• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15418 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15418 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Éditions de la Sorbonne
  • ›
  • Internationale
  • ›
  • Décolonisations ?
  • ›
  • L’échec d’un élitisme colonial
  • ›
  • Chapitre 1. Au service de l’empire. Le C...
  • Éditions de la Sorbonne
  • Éditions de la Sorbonne
    Éditions de la Sorbonne
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Une représentativité illusoire De la déliquescence à la désintégration Le CJUF face à l’autonomisation de la jeunesse scolarisée L’utilisation de la propagande coloniale Un instrument politique inefficace Divergences politiques, convergences métapolitiques Notes de bas de page

    Décolonisations ?

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Chapitre 1. Au service de l’empire. Le Conseil de la jeunesse de l’Union française

    p. 37-54

    Texte intégral Une représentativité illusoire De la déliquescence à la désintégration Le CJUF face à l’autonomisation de la jeunesse scolarisée L’utilisation de la propagande coloniale Un instrument politique inefficace Divergences politiques, convergences métapolitiques Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Dès le début des années 1950, les autorités coloniales encouragent l’érection de structures de contrôle extrascolaire de la jeunesse d’AOF. Cette ambition accompagne le développement de la scolarisation, mais aussi du mouvement associatif et des mouvements de jeunesse. En 1950, les uns et les autres sont encore peu développés, et leur orientation universellement « apolitique » ne constitue pas encore une menace pour les autorités. Mais l’accession élargie de jeunes à la scolarité nécessite aux yeux de l’administration – renseignée désormais par l’expérience de la formation d’intellectuels indochinois et maghrébins devenus les leaders des partis nationalistes –, un encadrement à même de prévenir les « dérives » vers l’activisme politique anticolonial. Il s’agit aussi de favoriser des associations qui sauront réaliser – ne serait-ce que métaphoriquement – le projet colonial d’une alliance entre les jeunes élites coloniales et métropolitaines dans l’empire. Ces structures, en AOF, prennent dans un premier temps la forme du Conseil de la jeunesse de l’Union française (CJUF), conçu pour encadrer politiquement les associations de jeunesse d’AOF alors en plein essor. Ces dernières sont parallèlement fortement encouragées à adhérer au CJUF.

    2Dans un second temps, à partir de 1953, les centres culturels constituent une réaction à l’autonomisation et la radicalisation politique croissante du mouvement associatif et des mouvements étudiants et une tentative non coercitive de l’administration coloniale pour contrôler la jeunesse scolarisée. Le projet n’est pas autoritaire, dans la mesure où les orientations et les activités de ces organismes restent à leur initiative et où l’adhésion des jeunes est libre. Mais dès le début des années 1950 l’effort scolaire et l’essor associatif indiquent que, si les autorités coloniales ont opté pour une politique libérale, il ne peut s’agir que d’une liberté surveillée.

    3C’est dans ce contexte que s’établit le Conseil de la jeunesse de l’Union française (CJUF). Son objectif est ambitieux puisqu’il se donne pour tâche de regrouper les conseils territoriaux de la jeunesse (également appelés comités de coopération) développés par l’administration coloniale, et qui coordonnent les mouvements et associations de jeunesse au niveau territorial, et de favoriser la création de conseils dans les territoires qui en sont dépourvus. De 1949 à 1955, tous les conseils de la jeunesse territoriaux d’AOF mais aussi des autres colonies (soit dix-huit au total) s’affilient au CJUF, qui devient nominalement l’association de jeunesse la plus puissante de tout l’empire, et bien sûr la plus puissante d’AOF. Elle est financée directement par le ministère de la France d’outre-mer et, en AOF, par le haut-commissariat, les conseils territoriaux de la jeunesse étant subventionnés par les territoires eux-mêmes. Ainsi, généalogiquement, le CJUF participe d’une volonté d’encadrement, pour ne pas dire de contrôle, de la jeunesse urbaine, active dans le mouvement associatif, majoritairement scolarisée et ouverte sur le monde. Ces fractions de la jeunesse constituent justement les nouvelles « élites indigènes », enjeu majeur comme nous l’avons vu de la nouvelle politique coloniale visant à associer, à terme, les colonisés à l’exercice des responsabilités administratives et politiques. Le financement continu du CJUF par l’administration coloniale semble offrir à cette dernière la garantie, sinon de la bienveillance du CJUF, à tout le moins sa neutralité politique.

    4Le Conseil de la jeunesse de l’Union française est à l’origine créé par Antoine Lauwrence, Jean Jousselin et Rémy Montagne. Antoine Lauwrence, catholique guinéen, est alors l’un des responsables de la World Assembly of Youth (WAY) et membre du Conseil économique et social en France, Jean Jousselin est président du Conseil français des mouvements de jeunesse et Rémy Montagne est président de l’Action catholique de la jeunesse française. Le Conseil de la jeunesse de l’Union française adhère immédiatement à la WAY, ce qui lui permet d’avoir des représentants au conseil exécutif de l’organisation internationale de 1951 à 19591, cette liaison étroite s’incarnant encore en 1956, lorsqu’Antoine Lauwrence en devient, pour deux ans, le président. L’adhésion à la WAY permet également de résoudre un problème épineux : cette organisation internationale, née à l’initiative de la Belgique, de la France et de la Grande-Bretagne, passe progressivement sous le contrôle des États-Unis à travers les financements accordés par la Fondation pour les Affaires de la Jeunesse et des Étudiants2, qui fournit au début des années 1950 90 % du financement de l’association internationale. Or, la WAY, liée au gouvernement américain, affiche alors à la fois son anticommunisme, mais aussi un anticolonialisme modéré. Dans ce cadre, les associations situées dans les colonies doivent pouvoir adhérer directement à la WAY, ce qui gêne l’administration coloniale. Le CJUF permet de résoudre cette difficulté, puisqu’il est lui-même adhérent, avec la bénédiction de l’administration. Toutes les associations regroupées en son sein sont donc susceptibles de recevoir des subventions publiques destinées à financer ces déplacements. Le CJUF naît ainsi sous les doubles auspices d’une organisation internationale symbolisant les valeurs du « camp occidental » et l’influence des mouvements confessionnels, avec le concours actif de l’administration qui en finance l’essentiel des activités, comme le rapporte sans ambiguïté une note des Affaires politiques en 1956, indiquant que « dans la plupart des Territoires, ces Comités ont été mis en place par les Gouverneurs3 ».

    5À la création du CJUF en 1950, le secrétariat général est confié à Antoine Lauwrence, Rémy Montagne occupant la présidence du conseil ; une assemblée générale à laquelle sont conviés des représentants (de un à quatre) de chaque conseil territorial élit le bureau à l’occasion du congrès annuel. Celui-ci assume les orientations générales du conseil et la permanence d’une éthique fondée sur « la participation des élites au développement de l’Union française4 ». Au secrétariat général est dévolu l’organisation administrative, le suivi de la coordination des conseils territoriaux adhérents, les relations avec les financeurs – le ministère de la France d’outre-mer, le Gouvernement général et les gouverneurs – et l’organisation des programmes, soit la réalité du pouvoir. De fait, au long de l’histoire du conseil, la personnalité d’Antoine Lauwrence est constamment dominante.

    Une représentativité illusoire

    6Si le CJUF se présente ainsi comme un organisme fédéral devant rassembler la majorité des associations de jeunesse de l’Union française, sa représentativité est problématique. Les Éclaireurs de France et les Scouts de France, les deux plus importants mouvements de jeunesse d’origine européenne, sont certes membres de droit du CJUF et des conseils territoriaux, et les associations confessionnelles sont bien représentées, mais la majorité des associations de jeunes ne sont pas affiliées. Ainsi, en 1952, on peut estimer que le CJUF regroupe une quinzaine d’associations de jeunes, dont plus des deux tiers sont des associations confessionnelles. En 1956, le CJUF regroupe une vingtaine d’associations, un essor très faible rapporté au dynamisme associatif de la fédération, puisque le Conseil ne regroupe vraisemblablement pas plus de 15 % des associations de jeunesse.

