Les singes matelots des voiliers aux xviiie et xixe siècles. En route vers les premières focales en éthologie
p. 241-256
Texte intégral
11814. Un navire français fait naufrage près du nord de l’Angleterre, dans les environs du village de Hartlepool. Si l’équipage ne survit pas, un chimpanzé paré de l’uniforme napoléonien s’échoue sur la plage et est capturé par les habitants. Il s’ensuit un procès puis la pendaison de cet ennemi muet et poilu, considéré comme un espion venu d’outre-Manche. On ignore la véracité et l’exactitude de cette histoire devenue au fil du temps une légende locale, reprise récemment dans une bande dessinée1 comme une parabole de la xénophobie et du racisme. Cette anecdote fait pourtant aussi écho à des pratiques avérées de singes mascottes à bord des navires. Il était en effet courant que des animaux mascottes soient embarqués pour les longues traversées – et parmi eux des singes.
2Nous avons trouvé trois récits de voyages évoquant le destin de cinq singes vivant à bord d’un voilier, l’un datant du début du xviiie siècle2, le deuxième de la seconde moitié du xviiie siècle3 et le troisième du premier tiers du xixe siècle4. Ces primates appartiennent à des espèces différentes, pas toujours faciles à déterminer, les classifications ayant évolué au fil du temps. La majorité d’entre eux sont néanmoins des grands singes, certainement des chimpanzés. Les trois auteurs, tous officiers, appartiennent au monde de la marine et des voyages. François Froger (1676- ?) est un ingénieur-hydrographe ayant exploré les terres de l’Amérique latine et de l’Asie. Louis Degrandpré (1761-1846) est un Breton, officier de marine, alors que Basil Hall (1788-1844) navigue sous le drapeau britannique. Le premier auteur nous rapporte le sort d’un singe africain, un certain Mango, amusant l’équipage sur les mers des Antilles. Les deux autres navigateurs évoquent chacun deux singes en des voyages différents, et ces primates sont les seuls à bord. Les singes de Louis Degrandpré sont sur des voiliers au large de l’Afrique. Leurs noms n’étant pas indiqués, nous avons décidé pour faciliter la lecture de les baptiser Degrandpré I et Degrandpré II. Quant à Basil Hall, son premier singe, surnommé Saint-Iago par tout l’équipage, fait route vers l’Amérique du Sud, et le second, nommé par nous Basil I, voyage en Asie.
3Nous allons présenter plusieurs focales, puisque, indirectement, nous tenterons d’observer ces singes matelots. Cette reconstitution – partielle – des vies de ces mascottes nous aidera à nous interroger sur l’adaptabilité de ces animaux à bord de voiliers. Quelle part donner à l’influence de cet environnement si particulier sur leurs comportements ? Avons-nous affaire à des spécificités individuelles ? Alors que les marins ont une proximité unique avec ces singes, quels regards portent-ils sur leurs comportements ?
Quand les singes mascottes embarquent sur les bateaux
4Lors des longs voyages en voilier, nombreuses sont les interactions avec les animaux, en particulier des mascottes. Pour agrémenter les mornes semaines à bord, pour distraire des journées interminables de travaux difficiles, les marins s’entichent à l’occasion d’animaux sauvages, en particulier des oiseaux échoués sur les agrès. D’autres fois, les officiers, soucieux du moral de leur équipage, acquièrent eux-mêmes des animaux tels les singes. C’est le cas de Saint-Iago acheté auprès d’un marchand du quartier d’Exeter, près de Londres, par le capitaine Basil Hall. L’officier note alors l’arrivée croissante de matelots pour embarquer sur son navire en partance pour l’Amérique du Sud depuis Portsmouth et l’attribue à la présence du singe, « amusant personnage5 » dont la renommée s’amplifie sur le port. Le singe devient ainsi un argument publicitaire pour la Marine. Ce phénomène de l’animal mascotte n’est en rien spécifique à cette période ni au milieu marin. Par exemple, durant la Première Guerre mondiale, de nombreux animaux ramassés dans les tranchées adoucissent le quotidien des soldats6. Cette pratique est courante dans les armées à d’autres périodes7. Beaucoup d’animaux font l’affaire, comme cette truie prénommée Jeanne, à laquelle Basil Hall consacre un chapitre8. Alors que ce suidé était destiné à finir dans les assiettes, l’équipage se prend d’affection pour lui et il n’est plus question de le tuer. Pour sa part, un officier de navire français opte pour un écureuil dont le jeu est de le poursuivre sur le vaisseau : « Le chevalier Jean-Jacques de Cotignon, garde-marine pendant le siège de Gibraltar (1779-1783) y vit un excellent leurre pour contribuer à l’entretien moral et physique de l’équipage […]. Alors c’était à celui de nous qui le prendrait et nous ne dinions pas qu’il ne le fût […]9. » Néanmoins, les singes sont assez populaires. Est-ce pour leur comportement social ? Est-ce pour leur allure rappelant tant celle des hommes ? L’agilité des singes et leur forte musculature sont autant de qualités qu’auraient également pu apprécier les gabiers10 du navire, habitués à évoluer dans les vergues, la tête dans les voiles à plusieurs mètres au-dessus du pont.
5Le parcours du second singe évoqué par l’officier anglais, et que nous nommons Basil I, a attiré notre attention. Il serait né sur l’île de Ténérife aux Canaries, aurait été élevé à Cadix puis embarqué pour l’Amérique latine, à Lima puis à Acapulco, et pris le large vers l’Asie où Basil Hall fait son acquisition aux Philippines. Avec lui, il rejoint le Cap de Bonne-Espérance puis l’île de Sainte-Hélène (fig. 1).
