans le Cher, de Cantagrel, élu en Loir-et-Cher, et de Martin Nadaud, représentant de la Creuse : ils siégèrent tous à la Montagne. Ces trois ont été élus au premier Conseil municipal de Paris de la Troisième République, et ont trouvé leurs places à gauche de l’assemblée.

  • 3 Si l’on excepte Émile Littré, élu en octobre 1871 conseiller général de la Seine dans le canton de (...)

12Ainsi, c’est plutôt en province que nos conseillers municipaux avaient participé à l’établissement de la nouvelle République, sauf deux exceptions, Vautrain et Trélat, nommés maires d’arrondissement à Paris. Aucun n’entra à l’Hôtel de ville durant la Deuxième République. D’autre part, les 59 conseillers municipaux de Paris en fonction entre 1848 et 1851 ont tous quitté l’Hôtel de ville avant 18703 Ont connu le même sort les 45 conseillers élus au suffrage censitaire sous Louis-Philippe. Ainsi, la rupture dans le personnel politique municipal observée en 1871 n’était pas seulement avec le Second Empire, mais aussi avec tous les régimes précédents. L’introduction du suffrage universel a entraîné un renouvellement presque intégral.

13En dehors de ces conseillers qui viennent d’être cités, un certain nombre avaient joué un rôle plus effacé, ou avaient été plus malheureux dans le déroulement des événements.

14Les informations biographiques que nous avons recueillies nous indiquent qu’une trentaine de conseillers s’étaient battus pour l’établissement et l’installation de la République, souvent dans le camp des républicains avancés.

  • 4 Jugement en date du 13 septembre 1848 (AN. F17 22846).

15Pratiquement absents sont les combattants de juin 48 : nous n’en avons trouvé que deux : Jean-Baptiste-Onésime Dupont, et Eugène Cléray. Agrégé de grammaire, Dupont était professeur à Henri IV quand la monarchie s’effondra. Il devint chef de bataillon de la Garde nationale, et prit part, d’après le jugement du Conseil de guerre, à « un attentat ayant pour but de détruire le Gouvernement, d’exciter la guerre civile, et de porter la dévastation, le massacre et le pillage dans la capitale »4 : il s’agit vraisemblablement des journées de Juin. Il fut condamné à dix ans de travaux forcés, par contumace d’ailleurs, puisqu’il s’était réfugié en Angleterre. Cléray, tabletier, participa à la prise de la mairie du IXe arrondissement en juin 1848, et il fut arrêté et condamné à un an de prison.

  • 5 Selon un rapport de police, sans date (APP, BA1121, dossier Hubbard).

16Plus nombreux sont ceux qui avaient participé à la journée du 13 juin 1849, aux côtés des représentants montagnards. Au moins six conseillers avaient été impliqués dans cette affaire : Bonnet-Duverdier, futur député du Rhône (1878-1882), Cantagrel, Engelhardt. Arthur Hubbard, alors élève de l’École nationale d’administration et « secrétaire » de Ledru-Rollin5 Songeon, et Vauthier. Ils furent tous proscrits ou condamnés pour leur action dans cette affaire dite du Conservatoire des Arts et Métiers.

  • 6 AN, LH1651/49 (Loiseau) et 2602/28 (Thorel). Ernest Hamel et Auguste Cadet, tous deux parlementaire (...)

17Quelques-uns se trouvaient du côté du gouvernement dans ces affrontements, comme Charles Loiseau ou Ernest Thorel, qui, en demandant un grade de Légion d’honneur, insistaient sur leur conduite dans la répression de l’insurrection de juin 18486.

18En général, les carrières ou les activités faites durant la Deuxième République étaient diversement appréciées sous la Troisième. Rares sont les événements ou mouvements qui faisaient l’unanimité à l’époque. C’est d’ailleurs ce qui rend plus difficile l’interprétation des renseignements biographiques. Les deux légionnaires qui viennent d’être cités, par exemple, étaient-ils vraiment hostiles à la République sociale ? Au moment où ils ont été promus – en 1871 dans les deux cas – les circonstances rappelaient certainement les horribles batailles de jadis. Il fallait être partisan de l’ordre. Ces élus n’insistaient-ils pas sur un fait sans en évoquer d’autres ?

19Ce problème de l’interprétation des informations se pose pour le Second Empire, mais dans le sens inverse. En fait, pour un républicain sous la Troisième République, l’opposition au régime issu d’un coup d’État était un des éléments indispensables du curriculum vitae.

20Bien des conseillers étaient issus de l’opposition au Second Empire. Nous avons recensé environ 80 cas relativement crédibles, soit environ un cinquième de ceux qui étaient majeurs sous le règne de Napoléon III. Quelques-uns furent arrêtés au 2 décembre, et forcés de quitter la France, comme Cadet, Songeon ou Nadaud. D’autres, restés en France, se sont opposés au régime par divers moyens : par le journalisme, par la participation au comité électoral d’un candidat républicain, ou au sein d’organisations socialistes comme l’A.I.T. née en 1864.

  • 7 Collaboraient également Bourneville, Cadet, Louis Combes, Nadaud, Charles Quentin, Émile Richard. L (...)
  • 8 Guyot, Lockroy, Monteil y écrivirent.
  • 9 Brisson, Ranc, Révillon furent collaborateurs, et Castagnary, Louis Combes, Deberle furent rédacteu (...)
  • 10 Carle, Hamel, Lepelletier de Bouhélier se trouvaient parmi les collaborateurs.

21Ceux qui prirent la plume comme arme politique étaient au nombre de quelque vingt-cinq. Évidemment, c’est vers la fin de l’Empire que leurs activités se sont intensifiées. Au centre de gravité se trouvait le Réveil de Delescluze. La feuille attira une douzaine de futurs conseillers municipaux, parmi lesquels Arthur Ranc. Caubet, ou Ernest Hamel ; Arthur Hubbard en fut un des rédacteurs7. D’autres écrivirent dans des journaux de gauche tels que le Rappel de la famille Hugo8, le Nain jaune9, ou la Réforme de Vermorel10.

  • 11 Voir Berlière Jean-Marc. La police des mœurs sous la Troisième République, Seuil, 1992, 270 p. ; CO (...)

22Environ la moitié d’entre eux étaient journalistes de profession. Édouard Lockroy, futur député de la Seine, plusieurs fois ministre dans les années 1880-1890, est dans ce cas. Né en 1838, fils d’un auteur dramatique qui fut nommé en 1848 commissaire du gouvernement près la Comédie française, Lockroy abandonna ses études de beaux-arts pour se consacrer au journalisme. Lié à Auguste Vacquerie, à Louis Blanc, à Rochefort et à Charles Hugo – dont il a épousé la veuve en 1877 –, il collaborait sous l’Empire au Figaro, au Diable ci quatre, et participait à la rédaction du Rappel. La Troisième République l’a poussé sur le devant de la scène politique : il a été élu représentant de la Seine, et conseiller municipal de Paris en 1871. Mais il n’a pas négligé ses activités de journaliste : il a été directeur du Peuple souverain et fondateur du Suffrage universel ; il a également été élu président d’associations de journalistes. Yves Guyot, un autre futur ministre de la République, a suivi un itinéraire analogue. Il a débuté dans le journalisme vers 1867, à l’âge de 24 ans. Rédacteur du Rappel et fondateur de plusieurs feuilles de province à la fin du Second Empire, il est devenu rédacteur en chef de la Municipalité dont il avait participé à la fondation en octobre 1871 avec Lockroy. Guyot était également directeur du Bien public en 1876, et directeur du Siècle en 1892. Une des grandes figures du radicalisme parisien, il devait une partie de sa notoriété à sa campagne de presse contre la Préfecture de police dans les années 1870-188011.

23Ces publicistes de métier, nés pour la plupart dans les années 1820-1830, ont atteint l’âge adulte dans l’ambiance tumultueuse du milieu du XIXe siècle. Leurs véritables carrières politiques ont commencé sous la Troisième République, pendant laquelle 7 ont été élus parlementaires, et 3 ministres (Henri Allain-Targé, Guyot et Lockroy).

  • 12 Estèbe Jean, Les ministres de la République, op. cit., p. 116.
  • 13 Pour ce procès, voir l’article d’Yves ozanam, in tulard Jean (éd.), Le Dictionnaire du Second Empir (...)

24Le barreau était un autre théâtre de la lutte contre l’Empire. Nous ne pouvons pas connaître les activités de tous les conseillers avocats, très nombreux d’ailleurs. Mais, en général, le barreau de Paris était plutôt hostile à Napoléon III, arrivé au pouvoir par un coup d’État. Les avocats parisiens élurent au conseil de l’Ordre et au bâtonnat des opposants de tous bords : parmi les bâtonniers du Second Empire se trouvaient le légitimiste Berryer (1852), les libéraux Bethmont (1854), Liouville (1856). Dufaure (1862), les républicains Favre (1860) et Grévy (1868)12 : En ce qui concerne nos conseillers municipaux, significative est la présence de 4 d’entre eux sur le banc des accusés dans le procès dit des Treize (Floquet, Clamageran, Hérold et Hérisson)13. Cette affaire, simple procès de contentieux électoral, est célèbre pour le fait que s’y étaient mêlées quelques-unes des figures de proue de la Troisième République, tant parmi les prévenus que parmi les défenseurs.

  • 14 Également membres de l’Internationale : Amouroux. Humbert, Landrin, Longuet, Ernest Moreau, Talandi (...)

25D’autres militaient à l’occasion de consultations électorales. Cléray, Loiseau-Pinson. Dujarrier, Caubet, Ferré, Murat et Opportun faisaient partie du comité Bancel, candidat démocrate aux législatives de 1869 dans la 3e circonscription de la capitale, contre Émile Ollivier. L’Association internationale des travailleurs, née en 1864, comptait une douzaine de futurs élus socialistes, tels que Vaillant, Chabert, Faillet, Joffrin, Chausse (fondateur de la section du Faubourg Saint-Antoine), ou Jean-Baptiste Dumay, au Creusot14.

  • 15 Il fut nommé, après le 4 septembre, directeur des Affaires algériennes.

26Peu de conseillers avaient soutenu ouvertement le régime. Anatole Bartholoni était le seul à avoir été parlementaire pendant le Second Empire (2e circonscription de la Haute-Savoie, 1860-1869), auquel il est resté fidèle : il était un des rares bonapartistes au Conseil municipal de la Troisième République, avec Quentin-Bauchart père et fils. Trois de nos élus avaient été conseillers généraux sous Napoléon III : Bartholoni en Haute-Savoie (1860-1870) ; Charles Tranchant, conseiller général de la Vienne (1867-1870) : Paul Viguier, propriétaire en Algérie, conseiller général de Constantine (Guelma) à la fin du régime, qu’il critiquait ouvertement d’ailleurs15.

  • 16 Voir le chapitre III.

27À Paris, trois des maires et des adjoints d’arrondissement et deux des conseillers municipaux du Second Empire étaient de futurs conseillers municipaux de la Troisième République16. Mais ces fonctions étaient à l’époque de caractère plutôt administratif que politique. Il en va de même pour le mandat de conseiller municipal de Passy, dont Émile Blanche fut investi.

28Au total, 10 des conseillers municipaux de la Troisième République avaient exercé un mandat sous le Second Empire, à Paris ou ailleurs. Aucun d’entre eux n’a continué sa carrière politique après la fin du mandat de conseiller municipal, ce qui contraste avec le sort des 10 autres conseillers municipaux promus pendant la Deuxième République : 3 d’entre eux ont été élus parlementaires sous la Troisième République.

29C’est sous la Troisième République que la plupart de nos conseillers sont entrés sur la scène politique.

30Nombreux sont ceux qui avaient contribué au rétablissement de la République. Deux avaient dirigé un cabinet de ministre dans le Gouvernement de la Défense nationale. Narcisse Leven, avocat, un des fondateurs de l’Alliance israélite universelle qu’il présida, avait été nommé chef du cabinet d’Adolphe Crémieux au ministère de la Justice. Albert Liouville, fils du célèbre bâtonnier de l’Ordre de Paris, fut choisi par Ernest Picard comme son chef de cabinet, d’abord aux Finances, puis à l’Intérieur. Il s’agit d’une cooptation familiale, car Picard était beau-frère de Liouville.

  • 17 Maine-et-Loire, Sarthe, Vendée et Mayenne.
  • 18 Il est ensuite nommé, au début du mois d’octobre, préfet de Maine-et-Loire, où il reste jusqu’au 25 (...)
  • 19 Les cas d’Allain-Targé, de Nadaud et d’Engelhardt, tous affectés dans leur département natal, sont (...)
  • 20 D’autre part, Jacques de Bouteiller fut nommé, en septembre, sous-préfet de Quimperlé (Finistère), (...)
  • 21 Delabrousse était également conseiller de préfecture en Maine-et-Loire, sous Engelhardt.

31Gambetta choisit 5 de ses préfets et 2 de ses sous-préfets parmi les futurs conseillers municipaux de Paris. Allain-Targé, ami de Gambetta, fut nommé, début septembre, préfet de Maine-et-Loire, son département natal. Il fut affecté dans la Gironde en novembre, poste qu’il quitta en février 1871, au moment où il se présenta, sans succès, aux élections législatives en Maine-et-Loire. Il fut par ailleurs chargé des fonctions de commissaire à la Défense nationale dans quatre départements de l’Ouest17. Nadaud fut envoyé dans son département d’origine, la Creuse, qu’il administra jusqu’en janvier 1871. Engelhardt se vit confier le Bas-Rhin, mais le déroulement de la guerre l’empêcha d’exercer ses fonctions18. Eugène Delattre, avocat, et Louis Combes, journaliste, furent nommés dans des départements auxquels ils étaient étrangers19 : le premier, natif de Ramburelles, dans la Somme, dont son père avait été conseiller général, fut nommé dans la Mayenne ; le second, fils d’un cocher de Paris, fut affecté dans l’Allier. Alfred Talandier fut sous-préfet à Rochechouart, en Haute-Vienne (1870-1871), et Alfred Deberle, à Corbeil (février-avril 1871)20. Et en dehors de ces administrateurs, 3 de nos conseillers avaient été secrétaires généraux de département : Gustave Graux dans la Vienne, Jules Roche dans l’Ardèche puis dans le Var, et Lucien Delabrousse dans le Bas-Rhin21.

