D’une réforme à l’autre (816-934)
|Troisième partie. Des communautés religieuses intégrées dans la société aristocratique
Chapitre VIII. Prière et mémoire
Texte intégral
1Quelles que soient son ancienneté, sa richesse et la qualité de sa population, la justification de l’existence d’une communauté religieuse, monastique ou canoniale, vis-à-vis de la société laïque, consiste dans le soutien qu’elle peut apporter aux vivants et aux morts dans le but d’assurer leur salut. À l’époque qui nous intéresse, il n’y a plus ou pas encore de place pour les ermitages qui se veulent coupés du monde et où la principale préoccupation du religieux est de faire son propre salut. La seule prière qui soit reconnue est celle qui est faite pour le salut des autres, en particulier pour ceux qui ont fait bénéficier la communauté de leurs largesses, qu’ils soient ou non inhumés dans l’enceinte de l’abbaye.
Sépultures et prières pour les défunts
2On peut naturellement supposer que les prières des communautés religieuses s’effectuent d’abord en faveur de ceux qui sont ensevelis dans l’enceinte du monastère, propres membres de la communauté ou bienfaiteurs de celles-ci. De rares textes et des fouilles archéologiques encore plus rares nous renseignent sur ces sépultures.
- 1 Vita S. Glodesindis I (AA SS, iul., VI), § 13, p. 204.
- 2 Vita S. Waldradae (AA SS, mai., II), p. 52.
- 3 Vita S. Glodesindis I (AA SS, iul., VI), § 15, p. 205.
- 4 Vita S. Waldradae (AA SS, mai., II), p. 52.
- 5 Cf. supra, chapitre 2, p. 64.
- 6 Gesta episcoporum Virdutiensium, § 19, MGH SS 4, p. 45.
3Aux siècles précédents, les sépultures devaient se trouver en dehors de la ville ; c’est ainsi que les religieuses de Saint-Pierre de Metz avaient leur sépulture à Saint-Arnoul, comme leur fondatrice Glossinde1, et celles de Saint-Pierre-aux-Nonnains l’avaient à Saint-Symphorien2, deux basiliques situées hors des murs de la ville. Mais très rapidement chaque abbaye, quelle que soit sa situation géographique, a son propre cimetière : les religieuses de Saint-Pierre font percer la muraille pour installer leur église cimétériale, toujours hors de la ville mais dans l’enceinte du monastère3, celles de Saint-Pierre-aux-Nonnains inhument leur fondatrice dans l’église de leur monastère4 ; les fouilles archéologiques ont révélé que les sépultures se sont regroupées autour de Saint-Èvre de Toul dès les vie et viie siècles5 avant même que la basilique ne devienne le lieu de sépulture des évêques de Toul, Frothaire, Arnoul et Arnaud. À notre période, quand l’évêque n’est pas enterré dans la cathédrale ou dans une église qu’il a lui-même construite à cet effet, il choisit le plus souvent une sépulture dans la grande basilique suburbaine de la ville où il pourra bénéficier des prières des moines ou des chanoines : Drogon à Saint-Arnoul de Metz, Herilandus, Hildinus et Hatton à Saint-Vanne de Verdun. Il est extrêmement rare que des évêques préfèrent la prière des moines à celle des chanoines et soient enterrés dans des monastères ruraux ; il n’y a que deux exemples à notre époque, Gondulfus à Gorze, peut-être parce qu’il y avait été moine, et Bérard de Verdun à Tholey, en dehors de son diocèse, où il s’était réfugié6.
- 7 [APSV 1, p. 385].
- 8 [PSMa 1, p. 389].
4Y avait-il davantage de sépultures de grands laïcs dans les monastères ? Aux siècles précédents, les fondateurs et leur famille étaient souvent enterrés dans leurs monastères. La quasi-disparition des monastères privés, excepté Hornbach pour la Lorraine, a fait disparaître la pratique ; on peut supposer qu’elle a perduré en ce sens que ce sont désormais les bienfaiteurs du monastère qui ont ce privilège. Cependant, un seul document étaye clairement cette hypothèse : en 882, Hildebert, fils du comte Béranger, souhaitant que les canonici prient pour lui, donne aux frères de l’église Saint-Vanne, pour y obtenir une sépulture, la villa appelée Beura, dans le comté de Woëvre7. On peut également accorder foi au témoignage des érudits de l’époque moderne qui font état d’une charte de l’évêque Walo (876-882) indiquant que ses parents ont été inhumés au monastère Saint-Martin-devant-Metz8.
- 9 Liber Memorialis, fol. 2 à 3v, 19v à 20v, 21v à 22.
5Parmi les actes effectuant une donation à des communautés religieuses, aucun autre ne précise que les donateurs souhaitent y avoir leur sépulture ; des formules plus ou moins stéréotypées précisent qu’ils agissent pour le repos de leur âme mais elles ne disent pas non plus qu’ils espèrent des prières en retour de leur donation. Les trois messes recopiées dans le Liber Memorials de Remiremont doivent être dites l’une pour les personnes des deux sexes dont les noms sont inscrits dans le livre, la deuxième dans le cimetière des religieuses, la troisième pour les sœurs défuntes9. L’existence d’un cimetière pour les laïcs est cependant probable, car une des messes pour les défunts y fait allusion :
- 10 Ibid., fol. 20.
« Donc cette offrande que nous t’offrons, Seigneur, pour le repos de tes serviteurs nos abbés et sœurs reposant dans le Christ, dans ce monastère et où que ce soit, dont on peut voir les noms inscrits dans ce mémoire et pour tous les catholiques orthodoxes et tous ceux qui reposent ici ou dans l’enceinte de ce monastère... »10
- 11 M. Gaillard, « L’éphémère promotion... ».
- 12 Dans son livre, L’Église carolingienne..., Cécile Treffort n’apporte pas non plus d’exemples préci (...)
6Les sépultures des rois obéissent à des contraintes qui leur sont propres, mais elles montrent que l’habitude est prise de choisir pour eux une sépulture où ils puissent bénéficier des prières d’une communauté religieuse : Louis le Pieux fut enterré à Saint-Arnoul dont Drogon voulait faire le mausolée carolingien, Lothaire Ier à Prüm où il avait pris l’habit monastique peu de temps auparavant, Charles le Chauve à Saint-Denis et Zwentibold à Susteren, monastère le plus proche du lieu de son décès11. Cependant rien n’indique que leur pratique soit celle de la société aristocratique tout entière ou que celle-ci ait déjà modelé son comportement sur le leur. Seules les pratiques des siècles précédents et des siècles suivants rendent donc probable l’existence de sépultures de bienfaiteurs laïques dans les monastères12. Mais le contexte est différent : aux temps mérovingiens, les grands laïcs se faisaient enterrer dans les monastères dont ils étaient les propriétaires, aux siècles suivants, les préambules plus développés des chartes, la pratique des messes anniversaires, permettent davantage d’appréhender comment les laïcs demandent concrètement aux communautés de veiller à leur salut. S’il est permis de penser que de nombreux laïcs, aux ixe et xe siècles, notamment ceux qui sont abbés laïques ou avoués, se sont fait enterrer dans leurs monastères, rien n’interdit de supposer que le milieu monastique restait encore méfiant vis-à-vis de cette pratique et que beaucoup d’aristocrates ont pu trouver leur dernière demeure dans la chapelle de leur domaine, voire dans l’église paroissiale ou son cimetière.
- 13 [DN1, 871, p. 331].
- 14 Gesta episcoporum Mettensium (MGH SS 10), p. 541 ; F. Gierlich, Die Grabstätten..., p. 124.
7Les tombeaux des saints et les reliques autour desquels ont pu s’organiser les sépultures des religieux et peut-être de certains laïcs sont un peu mieux connus de nous. Il est cependant le plus souvent impossible de les situer précisément et de décrire leur culte. Ce sont bien évidemment les sources hagiographiques qui nous renseignent. Notre époque ne fut apparemment pas une grand époque de translation de reliques ; on ne peut en mentionner que quatre : la translation du corps de sainte Glossinde à l’intérieur même du monastère Saint-Pierre, la translation des corps des saints fondateurs de Remiremont, Romaric et Adelphe, la dotation par Advence de Metz de l’abbaye de Neumunster en reliques de saint Térence13 et l’arrivée à Metz de reliques de saint Gall, qui concerne une des églises du groupe épiscopal et non une communauté religieuse14.
- 15 AA SS, iul., VI, p. 210-223.
- 16 Contra M. Parisse qui pense que ce changement d’appellation date de la réforme du milieu du xe siè (...)
- 17 AA SS, iul., VI, § 64, p. 221 : Erat santae edis illius custos, nomine Doda, quant una sororum, cui (...)
- 18 Cf. supra, chapitre 5, p. 183.
8Le corps de sainte Glossinde fut transféré depuis l’église cimétériale Sainte-Marie jusque dans l’église principale du monastère, Saint-Sulpice-Saint-Pierre ; la date, 830, est donnée par les Miracula écrits dans la deuxième moitié du xe siècle15. Le corps fut déposé dans un nouveau sarcophage, derrière l’autel. Il me semble probable que c’est à partir de cette translation, qui permit le développement du culte de la sainte, que le monastère commença d’être appelé Sainte-Glossinde16. Les Miracula n’indiquent pas ce que devint le cimetière organisé autour de l’église Sainte-Marie et en particulier si les religieuses continuèrent d’y être enterrées. Ils ne mentionnent qu’une seule autre église, l’oratoire Sainte-Croix17. Il est possible que l’ouverture de l’église Saint-Pierre aux fidèles, comme le montrent les nombreux miracles réalisés grâce à sainte Glossinde18, fût accompagnée d’une ouverture du monastère aux sépultures laïques mais aucun texte ne le confirme.
- 19 Supra, p. 179.
- 20 Cf. schéma du site, supra., p. 153.
9La translation des saints romarimontains n’est rapportée que par un texte du milieu du xie siècle : quelle que soit la date qu’on lui attribue, 818 comme l’affirme Eduard Hlawitschka, ou 862 comme je l’ai proposé19, cette translation fait suite à l’installation de la communauté dans la vallée. Se pose alors la question du devenir du cimetière des religieuses : un nouveau cimetière s’est-il installé auprès du nouveau monastère ou les religieuses ont-elles continué à être enterrées sur le mont ? Le cimetière se déplace-t-il avec la descente dans la vallée de la communauté ? Compte tenu de la topographie20 il est fort probable que les sœurs aient été désormais ensevelies dans la vallée, mais l’exemple de Saint-Mihiel donne à réfléchir, car la chronique de Saint-Mihiel précise ainsi la volonté de l’abbé Smaragde :
- 21 A. Lesort, Chronique et chartes..., § 5, p. 9 : Hic uenerandus uir, uiam patrum feliciter ingredie (...)
« Cet homme vénérable, parcourant avec félicité le chemin des pères, ordonna qu’on l’ensevelisse dans le monastère du haut et ensuite, il ordonna finalement, à ce qu’on raconte, que la sépulture de tous les frères y soit établie, sous peine d’anathème, ce que nous avons vu être observé jusqu’à nos jours »21.
- 22 Ibid., § 20, p. 21.
10Sur les hauteurs sont donc restés, au moins jusqu’au xie siècle, l’oratoire Saint-Michel, le cimetière des moines et donc une petite communauté de desservants. Quand l’abbé Nantère (1021-1044) ramène de Rome les reliques de saint Calixte, c’est sur le mont, au Vieux-Moutier, qu’il les dépose22. Le culte de saint Michel exigeant un lieu élevé, il est compréhensible que l’abbé Smaragde, tout en songeant au confort des moines, ait voulu garder sur la colline un oratoire et une petite communauté de desservants, ce qui rendait possible de continuer à y effectuer la sépulture des frères. À Saint-Mihiel, le « Vieux-Moutier » apparaît donc comme un lieu de sépulture réservé aux frères ; il n’y a trace d’aucune sépulture de laïcs aux ixe-xe siècles ; si Saint-Mihiel a pu accueillir des sépultures laïques, c’est probablement dans la vallée.