Fig. 1. Trajets à bord de voiliers du singe acquis par le capitaine Basil Hall.

Carte Clotilde Boitard.
6L’auteur l’identifie comme un « singe grand voyageur11 », faisant ainsi écho à l’œuvre d’Edwin Landseer : The Monkey who had seen the World (fig. 2). Ce singe est donc probablement passé de navire en navire au gré des escales dans les ports, en réalisant un parcours impressionnant. Les singes originaires du bassin méditerranéen connaissent en effet un franc succès à cette époque. Des fouilles archéologiques montrent ainsi la présence d’un jeune magot à bord d’un navire naufragé du xviiie siècle12. Toutefois, nous n’avons aucune certitude quant au statut de ce petit singe.
Fig. 2. Edwin Landseer, The Monkey who had seen the World, 1827.

7La peinture d’Edwin Landseer pourrait nous induire en erreur sur lui, nous faire croire à un singe matelot qui aurait appris, auprès de l’équipage, à se tenir debout, à se vêtir, à utiliser des accessoires à la mode, et qui, de retour auprès des siens, ne ressemble plus à un singe mais à un gentleman des mers. Nous allons voir que la vérité est tout autre, car il est certain que tous les singes ne sont pas des mascottes. Au xviiie siècle, une kyrielle d’animaux exotiques sont embarqués vers l’Europe et les rescapés de ces périlleux transferts sont vendus pour une fortune à leur arrivée13. À côté d’animaux divers, d’oiseaux multicolores en particulier, les singes sont placés dans les boutiques ou même via des annonces de presse et se retrouvent dans des foyers le plus souvent fortunés. À cette fin, les marins emportent régulièrement des animaux avec eux dans l’espoir d’une revente juteuse à l’arrivée, comme Buffon l’évoque à propos d’un voyage d’un capitaine dénommé May : « Étant avec son vaisseau sur les côtes de Guinée, un de ses matelots y fit l’acquisition d’un petit singe sans queue, âgé d’environ 6 mois, qui avoit été apporté du royaume de Benin14. » Durant le voyage, ces matelots entretiennent souvent des relations familières avec ces animaux pouvant être installés sur leurs épaules. Il est indubitable que des interactions se développent aussi avec les camarades du matelot. Des singes sont également la propriété d’officiers comme Degrandpré I15. Celui-ci déambule partout dans le vaisseau et interagit avec tout l’équipage. Par la suite, Degrandpré a probablement emporté le singe avec lui.
8Comment les singes s’intègrent-ils à cet univers marin ? Loin d’être un monde silencieux, les voiliers sont des univers pleins et clos où les humains et les animaux sont les uns contre les autres, sans échappatoire possible. Dès leur arrivée au port animé et bruyant, les singes sont donc confrontés à un univers sensoriel particulier, aujourd’hui disparu. Des passagers, des marins, des soldats vont et viennent. Des discussions fusent. Des ordres sont criés à tue-tête. Des marchandises sont transbahutées, embarquées, débarquées. À bord, le singe se trouve avec un équipage parfois important dans un espace restreint et perpétuellement en mouvement. Degrandpré II, par exemple, est à bord de l’un de ces vaisseaux négriers de plus en plus fréquents sur les mers du siècle des Lumières16. De nombreux esclaves sont cloîtrés et attachés au fond du navire. Comment ce singe circule-t-il, alors que les espaces sont bien cloisonnés ? Peut-il interagir avec les esclaves ? Leurs rencontres sont probables, car les négriers faisaient monter les esclaves sur le pont pour les faire bouger, danser, éviter un engourdissement des muscles, leur rendre meilleure allure avant la vente.
9Enfin, de nombreux animaux sont du voyage. Des indésirables, notamment les rats, courent sur le pont ou dans les cales remplies de denrées. Des vaches meuglent, des moutons et des chèvres bêlent, des cochons grognent, beaucoup étant destinés à faire le délice des officiers et des passagers. Des ovins fournissent le lait pour les malades. Poissons et tortues sauvages agrémentent les assiettes, mais les dernières sont parfois conservées vivantes des semaines durant. Des oiseaux suivent également ces navires, pouvant se percher et se reposer lors de longs trajets et manger des restes. Les chats, enfin, appréciés pour leur lutte contre les rongeurs, ainsi que pour l’amusement, aiguisent leurs griffes sur les bois des navires17. Ces arches de Noé dégagent souvent une odeur nauséabonde, voire pestilentielle. D’ailleurs, des marins la supportent de moins en moins et préconisent des parfums pour s’en préserver ou des toiles pour séparer les animaux des hommes18. Voilà le décor, il est temps de rompre les amarres et de lever l’ancre.
