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1. Glissements intradisciplinaires
p. 105
Texte intégral
1Cette approche est illustrée d’une manière unifiée : les deux contributions sont l’œuvre d’éthologues et leurs concepts, le dessin et l’hédonisme, sont liés, le premier thème étant un cas du second. Ces contributions sont à lire en relation avec celle concernant la musique. Nous avons placé celle-ci en première partie pour illustrer le fort poids de l’anthropocentrisme dans la définition des concepts parce qu’elle constitue un cas emblématique. Mais elle s’inscrit aussi dans l’hédonisme. Et la comparaison des trois études met en valeur divers niveaux d’anthropisation ou de désanthropisation des concepts existant de nos jours.
2Lison Martinet et Marie Pelé, éthologues, montrent que le dessin pratiqué par de grands singes est encore largement analysé dans leur discipline par référence au schéma pyramidal-arboré, d’où la fréquente qualification de proto-dessin. Mais elles proposent et examinent diverses modalités, diverses techniques de désanthropisation du concept, comme l’utilisation des mathématiques pour monter ce concept en abstraction, le sortir d’une définition trop étroitement humaine, ou bien le passage du niveau de l’espèce à celui des individus afin de réduire les aspects habituels, incitant à anthropiser, et à se concentrer sur d’autres, tels la curiosité, le plaisir, les variabilités. Le tout pour davantage penser la richesse intrinsèque de ces dessins de primates plutôt que leur déficience supposée, proclamée par rapport à ceux de l’humain.
3À propos de l’hédonisme, Michel Kreutzer, éthologue, prouve à quel point l’anthropomorphisme de questionnement, qui n’a rien à voir avec celui de projection, est un bon outil d’interrogation des animaux, à condition de désanthropiser immédiatement le concept en le montant en abstraction (une quête émotionnelle, une recherche de plaisir), d’observer le plus librement possible, loin des barrières intellectuelles et des refus préalables de capacité, de sortir des habituelles explications évolutive et utilitariste dont l’éthologie est encore friande, de se nourrir d’autres approches, quitte à élargir l’acception du concept.
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L’animal désanthropisé
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