- 23 Ch. Kraemer et M. Rouillon, Aux origines..., p. 26 ; cf. supra, p. 177.
11À Remiremont rien de tel, mais plusieurs indices permettent de supposer que le mont ne fut pas totalement abandonné après la translation des corps des fondateurs dans la vallée ; le fait que les religieuses s’y soient réfugiées en 907 lors des invasions hongroises implique soit que les bâtiments aient été plus ou moins entretenus, soit que la translation des corps ait été relativement récente : les bâtiments, même endommagés, ont pu rester debout et être rapidement rendus utilisables. Mais surtout, les fouilles archéologiques ont révélé que le cimetière a été en usage au-delà du ixe siècle : dans un sarcophage du haut Moyen Âge réutilisé, on a en effet retrouvé des restes humains avec une croix d’absolution en fer, indiquant le décès d’une moniale Cunégonde en 107723.
12Soit parce que le mont a continué d’être utilisé comme cimetière alors que la communauté vivait tout entière dans la vallée, soit – ce qui est plus probable – parce qu’une petite communauté s’est maintenue sur les lieux au moins jusqu’à la fin du xie siècle.
- 24 Puisque les épitaphes rédigées par Paul Diacre ont été conservées (MGH Poet. lat. aev. Karol. 1, p (...)
- 25 M. Gaillard, « L’éphémère promotion... ».
13À Saint-Arnoul de Metz, aucune sépulture de laïc n’est attestée pour notre période en dehors de celle de Louis le Pieux ; toutefois les moines devaient encore avoir vivant le souvenir de la sépulture des femmes et de quelques enfants de la famille carolingienne à la fin du viiie siècle24. L’emplacement de ces sépultures, et en particulier celui du tombeau de la reine Hildegarde († 783), épouse de Charlemagne, en était encore connu puisque le corps de Louis le Pieux, dont on ignore le premier emplacement, fut déplacé ensuite, au xe ou au xie siècle, pour être déposé près de l’autel Saint-Étienne auprès du tombeau de sa mère Hildegarde25. Étaient-elles munies des épitaphes rédigées par Paul Diacre, c’est probable ; gravées ou non sur la pierre, ces épitaphes restèrent connues des moines puisque le rédacteur du « Petit Cartulaire » de Saint-Arnoul les recopie à la fin du xiiie siècle. La découverte, en 1239, de tombes anciennes dans le chœur de la basilique va dans le sens d’une utilisation de la basilique même de Saint-Arnoul pour les sépultures laïques, peut-être pas uniquement de la famille carolingienne, au vu de leur nombre :
- 26 Ms. 107, Clervaux, fol. 11 verso ; MGH SS 24, p. 533-534 : Cum enim uenerabilis abbas Theobaldus a (...)
« En effet, alors qu’en l’an 1239 de l’incarnation du Seigneur, au temps du vénérable Jacques, évêque de Metz, homme très noble et très illustre, le vénérable abbé Thibault voulut faire construire un chœur plus grand et y installer de nouvelles stalles et sièges, pour que les frères qui y servaient Dieu se vouent plus facilement, plus commodément et plus honorablement à la prière, en creusant, les serviteurs trouvèrent dans le chœur 22 tombes d’hommes vénérables, dont les vêtements de soie, les sandales et les gants, ainsi que les anneaux, les bagues et les couronnes qui se trouvaient dans les sépultures, manifestaient leur rang et leur puissance royale. On y trouva aussi des dames, vêtues d’habits royaux, dont les cheveux tombant jusqu’aux jambes brillaient comme de l’or rouge. On y trouva aussi des enfants, couverts de mousseline et de batiste, et dans toutes ces tombes, tant sur les unes que sur les autres, on trouva les épitaphes des hommes susdits. Et comme on ne pouvait pas lire ces épitaphes à cause de leur antiquité, on décida de faire transporter en un même lieu les ossements des hommes et des dames »26.
- 27 MGH SS 24, p. 535. Amalaire de Metz est sans doute à la fois un des ecclésiastiques les plus connu (...)
- 28 M. Gaillard, « Le “Petit Cartulaire”... ».
14La tradition historiographique a depuis identifié ces sépultures avec les sépultures carolingiennes mentionnées par Paul Diacre ; si cette hypothèse reste séduisante et plausible, il faut néanmoins remarquer que la description ne permet aucune datation précise. La présence des tombes carolingiennes, la sépulture de Louis le Pieux puis celle de Drogon bien attestées, et celle d’Amalaire27, permettent néanmoins de supposer que Saint-Arnoul était resté, au moins depuis le viie siècle, un lieu de sépulture fort apprécié ; il n’y a aucune raison pour que cette tradition se soit interrompue au cours de notre période, puisqu’elle est encore attestée dans la deuxième moitié du xie siècle avec la sépulture d’Hugues et d’Arnoul, époux et fils de la comtesse Ève, père et frère de l’archevêque de Reims Odelric28.
15Malgré la pauvreté des sources en ce domaine, il reste probable que les abbayes et en particulier les grandes basiliques suburbaines ont servi de lieu de sépulture non seulement pour les membres de la communauté, mais aussi pour les grands laïcs dont les bienfaits s’étaient répandus sur la communauté. Envers ces défunts, membres de la communauté et bienfaiteurs, ensevelis ou non dans l’abbaye, les chanoines, moines ou religieuses avaient un devoir de prière que quelques documents permettent d’appréhender.
- 29 869, 9 septembre, Metz [DSA 4, p. 330].
16Il faut d’abord faire un constat bien décevant : les documents diplomatiques conservés pour notre période et pour la Lorraine font très rarement état d’une demande explicite de prières de la part des donateurs : les actes privés, que ce soient de vraies donations ou des donations reprises en précaire, se contentent de la formule pro remedio attimae meae et pro eaterna retributione, et de variantes fort proches. Les diplômes royaux sont tout aussi laconiques, à l’exception d’un diplôme de Charles le Chauve pour Saint-Arnoul de Metz, où le roi demande aux chanoines de prier pour lui et sa famille29. Le contexte exceptionnel de ce diplôme, promulgué au moment même du couronnement de Charles le Chauve à Metz en faveur de l’abbaye où reposaient son père et son ancêtre et où son fils Carloman venait d’être nommé abbé, explique que le roi ait cru bon de rappeler une obligation qui était en théorie celle de toutes les abbayes du royaume. Cette obligation apparaît également dans le préambule de la charte de Frothaire de Toul réformant Saint-Èvre :
- 30 [AE 1, vers 820/930, p. 352] : Praedictum locum ad pristinos usus reuocaui, monachos illic sacrae (...)
« J’ai ramené le lieu susdit à son observance d’autrefois en y rassemblant des moines de la sainte religion pour qu’ils vaquent aux affaires spirituelles et prient incessamment la clémence divine pour le bien de son royaume et de toute la sainte Église »30.
- 31 816, 13 janvier, Aix-la-Chapelle [DB 1, p. 320].
- 32 877, 24 juin, Soissons [DSMi 11, p. 333].
17De même dans son diplôme octroyant l’immunité à Bonmoutier, Louis le Pieux demande aux religieuses de prier pour lui et sa famille et pour la stabilité de l’empire31 et, dans un diplôme en faveur de Saint-Mihiel, Charles le Chauve effectue une donation, pour le salut de son âme, de son épouse et de ses enfants, de tout l’empire et d’Hilduin autrefois abbé de ce monastère32.
- 33 MGH Capitularia 1, p. 348-351 ; É. Lesne, « Les ordonnances... », p. 489-493 ; éd. D. P. Becker, C (...)
- 34 Ibid., p. 494 : Monasterium Sancti Michaelis Maresriprimi rectifié par l’éditeur en monasterium Sa (...)
18Dans le même esprit, en 818, Louis le Pieux avait fait établir la notitia de seruicio monasteriorum33, où étaient définies les obligations de certaines abbayes envers le souverain. Ces charges variaient selon la richesse des abbayes : les plus pauvres avaient pour seule obligation de prier pour l’empereur, sa famille et son royaume. Aucune des abbayes lorraines, sauf peut-être Saint-Mihiel34, n’est mentionnée dans cette liste ; si incomplète soit-elle, cette liste ne concernait que des abbayes royales qui, en contrepartie de l’immunité et de la protection royale, étaient astreintes à fournir des contingents armés ; n’y figurent pas les abbayes privées et les abbayes « épiscopales ».
- 35 Vatican, Reg. Lat. 316.
- 36 É. Palazzo, Les sacramentaires de Fulda, Étude sur l’iconopraphie et la liturgie à l’époque ottoni (...)
19C’est encore une fois le Liber Memorials de Remiremont qui fournit quelques indications sur la façon dont pouvaient se célébrer les messes pour les défunts dans les monastères. Dans le Liber, ces messes sont au nombre de trois : la première (fol. 2-3v) doit « être dite spécialement pour les défunts des deux sexes dont la mémoire est contenue ici et dont les noms sont inscrits » ; la deuxième (fol. 19v-20v) doit être « célébrée quotidiennement dans le cimetière pour les sœurs défuntes » ; la troisième (fol. 21V-22) est une « messe pour nos sœurs défuntes ». La deuxième est donc une messe quotidienne, les deux autres des messes spéciales dont la fréquence n’est pas précisée. Les textes des deux premières messes sont très proches de ceux du sacramentaire de Fulda du xe siècle, du missel de Bobbio (viie-viiie siècle), du sacramentaire de Monza (2e moitié du ixe siècle) et du gélasien ancien de Chelles (milieu du viiie siècle)35. Les correspondances sont partielles mais elles sont suffisantes pour comprendre que les textes des messes du Liber Memorialis ne diffèrent pas fondamentalement des pratiques en usage dans les autres monastères francs. Cependant les descriptions des messes sont plus complètes, notamment grâce à la présence des extraits d’évangiles ou d’épîtres à lire, ce qui n’est normalement pas le cas dans les sacramentaires. Il est fort probable qu’on a affaire à la copie de libelli liturgiques. Ces libelli, véritables ancêtres des missels, étaient en usage aux ixe-xe siècles, en particulier pour les messes privées à l’intention des défunts36.
- 37 Cf. C. Treffort, L’Église carolingienne..., p. 95-98.
20En Lorraine, aucun autre document ne fait état pour cette période de la célébration de telles messes, mais les documents dont nous disposons pour d’autres régions autorisent à affirmer que la pratique romarimontaine n’était pas exceptionnelle et que les messes pour les défunts étaient encore plus fréquentes dans les monastères d’hommes où beaucoup de moines étaient prêtres que dans les monastères de religieuses37.
- 38 Liste des nécrologes et obituaires de Lorraine dans M. Parisse, Le nécrologe de Gorze, contributio (...)
21Les sources narratives et archéologiques étant quasiment muettes sur les célébrations liées aux morts comme sur les sépultures dans l’enceinte des abbayes, nos seules sources restent les inscriptions faites dans les nécrologes des communautés religieuses. En dehors du Liber Memorialis de Remiremont, les nécrologes conservés et dont des éditions ont été effectuées38 n’apportent que peu à notre propos : seuls les noms des personnages importants, évêque et abbés ont été reportés ; les noms de laïcs ne se rapportent qu’à la période où ont été confectionnés et utilisés les nécrologes. Ainsi le plus ancien, un nécrologe de la cathédrale de Verdun, a conservé la mémoire des évêques du ixe siècle : Bérard, Hatton et Dadon et même celle de l’évêque de Metz Walo ainsi que celle du chancelier du chapitre cathédral de Verdun, Savohardus ; mais la plupart des inscriptions concernent les xie-xiie siècles, époque de confection du nécrologe. Est-ce à dire qu’il n’existait pas de nécrologe avant cette date ? Probablement pas. Mais lors de la réfection du nécrologe, au xie siècle, le scribe n’a retenu du précédent que les noms qui lui semblaient digne d’intérêt. L’ancien nécrologe, que l’on n’utilisait plus pour inscrire des noms, a ensuite été oublié et a disparu sans qu’on ait volontairement voulu supprimer de la mémoire collective les noms les plus anciens.