    7L’adhésion des mouvements de jeunesse au CJUF est d’autre part fort inégale selon les territoires, de même que leur activisme respectif. Au cours des années 1952-1953, seuls les conseils territoriaux du Dahomey, du Soudan et du Sénégal organisent des activités. Au Dahomey, le conseil dirigé par Émile Derlin Zinzou (futur président de la République du Dahomey), promeut à partir de 1952 une semaine antialcoolique, soutenue par le service social de la fédération et relayée par les Scouts et les Éclaireurs de France et le journal du CJUF, Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française. Le conseil territorial, à la différence de ceux de Côte d’Ivoire, de Guinée, de la Haute Volta (où il est dirigé à partir de 1955 par Maurice Yaméogo, également futur président de la République de la Haute-Volta) et du Niger, tient régulièrement sa réunion annuelle.

    8En 1952 et 1953, les conseils de la jeunesse du Sénégal et du Soudan, en coordination avec les Éclaireurs, bien implantés dans ces deux territoires, sont les seuls à répercuter une initiative proposée par Antoine Lauwrence, la « coupe de la joie », une compétition théâtrale et de chant mettant aux prises des troupes scolaires. Cette compétition amicale n’eut qu’un impact limité à quelques dizaines d’écoles au Soudan et au Sénégal : dès cette date, le CJUF ne peut plus peser sur le dynamisme du développement des mouvements et associations de jeunesse.

    9Le conseil sénégalais accueille en outre en août 1952 les assises mondiales de la WAY, dans les locaux du lycée Van Vollehoven. Enfin en 1955, devant les accusations de soumission aux autorités coloniales et d’inertie chronique lancées par le jeune Conseil fédéral de jeunesse – organisme émancipé de la tutelle coloniale sur lequel nous reviendrons –, le CJUF propose de créer un centre d’accueil et de documentation pour les étudiants coloniaux et de systématiser la recherche de débouchés pour les nouveaux diplômés du secondaire et du supérieur. La première proposition est validée par le décret du 21 mai 19555, mais faute de crédits suffisants, le projet aboutit à une extension ponctuelle des ressources documentaires du petit centre de documentation que le CJUF a créé en 1952.

    10Les activités du CJUF et des conseils territoriaux se résument ainsi, au cours des années 1950-1954, aux réunions annuelles de l’organisme fédérateur et à la participation aux congrès de la WAY6. Or, l’extraordinaire rapidité avec laquelle se déploient autour du CJUF les conseils territoriaux, malgré l’inertie de la majorité d’entre eux et leur légitimité problématique, indique l’attitude plus que bienveillante de l’administration. Dès 1950 et au moins jusqu’en 1957, le ministère de la France d’outre-mer octroie une subvention d’un million de FCFA destinée à assurer les frais de fonctionnement du conseil, le travail de coordination avec les conseils territoriaux et le paiement des déplacements des représentants au congrès annuel du CJUF et aux assises tenues tous les deux ans par la WAY7. Pour une organisation aux activités aussi réduites, la subvention est considérable. Rémy Montagne, dans le journal du CJUF de mars-mai 1954, confirme d’ailleurs ouvertement la constante sollicitude de l’administration.

    11Cette même année, à titre d’exemple, le CJUF, qui est pourtant déjà moribond, obtient une aide d’un million de francs CFA supplémentaire pour l’organisation de son congrès annuel de Rennes, aide dévolue directement sur ordre du ministre de la France d’outre-mer, Robert Buron. C’est ce même Robert Buron qui ouvre le congrès le 1er août, signe le plus visible de la proximité entre l’organisation et les autorités coloniales. Ces subventions, régulières et ponctuelles, sont complétées par des aides accordées par les gouverneurs des différents territoires de l’AOF aux conseils territoriaux, aides systématiquement consenties pour les déplacements des responsables au congrès du CJUF et aux assises de la WAY8. La générosité de l’administration coloniale ne se démentira jamais. Ainsi, le CJUF, renommé en 1956 Conseil de la jeunesse de la France d’outre-mer (CJFOM) et alors dirigé par Jacques Duquesne, traverse alors une grave crise.

    12Celle-ci est provoquée par l’affaiblissement des ressources dévolues au conseil par les territoires après le vote de la loi-cadre, qui promeut une large autonomie financière pour les territoires de l’AOF et de l’AEF (Afrique équatoriale française), désormais gouvernés par des Conseils de gouvernements territoriaux. La réduction des ressources budgétaires et l’hostilité de certains vice-présidents de conseil de gouvernement envers le CJUF tarissent cette source de financement. Antoine Lauwrence, sentant venir des temps plus difficiles, se plaint amèrement de cette situation dans une correspondance à Roger Seydoux, directeur des affaires culturelles et techniques au ministère des Affaires étrangères, le 4 octobre 1957, les frais de déplacement pour le congrès de New Delhi étant particulièrement élevés9. Après avoir essuyé un refus poli de Seydoux, Lauwrence fait directement intervenir le ministre de la France d’outre-mer auprès du ministre des Affaires étrangères pour une subvention de deux millions de FCFA pour le conseil10. Devant un nouveau refus des Affaires étrangères, le ministère débloque une subvention exceptionnelle d’un million de FCFA11. C’est dire si la collaboration entre le ministère de la FOM et le CJUF est profonde…

    De la déliquescence à la désintégration

    13Or, à cette date, le CJUF est un mouvement évanescent, situation parfaitement connue de l’administration. En effet, malgré la présence constante des Scouts de France et des organisations de l’action catholique (notamment les Jeunesses ouvrières chrétiennes12), implantées dès le début des années 1950 au Sénégal et fidèles au CJUF, le conseil n’a pas réussi à étendre son influence entre 1950 et 1953. Cette situation s’aggrave après la désaffiliation des conseils territoriaux du Sénégal et du Soudan en 1953, en désaccord avec la ligne de « collaboration coloniale » prônée par le CJUF. Jusqu’en 1953, le conseil a bénéficié, en tant que seul organisme fédérateur des mouvements et associations de jeunesse, d’une position de monopole. Cette situation lui a permis de réunir des associations ne partageant pas forcément le soutien inconditionnel à l’administration et l’affiliation à la WAY. C’est le cas, par exemple, jusqu’en 1953, des districts Éclaireur de France de Guinée, dirigé par Tibou Tounkara – futur dirigeant d’une association violemment anticolonialiste, l’Unité d’action des jeunes de Guinée13 –, et du Sénégal, animé par Mamadou Mbengue – par ailleurs membre actif de la jeunesse du RDA, également politiquement radicale. De 1950 à 1953, la crainte de perdre des subventions de l’administration – dont l’une des conditions du soutien est l’adhésion au CJUF –, a pu contribuer à freiner sa dislocation. En 1953, la montée progressive de la radicalisation politique des associations de jeunes est arrivée à un point de rupture et la désaffiliation des conseils sénégalais et soudanais la même année signe l’implosion du CJUF et l’autonomisation des associations et mouvements de jeunesse en AOF vis-à-vis de l’administration. Un des piliers – avec la surveillance policière – du contrôle de la jeunesse, vient de s’effondrer.

    14Dès 1954, le haut-commissaire Cornut-Gentille constate l’inertie et la faible représentativité du conseil, tout en déplorant que les mouvements les plus actifs visent à s’émanciper de la tutelle coloniale, échappant à son contrôle indirect. Quatre ans après la création du conseil, la crise qui le secoue est un premier signe de la volonté d’autonomisation des associations et mouvements de jeunesse d’une structure perçue comme une émanation de l’administration, d’abord conçue pour contrôler la jeunesse scolarisée.

