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D’une réforme à l’autre (816-934)

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Michèle Gaillard

Première partie. Les conditions d’une réforme

Chapitre III. La constitution d’un patrimoine

Texte intégral

  • 1 Cf. R. Schieffer, Die Entstehung..., p. 271-276 ; R. Schieffer a mis en évidence que l’établisseme (...)

1Le patrimoine des communautés religieuses est la condition de leur existence ; aussi, malgré les lacunes de nos sources, nous faut-il tenter de l’appréhender quantitativement et qualitativement et, dans la mesure du possible, décrire son évolution. La disparité des sources et leur caractère fragmentaire n’autorisent estimations et comparaisons qu’en ce qui concerne quelques communautés religieuses : les abbayes de Gorze, Saint-Arnoul, Saint-Èvre et Saint-Mihiel et le chapitre de Toul. Les cartes et les tableaux ci-après permettent de se faire une idée de leur importance et de leur répartition géographique. En outre une distinction a pu être établie, pour Saint-Arnoul, Gorze et Saint-Mihiel entre les biens acquis pendant notre période et ceux acquis auparavant. Outre l’estimation du patrimoine, qui ne peut qu’être imparfaite, se posent le problème de son évolution et de sa conservation pendant la période qui nous intéresse et également la question de la définition d’une mense monastique, et donc d’une mense abbatiale, à l’image de la mense canoniale dont l’existence est bien établie dès la deuxième moitié du ixe siècle au plus tard1.

Étendue des patrimoines

2Les biens du chapitre cathédral et de l’abbaye Saint-Èvre de Toul occupent grosso modo le même espace géographique, la Lorraine méridionale : ils se situent essentiellement dans le Toulois, avec des prolongements dans les pagi voisins de l’Ornois, du Saintois et du Chaumontois. Seule exception, la villa de Sorbey dans le pays de Moselle, qui appartient au chapitre de Toul et les manses possédés à Moyenvic dans le Saulnois par ces deux établissements.

Les biens fonciers de Saint-Èvre de Toul

N° sur la carte

Nom de la localité

Nature des biens

1

Allain-aux-Bœufs

2

Atton

3

Bar et Barine (Monts)

VD

4

Blénod-les-Pont-à-Mousson

5

Bovée

M1

6

Bruley

D

7

Chaudeney

M1

8

Choloy

9

Crépey

E

10

Jaillon

T

11

Manoncourt-en-Woëvre

12

Martigny-les-Bains

13

Moyenvic

M2

14

Naives-en-Blois

T

15

Naix

Mo

16

Ourches

T

17

Saulxures-les-Vannes

18

Savonnières

T

19

Selaincourt

20

Toul (Saint-Mesmin)

M1

21

Velaine-en-Haye

22

Villey-le-Sec

Nature des possessions : E, église ; D, dîmes ; F, forêt ; M, manses (avec nombre en indice) ; Ms, manse seigneurial ; Mo, moulin ; T, terres ; P, prés ; V, vignes. En gras, les villae entières.

Fig. 10 – Localisation des biens de Saint-Èvre de Toul

Fig. 10 – Localisation des biens de Saint-Èvre de Toul

Numéro : lieu où est située une possession de l'abbaye Saint-Évre. En capitales, les autres localités importants.

Les biens fonciers du chapitre de Toul

N° sur la carte

Nom de la localité

Nature des biens

1

Bar (mont)

D

2

Beurey-la-Petite

D

3

Bruley

V

4

Couvanges

D

5

Dommartin

6

Écrouves

D

7

Francheville

8

Lucey

V D

9

Migneville

D

10

Moyenvic

M1

11

Nouiantem (Void)

12

Ourches

13

Pagney

Μ1 V

14

Sorbey

TVD

15

Toul

16

Troussey

E

17

Vicherey

Nature des possessions : E, église ; D, dîmes ; F, forêt ; M, manses (avec nombre en indice) ; Ms, manse seigneurial ; Mo, moulin ; T, terres ; P, prés ; V, vignes. En gras, les villae entières.

Fig. 11 – Localisation des biens du chapitre de Toul

Fig. 11 – Localisation des biens du chapitre de Toul

Numéro : lieu où est situé une possession du chapitre de Toul. En capital, les autres localités importants.

Les biens fonciers de Saint-Arnoul

Les biens fonciers de Saint-Arnoul

Nature des possessions : E, église ; D, dîmes ; F, forêt ; M, manses (avec nombre en indice) ; Ms, manse seigneurial ; Mo, moulin ; T, terres ; P, prés ; V, vignes. En gras, les villae entières.

Fig. 12 - Localisation des biens de Saint-Arnoul

Fig. 12 - Localisation des biens de Saint-Arnoul

Numéro : lieu où est situé une possession du chapitre de Toul. En capital, les autres localités importants.

Les biens fonciers de Saint-Mihiel

Les biens fonciers de Saint-Mihiel

Nature des possessions : E, église ; D, dîmes ; F, forêt ; M, manses (avec nombre en indice) ; Ms, manse seigneurial ; Mo, moulin ; T, terres ; P, prés ; V, vignes. En gras, les villae entières.

Fig. 13 – Localisation des biens de Saint-Mihiel

Fig. 13 – Localisation des biens de Saint-Mihiel

Numéro : lieu où est situé une possession du chapitre de Toul. En capital, les autres localités importants.

Les biens fonciers de Gorze avant 816

Les biens fonciers de Gorze avant 816

Nature des possessions : E, église ; D, dîmes ; F, forêt ; M, manses (avec nombre en indice) ; Ms, manse seigneurial ; Mo, moulin ; T, terres ; P, prés ; V, vignes. En gras, les villae entières.

Les biens fonciers de Gorze après 816

Les biens fonciers de Gorze après 816

Nature des possessions : E, église ; D, dîmes ; F, forêt ; M, manses (avec nombre en indice) ; Ms, manse seigneurial ; Mo, moulin ; T, terres ; P, prés ; V, vignes. En gras, les villae entières.

Fig. 14 – Localisation des biens de Gorze (possessions lorraines)

Fig. 14 – Localisation des biens de Gorze (possessions lorraines)

Numéro : lieu où est situé une possession du chapitre de Toul. En capital, les autres localités importants.

Fig. 15 - Localisation des biens de Gorze (possessions lointaines)

Fig. 15 - Localisation des biens de Gorze (possessions lointaines)

Numéro : lieu où est situé une possession du chapitre de Toul. En capital, les autres localités importants.

3De la même façon, la plupart des biens fonciers de l’abbaye Saint-Arnoul sont groupés dans un rayon de 20 à 25 km autour de Metz : seules les villae de Norroy-le-Sec dans le Verdunois et les possessions de Leywiller dans le Saulnois s’en écartent.

  • 2 A. Lesort, Chronique et chartes..., no 3, p. 52-54.
  • 3 Ibid., no 6, p. 60-62.
  • 4 Le prieuré a été fondé par l’abbé Fulrad sur des biens familiaux et augmentés de biens d’origine f (...)

4Autour de Saint-Mihiel, un noyau semblable s’est constitué dans un rayon de 25 à 30 km autour de l’abbaye : avant 816, aucun bien n’est attesté en dehors de ce rayon, si ce n’est les possessions énumérées dans les actes falsifiés de 722/7232 et de 8153 qui concernent pour le premier la villa de Condé-en-Barrois, sur l’Ornain, à 35 km de Saint-Mihiel et, pour le deuxième, des possessions revendiquées dans le Saulnois autour du prieuré de Salonnes dont on sait qu’il appartenait en réalité à Saint-Denis4. Les seules possessions excentrées de l’abbaye sont alors les poêles à sel de Vie et de Marsal. C’est au cours de notre période qu’apparaissent dans le patrimoine de l’abbaye et plus spécifiquement dans la mense des moines, des biens fonciers plus dispersés, à Toul même, dans le Saintois et dans l’Ornois.

5Face à ces patrimoines relativement modestes, l’abbaye de Gorze étale ses biens fonciers dans toute la Lorraine et même au-delà. Les actes recopiés dans le cartulaire permettent de distinguer les différentes étapes de la formation de son immense patrimoine.

  • 5 D’herbomez, Cartulaire..., no 1, 745, p. 1-4.
  • 6 Il faut laisser de côté la plus grande partie des biens du pays de Worms énumérés dans la charte n(...)
  • 7 D’herbomez, Cartulaire..., no 2, 754, p. 2-7. Sur ces biens, cf. M. Bur, « Les possessions de Gorz (...)
  • 8 [APG 11 et 12, 874 ?, p. 378-379].
  • 9 La villa de Quincy a été donnée par le comte Boson en échange de la précaire de Varangéville et de (...)

6Le noyau initial est constitué par les biens donnés par l’évêque Chrodegang lors de la fondation de l’abbaye ; la plupart sont situés dans le Scarponnois, donc aux environs de Gorze, au plus loin à 40 km5, mais un noyau est situé nettement plus au nord, autour de Trèves et de Coblence et dans le pays de Worms6. S’y ajoutent bientôt la villa de Moivron et une saline à Vic dans le Saulnois, des villae dans la Woëvre, la villa de Sommelonne dans le Perthois et un groupe de possessions dans l’Astenois, à Vanault et à Auve notamment7. En 770, l’évêque Angilram augmente encore considérablement le patrimoine de l’abbaye par des biens situés dans le Chaumontois, notamment avec Varangéville, dans le Saintois et en Woëvre (Foug et Jouy-sous-les-Côtes). À la fin du viiie siècle et au début du ixe siècle des actes témoignent de l’acquisition d’autres biens qui viennent renforcer le patrimoine de l’abbaye dans ces mêmes régions. L’essentiel de la fortune foncière de Gorze est donc constituée dans la deuxième moitié du viiie siècle par les donations des évêques Chrodegang et Angilram. Au cours de notre période d’études apparaissent cependant un certain nombre de localisations nouvelles, avec notamment l’acquisition de deux villae entières Grethesheim (Oggersheim) dans le pays de Worms8 et à Quincy dans le Verdunois9.