22Par chance, un tel processus, qui a dû se répéter dans de nombreuses abbayes, a épargné les nécrologes et listes de noms de l’abbaye de Remiremont grâce à l’usage qui a été fait du livre les contenant jusqu’au début du xiiie siècle. Grâce à lui, on peut tenter de voir à quelles règles ou à quelles intentions obéissait la transmission de la mémoire chez les moniales et les prêtres de la grande abbaye vosgienne.
Les inscriptions du Liber Memorialis de Remiremont
23Pour notre période d’étude, on peut distinguer quatre types d’inscriptions dans le Liber Memorialis :
- les inscriptions aux nécrologes : elles ne concernent bien évidemment que les personnes décédées, qui sont inscrites à la date de leur décès, soit au fur et à mesure, soit rétrospectivement ;
- les listes de noms : ce sont celles des communautés religieuses, on prend bien soin d’y distinguer les vivants, au moment où la liste a été inscrite, et les morts. Elles permettent de voir avec quels autres établissements religieux les moniales de Remiremont étaient en confraternité de prière ;
- les entrées de noms groupées ou individuelles : elles sont inscrites dans tous les espaces disponibles du Liber Memorialis, y compris dans les nécrologes sans qu’on sache si leur emplacement correspond à une époque de décès. Les noms inscrits peuvent aussi bien être ceux de personnes décédées que de personnes de passage au monastère. Les mêmes remarques s’appliquent aux entrées groupées de parentés ou de fonction ;
- les premières notices de tradition qui font leur apparition au début du xe siècle ; certaines sont d’évidence inscrites rétrospectivement comme celles des chartes de l’abbesse Imma et de l’abbesse Berta39, mais d’autres plus modestes peuvent avoir été inscrites au fur et à mesure des donations ; elles sont très rares jusqu’au début du xe siècle.
Les nécrologes
- 40 Cf. infra, p. 287 ; pour la structure de ces cahiers et l’environnement des nécrologes, cf. chapit (...)
24L’originalité du Liber Memorialis est qu’il possède trois nécrologes. Ces trois nécrologes n’ont pas été confectionnés tout à fait en même temps mais ils sont en partie utilisés parallèlement. Selon les éditeurs, le plus ancien est celui qui va du fol. 43v au fol. 47 (nécrologe A), le second occupe les folios 32 à 34v (nécrologe B) ; ces deux nécrologes appartiennent au même cahier et leurs pages sont solidaires, ils n’ont donc pas pu être utilisés dans des endroits différents. Ils sont tous les deux établis sur deux colonnes avec deux mois par page ; seul le plus gros calibre de l’écriture de l’abréviation KL dans le second permet de penser que la première mise en œuvre a été effectuée par deux scribes différents. Le plus récent nécrologe, contemporain de la confection du Liber Memorialis, est celui qui s’étend du fol. 10v au fol. 19 (nécrologe C) ; il se distingue des deux autres par le fait qu’il n’est établi que sur une seule colonne, avec un mois par page40.
- 41 Cf. supra, p. 42.
- 42 Cf. infra, p. 288.
- 43 Cf. infra, p. 289.
25L’étude attentive des inscriptions portées dans ces nécrologes jusqu’au début du xe siècle permet de se faire une idée de la façon dont ils étaient utilisés et de comprendre pourquoi il y en avait plusieurs. Sur les deux nécrologes les plus anciens des mentions ont été portées par les écritures nos 1, 2, 3 et 4 que les éditeurs datent des environs de 85041 ; en outre, dans le plus ancien, aux folios 45 et 46v, des mentions estimées antérieures à cette date ont été portées par des écritures qu’on ne retrouve pas ailleurs dans le Liber Memorialis. Ensuite ces deux nécrologes ont été insérés dans le Liber et les inscriptions y ont été poursuivies à la fois dans les nécrologes et sur les pages restées vides ou presque comme le fol. 4342. On a vu que le cahier a pu être retourné, soit à ce moment, soit lors d’une reliure postérieure. Ce fol. 43 était au départ une page de garde qui fut utilisée par la suite pour inscrire des listes de noms ; le cahier se clôturait par la liste des abbesses et de moniales qui vivaient au monastère avant la réception de la règle bénédictine (fol. 35v)43. Cette liste est écrite de la même main que certaines des plus anciennes mentions des nécrologes A et B.
- 44 Cf infra, p. 290.
- 45 Cf infra p. 285-286.
26Un coup d’œil sur l’état des pages des nécrologes A et B à la fin du ixe siècle44 montre qu’ils étaient loin d’être pleins. Plus précisément, les graphiques montrent l’occupation des pages des nécrologes A et B, mois par mois, jusqu’à l’écriture 7 (850-875) qui est contemporaine de la confection du Liber et à partir d’elle jusque vers 95045. À l’évidence, en 861/862, il devait y avoir encore de la place pour inscrire des noms et on peut se demander pourquoi avoir commencé un nouveau nécrologe tout en continuant à utiliser les deux plus anciens.
- 46 Sur la date possible de cette translation, cf. supra, chapitre 5, p. 179.
- 47 Cf infra, p. 285-286.
- 48 Ce chiffre important est dû à une inscription groupée, mais ancienne (écriture 5) ; bien que ces i (...)
27Il est permis de risquer une hypothèse : en 861-862 (ou en 862-863 selon les éditeurs), quand le Liber Memorialis est confectionné, on songe sans doute à faire du neuf : on prévoit donc un grand nécrologe, avec une page entière par mois où on pourrait recopier le contenu des anciens nécrologes et ajouter de nouveaux noms au fur et à mesure des décès. Mais peu après la perspective change : à la suite de la descente dans la vallée des corps saints46, on a pu redescendre également les nécrologes les plus anciens et, plutôt que de se livrer à un fastidieux travail de copie, on a finalement préféré insérer dans le livre le cahier qui les contenait. Ce qui explique que les nécrologes aient été beaucoup plus remplis à partir de la deuxième moitié du ixe siècle qu’auparavant, comme le montrent les graphiques ci-après47 : jusqu’à l’écriture 7, datée par les éditeurs des années 850-875, les inscriptions mensuelles sont assez peu nombreuses, au nécrologe A comme au nécrologe B : elles vont de 6 en juin (nécrologe B) à 40 en janvier48 (nécrologe A), la moyenne des inscriptions est de 15 par mois sur les pages du nécrologe A et de 9 par mois sur les pages du nécrologe B. De 875 à 950 les inscriptions mensuelles vont de 9 en novembre (nécrologe B) à 66 en mars (nécrologe B) ; la moyenne des inscriptions mensuelles est de 26 par mois sur les pages du nécrologe A comme sur celles du nécrologe B. Cette inflation d’inscriptions s’explique aussi par la croissance du nombre des entrées groupées sur les pages du nécrologe, entrées qui ne sont pas toujours en rapport avec une date précise, mais qui restent suffisamment ordonnées pour être attribuées à tel ou tel mois.
- 49 Les formes onomastiques féminines ou masculines ont été repérées selon les critères définis par M. (...)
28L’étude de la population inscrite dans les nécrologe A et B avant leur insertion dans le Liber Memorialis (soit jusqu’à l'écriture 7 incluse) est aussi très intéressante49 :
- dans le nécrologe B, on compte seulement 7 inscriptions d’hommes contre 90 de femmes (dont Ermengarde épouse de Lothaire Ier, mars, fol. 32v), soit une proportion d’environ un pour 12 ; parmi ces hommes, un moine et prêtre, et l’évêque Frothaire de Toul en mai (fol. 33). Y ont été également inscrites l’abbesse Vulfrada et l’abbesse Imma (cf. tableau 17, p. 284) ;
- dans le nécrologe A, 80 hommes pour 30 femmes ; certains d’entre eux sont identifiables : Charlemagne (janvier, fol. 43v), Frothaire de Toul (mai, fol. 45v), l’empereur Louis le Pieux (juin, fol. 45v), deux prêtres (juillet, fol. 46), un prêtre (octobre, fol. 46v), l’évêque Drogon et le prêtre Bernoinus (décembre, fol. 47) ; les trois premiers abbés d’Inden ont été également inscrits et l’abbé Sigimar de Murbach (cf. tableau 17, p. 284) ; les seules femmes identifiées sont les impératrices Judith et Ermengarde (mars, fol. 45).
- 50 Cf. supra, p. 82.
29D’évidence, quoique jumelés, ces deux nécrologes n’avaient pas, avant la confection du Liber, la même utilité. Le nécrologe A comporte un nombre très élevé d’hommes. Sans aucun doute y avait-il à Remiremont une communauté d’hommes pour assurer le service religieux et le suivi des affaires extérieures de la communauté ; on connaît d’ailleurs le nom de leur prévôt, Théodoric, au temps des abbesses Imma et Teuthilde50. Si à la suite des éditeurs, on suppose que les inscriptions ont été faites en l’espace de deux décennies, entre 840 et 860, cela fait une moyenne de près de quatre décès par an, en excluant les six noms certainement extérieurs à la communauté. Ce qui est beaucoup pour une population qui ne devait guère dépasser une douzaine de personnes : une inscription au fol. 42v indique nomina sacerdotum loci presenti. Domnus Teudericus, Ansegarius, Gislardus, Adelradus, Geldradus, Folcraus. À ces prêtres pou vaient s’ajouter quelques diacres, sous-diacres ou membres du clergé inférieur ; mais leur nombre restait très certainement limité. À l’opposé, le nécrologe B est celui des femmes, 90, dont une seule a priori extérieure à la communauté.
30II est donc vraisemblable que le nécrologe B était réservé à l’inscription des membres de la communauté, à deux exceptions près, l’impératrice Ermengarde, qui peut d’ailleurs avoir eu des liens privilégiés avec l’abbaye, et Frothaire, évêque du diocèse, qui tous les deux sont également inscrits au nécrologe A. Ceci est confirmé par l’inscription des abbesses Imma et Vulfrada. Le nécrologe A serait le nécrologe où l’on inscrit les noms des morts extérieurs à la communauté, les abbés d’Inden et de Murbach, les amis, bienfaiteurs ou tout simplement les morts dont l’inscription a été demandée par des visiteurs de passage. Ainsi pourrait s’expliquer la tenue concomitante de deux nécrologes.
31À partir du moment où les trois nécrologes sont regroupés dans le Liber Memorialis, ils ne semblent plus avoir de caractères propres : les noms d’hommes envahissent le nécrologe B qui en était jusque-là quasiment dépourvu et ils continuent de peupler le nécrologe A où les femmes sont désormais plus nombreuses à être inscrites. Sur le nécrologe C sont inscrits presque autant d’hommes que de femmes (222 pour 266).