La traversée, une épreuve humaine et animale
10Il n’y a certainement rien de moins naturel pour un primate (qu’il soit humain ou non humain) que de se retrouver à voguer sur l’eau pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Certains hommes ont le pied marin, peut-on dire de nos singes mascottes que certains aient eu la patte marine ? Le mal des transports, qui est la conséquence d’un déséquilibre entre les yeux et les oreilles, existe pour tous les primates. D’ailleurs, la cinétose humaine reste étudiée au travers de cas chez les singes19. Au xviiie siècle, l’acheminement de certaines espèces de singe vers l’Europe est problématique du fait de leur sensibilité à ce mal, comme le sagouin, qui a de « la peine à supporter le mouvement d’un vaisseau agité par la mer20 ». À l’inverse, est-ce que certains de ces voyageurs acrobates voguant de bateau en bateau sont tombés malades sur le plancher des vaches ? Après un long séjour sur l’eau, il est possible de subir quelque temps l’amarinement. Peut-être, après tant de temps à bord des voiliers, leurs attitudes et leurs comportements varient d’un récit de voyage à un autre.
11En partance pour l’Amérique du Sud, Saint-Iago, le chimpanzé mascotte de Basil Hall, « régale les matelots et les passagers » de ses facéties et apparaît aux yeux de son propriétaire comme un petit trublion. Basil Hall, en effet, « [s’]arrange pour n’être jamais sans un singe sur [son] navire, afin de ne pas laisser [ses] matelots inactifs sans quelque joyeuse et innocente distraction21 ». À l’instar du petit singe de la figure 3, l’art de Saint-Iago peut jouer des mauvais tours (il déroule, vole, laisse tomber, s’introduit ou encore déchire) ; il inspire même les matelots qui lui apprennent à cibler les soldats du navire. Ainsi conditionné, Saint-Iago se met à grimacer, à mordre, à harceler les soldats de l’équipage parés d’habits rouges : « Je ne sais comment ils s’y prirent pour faire son éducation sur cet article, mais l’antipathie qu’ils parvinrent à lui inspirer contre les habits rouges n’était comparable qu’à la haine naturelle du chien et du chat22 », déclare Basil Hall. À l’inverse, Basil I se retrouve sous la coupe des soldats contre les matelots.
Fig. 3. A Monkey on Board Ship entertains the Sailors by running off with Someone’s Hat (1832), dans Pierce Egan’s Book of Sports and Mirror of Life, p. 289.

Mary Evans Picture Library.
12Au contraire, Degrandpré II, femelle chimpanzé23 adulte, fait de son mieux pour se rendre utile. Elle aide le cuisinier :
Il avait appris à chauffer le four ; il veillait attentivement à ce qu’il n’échappât aucun charbon qui pût incendier le vaisseau, jugeait parfaitement quand il était suffisamment chaud, et ne manquait jamais d’avertir à propos le boulanger qui, de son côté, sûr de la sagacité de l’animal, s’en reposait sur lui, et se hâtait d’apporter sa pâte aussitôt que le singe venait le chercher, sans que ce dernier l’ait jamais induit en erreur24.
13Sa force musculaire est un élément précieux pour les travaux des matelots qui l’apprécient également probablement pour sa douceur. Le comportement de Degrandpré II diffère radicalement de celui de Saint-Iago ou de Mango, vieux singe briscard, laissant penser que même si ces deux singes matelots évoluent dans des environnements en apparence identiques, l’accueil et les relations forgées au cours du temps avec les autres membres d’équipage influencent leurs stratégies de vie. Tandis que Saint-Iago est encouragé à faire le pitre et à devenir – oserait-on dire – le fou du capitaine, Degrandpré II, certainement plus âgée et de nature plus calme, prend la place d’un simple mousse.
14En plus, comme tous les singes évoqués peuvent aller et venir comme bon leur semble sur le navire, cela ne va pas sans poser problème, même si le degré de liberté varie néanmoins. Par exemple, Mango est à l’attache, mais s’échappe régulièrement : « […] il cassoit son amarre au moins tous les huit jours, & alors qu’une fois, il avoit le champ libre, il faisoit ravage […]25 ». Les courses poursuites sur les bateaux ne sont donc pas rares et Saint-Iago, comme d’autres singes matelots, s’accommode de cet environnement physique si particulier. Tandis que le pont, les cabines, les entreponts, la soute offrent mille recoins aux singes, mâts et autres plateformes leur permettent de prendre de la hauteur. Il est intéressant de noter que les structures des voiliers des xviiie et xixe siècles ne sont pas si différentes de celles mises en place aujourd’hui dans les enclos pour primates des parcs zoologiques. Hormis le mouvement lié à la houle, mâts et plateformes en bois, mais aussi cordages et hamacs, enrichissent le milieu physique dans les zoos, permettent l’accès à différents niveaux, intérieurs comme extérieurs. Navires et enclos ont aussi en commun d’être des milieux cloisonnés desquels il n’est pas possible de s’extraire, ni d’y échapper aux regards ou à la surveillance quasi incessante de l’équipage ou des visiteurs. Singes matelots d’époque et singes de zoos contemporains s’adaptent à leurs milieux anthropisés et semblent ainsi se faire étrangement écho. Cependant, il valait mieux être un singe de voilier qu’un singe enfermé dans une ménagerie jusqu’au milieu xxe siècle26 ; les animaux étant souvent parqués seuls et exposés au regard des visiteurs dans d’étroites cages. À l’inverse, sur le navire, hommes et animaux se retrouvent dans les mêmes espaces. Mais alors que la condition animale, de plus en plus considérée dans notre société actuelle, permet aux singes de zoo de toujours mieux cohabiter avec leurs semblables, le singe matelot, unique représentant de son espèce à bord, n’a d’autre choix que de subir le quotidien éreintant des membres d’équipage.