  • 10 Ainsi, il ne contient pas la charte de précaire d’Anselme, pourtant toujours conservée en original (...)

7Pour ces cinq communautés la qualité et l’étendue des biens possédés nous échappent en grande partie : la superficie des manses et des vignes n’est jamais donnée, rares sont les mesures mentionnées pour les prés, terres arables et forêts. On peut remarquer l’extrême dispersion des biens : il est rare qu’une abbaye possède plus de quatre manses dans une même localité. Les villae possédées en entier sont peu nombreuses, de même que les manses seigneuriaux : 14 villae entières (au maximum, en tenant compte des actes falsifiés) sur 120 localisations différentes pour Gorze, 14 au maximum sur 41 localités pour Saint-Mihiel, 8 sur 22 pour Saint-Èvre, 4 sur 18 pour le chapitre de Toul, mais 8 villae et 3 manses seigneuriaux pour 14 localisations pour Saint-Arnoul. Pour cette dernière, cette énorme proportion est probablement due aux lacunes du cartulaire qui, pour notre période, ne contient que les actes de donations ou de confirmation de biens des souverains ou des évêques et néglige les contrats de précaire et les petites donations10.

8Là où on peut le vérifier, les villae entières, les manses seigneuriaux et les possessions étendues dans certaines localités faisaient pour la plupart partie des donations faites aux abbayes avant notre période : à Saint-Arnoul, seuls la villa de Rémilly et les 18 manses d’Ars-sur-Moselle sont donnés entre 816 et 934 ; à Gorze, ce sont 2 villae Auve et Quincy, sur les 14 que possède l’abbaye, à Saint-Mihiel 5 sur 13.

  • 11 J. Barbier, « Fisc et Ban... ».

9Les sources dont on dispose pour les autres communautés religieuses lorraines sont trop fragmentaires pour qu’on puisse tenter une quelconque approche quantitative ou cartographique. Seule exception, l’abbaye de Remiremont pour laquelle, bien qu’aucune source écrite ne nous renseigne sur son patrimoine avant le xe siècle, la cartographie des lieux mentionnés dans les notices de tradition des ixe-xe siècles fait apparaître en négatif les régions où se situaient sans doute les biens de l’abbaye au début du ixe siècle : ces biens sont situés dans les alentours de l’abbaye, là où précisément elle ne reçoit aucune donation au ixe siècle, puisqu’elle y possède déjà l’essentiel et là où, au Moyen Âge, l’abbaye étend sa seigneurie. Selon Josiane Barbier ces biens avaient pour origine la dotation initiale du monastère par saint Romaric, peut-être des espaces incultes mis en valeur sous la direction des premiers moines et enfin des biens provenant du fisc royal constitué au temps de Charlemagne11

10Outre les localisations géographiques, les actes diplomatiques ainsi que quelques mentions dans les sources littéraires, lettres et gesta essentiellement, permettent de connaître la façon dont, pendant notre période, les communautés ont acquis des biens, par achat, donation ou échange, ou les ont confiés en précaire à leurs anciens propriétaires ou, plus rarement, à d’autres personnages. Il faut donc s’interroger sur ces transactions immobilières qui ont pu contribuer à consolider ou à fragiliser leur patrimoine foncier.

Fragilité et consolidations

  • 12 Ils concernent Gorze [AG 16, 894, p. 369] et [AG 18, 912, p. 370], Remiremont [AR 1, vers 820/830, (...)
  • 13 Il concernent Gorze [APG 10, 875, p. 378], [APG 13, 898, p. 379] [APG 18, 913/914 ?, p. 381], Sain (...)
  • 14 Donation et précaire se répondent ainsi dans les actes suivants : pour Gorze [APG 4 et 5, 848, p.  (...)

11L’essentiel de notre documentation diplomatique consiste en contrats de précaires ou en donations assorties de précaires : sur 26 actes passés par les communautés religieuses, 8 sont des octrois de précaire12 ; sur 22 actes privés, 16 sont également des contrats de précaire13 ou des donations qui sont suivies d’une reprise en précaire documentée par un autre acte14.

Fig. 16 – Localités mentionnées dans les notices de Tradition du Liber Memorialis aux ixe et xe siècles

Fig. 16 – Localités mentionnées dans les notices de Tradition du Liber Memorialis aux ixe et xe siècles

1 Aboncourt, 54
2 Amance, 54
3 Aroffe, 88
4 Attignéville, 88
5 Avrainville, 88
6 Bains-les-Bains (Les Fontenelles), 88
7 Barville, 88
8 Baudricourt, 88
9 Beauménil, 88
10 Bouxières-aux-Bois, 88
11 Cemboing, 70
12 Champenoux, 54
13 Charmes, 88
14 Colombey, 54
15 Crévic, 54
16 Derbamont (Gosselancourt), 88
17 Dignonville, 88
18 Docelle, 88
19 Dolaincourt, 88
20 Domèvre, 88
21 Dompaire (Noglaincourt), 88
22 Esley, 88
23 Fénétrange, 57
24 Flévy (Chelaincourt), 57
25 Frénois, 88
26 Grandfontaines, 67
27 Gugney-aux-Aulx, 88
28 Hagécourt, 88
29 Hannocourt,
30 Hennecourt, 88
31 Igney, 88
32 Jévoncourt, 54
33 Légéville, 88
34 Lennoncourt, 54
35 Lerrain, 88
36 Letricourt, 54
37 Manoncourt-en-Vermois, 54
38 Marey, 88
39 Mirecourt (Otbalt), 88
40 Moncourt, 57
41 Monthurreux, 88
42 Nonzéville, 88
43 Offroicourt, 88
44 Ogy, 57
46 Pont-les-Bonfays, 88
47 Rainville, 88
48 Rancourt, 88
49 Remoncourt, 88
50 Roville, 88
51 Saint-Paul, 88
52 Senonges, 88
53 Séraucourt, 55
54 Suriauville, 88
55 Thuillière (Frizécourt), 88
56 Totainville, 88
57 Uxegney, 88
58 Valfroicourt, 88
59 Valleroy-le-Sec (Marchainville), 88
60 Varnéville, 55
61 Vomécourt, 88
62 Xertigny, 88
63 Zimmersheim, 68

  • 15 En 889, 9 juillet, Francfort [DSA 6, p. 338], Arnulf donne des biens à son médecin Amandus et en 8 (...)
  • 16 Donation effectuée par Louis l’Enfant, 904, 26 novembre Tribur, [DSMi 14, p. 344].
  • 17 MGH Epistolae 5, Karolini aevi 3, Frotharii episcopi Tullensis epistolae, p. 289-290, no 20 ; La c (...)

12Ce ne sont pas des precariae verbo regis : le roi n’est pour rien dans la plupart de ces précaires. Les seules exceptions sont des biens donnés par le roi à un particulier et qui devront revenir au monastère après la mort de celui-ci : c’est le cas des donations faites au médecin Amandus et au moine Uncrimnus. Dans le premier cas, les biens donnés viennent du fisc, c’est donc une véritable donation royale, avec effet à retardement15 ; dans le deuxième cas, l’acte peut être assimilé à une precaria uerbo regis, puisque le bien est pris sur les terres du monastère, mais cependant le bénéficiaire en est un moine et la donation usufruitière est établie à la demande de l’abbé du monastère16. Le seul témoignage indirect de l’existence de ces precariae uerbo regis est donné par une lettre de l’évêque Frothaire de Toul qui se plaint de la non-restitution de terres confiées par l’empereur à un Espagnol nommé Joseph. Encore n’emploie-t-il pas le mot précaire mais le mot bénéfice pour caractériser cette donation usufruitière et théoriquement viagère17.