32Cependant une autre césure apparaît dans l’histoire de ces nécrologes ; elle se situe au tournant des ixe-xe siècles ; aux côtés des inscriptions normales à la date du décès, apparaissent des inscriptions de plus en plus nombreuses de groupes de noms, très certainement des groupes de parenté ou de clientèle ; ces groupes de noms sont inscrits en bloc sur les pages des nécrologes, sans relation apparente avec les dates du nécrologe. On en trouve par exemple, pour citer les « blocs » les plus évidents,
33dans le nécrologe A :
- au fol. 43v, vers 925 (écriture 26),
- au fol. 45, vers 925-950 (écriture 31),
- au fol. 46, dans la marge supérieure, vers 925-950 (écriture 34),
- au fol. 47, vers 900 (écriture 23),
34dans le nécrologe B :
- au fol. 32v, vers 900 (écriture 22),
- au fol. 33, vers 900 (écriture 22),
- au fol. 34, vers 875-900 (écriture 18),
- au fol. 34v, vers 880-900, un groupe de 36 noms qui encadrent les colonnes du nécrologe sur la marge supérieure et la marge droite ;
35dans le nécrologe C :
- au fol. iiv, écriture 20 (vers 900), le roi Rodolphe avec son entourage et deux
- 51 C’est tout à fait probable : Flodoard nous montre Foulques en opposition avec le roi Eudes de Fran (...)
36évêques Edilgarius et Folco ; cette inscription peut être datée plus précisément de 888, année où l’évêque de Toul Arnaud a couronné Rodolphe de Bourgogne ; Folco pourrait être l’archevêque Foulques de Reims (883-900)51et Edilgarius est très certainement l’évêque Adalgar d’Autun (875-893),
- au fol. 12, vers 900 (écriture 22),
- au fol. 15v, vers 925-950 (écriture 34),
- au fol. 16, fin du ixe siècle, sur deux colonnes dans la marge droite,
- fol. 16v, vers 925-950 (écriture 32),
- fol. 17, vers 925 (écriture 26).
37Ainsi les nécrologes perdent peu à peu leur aspect originel et sont occupés d’abord par ces entrées groupées puis par des notices de tradition : ainsi se présente le fol. 32v. (cf. illust. 15, p. 291).
Les entrees de noms dans le Liber Memorialis
38À la même époque ces groupes envahissent également d’autres parties du Liber Memorialis, notamment les espaces restés libres et les marges des folios comportant des colonnes où sont retranscrites les listes des membres de communautés religieuses.
39On trouve en effet dans le Liber Memorialis des listes de noms des moines ou moniales d’autres communautés avec lesquelles Remiremont entretenait donc une confraternité de prière :
- au fol. 8v, les noms des frères du monastère d’Inden, à l’époque de l’abbé Odelinus, et des frères défunts,
- au fol. 9, les noms des frères du monastère de Stavelot-Malmédy,
- au fol. 10, les noms des frères du monastère de Lobbes,
- au fol. 21, les noms des frères du monastère de Schienen, sur le lac de Constance,
- au fol. 23v, les noms des moines du monastère de Prüm52,
- au fol. 24, les noms des frères du monastère d’Annegray,
- au fol. 36, une série de 33 noms masculins et féminins est suivie de la mention memorie de omni congregacione sancte crucis uel sancte Radegundis uiuorum siue mortuorum,
- au fol. 40, les noms des sœurs du monastère de Säckingen, sur le haut Rhin,
- au fol. 42v, la liste des frères de Murbach,
- au fol. 48, les noms des frères de l’église Saint-Léger de Champeaux53,
- aux fol. 58v-62, le cahier est tout entier consacré à la liste des frères défunts du monastère de Murbach,
- sur les feuilles séparées, les noms des frères de Reichenau (A1), des moines de Munster (Cr), une liste de moines dont le monastère n’est pas nommé (Fr).
- 54 Cf. illustration 9, p. 235.
- 55 Si on identifie comme le font les éditeurs l’évêque Hatton inscrit au fol. 4 avec l’archevêque Hat (...)
40Les colonnes, prévues pour contenir ces listes, commencent au fol. 4v54, après le texte de la première messe pour les défunts ; elles en sont toutefois séparées par une page qui reste blanche jusqu’à la fin du ixe siècle55. Le même modèle de colonnes se poursuit au fol. 5-5v, donc sur le deuxième cahier. Ces trois pages de colonnes semblables ont sans doute été prévues pour y écrire le nom des sœurs vivant au Castellum et pour compléter ensuite la liste : en réalité la liste primitive des sœurs n’occupe que la première page et la première colonne de la suivante ; d’autres noms féminins, sans doute ceux des nouvelles recrues, ont été ajoutés sur le reste du fol. 5, mais les colonnes du fol. 5v n’ont été remplies que plus tard, pas avant le début du xe siècle, selon les éditeurs. Sur les folios 6 à 9, les colonnes sont dissemblables d’une page à l’autre ; parmi elles, certaines sont dépourvues de noms jusqu’au début du xe siècle, par contre sur le folio 8v, ont été soigneusement inscrits dès les années 862-875 les noms des frères vivants et des frères défunts du monastère d’Inden, puis au fol. 9 ceux des frères du monastère de Stavelot-Malmédy à la même époque. On a donc volontairement laissé vides les colonnes des fol. 5v à 8, soit 6 pages. Peut-être ces pages étaient-elles toutes prévues pour y inscrire dans les temps futurs les noms des moniales... Il faut en tout cas considérer que la liste des moines d’Inden occupait dans la version primitive du Liber la suite de celle des moniales de Remiremont, ce qui n’est probablement pas un hasard. Après une page qui n’est remplie que dans le dernier quart du ixe siècle (fol. 9v), la liste des moines de Lobbes, vivants et morts, occupe en rang serrés les colonnes du fol. 10. Cette liste a certainement été recopiée assez tôt, puisque la dernière colonne restée en grande partie inoccupée fait mention des dates de décès des trois abbesses Imma, Vulfrada et Teuthilde, cette dernière décédée au plus tard en 865.
41Il y a donc quatre abbayes dont les listes de membres occupent une place privilégiée dans le Liber et y furent insérées dès le début de la fabrication du livre : Remiremont, Inden, Stavelot-Malmédy et Lobbes. Ces listes sont intercalées entre le texte de la première messe pour les défunts et le nouveau nécrologe ; à la fois listes de vivants et de défunts pour les trois dernières, elles constituent donc une sorte de bilan commémoratif avant qu’on n’inscrive, au fur et à mesure des décès, les noms dans le nouveau nécrologe. Ce Scriptum memoriale s’achève au fol. 19, avec le nécrologe, par le rappel des célébrations à effectuer en mémoire des abbés Romaric et Amé, et de leurs successeurs, le dimanche et les jours de fête, ainsi que pour les frères dont les noms auront été inscrits in hoc memoriale.
- 56 Qu’on retrouve en 26v abritant des listes de noms non identifiés.
- 57 Cf. supra, p. 51.
- 58 G. Tellenbach, « Der Konvent der Reichsabtei Prüm unter Abt Ansbald », Neue Beiträge zur südwestde (...)
42Après ce Scriptum memoriale consacré aux défunts des deux sexes, moniales, bienfaiteurs et amis de Remiremont, le livre se poursuit par le texte des deux messes, l’une à célébrer quotidiennement dans le cimetière des sœurs, l’autre pour les sœurs défuntes. Sur la page restée vierge entre ces deux textes ont été dessinées plus tardivement de curieuses colonnes56 pour inscrire les noms des membres de la communauté de Schienen à la suite de leur abbé Lantbert, vers 880. Après le texte de la troisième et dernière messe on retrouve sur deux pages des colonnes de facture proche de celles des folios 4v-5v. Au fol. 22V, la première inscription, soigneusement écrite est datable très précisément de la visite des légats pontificaux Radoald et Jean au début de l’année 86357. Les inscriptions suivantes ont été portées plus tardivement mais toutes avant la fin du ixe siècle. Sur le fol. 23v, un style de colonne unique dans le Liber abrite les noms de la communauté de Prüm, écrits d’une écriture également unique dans le Liber. Cette liste est celle des moines sous l’abbé Ansbald ; elle a sans doute été recopiée d’une feuille volante insérée sans doute beaucoup plus tardivement à la fin du Liber (Fr) : les noms y sont les mêmes. Cette liste reflète l’état de la communauté de Prüm en 860/86558 ; il est donc hautement probable qu’elle a été recopiée très tôt dans le Liber, de même que celle qui lui fait face sur le fol. 24 et qui est celle des moines d’Annegray, copiée de la même main que le texte des messes (écriture 6). Avec ce fol. 24 commence un nouveau style de colonnes qui occupent aussi les fol. 24v à 26, et qui toutes sont également remplies de noms au cours du ixe siècle. Les noms y sont inscrits par groupe, en distinguant parfois les vivants et les défunts (folios 25v et 25) ; des personnes des deux sexes y étant mélangées, on peut supposer qu’il s’agit de groupes de parentés, à l’instar de ceux qui envahiront plus tard toutes les pages du Liber et en particulier les nécrologes. Ceci montre que très vite, sinon depuis le début, le Liber Memorialis fut ouvert à la commémoration des laïcs, pour peu qu’ils aient été, comme le dit très clairement l’introduction du fol. 1, les bienfaiteurs ou les amis du monastère.
- 59 Cf. supra, chapitre 6, p. 216.
43Avec la fin du cahier IV, au fol. 26v, se termine le Liber Memorialis tel qu’il a été conçu en 861/862 ou un peu plus tard ; les autres cahiers ont été ajoutés à ce noyau primitif, parmi lesquels le cahier plus ancien, no VI, qui comprend les deux nécrologes anciens. À ce cahier VI appartient une liste sans doute plus ancienne des moniales vivant au castellum, et qui a sans doute servi de modèle à celle du fol. 4v ; cette liste a alors été rectifiée : des noms ont été enlevés, sans doute ceux des sœurs défuntes entre temps59. Ceci montre bien qu’à l’origine on n’avait pas le projet de relier ce cahier au Scriptum memoriale. Ce cahier comprend aussi la liste des moniales défuntes, qui ont vécu avant l’adoption de la règle (fol. 35, cf. illust. 13, p. 274), liste qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Il est possible que ce soit entre autre pour recopier cette liste qu’aient été réservées les colonnes des folios 5 à 8v du Liber. On y trouve également au fol. 42v, le début d’une liste des frères de Murbach d’évidence inachevée (5 noms).
- 60 Une liste plus courte au temps de l’évêque Ludelme, le successeur d’Arnaud, est également donnée a (...)
- 61 Dernier abbé défunt, le 27 mars, Emeritus.
- 62 Chr. Wilsdorf, « Remiremont et Murbach à l’époque carolingienne », dans Remiremont, l’abbaye..., p (...)
- 63 Liber Memorialis, édition, p. 211.
44Plus tard furent ajoutés d’une part le cahier VII où figurent au fol. 48 la liste des frères de Saint-Léger de Champeaux, écrite vers 875-900 et au fol. 49v celle des membres du chapitre de Toul au temps de l’évêque Arnaud (871-893)60 et d’autre part, avec des colonnes d’une facture tout à fait originale, le cahier IX, à l’origine (vers 88561) tout entier consacré aux défunts frères de Murbach. Cette importance donnée à la communauté de Murbach peut être interprétée comme le reflet des liens privilégiés qui unissaient les deux abbayes62. La date des premières notices de tradition qui y sont écrites peuvent donner un terminus ante quem pour l’insertion de ces cahiers dans l’ensemble du Liber Memorialis : pour le cahier VII, la plus ancienne notice est celle du fol. 54, par l’écriture 37, vers 950 ; pour le cahier IX, c’est la notice du fol. 63, également de l’écriture 37. Tous les deux sont séparés par le cahier VIII tout entier consacré à des notices de tradition rédigées entre 925 et 1000. Il faut donc supposer que ces trois cahiers déjà utilisés pour des usages différents ont été regroupés avec les cahiers 1 à IV et VI, entre 925 et 950. C’est à cette période que des notices de tradition ont été reportées dans tous les espaces restés vides du Liber et qu’ont été inscrites les dernières mentions dans les nécrologes, au fol. 13v notamment, à l’exception de trois mentions du milieu du xie siècle, et les dernières entrées onomastiques, vers 95063.