  • 22 Delattre a quitté son poste en ces termes : « Ma mission prend fin naturellement avec celle du gouv (...)
  • 23 Voir notamment l’article de Vincent Wright. « Les préfets du gouvernement de la Défense nationale » (...)
  • 24 Lettre du ministre de l’Intérieur. 16 juillet 1873 (AN. FlbI 158/11).

32Or, il s’agit d’administrateurs nommés à titre provisoire : aucun de ces 10 conseillers cités n’a exercé ses fonctions au-delà de mai 1871, sauf Graux, qui est revenu dans la carrière préfectorale en 187922. Mais, d’autre part, ces nominations avaient un caractère fortement politique. Les titulaires avaient presque tous été des opposants notoires au Second Empire, et furent nommés à leur poste sans avoir de véritable expérience de l’administration23. Delattre était ami de Gambetta et de Rochefort, avec lesquels il avait milité contre Napoléon III, et « cette circonstance, en lui assurant une certaine notoriété dans le parti républicain, ne fut sans doute pas étrangère au choix dont, l’année suivante |en 1870], il était l’objet »24. Talandier, fils d’un substitut, avait été disciple de Pierre Leroux ; arrêté en avril 1848 dans un tumulte à Limoges, il fut expulsé du territoire en 1852, et resté pendant tout l’Empire en Angleterre, où il entra en contact avec les réseaux des réfugiés. Sur ces 10 agents de la République, 5 ont siégé au Parlement plus tard : Nadaud, Talandier, Allain-Targé, Delattre et Roche.

  • 25 Sans compter Trinquet, adjoint du XXe arrondissement sous la Commune.
  • 26 Jean-François Robinet, père de Gabriel, fut maire du VIe arrondissement, et membre de la Commune ; (...)

33Dans la capitale, la municipalité fit l’objet d’une épuration presque totale. La ville était administrée par un maire, Etienne Arago, assisté de 4 adjoints, dont Clamageran et Floquet, futurs conseillers. Les deux assemblées délibérantes, de la ville et du département, dissoutes dès la proclamation de la République, ne furent rétablies qu’en juillet 1871, ce qui fut, en partie, à l’origine de la série d’événements survenus entre-temps. L’administration d’arrondissement, en revanche, fut tout de suite assurée par des hommes nouveaux, parmi lesquels figuraient 36 futurs conseillers municipaux25 ainsi que 3 individus apparentés à des conseillers26.

  • 27 Ont été nommés maires : Tenaille-Saligny (Ier), Bonvalet (IIIe), Hérisson (VIe), Ranc (IXe), Mottu (...)
  • 28 Ont été élus maires : Tenaille-Saligny (Ier), Bonvalet (IIIe), Vautrain (IVe), Hérisson (VIe), Mott (...)

34Le 6 septembre au matin, un décret publié dans le Journal officiel annonçait la nomination des 20 maires d’arrondissement de Paris, lesquels, à leur tour, avaient à choisir 2 adjoints chacun. Parmi les administrateurs ainsi nommés, 8 des 20 maires et 12 des 44 adjoints étaient de futurs membres du Conseil municipal de Paris27. Les postes de maire et d’adjoint furent ensuite soumis à un renouvellement au suffrage universel les 5 et 8 novembre, et à la suite de ces élections 6 maires et 16 adjoints étaient de futurs conseillers municipaux28.

  • 29 Au moins, les séances du Gouvernement n’élucident pas son intention (Gouvernement de la Défense nat (...)
  • 30 En effet, selon Stéphane Riais, le centre de gravité des nommés du 6 septembre se situait plus à ga (...)

35Il n’est pas aisé de savoir sur quel critère le Gouvernement choisit les maires et les adjoints de Paris29. Les conservateurs critiquaient notamment la présence de quelques radicaux, tels que Ranc ou Clemenceau30. L’écart d’orientation politique entre le Gouvernement et les municipalités parisiennes se creusa encore après les élections de novembre, dont les résultats étaient défavorables à la tendance républicaine modérée incarnée par le Gouvernement : certes. Il maires sortants furent maintenus, mais la percée des intransigeants et des internationalistes fut forte, avec les élections de Benoît Malon dans le XVIIe, de Delescluze et de Miot dans le XVIIIe, et de Ranvier, de Flourens et de Le français dans le XXe.

36Des 36 maires et adjoints futurs membres du Conseil municipal, aucun n’était totalement étranger à l’arrondissement. Clemenceau n’était-il pas médecin à Montmartre ? Nombreux sont les industriels ou les commerçants, comme Hippolyte Denizot, adjoint du XIIe, qui dirigeait l’une des plus importantes usines d’affinage de l’or de la capitale, rue de Charenton. Ainsi, ce sont des hommes connus de la population locale, ayant été plus ou moins dans l’opposition sous le règne de Napoléon III.

37Ces 36 administrateurs, qui sont entrés au Conseil municipal dans les débuts de la République – 23 des 78 conseillers élus au premier scrutin de juillet 1871 avaient été maires ou adjoints en 1870 – ont formé le noyau de la gauche de l’assemblée. Notre critère classe 18 à la gauche, 16 au centre gauche et 2 au centre droit.

38Ainsi, une partie non négligeable du Conseil municipal de Paris était issue de la municipalité provisoire de 1870-1871, qui était constituée de cadres de l’opposition républicaine à l’Empire. Avec celle de préfets nommés par Gambetta, la présence de maires et d’adjoints d’arrondissement de 1870 au sein du Conseil municipal de la Troisième République montre la rupture que la capitale a eue avec le Second Empire, même si les édiles de Napoléon III étaient plutôt de purs administrateurs que des hommes politiques.

39Mais Paris devait passer une autre épreuve : la Commune. Comme on le sait, cet événement a fixé le sort de Paris sur le plan institutionnel. En ce qui concerne nos conseillers, leur prise de position vis-à-vis de la Commune était parfois décisive dans leur élection. Pendant la première décennie du régime, où la mémoire de l’année noire était encore très vive, le thème de la Commune pouvait déplacer de nombreuses voix, certes d’une manière inégale selon les circonscriptions et les adversaires présents.

  • 31 Nord Philip G., « The Party of Conciliation and the Paris Commune », French Historical Studies, 198 (...)

40Plusieurs études ont montré l’existence d’une troisième force dans l’événement de la Commune31. Il s’agit de groupes qui ont tenté la médiation entre Paris et Versailles pour éviter la guerre civile. De ces groupements étaient issus un certain nombre de nos conseillers municipaux.

  • 32 Gaillard, « Les papiers de la Ligue républicaine... », art. cit., p. 65.
  • 33 Ibid., p. 71.
  • 34 AN, 49AP1 (papiers Floquet).
  • 35 Allain-Targé. Bonvalet. Braleret. Clemenceau. Delattre. Paul Dubois. Floquet. Guyot. Jobbé-Duval. L (...)

41La Ligue d’Union républicaine des droits de Paris constituait le pivot de la force de conciliation. Formée le 5 avril 1870 par des maires et des adjoints, ainsi que des représentants de la Seine à l’Assemblée nationale, la ligue a donné suite aux tentatives du même but répétées depuis le 18 mars. Ses revendications étaient assez proches de celles des communards : république, droits de Paris, et conciliation32. Certes, l’accent était mis sur la décentralisation, mais divers documents montrent que les ligueurs acceptaient implicitement les mesures sociales de la Commune33. Les membres de la Ligue se situaient ainsi à l’extrême gauche de l’échiquier politique de l’époque. En effet, la Ligue était un vivier de radicaux parisiens : Allain-Targé, Clemenceau, Floquet, Lockroy et Laurent-Pichat y appartenaient. Il existe une liste des membres « composant le comité d’initiative de la Ligue ». Elle n’est pas datée, mais son titre laisse supposer qu’elle a été établie en avril 187134. Parmi les 107 noms qui y figurent, nous trouvons au moins 17 de nos conseillers35, auxquels pourraient s’ajouter ceux dont l’appartenance à la ligue est plus que probable, comme Ranc ou Louis Asseline. Au total, une vingtaine de membres du Conseil municipal avaient fait partie de cette organisation.

  • 36 Voir notamment nord P. G., art. cit.

42D’autres tentatives de médiation furent lancées par plusieurs organisations, souvent de concert avec la Ligue. Parmi celles-ci, deux jouèrent un rôle majeur : l’Union nationale du commerce et de l’industrie, fédérant près de 60 chambres syndicales patronales et ouvrières et ayant plus de 7 000 industriels et commerçants, et la franc-maçonnerie, dont l’essai de médiation culmina dans la manifestation du 29 avril36.

  • 37 Voir le chapitre III.

43Au total, une trentaine de nos conseillers municipaux avaient participé à des tentatives de médiation entre Paris et Versailles. La majeure partie d’entre eux sont entrés au Conseil municipal avant 1881. Ce sont, pour la plupart, des élus radicaux. Quant à la Ligue d’Union républicaine des droits de Paris, elle continuait à exister après la Semaine sanglante, et a constitué le pivot des comités électoraux radicaux lors des élections législatives partielles et des élections municipales de juillet 187137. Elle s’est transformée, le 2 août 1871, en un « Cercle des familles », dont le but essentiel était de secourir les proscrits de la Commune et leurs familles.

  • 38 Adam. Jehan de Bouteiller, Ernest Lefèvre, Loiseau-Pinson, Marmottan, Murat, Parent et Ranc.
  • 39 APP. BA944, son dossier personnel.
  • 40 Il a été juge de paix suppléant dans le canton de Marly-le-Roi (Seine-et-Oise), poste dont il a été (...)

44Un certain nombre de conseillers municipaux avaient participé à la Commune. Parmi les 85 membres de la Commune élus le 26 mars 1871, se trouvaient 10 futurs conseillers. 8 d’entre eux, candidats du « parti des maires », démissionnèrent sans tarder38. Mais Charles Amouroux et Édouard Vaillant, ainsi que Trinquet et Longuet élus en avril, restèrent à l’Hôtel de ville pour assumer leur mandat. En dehors de ces 4 membres de la Commune, une vingtaine de conseillers municipaux peuvent être considérés comme « communards » ou sympathisants par leurs attitudes ou leurs activités pendant l’événement. La plupart ont été élus à l’Hôtel de ville après l’amnistie plénière de 1879 : Chauvière et Joffrin sont dans ce cas. Deux anciens communards ont été élus au Conseil municipal en 1900, comme nationalistes. Ballière, membre de l’Internationale et aide de camp de Rossel, puis de Delescluze, s’est reconverti dans le nationalisme au cours du mouvement boulangiste ; en 1900, il appartenait à la Ligue des patriotes ainsi qu’à la Ligue antisémilique39. Lepelletier de Bouhélier. Nommé délégué au Conseil d’État sous la Commune, franc-maçon et militant libre penseur, a choisi le camp anti-dreyfusard lors de l’Affaire40.

  • 41 AN, LH1925/05.
  • 42 AN. EH 1651/49.

45Quant aux conseillers qui étaient hostiles à la Commune, il est difficile de connaître de façon précise leurs opinions, du fait notamment de l’intérêt qu’il y avait à ne pas se présenter devant les électeurs comme oppresseur impitoyable. Certains, comme l’écrivain académicien Edouard Hervé, condamnaient ouvertement le printemps de Paris. D’autres étaient moins explicites, comme Morane, constructeur mécanicien dans le XIIIe arrondissement, qui affirma qu’« en 1871, au moment de l’entrée de l’armée à Paris, j’ai été appelé à la mairie du XIIIe arrondissement pour former et présider la commission chargée d’aider l’autorité militaire à rétablir les services municipaux »41, ou Charles Loiseau, déjà cité pour sa participation à la répression de l’insurrection de juin 1848, qui admit une fois encore son « concours actif prêté à l’armée nationale au moment de la rentrée des troupes dans Paris, au mois de mai 1871 »42. Au total, nous avons trouvé une dizaine de « Versaillais ».

46Au terme de cette présentation des antécédents de nos élus pendant les régimes précédents, nous pouvons établir un itinéraire type : participation plus ou moins active à l’installation de la République en 1848, opposition au Second Empire par la voie du journalisme ou de la plaidoirie, concours actif à la nouvelle administration parisienne issue du 4 septembre, et médiation entre le gouvernement et la Commune après le 18 mars 1871. Or, cette carrière-type concerne ceux de nos conseillers qui avaient fait « de la politique » au sens strict du terme. Il est incontestable que d’autres chemins menaient à l’Hôtel de ville. Bien des conseillers, restés en dehors de toute vie de militant, s’étaient fait élire grâce à leur notabilité acquise à travers diverses activités locales, de la bienfaisance à la défense des intérêts du quartier. Sur cette question, nous reviendrons dans le chapitre IX consacré aux activités extra-professionnelles des conseillers.

B. Carrières

47Être conseiller municipal de Paris n’avait pas le même sens pour tous. Les uns considéraient le mandat comme une consécration reçue après de longues années d’activités professionnelles ou d’actions sociales. Les autres n’y voyaient qu’une étape qui devait les conduire plus haut dans la hiérarchie du monde des hommes politiques.