    15Le CJUF par ailleurs se bureaucratise, animé par une guerre interne pour l’obtention d’avantages. Le principal enjeu pour les directions des conseils territoriaux affiliés semble être de pouvoir participer aux différents voyages organisés autour des congrès du CJUF et des assises de la WAY14. Ces déplacements donnent lieu à d’intenses luttes d’influence entre les leaders, mobilisant leur énergie, car les places sont limitées. Ces voyages sont intéressants car ils permettent d’une part d’accumuler le capital social nécessaire à la construction d’un réseau de relations au plus haut niveau, en vue d’intégrer la haute administration du territoire ou même l’administration internationale ; d’autre part de faire valoir un prestige symbolique lié aux fonctions de représentation et au fait de voyager à l’étranger. On voit parfaitement se dessiner ici l’articulation entre des convictions affichées (l’humanisme chrétien et la défense et illustration de l’œuvre coloniale française) et les visées opportunistes ou à plus long terme que cet engagement permet. Au début des années 1950, étant donné la stabilité politique apparente de l’AOF, ce positionnement a aussi l’avantage de présenter des risques politiques minimes.

    16Aussi, malgré de vigoureuses déclarations vantant la démocratie et le partage, les voyages à l’étranger permis par largesses de l’administration ne bénéficient en définitive qu’à la seule petite frange des responsables du CJUF et des conseils territoriaux, prophétisant le système administratif postcolonial : le CJUF est une organisation au service de ses dirigeants. C’est là également une étonnante préfiguration des rapports postcoloniaux entre l’ancienne métropole et les élites des nouveaux États, qui seront désormais les premiers bénéficiaires de l’aide et des coopérations bilatérales mises en place après 196015. Le but de ces échanges et voyages est défini par son président en 1955 :

    le Conseil de la jeunesse de l’Union française recherche des contacts entre les Jeunes et la Métropole, les Jeunes des territoires d’outre-mer et les Jeunes du Viêt-Nam.

    17L’administration cherche ainsi à associer élites scolarisées urbaines africaines et d’origine métropolitaine de manière à créer un « sentiment d’appartenance impérial ». Mais les échanges sont jusqu’en 1954 à sens unique, puisque – à l’exception des réunions du Conseil organisées simultanément à celles de la WAY – seuls des métropolitains sont invités par le Conseil de la jeunesse de l’Union française à visiter l’AOF.

    18À partir de 1955, devant la déliquescence des effectifs du CJUF et la concurrence exercée par les organisations internationales de l’Est – telles l’Union internationale des étudiants (UIE) ou la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD), multipliant les « voyages d’études » à Pékin, Prague ou Varsovie –, plusieurs déplacements de membres du CJUF sont organisés vers la métropole, afin de renforcer, comme le déclare Lauwrence en 1955 « un sens communautaire et un désir de travailler en commun dans ce vaste ensemble qu’est l’Union française pour le développement économique et social16 ». L’administration coloniale ne peut rêver plus bel alignement sur son propre discours. Ainsi, en 1955, une douzaine de jeunes sont envoyés en stage en métropole, en coordination avec les Scouts de France et les Éclaireurs de France (avec quelques réticences de la part de ces derniers, qui donnent alors quelques fâcheux signes d’indépendance), dans l’objectif de former des cadres à ces mouvements. Inversement, en 1956, est organisé par le CJUF sur une subvention du ministère de la France d’outre-mer, le voyage en AOF de plus de cent jeunes issus essentiellement du scoutisme catholique et/ou élèves de grandes écoles17. La monopolisation des places par un petit noyau dirigeant regroupé autour de Lauwrence contribue, entre 1956 et 1958, à la désaffection de plusieurs associations qui dénoncent l’accaparement des places, stigmatisent l’aspect « touristique » des voyages et protestent contre les largesses de l’administration18. En 1955, le CJUF est sous la perfusion de subventions octroyées par le ministère de la FOM, largement coupé de la dynamique associative en AOF, et plus encore de la politisation des associations et mouvements de jeunesse.

    19Récapitulons : le CJUF, censé coordonner l’ensemble des mouvements de jeunesse, est rapidement une organisation moribonde, mais qui pourtant continue jusqu’en 1957 (moment de l’application de la loi-cadre) à bénéficier du soutien de l’administration. Pourquoi ? On comprend mieux la permanence de ce soutien lorsque l’on replace le discours du CJUF dans la stratégie de l’administration, visant à éviter la politisation de la nouvelle génération de scolarisés. Dans cette perspective, les mouvements d’encadrement extrascolaires, tels les Scouts de France et, dans une moindre mesure, les Éclaireurs de France, sont encouragés par les autorités coloniales, mais également le CJUF, qui fait de l’« apolitisme » l’alpha et l’oméga de son discours. Ainsi, de 1950 à 1958, le CJUF ne s’engage ni sur la question coloniale, ni a fortiori sur le problème de l’indépendance. Seul un bref article de Rémy Montagne dans le journal du CJUF, Équipe nouvelles-horizons nouveaux de juin-juillet 1955, condamne « toutes les formes d’impérialisme, dont le colonialisme “est une forme particulière” ». Cette tardive perspective critique intervient au moment même où, à Bamako, est fondé sur le principe de l’indépendance politique vis-à-vis de l’administration le Conseil fédéral de la jeunesse d’AOF (CFJAOF), qui regroupe plusieurs associations juvéniles anticolonialistes. L’inquiétude – justifiée – d’une concurrence dans le leadership de la coordination des associations et mouvements de jeunes, a sans aucun doute sa part dans la rédaction de cet article. Cependant, il ne s’agit pas d’une remise en cause de la colonisation, mais de ses « abus », abus qui se limitent ici aux infractions au code du travail commises par les entrepreneurs européens envers les travailleurs autochtones : c’est là la revendication la plus « politique » du CJUF. L’audace a donc ses limites…

    20On l’aura compris, la position prétendument apolitique du CJUF est en réalité éminemment politique : face à la radicalisation d’une large partie de la jeunesse scolarisée africaine dès 1953 et les revendications de plus en plus pressantes d’une autonomie conséquente des territoires d’AOF par les associations juvéniles, le CJUF tente de se constituer en rempart afin de préserver l’ordre établi. Cette attitude fait évidemment le miel des autorités coloniales, et tout particulièrement du haut-commissaire de l’AOF qui, en août 1952, constate avec satisfaction l’« apolitisme » affiché du conseil et son « engagement constructif » vis-à-vis de l’administration19.

    Le CJUF face à l’autonomisation de la jeunesse scolarisée

    21Si le CJUF représente l’organisation « coordinatrice » au niveau de la fédération, les conseils territoriaux ont pour mission d’encadrer au plus près la nouvelle génération de scolaires. L’identité des discours du CJUF et des autorités coloniales s’inscrit dans cette perspective. L’un et l’autre, évacuant la question de l’hégémonie politique de la métropole sur ses colonies et celle des inégalités socioraciales coloniales, professent un œcuménisme politique bien compréhensible puisque les principaux dirigeants du CJUF sont des métropolitains, alors que les premiers mouvements autonomes, tel le Conseil fédéral de la jeunesse, sont dirigés par des Africains. Mais ce n’est pas seulement une question socioraciale : les dirigeants du CJUF – Rémy Montagne, Jean Jousselin et Antoine Lauwrence – appartiennent au courant du christianisme social, auquel on peut également relier le haut-commissaire. Tous trois sont engagés dans une démarche humaniste de pacification des conflits sociaux qui, dans le cadre colonial, s’évertue à réduire les tensions politiques entre colonisés et colonisateur.