- 64 Leur abondance nécessite l’insertion d’un 10e cahier au Liber.
45Présentes dans le Liber à partir du xe siècle, les notices de tradition deviennent peu à peu les seules formes que revêt la mémoire de la communauté dans la deuxième moitié du xe siècle64. Elles ont un double usage, l’un très matériel, garder le souvenir des donations, l’autre plus spirituel, garder le souvenir des donateurs, et, en ce dernier sens, on comprend mieux que les notices aient trouvé leur place dans ce livre.
46L’étude de ce livre a donc permis de confirmer l’existence de plusieurs phases dans sa confection : la phase initiale de fabrication où sont prévues les textes des messes, les listes des membres de la communauté et des communautés amies et un vaste nécrologe ; une deuxième phase, très proche de la première, où l’on ajoute le cahier des anciens nécrologes ; une troisième phase, vers 925-950, où l’on ajoute trois cahiers qui existaient déjà : un cahier de listes de noms, un cahier de tradition et le cahier des membres de la communauté de Murbach ; l’ajout, hors de notre période, de cahiers tout entiers consacrés aux notices de tradition, ajout peut-être contemporain de la reliure actuelle.
47Conçu au départ pour célébrer la mémoire des religieuses et des religieux de l’abbaye et de leurs bienfaiteurs, ainsi que celles des communautés alliées à Remiremont par un réseau de confraternité, le Liber Memorialis est devenu un document où l’on inscrivait aussi bien les hôtes de passage et leurs familles que les noms des personnages importants dont la nouvelle du décès parvenait à l’abbaye. Pour tenter de mieux comprendre selon quels critères se faisaient ces inscriptions, il faut maintenant examiner quelles catégories de personnes étaient plus particulièrement représentées dans le Liber Memorialis, en dehors des communautés religieuses déjà citées.
Tableau 17 – Abbés et abbesses dans les nécrologes du Liber Memorialis

Soulignés : les noms inscrits avant 875 (écritures 1 à 7)

Illust. 15 – Liber Memorialis, fol. 32v, insertion des entrées groupées et des notices de tradition Cf. p. 227
Les élites dans le Liber Memorialis
Les évêques
- 65 D’après la liste dressée par Michel Parisse qui me l’a communiquée, ce dont je le remercie.
48Les évêques forment sans aucun doute la catégorie la mieux représentée dans le Liber Memorialis, en dehors, bien entendu, des membres des communautés religieuses. On peut en compter 5465, dont certains sont mentionnés plusieurs fois. Certains sont inscrits à leur date de décès dans les nécrologes :
- cinq dans le nécrologe C : Drogon, évêque de Toul (fol. 11, 28 janvier, † 922), Gozhelm, évêque de Langres (fol. 13v, 16 mai, † 931), Ludelme évêque de Toul (fol. 16v, 11 septembre, † 906), Teutbald, évêque de Langres (fol. 17,7 octobre, † 894) et Arnaud, évêque de Toul (fol. 18v, 4 décembre, † 893) ;
- sept dans le nécrologe B : Robert, évêque de Metz (fol. 32, 3 janvier, † 917), Francon, évêque de Liège (fol. 32, 8 janvier, T 903), Dadon, évêque de Verdun (fol. 34, 7 octobre, † 923), Teutbald, archevêque de Ravenne (fol. 34, 9 octobre, † 914)66, Teutbold, évêque de Langres (fol. 34v, 5 novembre, † 894), Ratald, évêque de Strasbourg (fol. 34v, 20 novembre, † 873) et Arnoul, évêque de Toul (fol. 34V, 16 novembre, † 87167) ;
- deux dans le nécrologe A : Frothaire, évêque de Toul (fol. 45v, 31 mai, 1847) et Drogon évêque de Metz (fol. 47, 8 décembre, † 855).
49Les deux plus anciennes inscriptions sont celles du nécrologe A, ce qui confirme qu’il est bien le plus ancien. On remarquera qu’il ne porte mention que de deux évêques, l’évêque du diocèse, Frothaire, et l’évêque de Metz, Drogon, peut-être à cause de son prestige puisqu’en revanche n’y figurent ni l’évêque de Verdun Hildinus, ni le métropolitain de Trèves, Hetti, morts tous les deux en 847.
50Le nécrologe B n’est utilisé pour mentionner les décès des évêques qu’après son insertion dans le Liber, à partir de 871 et jusques après 923 et le nécrologe C, à partir de 893 jusques après 931. Tous les évêques de Toul en exercice entre les années 840 et 922 sont mentionnés au nécrologe. Si l’évêque Gauzelin n’est pas mentionné, c’est qu’il meurt seulement en 962, à une époque où les nécrologes n’étaient plus utilisés. On y trouve également des évêques des diocèses voisins, mais en ce qui les concerne les inscriptions au nécrologe ne sont pas systématiques : deux évêques de Metz seulement y figurent, un seul évêque de Verdun, deux évêques de Langres, et un évêque de Strasbourg et aucun métropolitain de Trêves. Il est impossible de dire si une logique avait prévalu dans ces inscriptions où si seul le hasard du cheminement des informations explique certaines présences et certaines absences. On peut cependant souligner qu’aucun décès d’évêque lointain ne figure au nécrologe, ce qui montre les limites du rayonnement de l’abbaye.
- 68 Cf. tableaux aux pages précédentes.
- 69 Walo fut tué lors de la bataille de Remich contre les Normands, en 883, tandis que Benno, aveuglé (...)
51Cependant la liste des évêques inscrits en dehors des nécrologes est plus longue et plus diversifiée68. S’y trouvent encore quelques évêques lorrains ; Gauzelin de Toul et Adalbéron de Metz apparaissent dans l’entourage du duc Giselbert (fol. 6) en compagnie de l’archevêque Robert de Trêves. Seuls deux évêques de Metz à l’épiscopat brutalement interrompu ne figurent pas non plus au Liber : Walo et Benno69. L’évêque Wigéric y figure indirectement comme primicier et abbé dans l’entourage de l’évêque Robert.
52Advence de Metz est inscrit dans les colonnes du fol. 22v (cf. illust. 16, p. 292). Son nom a été rajoutée à une liste écrite de plusieurs mains mais dont les noms sont tous en rapport avec le concile de Metz de 863 : après les noms des papes, Grégoire (Grégoire IV, 827-844), Serge (Serge II, 844-847), on y trouve ceux des deux légats Radoald et Jean, l’évêque de Strasbourg Ratald. Une autre main a inscrit ensuite une liste de noms dont certains sont ceux d’évêques de l’époque : Odelgis ( ?), Ratalt (Ratald, évêque de Strasbourg), Harduih (Harduin évêque du Puy 860-866 ?), Gunthair (l’archevêque Gunther de Cologne), Franco (l’évêque Francon de Liège), Harduig (Arduicus, évêque de Besançon), Arnulfus (Arnoul de Toul), Arnaldus, son neveu et successeur, qui pouvait être déjà dans son entourage, et Oso eremita. Le nom d’Advence a été ajouté au dessus de celui d’Arnoul par une troisième main qu’on retrouve sur la colonne de droite pour une liste de défunts. Hormis la mention d’Advence, l’ensemble donne l’impression, malgré les deux mains distinctes, d’avoir été écrit à peu près en même temps. Il est possible que tous ces personnages soient venus rencontrer les légats du pape à Remiremont ; plus tard, le scribe n° 7, écrivant sur la dernière colonne sa liste de défunts et ne comprenant pas la signification de la liste d’évêques, a pu trouver plus convenable d’ajouter le nom d’Advence au milieu de ses pairs plutôt qu’au milieu des autres défunts.
- 70 Qu’il ne faut pas confondre avec le fils de Lantsind, Adalbert, qui épousa la sœur de l’évêque Ada (...)
- 71 La Vie de Jean..., éd. et trad. par M. Parisse, § 21-23, p. 58-63.
- 72 Ce qui me semble plus plausible que d’en faire un parent de Dadon (E. Hlawitschka, Die Anfänge...,(...)
53Au fol. 53v, un autre groupe d’évêques mérite attention : l’évêque de Verdun Dadon est mentionné comme bienfaiteur et entouré de sa parenté (omnibus consanguneis illius), son oncle, l’évêque de Verdun Bérard, ses parents Rodoldus et Rutrudis, sa sœur Lansendis, son autre sœur Uuilburdis, ainsi que deux autres personnages Atto et Humbertus. On retrouve Dadon et sa parenté au fol. 4, s’y ajoute alors son frère Adalbert70 : Domini Dadoni episcopi cum genitore Radaldo et matri Rotrude sororibusque Uuilburh et Lansint cum fratre Adelberto et filiis suis. Il ne faut sans doute pas identifier Atto avec l’évêque Hatton de Verdun, prédécesseur de Bérard, mais la présence de ce nom entre celui de son oncle maternel et celui de sa mère laisse supposer que cet Atto serait son autre oncle maternel ; ce qui rend également plausible l’existence d’une parenté de Bérard et Dadon avec leur prédécesseur Hatton. Quant à Humbertus et omni grege (sic) predicti ep. Uirdunensis, il est tentant d’en faire le reclus que rencontre Jean de Gorze à Verdun71 ; avant d’être reclus, il aurait pu être prévôt ou doyen du chapitre de Verdun72. Une autre inscription, au fol. 23, mentionne Umbertus aux côtés de Dadon.
- 73 Écriture 22, cf. supra, p. 42.
- 74 Vers 925, selon les éditeurs, ibid., écriture 26.
- 75 Selon le nécrologe de Tholey, Bernoin de Verdun est mort un 24 mai (W. Haubrichs, Die Tholeyer Abs (...)
54L’absence de l’évêque Bernoin, neveu et successeur de Dadon, sur ces deux inscriptions, ne doit pas étonner. Celle du fol. 53v n’est pas une inscription faite après le décès de Dadon mais au contraire du vivant de l’évêque à l’occasion de donations : l’évêque, présent ou non lors de ces inscriptions, s’est fait entourer de sa famille proche, au spirituel comme au temporel, pour que tous puissent bénéficier des suffrages des moniales. Si Bernoin n’y figure pas, c’est peut-être qu’il n’était pas né ; sa mère, la sœur de Dadon, Lantsind, n’était peut-être pas encore mariée à Matfrid. L’inscription pourrait bien dater des deux premières décennies de l’épiscopat de Dadon, donc des années 880-900, ce qui correspond à la datation de l’écriture faite par les éditeurs du Liber, aux alentours de 90073. En revanche l’inscription du fol. 4 peut être une inscription commémorative : à la mémoire de Dadon sont associés ses parents, ses sœurs, son frère et les fils de celui-ci ; elle peut donc dater d’une période postérieure74. Cependant Bernoin est inscrit ailleurs dans le Liber, au fol. 45, en face de la date du 26 avril ; mais il est aussi possible d’identifier ce Barnuinus ep avec l’archevêque de Vienne Bernuin (886-899)75
- 76 Cf. infra, n. 80.
- 77 Période d’utilisation du Liber Memorialis pour inscrire des noms, soit dans les nécrologes soit ai (...)
- 78 Sur les tensions probables entre l’abbesse Teuthilde et Lothaire II, cf. supra, chapitre 1, p. 52.
55Quant à l’évêque Hatton de Verdun, on peut se demander si ce n’est pas lui qui est inscrit solennellement en haut du fol. 4, et non l’archevêque de Mayence Hatton (891-913) ; tout dépend bien évidemment de l’identification des personnages qui l’entourent et en premier lieu du Gersie sanctus rex. Toutes les identifications de ce roi donnent des dates tournant autour de l’an mil, ce qui exclut la possibilité qu’Hatton de Verdun soit alors présent76. Il s’agirait donc bien d’Hatton de Mayence. Hatton serait donc le seul de tous les évêques de Verdun du milieu du ixe siècle au milieu du xe siècle77 véritablement absent du Liber. Si tel est le cas il n’est pas impossible qu’il s’agisse d’une démarche volontaire : Hatton a pu être « oublié » par les moniales de Remiremont à cause de son attitude favorable au divorce de Lothaire II78.