15La traversée à bord d’un voilier n’a rien d’une croisière d’agrément. La mort hante ces voyages interminables, entre maladies, sous-alimentation, accidents, voire naufrage. La question de la conservation de l’eau potable est cruciale, car l’eau pourrit dans les barils. Le vin et l’alcool compensent en partie ce problème. Enfin, l’alimentation en produits frais s’amenuise au fur et à mesure de l’expédition. L’équipage commun se nourrit de viande salée, de légumes secs et surtout de biscuits marins dont la conservation n’est pas toujours préservée au fil des semaines. Quand ils ne sont pas mangés, les animaux à bord sont logiquement les premiers à subir ce régime appauvri. Ces carences, notamment en vitamine C, ont des conséquences néfastes pour les organismes humains et animaux, notamment avec le scorbut. Avec ce syndrome hémorragique, les dents se déchaussent, les plaies ne cicatrisent plus, le malade s’essouffle. Sans fruits ni légumes, il meurt. Or, on trouve des témoignages de singes atteints de ce mal. Par exemple, Buffon rapporte le cas d’une jeune femelle orang-outang, « qui avoit régulièrement ses écoulemens périodiques, mais qui cessèrent dès qu’elle fut attaquée du scorbut27 ».
16Ainsi, les singes sont obligés de voler leur nourriture : du lard et du riz pour Mango ; des noix et des morceaux de pain pour Saint-Iago. Rien ne laisse penser que des denrées aient été prévues pour subvenir aux besoins des singes mascottes, d’un naturel plutôt folivore et frugivore. Une fois encore, ces singes s’adaptent et rusent pour voler leur ration aux matelots, du fait de la promiscuité, en faisant preuve de la plus grande ingéniosité. Ce mode opératoire est d’ailleurs fatal à Basil I. S’emparant d’un boîtier appartenant au chirurgien, il savoure les petites boules à l’intérieur, mais qui ne sont autres que des grains de calomels (du chlorure de mercure), un métal très dangereux pour la santé, longtemps utilisé comme remède purgatif. En ingurgitant plus de deux cents grains, Basil I voit son système nerveux atteint. Il a d’abord eu des tremblements, des faiblesses musculaires, des maux de tête. Des vomissements sanglants et douloureux ont dû probablement le saisir. Sa vue est snsuite atteinte, comme le précise Basil Hall. Les souffrances sont telles que ce dernier jette le singe par-dessus bord pour les abréger.
17De nos jours, c’est à Bali en Indonésie que des macaques à longue queue apprennent à tirer profit de l’afflux de visiteurs au temple d’Uluwatu. Objets en tout genre – lunettes, portefeuilles, téléphones – sont dérobés aux malheureux touristes avant d’être négociés pour de la nourriture28. Ainsi, au cours du temps, les singes montrent des variations et des évolutions dans leur comportement de chapardage, leur permettant de prendre moins de risque pour une issue plus rentable !
À bord, mises en scène et expérimentations simiesques
18Encore aujourd’hui, par leurs mimiques et leurs gestes, les singes nous font rire et éveillent notre curiosité. Nous leur ressemblons autant qu’ils nous ressemblent et cet état de fait n’a pas été sans conséquence pour les singes mascottes. Basil I, notamment, devient la risée de l’équipage qui se prend à le vêtir « en soldat de marine » et à l’attacher « debout en faction sur l’échelle de la galerie » pour l’inspection dominicale hebdomadaire. L’animal est même rasé pour ne laisser « qu’une paire de moustaches et des favoris » avec « contre son épaule gauche un des pistolets du bord, en guise de fusil. » À la demande du capitaine, le singe tremblant est libéré et va se camper « au front du corps », formé par les soldats du navire, « sans se douter du ridicule qu’il provoquait aux dépens de ses amis29 ». Au vu des connaissances primatologiques que nous possédons aujourd’hui, il est indéniable que cette double farce n’a pas été vécue comme telle par le singe. Fortement contraint, rasé (certainement à sec), moqué bruyamment, cet épisode a dû laisser des stigmates physiques, psychologiques et émotionnels chez Basil I. Mais il en sort vivant, alors que le singe de Hartlepool est pendu pour avoir porté l’uniforme napoléonien. Cette image de singe déguisé nous renvoie à ce dessin du xviiie siècle représentant des singes portant uniformes et tenues de marin (fig. 4), une pratique courante à l’époque. Par ailleurs, les représentations artistiques de singes humanisés, appelées « singeries », font fureur durant la période moderne30.
Fig. 4. Singeries, s. d. Marseille, Mucem

RMN-Grand Palais (Mucem)/Franck Raux.
19Les singes mascottes des voiliers n’existent plus. Mais l’anthropomorphisation des singes par le costume se perpétue, notamment pour les spectacles de rue ou de cirque. Au Japon, le sarumawashi (que l’on pourrait traduire par « tour ou danse de singes ») reste ancré dans la tradition populaire31 et l’on peut encore aujourd’hui assister à des représentations mettant en scène des saru, macaques japonais affublés de masques et de costumes, comme celui photographié à Tokyo en 2008 par l’une de nous (fig. 5). Nourris au biberon et tenus en laisse dès leur plus jeune âge, ces individus deviennent acculturés et leur existence oscille sans cesse entre deux mondes, celui des singes et celui des hommes.
Fig. 5. Spectacle de singes au Japon, 2008.

Photographie Marie Pelé.