48L’ « entrée » à l’Hôtel de ville était différente suivant les époques et les tendances politiques : certains conseillers étaient choisis pour leur militantisme politique, d’autres pour leur notoriété acquise dans la presse ou au barreau. Il en allait de même pour la « sortie ». Si la majorité se contentaient d’être édiles de la capitale, un certain nombre envisageaient de poursuivre leur ascension au Parlement. À Paris, la carrière politique était d’autant plus diversifiée que de nombreux hommes y venaient pour obtenir un succès électoral plus symbolique que réel.

49Recevoir un autre mandat que celui de conseiller municipal de Paris signifie un élargissement des aires d’influence. Certes, dans la capitale, la possibilité du cumul des mandats était limitée : le double statut du Conseil municipal de Paris, assemblée à la fois municipale et départementale, interdisait à ses membres d’appartenir à un autre conseil général. De plus, les fonctions de maire et d’adjoint d’arrondissement étaient incompatibles avec celle de conseiller municipal. Seuls les mandats de député et de sénateur étaient compatibles. Sur ce point, la Troisième République n’a pas apporté de modification significative au règlement en place. Mais l’introduction du suffrage universel a rendu plus politique le caractère du scrutin municipal à Paris, et incité de ce fait le passage au Palais-Bourbon ou au Palais du Luxembourg : le fait d’être accrédité par les électeurs parisiens, même aux élections municipales, poussait naturellement l’élu vers la vie politique nationale.

1. Chemins de l’Hôtel de ville

50Les fonctions que le candidat avaient remplies gratuitement dans les organisations administratives ou semi-publiques pouvaient être considérées comme une expérience solide de la gestion locale. Elles lui permettaient ainsi de postuler plus facilement devant les électeurs le mandat de conseiller municipal. Le mode de scrutin adopté à Paris était favorable à ceux qui avaient exercé ces fonctions au niveau de l’arrondissement : en tant qu’administrateur du bureau de bienfaisance, administrateur de la caisse des écoles, membre de la commission scolaire, ou délégué cantonal.

51Comme l’ensemble des politiques sociale et scolaire dont elles dépendaient, c’est sous la Troisième République que ces organisations administratives ont été structurées et aménagées. Parmi les quatre institutions dont il est question ici, deux ont été créées au début de la République.

  • 43 À l’instauration du nouveau Conseil municipal de Paris en 1871, seuls les IIIe, Ve et XIXe arrondis (...)
  • 44 Les conseillers municipaux, les députés ainsi que les juges de paix étaient membres de droit de la (...)
  • 45 La caisse des écoles n’était pas une organisation uniforme. En effet, le statut de la caisse était (...)

52La commission scolaire a été instituée par la loi du 28 mars 1882, pour assurer le bon fonctionnement de la loi sur l’obligation de l’enseignement primaire. Elle devait être instaurée dans chaque commune, et dans chaque arrondissement à Paris. Ses membres, au nombre de 3 à 7, étaient désignés par le Conseil départemental de l’Instruction publique pour une durée de 4 ans reconductible. Ils collaboraient avec d’autres membres de droit, comme l’inspecteur primaire, sous la houlette du maire. Les caisses des écoles ne se sont développées que tardivement à Paris, la plupart étant créées dans les années 187043. Leur fonction était de venir en aide aux enfants des milieux populaires par le moyen de distributions de vêtements et d’organisation de cantines scolaires. Siégeant dans chaque mairie et présidée par le maire, la caisse comprenait en son sein, en dehors des élus de la circonscription44, quelques habitants élus par l’assemblée générale, en nombre variable selon les caisses45.

  • 46 Les administrateurs étaient nommés parmi les candidats présentés par la direction de l’Assistance p (...)

53Quant à la délégation cantonale et au bureau de bienfaisance, leur création est plus ancienne – par la loi Falloux de 1850 pour la première, sous la Révolution pour le second – mais leur véritable développement date de la Troisième République. Les délégués cantonaux, chargés principalement d’inspections des locaux scolaires, étaient nommés à Paris dans le cadre de l’arrondissement, et leur nombre allait en augmentant, dépassant parfois 30, notamment dans les arrondissements populaires de la périphérie. Le bureau de bienfaisance, créé en l’an V en vue de secourir les pauvres à domicile, était géré dans la capitale par le maire de chaque arrondissement, secondé d’un certain nombre d’administrateurs nommés par le préfet de la Seine46. Le nombre des administrateurs de chaque bureau, de 12 dans les années 1880, a été porté à 16 au début du XXe siècle.

54La consultation d’annuaires départementaux nous a permis de trouver de futurs conseillers parmi les membres de ces institutions. Au total, 43 de nos élus avaient été administrateurs locaux avant leur élection municipale, soit 9,5 % de l’ensemble des élus. Ce chiffre concerne uniquement ceux qui n’avaient pas reçu de mandat électif avant d’entrer à l’Hôtel de ville (y compris les mandats de maire et d’adjoint d’arrondissement à Paris). Cette élimination est nécessaire pour mesurer plus exactement le poids de ces institutions administratives locales dans la carrière des conseillers.

TABLEAU VII-1A. Nombre des anciens membres des organisations administratives locales (niveau arrondissement)

TABLEAU VII-1A. Nombre des anciens membres des organisations administratives locales (niveau arrondissement)

TABLEAU VII- 1B. Nombre des anciens membres des organisations administratives locales (par tendances politiques)

TABLEAU VII- 1B. Nombre des anciens membres des organisations administratives locales (par tendances politiques)

N.B. : Ont été retenus les administrateurs du bureau de bienfaisance, de la caisse des écoles, les membres de la commission scolaire et les délégués cantonaux. Sources : Préfecture de la Seine, Recueil des actes administratifs du département de la Seine, 1844 (pour les administrateurs des bureaux de bienfaisance) ; Ead., Bulletin de l’Instruction primaire du département de la Seine, 1866 (publie quelques listes des délégués cantonaux de la Seine) ; Conseil municipal de Paris. Délibérations. 1880, et Rapports et documents, 1871 (nominations des membres des commissions scolaires). Les renseignements provenant d’autres sources biographiques ont été également utilisés, notamment concernant l’appartenance à une caisse des écoles.

  • 47 Il n’y avait guère d’autres conditions que celle de la nationalité française et celle de la jouissa (...)

55Le taux de 9,5 % semble faible, quand on pense au nombre des postes disponibles dans chaque arrondissement et aux conditions requises faciles à satisfaire47. Il s’agit de fonctions non rémunérées, mais procurant au titulaire une certaine influence et une notoriété auprès de la population locale. Affiches électorales et publications biographiques mentionnent souvent l’exercice de ces fonctions. Nous pouvons donc supposer que, pour entrer à l’Hôtel de ville, nos conseillers ne privilégiaient pas cette carrière d’administrateur local.

56Le nombre infime de la période 1871-1881 s’explique pour des raisons aussi bien institutionnelles que politiques. D’abord, ces organisations administratives locales ont été progressivement mises en place et aménagées, si bien que les conseillers entrés en fonction avant 1881 avaient eu moins de possibilité d’y participer que leurs successeurs. D’autre part, la nomination à ces fonctions, administratives par définition, prenait souvent un caractère politique, et une certaine épuration a été effectuée en 1870-1871. D’où le nombre infime des élus de 1871-1881 qui avaient exercé ces fonctions.

57En effet, la nomination des membres de ces organisations constituait parfois un enjeu politique majeur pour les conseillers municipaux. Un rapport de police rend compte du cas d’Edmond Sohier, conseiller des Batignolles (XVIIe) de 1903 à 1908, qui avait été auparavant membre du conseil d’administration de la caisse des écoles du XVIIe arrondissement. Au moment du renouvellement de ce conseil d’administration, la candidature de Sohier, appuyée par Pugliesi-Conti, conseiller municipal nationaliste de l’arrondissement, a été vivement combattue par l’ensemble des membres sortants, « tous de fermes républicains ». Et l’agent de police concluait ainsi :

  • 48 Rapport de police, 26 juillet 1901 (APP, BA 1271, dossier Sohier).

« On sait quels efforts firent les nationalistes pour remplacer à la tête de la caisse des écoles les républicains, qu’ils considéraient comme des sectaires ; or, Sohier ayant été un de leurs candidats on le considère comme susceptible de seconder leurs efforts, bien qu’au fond il ne soit pas d’un tempérament à prendre part aux luttes politiques.48 »

58Parmi les différents courants politiques, le centre droit et le centre gauche privilégiaient cette voie d’administrateur local : 15,3 % des élus du centre droit et 12,9 % de ceux du centre gauche en étaient issus. Les autres tendances accordaient moins d’importance à cette filière, sauf l’extrême gauche où 9,6 % des élus avaient été administrateurs locaux (voir le tableau VII- 1B). Ainsi, les conseillers du centre présentent un caractère d’administrateur local plus marqué que leurs collègues des autres courants.

59Pour mesurer l’enracinement de l’élu dans son quartier ou dans son arrondissement, il faut tenir compte des mandats de maire et d’adjoint d’arrondissement. À la différence des autres communes, maires et adjoints de la capitale étaient nommés par l’État. Leurs attributions étaient limitées à la tenue des registres d’état civil, à la conscription et à la gestion d’organisations telles que le bureau de bienfaisance ou la caisse des écoles. Leurs fonctions étaient donc plus techniques et administratives que politiques – le conseil d’arrondissement n’existait pas à Paris.

TABLEAU VII-2. Conseillers ayant exercé des fonctions dans l’arrondissement représenté

TABLEAU VII-2. Conseillers ayant exercé des fonctions dans l’arrondissement représenté

N.B. : Ont été retenues les fonctions suivantes : délégué cantonal, administrateur du bureau de bienfaisance et de la caisse des écoles, membre de la commission scolaire, adjoint et maire de l’arrondissement. *Les chiffres entre parenthèses sont des pourcentages.

60Au total, 103 conseillers avaient occupé, avant leur mandat municipal, un poste d’administrateur dans l’arrondissement qu’ils ont représenté à l’Hôtel de ville. Ce sont toujours les élus du centre qui accordaient de l’importance à la carrière locale : plus du tiers des conseillers du centre gauche et plus du quart de ceux du centre droit étaient passés par cette voie, alors que les élus de l’extrême gauche et surtout ceux de l’extrême droite ne s’y étaient guère intéressés – un seul conseiller de l’extrême gauche avait dirigé une mairie, et aucun à l’extrême droite. Ainsi, les élus du centre étaient souvent des notables locaux. Émile Clairin, conseiller des Batignolles (XVIIe) de 1893 à 1900, est un exemple des conseillers issus de l’administration locale. Il avait été administrateur du bureau de bienfaisance et délégué cantonal du XVIIe arrondissement depuis 1879, et président de la commission scolaire en 1883, avant d’être nommé adjoint de l’arrondissement en janvier 1889, poste qu’il a occupé jusqu’à son élection au Conseil municipal.

61D’autre part, les élus issus de l’administration locale sont moins nombreux à partir de 1900, ce qui, semble-t-il, est un signe de l’intensification et de la politisation des luttes électorales (voir le tableau VII-2).

62Concernant l’âge à la première élection, les anciens administrateurs de l’arrondissement étaient élus au Conseil municipal moins jeunes que ceux qui n’avaient eu aucune fonction avant leur élection : 46,4 ans contre 43,1. L’écart correspond plus ou moins à la durée de l’exercice des fonctions. Il est minime au début de la période étudiée. Entre 1871 et 1874, l’âge moyen des conseillers municipaux anciens administrateurs était de 48,6, alors que celui des autres était de 47,6.

  • 49 Nous obtenons une différence analogue en nous limitant aux fonctions dans les bureaux de bienfaisan (...)

63Les 103 conseillers anciens administrateurs de leur arrondissement représentaient différents milieux sociaux. Mais il y avait parmi eux de nombreux négociants et fabricants : 46, soit près de la moitié. Il y avait également 37 membres de professions libérales, mais cette catégorie était relativement moins bien représentée que celle des commerçants-industriels : 18,0 % des conseillers membres des professions libérales avaient été administrateurs dans leur arrondissement, contre 37,4 % des conseillers commerçants-industriels49. Ainsi, les professions économiques liaient les individus aux affaires locales plus que les professions intellectuelles.

64La présence ou l’absence d’expérience dans l’administration locale traduit, dans une certaine mesure, la politisation du mandat de conseiller municipal. Quand il s’agit de choisir un édile dévoué à la gestion locale, le choix des électeurs va vers un homme bien expérimenté. Lorsqu’il faut élire un individu qui peut représenter certaines idées politiques, la carrière administrative locale passe derrière celles-ci. En l’occurrence, les tableaux que nous avons établis montrent que les conseillers municipaux centristes étaient plutôt des administrateurs locaux, et que, en général, les élus de ce type ont été de moins en moins nombreux au cours de la période étudiée.

65Envisageons maintenant l’ensemble des mandats électifs, en y incluant les fonctions non électives de maire et d’adjoint d’arrondissement de Paris.

TABLEAU VII-3A. Conseillers ayant exercé un mandat avant l’élection à l’Hôtel de ville (par périodes)

TABLEAU VII-3A. Conseillers ayant exercé un mandat avant l’élection à l’Hôtel de ville (par périodes)

TABLEAU VII-3B. Conseillers ayant exercé un mandat avant l’élection à l’Hôtel de ville (par tendances politiques)

TABLEAU VII-3B. Conseillers ayant exercé un mandat avant l’élection à l’Hôtel de ville (par tendances politiques)

N.B. : Exclu le mandat de membre de la Commune. Ceux qui ont exercé dans la Seine ainsi qu’en province ont été comptés dans la Seine.