56Globalement donc, les évêques et en particulier les évêques lotharingiens sont fréquemment inscrits dans le Liber pendant toute notre période, dans les nécrologes ou en marge d’eux. En dehors des communautés religieuses, des évêques et de leurs entourages sont aussi identifiables un certain nombre de laïcs, souverains ou membres de l’aristocratie.
Les rois
- 79 Cf. supra, p. 288.
57Nombreuses également sont les inscriptions de rois dans le Liber Memorialis ; de fréquentes mentions, soit dans les nécrologes, soit éparses, rappellent le souvenir des rois défunts ou leur possible séjour à l’abbaye. Outre le «diptyqueque » du fol. 3v et l’inscription déjà évoquée du fol. 4379, les rois carolingiens sont très fréquemment mentionnés :
- au fol. 3v, en dehors du diptyque : Lothaire II (VI id. aug. migrauit de hac luce Lotharius rex), Louis d’Italie (XVIII kal. sept, obiit domnus Luduuuicus imperator), Charles le Chauve et Louis le Bègue (VII id. oct. migrauit Karolos imperator, Luduuuicus rex), Arnulf (Arnulfus rex), Zwentibold (ID. AUG. MIGRAUIT ZUINDEBULCUS REX), Carloman, roi de France, (X KAL. OCT. KARLOMMANUS REX OBIIT FELICITER),
- Charles le Simple au fol. 9v, Karolo rege, au fol. 11v, Karolos rex iuuenis,
- Charlemagne, au fol. 43v, le 28 janvier, Karolus imperator,
- Louis le Pieux, au fol. 45v, le 20 juin, Hludouuicus piissimus imperator,
- Lothaire 1er, au fol. 46v, le 29 septembre, obiit domnus Lottharius rex,
- Louis l’Enfant, au fol. 53V, Ludouuicus rex,
- Zwentibold, au fol. 56v, tempore Sindebaldt regis.
- 80 Chr. Wilsdorf, « Un voyage de Sanche Ier Garcia roi de Navarre à Remiremont (premier quart du xe s (...)
- 81 E. Hlawitschka, Lotharingien..., p. 150.
58Les rois carolingiens sont les seuls souverains à être inscrits dans un nécrologe (fol. 43v, 45v, 46v) ou dont la date de décès soit indiquée (fol. 3v) ; ils bénéficient donc d’une attention toute particulière de la part des moniales de Remiremont, ce qui n’empêche pas quelques oublis, Louis le Germanique, Charles le Gros, Louis le Jeune en particulier, et la mention, unique en son genre, consacrée aux « Bourguignons », le roi Rodolphe (912-937) et son frère Louis (son beau-frère Louis l’Aveugle, roi de Provence ?), au fol. 5v : Oremus pro Rodulfo rege cum Lodouuico fatre suo. En revanche, les derniers rois carolingiens en Francie (Lothaire et Louis V) ne sont pas mentionnés, signe que désormais les moniales se désintéressent de ce qui se passe dans le royaume de Francie occidentale. Regardent-elles davantage vers l’est ? Au xe comme au xie siècle, les rois et empereurs germaniques ne sont cité qu’incidemment, comme élément de datation des notices de tradition : au fol. 56v, tempore Ottonis regis, au fol. 44, regnante Heinrico imp... Les autres souverains figurent parmi des inscriptions en bloc faites à l’occasion d’une rencontre ou d’un passage à Remiremont : au fol. 4, le Gersie sanctus rex qui a fait couler beaucoup d’encre80 et d’autres encore, au fol. 6v, Einricus rex, Ruodolfus rex, au milieu de quantités de comtes et de comtesses et de deux évêques, au fol. 8, le roi Conrad de Bourgogne (937-993) en compagnie d’autres aristocrates, au fol. iiv, Karolus rex iuuenis, LANbertus imperator, RODOLFUS rex, qui se rencontrent à Remiremont en 89681.
59Il faut souligner que seuls trois souverains ont droit à des inscriptions au nécrologe : les empereurs Charlemagne, Louis le Pieux et Lothaire Ier (d’ailleurs qualifié de roi). Les impératrices Judith et Ermengarde ont été également inscrites dans les deux plus anciens nécrologes.
60Les autres inscriptions de souverains sont des inscriptions en groupe, probablement à l’occasion de leur visite ou de celle d’un de leurs proches. Après Lothaire Ier, il n’y a plus d’inscription spontanée des souverains à la date de leur décès mais des inscriptions sur commande, indice peut-être que la vision géopolitique des moniales s’est rétrécie : face aux turbulences politiques de la région, elles ne se sentent plus liées par une obligation de prière en faveur des souverains, mais n’inscrivent celui-ci dans le livre qu’à la demande, de la même façon que nombre de laïcs dont la mémoire est conservée par des inscriptions groupées.
Les membres de l’aristocratie
61De même, extrêmement rares sont, dans le nécrologe, les inscriptions individuelles de membres de l’aristocratie à la date de leur décès :
- celle d’un comte Arnulf82, au 25 août dans le plus ancien nécrologe, mais ce comte est accompagné de la mention d’un comte Uodelricus83 et du roi Conrad dont on sait qu’il mourut le 23 décembre 919 ;
- dans le nouveau nécrologe figure à la date du 18 juin (fol. 14v), l’inscription suivante : †X kal. iul. migrauit geberdus dux de hac luce, migrauit gerardus com ; cette inscription associerait donc dans une même commémoration Gebhard, de la famille des Conradins et son ennemi Gérard, frère de Matfrid, peut-être parce qu’ils sont morts la même année ; Gebhard est tué le 12 juin 910 par les Hongrois ; on ignore la date exacte de la mort de Gérard dont la dernière mention date de 90884 ;
- à la date du 19 novembre (fol. 18), celle d’une Idda comitissa, qui pourrait être Uda, la veuve du roi Zwentibold, épouse de Gérard et fille du comte de Saxe Otton ;
- dans le nécrologe B, au fol. 34v, un « duc » Riquinus, au 15 novembre et un comte Eberhard, au n novembre ; Riquinus doit être le comte Ricuin tué par (ou sur l’ordre de) Boson en 923 ; le comte Eberhard est plus difficilement identifiable car de nombreux personnages portent ce nom au début du xe siècle : Eberhard, frère de Gebhard tué dès 902, au cours d’une bataille contre les Matfrid85, un comte en Frise et un autre en Alsace86 qui, selon la Vita s. Deicoli, serait un parent de Waldrade, la concubine de Lothaire II, et auquel celle-ci aurait confié l’abbaye de Remiremont87.
62Les inscriptions de membres de l'aristocratie dans les nécrologes sont donc relativement tardives ; elles datent des premières décennies du xe siècle. Elles font suite à une période de plus d’un demi-siècle pendant laquelle aucun personnage laïque important, ni roi, ni reine, ni aristocrate, n’est plus inscrit dans les nécrologes ; cette apparition de l’aristocratie dans les nécrologes est contemporaine des inscriptions de groupes de noms, parmi lesquels ceux des rois et des aristocrates sur les autres pages du Liber.
- 88 Cf. tableau 19 p. 303-304. Mais il y en a sans doute beaucoup d’autres comme le montre la découver (...)
- 89 [AR 2, p. 372].
- 90 E. Hlawitschka, « Herzog Giselbert... ».
- 91 Ph. Lauer, Robert Ier et Raoul de Bourgogne, rois de France, Paris, 1910, p. 58-76.
63Parmi tous les groupes de noms inscrits au Liber, nous avons sélectionné ceux qui comprennent très certainement des membres de l’aristocratie puisque, à au moins un des noms, est accolé l’épithète comes, comitissa ou dux88. On retrouve parmi eux les quelques noms du nécrologe. Les identifications qui ont pu être faites montrent les liens qui existaient avec les Bosonides et leurs alliés jusqu’à la fin des années 920. Par contre au début des années 30, d’autres liens apparaissent avec le duc Giselbert d’une part et avec les Vermandois d’autre part. Ce changement est à mettre en relation avec l’histoire du monastère : en 925-930, Boson est auctor du monastère89, en 933-936, le duc Giselbert l’a repris en mains grâce à l’appui d’Henri Ier de Germanie90. Quant aux Vermandois, ils jouent désormais la carte de l’alliance germanique et avec Giselbert (d’où le mariage de Cunégonde avec Otton de Wetterau) contre leurs anciens alliés Robertiens91.
- 92 R. Parisot, Le royaume de Lorraine..., p. 652 ; Ph. Lauer éd., Annales de Flodoard, Paris, 1905, p (...)
64Il faut cependant mettre à part l’inscription des vivants faite au fol. 6v. Elle n’a pu être effectuée qu’en 922/923. Flodoard fait état d’une rencontre en 923, entre Henri Ier de Germanie et Robert Ier, qui a eu lieu sur la rivière Ruram, la Roër, au nord de la Lorraine92. L’inscription serait donc le reflet d’une autre rencontre à laquelle auraient aussi participé Rodolphe II de Bourgogne et les membres éminents de l’aristocratie de Lotharingie et de Francie Occidentale.
- 93 Cf. M. Gaillard, « Le “pays” de Remiremont... ».
65À la lumière de toutes ces remarques, on se rend compte de la façon dont fonctionne le Liber : certains personnages ont été inscrits de leur vivant parce qu’ils ont fait une donation à l’abbaye ou parce qu’ils y sont venus. Dans les inscriptions groupées peuvent cohabiter, sans que cela soit forcément précisé, des vivants qui ont demandé l’inscription et des morts inscrits à la demande des vivants. À partir des années 930, le rôle du Liber s’infléchit : il est de plus en plus utilisé pour retranscrire les donations (traditions) faites au monastère ; son rayonnement devient plus régional, voire local. Il continue donc à jouer son rôle dans le maintien de la mémoire, mais dans l’intérêt propre du monastère et non comme grand centre de prière au service de l’empereur et de l’empire93.
66Les multiples usages qui sont faits du livre entre le milieu du ixe et le milieu du xe siècle rendent sa compréhension complexe mais montrent que c’est un livre bien vivant dont on se sert couramment durant tout ce siècle, et ils permettent de comprendre comment il a pu être utilisé pendant plus de quatre siècles, ce qui l’a certainement sauvé de la destruction.