    22C’est pourquoi le CJUF adopte la théorie de l’associationnisme colonial, articulé au courant du christianisme social auquel appartiennent ses principaux animateurs. La première perspective est d’éviter les conflits par la « rencontre » et la « collaboration » des élites africaines et européennes, en référant constamment aux préceptes de l’« apprentissage progressif de la démocratie » des premières auprès des secondes. En mars 1953, on peut lire dans le journal du CJUF que

    dans une nation démocratique, il est normal que la diversité des conceptions philosophiques ou idéologiques donne naissance à une pluralité d’institutions et de mouvements. […] On ne préparera la jeunesse à cette manière de vivre [la démocratie] que si les mouvements qui s’adressent à elle sont pénétrés de cet esprit. […] Ils lui permettent, se sachant divers, de se vouloir complémentaires et de contribuer harmonieusement à la construction de l’Union française.

    23La négation des rapports de domination en contexte colonial – ou leur dépassement par le « respect de l’autre » –, renvoie aux positions et à la trajectoire du scoutisme catholique en AOF, et dénote la prédominance des mouvements confessionnels, et particulièrement des Scouts de France dans les conseils territoriaux. Le CJUF et les Scouts de France partagent également le projet d’ériger une élite acquise au projet colonial de modernisation de l’Union française.

    24Rémy Montagne, devant la crise qui affecte le CJUF en 1954 à la suite de la défection des conseils de la jeunesse du Sénégal et du Soudan, affirme en juillet 1954 dans Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française qu’« il convient de respecter la liberté de penser, tout en souhaitant que les jeunes s’orientent vers la coopération et non vers ces querelles sans issue ». Ce rappel à l’ordre se double d’une méfiance croissante devant la radicalisation des étudiants africains en métropole. Rémy Montagne les vise en mars 1954 dans le journal du CJUF, lorsqu’il reprend l’antienne coloniale d’une « responsabilisation » des étudiants face aux « devoirs » de l’élite :

    [Rappelons] aux étudiants boursiers le sens des engagements pris par eux lors de l’attribution des bourses pour les écoles supérieures ; […] le pays d’origine de ces étudiants est en droit de retirer les avantages de l’instruction reçue par ces étudiants envoyés aux frais de leurs compatriotes…

    25On retrouve là encore, préfiguré de manière remarquable, l’essentiel des arguments culpabilisateurs employés par pratiquement tous les États postcoloniaux envers leurs étudiants, afin de neutraliser toute velléité de bousculer l’ordre établi. C’est la politisation des mouvements étudiants – qui étendent lors de la période 1954-1956 leur influence et leur aura à toute la jeunesse scolarisée d’AOF –, qui contraint le CJUF à prendre position sur le « colonialisme », pour ne pas totalement perdre pied politiquement.

    26Mais la condamnation timorée des « excès » de la colonisation est replacée dans la perspective d’un danger plus considérable, le « nationalisme inconsidéré » des étudiants africains, soupçonnés de tentations totalitaires. Montagne leur oppose le « modernisme » d’une collaboration « franche et loyale » avec les « autres peuples », en l’occurrence la puissance tutélaire… Cette volonté de « contribuer à la construction de l’Union française » permet aux différents congrès du CJUF d’être honorés des plus hautes autorités de la République.

    27La montée en puissance des mouvements émancipés de la tutelle coloniale regroupés à partir de 1955 au sein du Conseil fédéral de la jeunesse d’AOF (CJAOF), qui affirme progressivement son anticolonialisme entre 1956 et 1957, va donner au CJUF – malgré la faiblesse de ses effectifs en AOF – le rôle de dernier rempart contre la radicalisation politique d’une partie de la jeunesse. Ainsi, Gaston Monnerville déclare au congrès du CJUF en 1955 :

    au-dessus des limites géographiques, des limites traditionnelles, des limites professionnelles ou raciales, l’Union française doit tendre à devenir une durable association d’hommes, dont les élites responsables, fières de leurs traditions et de leur histoire respective, seraient à la fois les animateurs et les mainteneurs convaincus20.

    28On peut affirmer que la sollicitude de l’administration coloniale pour le CJUF n’a d’autre objectif, à partir de 1955, que de promouvoir une élite d’interposition entre une jeunesse scolarisée urbaine progressivement gagnée à « l’anticolonialisme » et les autorités coloniales.

    L’utilisation de la propagande coloniale

    29Ainsi, le projet du CJUF recoupe étroitement le discours modernisateur des autorités coloniales. Significativement, le numéro de juin 1953 de Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française est presque entièrement consacré au « plan d’équipement de l’outre-mer ». Les deux plus longs articles de ce numéro sont rédigés par Antoine Lauwrence, qui fait un éloge circonstancié des orientations du deuxième plan quadriennal de développement (le plan décennal initial a été segmenté en 1948 en deux plans quadriennaux21). Cet éloge ne surprend guère dans le cadre de la collaboration active du CJUF avec l’administration coloniale, mais aussi parce que Lauwrence est dans cette affaire juge et partie, puisqu’il appartient depuis 1949 (il a à cette date 28 ans) au Conseil économique et social et qu’en tant que représentant de l’Afrique noire française, il est consulté sur les orientations du plan. Le discours déployé par Antoine Lauwrence suit donc très précisément l’argumentaire déployé par la propagande coloniale pour vanter les mérites de la planification22. Les principaux axes du plan sont décrits par Lauwrence, qui souligne dans un vocabulaire technocratique23 la nécessité de l’intervention publique dans « l’industrialisation de l’Afrique noire » et la « mécanisation de l’agriculture ».

    30Les différents articles sont illustrés par des photographies issues de l’agence économique de la France d’outre-mer et du Gouvernement général de l’Algérie, illustrant les progrès réalisés grâce à la métropole. Des photomontages réalisés par l’agence sont repris intégralement par Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, notamment l’un, publié en mai 1955, utilisant la traditionnelle métaphore opposant l’« Afrique archaïque » à la « modernité coloniale », et montrant que des « lents charrois que connut Madagascar… aux chemins de fer d’aujourd’hui, il y a plus qu’un changement de vitesse… ». De même, un centre de formation pour apprentis en Algérie est érigé en exemple de la « promotion du niveau de vie », ainsi que la mise en valeur du pétrole d’Aumale et la construction de grues et ponts sur le port de Bône symbolisent la « mise en valeur des ressources naturelles ».

    31Cependant, la soumission au politique ne peut entièrement rendre compte de l’effet de fascination, bien réel, pour le modèle proposé, c’est-à-dire la métropole. Celui-ci transpire dans tous les articles consacrés au développement économique colonial par la revue du conseil, et malgré le rappel ponctuel de la nécessité de préserver les « cultures indigènes », le CJUF se pose clairement en instance de transformation sociale et de modernisation économique de l’Afrique.

    32L’horizon de cette transformation s’étend également aux règles éthiques et aux normes de comportement traversant le scoutisme catholique métropolitain – responsabilité, pureté, transparence, apolitisme, service – et des convictions religieuses de ses dirigeants. La projection sur la société tout entière des valeurs et d’une discipline collective idéalement vécue comme une école de tolérance mais aussi de respect des hiérarchies en vigueur, impose une ligne de normalisation des comportements sociaux. À cet égard, les campagnes et les articles récurrents du journal du CJUF contre l’alcoolisme constituent un analyseur de cette volonté d’imposer une éthique sociale chrétienne, au sein d’une AOF majoritairement musulmane. Cet engagement contre l’alcoolisme prend en 1954 la forme d’une véritable croisade lorsque la commission des boissons de l’Assemblée nationale sous prétexte de réprimer la confection traditionnelle d’alcool artisanal en Afrique occidentale et équatoriale, propose d’étendre les exportations d’alcool de la métropole, conforme aux « normes d’hygiène françaises », vers l’AOF et l’AEF24.