20Contrairement aux singes, les hommes à bord se costument volontiers avec leur uniforme. Se distinguent des sous-groupes qui s’approprient bon gré mal gré les différents territoires du navire. Sur le pont, les officiers profitent du gaillard d’arrière pour commander et surveiller les manœuvres du reste de l’équipage qui s’affaire aux voiles et aux ancres sur le gaillard d’avant. Animaux, voire esclaves gonflent les cales des bateaux. Chacun connaît son rang, sa place, ce qui lui est permis de faire et ce qui lui est interdit. Figée, normalisée, la hiérarchie des hommes peut être cependant aussi vite renversée, par une mutinerie ou une révolte d’esclaves, que la hiérarchie de dominance-subordination d’un groupe de singes sauvages.
21Même si les hommes à bord n’imposent que peu de restrictions aux singes, ces derniers peinent à trouver leur place, car aucune ne paraît leur être dédiée. Animaux sociaux par excellence, aucune activité de jeu, de toilettage, ou d’interaction positive ne semble leur être consacrée, certainement par méconnaissance de l’espèce. Or l’on sait aujourd’hui à quel point les relations sociales sont primordiales pour le bien-être mental de ces animaux32. Les singes mascottes se comportent relativement librement sur les navires et la lecture de leurs comportements par les auteurs ne semble engager aucun filtre anthropocentrique, tout du moins à propos des singes. Pour le capitaine Louis Degrandpré, « il y a dans quelques-unes de leurs actions une combinaison si parfaite d’idées, même de calcul, que l’observateur ne sait s’il doit leur refuser la faculté de raisonner ; le trait suivant […] servira du moins à prouver […] leur intelligence33 ». Ainsi, point d’œillère spéciste chez Louis Degrandpré qui emploie des termes forts de sens, longtemps interdits dans les disciplines animalières tant le propre de l’humain ne devait être entaché. Ce marin commerçant est un touche-à-tout. Membre de plusieurs sociétés savantes, il s’intéresse autant à l’histoire, à la géographie, aux techniques de navigation (inventant même une boussole) qu’à l’histoire naturelle34. Après avoir assidûment, presque éthologiquement, observé son chimpanzé Degrandpré I, ce capitaine de vaisseau endosse le rôle d’expérimentateur. Ce singe aimant « passionnément l’anisette », il fut « curieux d’éprouver sa sagacité » :
Je fis placer une bouteille au milieu de ma chambre de conseil, après avoir pris toutes les précautions possibles pour la rendre inébranlable ; […] je me cachai dans ma chambre à coucher d’où je pouvais voir au travers d’un rideau, tout ce qui se passerait dans la chambre de conseil dans laquelle on le lâcha, et dont on ferma la porte. La curiosité d’abord, et ensuite l’odeur l’attirèrent vers la bouteille ; ses gambades et ses grimaces manifestèrent sa joie ; il commença par laper autant de liqueur que sa langue pût en atteindre ; à ce moyen il en fit bientôt succéder un autre ; ce fut de tremper le bout de ses doigts qu’il léchait ensuite, essayant inutilement de passer la main dans le goulot trop étroit de la bouteille. Il ne fut pas long-tems à s’apercevoir qu’elle était fixée de manière à rendre inutiles tous ses efforts pour la renverser ; le moyen qu’il mit en usage me frappa alors d’étonnement. Il ramassa dans les coutures et dans tous les coins de la chambre, toute la poussière et le sable qu’il put réunir. […] il laissa tomber la poudre dans la liqueur, faisant ainsi remonter le liquide à mesure qu’il y substituait un corps solide, et buvant à mesure que cette liqueur surmontait l’orifice du goulot. Il serait parvenu de cette manière à remplir entièrement la bouteille et à en faire sortir toute l’anisette, si l’ivresse la plus complète ne l’avait surpris au milieu de son opération. Il y a dans ce trait une suite de raisonnement et un jugement si admirable, qu’on ne sait dans quelle classe ranger l’animal qui en a été capable35.
22L’ingéniosité du singe, qui n’est pas sans rappeler celle de la corneille à la cruche d’Ésope36, dépasse celle de l’homme qui voulait le mettre à l’épreuve. L’inverse, consistant à se servir de l’eau comme d’un outil pour obtenir une cacahuète au fond d’un tube est réalisée deux siècles plus tard en laboratoire par l’équipe du psychologue cognitiviste Josep Call, prouvant définitivement la compréhension de la relation de cause à effet, ou causalité, chez les grands singes37. Les textes étudiés, à la manière d’observations focales, permettent de mesurer les variations individuelles des singes matelots, d’autant que certains auteurs font preuve de minutie pour décrire ces singes. Ceux-là semblent construire leurs comportements au fur et à mesure de leur voyage, aux conditions physiques et sociales si particulières. Communauté de destin face à un milieu difficile, voire inhospitalier, singes et marins ont développé un monde à part, tout à la fois rude et tissé de solidarités nécessaires à la survie. Pourrait-on alors imaginer un éthogramme38 pour ces seuls singes mascottes ? Outil privilégié de l’éthologue, l’éthogramme est à la base d’une description objective des comportements d’une espèce. Serait-il possible de renverser son usage pour cerner les comportements de ces individus si singuliers ?