Tableau 19 – Les entrées aristocratiques dans le Liber Memorialis (1)
Entrées |
Emplacement |
Identification |
Gebardi duci, Hidda, Riquinus, Cristianus, Aginfridus, Norbertus, Giralt, Freming, Heigart, Uuarimber, Gunthilt. |
3v/18 |
écriture 23 ; le comte Ricuin († 923), le duc Gebhard († 910) ? |
VIII kal. ian. migrauit domnus Guntramnus cornes inlustrissimus de ac luce. |
5V/4 |
écriture 28a ; Gontran, étichonide, petit-fils d’Éberhard III |
Ugo com, Aua com., Berta, Ruotbrect com., Adlelacdis, Irmingart, Adelindis, Regindrudis, Arnulfus, Berta, Frauuildis, ludit, Stefanus, Arnulfus, Girbaldus, Berta, Uoldericus, Ugo com, Ugo com., Cuonradus com., Cuonradus com., Uarnerius com., Popo com., Einricus com., Berengarius com., Ugo com., Ugo com., Conradus com., Erimannus com., Udo com., Gisla com., Barto com., Oda com., Berta com., Burcardus com., Uoalo com., Ogo com, Boso com., Ruodulfus com., Ugo, Aba, Cuonrat com., Uuelf, Uuelf, Leutfridus com., Leutfridus com., Eticho, Uuido com., Uuido com., Robert com., Ima com., Ruotrud com., Arnulfus, Leupolt, Irmingart com., Arnulfus com., Uoldericus com. |
5v/5-6 |
écriture 28a ; trois familles alliées entre elles : |
Adelbero com., Geboardus cornes preclarus. |
5v/7 |
écriture 28b ; le duc Gebhard († 910) ? |
Udo, Rotzindis, Bernardus, Conigundis, Rodulfus, Erlebaldus, Erbert, Rotzindis, Eldegundis, Ersinda, Adelbert, Adelbert, Uualterius, Erlebaldus, Gotcelmus episcopus, Ugo com. Ildeburc, Rotzindis, Adeldrudis, Eufitia, Begirina, Plectrudis |
5v/9 |
écriture 31 ; Herbert Ier de Vermandois, son frère Bernard, et sa sœur Cunégonde autour de l’époux de celle-ci Udo (Otton de Wetterau). Gotcelm, évêque de Langres ; le comte Hugues pourrait être Hugues le Grand († 956), petit fils d’Herbert Ier... |
Nomina uiuorum. Ugo comes, Aua comitissa, Ruotbertus comes, Adelacdis comitissa, Stefanus comes, Irmingart, ludit, Arnulfus com., Berta, Uodelricus, Uuido, Arnulfus comes, Udelricus com., Chuonredus com., Uuarnerius com., Udo com., Erimanus comes, Einricus rex, Bernardos comes, Aua comitissa, Uodila, Adeiacdis com., Meingot com., Guntramnus com., Gebardus com., Eberardus comes, Ruodulfus rex, Buoso com., Eberardus ep., Ruotbertus rex, Ugo com., Chonredus com., Ugo com., Ugo com., Adelint com., Adeline com., Ita com., Irmingart com., Ugo com., Oto ep. Chuonredus com. |
6v/1 |
écriture 28b ; il s’agit d’une liste de vivants ; donc les trois rois ne peuvent être qu’Henri Ier de Germanie (919-936), Robert roi de France (922/923) et Rodolphe II de Bourgogne († 937). L’inscription ne peut être datée que de 922/923. Elle est peut-être liée à la rencontre entre Robert et Henri, signalée par Flodoard en 923. Tous les personnages nommés n’appartiennent pas à la même famille mais font partie de l’entourage des rois ou de l’aristocratie lotharingienne : La comtesse Ève, son mari Hugues, son fils Arnoul et son fils Odelricus ; Mégingaud, comte, parent des Robertiens ; le comte Boson, cousin de Rodolphe II ; parmi les comtes Hugues, Hugues le Grand, fils de Robert et Hugues le Noir, frère de Boson ; Les comtes Eberhard et Gontran, des Étichonides, petits-fils d’Eberhard III. |
kal. iul. migrauit Gebardus dux de hac luce, migrauit Gerardus com. |
14v 1 |
écriture 25 ; Gebhard († 910) et Gérard, frère de Matfrid |
19/11 migrauit Idda comitissa |
18 r |
écriture 25 |
14/12 obiit Stephanus comes ex hac luce |
18v |
? Comte Étienne, abbé de Saint-Èvre de Toul ? |
25/2 migrauit Guntranus comes |
32 r |
écriture 26 ; ? |
14/4 Girbaldus com. |
32v |
écriture 26 ; ? |
11/11 migrauit Eberard com. |
34v |
écriture 26 ; le comte Ricuin de Verdun († 923) |
Harmo com., Fulcarii com. Uuidulfi com., Sareber, Ermeber, Federicus, Rather, Acart, Uualant, Ailber, Ugilde, Ualdrada |
41/8 |
? ? |
24/8 Hugo com. ergastulo sue carnis solutus est, |
46 r/3 |
écriture 26 ; on retrouve les mêmes noms qu’autour de la comtesse Ève (f° 6v 1) : Hugues, Arnoul, Oldéric, mais si l’écriture est bien datée (900-920 selon Hlawitschka), ce serait la génération précédente. Conrad pourrait être le neveu de Gebhard, de la famille des Conradins. |
Uualterius comes |
47v/II |
mentionné dans une charte de l’abbesse Imma (820/830), recopiée par l’écriture 42. |
Matfridus com., Adelbertus com., Gerardus, Ageno |
53 r/4 |
écriture 31 ; le comte Matfrid (†930), son fils Adelbert († 944) et ( ?) le frère de Matfrid Gérard († ap. 908). |
Conradus com., Uarnerius com., Uddo com., Herimannus, Arnulfus, Uoderricus, Arnulfus, Geboardus, Eberardus. |
54 r 1 |
écriture 26 ; Régnier I er († 915) ?, Conrad le jeune, neveu de Gebhard ?, Otton de Wetterau (†) ?, Arnoul et Odelric, les fils de la comtesse Ève ? en tout cas la même famille ; Eberhard, étichonide. |
En italiques, les noms (ou leurs variantes) mentionnés dans plusieurs entrées.
Pour des raisons pratiques, ont été prises en compte seulement les entrées où figurent un comte ou un duc. D’autres entrées aristocratiques existent sans doute mais ne peuvent être identifiées avec certitude.
Les identifications ont été faites d’après :
R. Le Jan, Familles et pouvoir...
E. Hlawitschka, Die Anfänge...
F. Vollmer, « Die Etichonen », dans G. Tellenbach éd., Studien und Vorbereiten zur Geschichte des großfränkischen Adels, Fribourg-en-Brisgau, 1957, p. 137-184, en particulier p. 183.
Notes
1 Vita S. Glodesindis I (AA SS, iul., VI), § 13, p. 204.
2 Vita S. Waldradae (AA SS, mai., II), p. 52.
3 Vita S. Glodesindis I (AA SS, iul., VI), § 15, p. 205.
4 Vita S. Waldradae (AA SS, mai., II), p. 52.
5 Cf. supra, chapitre 2, p. 64.
6 Gesta episcoporum Virdutiensium, § 19, MGH SS 4, p. 45.
7 [APSV 1, p. 385].
8 [PSMa 1, p. 389].
9 Liber Memorialis, fol. 2 à 3v, 19v à 20v, 21v à 22.
10 Ibid., fol. 20.
11 M. Gaillard, « L’éphémère promotion... ».
12 Dans son livre, L’Église carolingienne..., Cécile Treffort n’apporte pas non plus d’exemples précis d’inhumations de laïcs dans les monastères au ixe siècle. Elle souligne que les privilèges pontificaux autorisant cette pratique ne voient le jour qu’à la fin du xe siècle et au début du xie siècle (p. 177-179). En revanche, on sait que Gisèle, fille de Louis le Pieux et veuve d’Évrard de Frioul, demanda à être inhumée au monastère fondé par son époux à Cysoing, près de Lille et où, très probablement celui-ci avait été inhumé, comme le laisse à penser son testament où il effectue des donations en faveur de cette abbaye (I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, Lille, 1883, p. 1 à 11).
13 [DN1, 871, p. 331].
14 Gesta episcoporum Mettensium (MGH SS 10), p. 541 ; F. Gierlich, Die Grabstätten..., p. 124.
15 AA SS, iul., VI, p. 210-223.
16 Contra M. Parisse qui pense que ce changement d’appellation date de la réforme du milieu du xe siècle. Aucune source écrite ne permet de trancher définitivement dans un sens ou dans l’autre puisque le diplôme de Louis le Germanique de 875 [DSG 1, p. 332] est pour le moins interpolé.
17 AA SS, iul., VI, § 64, p. 221 : Erat santae edis illius custos, nomine Doda, quant una sororum, cuius curae erat oratorium quoddam sanctae crucis infra septa ipsius monasterii, importune rogauit.
18 Cf. supra, chapitre 5, p. 183.
19 Supra, p. 179.
20 Cf. schéma du site, supra., p. 153.
21 A. Lesort, Chronique et chartes..., § 5, p. 9 : Hic uenerandus uir, uiam patrum feliciter ingrediens, in superiore monasterio se sepeliri precepit, omniumque deinceps fratrum sepulturam inibi haberi sub anathematis, ut fama est, interminatione mandauit, quod et hactenus inconuulsum seruari uidemus (traduction dans Retour aux Sources, Textes, études et documents d’histoire médiévale offerts à Michel Parisse, S. Gouguenheim, M. Goullet, O. Kammerer, P. Monnet, L. Morelle, M. Paulmier-foucart éd., Paris, 2004).
22 Ibid., § 20, p. 21.
23 Ch. Kraemer et M. Rouillon, Aux origines..., p. 26 ; cf. supra, p. 177.
24 Puisque les épitaphes rédigées par Paul Diacre ont été conservées (MGH Poet. lat. aev. Karol. 1, p. 57-60).
25 M. Gaillard, « L’éphémère promotion... ».
26 Ms. 107, Clervaux, fol. 11 verso ; MGH SS 24, p. 533-534 : Cum enim uenerabilis abbas Theobaldus anno dominice incarnationis millesimo ducentesimo tricesimo nono, temporibus uenerabilis Iacobi metensis episcopi, nobilissimi et illustris uiri, chorum uellet facere longiorem et noua ibi facere stalla et sedilia, ut fratres inibi Deo seruientes facilius et commodius et honestius orationi insisterent, inuenerunt ministri, cum foderent in choro, XXII. sepulchra uirorum uenerabilium, quorum uestes serice et sandalia et cyrotece necnon et anuli et baculi et corone, que omnia inuenta fuerunt in sepulchris quorumdam predictorum, demonstrant eorum dignitatem et regiam potestatem. Fuerunt etiam ibi inuente quedam matrone uestibus regiis indute, quarum capilli usque ad crura dependentes ad instar auri nimio decore rutilabant. Fuerunt insuper in eodem loco inuenta quatuor paruula sepulchra in quibus iacebant quatuor pueri sindone et bisso cooperti, et in omnibus quibuslibet sepulchris tam istis quam illis predictis fuerunt inuenta uirorum epitaphia predictorum, et quia eadem epitaphia non poterant legi pre uetustate, consultum fuit ut omnia ossa uirorum predictorum necnon et matronarum insimul in uno loco ponerentur.
27 MGH SS 24, p. 535. Amalaire de Metz est sans doute à la fois un des ecclésiastiques les plus connus et le plus mystérieux de cette période. Il est né vers 775, et l’on a supposé, à la lumière de quelques phrases de ses propres écrits, qu’il était originaire de la région de Metz et aussi qu’il fut élève d’Alcuin (au palais d’Aix ou à Saint-Martin de Tours). Il occupait le siège de Trèves en 812/813 et fut envoyé en ambassade à Constantinople par Charlemagne. Il effectua un voyage à Rome, peut-être au retour de Constantinople, ou bien à la demande de Louis le Pieux en 831, pour tenter de s’y procurer des livres liturgiques. C’est avant tout par son œuvre liturgique, notamment le Liber de officiis où il se livre à une interprétation allégorique toute personnelle de la liturgie, qu’Amalaire est connu. Cette œuvre lui valut les pires ennuis : nommé par Louis le Pieux au siège de Lyon en remplacement d’Agobard banni à la suite des événements de 833-834, Amalaire fut violemment attaqué par un clerc de Lyon, Florus, ami d’Agobard. Ses écrits furent condamnés par le synode de Quierzy en 838. En 839, Agobard retrouvait le siège de Lyon. On suppose qu’Amalaire trouva refuge à Metz auprès de l’archevêque Drogon. On voit donc que si Amalaire est messin, c’est davantage par sa sépulture et les miracles qui lui sont attribués que par son activité de son vivant.