66Un peu moins du quart des conseillers avaient reçu un mandat quelconque avant d’entrer à l’Hôtel de ville. Le taux élevé parmi les conseillers entrés en fonction en 1871-1881 s’explique par le fait que nombre d’entre eux avaient été adjoints ou maires d’arrondissement sous le Gouvernement de la Défense nationale : 35 des 48 anciens mandataires de la Seine élus au Conseil en 1871-1881 étaient dans ce cas. Pour eux, l’élection au Conseil municipal était plutôt le fruit d’un concours de circonstances politiques, dû à un changement de régime, que le résultat d’une stratégie choisie.

67Parmi les différents courants politiques, le centre gauche et la gauche comptent proportionnellement le plus d’anciens mandataires : 31,7 % pour le centre gauche, et 27,2 % pour la gauche. Le taux est moins important dans les autres courants : 21,2 % à la droite, 15,3 % au centre droit, 11,4 % à l’extrême droite, et 5,8 % à l’extrême gauche.

68Pour savoir plus exactement la part des conseillers qui avaient déjà entamé une véritable carrière politique, ne retenons que les anciens parlementaires et les anciens conseillers généraux.

TABLEAU VII-4 Anciens parlementaires et anciens conseillers généraux

TABLEAU VII-4 Anciens parlementaires et anciens conseillers généraux

N.B. : Les chiffres entre parenthèses : nombres et pourcentages de ceux qui avaient été parlementaire.

  • 50 Il s’agit de Trélat, représentant du Puy-de-Dôme à l’Assemblée nationale en 1848, de Vauthier, de C (...)

69Ils sont peu nombreux, tant à droite qu’à gauche. Les 5 élus de la Seine dans le tableau VII-4 sont tous des représentants de 1871 : Clemenceau, Lockroy, Ranc, Floquet, démissionnaires au cours de la Commune, et Dietz-Monnin, élu aux élections partielles de juillet. Là aussi, il s’agit d’un résultat du changement de régime de 1870-1871, et non pas d’une stratégie de carrière. C’est également le cas de certains des parlementaires provinciaux : 5 d’entre eux étaient des représentants de 1848-1849 ou de 187150.

70En général, les conseillers municipaux de Paris de la Troisième République étaient des hommes qui en étaient au début de leur carrière politique. Cette tendance alla en s’accentuant. Avant 1900, un certain nombre d’élus sont entrés au Conseil avec une certaine expérience d’administration locale, soit comme membres d’une organisation administrative, soit en tant qu’adjoints ou maires. Les élus de ce type étaient nombreux au centre et à la gauche. Après 1900, la filière locale a régressé, tant à gauche qu’à droite. Seuls les élus du centre gauche continuaient à lui accorder de l’importance : 10 de ses 18 élus de la période 1900-1914 avaient exercé une fonction dans l’arrondissement qu’ils représentaient à l’assemblée municipale.

  • 51 Voir le chapitre IX.

71Quant aux différences selon les tendances politiques, elles sont plus nettes entre centre et extrêmes qu’entre gauche et droite. Par exemple, les conseillers de la droite n’étaient pas plus enracinés dans leur quartier que leurs collègues de la gauche. Toutefois, notre conclusion ici ne peut être que provisoire. En fait, comme nous l’avons vu, la nomination aux fonctions locales faisaient parfois l’objet de luttes politiques. Si peu d’hommes de droite y étaient nommés, c’est, en partie, à cause de leurs opinions politiques qui ne coïncidaient pas avec celles des majorités municipale et gouvernementale. L’analyse d’autres éléments – notamment les activités associatives, syndicales ou caritatives – permettra de préciser davantage le degré d’enracinement et sa différence selon les courants politiques51.

2. Échec électoral

72Être désigné comme le candidat par le comité électoral local ou par le parti n’est pas synonyme d’élection. Nombre de nos conseillers avaient dû patienter plusieurs années avant de devenir édiles.

73Deux tendances se dégagent de ce tableau : l’échec de plus en plus fréquent au fil des années, et l’entrée au Conseil municipal plus difficile pour les représentants des courants extrêmes que pour les hommes du centre.

TABLEAU VII-5. Nombre des échecs préalables à la première élection (en moyenne)

TABLEAU VII-5. Nombre des échecs préalables à la première élection (en moyenne)

74Le peu d’échecs électoraux subis par les élus de 1871-1881 s’explique par la rupture de 1871 : le suffrage universel n’a été introduit qu’à cette date pour recruter les édiles de Paris. De ceux qui avaient été battus aux élections de juillet 1871, certains ont été récupérés aux scrutins suivants, mais le cas est limité : avaient échoué une fois 6 des 46 conseillers élus pour la première fois entre 1874 et 1878, et 9 des 39 élus de 1878-1881 ; seuls 2 conseillers avaient été battus 2 fois avant leur élection.

75La porte de l’Hôtel de ville est devenue plus étroite à partir de 1884. Des 35 nouveaux élus de 1884-1887. 8 avaient subi un échec, et 3 deux fois ; le nombre moyen d’échecs est de 0,4 fois pour les élus de cette période. Le chiffre oscille ensuite entre 0,3 et 0,8, jusqu’à la fin de la période étudiée.

76La tendance à la hausse du nombre d’insuccès est imputable, sans doute, à l’intensification de la lutte électorale à partir des années 1880, avec notamment le retour des socialistes sur la scène politique et la réorganisation des forces conservatrices.

  • 52 Malheureusement, les travaux d’Yvan Combeau négligent ces points.

77La différence selon les courants politiques est un signe du degré d’implantation locale de chacun d’eux. Cependant, dans une période où les partis politiques, au sens actuel du terme, étaient inexistants, plusieurs hommes affichant les mêmes opinions politiques se présentaient souvent dans la même circonscription. Ainsi, l’élection était aussi bien une lutte de personnalités que d’idées. Seule une monographie traitant de façon approfondie les faits électoraux permettrait d’interpréter exactement les chiffres des échecs préalables52.

78Parmi les courants politiques que nous avons distingués, ce sont les élus de l’extrême gauche et de l’extrême droite qui peinaient le plus aux élections. Les élus de l’extrême gauche avaient échoué une fois en moyenne : des 52 conseillers. 26 avaient réussi à la première tentative, tandis que 12 avaient été battus une fois, 8 deux fois, et 5 trois fois. Léon-Félicien Blondeau, conseiller socialiste du quartier de la Chapelle (XVIIIe) de 1893 à 1900, s’était présenté 5 fois depuis 1884 – dont 4 fois en vain – pour se faire élire au Conseil municipal. Les hommes de l’extrême droite avaient également du mal à réussir à l’épreuve électorale : le nombre d’insuccès est de 0,4 en moyenne.

  • 53 Nous n’avons pas tenu compte des mandats exercés en dehors du département de la Seine.

79Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’expérience dans l’administration locale ne facilitait pas toujours la réussite électorale. Si le nombre moyen d’échecs est de 0,37 pour ceux qui n’avaient exercé aucune fonction administrative ou politique dans la Seine, il est de 0,46 pour ceux qui avaient exercé une fonction quelconque dans l’arrondissement (en tant qu’administrateur du bureau de bienfaisance ou de la caisse de écoles, membre de la commission scolaire, ou délégué cantonal), et de 0,12 pour ceux qui avaient reçu un mandat dans la Seine (adjoint ou maire d’arrondissement, conseiller municipal, conseiller d’arrondissement, et parlementaire)53. Le titre d’adjoint ou de maire était un atout dans l’élection : les anciens adjoints ou maires présentés dans leur arrondissement étaient presque toujours élus, le nombre moyen d’échecs étant de 0,12. En revanche, les titulaires de mandats électifs (exclus ceux de maire et d’adjoint d’arrondissement de Paris) dans la Seine mettaient plus de temps pour se faire élire conseillers municipaux, échouant en moyenne 0,33 fois. Mais ici aussi, il n’est pas aisé de savoir si c’est précisément le mandat de maire qui était décisif dans la réussite électorale : ceux qui ont pu exercer ce mandat doivent présenter un certain nombre de traits sociologiques qui les différencient des autres.

3. Âge et générations

80Notre période s’étendant sur 43 ans, il est difficile de parler de « génération », au sens biologique du terme : en fait, de nos 452 élus, le doyen est né en 1795, et le benjamin en 1885. C’est à des époques différentes qu’ils sont entrés dans leur vie active, et se sont mis à s’intéresser à la politique. Il n’y avait donc pas une génération particulière qui présiderait au Conseil municipal sans discontinuité, de 1871 à 1914.

  • 54 Comme nous l’avons vu dans le chapitre I. l’âge moyen au commencement des fonctions était de 53,6 a (...)

81La présence plus ou moins forte de certains groupes d’âge s’aperçoit à certains moments. Mais elle est liée moins au phénomène des générations proprement dites qu’à d’autres éléments d’ordre politique. Dans la campagne électorale, le candidat mettait parfois l’accent sur son âge, mais rarement sur l’époque à laquelle il est né ou a atteint la majorité. En revanche, ses activités dans le passé comptaient beaucoup plus. Dans les débuts de la Troisième République, toute carrière faite sous le Second Empire pénalisait le candidat, notamment quand elle était due à une nomination. C’est ainsi que la plupart des édiles de Napoléon III ont été éliminés de l’assemblée municipale élue en juillet 1871, qui, de ce fait, s’est retrouvée rajeunie54. D’autre part, certains partis politiques préféraient les candidats jeunes. L’arrivée au Conseil d’un groupe d’hommes plus jeunes peut témoigner d’un changement d’orientation politique des électeurs parisiens. Ainsi, l’âge des conseillers est une expression de certains facteurs politiques.

TABLEAU VII-6. Dates de naissance des élus

TABLEAU VII-6. Dates de naissance des élus

N.B. : Les dates de naissance des élus siégeant à l’issue de chaque renouvellement général. L’addition de la ligne de 1871 est de 78, du fait de la triple élection de Mottu.

TABLEAU VII-7. Groupes d’âge à l’issue de chaque scrutin

TABLEAU VII-7. Groupes d’âge à l’issue de chaque scrutin

N.B. : l’addition de la ligne de 1871 est de 78, du fait de la triple élection de Mottu

  • 55 Voir le chapitre I.

82L’âge moyen des élus, au moment de leur première élection, est de 44,01 ans. C’est un rajeunissement considérable par rapport à leurs aînés, qui attendaient leurs 50 ans pour se faire nommer édiles55. L’introduction du suffrage universel semble avoir joué un rôle décisif. En effet, nous savons que l’élection, même censitaire, en vigueur de 1834 à 1848, avait permis à de nombreux individus relativement jeunes d’entrer au Conseil municipal. Lorsque, au contraire, les édiles étaient nommés, le gouvernement avait tendance à les choisir parmi les hommes expérimentés, ayant des opinions politiques plus atténuées, et n’envisageant pas d’entamer ensuite une véritable carrière politique. C’est notamment le cas du Second Empire, comme nous l’avons déjà vérifié par d’autres facteurs que l’âge.

TABLEAU VII-8 Âge moyen des conseillers au début de leur fonction

TABLEAU VII-8 Âge moyen des conseillers au début de leur fonction

N.B. : pour les sigles, voir le chapitre I.

TABLEAU VII-9. Âge moyen par tendances politiques/selon les périodes d’élection

TABLEAU VII-9. Âge moyen par tendances politiques/selon les périodes d’élection

83Sous la Troisième République, un fort rajeunissement s’est produit à la suite des élections municipales générales de 1881 : alors que l’âge moyen des conseillers entrés en fonction avant janvier 1881 était de 47,80 ans, ceux qui ont été élus entre janvier 1881 et mai 1884 avaient en moyenne 41,54 ans, soit un rajeunissement de plus de 6 ans (voir le tableau VII-9). L’âge moyen à la première élection se stabilise ensuite, aux alentours de 41 ans, jusqu’à la fin de notre période. On peut penser que les élections de 1881 ont entraîné un important changement sociologique.

84L’examen des groupes d’âge confirme ce rajeunissement. Au conseil municipal élu en janvier 1881, 21 conseillers avaient moins de 40 ans, alors qu’en 1878, c’était le cas de 13 conseillers. En revanche, la part de ceux qui avaient plus de 56 ans a légèrement diminué : de 32 en 1878, à 29 en 1881 (voir le tableau VII-7).

  • 56 Ceux qui ont été conseillers municipaux, adjoints, maires, représentants, préfets ou sous-préfets.
  • 57 Le même examen fait pour ceux qui avaient lutté contre Napoléon III confirme cette hypothèse. Sur l (...)

85À première vue, le changement de 1881 semble résulter de l’arrivée d’une nouvelle génération, qui n’avait pas lutté contre l’Empire, et qui n’avait pas participé d’une manière active au rétablissement de la République en 1870. En effet, sur les 47 conseillers qui ont entamé leur carrière politique entre la proclamation de la République en septembre 1870 et la fin de l’épisode de la Commune56, 25 ont été élus au premier Conseil (juillet 1871-novembre 1874), 11 au second (novembre 1874-janvier 1878) et 6 au troisième (janvier 1878-janvier 1881), tandis que 5 seulement sont élus au cours des années 188057.

  • 58 Dans ce calcul, nous n’avons pas tenu compte de ceux qui avaient exercé un mandat quelconque avant (...)