Une fin de voyage (souvent) tragique pour les singes mascottes
23Bien que ces singes soient populaires à bord, leur sort est souvent peu heureux, voire tragique, à l’image du singe d’Hartlepool pendu. Des mascottes subissent le rôle de souffre-douleur pour des membres de l’équipage. Degrandpré I, par exemple, est « sans cesse en butte aux espiègleries des mousses et des jeunes gens ». Les jeunes apprentis, victimes régulières de mauvais traitements, trouvent des boucs émissaires idéaux en ces animaux. Quant à l’affectueuse Degrandpré II, elle est « victime de la brutalité du second capitaine, qui l’avait injustement et durement maltraité[e] ». Elle « subit la violence qu’on exerçait contre [elle], avec une douceur et une résignation attendrissante, tendant la main d’un air suppliant, pour obtenir que l’on cessât les coups dont on l[a] frappait39 ». Elle refuse alors de manger… et périt rapidement de ces mauvais traitements. La réaction de Degrandpré II, qui reste douce face à son tortionnaire, qui essaie d’infléchir le comportement de son bourreau, en tendant les mains, sans succès, se distingue des autres singes. Ces derniers ont des réactions plus agressives, ce qui illustre une réelle spécificité individuelle. Son attitude est probablement le fruit d’un apprentissage et d’expériences avec d’autres hommes. On ne saurait attribuer sa conduite seulement au fait qu’elle soit une femelle.
24Degrandpré I, également femelle, avait pour sa part, selon Louis Degrandpré, « acquis une méchanceté que rien ne pouvait vaincre40 ». Les autres récits mettent également en scène des primates souvent ingérables. Saint-Iago, par exemple, mord à plusieurs reprises. Bien moins apprécié par les soldats que par les matelots, il reçoit un coup de câble de la part d’un des militaires. Furieux, Saint-Iago l’attaque le lendemain, puis disparaît deux ou trois jours, comprenant qu’il peut faire face à une punition41, ce qui démontre sa rancune personnelle et sa mémoire. À la suite de cet épisode, sa violence va crescendo, y compris à l’encontre de ses alliés, les matelots. Il mord ainsi le capitaine de perroquet qui s’est amusé à lui pincer l’oreille42. Si cela peut paraître futile pour un humain, c’est considéré du point de vue du singe comme une agression, et explique la morsure. Dans un premier temps, il est envisagé de le jeter par-dessus bord. Mais cette solution est écartée au vu de la popularité de Saint-Iago. Même les soldats saluent cette grâce. Il est toutefois décidé de retirer ses crocs, une opération délicate et douloureuse.
25Quant à Mango, décrit par François Froger, il est réellement expulsé du navire. Ce vieux singe chapardeur a le coup de dent facile : « […] il imprimoit si bien, que la marque y restoit quelquefois plus de deux mois43 ». À la suite d’un nouvel incident (il jette un objet précieux par-dessus bord), il est condamné à avoir la tête fracassée. La sentence devant être exécutée à terre, Mango parvient à rompre la corde et à s’enfuir. Ces décisions radicales révèlent la violence pouvant être employée à l’encontre des animaux. Elles nous rappellent l’âpreté de la vie à bord, les punitions et les châtiments corporels (fouet, cale, entre autres) dont pouvaient être victimes les matelots en cas d’insubordination, de vol ou de désertion. Elles montrent également les difficultés de cohabitation dans un espace restreint avec des primates. Ces animaux ont un comportement agité alors qu’ils ont une puissance musculaire plus importante que les Homo sapiens44. Lors des voyages, les facéties des singes sont au départ un divertissement ou l’occasion de faire une plaisanterie à des coéquipiers, mais elles deviennent probablement plus pénibles au fil des semaines pour l’équipage épuisé.
26On peut constater des vicissitudes comparables avec les singes de compagnie actuels. Leur possession par des particuliers est interdite dans nombre de pays. Toutefois, des personnes bravent cette prohibition, tandis que, dans certains pays, la réglementation le permet toujours. Dans beaucoup de cas, les singes vivent attachés en permanence ou cloîtrés dans une petite cage. Et les abandons sont légion. Alors qu’ils ont acquis un bébé, une adorable boule de poils, les propriétaires doivent faire face, les mois passant, à un animal incontrôlable, ne pouvant pas s’épanouir dans le cadre d’un foyer45. D’autant que les maisons sont souvent agrémentées d’objets de décoration et de consommation qui se prêtent aux dents des singes, qui ont une facilité plus grande à s’échapper à l’inverse d’une maison que d’un navire. Les attentes des propriétaires sont donc souvent incompatibles avec les besoins de leurs « singes de compagnie ». L’énergie et l’agitation qui les secouent à l’adolescence ne conviennent plus à des propriétaires débordés, qui les considéraient comme de simples peluches. Finalement, les marins s’en accommodent bien mieux (pour un temps du moins), considérant ces singes matelots comme des bateleurs amusants.
27Comment le singe mascotte perçoit-il son éjection du navire ? Basil Hall explique que Saint-Iago est revendu dès le retour en Angleterre et se retrouve dans sa ménagerie d’origine, dans le quartier d’Exeter à Londres. Quelques années plus tard, alors que cet auteur y observe des animaux avec des amis, le gardien l’interpelle : « Cet animal paraît vous connaître, monsieur, me dit-il ; et, m’étant approché, je reconnus en effet moi-même mon coquin de singe, qui m’adressait une grimace d’amitié46. » Basil Hall est pris de remords face à ce sourire édenté et perçoit clairement un geste positif à son égard de la part du singe. Seul dans une cage étroite de cette ménagerie, celui-ci se souvient-il de ce navire où il pouvait aller et venir, où il interagissait avec les membres de l’équipage ? Quant à Mango, qui s’échappe d’une condamnation à mort, il suit le vaisseau qui semble caboter le long des côtes : « L’on voyoit tous les jours cet animal tout blessé qu’il étoit, courir le long du rivage pour chercher l’occasion de revenir à bord, & s’il eut le regret de nous quitter, nous n’en eûmes pas moins de nous voir privez de sa chère figure47. » Image terrible de ce singe condamné puis regretté, fuyant puis revenant. Ayant vécu avec des hommes depuis sa jeunesse, il ne peut retourner à la vie sauvage.