    33Cette proposition, orchestrée par le lobby des bouilleurs de cru, provoque la fureur de la direction du CJUF, qui publie une violente diatribe de Montagne25. Les valeurs morales du conseil réfèrent en effet à l’idéal hygiéniste des mouvements de jeunesse et à la morale chrétienne, placées en surplomb des questions politiques. Ces valeurs manichéennes sont transcendantes dans la mesure où elles nient les substrats culturels auxquels elles prétendent s’imposer. De la même manière, le CJUF s’engage pour l’application du code du travail outre-mer, issu de la loi Lamine Gueye de 1950 et refondu complètement en 1952, dénonçant, chez les employeurs métropolitains mais aussi africains, l’utilisation d’une main-d’œuvre infantile, le dépassement des horaires de travail et le non-respect des salaires minimum imposés (lorsque salaires il y a…). Même si on peut juger ces combats légitimes, ils reflètent l’idée que la bonne marche de la société doit être assurée par le respect des normes juridiques métropolitaines, qui seules peuvent conforter la cohésion du corps social. Dans cette perspective, le CJUF véhicule le modèle d’une jeunesse « saine », tout entière tournée vers la construction d’une société répondant au double canon de la morale chrétienne et des valeurs des mouvements de jeunesse européens. L’avers de cet engagement est la négation du politique. En niant cette dimension, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour saisir que le CJUF conforte l’ordre social et légitime : la domination coloniale.

    Un instrument politique inefficace

    34Dans un souci permanent d’autolégitimation motivé par sa faible audience et destiné à contrecarrer l’essor des mouvements de jeunes politiquement engagés, le CJUF n’a de cesse de rappeler qu’il représente, seul, la « jeune élite africaine ». Pour ses dirigeants, le développement économique doit nécessairement s’accompagner de la formation toujours croissante de cadres africains. Deux des thèmes récurrents et communs à l’ensemble des organisations de jeunes – la revendication de l’investissement prioritaire de l’administration coloniale par les jeunes diplômés africains et l’autoreprésentation en élites par définition séparées du reste du corps social – fondent le positionnement social délibérément élitaire du CJUF.

    35Celui-ci rend très lisible une stratégie de conciliation intergénérationnelle, qui fait du CJUF le fer de lance de la construction de cette élite d’interposition, vouée à collaborer avec l’élite africaine de première génération (que nous appelons ici, rappelons-le, élite de compromis, formée durant l’entre-deux-guerres et occupant les principaux postes de pouvoir dans les partis politiques africains), favorable à l’Union française, et l’administration coloniale. En effet, « la tâche des métropolitains est loin d’être achevée. […] Qu’ils n’oublient pas que, si leur rôle technique est important (mettre en place un équipement et des machines, des entreprises), leur rôle social ne l’est pas moins. Il s’agit pour eux d’éduquer des collaborateurs26 ». Le conseil place ainsi la jeunesse scolarisée dans les perspectives tracées par le colonisateur, mais également assumées par la plupart des élites de première génération – toujours prêtes à se concilier les bonnes grâces des autorités coloniales27 –, l’« africanisation des cadres » demeurant une constante du discours associationniste colonial. Le mouvement mondial de décolonisation laisse ainsi le conseil dubitatif, et il n’est invoqué que pour légitimer l’accélération de l’accession aux postes de responsabilité des diplômés africains, hors de toute perspective d’autonomie politique28. Cette position du CJUF reste constante tout au long des années 1950.

    36Bien que le CJUF ne dispose que de troupes de plus en plus clairsemées et que sa représentativité soit, à juste titre, contestée à partir de 1953 par les organisations de jeunesse émancipées de la tutelle coloniale, sur lesquelles nous reviendrons, la permanence de ses positions renvoie à une stratégie sociale. Celle-ci se fonde sur la valorisation des élites africaines (c’est-à-dire la seconde génération de scolarisés), différenciées d’une « masse » qu’elles doivent à la fois diriger et servir. La promotion de ces élites par l’« africanisation des cadres » est la revendication la plus nette et la plus constante du CJUF. L’objectif est d’intégrer les postes de responsabilité de l’économie monétarisée coloniale, et plus précisément la fonction publique. Dans cette configuration, la « neutralité » politique permanente du CJUF face au pouvoir colonial confine à la soumission. Mais cette position politique est l’avers, aussi, de convictions philosophiques sans doute plus décisives. On remarque en effet que les principaux dirigeants du CJUF appartiennent à un courant politique centriste marqué par le christianisme social. Ainsi Rémy Montagne connaît-il par la suite une brillante carrière : situé au centre de l’échiquier politique, il sera parlementaire presque sans interruption de 1958 à 1980, puis nommé secrétaire d’État auprès du ministre de la Santé et des Affaires sociales d’octobre 1980 à mai 1981 dans le troisième gouvernement de Raymond Barre. Il poursuivra ensuite une carrière d’éditeur en devenant en 1981 le directeur de Familles chrétiennes et le repreneur d’autres publications catholiques en difficulté. Jacques Duquesne, successeur de Lauwrence, deviendra après la décolonisation grand reporter ; cofondateur du Point en 1972 dont il deviendra deux ans plus tard le rédacteur en chef. Il publiera plusieurs ouvrages inspirés par le catholicisme. Jean Jousselin, pasteur protestant, est une figure éminente du scoutisme protestant, puisqu’il est commissaire puis commissaire adjoint dans les années 1930, puis secrétaire national entre 1945 et 1948, et enfin commissaire du mouvement au début des années 1960. Il publiera également de nombreux ouvrages sur la jeunesse et l’engagement religieux. Les principaux dirigeants du CJUF sont donc à la fois militants de la cause religieuse (catholique ou protestante) et, pour deux d’entre eux, engagés politiquement au centre.

    37Ces deux caractéristiques renvoient à une ambition commune que nous retrouvons institutionnalisée chez les Scouts de France : neutraliser les conflits. Il s’agit donc d’un conservatisme de la préservation, de l’inquiétude devant les facteurs de déstabilisation, mais non d’un conservatisme inégalitariste et raciste (comme le montre, par exemple, l’engagement de Jean Jousselin pour sauver des enfants juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, qui fera de lui un juste, ou encore l’engagement démocratique et progressiste de Jacques Dusquesne et de Rémy Montagne, ce dernier s’étant par ailleurs illustré dans la résistance). Le CJUF correspond à un moment particulier où se retrouvent des acteurs de cette mouvance politique centriste qui animent en même temps des mouvements de jeunesse. Ils voient dans le CJUF un moyen à la fois d’accompagner la modernisation de l’Afrique coloniale, de favoriser la progression du catholicisme ou du protestantisme chez les jeunes élites (manifestant une forme renouvelée de la tradition missionnaire), de poursuivre un idéal transnational de métissage des élites coloniales et françaises, dans l’objectif permanent de renouveler la configuration coloniale. Ainsi le CJUF, même s’il échoue, s’inscrit dans une perspective impériale, associant les nouvelles élites noires à la vie et au pouvoir coloniaux. On notera aussi cette particularité fondamentale du CJUF – que nous retrouvons d’ailleurs dans le scoutisme catholique et, pour un temps, dans le scoutisme laïc : ces organisations sont dirigées par des hommes mûrs (Jean Jousselin est né en 1903, Rémy Montagne en 1917). Cette particularité différencie ces mouvements de ceux qui, après 1953, naîtront en AOF, qui seront dirigés par de jeunes Africains. La coupure générationnelle, le caractère formellement « paternaliste » du CJUF ont-ils contribué à sa défaite ? C’est en tout cas l’un des reproches qui lui sera constamment adressé par les organisations de jeunesse émancipées de la tutelle coloniale.