86Ainsi sommes-nous tenté d’expliquer le rajeunissement produit en 1881 par des raisons d’ordre politique : les hommes ayant lutté contre Napoléon III et attendu l’effondrement de l’Empire pour faire carrière, avaient presque tous été élus dans les années 1870, et l’arrivée d’une nouvelle génération, aidée par le changement de thèmes dans la campagne électorale – aux élections municipales générales de janvier 1881, premières après la consolidation de la République, l’opposition au Second Empire ou le concours à l’avènement de la République étaient devenus des thèmes secondaires – aurait fait baisser l’âge moyen des élus après 1881. Or, cette hypothèse ne se vérifie pas. Ceux qui avaient été opposants au Second Empire n’étaient pas plus âgés que leurs collègues n’ayant pas cette expérience. Ceux qui avaient participé au rétablissement de la République comme maires ou adjoints de Paris ou comme préfets de Gambetta ont été élus au Conseil municipal à 46,3 ans en moyenne58, c’est-à-dire même plus jeunes que les autres conseillers. Certes, une nouvelle « génération » est arrivée en 1881, et c’était bien une autre « génération » dans deux sens : elle n’avait pas connu la lutte contre Louis-Napoléon, et elle était effectivement plus jeune. Mais le premier de ces deux facteurs – « génération d’expérience » – ne pourrait pas être décisif dans le rajeunissement constaté, puisque les ennemis de Napoléon III n’étaient pas forcément plus âgés que les autres. Il faudra chercher les explications ailleurs.

  • 59 Concernant les indemnités, voir le chapitre II.
  • 60 Voir le chapitre III.

87À notre sens, l’instauration en 1881 d’une indemnité aurait joué un rôle déterminant dans le rajeunissement. Les 3 750 francs par an donnés à chacun des membres de l’assemblée ont vraisemblablement permis à des individus vivant dans des conditions modestes, ou n’étant pas encore parvenus à une situation de fortune suffisante, de briguer un mandat qui nécessitait un sacrifice important59. L’indemnité n’est probablement pas la seule cause du rajeunissement, parce que le scrutin de 1881 est également marqué par une forte politisation des élections municipales60, ce qui aurait des effets sur la composition sociologique de l’assemblée. Mais la question de l’âge et celle de l’indemnité sont cruciales pour mesurer la professionnalisation de fonctions électives en principe gratuites. Nous donnerons quelques éclaircissements sur ce point, dans le chapitre X consacré à la fortune des conseillers.

  • 61 Ce constat est globalement valable à l’intérieur de chacune des catégories socioprofessionnelles.

88L’âge moyen diffère dans une certaine mesure selon les catégories socioprofessionnelles auxquelles les élus appartiennent. En général, les membres des professions libérales étaient relativement jeunes (42 ans en moyenne) par rapport aux commerçants-industriels (48 ans) ; les cadres et les travailleurs manuels se situent entre ces deux groupes (44 ans). Quant aux différences selon les courants politiques, on peut constater que moins ses opinions étaient modérées, plus le conseiller était élu jeune61.

89À partir des constats faits jusqu’ici, nous pourrions dire que les conseillers centristes étaient en général plus âgés que leurs collègues aux opinions moins modérées, et que, d’autre part, les commerçants-industriels étaient relativement plus âgés que les membres des professions libérales. Cela est vrai, mais en partie seulement, car un autre facteur important influence l’âge : la carrière ultérieure.

90Diverses raisons conduisent un individu à l’Hôtel de ville. Mais, pour certains, l’assemblée municipale n’était qu’un tremplin pour monter plus haut dans la hiérarchie des hommes politiques. Le fait d’être élu à Paris – et de Paris – avait une valeur incontestable, et donnait au détenteur du mandat une forte notoriété – les grands journaux parlaient souvent des activités des édiles de Paris –, ce qui le plaçait en position de favori dans une éventuelle course au Palais-Bourbon ou au Palais du Luxembourg.

91Ceux qui ont reçu un autre mandat (de parlementaire, de conseiller général, de conseiller municipal) après avoir exercé celui de conseiller municipal de Paris sont entrés à l’Hôtel de ville plus jeunes que les autres, et ce quelle que soit la tendance politique.

TABLEAU VII-10. Âge à la première élection selon la poursuite ou non de la carrière

TABLEAU VII-10. Âge à la première élection selon la poursuite ou non de la carrière

92Lors de l’entrée en fonction, les conseillers qui continuèrent leur carrière politique dans une autre assemblée étaient plus jeunes d’environ 7 ans que ceux qui ne le furent pas (39,15 ans contre 46,06 ans). L’écart est plus ou moins important selon les tendances politiques : de 2 ans à l’extrême droite, à 9 ans à la droite et au centre gauche. Cette différence selon les courants politiques est le résultat d’une combinaison de deux facteurs : l’âge moyen à la première élection de l’ensemble des éléments de chaque courant ; la part, dans chaque courant, de ceux qui poursuivent leur carrière après la fin de leur mandat de conseiller municipal. Comme nous l’avons déjà constaté, l’âge moyen à la première élection était plus élevé au centre qu’aux extrémités. Certes, nous trouvons une différence semblable en nous limitant aux élus qui n’ont pas exercé d’autres mandats après celui de conseiller municipal. Mais, d’autre part, les élus qui ont poursuivi leur carrière étaient proportionnellement moins nombreux au centre droit et au centre gauche, ce qui a vraisemblablement contribué à hausser l’âge moyen des élus de ces courants.

93Ainsi, du point de vue de l’âge, il existe deux type de conseillers : ceux pour qui l’Hôtel de ville est une consécration en quelque sorte de leurs activités professionnelles et autres ; ceux pour qui le Conseil municipal n’est qu’une étape dans leur carrière politique. Alexandre Millerand est un exemple du deuxième type. Avocat brillant, à l’âge de 25 ans, il est entré en 1884 à l’assemblée municipale de Paris, qu’il a quittée l’année suivante pour siéger à la Chambre des députés.

4. À la sortie de l’Hôtel de ville

94En mars 1911, Pierre Lampué, alors doyen d’âge du Conseil municipal, s’est adressé dans les termes suivants aux nouveaux élus issus des élections partielles de janvier précédent :

  • 62 Conseil municipal de Paris, Procès-verbaux, 27 mars 1911.

« Sachez., persuadez-vous bien, que l’Hôtel de ville conduit à tout (rires) ; en sortant de cette école d’apprentissage où l’on s’entraîne au maniement des grands intérêts publics, on devient facilement : député, sénateur, ministre et même président du Conseil ; nous n’avons jamais eu encore de président de la République, mais ça viendra (rires). Nous avons justement là, sur nos bancs, de remarquables sujets, qui promettent beaucoup ; donc, vous le voyez. Messieurs, l’avenir est à vous ; toutefois, soyez vigilants ; si, comme je l’ai dit, l’Hôtel de ville conduit à tout, je dois ajouter, et j’insiste, qu’il conduit aussi quelquefois à la non-réélection (rires). La mésaventure n’est pas mortelle, mais elle est fort désagréable, croyez-en votre doyen (...).62 »

95En s’exprimant ainsi, Lampué n’exagérait point, puisqu’à la sortie de l’Hôtel de ville, 130 de nos conseillers ont trouvé une place au Parlement : 104 ont été élus députés, 14 sénateurs, et 12 ont connu les deux chambres ; 24 d’entre eux ont participé à un gouvernement, dont 3 en tant que chefs. La prédiction de Lampué concernant la présidence de la République se réalisera en 1920, avec l’élection d’Alexandre Millerand à cette fonction. Ainsi l’assemblée municipale de Paris servait-elle de tremplin à de nombreux hommes politiques.

96Au total 139 élus ont reçu un autre mandat après celui de conseiller municipal de Paris, soit 30,5 % de l’ensemble, qui se répartissent de la manière suivante selon les tendances politiques.

TABLEAU VII-11. Conseillers ayant reçu un autre mandat après avoir siégé au Conseil municipal de Paris

TABLEAU VII-11. Conseillers ayant reçu un autre mandat après avoir siégé au Conseil municipal de Paris

N.B. : Les chiffres entre parenthèses sont des pourcentages.

97C’est notamment les élus de la gauche (43,2 %) et de l’extrême gauche (38,5 %) ainsi que ceux de l’extrême droite (38,6 %) qui ont continué leur carrière politique après avoir quitté l’Hôtel de ville. Or, ce sont précisément les courants dont les élus avaient eu peu d’expérience dans l’administration locale (voir les tableaux VII-1 et 2 ci-dessus). Les élus du centre et de la droite, qui, eux, possédaient souvent une expérience solide de la gestion locale, ne trouvaient guère de débouchés à la sortie de l’Hôtel de ville : entre un sixième et un quart seulement d’entre eux ont pu pousser plus loin leur carrière.

98Comme nous l’avons dit, les carrières de ces 139 conseillers ayant reçu d’autres mandats électifs étaient en général très brillantes, puisque la plupart sont entrés au Parlement.

  • 63 Bassinet, Delpire, Dubief, Jacques, Emile Level, Marmottan, Topart, maires, et Bergerot et Clavel, (...)
  • 64 Seul Delpire, conseiller du IVe arrondissement (1871-1877), a démissionné du Conseil pour avoir été (...)

99Neuf élus ont été nommés adjoints ou maires à Paris, tous dans l’arrondissement qu’ils avaient représenté au Conseil municipal63. Il semble que ces postes étaient souvent une sorte d’indemnité accordée à des conseillers dont le mandat n’a pas été renouvelé64. En effet, il était relativement facile pour un conseiller municipal de se faire nommer maire ou adjoint, tant qu’il maintenait de bonnes relations avec le préfet de la Seine, et que ses opinions politiques n’étaient pas très éloignées de celles des autorités. Aucun des 9 conseillers futurs adjoints ou maires n’appartenait aux courants de la droite et de l’extrême droite.

100Neuf édiles ont siégé dans un autre conseil municipal. Parmi eux, deux socialistes et anciens ouvriers, Eugène Fournière et Médéri Picau, sont restés dans le département de la Seine. Le premier, après une législature passée au Palais-Bourbon, s’est présenté avec succès aux élections municipales d’Arcueil en 1912. Le second a été élu à l’assemblée municipale de Montreuil-sous-Bois en 1919, où il est resté jusqu’en 1925.

101Cinq ont été choisis à la tête d’une municipalité. Bernier est devenu maire de Mouzay, dans le département d’Indre-et-Loire dont il était également conseiller général. Jules Roche et Astier ont été élus maires dans l’Ardèche, le premier à Serrières au début du siècle, et le second à Aubignas en 1902. La Baule Escoublac (Loire-Inférieure) était administrée dans les années 1930 par Louis Lajarrige. Le conseiller socialiste Dormoy a été élu à la mairie de Menton, dans les Alpes-Maritimes, après la Libération. Or, 6 de ces 9 individus étaient parlementaires lorsqu’ils ont reçu leur mandat local. Pour eux, celui-ci était en quelque sorte un complément de leur mandat national. Nos conseillers municipaux accordaient peu d’importance aux fonctions de maire ou de conseiller des communes autres que la capitale.

  • 65 Astier (Ardèche), Baudin (Ain), Bernier (Indre-et-Loire), Bos (Cantal). Chautemps (Haute-Savoie), G (...)
  • 66 Sauf Bernier et Gamard.
  • 67 Sauf Bernier, Bos et Georges Martin.

102Quant aux conseils généraux, 11 de nos élus ont ensuite fait partie d’une assemblée départementale65. Astier et Pichon en ont assuré la présidence, respectivement dans l’Ardèche et dans le Jura. Mais, là aussi, le mandat départemental était souvent précédé d’un mandat parlementaire : c’est le cas de 9 d’entre eux66. Par ailleurs, 8 ont cumulé les deux mandats67.

103Ainsi, le titre qui tentait le plus les élus de Paris était celui de député ou de sénateur : sur les 139 qui ont reçu un autre mandat, 130, soit la quasi-totalité, sont passés au Palais-Bourbon ou au Palais du Luxembourg. Pour un homme parvenu à se faire élire dans la capitale, une retraite tranquille dans une petite assemblée de province n’était pas à la hauteur de ses capacités et position politiques.

  • 68 Par exemple, parmi les 327 conseillers municipaux de Bordeaux de la Troisième République, 22, soit (...)
  • 69 Certains ont été ministres sans être parlementaires. Nous sommes obligés de les compter avec les pa (...)
  • 70 Nivet Philippe. Le Conseil municipal de Paris de 1944 à 1977, op. cit. Durant la même période, 32 c (...)

104D’abord, la part des futurs parlementaires au Conseil municipal (28,8 %) est très importante, probablement plus que dans toute autre assemblée municipale68. L’Hôtel de ville était un vrai vivier d’hommes politiques. Sur ce point, le Conseil municipal de la Troisième République se distingue nettement des assemblées qui l’ont précédé. Parmi nos 452 conseillers, seuls 13 avaient été parlementaires avant d’entrer à l’Hôtel de ville. Au contraire, parmi les édiles de Paris de 1800 à 1870, si l’on compte 109 parlementaires ou ministres69 (36,6 % de l’effectif total), plus de la moitié avaient déjà exercé ces fonctions avant leur entrée à l’Hôtel de ville, et seuls 53 (17,8 %) ont été promus après. Le caractère du Conseil municipal comme tremplin s’est donc sensiblement accentué après 1871. D’ailleurs, ce tremplin n’a jamais fonctionné aussi bien que pendant la période de 1871 – 1914. Une étude récente montre qu’entre 1944 et 1977, environ 22 % des conseillers de Paris sont devenus membres du Parlement après leur entrée au Conseil – taux moins élevé que celui de notre période70.

  • 71 Sans compter Dietz.-Monnin, sénateur inamovible, qui avait été représentant de la Seine avant de de (...)