28Cette étude de singes vivant dans un environnement physique et humain désormais disparu, celui des voiliers, illustre bien la variabilité comportementale des animaux. En prenant la mer, les singes matelots des xviiie et xixe siècles s’éloignent de leurs congénères de l’époque, qu’ils soient sauvages, de compagnie, de foire ou de ménagerie. Placés dans un univers anthropique particulier, ils pouvaient, contrairement à leurs homologues captifs, évoluer relativement librement sur les bateaux et démontrer des capacités d’adaptation à cet univers original, cet espace confiné, traversant les océans. Intrinsèquement sociaux, ils se retrouvent seuls représentants de leur espèce et doivent apprendre à tisser des liens avec un équipage humain. Comme ils sont fréquemment libres de leurs mouvements, les marins les observent sans censure, cernent leurs comportements et leurs caractères, parfois avec une justesse qui nous étonne, mais déclenchent souvent des violences qui génèrent l’agressivité de ces primates. Alors qu’elles pourraient apparaître comme de simples anecdotes, les pérégrinations de ces singes mascottes aident à la compréhension des variations de comportement dont ils étaient capables et les transforment en véritables objets d’étude. Grâce à leurs spécificités, ces singes enrichissent nos connaissances toujours grandissantes et plus précises des primates.
Notes de bas de page
1Jérémy Moreau et al., Le singe de Hartlepool, Paris, Delcourt, 2012.
2François Froger, Relation d’un voyage de la mer du Sud. Détroit de Magellan, Brésil, Cayenne et les Isles Antilles. Où l’on voit les observations que l’auteur a faites sur la religion, mœurs & coutumes des peuples qui y habitent, et sur les divers animaux qui s’y trouvent, de même que des fruits & des plantes qui y croissent, Amsterdam, Honoré et Chatelain, 1715, p. 209-211.
3Louis Marie Joseph Ohier Degrandpré, Voyage à la côte occidentale d’Afrique : fait dans les années 1786 et 1787, contenant la description des mœurs, usages, lois, gouvernement et commerce des états du Congo… ; suivi d’Un voyage fait au cap de Bonne-Espérance : contenant la description militaire de cette colonie, Paris, Dentu, 1801, t. 1, p. 21-31.
4Basil Hall, Mémoires et voyages du capitaine Basil Hall, Paris, Dumont/Gosselin, 1834, p. 139-167.
5Ibid., p. 143.
6Éric Baratay, Bêtes des tranchées. Des vécus oubliés, Paris, CNRS Éditions, 2013, p. 137-152.
7ECPAD, Agence d’images de la Défense, Les animaux et les armées, Paris, La Documentation française, 2018, p. 54.
8Basil Hall, Mémoires et voyages, op. cit., p. 143.
9Marie-Haude Arzur, Animaux à bord, Paris, Glénat, 2014, p. 153.
10Sur un voilier, les gabiers sont les matelots chargés de l’entretien et de la manœuvre des voiles. Pour ce faire, ils montent régulièrement sur les mâts.
11Marie-Haude Arzur, Animaux à bord, op. cit., p. 162.
12Michel L’Hour, Élisabeth Veyrat, Un corsaire sous la mer, l’épave de la Natière, archéologie sous-marine à Saint-Malo, Campagne de 1999, p. 42 (http://adramar.fr/wp-content/uploads/2007/07/Un_Corsaire_Sous_la_Mer_Vol1_bd.pdf, consulté le 2 mars 2021).
13Philippe Migaud « Des animaux exotiques à bord », dans Jean Soulat (dir.), Archéologie de la piraterie des xviie et xviiie siècles, étude de la vie quotidienne des flibustiers dans les Caraïbes et dans l’océan Indien, Paris, Mergoil, 2019, p. 383-396.
14Georges Louis Leclerc de Buffon, Histoire naturelle générale et particulière, avec la description du Cabinet du Roy, Paris, Imprimerie royale, supplément, 1789, t. 7, p. 12.
15Louis Marie Joseph Ohier Degrandpré, Voyage à la côte occidentale d’Afrique, op. cit., p. 21 : « Je possédais sur le vaisseau le Comte d’Estaing que je commandais, un singe de l’espèce dont je viens de parler. »
16Ibid., p. 27 : « Malgré tous mes efforts pour me procurer un individu de cette espèce, je n’ai pu y parvenir ; mais j’en ai vu un sur un vaisseau en traite. »
17Voir le chat Trim dans Éric Baratay, Cultures félines (xviiie-xxie siècle). Les chats créent leur histoire, Paris, Seuil, 2021, p. 166-184.
18Voir Jean-Claude Pingeron, Manuel des gens de mer, ou Recueil d’observations sur les moyens de conserver leur santé pendant les voyages de long cours, Paris, Joubert, 1780.
19Christophe-Marie Chanet, Intérêts du singe écureuil comme modèle animal des cinétoses humaines, thèse vétérinaire, Créteil, 2003.