    38L’attitude objectivement conservatrice du CJUF ne connaît pas, hormis le cas très particulier des Scouts de France, d’équivalent dans les organisations rassemblant les jeunes scolaires dans la seconde partie des années 1950. On peut donc inférer que l’« apolitisme participatif » du CJUF renvoie aussi à une négociation implicite et permanente entre le conseil et l’administration : une neutralité amicale contre le maintien d’un haut niveau de subvention et surtout l’intégration des membres africains du conseil aux appareils bureaucratiques coloniaux. De ce point de vue, à l’image de nombreux responsables du CJUF, la trajectoire de son secrétaire général est exemplaire : Lauwrence est élu à la fin des années 1950 à l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, devient en 1953 consultant permanent auprès de l’Unesco et expert pour le Bureau international du travail (BIT). De 1961 à 1965, il est conseiller économique du gouvernement de la République démocratique du Congo Kinshasa puis, de 1965 à 1971, représentant des Nations Unies au Togo, puis en République centrafricaine.

    39Ainsi, malgré l’étiolement du conseil en AOF après 1954, la permanence du versement d’importants subsides de l’administration au CJUF marque la volonté de favoriser un organisme qui soutient sans barguigner la « réussite de l’Union française » dans des réunions internationales. Mais surtout, le CJUF s’incorpore parfaitement au projet à la fois œcuménique et impérial d’une assimilation réciproque des élites africaines et métropolitaines. Ceci est confirmé par une correspondance de Georges Spénale, directeur de cabinet du ministre de la France d’outre-mer, en 1957 : « D’une part, en effet, le CJUF s’oppose à la “Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique” (FMJD) d’inspiration communiste, et mène une action efficace contre l’emprise chaque jour plus étendue du communisme sur la jeunesse d’outre-mer, [le CJUF] est le seul organisme à défendre, dans les rencontres internationales des jeunes, la doctrine de l’Union française, la faisant mieux connaître, permettant de confronter les solutions qu’elle offre à celles qui émanent d’idéologies contraires ou différentes29. » Plus encore que la représentation d’une ligne de collaboration au plan international, il s’agit d’abord de structurer un contre-feu à l’autonomisation de la jeunesse scolarisée. Cette volonté débouche sur un échec certain, le conseil ne réussissant jamais à étendre significativement son audience après 1955, alors que les mouvements et associations regroupés au sein du conseil fédéral de la jeunesse d’AOF connaissent une croissance quasiment exponentielle (fig. 2).

    Fig. 2. Estimation comparée de l’évolution du nombre d’associations affiliées au CJUF et au CFJAOF

    40La disjonction du CJUF avec le mouvement d’autonomisation et de politisation des jeunesses scolarisées urbaines se solde par son discrédit auprès de ces dernières. L’idée longtemps caressée d’une jeunesse neutre, insensible aux évolutions politiques de la fédération, échoue devant la dynamique d’engagement des élites de transformation. Cette utopie, à partir de 1956, devient un rêve creux, comme le CJUF est alors une coquille vide.

    Divergences politiques, convergences métapolitiques

    41Pourtant, le discours du CJUF ne peut être uniquement mesuré à l’aune de son soutien à la colonisation. En déplaçant les perspectives vers une analyse métapolitique, que nous avons évoquée en introduction, celui-ci apparaît en bien des points indissociable d’un processus d’hybridation asymétrique s’étendant à tous les mouvements de la jeunesse scolarisée urbaine. Ainsi la volonté de transformation sociale et économique du continent, partagée par l’ensemble de ces mouvements, est-elle un thème central du conseil. La fascination pour l’industrialisation et la mécanisation agricole, la hausse continue de la productivité, le désenclavement de l’AOF par l’érection d’infrastructures – où le symbole moderniste le dispute à l’utilité pratique –, fidèlement véhiculée par le CJUF, réfère au modèle métropolitain. Ce désir mimétique vis-à-vis de la métropole fait d’ailleurs partie de l’attirail idéologique des principaux responsables coloniaux, comme en témoigne cette conférence tenue au CJUF en 1954 par Hubert Deschamps, ancien administrateur et enseignant à l’École nationale de la France d’outre-mer (ENFOM) :

    L’un d’entre vous a dit que les Gaulois avaient moins de chemin à parcourir pour rattraper les Romains. J’ai l’impression que vous avez mis les bouchées doubles et que la plupart d’entre vous sont allés vite… […] Sur tous les plans, il s’agit de faire admettre aux sociétés attardées l’idée de progrès30.

    42Mais, comme nous allons le voir, la fascination pour le modèle métropolitain est partagée par l’ensemble des mouvements et associations de la jeunesse urbaine tout au long des années 1950, y compris les plus farouchement anticoloniaux. Le décalage, net, dans le cas du CJUF avec ces dernières est l’inscription de ces perspectives dans l’entreprise coloniale. De même, le positionnement du conseil comme représentant d’une élite moderniste ne diffère guère des discours des autres organismes de jeunesse. Des revendications identiques lient alors ces dernières et le conseil, notamment l’augmentation de la scolarisation, et surtout l’intégration impérative des jeunes diplômés dans les cadres de l’administration coloniale (autrement dit « l’africanisation des cadres »). La stratégie sociale du CJUF, dans la logique de sa genèse, tend à faire valoir cette revendication dans le respect de l’ordre établi, pour rejoindre le projet d’associer Européens et Africains dans la promotion de l’AOF. Là aussi, par rapport aux associations et mouvements regroupés à partir de 1955 au sein du conseil fédéral de la jeunesse et plus encore vis-à-vis des mouvements étudiants dès 1954, la différence est d’ordre politique – ces derniers remettant alors en question d’abord la vigueur des transformations opérées par la métropole, avant que de lui contester le droit de les diriger –, mais les perspectives sociétales sont identiques. Dès 1950, le CJUF pose les jalons d’une utopie de la transformation sociale et de la modernisation économique qui va gagner l’ensemble de la jeunesse scolarisée urbaine.

    43Dans cette perspective, il apparaît que le problème majeur du conseil est d’avoir été conçu sur un modèle centralisateur et artificiel, une superstructure montée de toutes pièces qui, bien qu’elle n’ait de cesse d’avancer l’improbable légitimité de représenter les « jeunes élites », ne s’enracine dans aucune réalité sociale.

    44Les Scouts de France, mus par des objectifs sociaux et idéologiques comparables, s’appuient quant à eux sur un socle social et la réalisation d’activités éducatives et pédagogiques concrètes.

    Notes de bas de page

    1 Joseph-Roger de Benoist, « Entre la WAY et la FMJD. Les conseils de la jeunesse de l’Afrique Occidentale française », dans H. d’Almeida-Topor, C. Coquery-Vidrovitch, O. Goerg, F. Guitart (dir.), Les jeunes en Afrique. Évolution et rôle (xixe-xxe siècles), op. cit., p. 142-145.

    2 Hélène d’Almeida-Topor, Odile Goerg, Le mouvement associatif des jeunes en Afrique noire francophone au xxe siècle, L’Harmattan (Cahier Afrique noire, 12), Paris, 1989, p. 106 et suiv.

    3 Département des Affaires politiques, « Rapport politique annuel 1956, Mouvements de jeunesse », Dakar, 1956, p. 4-8, ANS, AAOF, 2 G 56/122, 1.

    4 Rémy Montagne, « Déclaration au premier congrès du Conseil de la Jeunesse de l’Union française », ANS, AAOF, O 671 (31), 1.

    5 Journal officiel de la République française, deuxième séance du 20 mai 1955, p. 5166.

    6 Antoine Lauwrence, « Rapport du Secrétariat Général », Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, janv.-mars 1953, Dakar, ANOM, 406/6.

    7 [Anon.], « Le Conseil de la Jeunesse de l’Union française », note de renseignements, mars 1956, ANOM, série Affaires politiques, 3486, 8.

    8 Geneviève Lagane, Étude sur les mouvements d’organisation de jeunesse en Afrique noire française dans les années qui précédèrent l’indépendance (1950-1960), mémoire de maîtrise d’histoire de l’Afrique, université Paris 1, 1972, 81 p., p. 21-24.