105Comme nous l’avons indiqué plus haut, parmi ces 130 conseillers devenus parlementaires, nous trouvons 104 représentants ou députés, 14 sénateurs et 12 députés devenus ensuite sénateurs71. C’est le plus souvent à Paris qu’ils ont obtenu leur siège : sur les 116 conseillers municipaux devenus membres de la chambre basse, 98 ont représenté la capitale au moins pendant une législature, alors que seuls 28 d’entre eux étaient natifs de Paris.

106Le choix était dicté par la stratégie électorale. À part celles de 1885, de 1919 et de 1924, les élections législatives se sont déroulées à Paris dans le cadre de l’arrondissement, parfois divisé en deux ou trois circonscriptions dans les zones a forte concentration démographique. Ce découpage favorisait les conseillers municipaux, qui se trouvaient souvent devant le même électorat que celui qui les avait envoyé à l’Hôtel de ville. Même parmi ceux qui ont été élus députés en province, un certain nombre avaient d’abord été élus dans la capitale. Le cas le plus célèbre est celui de Clemenceau, député de la Seine pendant 10 ans avant d’opter pour le Var en 1885.

  • 72 6 sur 20 en 1877 : 13 sur 27 en 1881 ; 22 sur 38 en 1885 ; 18 sur 35 en 1889 ; 21 sur 37 en 1893 : (...)

107Le passage fréquent de l’Hôtel de ville au Palais-Bourbon se reflète dans la composition de la députation parisienne : déjà au nombre de 6 sur les 20 sièges parisiens dans la première Chambre des députés élue en 1876, les anciens de l’Hôtel de ville fournissent constamment entre la moitié et les deux tiers de l’effectif jusqu’en 191472.

108Les conseillers municipaux devenus membres du Palais du Luxembourg ont choisi Paris eux aussi. Le mode de désignation des sénateurs était favorable à ceux qui avaient le soutien des élus locaux de la circonscription. Nos élus se sont donc présentés à Paris, où ils avaient la possibilité d’être soutenus par leurs anciens collègues. En effet, parmi les 26 conseillers municipaux sénateurs, 17 ont été élus dans la Seine.

109Du point de vue chronologique, le passage de l’Hôtel de ville au Parlement était un phénomène relativement constant. Dès le début de la Troisième République, les électeurs reprochaient souvent aux édiles de considérer le mandat municipal comme transitoire :

  • 73 Merielle, dans une réunion privée électorale, 161 rue d’Allemagne, 18 mai 1876.

« Jusqu’à ce jour nous avons vu que beaucoup de citoyens ne cherchaient à être élus conseillers municipaux que pour pouvoir plus tard poser leur candidature à la députation, le mandat de conseiller municipal n’étant pour eux que le marchepied pour arriver à la députation.73 »

110Sont devenus parlementaires 25,3 % des conseillers élus avant 1881, 30,6 % de ceux qui sont entrés au Conseil entre 1881 et 1900, et 31,5 % de ceux qui ont été élus après 1900. À part la légère hausse produite après 1881, l’évolution dans le temps n’est pas significative.

111Quant aux tendances politiques, ce sont la gauche, l’extrême gauche et l’extrême droite qui étaient propices aux aspirants parlementaires : 40,8 % des conseillers de la gauche, 36,5 % de ceux de l’extrême gauche et 38,6 % des élus de l’extrême droite sont devenus membres du Parlement, alors que c’était le cas de moins du cinquième des élus des autres courants. Là aussi, le contraste est plutôt entre centre et extrémités qu’entre droite et gauche. Les centristes, qui comptaient parmi eux de nombreux hommes issus de l’administration locale, étaient peu destinés à la vie politique nationale. En revanche, la trajectoire politique était ascendante pour les hommes de gauche et de l’extrême droite.

TABLEAU VII-12. Conseillers devenus parlementaires

TABLEAU VII-12. Conseillers devenus parlementaires

N.B. : Les chiffres entre parenthèses sont des pourcentages.

  • 74 Voir le chapitre III.

112Au cours de la période étudiée, les courants de la gauche et du centre gauche ont perdu de plus en plus cette vocation parlementaire. La droite, en revanche, a pris progressivement à la gauche ce rôle de formateur des hommes politiques. Cette tendance provient d’une combinaison de deux facteurs : l’inclination à la vie parlementaire plus ou moins forte suivant les courants politiques ; les votes des électeurs parisiens aux législatives. Certes, les conseillers de gauche se destinaient plus à la vie parlementaire que leurs collègues de droite. Mais, d’autre part, Paris a voté à droite aux élections législatives à partir de 190274, et cela a incité les édiles de droite à poser leur candidature à la députation : c’est ainsi que le nombre des élus de droite devenus parlementaires s’élève avec le temps.

  • 75 Floquet a été président de la Chambre des députés. Ont été vice-présidents de la Chambre : Brunet, (...)

113Certains des conseillers municipaux devenus parlementaires ont joué un rôle primordial sur la scène politique de la Troisième République. 24 ont fait partie d’une équipe gouvernementale, dont 3 en tant que présidents du Conseil (Floquet, Clemenceau et Millerand). Par ailleurs. 18 ont assumé une fonction dans le bureau de la Chambre des députés ou du Sénat75.

114La majorité de ces ministres et sous-secrétaires d’État avaient siégé au Conseil municipal de Paris sur les bancs de gauche. Seuls trois sont classés à droite : Denys Cochin (droite), qui, en bénéficiant de l’Union sacrée, a été nommé sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères dans les cabinets de Briand et de Ribot (1916-1917) ; Robaglia (centre droit), sous-secrétaire d’État à l’Aéronautique et aux Transports aériens dans l’éphémère cabinet de Herriot (juillet 1926) ; Rollin (centre droit), plusieurs fois ministre dans des gouvernements de l’Union nationale. Les autres étaient tous de gauche : 4 appartenaient au centre gauche, 14 à la gauche et 3 à l’extrême gauche.

115Certains ont occupé des portefeuilles-clés : Allain-Targé, ministre des Finances au grand ministère de Gambetta, puis de l’Intérieur dans le cabinet de Brisson en 1885 ; Édouard Lockroy, ministre du Commerce et de l’Industrie sous Freycinet puis sous Goblet (1886-1887), avant d’être nommé ministre de l’Instruction publique dans le gouvernement présidé par son ancien collègue Floquet (1888-1889) ; Stéphen Pichon, qui a été chargé des Affaires étrangères pendant de nombreuses années entre 1906 et 1920.

  • 76 Concernant la question du cumul des mandats en général, voir Tulard Jean, Drago Roland et Cluzel Je (...)

116Comme nous l’avons évoqué, pour les conseillers municipaux de la capitale, la possibilité du cumul de mandats était limitée, seul le mandat de parlementaire étant compatible76. Les élus eux-mêmes ne cherchaient pas à conserver les doubles fonctions de parlementaire et de conseiller. Avant 1900, un seul conseiller a été parlementaire sans renoncer à son mandat municipal : Dietz-Monnin, qui a cumulé les deux fonctions entre 1874 et 1876. Tous les autres conseillers ayant été élus aux assemblées parlementaires n’ont pas tardé à donner leur démission, ou au moins se sont abstenus de se présenter aux élections municipales suivantes.

Conseillers municipaux ministres

Conseillers municipaux ministres
  • 77 Sa lettre de démission, en date du 6 juillet 1887, cité dans les Procès-verbaux du Conseil municipa (...)

117Ce refus du double mandat était pour les uns un engagement politique, et pour les autres une nécessité réelle. Les élus, notamment ceux de gauche, considéraient conforme à l’esprit démocratique de ne pas exercer plusieurs mandats politiques en même temps. Lors de la campagne électorale municipale, ils promettaient souvent la démission de leur fonction de conseiller au cas où ils seraient désignés à siéger au Parlement. Gustave Mesureur, un des fondateurs du Parti radical, a quitté l’Hôtel de ville sur ces termes : « (...) conformément à nos principes et aux traditions républicaines sur le cumul des fonctions (...) »77.

  • 78 Sa lettre de démission, 23 mars 1894, cité dans les Procès-verbaux du Conseil municipal.

118Mais du point de vue pratique la charge de conseiller municipal de la capitale, doublée toujours de celle de conseiller général de la Seine, était certainement lourde, et rendait difficile d’assumer d’autres fonctions. Le conseiller conservateur du Faubourg du Roule (VIIIe) Maurice Binder, sorti vainqueur aux élections législatives de 1893 dans son arrondissement, a été, six mois plus tard, contraint de quitter le Conseil municipal, contrairement au souhait de ses électeurs : « Sollicité par mes comités et la grande majorité de mes électeurs de conserver mes doubles fonctions de député et de conseiller municipal, je ne crois pas cependant (...) pouvoir assumer plus longtemps et pour le bien général une aussi lourde responsabilité (...).78 »

119Quelques cas de cumuls de mandats apparaissent après 1900. Entre 1900 et 1914, 8 conseillers élus députés ont conservé les deux titres durant quelques années, et 6 autres élus l’ont fait après 1914. Louis Sellier, ancien communiste et fondateur du Parti ouvrier paysan en 1929, a été élu député en 1932 mais a conservé les deux mandats pendant plus de 8 ans. En revanche, les conseillers nationalistes élus députés en 1902 étaient obligés de rester à l’Hôtel de ville par nécessité d’assurer la majorité aux antiministériels : celle-ci étant courte, la démission systématique des nationalistes aurait inversé les rapports de force au sein du Conseil municipal. De même, les conseillers désignés sénateurs se consacraient en général aux travaux du Palais du Luxembourg, et ce n’est qu’après 1920 que des cas de cumuls apparaissent.

120Se présenter aux élections législatives était pour certains un aboutissement presque naturel de leur parcours. En dépit de la différence des attributions, le Conseil municipal et la Chambre des députés présentaient des traits identiques : notamment par leur tonalité des élections et des débats. Les candidats à ces deux assemblées se présentaient devant des électorats fort proches l’un de l’autre. L’attitude de certains conseillers, qui ont décidé de donner leur démission après s’être présentés en vain à des élections législatives dans leur arrondissement, n’est guère surprenante : Henri Thulié a considéré que son mandat municipal était mis en cause par son échec législatif dans la même circonscription :

  • 79 Lettre de démission, 9 mai 1883, cité in Procès-verbaux du Conseil municipal.

« Le scrutin du dimanche, 6 mai, a démontré que j’ai perdu la confiance d’une partie importante de mes électeurs du quartier de la Muette. Je manquerais à mes devoir si je restais dans une assemblée où je ne représenterais plus la totalité de ceux qui m’ont élu79. »

121Thulié considérait sur le même plan le mandat de conseiller municipal et celui de député. Ses termes résument d’une certaine manière l’idée qu’avaient les conseillers de leur fonction et de leur carrière. Probablement, le fait de ne pas cumuler les mandats n’est pas uniquement dû aux idéaux républicains. Quand on est en train de monter une échelle, il est inutile de garder un pied sur la barre inférieure.

122Certains de nos conseillers municipaux, sans être forcément parlementaires ou gouvernants, ont joué un rôle important dans la vie politique de la Troisième République, en participant ou en assumant des responsabilités au sein de partis politiques ou ligues.

  • 80 Voir Le Béguec Gilles, « Les avocats et la naissance des partis politiques organisés (1888-1903) », (...)

123Georges Villain, conseiller de Saint-Vincent-de-Paul (Xe) de 1890 à 1900, a été secrétaire général adjoint de l’Association nationale républicaine, fondée en 1888 et qui sera ensuite à l’origine de deux partis : l’Alliance républicaine démocratique et la Fédération républicaine. Roussel, lui aussi, était mêlé à des tentatives d’organisation des forces progressistes dans les années 1890 : président du comité de la Gauche libérale, groupement de propagande fondé en 1893 par le bâtonnier Barboux ; membre du conseil général de l’Association nationale républicaine ; secrétaire général de l’Alliance des républicains progressistes de Méline80.

124Chez les radicaux, Mesureur se trouve à l’origine du Parti radical créé en 1901. Par ses hautes responsabilités à la Grande loge de France, par les bonnes relations qu’il gardait avec le Grand-Orient, Mesureur occupait une position stratégique qui a ensuite permis de structurer la plupart des éléments qui formaient le courant radical. Il a fondé une Association pour les réformes républicaines, qui fusionna en 1895 avec le Comité central d’action républicaine dirigé par Floquet, Goblet et Brisson, pour devenir le Comité d’action pour les réformes républicaines. Après la fondation du Parti en 1901, il est devenu le premier président.

125Adolphe Chérioux, entrepreneur de maçonnerie, conseiller municipal de Saint-Lambert (XVe) de 1895 à 1934, est entré au comité exécutif du Parti radical en tant que vice-président, après avoir milité pendant de longues années dans des comités électoraux locaux ; il a également rempli la fonction de président de la commission de propagande et d’organisation du Parti. Henri Rousselle, conseiller de la Maison-Blanche (XIIIe) de 1896 à 1925, a lui aussi siégé au comité exécutif du Parti radical comme vice-président. Paul Virot, conseiller de Saint-Fargeau (XXe) de 1909 à 1919, a eu ses premiers contacts avec le monde politique en tant que secrétaire d’Adolphe Messimy lorsque celui-ci était député de la Seine (1902-1912). Son ascension politique a ensuite été rapide : secrétaire puis président de la Ligue de propagande républicaine radicale, il a été désigné secrétaire du comité exécutif du Parti radical, et vice-président de la Fédération des comités radicaux-socialistes de la Seine.

126Hattat, fabricant de chaussures, conseiller de la Porte Saint-Denis de 1878 à 1900, a été membre du bureau central et un des vice-présidents de l’Alliance républicaine démocratique dans ses débuts.