20Jacques-Christophe Valmont de Bomare, Dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle, contenant l’histoire des animaux, des végétaux et des minéraux, et celle des corps célestes, des météores et autres principaux phénomènes de la nature, avec l’histoire et la description des drogues simples tirées des trois règnes et le détail de leurs usages dans la médecine, dans l’économie domestique et champêtre et dans les arts et métiers, Paris, Didot-le-jeune, 1764, t. 5, p. 68.
21Basil Hall, Mémoires et voyages du capitaine, op. cit., p. 140.
22Ibid., p. 145.
23Louis Marie Joseph Ohier Degrandpré, Voyage à la côte occidentale d’Afrique, op. cit., p. 26-27 : l’auteur introduit cet individu comme un homme-des-bois qu’il croit être l’orang-outang de Buffon.
24Ibid., p. 29.
25François Froger, Relation d’un voyage, op. cit., p. 209-210.
26Violette Pouillard, Histoire des zoos par les animaux, Seyssel, Champ Vallon, 2019.
27Georges-Louis Leclerc de Buffon, Histoire naturelle, op. cit., supplément, t. 3, p. 20.
28Jean-Baptiste Leca et al., « Acquisition of Object-Robbing and Object/Food-Bartering Behaviours: A Culturally Maintained Token Economy in Free-Ranging Long-Tailed Macaques », Philosophical Transactions of the Royal Society B: Biological Sciences, 376, 2021, 20190677.
29Basil Hall, Mémoires et voyages du capitaine, op. cit., p. 163-164.
30Florence Boulerie, Katalin Kovács, Le singe aux xviie et xviiie siècles : figure de l’art, personnage littéraire et curiosité scientifique, Paris, Hermann (Collections de la république des Lettres, Cahiers du Cierl), 2019.
31L’artiste photographe Jasper Doest a consacré une partie de son travail à la tradition du sarumawashi en partageant l’intimité des singes et des dresseurs (https://www.jasperdoest.com/sacrednomore, consulté le 15 mars 2021).
32William T. McKinney Jr, « Primate Social Isolation: Psychiatric Implications », Archives of General Psychiatry, 31, 1974, p. 422-426.
33Louis Marie Joseph Ohier Degrandpré, Voyage à la côte occidentale d’Afrique, op. cit., p. 25.
34Mireille Lobligeois, « Louis Ohier de Grandpré (1761-1846) », dans Circulation des hommes et des idées à l’époque révolutionnaire, Paris, Éditions du CTHS, 2008, p. 113-120.
35Ibid., p. 23.
36Ésope, Fables, « De la Corneille et de la cruche » (https://fr.wikisource.org/wiki/De_la_Corneille_et_de_la_Cruche, consulté le 17 juin 2021).
37Natacha Mendes et al., « Raising the Level: Orangutans Use Water as a Aool », Biology Letters, 3, 2007, p. 453-455.
38Un éthogramme est la liste non exhaustive des comportements observés chez une espèce animale.
39Louis Marie Joseph Ohier Degrandpré, Voyage à la côte occidentale d’Afrique, op. cit., p. 31.
40Ibid., p. 23.
41Basil Hall, Mémoires et voyages du capitaine, op. cit., p. 148.
42Ibid., p. 154.
43François Froger, Relation d’un voyage, op. cit., p. 210.
44Matthew C. O’Neill et al., « Chimpanzee Super Strength and Human Skeletal Muscle Evolution », Proceedings of the National Academy of Sciences, 114, 2017, p. 7343-7348.
45Exemple navrant de trafic d’animaux sauvages : « Abandonné dans les rues de Lille, un jeune singe capucin trouve refuge à La Tanière » (https://lataniere-zoorefuge.fr/arrivee-de-little-wilson/, consulté le 2 avril 2021).
46Basil Hall, Mémoires et voyages du capitaine, op. cit., p. 161-162.
47François Froger, Relation d’un voyage, op. cit., p. 211.
Auteurs
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Clotilde Boitard
Clotilde Boitard, doctorante en histoire, université Rouen-Normandie, laboratoire GRHIs, prépare une thèse intitulée « La nature au foyer : les animaux apprivoisés au xviiie et début du xixe siècle ». Elle a publié notamment « Compagnons privés, des animaux captifs au temps des Lumières », dans Fabrice Guizard, Corinne Beck (dir.), Les animaux sont dans la place, p. 227-248 (Encrage université, 2019) ; « La gent emplumée à la une ! Les oiseaux dans la presse d’annonce (1750-1815) », dans Éric Baratay (dir.), Aux sources de l’histoire animale, p. 151-163 (Éditions de la Sorbonne, 2019) et, avec Dalila Bovet, « Singes et perroquets au temps des Lumières. L’histoire au miroir de l’éthologie », dans Éric Baratay (dir.), Croiser les sciences pour lire les animaux, p. 117-129 (Éditions de la Sorbonne, 2020).
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Marie Pelé
Marie Pelé, docteure en éthologie, avec une thèse intitulée « Les facultés d’échange chez les primates non humains », est chargée de recherche à l’Université catholique de Lille, Ethics. Elle a récemment publié « La primatologie, un tremplin formidable pour les études animales », dans Aurélie Choné et al. (dir.), Les études animales sont-elles bonnes à penser ? Repenser les sciences, reconfigurer les disciplines, p. 39-54 (L’Harmattan, 2020), qu’elle a codirigé.

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