28 M. Gaillard, « Le “Petit Cartulaire”... ».
29 869, 9 septembre, Metz [DSA 4, p. 330].
30 [AE 1, vers 820/930, p. 352] : Praedictum locum ad pristinos usus reuocaui, monachos illic sacrae religionis constituens, qui negotiis spiritalibus uacarent et pro militate regni eius, totiusque sanctae ecclesiae statu diuinam incessanter clementiam exorarent...
31 816, 13 janvier, Aix-la-Chapelle [DB 1, p. 320].
32 877, 24 juin, Soissons [DSMi 11, p. 333].
33 MGH Capitularia 1, p. 348-351 ; É. Lesne, « Les ordonnances... », p. 489-493 ; éd. D. P. Becker, CCM 1, p. 483-499.
34 Ibid., p. 494 : Monasterium Sancti Michaelis Maresriprimi rectifié par l’éditeur en monasterium Sancti Michaelis Maresupium.
35 Vatican, Reg. Lat. 316.
36 É. Palazzo, Les sacramentaires de Fulda, Étude sur l’iconopraphie et la liturgie à l’époque ottonienne, Munster, 1994, p. 110-111.
37 Cf. C. Treffort, L’Église carolingienne..., p. 95-98.
38 Liste des nécrologes et obituaires de Lorraine dans M. Parisse, Le nécrologe de Gorze, contribution à l’histoire monastique, Nancy, 1971, p. 49-56.
39 [AR 1 et AR 2, p. 372].
40 Cf. infra, p. 287 ; pour la structure de ces cahiers et l’environnement des nécrologes, cf. chapitre 1, p. 42-55.
41 Cf. supra, p. 42.
42 Cf. infra, p. 288.
43 Cf. infra, p. 289.
44 Cf infra, p. 290.
45 Cf infra p. 285-286.
46 Sur la date possible de cette translation, cf. supra, chapitre 5, p. 179.
47 Cf infra, p. 285-286.
48 Ce chiffre important est dû à une inscription groupée, mais ancienne (écriture 5) ; bien que ces inscriptions ne soient pas faites en face d’une date précise, il me semble qu’il faut les comprendre comme une inscription en groupe de personnes bien décédées au cours du même mois.
49 Les formes onomastiques féminines ou masculines ont été repérées selon les critères définis par M.-T. Morlet, Les noms de personnes sur le territoire de l'ancienne Gaule, vie- xiie s. et E. Försteman, Altdeutsches Namenbuch... ; quelques formes onomastiques incertaines, de l’ordre de 2 % des noms recensés, n’ont pas été prises en compte.
50 Cf. supra, p. 82.
51 C’est tout à fait probable : Flodoard nous montre Foulques en opposition avec le roi Eudes de Francie occidentale à propos de l’élection au siège de Langres, pour laquelle il était mandaté par le pape (Historia Remensis Ecdesiae, IV, 1, MGH SS 36, p. 368-69), et imposant son candidat Dodilon à l’évêché de Cambrai (ibid., IV, 6, p. 390-392) en mars 888. Il faut se rappeler que Foulques fut d’abord partisan d’offrir la succession de Charles le Gros en Francie occidentale au roi Arnulf, seul Carolingien. Cette inscription pourrait être le témoignage de pourparlers entre l’archevêque de Reims et Rodolphe de Bourgogne ou l’indice que Foulques s’était rallié à Rodolphe après que les rois Eudes et Arnulf eurent conclu un accord à Worms durant l’été 888. Sur l’itinéraire politique extrêmement complexe de l’archevêque Foulques (qui fut aussi un temps partisan de Guy de Spolète), on peut consulter G. Schneider, Erzbischof Fulco von Reims (883-900), Munich, 1973, p. 39-66, qui ignore cependant l’inscription du Liber Memorialis, et M. Sot, Un historien..., p. 663-665.
52 À ce propos, cf. G. Tellenbach, « Der Konvent der Reichsabtei Prüm unter Abts Ansbald (860-886) », dans Festchrift Max Miller, Stuttgart, 1962, p. 1-10.
53 Aujourd’hui Saint-Léger-Triey, Côte d’Or.
54 Cf. illustration 9, p. 235.
55 Si on identifie comme le font les éditeurs l’évêque Hatton inscrit au fol. 4 avec l’archevêque Hatton de Mayence, cf infra, p. 298.
56 Qu’on retrouve en 26v abritant des listes de noms non identifiés.
57 Cf. supra, p. 51.
58 G. Tellenbach, « Der Konvent der Reichsabtei Prüm unter Abt Ansbald », Neue Beiträge zur südwestdeutschen Landesgeschichte, Festschrift M. Miller, Stuttgart, 1962, p. 1-10 ; D. Geuenich, Prümer Personnennamen in Überlieferungen von St. Gallen, Reichenau, Remiremont und Prüm, Heidelberg, 1971.
59 Cf. supra, chapitre 6, p. 216.
60 Une liste plus courte au temps de l’évêque Ludelme, le successeur d’Arnaud, est également donnée au fol. 20v. De la même époque que celle-ci, date la liste du chapitre de Metz autour de l’évêque Robert (fol. 4).
61 Dernier abbé défunt, le 27 mars, Emeritus.
62 Chr. Wilsdorf, « Remiremont et Murbach à l’époque carolingienne », dans Remiremont, l’abbaye..., p. 47-57.
63 Liber Memorialis, édition, p. 211.
64 Leur abondance nécessite l’insertion d’un 10e cahier au Liber.
65 D’après la liste dressée par Michel Parisse qui me l’a communiquée, ce dont je le remercie.
66 Le seul possible à cette période, l’archevêque de Ravenne, Theobaldus (Gams, Series episcoporum ecclesiae catholicae, Ratisbonne, 1873, p. 717). Les éditeurs l’ont identifié avec l’évêque de Langres Teutbald, non seulement celui-ci n’est pas archevêque mais encore il est mentionné plus loin à la date du 5 novembre, et plus haut en date du 7 octobre... Or on n’a pas d’autre document donnant la date de la mort de l’évêque de Langres.
67 Partiellement gratté ensuite.
68 Cf. tableaux aux pages précédentes.
69 Walo fut tué lors de la bataille de Remich contre les Normands, en 883, tandis que Benno, aveuglé par des hommes de mains, dut renoncer à sa charge épiscopale en 929.
70 Qu’il ne faut pas confondre avec le fils de Lantsind, Adalbert, qui épousa la sœur de l’évêque Adalbéron de Metz (cf généalogie en fin de volume).
71 La Vie de Jean..., éd. et trad. par M. Parisse, § 21-23, p. 58-63.
72 Ce qui me semble plus plausible que d’en faire un parent de Dadon (E. Hlawitschka, Die Anfänge..., repris par J. Nightingale, p. 95-96).
73 Écriture 22, cf. supra, p. 42.
74 Vers 925, selon les éditeurs, ibid., écriture 26.
75 Selon le nécrologe de Tholey, Bernoin de Verdun est mort un 24 mai (W. Haubrichs, Die Tholeyer Abstlisten..., p. 149) ; Bernoin de Vienne est mort un 16 janvier (GC 16, col. 56). Comme il s’agit d’un inscription groupée, il n’est pas sûr que l’emplacement vis-à-vis du 26 avril soit significatif ; l’écriture n’est pas datée par les éditeurs.
76 Cf. infra, n. 80.
77 Période d’utilisation du Liber Memorialis pour inscrire des noms, soit dans les nécrologes soit ailleurs.
78 Sur les tensions probables entre l’abbesse Teuthilde et Lothaire II, cf. supra, chapitre 1, p. 52.
79 Cf. supra, p. 288.
80 Chr. Wilsdorf, « Un voyage de Sanche Ier Garcia roi de Navarre à Remiremont (premier quart du xe siècle) », Bibliothèque de l’École des Chartes, t. CXXX, 1972, p. 227-230 ; J. Clémens, « La Gascogne et la Navarre au début du xe siècle », Actes de la fédération historique du Sud-Ouest, 410, 1988, p. 107-114, « De Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port », Actes du xliiie congrès d’Études régionales de la Fédération historique du Sud-Ouest, Bordeaux, 1993, p. 64-75.
81 E. Hlawitschka, Lotharingien..., p. 150.
82 Un comte Arnoul est mort lors d’une bataille contre les Normands, le 25 juin 891 (R. Parisot, Le royaume de Lorraine..., p. 495).
83 Je n’ai pas trouvé trace d’un comte de ce nom à cette époque. Comme le comte Arnoul, il pourrait appartenir à la famille de l’archevêque de Reims Odelric († 969), dont le frère était également nommé Arnoul.
84 R. Parisot, Le royaume de Lorraine..., p. 571, n. 3.
85 Ibid., p. 568.
86 Ibid., p. 592-593.
87 AA SS, ian, II, p. 571-572 ; diverses hypothèses ont été émises sur la famille à laquelle appartenait Waldrade ; on en trouvera un rapide bilan dans K. Brunner, Oppositionelle Gruppen..., p. 138-141.
88 Cf. tableau 19 p. 303-304. Mais il y en a sans doute beaucoup d’autres comme le montre la découverte par E. Hlawitschka d’une famille inconnue jusque-là, grâce à des mentions articulées autour de la moniale Lizuidis (Die Anfänge..., p. 17-30).
89 [AR 2, p. 372].
90 E. Hlawitschka, « Herzog Giselbert... ».
91 Ph. Lauer, Robert Ier et Raoul de Bourgogne, rois de France, Paris, 1910, p. 58-76.
92 R. Parisot, Le royaume de Lorraine..., p. 652 ; Ph. Lauer éd., Annales de Flodoard, Paris, 1905, p. 12 et n. 2.
93 Cf. M. Gaillard, « Le “pays” de Remiremont... ».
Table des illustrations
![]() | |
---|---|
Titre | Tableau 17 – Abbés et abbesses dans les nécrologes du Liber Memorialis |
Légende | Soulignés : les noms inscrits avant 875 (écritures 1 à 7) |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12776/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 246k |
![]() | |
Titre | Fig. 19 – Liber memorialis, inscriptions au nécrologe A |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12776/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 101k |
![]() | |
Titre | Fig. 20 – Liber memorialis, inscriptions au nécrologe B |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12776/img-3.jpg |
Fichier | image/jpeg, 98k |
![]() | |
Légende | Illust. 11 – Les trois nécrologes du Liber Memoriolis Cf. p. 227 |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12776/img-4.jpg |
Fichier | image/jpeg, 447k |
![]() | |
Légende | Illust. 12 – Liber Memorialis, fol. 43 Cf. p. 227 |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12776/img-5.jpg |
Fichier | image/jpeg, 495k |
![]() | |
Légende | Illust. 13 – Liber Memorialis, fol. 35 Cf. p. 227 |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12776/img-6.jpg |
Fichier | image/jpeg, 492k |
![]() | |
Légende | Illust. 14 – État des folios 47 et 37v des nécrologes A et B à la fin du ixe siècle Cf. p. 227 |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12776/img-7.jpg |
Fichier | image/jpeg, 550k |
![]() | |
Légende | Illust. 15 – Liber Memorialis, fol. 32v, insertion des entrées groupées et des notices de tradition Cf. p. 227 |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12776/img-8.jpg |
Fichier | image/jpeg, 524k |
![]() | |
Légende | Illust. 16 – Liber Memorialis, fol. 22v, inscriptions d’évêques Cf. p. 227 |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12776/img-9.jpg |
Fichier | image/jpeg, 548k |
![]() | |
Titre | Tableau 18 – Les évêques dans le Liber Memorialis |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12776/img-10.jpg |
Fichier | image/jpeg, 223k |
![]() | |
URL | http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12776/img-11.jpg |
Fichier | image/jpeg, 210k |
© Éditions de la Sorbonne, 2006