127Situés à gauche de ces partis sur l’échiquier politique, mais organisés précocement, les partis socialistes ont compté quelques conseillers municipaux de Paris parmi leurs leaders. Ont siégé au comité national de la Fédération des travailleurs socialistes de France : Caumeau, Dervillers (secrétaire), Faillet, Lavy, Morel, Paulard, Picau et Soens. Ranvier était secrétaire du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire en 1895. À la S.F.I.O., quatre de nos conseillers ont été élus à la commission administrative permanente : Dormoy (1914-), Fiancette (1915-1916), Landrin (-1910), Reisz (1912-).

128Les forces de droite se sont organisées en partis plus tardivement que leurs adversaires de gauche. Au moment de l’affaire Dreyfus, les nationalistes ont formé des groupements et des ligues, dont les actions ne se limitaient pas aux campagnes électorales et aux débats parlementaires. La capitale, étant le principal théâtre des agitations, a été conquise par eux aux élections municipales de mai 1900, si bien que de nombreux conseillers élus après 1900 étaient des militants ou leaders de ligues. Quatre conseillers au moins ont été membres de la Ligue de la patrie française : Billard, Chérot, Dausset, secrétaire général, et Le Corbeiller, trésorier. Plus nombreux sont ceux qui ont adhéré à la Ligue des patriotes : Le Menuet, secrétaire général, Galli, vice-président, Habert, délégué général, Michelin, Tournade, membres du comité directeur, et Ballière, chef de section.

129Certains ont dirigé des partis dans l’entre-deux-guerres. D’Andigné a été vice-président des Jeunesses patriotes et membre de la Fédération républicaine. Duval-Arnould a participé à la Ligue des Croix de feu et aux Jeunesses patriotes, et à la Fédération républicaine comme vice-président. Évain, Le Corbeiller et Denais ont siégé au comité exécutif du Parti national populaire, né en 1935 à partir des Jeunesses patriotes.

130Ainsi, même parmi les conseillers municipaux qui n’ont pas été élus parlementaires, certains ont joué un rôle majeur dans la vie politique de l’époque.

C. Les conseillers après 1914

131Du fait que la guerre de 1914-1918 ne constitue pas un changement de régime, la rupture qu’elle a provoquée dans la vie politique du pays n’est pas comparable par son ampleur à celle de 1870 ou à celle de 1939-1945. La plupart des conseillers municipaux en place en 1914 ont continué leurs carrières politiques après 1918 – au moins ceux qui étaient assez jeunes pour les poursuivre.

132Des 452 conseillers qui composent notre corpus, 241 sont décédés avant août 1914. Un certain nombre étant morts au cours de la guerre, il en reste 175 à l’armistice. Autrement dit, un peu moins de 40 % ont vécu l’entre-deux-guerres, et participé d’une façon ou d’une autre à la vie politique de l’époque. D’ailleurs, un conseiller a vu le premier maire élu de Paris : il s’agit de Louis Sellier, conseiller municipal de 1914 à 1944 et un des leaders du Parti communiste dans les années 1920, qui est mort en janvier 1978 à l’âge de 92 ans. Notre choix de période se justifie moins, faut-il l’avouer, en son aval qu’en son amont, et nous regrettons de ne pas pouvoir prolonger nos recherches jusqu’en 1939.

  • 81 La thèse récemment soutenue de Thierry Bonzon porte sur la politique de la municipalité parisienne (...)

133Au déclenchement du conflit mondial en 1914, 44 de nos conseillers pouvaient être mobilisables, ayant moins de 48 ans. Certains ont participé aux combats, et Charles Fillion et Pierre Quentin-Bauchart ont péri sur le champ de bataille. Les édiles de Paris étaient solidaires de la nation engagée quasi unanimement dans la poursuite de la guerre. C’est au moins l’image que les débats de l’assemblée municipale donnent des attitudes des conseillers. Nombre d’entre eux se dévouaient pour la population locale non seulement en tant qu’édiles, mais en présidant des associations ou en organisant aides et secours81.

  • 82 Parmi eux. 13 étaient de l’extrême gauche, 5 de la gauche, 9 du centre gauche, 8 du centre droit, 7 (...)

134Quarante-neuf des conseillers en fonction depuis 1914 ont vu leur mandat confirmé aux élections municipales des 30 novembre – 7 décembre 191982, tandis que 6 ont été battus. Il est vrai que le nombre des nouveaux élus à l’issue de ce scrutin (31) est élevé par rapport aux derniers scrutins avant le conflit mondial, mais il ne l’est pas d’une façon exceptionnelle. Des renouvellements de même degré s’étaient produits en 1890 ou en 1900.

  • 83 Sur l’assemblée municipale pendant la Seconde Guerre mondiale, voir Nivet Philippe. Les assemblées (...)

135Neuf conseillers ont assisté à la débâcle de 1940, alors qu’ils étaient toujours en fonction. À la suite de la constitution d’une nouvelle assemblée municipale à Paris, dont l’organisation a été fixée par la loi du 16 octobre 1941, selon laquelle ses membres étaient nommés, 5 de nos 9 conseillers en fonction ont été exclus de l’Hôtel de ville : Maurice Quentin, Alphonse Loyau, Georges Lemarchand, Eugène Fiancette et Paul Fleurot. Les 4 autres ont été maintenus en place : Louis Sellier, vice-président de l’assemblée en 1943, Georges Pointel, Ludovic Calmels, et Louis Peuch. Ils seront tous écartés des pouvoirs municipaux à la Libération. Deux des élus d’avant 1914, Fleurot et Joseph Denais, sont revenus à l’Hôtel de ville en 1945, mais n’ont siégé que brièvement83.

  • 84 Certains le sont devenus avant 1914.
  • 85 Il avait été à ce portefeuille de 1906 à 1911 et en 1913.

136D’autres ont entamé ou poursuivi une carrière parlementaire dans l’entre-deux-guerres. 34 ont été parlementaires84, dont 24 députés et 7 sénateurs, les 3 autres ayant rempli successivement les deux fonctions. 9 ont été nommés ministres : Paul Bernier. ministre des Postes dans le cabinet éphémère de Daladier en février 1934 ; Frédéric Brunet, sous-secrétaire d’État à l’Enseignement technique dans le cabinet de Steeg (décembre 1930 – janvier 1931) ; André Lefèvre, ministre de la Guerre du gouvernement de Millerand en 1920 ; Stéphen Pichon, aux Affaires étrangers de 1917 à 192085 ; Robaglia, sous-secrétaire d’Etat à l’Aéronautique et aux Transports aériens dans le cabinet de Herriot en 1926, qui n’a duré que deux jours ; Rollin, membre des gouvernements de Laval et de Tardieu (1931-1932) comme ministre du Commerce, et membre de plusieurs cabinets de 1934 à 1936 comme ministre des Colonies ; Paul Strauss, ministre de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociale dans le cabinet de Poincaré (1922-1924) ; enfin Clemenceau et Millerand, qui ont été nommés chefs de gouvernements, et président de la République pour le dernier. Après comme avant 1914, le Conseil municipal de Paris servait de tremplin aux hommes politiques.

Notes

1 Voir le chapitre III.

2 Maitron Jean (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Éd. ouvrières, t. 6. p. 387.

3 Si l’on excepte Émile Littré, élu en octobre 1871 conseiller général de la Seine dans le canton de Saint-Denis.

4 Jugement en date du 13 septembre 1848 (AN. F17 22846).

5 Selon un rapport de police, sans date (APP, BA1121, dossier Hubbard).

6 AN, LH1651/49 (Loiseau) et 2602/28 (Thorel). Ernest Hamel et Auguste Cadet, tous deux parlementaires de la Troisième République, semblent avoir participé eux aussi aux journées de Juin du côté du gouvernement.

7 Collaboraient également Bourneville, Cadet, Louis Combes, Nadaud, Charles Quentin, Émile Richard. Lefebvre-Roncier.

8 Guyot, Lockroy, Monteil y écrivirent.

9 Brisson, Ranc, Révillon furent collaborateurs, et Castagnary, Louis Combes, Deberle furent rédacteurs.

10 Carle, Hamel, Lepelletier de Bouhélier se trouvaient parmi les collaborateurs.

11 Voir Berlière Jean-Marc. La police des mœurs sous la Troisième République, Seuil, 1992, 270 p. ; CORBIN Alain, Les filles de noce, Aubier. 1977, 571 p.

12 Estèbe Jean, Les ministres de la République, op. cit., p. 116.

13 Pour ce procès, voir l’article d’Yves ozanam, in tulard Jean (éd.), Le Dictionnaire du Second Empire, Fayard, 1995, 1347 p., pp. 1271-1272.

14 Également membres de l’Internationale : Amouroux. Humbert, Landrin, Longuet, Ernest Moreau, Talandier, Chauvière.

15 Il fut nommé, après le 4 septembre, directeur des Affaires algériennes.

16 Voir le chapitre III.

17 Maine-et-Loire, Sarthe, Vendée et Mayenne.

18 Il est ensuite nommé, au début du mois d’octobre, préfet de Maine-et-Loire, où il reste jusqu’au 25 mars 1871.

19 Les cas d’Allain-Targé, de Nadaud et d’Engelhardt, tous affectés dans leur département natal, sont conformes à la stratégie du Gouvernement de la Défense nationale en matière de nomination préfectorale. En effet, Gambetta a choisi les administrateurs des départements parmi les hommes du lieu, à l’instar de ses prédécesseurs de la Première et de la Deuxième Républiques, alors que la tradition napoléonienne voulait que les préfets et les sous-préfets soient étrangers au département, pour qu’ils puissent être considérés comme des représentants de l’État (Wright Vincent, « Les préfets du gouvernement de la Défense nationale (6 septembre 1870-février 1871) », Bulletin de la Société d’histoire moderne, nos 11-12, 1975, pp. 16-24).

20 D’autre part, Jacques de Bouteiller fut nommé, en septembre, sous-préfet de Quimperlé (Finistère), sans pourvoir occuper le poste.

21 Delabrousse était également conseiller de préfecture en Maine-et-Loire, sous Engelhardt.

22 Delattre a quitté son poste en ces termes : « Ma mission prend fin naturellement avec celle du gouvernement de la Défense nationale qui m’avait nommé. » Lettre du 15 février 1871 (AN, FlbI 158/11).

23 Voir notamment l’article de Vincent Wright. « Les préfets du gouvernement de la Défense nationale », art. cit. Selon l’auteur, sur les 127 préfets nommés pendant la période, seuls 4 avaient servi à l’Empire, et la plupart (85) étaient des membres de professions libérales sans expérience de l’administration. C’est aussi le cas de nos 10 conseillers préfets, sous-préfets ou secrétaires généraux : ils étaient tous journalistes ou avocats – Martin Nadaud n’était plus maçon à l’époque – et aucun n’avait appartenu à l’administration préfectorale.

24 Lettre du ministre de l’Intérieur. 16 juillet 1873 (AN. FlbI 158/11).

25 Sans compter Trinquet, adjoint du XXe arrondissement sous la Commune.

26 Jean-François Robinet, père de Gabriel, fut maire du VIe arrondissement, et membre de la Commune ; Gabriel Ranvier, père d’Henri-Joseph, était membre de l’Internationale, et fut élu maire du XXe arrondissement, dont les électeurs l’envoyèrent à la Commune ; Émile Brelay, frère d’Ernest, a été élu maire du IIe en novembre 1870, avant de devenir représentant de la Seine à l’Assemblée nationale et député du IIe arrondissement.

27 Ont été nommés maires : Tenaille-Saligny (Ier), Bonvalet (IIIe), Hérisson (VIe), Ranc (IXe), Mottu (XIe), Clemenceau (XVIIIe), Félix Richard (XIXe) et Braleret (XXe). Ont été nommés adjoints : Murat, Cléray (IIIe), Parent, Massol (IXe), Dujarrier (Xe), François Combes (XIIIe). Deberle (XIVe), Jobbé-Duval (XVe). Marmottan (XVIe), Émile Richard (XVIIe), Lafont, Simoneau (XVIIIe). D’après la liste des maires et des adjoints de Paris trouvée aux Archives nationales (FlbII Seine 27, liste établie vraisemblablement début octobre). Quelques-uns des nouveaux nommés ont refusé d’accepter les missions demandées, comme Lockroy désigné comme adjoint du VIIIe.

28 Ont été élus maires : Tenaille-Saligny (Ier), Bonvalet (IIIe), Vautrain (IVe), Hérisson (VIe), Mottu (XIe), Asseline (XIVe), Clemenceau (XVIIIe). Ont été élus adjoints : Adam (Ier), Loiseau-Pinson (IIe), Cléray. Murat (IIIe), Callon, Loiseau (IVe), Collin (Ve), Lauth (VIe), Degouve-Denuncques (Xe), Dumas (XIIe), François Combes, Bouvery (XIIIe), Jobbé-Duval (XVe), Marmottan (XVIe), Lafont (XVIIIe), Quentin (XIXe). D’après l’Enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars, Versailles, Cerf, 1872, 3 vols., tome 1, pp. 172-174.

29 Au moins, les séances du Gouvernement n’élucident pas son intention (Gouvernement de la Défense nationale. Procès-verbaux des séances du Conseil, publiés d’après les manuscrits originaux de M. A. Dréo, l’un des secrétaires du Gouvernement, avec préface et notes explicatives par Henri Des Houx, Henri Charles-Lavauzelle, s.d., 698 p.).

30 En effet, selon Stéphane Riais, le centre de gravité des nommés du 6 septembre se situait plus à gauche que celui du Gouvernement (Nouvelle histoire de Paris. De Trochu à Thiers (1870-1873), Hachette, 1985, 613 p., pp. 147-148).