    9 Lettre d’Antoine Lauwrence à Roger Seydoux, ANOM, CFOM 331, 3.

    10G. Spénale, « Le ministre de la France d’outre-mer à Monsieur le ministre des Affaires étrangères », 19 avr. 1957, ANOM, Agence FOM 406 6, 4.

    11 [Anon.], Direction générale des affaires culturelles et techniques, « Le ministre des Affaires étrangères à Monsieur le ministre de la France d’outre-mer », le 20 mai 1957, ANOM, Agence FOM 406 6, 5.

    12 Roger Pasquier, La jeunesse ouvrière chrétienne en Afrique noire (1930-1950), Karthala, Paris, 2013.

    13H. d’Almeida-Topor, O. Goerg, Le mouvement associatif des jeunes en Afrique noire francophone au xxe siècle, op. cit., p. 36 et suiv.

    14 Comme le constate en 1955 Bernard Cornut-Gentille, lettre au ministre de la France d’outre-mer, 24 août 1955, ANS, O.671 (31), 9.

    15 Olivier Charnoz, Jean-Michel Sévérino, L’aide publique au développement, La Découverte, Paris, 2007, 128 p., p. 27-58 ; Pierre Jacquemot, « Cinquante ans de coopération française avec l’Afrique subsaharienne. Une mise en perspective », Afrique contemporaine, 238, 2011, p. 43-57 ; François-Xavier Verschave, Anne-Sophie Boisgallais, L’aide publique au développement, Syros, Paris, 1994, 150 p., p. 6-21.

    16 Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, août 1955, ANOM, Agence FOM, 406/6.

    17 [Anon.], « Échanges », Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, nov. 1956, ANOM, Agence FOM 406/6.

    18 Joseph-Roger de Benoist, La Balkanisation de l’Afrique occidentale française, Nouvelles éditions africaines, Dakar, 1979, p. 142 et suiv.

    19 Lettre du haut-commissaire de l’AOF au ministre de la France d’outre-mer, 27 août 1952, ANOM, série Affaires politiques, 2265 (1), 7.

    20 Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, août 1956, ANOM, Agence FOM 406/6.

    21 Paul Simon, entretien du 30 juill. 1998 (Paul Simon a été directeur du FIDES de 1953 à 1959).

    22 Nicolas Bancel, Guislaine Mathy, « La propagande économique », dans Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Laurent Gervereau, Images et colonies. Iconographie et propagande coloniale sur l’Afrique française de 1880 à 1960, BDIC/ACHAC, Paris, 1993, p. 221-231.

    23 Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, juin 1953, ANOM, Agence FOM 406/6.

    24 Alexandre Baurens, « Réponse de la Commission des boissons », Assemblée nationale, Commission des boissons, Paris, 16 déc. 1954 (Baurens est alors vice-président de la commission).

    25 Rémy Montagne, « Notre lettre de protestation », Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, 13, mai-juin 1955, ANOM, Agence FOM 406/6.

    26 [Anon.], « 4e Session du Conseil de la jeunesse de l’Union française - L’avenir professionnel des jeunes de l’Union française », Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, août 1953, ANOM, Agence FOM 406/6.

    27 Léopold Sédar Senghor, « Contre le courant centrifuge de l’État associé, une seule solution : la République Fédérale Française », Marchés Coloniaux du Monde, 386, 4 avr. 1953, p. 1005-1007, qui s’inscrit parfaitement dans cette perspective. Senghor sera d’ailleurs à l’origine d’un projet de loi particulièrement timoré en 1954 (voir infra le chap. consacré à la loi-cadre) très symptomatique des dispositions politiques conciliatrices des élites de compromis.

    28 Camille Flaud, « Un reportage », Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, août 1953, ANOM, Agence FOM 406/6.

    29G. Spénale, « Le ministre de la France d’outre-mer à Monsieur le ministre des Affaires étrangères (Direction générale des relations culturelles) », Paris, 19 avr. 1957, 2 p., ANOM, Agence FOM 406/6.

    30« Conférence de M. Le Gouverneur Deschamps, “L’attente de la jeunesse des peuples de l’Union française” », Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, déc. 1954, ANOM, Agence FOM 406/6.

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0

    Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Les Europe des Européens

    Les Europe des Européens

    René Girault et Gérard Bossuat (dir.)

    1993

    Le marché du charbon, un enjeu entre l’Europe et les États-Unis de 1945 à 1958

    Le marché du charbon, un enjeu entre l’Europe et les États-Unis de 1945 à 1958

    Régine Perron

    1996

    L’Europe des Français, 1943-1959

    L’Europe des Français, 1943-1959

    La IVe République aux sources de l’Europe communautaire

    Gérard Bossuat

    1997

    Les identités européennes au XXe siècle

    Les identités européennes au XXe siècle

    Diversités, convergences et solidarités

    Robert Frank (dir.)

    2004

    La soif de Jérusalem

    La soif de Jérusalem

    Essai d’hydrohistoire (1840-1948)

    Vincent Lemire

    2011

    Misère de l’historiographie du « Maghreb » post-colonial (1962-2012)

    Misère de l’historiographie du « Maghreb » post-colonial (1962-2012)

    Pierre Vermeren

    2012

    Autour des morts de guerre

    Autour des morts de guerre

    Maghreb - Moyen-Orient

    Raphaëlle Branche, Nadine Picaudou et Pierre Vermeren (dir.)

    2013

    Capitales culturelles, capitales symboliques

    Capitales culturelles, capitales symboliques

    Paris et les expériences européennes (XVIIIe-XXe siècles)

    Christophe Charle et Daniel Roche (dir.)

    2002

    Le Paris des étrangers depuis 1945

    Le Paris des étrangers depuis 1945

    Antoine Marès et Pierre Milza (dir.)

    1995

    Au service de l’Europe

    Au service de l’Europe

    Crises et transformations sociopolitiques de la fonction publique européenne

    Didier Georgakakis

    2019

    Le laboratoire démocratique : le Mexique en révolution 1908-1913

    Le laboratoire démocratique : le Mexique en révolution 1908-1913

    Elisa Cárdenas Ayala

    2001

    Diplomatie et religion

    Diplomatie et religion

    Au cœur de l’action culturelle de la France au XXe siècle

    Gilles Ferragu et Florian Michel (dir.)

    2016

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Les Europe des Européens

    Les Europe des Européens

    René Girault et Gérard Bossuat (dir.)

    1993

    Le marché du charbon, un enjeu entre l’Europe et les États-Unis de 1945 à 1958

    Le marché du charbon, un enjeu entre l’Europe et les États-Unis de 1945 à 1958

    Régine Perron

    1996

    L’Europe des Français, 1943-1959

    L’Europe des Français, 1943-1959

    La IVe République aux sources de l’Europe communautaire

    Gérard Bossuat

    1997

    Les identités européennes au XXe siècle

    Les identités européennes au XXe siècle

    Diversités, convergences et solidarités

    Robert Frank (dir.)

    2004

    La soif de Jérusalem

    La soif de Jérusalem

    Essai d’hydrohistoire (1840-1948)

    Vincent Lemire

    2011

    Misère de l’historiographie du « Maghreb » post-colonial (1962-2012)

    Misère de l’historiographie du « Maghreb » post-colonial (1962-2012)

    Pierre Vermeren

    2012

    Autour des morts de guerre

    Autour des morts de guerre

    Maghreb - Moyen-Orient

    Raphaëlle Branche, Nadine Picaudou et Pierre Vermeren (dir.)

    2013

    Capitales culturelles, capitales symboliques

    Capitales culturelles, capitales symboliques

    Paris et les expériences européennes (XVIIIe-XXe siècles)

    Christophe Charle et Daniel Roche (dir.)

    2002

    Le Paris des étrangers depuis 1945

    Le Paris des étrangers depuis 1945

    Antoine Marès et Pierre Milza (dir.)