13La quasi-totalité des contrats de précaire sont établis à l’initiative de l’église concernée, de l’évêque ou de l’abbé. Quatre cas de figure sont théoriquement possibles :

  • X reçoit de l’abbaye une terre en usufruit moyennant un cens annuel : c’est le cas le plus défavorable pour l’abbaye qui ne perçoit plus qu’un cens au lieu des revenus directs et peut avoir du mal à récupérer son bien à la mort du précariste. Les seuls exemples en sont la précaire du moine Uncrimnus de Saint-Mihiel déjà évoquée et une précaire de Remiremont où le cens est assorti d’une corvée18.
  • X donne une terre et en reçoit une autre en usufruit : c’est le cas, tout à fait particulier, du comte Boson qui donne sa villa de Quincy en échange d’une précaire à Varangéville et Voisage19.
  • X donne des terres et les reprend en usufruit moyennant un cens annuel : six cas sont attestés, tous dans le cartulaire de Gorze20. A priori, ce sont des actes désintéressés et provoqués uniquement par la piété du donateur et précariste. Nous échappent peut-être les pressions qui ont pu être exercées sur un petit propriétaire par un grand propriétaire voisin et qui ont pu le pousser à rechercher la protection de l’abbaye ou des difficultés économiques qui l’ont endetté auprès de l’abbaye. Il est aussi possible qu’une autre transaction complémentaire nous échappe qui soit favorable au donateur, comme une autre précaire. Deux actes illustrent des cas particuliers : au temps de l’archevêque Drogon de Metz, un certain Winnibert avait donné ses biens à Saint-Arnoul à la condition que lui et ses fils soient exemptés des obligations publiques et du service de l’armée et il avait gardé l’usufruit de ces mêmes biens moyennant un cens21 ; en 910, la reine Richilde donne des biens à l’abbaye de Gorze et les reprend en précaire22, il n’est pas impossible que les biens qu’elle donne aient été autrefois détournés du patrimoine de Gorze par son père l’abbé laïc Bivin. C’est le cas sans aucun doute de Varangéville qui avait été donnée aux moines de Gorze en 770 par l’évêque Angilram23. Ces actes lui permettent donc, alors qu’elle est déjà âgée, de mettre ses affaires en ordre sans se dépouiller.
  • X donne une terre et la reprend en usufruit ainsi que d’autres qui appartiennent à l’église (precaria remuneratoria)24, moyennant un cens annuel : c’est le cas le plus fréquent car avantageux pour tout le monde, pour le précariste qui voit les terres dont il jouit s’étendre, pour l’abbaye qui augmente ainsi son patrimoine foncier et s’assure en principe des revenus réguliers. Ce type de précaire est fréquemment accordé par les évêques sur les terres des abbayes qu’ils contrôlent25 ou sur les biens de leur Église26 et par les abbayes elles-mêmes27.
  • 28 [AG 16, 894, p. 369].
  • 29 [AG 19, 914, p. 371].
  • 30 [APG 11 et 12, 874 ?, p. 378-379].

14La fréquence et la permanence dans le temps de ces octrois de précaire par les abbayes amènent à penser qu’elles étaient alors considérées comme positives grâce au revenu régulier qu’elles étaient censées procurer et la mise en valeur des terres qu’elles pouvaient provoquer puisque les terres étaient alors confiées à des personnes qui avaient intérêt à bien les gérer ou à bien les cultiver ; en outre l’augmentation de patrimoine qu’elles apportaient n’était pas illusoire. C’est notamment le cas pour les précaires concédées par l’abbaye de Gorze sur des domaines éloignés dans l’Astenois28, à Grand-Failly et à Conflans-en-Woëvre29, et dans le pays de Worms30.

  • 31 C’est aussi l’avis de M. Parusse : selon lui, « à la question de savoir si les précaires provoquai (...)
  • 32 Cf. infra, chapitre 7, p. 239.
  • 33 [APG 1, 2, et 3, p. 375].
  • 34 Comme en [AG 4 et 5, p. 364] par exemple ; cf. L. Morelle, « Les actes de précaires... », sur l’év (...)
  • 35 [ASE 1, 916, p. 373] et [APG 17, 912 ?, p. 381].
  • 36 [APSV 1, 882, p. 385].
  • 37 [PR 1, 896-900, p. 387 et PR2, vers 910, p. 387].

15Il faut croire que le principal inconvénient des précaires, la difficulté à récupérer le bien après la mort du précariste et de ses enfants, n’était pas si fréquent31. Le risque était peut-être plus grand quand la précaire avait été faite sur ordre du roi et que les descendants du précariste se sentaient davantage les obligés du roi que ceux de l’Église. Or, le seul cas véritablement connu de précaire établi par le roi est en faveur d’un moine qui n’a donc pas de descendants directs, ce qui limite considérablement ce danger. Au reste, étant donné la rareté des donations royales32 et des donations privées non assorties de précaires, celles-ci, et en particulier les precariae remuneratoriae, semblent les moyens les plus usités par les abbayes pour augmenter quelque peu l’étendue de leur patrimoine. Ainsi, on ne compte que trois donations privées non assorties de précaires dans le cartulaire de Gorze : celles de Uuarnildis, en 822, de Uuarachio en 824 et d’Hunaldus en 83533. Cependant, on peut se demander si elles n’avaient pas été assorties de précaires qui ont été perdues puisqu’à cette période les contrats de précaires étaient établis en deux parties, d’un côté la donation, de l’autre le retour en précaire34. Outre ces trois donations, on connaît deux donations faites pour l’entretien d’un nouveau moine à Saint-Èvre et à Gorze35, une donation pour sépulture à Saint-Vanne36 et deux donations de serui, sans contrepartie spécifiée37.

  • 38 [AE 11, 898, p. 357] et [PT 11, p. 391].
  • 39 [PT 14, p. 392].

16En revanche, quelques donations sont effectuées par des évêques en faveur de leurs chanoines : de Ludelme aux chanoines de Toul38 et de Drogon à ces mêmes chanoines39.

17Après les actes de précaires, les actes les plus nombreux sont des chartes d’échange de biens fonciers ou de confirmation de ces échanges.

  • 40 [ASMi 1, p. 374].
  • 41 [AE 15, p. 359].
  • 42 [AG 7, p. 365].
  • 43 [AG 11, p. 367].
  • 44 [AG 13, p. 368].
  • 45 [AG 14, p. 368].
  • 46 Ier septembre, Metz (ou Toul) [DT 11, p. 344].

18L’intérêt de certains échanges effectués dans les mêmes finages nous échappe faute de détails ; il faut supposer qu’ils allaient dans le sens d’un remembrement des possessions des deux protagonistes. C’est le cas par exemple de l’échange, effectué par le prévôt de l’abbaye de Saint-Mihiel et le primicier de Toul en 886, de deux champs près de Toul contre un champ au même endroit et un champ à Finistreio40 ; en 918/919, l’évêque Dadon de Verdun échange avec le moine Uncrimnus de Saint-Mihiel des prés à Refroicourt41. C’est peut-être le cas aussi d’un certain nombre d’échanges effectués par les moines de Gorze : en 871 un échange à Vittonville42, en 885 des biens à Jeandelize contre d’autres à Jeandelize et à Bettoniaca43, vers 886 une terre sur le Rupt-de-Mad contre une à Rodolciaca (même région)44, et, en 888, un manse contre une terre arable au même endroit45. Avant 906, les chanoines de Toul ont, semble-t-il, procédé à des échanges de biens dans le Barrois qui furent confirmés par Louis l’Enfant en 90646.

  • 47 Échange confirmé par un diplôme de Louis le Pieux, 824,16 août, Compiègne [DSMi 4, p. 322].
  • 48 [AG 1, 824 ?, p. 363].
  • 49 [AG 20, 922, p. 371].
  • 50 Échange effectué par l’évêque Walo avec le consentement de l’abbé Bovo [AE 7, 878 ?, p. 355].
  • 51 [AG 8, 871 ?, p. 366].
  • 52 [AG 9, 880, p. 366].

19L’intérêt d’autres échanges est beaucoup plus évident puisqu’on échange des biens lointains contre des biens plus proches : ainsi l’abbé Smaragde de Saint-Mihiel échange un manse dans le Barrois contre un pré dans le Verdunois47, les moines de Gorze des biens dans le pays de Voncq (Ardennes) contre des biens dans le Scarponnois48, une terre dans le Chaumontois contre des terres à Gerbécourt dans le Saulnois49, la chapelle Saint-Gorgon à Varennesen-Argonne, contre une église à Escherange dans la Sarre50, un manse à Villerssous-Prény contre un autre à Moyeuvre51. En 880, les moines de Gorze échangent avec Saint-Arnoul des terres à Metz : les frères de Saint-Arnoul reçoivent une vigne au Sablon, les moines de Gorze, un manse aux Thermes52 ; l’échange est sans aucun doute intéressant pour les chanoines de Saint-Arnoul qui acquièrent ainsi une vigne tout près de leur abbaye, mais l’intérêt en est moins évident pour les moines de Gorze car le quartier des Thermes est au nord-ouest de Metz alors que le quartier du Sablon est au sud de la ville.

  • 53 [AG 3, 851, p. 364].
  • 54 [AG 10, 884 ? ou 894, p. 367].
  • 55 [AG 17, 895, p. 370].
  • 56 [AG 2, 849 ?, p. 363] ; la villa de Varangéville a été donnée à Gorze par l’évêque Angilram en 770 (...)
  • 57 [AG 5, 864, p. 364] ; l’abbé et les moines de Prüm obtiennent ainsi un emplacement sur le portus d (...)

20De la même façon certains échanges ne vont pas dans le sens d’un regroupement des biens fonciers au plus près de l’abbaye, puisque certains biens obtenus par échange sont plus éloignés de l’abbaye que ceux qu’elle possédait auparavant : ainsi un manse et une vigne à Arnaville contre deux manses à Beaumont53, un manse et une vigne à Ars contre terres et vignes à Arnaville54 et le manse de Moivron échangé contre une terre à Vic55. Mais les motifs peuvent être autres : acquisition de terres dans une localité où l’abbaye en possède déjà, comme à Varangéville56, acquisition de vignes de qualité par l’échange d’un manse à Metz, sur la Moselle, contre une vigne près de Trèves57.

  • 58 [APG 14, ap. 906 ?, p. 380].
  • 59 Construction autorisée par l’évêque de Metz, Robert [AE 13, 906, p. 358].

21Enfin le dernier échange connu des moines de Gorze obéit à des circonstances tout à fait particulières : ils échangent avec le noble Bivin une dîme à Doncourt contre une terre à Burtricourt58. L’accord fait suite à la construction de la chapelle de Doncourt par le même Bivin59 : abandonnant la dîme qu’ils touchaient sur cette chapelle, les moines reçoivent une terre toute proche.

22Désormais l’église de Bivin sera totalement indépendante du monastère de Gorze.

23Les indices que nous possédons sur le patrimoine foncier de certaines communautés, montrent donc dans l’ensemble une saine gestion de leur patrimoine par les religieux, qu’ils soient moines ou chanoines. Le patrimoine foncier de Gorze en particulier paraît être resté solide et s’être même encore consolidé grâce aux nombreuses donations privées et à la récupération, même sous forme de précaire, de certains biens autrefois distraits comme Varangéville. Il semble en outre que l’abbé et les moines de Gorze traitaient souvent avec les mêmes personnes ou groupes familiaux en matière foncière ; on trouve en effet plusieurs fois les mêmes personnes impliquées dans des donations reprises en précaire et dans des échanges de biens, soit directement comme donateur, précariste ou partie de l’échange, soit dans les souscriptions :

  • Adalsarous, qui effectue en 851 un échange avec Drogon, alors abbé de Gorze60, est également témoin des donations et de la reprise en précaire effectuée par Fredalous et son épouse61 ;
  • Anselomus, précariste de Gorze62, est aussi témoin de l’échange effectué par Adalsarous et Drogon et de la précaire conclue par Fredalous où il apparaît comme avoué dans la liste des souscripteurs ;
  • Robertus et Gombertus sont parmi les témoins de l’échange entre Adalsarous et Drogon et de la précaire de Fredalous.

24Le fait que les abbés ou les moines aient traité avec des familiers de l’abbaye, peut-être apparentés entre eux, en tout cas liés par leur qualité de témoins, pouvait diminuer le risque de voir les précaristes oublier leurs engagements envers l’abbaye.

  • 63 Cf. infra, chapitre 5, p. 164.
  • 64 [AE 1, p. 352].
  • 65 24 novembre, Gondreville [DSE 1, p. 330].
  • 66 21 juin, Étrepy [DSE 2, p. 337).
  • 67 6 août, Metz [DT 2, p. 329].
  • 68 9 décembre, Compiègne [DT 3, p. 334].
  • 69 2 février, Florange [DT 7, p. 339].

25Le danger le plus grave ne venait pas, semble-t-il, de ces modestes précaristes mais des confiscations effectuées par les souverains et dont nos sources font état. En ce domaine, les actes les plus nombreux concernent l’abbaye Saint-Èvre qui fut plusieurs fois restituée à l’Église de Toul. On verra que ces confiscations et restitutions successives étaient en étroite connexion avec les besoins du souverain et ses relations avec l’évêque de Toul63. Mais ce que les diplômes ne disent pas explicitement, ce sont les conséquences qu’ont pu avoir ces confiscations sur les biens propres de l’abbaye : les trois énumérations des biens effectuées à trois dates différentes, vers 820-830 (charte de Frothaire64) en 86g (diplôme de Charles le Chauve65) et en 885 (diplôme de Charles le Gros66) sont strictement semblables. Le mot restitution n’apparaît pas ; les diplômes sont délivrés indépendamment des restitutions de Saint-Èvre à l’Église de Toul en 858, par Lothaire II67, en 877 part Louis le Bègue68 et 893 par Arnulf69.

  • 70 [PT 4, 869/77, p. 390].

26Le premier diplôme de Charles le Chauve en 869 est rédigé après que l’abbaye Saint-Èvre eut été confisquée par Lothaire II à l’évêque Arnoul ; nous n’avons pas de diplôme de restitution de cette époque, mais comme le diplôme de Charles le Chauve prévoit un droit d’appel au métropolitain et au roi en cas d’usurpation de biens du fait de l’évêque, on peut supposer que cette restitution a eu lieu, d’autant que l’évêque Arnoul est en bons termes avec Charles le Chauve et que le diplôme de Louis le Bègue de 877 renvoie aux restitutions effectuées par Lothaire Ier, Lothaire II et Charles le Chauve70. Dans le diplôme de 869 Charles le Chauve met en cause la négligence de certains recteurs, mais il est impossible de dire s’il s’agit seulement d’une reprise du texte de la charte de Frothaire ou si cela vise une réalité, à savoir une mauvaise gestion d’abbés laïques placés par le roi Lothaire II.

  • 71 [AE 1, 820/830, p. 352] : His quoque addimus uillam Stephani, excepta basilica eiusdem, quam uilla (...)
  • 72 AA SS, sept., V, 70-78.
  • 73 Ibid., § 18, p. 74-75. : (...) sed quantum ad bumanos occulos minus, ut homo, spiritualibus deuote (...)
  • 74 Ibid., § 21, p. 75 : (...) seque in ciuitate sepeleri mandauit ; multis mirantibus, cum nullus ant (...)

27Le contexte du diplôme de Charles le Gros en faveur de Saint-Èvre est bien différent, bien que son contenu soit très semblable à celui de Charles le Chauve : l’abbaye appartient alors à l’évêque de Toul. Le fait que les moines aient demandé le renouvellement de leurs biens et de leurs privilèges est peut être à mettre au compte de relations tendues avec l’évêque de Toul ; l’évêque Arnaud pouvait être tenté de récupérer des biens que Frothaire avait jadis pris sur les biens du diocèse pour les donner à Saint-Èvre71. Ces relations ne s’améliorèrent pas sous l’évêque suivant, Ludelme, si l’on en croit les Miracula s. Apri rédigés un siècle plus tard72 : ils affirment que l’évêque a spolié les monastères de leurs biens73 et lui reprochent d’avoir demandé à être enterré dans la ville ce qu’aucun des évêques n’avait fait avant lui, car ils étaient inhumés à Saint-Èvre74.

Les menses

  • 75 Selon É. Lesne, L’origine des menses, p. 65-68 et D. Geuenich, « Kritische Anmerkungen... », p. 11 (...)
  • 76 É. Lesne, L'origine des menses, p. 86 : Frothaire ne crée pas lui-même la mense, il renvoie les mo (...)
  • 77 Pour désigner la mense des chanoines de Toul : [AE 18, 923-931, p. 360].

28Ardon, le biographe de Benoît d’Aniane, écrit que pour les monastères réguliers ayant un abbé séculier (mais non laïque), Louis le Pieux a constitué en faveur de la communauté une réserve et a donné le surplus à l’abbé75. Mais cela n’apparaît pas dans les capitulaires et n’est pas énoncé comme une règle76. En Lorraine, bien que le mot mensa ne soit que tardivement utilisé77, l’existence d’une dotation foncière réservée à l’entretien des frères est fréquemment attestée.

  • 78 MGH Epistolae 5, Karolini aevi 3, Frotharii episcopi Tullensis epistolae, p. 290-291, no 21 et La c (...)
  • 79 Ibid. : Sed cum suscepisset Hismundus ipsum monasterium, recepit illorum portionem et promisit se (...)

29La première mention d’un tel partage est celle de la lettre de Frothaire à Louis le Pieux rendant compte de sa mission conjointe avec Smaragde auprès des moines de Moyenmoutier. Cette lettre montre à la fois l’ancienneté de la pratique – la mense a été établie sous l’abbé Fortunat (avant 825)78 – et l’absence de caractère systématique, puisque l’existence de cette mense est remise en cause par l’abbé Ismond79. Il était donc nécessaire de faire appel à l’empereur pour trancher la question et établir définitivement la mense, puisque Moyenmoutier est un monastère royal :

  • 80 Ibid. : Quod quia ipse sine uestra iussione nullatenus se facturum dixit, ideo illi omnes pariter c (...)

« Comme <l’abbé> avait répondu qu’il ne ferait nullement cette restitution sans votre ordre, tous ensemble nous ont demandé, en une intention et en une prière communes, de les autoriser à se rendre en présence de votre piété et implorer votre miséricorde : ils préféraient être chassés du monastère et vivre dans l’errance et la mendicité, plutôt que croire plus avant à de fausses promesses et servir sous le faux nom de moines. C’est pourquoi nous leur avons donné l’autorisation de venir à vous. Nous avons communiqué ces faits à votre sagesse, afin que vous ayez connaissance des motifs de leur plainte avant qu’ils ne viennent vous voir »80

30.L’existence d’autres menses apparaît au détour des actes de donation et surtout des confirmations royales qui sont la plupart du temps plus tardives. Certains actes de donation précisent bien que certains biens sont donnés aux moines, aux frères, aux chanoines, voire même transférés de la part de l’abbé à celle de la communauté, ou encore donnés par l’évêque aux chanoines, mais la stricte définition des menses ne semble pas encore bien établie. Seule une étude cas par cas peut permettre de cerner les étapes de l’établissement des menses canoniales ou monastiques.

  • 81 Cf. R. Schieffer, Die Entstehung..., p. 145-146.
  • 82 12 juin, Toul [DT 4, p. 336].
  • 83 21 juin, Étrepy [DT 5, p. 337] ; mais en 891, 9 octobre [DT 6, p. 338], le roi Arnulf rend à l’Égl (...)
  • 84 Par Arnulf, le 13 juin à Worms [DT 9, p. 341].
  • 85 [PT 11 et 14, p. 391-392] et [AE 11, 898, p. 357].
  • 86 Ier septembre, Metz (ou Toul ?) [DT 11, p. 344].
  • 87 922, 4 mars, Emmerich [DT 14, p. 348].
  • 88 [AE 18, 923-931, p. 360].

31L’existence d’une mense capitulaire est bien établie par des actes concernant le chapitre cathédral de Toul81. En 884, Charles le Gros donne le domaine de Vicherey à l’évêque de Toul en prévoyant qu’après la mort de l’évêque, le domaine sera transmis aux chanoines82. En outre, les chanoines de Toul obtiennent des confirmations de biens des souverains Charles le Gros puis Arnulf : les biens sont définis pour l’entretien de soixante chanoines et sont totalement indépendants de l’évêque puisque les chanoines de Toul obtiennent également le droit d’appel auprès du métropolitain et même auprès du roi contre les éventuels empiètements de l’évêque. Cette disposition prise pour la première fois en 88583 et confirmée en 89484, alors que le siège épiscopal était vacant, traduit peut-être une certaine méfiance des chanoines envers leur évêque. Cette méfiance ne paraît pas justifiée par la suite des événements puisque les évêques Ludelme et Drogon effectuèrent des donations au profit des chanoines85. Un diplôme peut-être faux ou seulement interpolé de Louis l’Enfant, daté de 906, confirme également des possessions des chanoines de Toul dans le Barrois86. Un diplôme de Charles le Simple confirme le diplôme de Charles le Gros de 885 et les diverses donations faites aux chanoines de Toul87. Enfin, il est prévu que les biens confiés en précaire par l’évêque Gauzelin au primicier Angelram et à son neveu devront revenir à la mense des chanoines après leur mort : Post discessum uero ab hac luce eorum (...) utraquaeque res (...) ad mensam canonicorum iam saepe dictorum reuertantur88.

  • 89 Cf. infra, chapitre 6, p. 199-202.
  • 90 Vita Iohannis Gorziensis, éd. et trad. M. Parisse, La Vie de Jean..., p. 57-65.

32À Toul, le chapitre cathédral s’individualise donc clairement, tant par l’existence de dignitaires89, par son droit d’appel au métropolitain et au roi contre les empiétements de l’évêque, que par ses biens propres, augmentés par les donations des évêques Ludelme, Drogon et Gauzelin. Il faut cependant remarquer que les biens définis dans la charte de précaire de Gauzelin (domaine à Clérey et manses à Essey) ne revinrent sans doute jamais aux chanoines : ils sont passés dans le patrimoine de l’abbaye de Bouxières fondée par Gauzelin en 937, puisque l’acte de précaire était conservé dans les archives de Bouxières. Il est probable que le transfert a été opéré avant même que les précaristes soient décédés puisque le primicier Angelram fut un certain temps moine à Gorze après la réforme90, et qu’il était prévu que son neveu tienne la précaire après lui. On ne sait si l’évêque Gauzelin a demandé l’avis des chanoines sur ce transfert de propriété.

  • 91 [PV 1, p. 392].
  • 92 [PV 7, p. 393].

33Bien que moins connue de nous, la mense capitulaire de Verdun est attestée à une époque plus précoce : l’évêque Dadon (880-923) indique que des biens du fisc ont été donnés par le roi Lothaire, donc entre 855 et 869, ad opus fratrum91. Selon une bulle du pape Léon IX, l’évêque aurait lui-même procédé à la définition de la part réservée aux frères92 ; cette définition de la mense capitulaire serait donc à peu près contemporaine de celle de Toul.

  • 93 24 février, Worms [DSA 2, p. 327].
  • 94 23 novembre, Metz [DSA 5, p. 332].
  • 95 [AE 9, p. 356].
  • 96 25 avril, Ratisbonne [DSA 7, p. 339].
  • 97 25 avril, Ratisbonne [DSA 8, p. 339].

34Si à Metz l’existence du chapitre cathédral, pour lequel l’évêque Chrodegang écrivit sa règle, ne fait aucun doute, les revenus qui lui sont affectés à notre période sont inconnus. En revanche les biens de l’abbaye épiscopale Saint-Arnoul de Metz paraissent avoir fait l’objet d’un partage au cours de notre période. En 842, Charles le Chauve donne à Saint-Arnoul la villa de Rémilly et précise que les revenus de la chapelle Saint-Martin seront réservés à l’entretien des frères93, mais ce partage ne semble pas définitivement acquis puisqu’en 875 Louis le Germanique, qui rend la chapelle de Rémilly à Saint-Arnoul, indique que les biens rendus devront être gérés par les chanoines de concert avec leur abbé94. Quelques années plus tard, les chanoines ont cependant acquis leur indépendance : en 884, à la demande des chanoines et sur l’ordre de Charles le Gros, l’évêque Robert restitue aux chanoines de Saint-Arnoul la chapelle de Rémilly95. En 892, les frères de Saint-Arnoul demandent à Arnulf les biens d’Ars-sur-Moselle96 et obtiennent de lui dix manses supplémentaires97.

  • 98 En 869, 9 septembre, Metz, les biens donnés par Charles le Chauve à l’abbaye sont destinés au lumi (...)

35Ces tâtonnements s’expliquent par le statut de l’abbaye : il s’agit d’une abbaye épiscopale, donc l’établissement d’une mense pour les frères dépend du bon vouloir de l’évêque qui est souvent en même temps l’abbé de la communauté ; dans la donation de 842 Charles le Chauve fait bien la différence entre les biens réservés à l’entretien des frères (la chapelle et ses revenus) et le reste de la villa qui est donné à l’abbaye. Il n’est pas sûr pour autant que coexistent mense abbatiale et mense canoniale : l’ensemble de la villa n’est pas donné à l’abbé qui n’est d’ailleurs pas nommé dans l’acte et qui est certainement l’archevêque Drogon. Il n’y a pas un partage des biens de l’abbaye en deux menses mais, dans les biens de l’abbaye, une individualisation de certains qui sont destinés à l’entretien des frères comme d’autres sont destinés au luminaire98. Très vite les chanoines ont perdu le contrôle de la chapelle en question qui leur est rendue par Louis le Germanique, mais là encore le partage n’est pas net, la chapelle et ses revenus sont rendus aux frères qui n’ont plus d’abbé car il n’y a plus d’évêque à Metz ; les chanoines en profitent pour essayer d’échapper à la tutelle de l’évêque de Metz. Peine perdue, la chapelle a dû leur être enlevée puisqu’en 884, l’évêque Robert leur restitue à nouveau ; c’est durant son épiscopat que les chanoines de Metz ont véritablement acquis leur personnalité juridique, puisqu’en 892, ils s’adressent seuls au roi Arnulf pour obtenir les manses d’Ars-sur-Moselle.

36À Saint-Èvre-de-Toul, l’établissement d’une mense pour les frères est encore plus incertaine. Dans la charte de réforme de l’évêque Frothaire de Toul, il n’est question de mense monastique que pour évoquer les biens assignés aux moines avant la réforme et qui désormais doivent leur servir, augmentés d’autres, pris sur les biens de l’Église de Toul, pour vivre régulièrement :

  • 99 [AE 1, p. 352] : Uerum ne eandem regularem custodiam ob inopiam terrenarum rerum umquam tepescere (...)

« Pour qu’il n’arrive pas que cette même discipline religieuse soit tiédie à cause de l’insuffisance des biens terrestres, comme cela s’est produit précédemment, nous leur confirmons l’usage des villae qui leur étaient jusqu’ici assignées de quelque façon que ce soit »99.

  • 100 24 novembre, Gondreville [DSE 1, p. 330] ; ce diplôme rappelle ainsi les dispositions prises par F (...)
  • 101 21 juin, Étrepy [DSE 2, p. 337].
  • 102 28 décembre, Toul [DSE 4, p. 342].
  • 103 1er septembre, Metz [DSE 5, p. 345].
  • 104 [ASE 1, p. 373].

37Dans aucun des actes concernant Saint-Èvre, il n’est clairement question de partage des menses entre un abbé et les moines. Cependant, les confirmations de biens, de Charles le Chauve en 869100 et de Charles le Gros en 885101, comme les actes de 897102, et 906103, sont adressées aux moines ; il n’y est question d’abbé que pour rappeler les modalités de son élection (diplôme de Charles le Gros) et pour interdire aux abbés, de même qu’aux évêques, de détourner ces biens (diplômes de Charles le Chauve et de Charles le Gros). En revanche, dans la charte du 5 novembre 916104, les biens sont donnés, non à l’abbé, non aux moines, mais à l’abbaye. Il n’est donc pas du tout évident que les moines de Saint-Èvre aient disposé, à notre période du moins, d’une mense monastique bien définie.

  • 105 [AE 4, p. 353].

38À Gorze, non seulement il n’est jamais question de mense, mais seul un acte (sur plusieurs dizaines) suggère une répartition des biens. En 858/859 l’évêque Advence affecte certains biens de l’abbaye au luminaire105. La charte de réforme de l’évêque Advence en 863, ne prévoit pas de partage, d’autant qu’il y établit un abbé régulier : il confie la gestion des biens conjointement à l’abbé et aux moines :

  • 106 [AE 5, p. 354] : Prestarias autem et commutationes preuideat perdictus abbas cum monachis sibi com (...)

« Quant aux prestaires et aux échanges, que l’abbé susdit les examine avec les moines qui lui sont confiés et qu’il fasse ce qu’il juge utile »106,

39et ne sépare pas les intérêts des moines de ceux de l’abbé :

  • 107 Ibid. : Predia uillarum que comprata sunt, uel a nobilibus uiris donate sunt uel erunt, usibus et (...)

« Que les dons de villae qui ont été accordés, ou qui ont été ou seront donnés par de nobles hommes, soient perpétuellement assujettis aux usages et nécessités des abbés et des moines, de telle sorte qu’ils aient en suffisance les biens spirituels et matériels et qu’ils plaisent à Dieu dans l’éternité »107.

  • 108 [AG 4, 863/864, p. 364] et [AG 5, 864, p. 364].
  • 109 Ces donations sont confirmées par l’évêque Advence [AE 6, 864 ?, p. 354].
  • 110 [AG g, 880, p. 366], [AG 10, 884 (ou 894), p. 367], [AG II, 885, p. 367] ; [AG 13, vers 886, p. 36 (...)
  • 111 Cf. les actes privés en faveur de Gorze, p. 375-382.
  • 112 [AG 19, p. 371].
  • 113 D’Herbomez, Cartulaire..., no 5, 757, p. 13-15.

40Ce même abbé, Betto, acte ensuite au nom de l’abbaye tout entière108 et effectue lui-même des dons à l’abbaye109. De nombreux actes, notamment les actes d’échange, sont passés conjointement par les moines et l’abbé110 et les donations sont faites à saint Gorgon ou à l’abbaye, et non spécifiquement aux moines111. La donation et reprise en précaire effectuée par l’abbé Wigéric en 914 est à cet égard particulièrement intéressante : l’abbé donne des biens à l’abbaye et les reprend en précaire, augmentés de la chapelle de Moivron et de ses dépendances ; à sa mort, les biens reviendront à l’abbaye112. Il ne prend en précaire qu’une partie de la villa de Moivron qui avait été donnée à l’abbaye par Chrodegang113 et, tout en faisant une donation importante, il s’en réserve l’usufruit ; il apparaît fort probable qu’il ne disposait pas d’une mense abbatiale et que ces terres en tenaient provisoirement lieu.

41Dans ces deux abbayes épiscopales, Saint-Èvre et Gorze, réformées à l’initiative des évêques dès le ixe siècle, la pratique des menses abbatiales et monastiques ne s’est donc pas imposée, peut-être parce que l’évêque entendait garder un contrôle étroit sur ces abbayes dont il était parfois l’abbé ou nommait l’abbé, même si, à Gorze de temps à autre, des abbés laïques ont pu être installés.

  • 114 [PSMi 1, p. 389].
  • 115 Diplômes de Louis le Bègue 877, 24 juin, Soissons [DSMi 11, p. 333] et de Charles le Simple, 915, (...)
  • 116 Parles diplômes de Zwentibold, 895,14 août, Trosly-sur-Loire [DSMi 12, p. 341], de Louis l’Enfant, (...)
  • 117 [DSMi 14, p. 344] et [DSMi 15, p. 347].

42Le cas de Saint-Mihiel, abbaye royale, est à la fois sensiblement différent et beaucoup plus clair. Dès le règne de Lothaire Ier (840-855), des biens sont réservés à l’entretien des moines114. Cette part est confirmée115 et augmentée au fil du siècle116. Dans le diplôme de Zwentibold de 895, des biens qui appartenaient auparavant à l’abbé sont donnés aux moines. Il y a donc là une stricte délimitation des deux menses, abbatiale et monastique, même si le terme n’apparaît pas encore. Cependant les diplômes qui confient au moine Uncrimnus des biens pris sur les propriétés du monastère117, et qui doivent ensuite revenir aux frères, suggèrent qu’il y avait une troisième part qui n’était pas réservée à l’abbé, ni aux moines et sur lesquels, puisque Saint-Mihiel est une abbaye royale, le roi avait un droit de regard : l’abbé Étienne demande au roi d’accorder la villa à Uncrimnus, il ne le fait pas lui-même ; l’accord du roi est tellement indispensable que cette donation est confirmée par Louis l’Enfant puis par Charles le Simple. Ces biens constituaient sans doute les réserves dans lesquelles le roi pouvait puiser pour accorder des précaires à ses fidèles et pouvaient aussi servir à l’entretien des bâtiments de l’abbaye, au luminaire...

  • 118 [APSMi 1, p. 384].

43Un contrat de précaire de 904 met en effet en scène, du côté de l’abbaye, trois personnages118 : l’abbé, l’avoué et le prévôt. La donation est faite à l’abbaye, les biens donnés en précaire appartiennent à l’abbaye, ni à la part de l’abbé, ni à celle des moines, et les revenus de cette précaire (le dixième des récoltes) reviendront à l’hospice et au luminaire, donc ni aux moines, ni à l’abbé. Ceci explique l’intervention des trois personnages : l’abbé qui a la responsabilité de l’abbaye, le prévôt qui gère les biens de la communauté monastique et l’avoué qui apparaît alors comme celui qui gère les biens communs à toute l’abbaye.

44Dans l’ensemble donc, la tendance semble être à la constitution de menses spécifiques à l’entretien des frères, mais avec des tâtonnements et des hésitations. Si les menses capitulaires sont établies au plus tard dans le dernier quart du ixe siècle, les situations sont plus contrastées dans les abbayes : les chanoines de Saint-Arnoul qui, comme leurs confrères du chapitre cathédral de Metz, dépendent étroitement de l’évêque, ont des biens en propre dès la fin de la première moitié du ixe siècle, grâce à la protection royale, alors que les abbayes épiscopales, en principe régulières de Saint-Èvre et de Gorze, ne paraissent pas connaître le partage en menses. En revanche, les moines des abbayes royales, comme Moyenmoutier et Saint-Mihiel, en principe soumises à la réforme de Benoît d’Aniane, obtiennent la protection des revenus nécessaires à la vie régulière par la constitution de menses monastiques. Il semble donc que les évêques répugnent à appliquer dans leurs abbayes le partage en menses qu’ils ont dû accepter pour leur chapitre et préfèrent garder un contrôle étroit sur elles, alors que le pouvoir royal a tendance à favoriser la constitution des menses monastiques qui garantissent la vie régulière des communautés tout en leur permettant d’y nommer des abbés laïques ou séculiers.

45L’étude, aussi fragmentaire soit-elle, des biens fonciers des communautés religieuses montre qu’au cours de notre période ils sont loin de s’étioler. Certes la pratique des précaires peut parfois aboutir à une distraction des biens de l’abbaye au profit de quelques personnages, mais elle permet aussi la rentrée de revenus réguliers et le bon entretien des terres. L’imposante propriété foncière de Gorze, à peine entamée par les précaires de la famille de l’abbé laïque Bivin, montre qu’au début du xe siècle, on était loin du tableau catastrophique que dresse Jean de Saint-Arnoul, l’auteur de la Vie de Jean de Gorze. Les moines de Gorze, de Saint-Èvre et de Saint-Mihiel, comme les chanoines du chapitre de Toul et les religieux de Saint-Arnoul, avaient de quoi vivre, quelle que soit l’importance des détournements et prélèvements exercés sur leurs biens par leurs « protecteurs », laïques ou ecclésiastiques.

Notes

1 Cf. R. Schieffer, Die Entstehung..., p. 271-276 ; R. Schieffer a mis en évidence que l’établissement des menses canoniales, ou à tout le moins leur confirmation par le souverain, étaient plus précoces en Lotharingie, à l’image de ce qui se passait en Francie occidentale, que dans le reste du royaume franc de l’Est (p. 280-281).

2 A. Lesort, Chronique et chartes..., no 3, p. 52-54.

3 Ibid., no 6, p. 60-62.

4 Le prieuré a été fondé par l’abbé Fulrad sur des biens familiaux et augmentés de biens d’origine fiscale par Charlemagne en 775 (MGH DK 1, no 107, p. 152 ; ChLA XVI, 1986, no 620, p. 8-9).

5 D’herbomez, Cartulaire..., no 1, 745, p. 1-4.

6 Il faut laisser de côté la plus grande partie des biens du pays de Worms énumérés dans la charte no 11 de 766 (ibid., p. 24-28) dont Ch.-E. Perrin a bien montré qu’il s’agissait d’un faux de la première moitié du xie siècle (Recherches..., p. 196-215). À notre époque, Gorze ne possède dans cette région que l’église et la dîme de Pfeddersheim. Sur les possessions de l’Église de Metz dans le Wormsgau transmises à l’abbaye de Gorze, cf. A. Gerlich, « Der Metzer Besitz » et surtout, C. Sibertin-Blanc, « Les anciennes possessions... ».

7 D’herbomez, Cartulaire..., no 2, 754, p. 2-7. Sur ces biens, cf. M. Bur, « Les possessions de Gorze en Champagne... », en particulier p. 170-177 : à l’exception de Vanault, plus aucun document ne permet de connaître le devenir des possessions de Gorze en Champagne au-delà du milieu du xe siècle ; du même auteur également, « De la ville d’Olonne à la ville de Saint-Dizier, du viiie au xiiie siècle », p. 288-291.

8 [APG 11 et 12, 874 ?, p. 378-379].

9 La villa de Quincy a été donnée par le comte Boson en échange de la précaire de Varangéville et de Voisage [APG 18, 913/914 ?, p. 381] qui avaient été auparavant donnés et repris en précaire par la reine Richilde [APG 15 et 16, 910, p. 380]. Ch.-E. Perrin se demandait si l’abbaye est jamais véritablement rentrée en possession de Quincy (Recherches..., p. 171-179).

10 Ainsi, il ne contient pas la charte de précaire d’Anselme, pourtant toujours conservée en original [APSA 1/2, 848, p. 383].

11 J. Barbier, « Fisc et Ban... ».

12 Ils concernent Gorze [AG 16, 894, p. 369] et [AG 18, 912, p. 370], Remiremont [AR 1, vers 820/830, p. 372] et [AR 2, vers 925/931, p. 372], Saint-Arnoul de Metz [ASA 1, 931, p. 373] et Saint-Pierre-aux-Nonnains [ASP 1, 918, p. 374].

13 Il concernent Gorze [APG 10, 875, p. 378], [APG 13, 898, p. 379] [APG 18, 913/914 ?, p. 381], Saint-Mihiel [APSMi 1, 904, p. 384] et Saint-Vanne-de-Verdun [APSV 2, 911/923, p. 385].

14 Donation et précaire se répondent ainsi dans les actes suivants : pour Gorze [APG 4 et 5, 848, p. 376], [APG 6 et 7, 856, p. 377], [APG 8 et 9, 857, p. 377-378], [APG 11 et 12, 874 ?, p. 378-379] et pour Saint-Arnoul [APSA 1/2, 848, p. 383].

15 En 889, 9 juillet, Francfort [DSA 6, p. 338], Arnulf donne des biens à son médecin Amandus et en 892, 25 avril, Ratisbonne [DSA 7, p. 339], il les remet aux frères de Saint-Arnoul.

16 Donation effectuée par Louis l’Enfant, 904, 26 novembre Tribur, [DSMi 14, p. 344].

17 MGH Epistolae 5, Karolini aevi 3, Frotharii episcopi Tullensis epistolae, p. 289-290, no 20 ; La correspondance..., no 14, p. 118-119.

18 [AR 1, 820/30, p. 372].

19 [APG 18, 913/914 ?, p. 381] ; Ch. E. Perrin a remarqué que cet échange lui permettait de garder des biens autrefois tenus en précaire par sa tante Richilde (Recherches..., p. 174).

20 AE 4 [858/59, p. 353], [APG 6 et 7, 856, p. 377], [APG 8 et 9, 857, p. 377-378], [APG 11 et 12, 874 ?, p. 378-379], [APG 13, 878, p. 379], [APG 15 et 16, 910, p. 380].

21 Diplôme de Lothaire II, 856,12 novembre, Saint-Avold [DSA 3, p. 329].

22 [APG 15 et 16, 910, p. 380].

23 D’herbomez, Cartulaire..., no 12, p. 28-32.

24 Sur les différentes formes de précaires et leur origine, cf. L. Morelle, « Les actes de précaire ».

25 Précaire sises sur les biens de Gorze par Drogon [AE 3, 849, p. 353] et Robert [AE 12, 903, p. 357].

26 Sur les biens de Saint-Étienne-de-Metz par Walo [AE 8, 881/82, p. 355], par Benno [AE 17, 927/928, p. 360], sur les biens de l’Église de Toul par Gauzelin qui obtient confirmation du roi Charles le Simple en 912,13 février, Rouffach [DT 13, p. 346] ; Gauzelin renouvelle la même précaire en 923 [AE 16, p. 359], l’augmente en 923/931 [AE 18, p. 361], et octroie encore une autre précaire à un autre bénéficiare en 931 [AE 19, p. 361].

27 Par l’archevêque Drogon en tant qu’abbé de Gorze en 848 [APSA 1/2, p. 383] et [APG 5, p. 376], par l’abbé de Gorze en 863 [AG 4, p. 364], en 894 [AG r6, p. 369] ; en 914, l’abbé de Gorze Wigéric reprend en précaire la donation qu’il avait faite au monastère de Gorze, augmentée d’une villa [AG 19, p. 371] ; par l’abbé, l’avoué et le prévôt de Saint-Mihiel en 904 [APSMi r, p. 384], par l’abbé (laïque) de Saint-Pierre-aux-Nonnains en 918 [ASP 1, p. 374], par l’évêque Dadon et les chanoines de Saint-Vanne-de-Verdun en 911/923 [APSV 2, p. 385], par l’abbesse de Remiremont et l’auctor Boso en 925/931 [AR 2, p. 372].

28 [AG 16, 894, p. 369].

29 [AG 19, 914, p. 371].

30 [APG 11 et 12, 874 ?, p. 378-379].

31 C’est aussi l’avis de M. Parusse : selon lui, « à la question de savoir si les précaires provoquaient un réel enrichissement de l’abbaye, la réponse est sans ambage positive... », « Noblesse et monastères... », p. 180.

32 Cf. infra, chapitre 7, p. 239.

33 [APG 1, 2, et 3, p. 375].

34 Comme en [AG 4 et 5, p. 364] par exemple ; cf. L. Morelle, « Les actes de précaires... », sur l’évolution de la rédaction de ces contrats de précaire.

35 [ASE 1, 916, p. 373] et [APG 17, 912 ?, p. 381].

36 [APSV 1, 882, p. 385].

37 [PR 1, 896-900, p. 387 et PR2, vers 910, p. 387].

38 [AE 11, 898, p. 357] et [PT 11, p. 391].

39 [PT 14, p. 392].

40 [ASMi 1, p. 374].

41 [AE 15, p. 359].

42 [AG 7, p. 365].

43 [AG 11, p. 367].

44 [AG 13, p. 368].

45 [AG 14, p. 368].

46 Ier septembre, Metz (ou Toul) [DT 11, p. 344].

47 Échange confirmé par un diplôme de Louis le Pieux, 824,16 août, Compiègne [DSMi 4, p. 322].

48 [AG 1, 824 ?, p. 363].

49 [AG 20, 922, p. 371].

50 Échange effectué par l’évêque Walo avec le consentement de l’abbé Bovo [AE 7, 878 ?, p. 355].

51 [AG 8, 871 ?, p. 366].

52 [AG 9, 880, p. 366].

53 [AG 3, 851, p. 364].

54 [AG 10, 884 ? ou 894, p. 367].

55 [AG 17, 895, p. 370].

56 [AG 2, 849 ?, p. 363] ; la villa de Varangéville a été donnée à Gorze par l’évêque Angilram en 770 (D’Herbomez, Cartulaire..., no 12).

57 [AG 5, 864, p. 364] ; l’abbé et les moines de Prüm obtiennent ainsi un emplacement sur le portus de la Moselle à Metz.

58 [APG 14, ap. 906 ?, p. 380].

59 Construction autorisée par l’évêque de Metz, Robert [AE 13, 906, p. 358].

60 [AG 3, 851, p. 364].

61 [APG 4, 848, p. 376] et [APG 8, 857, p. 377].

62 [APG 6, 856, p. 377].

63 Cf. infra, chapitre 5, p. 164.

64 [AE 1, p. 352].

65 24 novembre, Gondreville [DSE 1, p. 330].

66 21 juin, Étrepy [DSE 2, p. 337).

67 6 août, Metz [DT 2, p. 329].

68 9 décembre, Compiègne [DT 3, p. 334].

69 2 février, Florange [DT 7, p. 339].

70 [PT 4, 869/77, p. 390].

71 [AE 1, 820/830, p. 352] : His quoque addimus uillam Stephani, excepta basilica eiusdem, quam uillam pro cummutatione alterius uillae ad eandem cellam respicientis, que dicitur Boniriacus, illic restituimus. Addimus quoque Siglini curtem praeter Grimaldi uicinium et praeter basilicam in Crepiaco. Adiectimus Siccumuidum praeter capellam, Mannonis curtem ex integro, Stadonis, Bladenaco et Masellos...

72 AA SS, sept., V, 70-78.

73 Ibid., § 18, p. 74-75. : (...) sed quantum ad bumanos occulos minus, ut homo, spiritualibus deuote inten tus, congregationibus monasteriorum, monachorum scilicet ac canonicorum, non ut pius consul patronusque aderat, sed ut rigidus gubernator praeerat, libere eorum bona, a bonis pro redemptione peccaminum concessa, tamquam sua sibi accipiens, et pro libitu dispertiens.

74 Ibid., § 21, p. 75 : (...) seque in ciuitate sepeleri mandauit ; multis mirantibus, cum nullus ante fecerit, qui iam pridem sepulturam apud monasterium B. Apri in suburbio delegerat.

75 Selon É. Lesne, L’origine des menses, p. 65-68 et D. Geuenich, « Kritische Anmerkungen... », p. 110 ; Ardonis Vita Benedicti, MGH SS 15,1, p. 218 : His uero monasteriis quae sub canonicorum relicta sunt potestate constituis eis segregatim unde uiuere regulariter possent, cetera abbati concessi. On remarquera qu’il n’est pas question d’abbés laïques.

76 É. Lesne, L'origine des menses, p. 86 : Frothaire ne crée pas lui-même la mense, il renvoie les moines à l’audience de l’empereur (mais c’est différent si l’abbaye fait partie des biens de l’évêque ; l’évêque en est propriétaire, il peut donc créer la mense tout seul).

77 Pour désigner la mense des chanoines de Toul : [AE 18, 923-931, p. 360].

78 MGH Epistolae 5, Karolini aevi 3, Frotharii episcopi Tullensis epistolae, p. 290-291, no 21 et La correspondance..., no 3, p. 94-97 : Ad aures misericordiae uestrae reducimus, piissime imperator, ego Frotharius episcopus et Smaracdus abba, quod tempore Fortunati Mediolanensis monasterii abbatis per iussionem uestram Smaracdus ipsius monasterii monachis portionem de abbatia dedit, ut regulariter uiuerent. La mense fut sans doute établie sous le règne de Charlemagne puisque c’est celui-ci qui plaça Fortunat, patriarche de Grado en exil, à la tête de l’abbaye.

79 Ibid. : Sed cum suscepisset Hismundus ipsum monasterium, recepit illorum portionem et promisit se eis omnia necessaria regulariter administraturum...

80 Ibid. : Quod quia ipse sine uestra iussione nullatenus se facturum dixit, ideo illi omnes pariter communi intencione communique precae postulauerunt, ut illis licentiam daremus ad uestrae pietatis praesenciam recurrendi et uestram misericordiam implorandi, dicentes se magis uelle de eodem monasterio expelli et in peregrinatione et mendicitate uiuere, quam falsis promissionibus ulterius credere et subfalso monachorum nomine militare. Quamobrem dedimus eis licenciam ad uos ueniendi.

81 Cf. R. Schieffer, Die Entstehung..., p. 145-146.

82 12 juin, Toul [DT 4, p. 336].

83 21 juin, Étrepy [DT 5, p. 337] ; mais en 891, 9 octobre [DT 6, p. 338], le roi Arnulf rend à l’Église de Toul, sans autre précision, ce même domaine qui lui a été enlevé.

84 Par Arnulf, le 13 juin à Worms [DT 9, p. 341].

85 [PT 11 et 14, p. 391-392] et [AE 11, 898, p. 357].

86 Ier septembre, Metz (ou Toul ?) [DT 11, p. 344].

87 922, 4 mars, Emmerich [DT 14, p. 348].

88 [AE 18, 923-931, p. 360].

89 Cf. infra, chapitre 6, p. 199-202.

90 Vita Iohannis Gorziensis, éd. et trad. M. Parisse, La Vie de Jean..., p. 57-65.

91 [PV 1, p. 392].

92 [PV 7, p. 393].

93 24 février, Worms [DSA 2, p. 327].

94 23 novembre, Metz [DSA 5, p. 332].

95 [AE 9, p. 356].

96 25 avril, Ratisbonne [DSA 7, p. 339].

97 25 avril, Ratisbonne [DSA 8, p. 339].

98 En 869, 9 septembre, Metz, les biens donnés par Charles le Chauve à l’abbaye sont destinés au luminaire et à l’achat du vin de messe [DSA 4, p. 330]. La même pratique est attestée à Gorze où l’évêque Advence donne des biens pour le luminaire en 859 (cf. infra, p. 116), ou encore à Salonnes où, en 896, Zwentibold attribue des villae au luminaire et à l’hospitalité des pauvres (896, 22 janvier, Schweighausen [DSal 1, p. 341]. La même remarque est faite par J. Choux, « Décadence et réforme... », p. 61.

99 [AE 1, p. 352] : Uerum ne eandem regularem custodiam ob inopiam terrenarum rerum umquam tepescere contingat, contigit ut prius, confirmamus eorum usibus uillas, que actenus eis utcumque deseruierunt, id est...

100 24 novembre, Gondreville [DSE 1, p. 330] ; ce diplôme rappelle ainsi les dispositions prises par Frothaire concernant les biens : (...) confirmauerat, tam ex rebus suae ecclesiae beati protomartyris Stephani quamque ex eiusdem monasterii sancti Apri usibus et necessitatibus monachorum ibi Domino famulantium quibusdam uillis sufficienter ditauerat...

101 21 juin, Étrepy [DSE 2, p. 337].

102 28 décembre, Toul [DSE 4, p. 342].

103 1er septembre, Metz [DSE 5, p. 345].

104 [ASE 1, p. 373].

105 [AE 4, p. 353].

106 [AE 5, p. 354] : Prestarias autem et commutationes preuideat perdictus abbas cum monachis sibi commissis et quod utile iudicauerit facias.

107 Ibid. : Predia uillarum que comprata sunt, uel a nobilibus uiris donate sunt uel erunt, usibus et dispositionibus abbatis et monachorum perpetualiter subdantur, ut spiritualia et temporalia habeant sufficienter et Deo in perpetuum placeant.

108 [AG 4, 863/864, p. 364] et [AG 5, 864, p. 364].

109 Ces donations sont confirmées par l’évêque Advence [AE 6, 864 ?, p. 354].

110 [AG g, 880, p. 366], [AG 10, 884 (ou 894), p. 367], [AG II, 885, p. 367] ; [AG 13, vers 886, p. 368], [AG 14, 888, p. 368], [AG 15, 890, p. 369], [AG 16, 894, p. 369], [AG 17, 895, p. 370].

111 Cf. les actes privés en faveur de Gorze, p. 375-382.

112 [AG 19, p. 371].

113 D’Herbomez, Cartulaire..., no 5, 757, p. 13-15.

114 [PSMi 1, p. 389].

115 Diplômes de Louis le Bègue 877, 24 juin, Soissons [DSMi 11, p. 333] et de Charles le Simple, 915, 27 novembre, Thionville [DSMi 16, p. 347].

116 Parles diplômes de Zwentibold, 895,14 août, Trosly-sur-Loire [DSMi 12, p. 341], de Louis l’Enfant, 904, 26 novembre, Tribur [DSMi 14, p. 344] et de Charles le Simple 898,13 février, Compiègne [DSMi 13, p. 342] et 913,11 juin, Saint-Arnoul de Metz [DSMi 15, p. 347].

117 [DSMi 14, p. 344] et [DSMi 15, p. 347].

118 [APSMi 1, p. 384].

Table des illustrations

Titre Fig. 10 – Localisation des biens de Saint-Èvre de Toul
Légende Numéro : lieu où est située une possession de l'abbaye Saint-Évre. En capitales, les autres localités importants.
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Titre Fig. 11 – Localisation des biens du chapitre de Toul
Légende Numéro : lieu où est situé une possession du chapitre de Toul. En capital, les autres localités importants.
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Titre Les biens fonciers de Saint-Arnoul
Légende Nature des possessions : E, église ; D, dîmes ; F, forêt ; M, manses (avec nombre en indice) ; Ms, manse seigneurial ; Mo, moulin ; T, terres ; P, prés ; V, vignes. En gras, les villae entières.
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Titre Fig. 12 - Localisation des biens de Saint-Arnoul
Légende Numéro : lieu où est situé une possession du chapitre de Toul. En capital, les autres localités importants.
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Titre Les biens fonciers de Saint-Mihiel
Légende Nature des possessions : E, église ; D, dîmes ; F, forêt ; M, manses (avec nombre en indice) ; Ms, manse seigneurial ; Mo, moulin ; T, terres ; P, prés ; V, vignes. En gras, les villae entières.
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12749/img-5.jpg
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Titre Fig. 13 – Localisation des biens de Saint-Mihiel
Légende Numéro : lieu où est situé une possession du chapitre de Toul. En capital, les autres localités importants.
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Titre Les biens fonciers de Gorze avant 816
Légende Nature des possessions : E, église ; D, dîmes ; F, forêt ; M, manses (avec nombre en indice) ; Ms, manse seigneurial ; Mo, moulin ; T, terres ; P, prés ; V, vignes. En gras, les villae entières.
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Titre Les biens fonciers de Gorze après 816
Légende Nature des possessions : E, église ; D, dîmes ; F, forêt ; M, manses (avec nombre en indice) ; Ms, manse seigneurial ; Mo, moulin ; T, terres ; P, prés ; V, vignes. En gras, les villae entières.
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12749/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 303k
Titre Fig. 14 – Localisation des biens de Gorze (possessions lorraines)
Légende Numéro : lieu où est situé une possession du chapitre de Toul. En capital, les autres localités importants.
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Fichier image/jpeg, 156k
Titre Fig. 15 - Localisation des biens de Gorze (possessions lointaines)
Légende Numéro : lieu où est situé une possession du chapitre de Toul. En capital, les autres localités importants.
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Titre Fig. 16 – Localités mentionnées dans les notices de Tradition du Liber Memorialis aux ixe et xe siècles
Légende 1 Aboncourt, 542 Amance, 543 Aroffe, 884 Attignéville, 885 Avrainville, 886 Bains-les-Bains (Les Fontenelles), 887 Barville, 888 Baudricourt, 889 Beauménil, 8810 Bouxières-aux-Bois, 8811 Cemboing, 7012 Champenoux, 5413 Charmes, 8814 Colombey, 5415 Crévic, 5416 Derbamont (Gosselancourt), 8817 Dignonville, 8818 Docelle, 8819 Dolaincourt, 8820 Domèvre, 8821 Dompaire (Noglaincourt), 8822 Esley, 8823 Fénétrange, 5724 Flévy (Chelaincourt), 5725 Frénois, 8826 Grandfontaines, 6727 Gugney-aux-Aulx, 8828 Hagécourt, 8829 Hannocourt,30 Hennecourt, 8831 Igney, 8832 Jévoncourt, 5433 Légéville, 8834 Lennoncourt, 5435 Lerrain, 8836 Letricourt, 5437 Manoncourt-en-Vermois, 5438 Marey, 8839 Mirecourt (Otbalt), 8840 Moncourt, 5741 Monthurreux, 8842 Nonzéville, 8843 Offroicourt, 8844 Ogy, 5746 Pont-les-Bonfays, 8847 Rainville, 8848 Rancourt, 8849 Remoncourt, 8850 Roville, 8851 Saint-Paul, 8852 Senonges, 8853 Séraucourt, 5554 Suriauville, 8855 Thuillière (Frizécourt), 8856 Totainville, 8857 Uxegney, 8858 Valfroicourt, 8859 Valleroy-le-Sec (Marchainville), 8860 Varnéville, 5561 Vomécourt, 8862 Xertigny, 8863 Zimmersheim, 68
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