31 Nord Philip G., « The Party of Conciliation and the Paris Commune », French Historical Studies, 1987. vol. 15, n° 1, pp. 1-35; Griffin David Eugen, « The Other Republicains: the Mayors of Paris and the Failure of Moderation, 1871 », Second Meeting of the Western Society for French History, San Francisco, 1974, pp. 267-273; Gaillard Jeanne, « Les papiers de la Ligue républicaine des Droits de Paris ». Mouvement social, n° 56, juillet-septembre 1966. pp. 65-87 ; Lefèvre André, Histoire de la Ligue d’Union républicaine des droits de Paris, Paris, 1881. Parmi les écrits contemporains, le plus informé est Damé Frédéric, La Résistance, les maires, les députés de Paris et le Comité central du 18 au 26 mars, Paris, A. Lemerre, 1871.

32 Gaillard, « Les papiers de la Ligue républicaine... », art. cit., p. 65.

33 Ibid., p. 71.

34 AN, 49AP1 (papiers Floquet).

35 Allain-Targé. Bonvalet. Braleret. Clemenceau. Delattre. Paul Dubois. Floquet. Guyot. Jobbé-Duval. Lafont, Lauth, Lockroy, Loiseau-Pinson, Manet, Mottu, Réty et Stupuy.

36 Voir notamment nord P. G., art. cit.

37 Voir le chapitre III.

38 Adam. Jehan de Bouteiller, Ernest Lefèvre, Loiseau-Pinson, Marmottan, Murat, Parent et Ranc.

39 APP. BA944, son dossier personnel.

40 Il a été juge de paix suppléant dans le canton de Marly-le-Roi (Seine-et-Oise), poste dont il a été révoqué en 1899 pour ses opinions nationalistes. Pour sa carrière, voir Jacquemet Gérard. « Edmond Lepelletier et la libre pensée à Paris au début de la Troisième République ». Libre pensée et religion laïque, Strasbourg. CERDIC. 1980. pp. 104-125.

41 AN, LH1925/05.

42 AN. EH 1651/49.

43 À l’instauration du nouveau Conseil municipal de Paris en 1871, seuls les IIIe, Ve et XIXe arrondissements étaient dotés d’une caisse des écoles. L’institution s’est développée dans les années suivantes, avec la création de 3 caisses en 1872, 4 en 1873 et 4 autres en 1874 (il y en avait une dans chaque arrondissement). Il semble que tous les arrondissements en étaient dotés à la fin des années 1870.

44 Les conseillers municipaux, les députés ainsi que les juges de paix étaient membres de droit de la caisse.

45 La caisse des écoles n’était pas une organisation uniforme. En effet, le statut de la caisse était rédigé par le conseil municipal de la localité, qui possédait une certaine latitude en la matière.

46 Les administrateurs étaient nommés parmi les candidats présentés par la direction de l’Assistance publique, par le maire et les adjoints, et par les conseillers municipaux de l’arrondissement.

47 Il n’y avait guère d’autres conditions que celle de la nationalité française et celle de la jouissance des droits civils et politiques.

48 Rapport de police, 26 juillet 1901 (APP, BA 1271, dossier Sohier).

49 Nous obtenons une différence analogue en nous limitant aux fonctions dans les bureaux de bienfaisance, caisse des écoles, commission scolaire et délégation cantonale : 6,3 % contre 15,4 %.

50 Il s’agit de Trélat, représentant du Puy-de-Dôme à l’Assemblée nationale en 1848, de Vauthier, de Cantagrel, de Nadaud, représentants à l’Assemblée législative l’année suivante, et de Paul Aclocque, élu en février 1871 dans le département de l’Ariège.

51 Voir le chapitre IX.

52 Malheureusement, les travaux d’Yvan Combeau négligent ces points.

53 Nous n’avons pas tenu compte des mandats exercés en dehors du département de la Seine.

54 Comme nous l’avons vu dans le chapitre I. l’âge moyen au commencement des fonctions était de 53,6 ans pour les conseillers du Second Empire, alors que il était de 48,2 ans pour les élus de juillet 1871.

55 Voir le chapitre I.

56 Ceux qui ont été conseillers municipaux, adjoints, maires, représentants, préfets ou sous-préfets.

57 Le même examen fait pour ceux qui avaient lutté contre Napoléon III confirme cette hypothèse. Sur les 80 individus que nous avons considérés comme opposants au régime, 49 ont fait partie d’un des trois premiers conseils de la République, entre 1871 et 1881 (20 ont été élus pour la première fois en 1871-1874, 19 en 1874-1878, et 10 en 1878-1881), alors que 8 ont été élus pour la première fois entre 1881 et 1884, 8 autres entre 1884 et 1887, et 5 entre 1887 et 1890. De même, sur les 32 conseillers qui ont participé à des tentatives de médiation lors de la Commune de Paris, 16 sont entrés au Conseil avant 1874, 9 autres avant 1878 et 4 autres avant 1881, soit 29 des 32 ont été élus avant janvier 1881. Les communards, eux, n’ont pas siégé avant 1881, sauf quelques-uns ayant échappé à l’arrestation. Sur les 25 communards que nous avons trouvés. 19 ont été élus après janvier 1881.

58 Dans ce calcul, nous n’avons pas tenu compte de ceux qui avaient exercé un mandat quelconque avant 1870, en raison de notre codage informatique.

59 Concernant les indemnités, voir le chapitre II.

60 Voir le chapitre III.

61 Ce constat est globalement valable à l’intérieur de chacune des catégories socioprofessionnelles.

62 Conseil municipal de Paris, Procès-verbaux, 27 mars 1911.

63 Bassinet, Delpire, Dubief, Jacques, Emile Level, Marmottan, Topart, maires, et Bergerot et Clavel, adjoints.

64 Seul Delpire, conseiller du IVe arrondissement (1871-1877), a démissionné du Conseil pour avoir été nommé maire ; les autres ont une fois quitté l’Hôtel de ville avant d’être rappelés à la fonction de maire ou d’adjoint.

65 Astier (Ardèche), Baudin (Ain), Bernier (Indre-et-Loire), Bos (Cantal). Chautemps (Haute-Savoie), Gamard (Mayenne), André Lefèvre (Bouches-du-Rhône), Georges Martin (Loir-et-Cher). Pichon (Jura). Roche (Ardèche) et Tenaille-Saligny (Nièvre).

66 Sauf Bernier et Gamard.

67 Sauf Bernier, Bos et Georges Martin.

68 Par exemple, parmi les 327 conseillers municipaux de Bordeaux de la Troisième République, 22, soit 6,7 % sont devenus parlementaires (Herpin Jacqueline, art. cit.).

69 Certains ont été ministres sans être parlementaires. Nous sommes obligés de les compter avec les parlementaires à cause de la façon dont notre base de données a été constituée.

70 Nivet Philippe. Le Conseil municipal de Paris de 1944 à 1977, op. cit. Durant la même période, 32 conseillers, représentant 8,9 % de l’ensemble, avaient été parlementaires avant leur mandat municipal. Ce taux est supérieur à celui de notre période (2,9 %), ce qui illustre une fois encore le rôle très marqué d’ascenseur politique qu’avait l’assemblée de 1871 à 1914.
Par ailleurs, selon Florence Haegel, le mandat municipal était utilisé soit par le député comme une rétribution à des militants méritants, soit comme compensation à une carrière nationale ratée (Un maire à Paris, op. cit.).

71 Sans compter Dietz.-Monnin, sénateur inamovible, qui avait été représentant de la Seine avant de devenir conseiller municipal de Paris.

72 6 sur 20 en 1877 : 13 sur 27 en 1881 ; 22 sur 38 en 1885 ; 18 sur 35 en 1889 ; 21 sur 37 en 1893 : 24 sur 37 en 1898 ; 19 sur 40 en 1902 ; 20 sur 40 en 1906 ; 18 sur 38 en 1910 ; 20 sur 40 en 1914.

73 Merielle, dans une réunion privée électorale, 161 rue d’Allemagne, 18 mai 1876.

74 Voir le chapitre III.

75 Floquet a été président de la Chambre des députés. Ont été vice-présidents de la Chambre : Brunet, Floquet, André Lefèvre. Ernest Lefèvre, Lockroy, Mesureur, Puech, Rollin. Ont été secrétaires de la Chambre : Maurice Binder, Clemenceau, Dufaure, Payer, Pichon. Nadaud a été questeur de la Chambre. Ont été vice-présidents du Sénat : Chautemps, Strauss. Astier a été secrétaire du Sénat, et Ranson questeur du Sénat.

76 Concernant la question du cumul des mandats en général, voir Tulard Jean, Drago Roland et Cluzel Jean, « Le cumul des mandats législatifs », Revue des sciences morales et politiques, 150e année, n° 2, 1995, pp. 137-160.

77 Sa lettre de démission, en date du 6 juillet 1887, cité dans les Procès-verbaux du Conseil municipal.

78 Sa lettre de démission, 23 mars 1894, cité dans les Procès-verbaux du Conseil municipal.

79 Lettre de démission, 9 mai 1883, cité in Procès-verbaux du Conseil municipal.

80 Voir Le Béguec Gilles, « Les avocats et la naissance des partis politiques organisés (1888-1903) », Histoire de la justice, n° 5, 1992, pp. 171-188.

81 La thèse récemment soutenue de Thierry Bonzon porte sur la politique de la municipalité parisienne pendant la Grande Guerre : Les assemblées locales parisiennes et leur politique sociale pendant la Grande Guerre (1912-1919), thèse de doctorat, Université Paris I (Jean-Louis Robert), 2000.

82 Parmi eux. 13 étaient de l’extrême gauche, 5 de la gauche, 9 du centre gauche, 8 du centre droit, 7 de la droite et 7 de l’extrême droite. 13 autres conseillers en place depuis 1912 n’ont pas voulu le renouvellement de leur mandat.

83 Sur l’assemblée municipale pendant la Seconde Guerre mondiale, voir Nivet Philippe. Les assemblées parisiennes de la déclaration de guerre à la Libération de Paris, op. cit. ; Rault Michèle, Conseillers municipaux sous Vichy. Prosopographie d’un personnel politique. Le cas du département de la Seine, 1941-1944, mémoire de maîtrise, Université Paris I (Antoine Prost). 1989, 278 p.

84 Certains le sont devenus avant 1914.

85 Il avait été à ce portefeuille de 1906 à 1911 et en 1913.

List of illustrations

Title TABLEAU VII-1A. Nombre des anciens membres des organisations administratives locales (niveau arrondissement)
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Title TABLEAU VII- 1B. Nombre des anciens membres des organisations administratives locales (par tendances politiques)
Caption N.B. : Ont été retenus les administrateurs du bureau de bienfaisance, de la caisse des écoles, les membres de la commission scolaire et les délégués cantonaux. Sources : Préfecture de la Seine, Recueil des actes administratifs du département de la Seine, 1844 (pour les administrateurs des bureaux de bienfaisance) ; Ead., Bulletin de l’Instruction primaire du département de la Seine, 1866 (publie quelques listes des délégués cantonaux de la Seine) ; Conseil municipal de Paris. Délibérations. 1880, et Rapports et documents, 1871 (nominations des membres des commissions scolaires). Les renseignements provenant d’autres sources biographiques ont été également utilisés, notamment concernant l’appartenance à une caisse des écoles.
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Title TABLEAU VII-2. Conseillers ayant exercé des fonctions dans l’arrondissement représenté
Caption N.B. : Ont été retenues les fonctions suivantes : délégué cantonal, administrateur du bureau de bienfaisance et de la caisse des écoles, membre de la commission scolaire, adjoint et maire de l’arrondissement. *Les chiffres entre parenthèses sont des pourcentages.
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Title TABLEAU VII-3A. Conseillers ayant exercé un mandat avant l’élection à l’Hôtel de ville (par périodes)
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/1322/img-4.jpg
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Title TABLEAU VII-3B. Conseillers ayant exercé un mandat avant l’élection à l’Hôtel de ville (par tendances politiques)
Caption N.B. : Exclu le mandat de membre de la Commune. Ceux qui ont exercé dans la Seine ainsi qu’en province ont été comptés dans la Seine.
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Title TABLEAU VII-4 Anciens parlementaires et anciens conseillers généraux
Caption N.B. : Les chiffres entre parenthèses : nombres et pourcentages de ceux qui avaient été parlementaire.
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Title TABLEAU VII-5. Nombre des échecs préalables à la première élection (en moyenne)
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Title TABLEAU VII-6. Dates de naissance des élus
Caption N.B. : Les dates de naissance des élus siégeant à l’issue de chaque renouvellement général. L’addition de la ligne de 1871 est de 78, du fait de la triple élection de Mottu.
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Title TABLEAU VII-7. Groupes d’âge à l’issue de chaque scrutin
Caption N.B. : l’addition de la ligne de 1871 est de 78, du fait de la triple élection de Mottu
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Title TABLEAU VII-8 Âge moyen des conseillers au début de leur fonction
Caption N.B. : pour les sigles, voir le chapitre I.
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Title TABLEAU VII-9. Âge moyen par tendances politiques/selon les périodes d’élection
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Title TABLEAU VII-10. Âge à la première élection selon la poursuite ou non de la carrière
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Title TABLEAU VII-11. Conseillers ayant reçu un autre mandat après avoir siégé au Conseil municipal de Paris
Caption N.B. : Les chiffres entre parenthèses sont des pourcentages.
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Title TABLEAU VII-12. Conseillers devenus parlementaires
Caption N.B. : Les chiffres entre parenthèses sont des pourcentages.
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Title Conseillers municipaux ministres
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