    1995

    Au service de l’Europe

    Au service de l’Europe

    Crises et transformations sociopolitiques de la fonction publique européenne

    Didier Georgakakis

    2019

    Le laboratoire démocratique : le Mexique en révolution 1908-1913

    Le laboratoire démocratique : le Mexique en révolution 1908-1913

    Elisa Cárdenas Ayala

    2001

    Diplomatie et religion

    Diplomatie et religion

    Au cœur de l’action culturelle de la France au XXe siècle

    Gilles Ferragu et Florian Michel (dir.)

    2016

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    Éditions de la Sorbonne
    • amazon.fr
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    • lcdpu.fr
    ePub / PDF

    1 Joseph-Roger de Benoist, « Entre la WAY et la FMJD. Les conseils de la jeunesse de l’Afrique Occidentale française », dans H. d’Almeida-Topor, C. Coquery-Vidrovitch, O. Goerg, F. Guitart (dir.), Les jeunes en Afrique. Évolution et rôle (xixe-xxe siècles), op. cit., p. 142-145.

    2 Hélène d’Almeida-Topor, Odile Goerg, Le mouvement associatif des jeunes en Afrique noire francophone au xxe siècle, L’Harmattan (Cahier Afrique noire, 12), Paris, 1989, p. 106 et suiv.

    3 Département des Affaires politiques, « Rapport politique annuel 1956, Mouvements de jeunesse », Dakar, 1956, p. 4-8, ANS, AAOF, 2 G 56/122, 1.

    4 Rémy Montagne, « Déclaration au premier congrès du Conseil de la Jeunesse de l’Union française », ANS, AAOF, O 671 (31), 1.

    5 Journal officiel de la République française, deuxième séance du 20 mai 1955, p. 5166.

    6 Antoine Lauwrence, « Rapport du Secrétariat Général », Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, janv.-mars 1953, Dakar, ANOM, 406/6.

    7 [Anon.], « Le Conseil de la Jeunesse de l’Union française », note de renseignements, mars 1956, ANOM, série Affaires politiques, 3486, 8.

    8 Geneviève Lagane, Étude sur les mouvements d’organisation de jeunesse en Afrique noire française dans les années qui précédèrent l’indépendance (1950-1960), mémoire de maîtrise d’histoire de l’Afrique, université Paris 1, 1972, 81 p., p. 21-24.

    9 Lettre d’Antoine Lauwrence à Roger Seydoux, ANOM, CFOM 331, 3.

    10G. Spénale, « Le ministre de la France d’outre-mer à Monsieur le ministre des Affaires étrangères », 19 avr. 1957, ANOM, Agence FOM 406 6, 4.

    11 [Anon.], Direction générale des affaires culturelles et techniques, « Le ministre des Affaires étrangères à Monsieur le ministre de la France d’outre-mer », le 20 mai 1957, ANOM, Agence FOM 406 6, 5.

    12 Roger Pasquier, La jeunesse ouvrière chrétienne en Afrique noire (1930-1950), Karthala, Paris, 2013.

    13H. d’Almeida-Topor, O. Goerg, Le mouvement associatif des jeunes en Afrique noire francophone au xxe siècle, op. cit., p. 36 et suiv.

    14 Comme le constate en 1955 Bernard Cornut-Gentille, lettre au ministre de la France d’outre-mer, 24 août 1955, ANS, O.671 (31), 9.

    15 Olivier Charnoz, Jean-Michel Sévérino, L’aide publique au développement, La Découverte, Paris, 2007, 128 p., p. 27-58 ; Pierre Jacquemot, « Cinquante ans de coopération française avec l’Afrique subsaharienne. Une mise en perspective », Afrique contemporaine, 238, 2011, p. 43-57 ; François-Xavier Verschave, Anne-Sophie Boisgallais, L’aide publique au développement, Syros, Paris, 1994, 150 p., p. 6-21.

    16 Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, août 1955, ANOM, Agence FOM, 406/6.

    17 [Anon.], « Échanges », Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, nov. 1956, ANOM, Agence FOM 406/6.

    18 Joseph-Roger de Benoist, La Balkanisation de l’Afrique occidentale française, Nouvelles éditions africaines, Dakar, 1979, p. 142 et suiv.

    19 Lettre du haut-commissaire de l’AOF au ministre de la France d’outre-mer, 27 août 1952, ANOM, série Affaires politiques, 2265 (1), 7.

    20 Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, août 1956, ANOM, Agence FOM 406/6.

    21 Paul Simon, entretien du 30 juill. 1998 (Paul Simon a été directeur du FIDES de 1953 à 1959).

    22 Nicolas Bancel, Guislaine Mathy, « La propagande économique », dans Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Laurent Gervereau, Images et colonies. Iconographie et propagande coloniale sur l’Afrique française de 1880 à 1960, BDIC/ACHAC, Paris, 1993, p. 221-231.

    23 Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, juin 1953, ANOM, Agence FOM 406/6.

    24 Alexandre Baurens, « Réponse de la Commission des boissons », Assemblée nationale, Commission des boissons, Paris, 16 déc. 1954 (Baurens est alors vice-président de la commission).

    25 Rémy Montagne, « Notre lettre de protestation », Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, 13, mai-juin 1955, ANOM, Agence FOM 406/6.

    26 [Anon.], « 4e Session du Conseil de la jeunesse de l’Union française - L’avenir professionnel des jeunes de l’Union française », Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, août 1953, ANOM, Agence FOM 406/6.

    27 Léopold Sédar Senghor, « Contre le courant centrifuge de l’État associé, une seule solution : la République Fédérale Française », Marchés Coloniaux du Monde, 386, 4 avr. 1953, p. 1005-1007, qui s’inscrit parfaitement dans cette perspective. Senghor sera d’ailleurs à l’origine d’un projet de loi particulièrement timoré en 1954 (voir infra le chap. consacré à la loi-cadre) très symptomatique des dispositions politiques conciliatrices des élites de compromis.

    28 Camille Flaud, « Un reportage », Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, août 1953, ANOM, Agence FOM 406/6.

    29G. Spénale, « Le ministre de la France d’outre-mer à Monsieur le ministre des Affaires étrangères (Direction générale des relations culturelles) », Paris, 19 avr. 1957, 2 p., ANOM, Agence FOM 406/6.

    30« Conférence de M. Le Gouverneur Deschamps, “L’attente de la jeunesse des peuples de l’Union française” », Nouveaux horizons. Équipes nouvelles de l’Union française, déc. 1954, ANOM, Agence FOM 406/6.

    Décolonisations ?

    X Facebook Email

    Décolonisations ?

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Décolonisations ?

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Bancel, N. (2022). Chapitre 1. Au service de l’empire. Le Conseil de la jeunesse de l’Union française. In Décolonisations ? (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/11yt6
    Bancel, Nicolas. « Chapitre 1. Au service de l’empire. Le Conseil de la jeunesse de l’Union française ». In Décolonisations ?. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2022. https://doi.org/10.4000/11yt6.
    Bancel, Nicolas. « Chapitre 1. Au service de l’empire. Le Conseil de la jeunesse de l’Union française ». Décolonisations ?, Éditions de la Sorbonne, 2022, https://doi.org/10.4000/11yt6.

    Référence numérique du livre

    Format

    Bancel, N. (2022). Décolonisations ? (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/11ywo
    Bancel, Nicolas. Décolonisations ?. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2022. https://doi.org/10.4000/11ywo.
    Bancel, Nicolas. Décolonisations ?. Éditions de la Sorbonne, 2022, https://doi.org/10.4000/11ywo.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Éditions de la Sorbonne

    Éditions de la Sorbonne

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Facebook
    • X
    • Flux RSS

    URL : http://editionsdelasorbonne.fr/

    Email : edsorb@univ-paris1.fr

    Adresse :

    212, rue Saint-Jacques

    75005

    Paris

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement