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Le malheur d’être exclu ?

 | 
Véronique Beaulande

Troisième partie. La « honte du pouvoir des clefs »

Chapitre 5. Le nombre des excommuniés, une question ouverte

Texte intégral

  • 1 Febvre (L.), loc. cit.
  • 2 Paravy (P.), De la Chrétienté romaine à la Réforme en Dauphiné (vers 1340-vers 1530), Rome, 1993, s (...)

1L’usage abusif de l’excommunication à la fin du Moyen Âge est un leitmotiv aussi bien chez les auteurs médiévaux – il est dénoncé par Nicolas de Clamanges, Gerson ou encore Guy de Roye – que dans les études contemporaines. L’article de Lucien Febvre pour le xvie siècle en Franche-Comté fait référence pour aborder ce problème1, mais il éclaire une cause spécifique d’excommunication, les dettes impayées. Les éléments donnés par Pierrette Paravy, grâce aux comptes rendus des visites pastorales conservés pour le Dauphiné, concernent l’excommunication en général, sans donner la cause de la censure : lors de la visite du diocèse de Grenoble de 1399-1414, une paroisse sur cinq compte des excommuniés, ce qui semble beaucoup trop aux prélats grenoblois. La violence des réactions face aux censures jugées abusives augmente dans la première moitié du xve siècle2. Qu’en est-il dans la province de Reims ?

Un phénomène difficile à cerner

2Mesurer l’importance de l’excommunication est un exercice périlleux. En effet, les registres des excommuniés demandés par les évêques ne nous sont très généralement pas parvenus. Les sentences écrites, transmises aux fidèles ainsi punis, ont également disparu. Il s’agit donc de faire parler des sources souvent confuses et imprécises. La première difficulté rencontrée est chronologique. Nos sources sont limitées au xve siècle et au début du xvie siècle. Seules les officialités ont laissé des documents relativement nombreux, susceptibles d’être analysés en terme quantitatifs. Or, en dehors du registre aux comptes de l’officialité d’Arras de 1328, tous les autres documents d’officialité de la province de Reims datent des xve-xvie siècles. Pour les années antérieures, nous ne disposons que de quelques actes, utilisables sur un plan qualitatif, mais non révélateurs d’une situation générale. Nous donnerons donc des données ponctuelles dans le temps. De plus, pour une vision de la réalité de l’excommunication, nous ne pourrons évoquer de manière précise que trois diocèses sur les douze que comprend la province, à savoir Châlons, Cambrai et Tournai. Il est possible également de présenter la situation dans le diocèse d’Arras, de manière très ponctuelle, au début du xive siècle. Et encore faut-il alors manier avec prudence nos sources, fort lacunaires.

  • 3 AD Marne, G 921, f° 66, 1472.
  • 4 Exemple en 1473 dans le diocèse de Châlons, AD Marne, G 921, f° 70.

3Nous avons déjà évoqué en analysant les textes conciliaires et synodaux les difficultés liées au vocabulaire ; fort logiquement, les sources de la pratique utilisent les mêmes expressions, avec toute l’ambiguïté qu’elles peuvent contenir. L’interdit personnel, par exemple, si peu cité dans la législation, prend plus d’importance dans la pratique. Cependant, les termes sont généralement clairs, les notions plus ouvertement pénitentielles comme l’interdiction d’entrer dans l’église et la privation de sépulture chrétienne n’étant pas utilisées au for externe que représente l’officialité. La seule réelle ambiguïté concerne l’usage du terme « absolution » : lorsqu’un fidèle est cité devant l’officialité parce qu’il n’a pas communié à Pâques, et que la décision inscrite en marge est : « Qu’il soit absous et reçoive [la communion] avant dimanche en huit »3, que devons-nous comprendre ? Que l’intéressé doit d’abord être absous de l’excommunication qui l’a empêché de recevoir l’eucharistie pascale ou qu’il doit se confesser avant de réparer sa négligence ? De la même manière, un homme accusé de coups sur un clerc, dont nous avons vu que c’est théoriquement une cause d’excommunication latae sententiae, à qui l’officiai enjoint de se faire absoudre4 : s’agit-il d’une mesure sacramentaire ou de la réparation de la censure encourue de fait, alors que celle-ci n’est même pas rappelée par le greffier ? Devant ces incertitudes, nous avons choisi la prudence. Les registres aux comptes se révèlent plus fiables que les journaliers d’audience – sources qui ne sont disponibles que pour l’officialité châlonnaise. Les registres de sentences seraient a priori les moins discutables de nos sources. En fait, leur contenu est très partiel : toute une partie des excommunications fulminées ne s’y retrouvent pas, soit qu’elles soient prononcées contre un débiteur récalcitrant, soit qu’elles aient été utilisées lors d’un procès, l’absolution étant prononcée avant la sentence définitive transcrite.

  • 5 AD Marne, G 901 et G 921.
  • 6 Vleeschouwers (C.) et van Melkebeek (M.) éd., Registres de sentences..., p. 767-840.
  • 7 Cette prescription est prévue pour les diocèses de la province par le règlement élaboré au concile (...)
  • 8 AD Nord, 14 G 107 bis : registre des interdits et excommuniés, doyennés de Bruges, Oudenbourg, Aard (...)
  • 9 Vleeschouwers-van Melkebeek (M.) éd., Compotus...
  • 10 AD Oise, G 4591 à G 4597. Le premier registre, daté de 1382-1383, est inutilisable pour notre propo (...)

4Les trois types de registres conservés donnent donc des éléments différents, qui limitent d’ailleurs la comparaison. Ainsi, pour le diocèse de Châlons, le registre aux comptes de l’année 1477-1478 donne 1 565 excommunications (plus exactement, 1 565 absolutions d’excommunications) ; or, le journalier d’audiences pour l’année 1474-1475 (la plus proche chronologiquement) ne comprend aucune excommunication comme peine5. Il n’existe pas de registre de sentences pour ces années, mais dans le diocèse de Cambrai, pour l’année 1452-1453 (prise en exemple parce que la plus proche des deux dates précédentes), nous ne trouvons que deux excommunications comme peine6. De ces exemples ressort immédiatement la difficulté à comptabiliser les excommuniés en l’absence de comptes rendus de visites pastorales. Lors de ces visites, l’évêque ou son représentant devaient interroger le curé sur le nombre et les noms de ses paroissiens excommuniés, ainsi que sur les causes pour lesquelles ils encouraient cette censure7. En théorie, les registres tenus par les curés contiennent les mêmes renseignements. Pour toute la province de Reims, il n’existe qu’un registre de ce type, qui se révèle limité dans son contenu, puisqu’il omet les causes d’excommunication8. Nous devons donc travailler sur des données par définition incomplètes. Les listes d’excommuniés contenues dans les registres de comptes sont en fait des listes d’absolutions, si bien qu’un certain nombre d’entre eux peuvent échapper à cet inventaire, s’ils n’ont pas versé l’amende qui leur permettra d’avoir de nouveau accès aux sacrements. Les registres de sentences ne mentionnent que les excommunications encourues comme peine conclusive d’un procès. Les journaliers d’audience sont souvent incomplets, les affaires n’étant pas forcément entièrement transcrites dans un même registre. Les registres d’amendes peuvent s’avérer intéressants au plus haut point, comme ceux de Tournai, qui citent aussi bien les absolutions d’excommuniés que les excommunications encourues en sus d’une amende9, ou plus décevants comme ceux de Beauvais qui énumèrent les amendes sans forcément citer les causes, et ne contiennent pas de listes d’absolutions10. Malgré ces limites, il est possible de donner des aperçus du nombre d’excommuniés, et donc de l’importance du phénomène de l’exclusion religieuse dans la société de la fin du Moyen Âge.

Des valeurs absolues à relativiser

  • 11 AD Nord, 14 G 107 bis.
  • 12 Nous utilisons le terme générique d’« excommuniés » aussi bien pour les excommuniés que pour les in (...)
  • 13 Étudié par Jacques Toussaert, op. cit., p. 438-442.
  • 14 Le tableau comprend en tout 43 paroisses, dont trois sans excommuniés et une extérieure au doyenné  (...)

5L’officialité de Tournai a laissé un registre des interdits et excommuniés, pour trois doyennés du diocèse. Ce registre11 se présente, comme les listes d’absolutions contenues dans les registres d’amendes, comme une énumération de noms, classés par paroisse, l’amende payée par chaque individu étant précisée. Le nombre d’interdits et d’excommuniés se répartit comme indiqué dans le tableau XVII. Les chiffres peuvent être précisés pour le doyenné d’Oudenbourg qui possède également un registre des excommuniés12 pour les années 1450-145413. Jacques Toussaert y a relevé 1 667 citations pour 44 paroisses. La moyenne annuelle serait donc de 416 pour l’ensemble du doyenné, soit plus de quatre fois plus que les chiffres donnés par le registre conservé à Lille (91 excommuniés et interdits en 1441-1442). Qu’en conclure ? Un élément est donné par la mention des paroisses : le registre étudié n’en cite que 29, sur les 44 que comprend la circonscription. Le tableau dressé par Jacques Toussaert énumère quarante paroisses ayant des excommuniés, dont une extérieure au doyenné14. Le registre le plus ancien serait-il incomplet ? Une comparaison menée par paroisse témoigne que le problème n’est pas seulement dû à l’absence, justifiée ou non, de certaines paroisses. Ainsi, le chef-lieu du doyenné, Oudenbourg, compte six excommuniés/interdits en 1441-1442, mais 62 pour les années 1450-1454, soit une moyenne de 15 sur une année.

Tableau XVII. Excommuniés et interdits dans trois doyennés du diocèse de Tournai, 1441-1442

Doyenné

Nombre d’individus

Bruges

786

Oudenbourg

91

Aardenbourg

87

  • 15 On est loin des cinquantaines évoquées dans les statuts synodaux de Reims un siècle plus tôt : ce t (...)

6Nous avons comparé le nombre d’excommuniés connus dans les paroisses citées dans les deux registres, soit 27 paroisses (tableau XVIII). L’écart entre les deux registres s’avère très important. Trois paroisses seulement ont moins d’excommuniés en 1450-1454 qu’en 1441-1442, dont deux avec des chiffres bas et un écart faible, qui les rapprochent des deux paroisses pointées à un niveau identique pour les mêmes périodes. La grande majorité en revanche comprend trois à quatre fois plus d’excommuniés. La proximité chronologique entre les deux registres rend cette différence encore plus surprenante. Doit-on conclure à un sous-enregistrement en 1441-1442 ? Le registre de 1450-1454 concerne spécifiquement le doyenné d’Oudenbourg, contrairement à celui de 1441-1442 qui s’intéresse à trois doyennés, dont celui de Bruges qui, avec 52 paroisses, réunit 786 excommuniés soit une moyenne de quinze individus par communauté15. Nous sommes donc plus proches pour le doyenné de Bruges des chiffres donnés pour 1450-1454, l’écart se justifiant cette fois-ci par le poids de la ville de Bruges. Nous pouvons alors penser que le recensement des excommuniés des doyennés d’Oudenbourg et Aardenbourg contenu dans le même registre que ceux du doyenné de Bruges ne serait qu’un complément de registres spécifiquement décanaux ; nous n’avons alors guère de moyen d’expliquer cet état de fait. Dans l’hypothèse où le registre de 1441-1442 serait effectivement complet, l’énigme est aussi grande. Les dix ans d’écart ne suffisent pas à supposer un fort mouvement de population d’une paroisse à une autre ! Nous pensons donc qu’il faut une fois de plus invoquer le caractère partiel de nos sources.

Tableau XVIII. Nombre d’excommuniés par paroisse dans le doyenné d’Oudenbourg

  • 16 Nous avons respecté la forme flamande utilisée par Jacques Toussaert et utilisé l’ordre alphabétiqu (...)
  • 17 AD Nord, 14 G 107 bis, f° 30v à 36v.
  • 18 Moyenne établie en divisant par quatre les chiffres donnés par Jacques Toussaert, op. cil., p. 440- (...)
  • 19 Il y a trois cas en quatre ans.
  • 20 Là encore, moyenne arrondie à l’unité.

Paroisse16

1441-144217

Moyenne des années 1450-145418

Oudenburg

6

15

Aartrijke

13

2

Aarlebaldi Capelle (Slijpe)

3

17

Bovekerke

3

3

Eernegem

4

14

Gistel

6

20

Ichtegem

2

7

Keiem

2

12

Klemskerke

6

12

Koekelaere

3

18

Leffinge

5

12

Leke

5

9

Mannekensvere

1

4

Middelkerke

1

20

Moere

1

10

Onckevliet

1

8

Ostende

1

17

Stene

3

1

Schore

5

12

Torhout

2

23

Vladslo

3

12

Westende

2

< 119

Westkerke

2

4

Wilskerke

1

2

Zandvoorde

3

4

Zarren

1

11

Zevekote

3

17

Moyenne / paroisse20

3

11

Les données des trois doyennés

7Le registre de 1441-1442 donne en tout 964 individus excommuniés. Les trois doyennés cités constituent l’archidiaconé de Bruges. Rappelons l’existence dans cette dernière ville d’une officialité foraine, ce qui explique la double énumération des excommuniés « par la cour de Tournai » et « par la cour de Bruges ». Cette dualité ne concerne cependant que le doyenné même de Bruges : les doyennés d’Oudenbourg et Aardenbourg dépendent entièrement de Tournai.

  • 21 Mais seulement 962 amendes : nous rencontrons deux fois des couples cités en même temps. Une veuve, (...)
  • 22 Dans le doyenné de Bruges, nous trouvons des excommuniés dans 46 paroisses sur 52 : 13 paroisses ur (...)
  • 23 Deux cent quarante-six individus pour 13 paroisses citées.
  • 24 Toussaert (J.), op. cit., p. 27.
  • 25 Ibid., p. 168.
  • 26 AD Nord, 14 G 107 bis, f° 7.
  • 27 Toussaert (J.), op. cit., p. 170.
  • 28 AD Nord, 14 G 107 bis, f° 7v.
  • 29 La notion de pascalisant n’étant pas contradictoire avec celle d’excommunié, puisque c’est générale (...)
  • 30 Toussaert (J.), op. cit., p. 173.
  • 31 AD Nord, 14G 107 bis, f° 18v.

8Neuf cent soixante-quatre excommuniés ou interdits21, donc, pour 96 paroisses, soit une moyenne de dix individus par communauté : nous obtenons les mêmes résultats que Jacques Toussaert pour le seul doyenné d’Oudenbourg, mais les données par doyenné obligent à reconsidérer cette équivalence. Dans l’hypothèse où le registre est complet, nous ne pouvons guère donner d’explication à l’écart entre les deux listes. Les différences entre les trois doyennés sont à souligner également. Elles ne sont pas seulement absolues ; en moyenne, nous relevons quinze excommuniés par paroisse dans le doyenné de Bruges, trois dans celui d’Oudenbourg, quatre dans celui d’Aardenbourg. Dans ce dernier doyenné, 21 paroisses sont citées sur les 31 que comprend la circonscription22. Les doyennés « ruraux » compteraient donc beaucoup moins d’individus « censurés » que celui de Bruges. Les paroisses de la ville comptent à elles seules 246 excommuniés, soit 19 par paroisse23. Cette importance du phénomène n’a cependant pas de sens dans l’absolu : il faut tenter d’établir un rapport avec la population totale. La ville de Bruges aurait eu vers 1340 de 35 000 à 42 076 habitants24 ; en prenant l’hypothèse basse, nous obtenons donc 0,7 % de la population qui serait excommuniée. Les chiffres s’en trouvent fortement relativisés ! Jacques Toussaert estime à 2 000 le nombre de pascalisants dans la paroisse Saint-Jacques de Bruges en 144425. Or, en 1441-1442, cette même paroisse compte dix excommuniés26, soit 0,5 % de la population communiant à Pâques. Cette dernière notion est plus intéressante que la population totale, puisque l’excommunication n’intéresse que les fidèles tenus au devoir pascal. À Saint-Gilles de Bruges en 1497, 4 875 individus auraient communié à Pâques27 ; treize personnes de cette communauté ont payé une amende afin d’être absous d’une excommunication en 1441-144228. Nous obtenons alors moins de 0,3 % des pascalisants29. Si on considère, en suivant Jacques Toussaert, que les abstentions pascales sont de l’ordre de 15 %, le rapport entre nombre d’excommuniés et nombre de fidèles doit encore être diminué. Les nombres bruts, certes impressionnants, laissent cependant dans l’ombre, et dans le giron de l’Église, l’énorme majorité des fidèles. Pour les autres paroisses, nous pouvons tenter la même approche à partir des exemples donnés par Jacques Toussaert. Ainsi, à Oostkerke, il estime le nombre de communiants à 250 en I50130 ; la paroisse compte 40 excommuniés en 1441-144231, soit 16 % des fidèles, si l’on ne tient pas compte d’une variation démographique impossible à mesurer, et en assimilant le nombre de fidèles au nombre de communiants. Le pourcentage est ramené à 14 % environ si on prend en compte les 15 % d’abstentionnistes donnés par J. Toussaert. Le déséquilibre signalé entre la ville et la campagne s’inverse alors totalement.

9Le doyenné d’Oudenbourg, à supposer que la liste donnée soit complète, donne une idée de l’importance relative des excommuniés par paroisse (tableau XIX). Les écarts entre paroisses sont assez importants, les pourcentages variant de 0,2 % à 5,6 %, et pour les plus courants de 0,5 % à 1,5 %, soit du simple au triple. La taille des paroisses n’est pas un réel facteur d’explication, puisque les plus gros rapports concernent des communautés de tailles fort différentes. Cependant, ce sont les deux plus petites paroisses qui présentent les rapports les plus importants – cette donnée étant nuancée par Aartrijke, cinquième paroisse par le nombre de pascalisants, et deuxième pour l’importance des excommuniés. Le chef-lieu de doyenné ne se distingue pas de l’ensemble, alors que la communauté la plus importante, à savoir Torhout, a le rapport le plus faible. La proximité des nombres d’excommuniés par paroisse, quelle que soit la taille de celle-ci, et en conséquence les écarts importants quand on rapporte le nombre d’excommuniés au nombre d’habitants, sont donc à souligner, à défaut d’être expliqués.

Tableau XIX. Excommuniés et pascalisants dans le doyenné d’Oudenbourg

  • 32 Nombre d’excommuniés ou interdits ; AD Nord, 14 G 107 bis, f° 30v à 36v.
  • 33 D’après Jacques Toussaert, op. cit., p. 440-441 ; il n’est pas possible de donner une évaluation pl (...)
  • 34 Jacques Toussaert donne 800/900.
  • 35 Là encore, moyenne arrondie à l’unité.

Paroisse

1441-144232

Pascalisants en 152733

%

Oudenburg

6

650

0,9

Aartrijke

13

420

3

Aarlebaldi Capelle (Slijpe)

3

340

0,9

Bovekerke

3

120

2,5

Eernegen

4

420

0,9

Gistel

6

450

1,3

Ichtegem

2

300

0,7

Keiem

2

300

0,7

Klemskerke

6

350

1,7

Koekelaere

3

800

0,4

Leffinge

5

650

0,8

Leke

5

325

1,5

Mannekensvere

1

140

0,7

Onckevliet

1

32

3

Stene

3

54

5,6

Torhout

2

85034

0,2

Vladslo

3

350

0,8

Westende

2

90

2,2

Westkerke

2

130

1,5

Wilskerke

 !

80

1,2

Zandvoorde

3

240

1,2

Zevekote

3

200

1,5

Moyenne / paroisse35

3

331

0,9

10Le registre de l’archidiaconé de Bruges révèle donc un nombre d’excommuniés important au milieu du xve siècle. En chiffres absolus, les censures touchent plus les fidèles des villes que ceux des campagnes ; mais ramenés à l’ensemble des pascalisants, les chiffres au contraire témoignent d’un poids accru sur les communautés plus petites, sur lesquelles la surveillance de l’Église s’exerce peut-être plus efficacement.

Les excommuniés du diocèse d’Arras au xive siècle

  • 36 Delmaire (B.) éd., « Le compte de Jean de Montaigu... », p. 93-142.
  • 37 Voir l’édition du texte, précédée d’une introduction et d’une analyse rapide, dans l'article cité c (...)
  • 38 Delmaire (B.) éd., « Le compte de Jean de Montaigu... », p. 97 et p. 104.

11Les premières données en notre possession concernent le diocèse d’Arras, pour l’année 132836. Si nous les étudions seulement après les données brugeoises, c’est parce que notre source n’est pas du même type et correspond à ce que nous trouvons à Châlons et à Tournai ; à savoir des registres aux comptes où sont notées, entre autres revenus, les amendes perçues par l’officialité. Celui d’Arras est le plus ancien conservé en France ; il a déjà été étudié par Bernard Delmaire37. On y dénombre 485 « petites amendes », très rarement expliquées. La mention à trois reprises « escommuniet a l’occoison... » permet d’assimiler ces hommes et ces femmes aux personnes obtenant par le paiement de cette somme le rachat d’une excommunication38. Cependant, 485 « petites amendes » pour excommunication ne signifient pas ici 485 excommuniés. En effet, plusieurs amendes sont partagées par plusieurs personnes en même temps (tableau XX). La grande majorité des amendes concerne des personnes seules, mais l’existence de ces « excommunications collectives » est à relever. Elle n’a pas d’équivalent dans les registres étudiés plus haut pour l’archidiaconé de Bruges. Les amendes sont classées par doyenné, en dehors de celles perçues par Thomas de Gentilly, qui tient le sceau vingt-huit jours seulement ; les sommes qu’il reçoit sont regroupées par archidiaconé (tableau XXI).

Tableau XX. Nombre de personnes concernées par une amende pour excommunication, diocèse d’Arras, 1328

personnes seules

426

couples

31

familles

16

plusieurs personnes

12

amendes payées

485

nombre d’individus

> 552

  • 39 Nous ne pouvons donner le chiffre exact, puisque nous trouvons une mention « et pluseurs autres » [ (...)
  • 40 Delmaire (B.), Le diocèse d'Arras..., p. 35.

12Nous trouvons donc 552 personnes au minimum qui ont été absoutes en 132839, la date d’excommunication étant inconnue, tout comme le nombre total d’excommuniés. Nous pouvons cependant supposer que ceux qui négligeaient de se faire absoudre étaient peu nombreux au regard du nombre d’absolutions ; rares sont les rappels à l’ordre. Les « grosses amendes » contenues dans le même registre ne concernent jamais des excommuniés de longue date qui seraient condamnés pour avoir persisté dans cet état. Ce chiffre brut, si important soit-il, peut là encore être nuancé. Le diocèse d’Arras a en effet à cette date une population de 180 000 habitants environ, pour 391 paroisses40. Il y a donc en moyenne moins de deux excommuniés par paroisse ! Sur l’ensemble de la population du diocèse, nous arrivons à 0,3 % d’excommuniés, soit des proportions proches de celles calculées pour l’archidiaconé de Bruges un siècle plus tard.

Tableau XXI. Nombre d’individus excommuniés par doyenné, diocèse d’Arras, 1328

Doyenné

Amendes

Excommuniés

Arras

53

62

Croisilles

39

52

Bapaume

29

33

Pas

31

36

Aubigny

46

50

Houdain

14

15

Béthune

35

38

La Bassée

41

44

Lens

59

68

Th. de Gentilly, archidiaconé d’Arras

20

21

Hénin

48

51

Douai

47

52

Valenciennes

15

18

Th. de Gentilly, archidiaconé de Valenciennes

8

10

Total

485

552

  • 41 Nous supposons qu’il y a plusieurs excommunications lorsque le fidèle est cité « pour l’occoison X (...)
  • 42 Guillaume de Croisetes, [119] et [120], et Jean de Vaus [217] et [218], ibid, p. 104 et p. 107.
  • 43 AD Nord, 14 G 107 bis, f° 38v et 41v.

13Pour ces deux exemples, nous avons des listes d’excommuniés à une date donnée qui révèlent un nombre non négligeable de fidèles subissant cette censure, dans des proportions qui restent cependant assez faibles par rapport à la population totale ou aux pascalisants. De même, la majorité des cas concerne une seule personne citée, absoute d’une seule excommunication. Le registre arrageois évoque seulement à quatorze reprises plusieurs absolutions simultanées pour la même personne41, et nous n’avons repéré que deux autres « récidivistes »42, tout comme dans l’archidiaconé de Bruges43.

L’excommunication au long du xve siècle

14Les diocèses de Châlons et de Tournai nous permettent de mener une étude moins ponctuelle ; les registres de compte qui sont conservés donnent en effet des listes d’excommuniés absous, sur plusieurs années. Ils sont aussi plus précis que celui d’Arras, et mentionnent notamment les paroisses d’où sont originaires les fidèles.

Les absolutions dans le diocèse de Châlons

  • 44 AD Marne, G 895 à G 920.
  • 45 AD Marne, G 895 et G 920. Nous différencions, comme cela a été indiqué pour le registre arrageois l (...)
  • 46 AD Marne, G 906.
  • 47 AD Marne, G 897.
  • 48 Voir graphique 1.

15Les registres de comptes de l’officialité châlonnaise44 couvrent la période de 1430-1431 à 1539-1540. Ils comprennent tous une liste de noms placée sous le titre Valor absolutionum. Il n’est nulle part précisé qu’il s’agit d’excommunications ; nous n’y trouvons pas non plus les « pour l’occoison de... » du registre d’Arras. Les noms sont énumérés par doyennés, et sont toujours précédés de la paroisse d’origine du fidèle, sans que les personnes d’une même paroisse ne se suivent. En chiffres bruts, le nombre d’excommuniés évolue beaucoup au long du siècle. En 1430-1431, 329 absolutions sont mentionnées ; en 1539-1540, plus d’un siècle plus tard, nous en comptons 49245. Au bout du compte, l’évolution semble minime entre les deux extrémités temporelles de l’étude, mais des différences majeures apparaissent entre ces deux dates. Le nombre maximal d’absolutions est atteint en 1496-1497 avec 1 940 mentions46 ; le minimum date de 1441-1442 avec 209 excommunications47 : nous avons un rapport de un à neuf entre les deux extrêmes48. Les écarts entre années s’avèrent relativement importants : le nombre d’excommuniés fait plus que doubler entre 1464-1465 et 1477-1478, mais est deux fois moindre en 1520-1521 qu’en 1517-1518. L’évolution est loin d’être régulière, ce que soulignent les données d’années consécutives (tableaux XXII et XXIII).

Tableau XXII. Exemple d’évolution entre années au xve siècle

Année

Nombre d’absolutions

Évolution

1431-1432

329

1477-1478

1 565

1478-1479

1 863

+ 19 %

1479-1480

1 486

- 20 %

Tableau XXIII. Exemple d’évolution entre années au xvie siècle

Année

Nombre d’absolutions

Évolution

1514-1515

833

1515-1516

744

- 10 %

1516-1517

1 243

+ 67 %

1517-1518

1 204

- 3 %

1539-1540

492

  • 49 Kwanten (A.), « Geoffroy Soreau... ». Le personnage est cependant assez méconnu, tant personnelleme (...)

16Expliquer ces variations est extrêmement difficile, d’autant plus que nous ne connaissons pas les causes d’excommunication. Cependant, nous pouvons comparer ces chiffres d’absolutions à ceux des amendes reçues par l’officialité diocésaine pour des délits, qui témoignent de l’activité générale du tribunal épiscopal. Elles sont portées sur le graphique 1. L’évolution de l’activité pénale de l’officialité, évaluée par le nombre d’amendes, et celle de l’usage de l’excommunication par cette même officialité, évaluée par le nombre d’absolutions, ne sont pas exactement parallèles, sans que les deux courbes soient réellement discordantes, à l’exception de l’année 1481-1482 qui voit chuter brutalement le nombre d’amendes, alors que le nombre d’absolutions reste très élevé. Notons cependant que les « pics » des absolutions au xvie siècle (1516-1517, 1517-1518, 1524-1525, 1525-1526, 1529-1530) n’ont pas d’équivalent au niveau des amendes et en 1496-1497, année du nombre maximal d’absolutions, les amendes ne sont pas excessivement nombreuses. Le nombre d’excommuniés est un reflet de l’activité de l’officialité, avec des spécificités. Parmi les éléments à prendre en compte pour analyser l’évolution du nombre d’absolutions, nous pouvons signaler que le « reflux » du début du xvie siècle correspond au changement d’épiscopat : les cinquante années pendant lesquelles Geoffroy Soreau occupe le siège de Châlons connaissent d’abord une augmentation, puis un maintien à un niveau très élevé, du nombre des absolutions. En 1503, Gilles de Luxembourg, auparavant doyen du chapitre, lui succède. Le nombre d’absolutions décroît alors nettement. Il est cependant difficile de définir s’il existe un lien entre l’arrivée d’un nouvel évêque et l’évolution enregistrée : le rôle principal pour ce qui est des excommunications est à cette date dévolu à l’official. Geoffroy Soreau semble avoir été un prélat réformateur, « essayant d’entamer les réformes que le concile de Trente se chargera d’imposer le siècle suivant »49. L’activité intense de l’officialité à ce moment en témoigne, plus que l’importance des absolutions elles-mêmes.

Graphique 1. L'activité de l'officialité de Châlons. Absolutions et amendes

Graphique 1. L'activité de l'officialité de Châlons. Absolutions et amendes

Source : AD Marne, G 895 à G 920, comptes de l'officialité de Châlons, 1429-1540.

  • 50 Grignon (L.), Topographie historique de la ville de Châlons, Châlons, 1889 [rééd. 1976], p. 24. La (...)
  • 51 Les fidèles châlonnais sont regroupés en quinze paroisses : la cathédrale Saint-Etienne, Saint-Alpi (...)
  • 52 AD Marne, G 913, 1517-1518. En nombre d’excommunications, nous arrivons à 61, avec trois mentions d (...)
  • 53 AD Marne, G 897, 1441-1442. Il y a 67 absolutions pour la ville de Châlons.
  • 54 AD Marne, G 906, 1496-1497. Il y a 108 amendes, mais 117 individus (soit 1,1 à 1,3 % de la populati (...)
  • 55 Soit AD Marne, G 895, 1430-1431 et G 920, 1539-1540 ; G 897, 1441-1442 et G 906, 1496-1497 ; enfin (...)
  • 56 Beaulande (V.), L'officialité de Châlons..., p. 27.

17Pour le diocèse de Châlons, nous ne bénéficions pas d’estimation démographique. Le poids de l’excommunication sur l’ensemble de la population nous est donc inconnu. La cité de Châlons aurait 9 228 habitants en 151750. Le nombre d’amendes payées par des fidèles de la capitale diocésaine51 à cette date, afin d’être absous, est de 5352, soit 0,5 à 0,6 % de la population de la ville. Il n’est pas imaginable de donner une estimation pour les dates antérieures ; mais dans la première moitié du xve siècle ce rapport était bien plus faible, puisque nous comptons quatre fois moins d’absolutions pour une population qui n’était certainement pas quatre fois moindre ! Si nous gardons hypothétiquement le même chiffre de population, pour le minimum et le maximum absolu du nombre d’absolutions, le rapport évolue entre 0,7 % en 1441-144253 et 1 % en 1496-149754. Il faut d’ailleurs souligner le poids du nombre d’absolutions de fidèles châlonnais dans le total : 67 châlonnais (ou groupes de châlonnais dans le cas des absolutions collectives) sur 209 personnes (ou groupes de personnes) absoutes pour l’année où le nombre d’absolutions est le plus faible, 146 sur 1 932 pour l’année où il est le plus élevé. À première vue, l’excommunication est un phénomène urbain, d’autant plus lorsqu’elle reste peu fréquente. La répartition par paroisse et par doyenné peut s’avérer instructive. Nous l’avons étudiée pour cinq registres : les deux extrêmes chronologiques de la série, les deux registres où il y a le plus et le moins d’absolutions, enfin le registre médian55. Dans tous les cas, nous comptons en nombre d’absolutions individuelles (tableau XXIV). Le nombre de paroisses ayant des excommuniés connaît des variations par années sensiblement comparables à celles du nombre d’excommuniés. Les paroisses de la ville de Châlons se distinguent cependant par leur poids dans le premier registre conservé. Ceci confirme ce qui a été dit sur le nombre d’excommuniés. La répartition des paroisses ayant des excommuniés selon les doyennés révèle de fortes disparités géographiques. Les trois doyennés centraux du diocèse – Châlons, Bussy-le-Château et Coole – voient généralement une paroisse sur trois, au minimum, compter des excommuniés, et presque toutes les paroisses pour le doyenné de Coole. Les doyennés de Joinville, Perthes et Possesse, au contraire, ont relativement peu de circonscriptions comptabilisées. Les trois derniers doyennés se caractérisent surtout par des variations importantes d’une année sur l’autre. La proximité avec la capitale du diocèse semble ici jouer un rôle. Les doyennés de Perthes et Joinville, qui forment l’archidiaconé de Perthois, sont les plus éloignés de Châlons même. L’archidiacre a une officialité propre (qui n’a pas laissé de registre de ce type), qui siège à Châlons, et est régulièrement en concurrence avec l’évêque. Ceci peut expliquer le faible poids de ces circonscriptions dans l’ensemble. Une étude des journaliers d’audience témoigne que la concurrence avec l’évêque concerne uniquement l’archidiacre du Perthois56, les deux autres archidiaconés gardent aussi une certaine distance avec le Grand Archidiaconé.

  • 57 Nous avons autant que possible corrigé les erreurs d’attribution dans les registres.

Tableau XXIV. Nombre de paroisses par doyennés57, où sont mentionnés des excommuniés absous, diocèse de Châlons

Tableau XXIV. Nombre de paroisses par doyennés57, où sont mentionnés des excommuniés absous, diocèse de Châlons
  • 58 Les doyennés sont regroupés en quatre archidiaconés, le Grand Archidiaconé ou archidiaconé de Châlo (...)
  • 59 Les deux chiffres donnés sur cette ligne correspondent aux paroisses de la ville et aux paroisses r (...)

Note 5858
Note 59
59

  • 60 Nous comptons ici en nombre d’absolutions individuelles. Il ne s’agit donc ni du nombre de personne (...)

18Cette idée peut être confirmée par une étude en nombre d’absolutions (tableau XXV)60. Nous arrivons aux mêmes remarques que pour le nombre de paroisses concernées, à savoir des minima très nets pour les doyennés de Joinville, Perthes, Possesse, ainsi que pour celui de Sainte-Menehould. La faible part de celui-ci s’explique cependant aussi par sa taille limitée. Pour l’année où nous rencontrons le plus d’absolutions, 1496-1497, la moyenne du nombre d’amendes en ce but est donnée dans le tableau XXVI.

Tableau XXV. Nombre d’absolutions par doyenné

Tableau XXV. Nombre d’absolutions par doyenné
  • 61 Les différences avec le nombre total d'absolutions donné en graphique s’expliquent par la présence (...)

Note 6161

Tableau XXVI. Nombre moyen d’amendes payées par paroisse pour absolution, 1496-1497

Doyenné

Moyenne par paroisse citée

Châlons

18,2/8,1

Bussy

14,9

Coole

11,7

Vitry

7

Joinville

2,7

Perthes

3,2

Possesse

5,4

Sainte-Menehould

3

Vertus

10,7

Moyenne pour l’ensemble du diocèse

8,2

19Toutes ces données se rejoignent donc pour suggérer que le nombre d’excommunications enregistrées est lié à la proximité avec le chef-lieu du diocèse. Mais nous sommes dans l’impossibilité de conclure sur cette idée, puisque l’officialité archidiaconale de Joinville – pas plus que les deux autres – n’a pas laissé de sources. Donnait-elle ses propres absolutions contre amende ? C’est probable. Une autre cause du faible nombre d’excommunications peut également être l’éloignement du lieu de promulgation des censures. Pour qu’une excommunication soit fulminée, encore faut-il que le juge soit au courant du délit, ce qui est certainement plus facile aux environs immédiats de Châlons qu’à Joinville, située à quatre-vingt-dix kilomètres environ. Le doyenné de Joinville est d’ailleurs aujourd’hui détaché du diocèse et dépend du diocèse de Langres. Le cas de Vertus est aussi intéressant, avec un rapport du même ordre que ceux de l’archidiaconé de Châlons à l’extrême fin du xve siècle. Le nombre d’absolutions atteint par ce doyenné à cette date est cependant tout à fait exceptionnel dans la série. Enfin, le doyenné de Châlons se caractérise par un nombre d’absolutions toujours important dans l’ensemble, mais son poids diminue au cours du temps. Surtout, le rapport entre les citadins et les ruraux s’inverse complètement. Les paroisses rurales sont plus nombreuses à être citées, et le nombre de fidèles qui en sont originaires dépasse le nombre de Châlonnais à la fin du xve siècle. En revanche, la moyenne du nombre d’excommuniés par paroisse est très nettement supérieure dans le chef-lieu du diocèse que dans les bourgs alentour, conséquence logique de la densité urbaine. Le doyenné de Bussy-le-Château a quant à lui une moyenne très élevée, supérieure notamment à celle du doyenné de Coole. Mais le nombre de paroisses citées nuance ce propos : quasiment toutes les paroisses de cette dernière circonscription ont des excommuniés, alors qu’un quart de celles du doyenné de Bussy ne sont pas citées. Enfin, le doyenné de Vitry-en-Perthois se caractérise par une importance moindre des absolutions, tant en valeur absolue qu’en moyenne et en nombre de paroisses touchées : sur les quatre circonscriptions du Grand Archidiaconé, il est le plus éloigné de Châlons même.

20Les données du diocèse de Châlons rejoignent en partie celles des régions de Bruges et d’Arras, à savoir un nombre d’excommunications important, qui touche beaucoup de communautés paroissiales. La précision des données, plus grande que dans les sources des autres diocèses, permet cependant de nuancer le tableau dressé. Chronologiquement, l’irrégularité caractérise le nombre d’absolutions enregistrées, avec une période de maxima très nets dans le dernier quart du xve siècle. Géographiquement, les différents doyennés sont plus ou moins touchés, selon leur proximité avec la capitale du diocèse. Et dans tous les cas, l’excommunication ne concerne qu’une petite minorité de la population.

Graphique 2. Censures canoniques dans le diocèse de Tournai au xve siècle

Graphique 2. Censures canoniques dans le diocèse de Tournai au xve siècle

Source : Vleeschouwers-van Melkebeek (M.) éd., Compotus sigilifferi Tornacensis. Rekeningen van de officialiteit van Doornik (1429-1481), 3 vol., Bruxelles, 1995.

Excommuniés et interdits dans le diocèse de Tournai

  • 62 Vleeschouwers-van Melkebeek (M.) éd., Compotus...

21L’officialité diocésaine de Tournai, en dehors du registre des excommuniés étudié plus haut, nous donne des renseignements sur l’excommunication dans les registres de comptes conservés, édités pour le xve siècle par Monique Vleeschouwers-van Melkebeek62. La structure des registres diffère de celle des sources arrageoises et châlonnaises : nous ne trouvons pas à proprement parler de listes d’excommuniés absous. Mais chaque partie consacrée aux amendes comporte un certain nombre de ces fidèles. De plus, à partir du quatrième registre, ils sont regroupés dans un parva registra (sic) à la suite des amendes pour délit : ceci rejoint les « petites amendes » dues à l’officialité d’Arras. Les données sont enregistrées par semaine.

  • 63 Nous comptons ici les mentions d’excommunication ou d’interdit seuls, qui correspondent en fait aux (...)

22Le graphique 2 associe excommunication et interdit personnel63. D’une année à l’autre, des variations existent, mais avec beaucoup moins d’amplitude que dans les registres châlonnais, puisque le nombre varie du simple au double, avec un minimum de 332 absolutions en 1480-1481 et un maximum de 660 absolutions en 1474-1475. Si on considère la série châlonnaise dans les années pour lesquelles nous disposons également de sources à Tournai, nous remarquons de gros écarts entre les deux séries. Ainsi, en 1479-1480, l’officialité de Tournai mentionne trois fois moins d’excommuniés/interdits (458) que son homologue marnaise (1486). Le problème se complique si nous reprenons les chiffres existant pour l’archidiaconé de Bruges en 1441-1442, à savoir 964 amendes. Or, l’archidiaconé de Bruges se caractérise, dans les registres de comptes, par un nombre d’excommunications assez faible jusqu’en 1480. Il existe une officialité foraine à Bruges : sans doute faut-il y chercher l’explication de ces chiffres fort bas. En effet, dans le registre des excommuniés étudié précédemment, 401 des 786 excommunications citées pour le doyenné de Bruges même (tableau XVII) sont prononcées « par la cour brugeoise » : les chiffres donnés par les registres de comptes de Tournai seraient alors très inférieurs à la réalité. La question est encore plus difficile à résoudre lorsque nous distinguons l’évolution selon les trois archidiaconés. En effet, les chiffres des années 1479-1480 et 1480-1481 inversent complètement le poids de l’archidiaconé de Bruges face aux deux autres. Dans les six autres registres, les amendes de cette circonscription atteignaient au maximum le quart de l’ensemble des excommunications et interdits. Pour les deux derniers, nous obtenons plus de 80 % des censures. Le contraste se situe en fait entre l’archidiaconé de Bruges et celui de Tournai ; celui de Gand a de manière générale moins de poids – même si la chute de 1479-1481 y est aussi visible. En tout état de cause, aucune explication satisfaisante ne peut être donnée à ce renversement brutal.

23Nous avons associé les deux censures personnelles, excommunication et interdit personnel, dont nous avons vu qu’elles se rejoignent dans leur premier effet, la privation des sacrements. Les greffiers de l’officialité distinguent cependant nettement les deux – même si nous avons quelques rares « absolutions » non précisées. De manière générale, l’excommunication est plus fréquente que l’interdit. Cette dernière censure a l’inconvénient d’être assez mal définie, et de pencher nettement du côté du for interne. Elle est perçue ouvertement comme moins grave : l’amende payée afin d’être absous est toujours moins forte que pour une excommunication, la norme à Tournai étant de huit sous pour une excommunication simple, de six sous pour un interdit. La proportion d’interdits dans l’ensemble des censures varie de 20 % à 40 %, le maximum étant atteint pour la dernière année considérée, qui est aussi celle qui connaît le moins de censures. L’utilisation de l’interdit n’est donc jamais négligeable. Nous l’associons à l’excommunication en référence au « registre des excommuniés et interdits » conservé pour l’archidiaconé de Bruges, mais aussi parce que les deux types de censure sont toujours juxtaposés dans les registres aux comptes, et sont manifestement traités de la même manière. Nous trouvons aussi bien excommunicatus pro X, interdictus pro X, excommunicatus occasione promotoris, interdictus occasione promotoris, etc. Cet usage de l’interdit comme forme mineure de l’excommunication est, dans nos sources, une spécificité de l’officialité de Tournai : nous ne l’avons rencontré ni à Arras, ni à Châlons, du moins dans les listes d’absolutions.

Excommunications et sentences

24Les exemples étudiés nous révèlent une utilisation massive de l’excommunication, visible par le nombre d’absolutions enregistrées chaque année. Ces listes cependant n’expliquent pas cet usage des censures canoniques ; elles ne font que le constater. Il faut alors chercher d’autres données, susceptibles d’éclairer ces chiffres bruts.

L’excommunication, une peine judiciaire ?

  • 64 AD Marne, dépôt de Reims, 2 G 1768 : registre de l’officialité de Reims, 1495-1512.
  • 65 Vleeschouwers (C.) et van Melkebeek (M.) éd., Registres de sentences...
  • 66 Les années entières sont 1438-1439, 1442-1443, 1444-1445, 1445-1446, 1446-1447, 1449-1450, 1452-145 (...)

25Les diocèses de Reims et de Cambrai, s’ils n’ont pas laissé de listes d’absolution, ont conservé des registres de sentences d’officialité. L’excommunication devrait y avoir une place, puisqu’elle est prononcée après décision judiciaire. Or, nous ne trouvons aucune excommunication prononcée dans le registre de sentences rémois qui concerne l’extrême fin du xve siècle et le début du xvie siècle64. Les sources cambrésiennes sont plus intéressantes65. Huit registres de sentences sont conservés, dont sept concernent l’activité de l’officialité sur une année, le huitième ne comprenant qu’un mois66. La chronologie est assez proche des registres de Tournai et de Châlons, ce qui permet une comparaison. La rareté des excommunications parmi les peines est alors frappante (tableau XXVII). Nous en comptons en tout et pour tout 22, de deux à huit par an. L’interdit personnel quant à lui n’apparaît qu’une fois. Le maximum est atteint en 1444-1445 avec neuf censures (huit excommunications et un interdit) : chiffre dérisoire devant les centaines de noms alignés ailleurs. Ce chiffre très bas l’est d’autant plus que l’activité de l’officialité n’est pas négligeable. Le rapport entre le nombre d’excommunication et le nombre de sentences est assez dérisoire et les autres peines sont bien plus utilisées (tableau XXVIII).

Tableau XXVII. L’excommunication dans les sentences de l’officialité de Cambrai

Tableau XXVII. L’excommunication dans les sentences de l’officialité de Cambrai
  • 67 Un certain nombre de sentences sont en fait des reconnaissances de cléricature, des cessions de dro (...)
  • 68 Dont un interdit personnel.

Note 6767
Note 68
68

Tableau XXVIII. L’excommunication et les autres peines devant l’officialité de Cambrai

Tableau XXVIII. L’excommunication et les autres peines devant l’officialité de Cambrai
  • 69 Dont un interdit personnel.
  • 70 Interdits locaux, taxes en cire, pèlerinages....

Note 6969
Note 70
70

  • 71 Merlet (L.), loc. cit., p. 575.

26La part de l’excommunication est donc extrêmement faible. La majorité des peines proprement dites est composée d’amendes en argent, puisque la catégorie « dépens et frais » recouvre les sommes dues pour le procès ou les dédommagements envers l’une des parties, et non une peine réelle. L’utilisation des censures canoniques semble ici tout à fait exceptionnelle. Pour comparaison, les registres des officialités de Chartres donnent des résultats tout à fait différents : ainsi en 1405, le tribunal du grand archidiacre a prononcé 65 excommunications pour 237 affaires71. Les trente ans d’écart avec les sources cambrésiennes suffisent-ils à expliquer une proportion tellement plus forte ? Nous pouvons en douter : en fait, l’explication est à chercher dans le type de délit jugé, sur lequel nous reviendrons.

  • 72 Paris, BnF, lat. 17145 : registre de l'officialité de Corbie, 1522-1553. Le contenu est très hétéro (...)
  • 73 Dupont (G.) éd., « Registre de l’officialité de Cerisy, 1314-1457 », Mémoires de la Société des Ant (...)
  • 74 Finch (A. J.), loc. cit., p. 249-268. Tableau récapitulatif des délits en fin d’article, p. 268.
  • 75 Nous reprenons les tranches chronologiques fixées par A. J. Finch selon les lacunes du registre.

27Un autre registre de sentences existe pour la province ecclésiastique de Reims, pour le début du xvie siècle ; il concerne l’activité de l’officialité monastique de Corbie72. Nous y dénombrons 89 sentences, ce qui dénote une activité de tribunal relativement limitée puisque le registre couvre trente ans. Sur ces 89 sentences, 13 comprennent une excommunication comme peine (14,5 %) : proportionnellement, celle-ci est donc bien plus utilisée que par l’officialité diocésaine de Cambrai. La faiblesse des chiffres rend cependant toute conclusion aléatoire. Nous ne disposons pas de sources d’officialité pour le diocèse d’Amiens, auquel appartient l’abbaye, ni de registres de sentences à cette date pour d’autres diocèses. Le registre de l’officialité de Cerisy73, bien antérieur, peut donner des éléments de comparaison. En tout et pour tout, nous avons repéré treize excommunications réellement punitives ; si on en croit A. J. Finch74, l’ensemble des délits se monte à 867 affaires : nous retrouvons alors un rapport du même type que dans les officialités épiscopales (1,5 %). Cependant, la discontinuité du plumitif de Cerisy implique de préciser les données selon la période concernée du registre : onze excommunications correspondent en fait aux années 1314-1346, pour lesquelle A. J. Finch a recensé 497 délits (2,2 %). Sur une période aussi longue que pour Corbie, mais antérieure de deux siècles, nous avons donc un rapport sept fois moindre entre le nombre d’excommunications et le nombre de sentences. La faible activité de l’officialité picarde révèle les attaques contre ces juridictions exemptes à la fin du Moyen Âge, qui semblent avoir porté leurs fruits au début du xvie siècle. Le nombre assez important d’excommunications fulminées contrebalancerait alors cette diminution générale d’influence. Cependant, les données normandes contredisent cette idée d’un « archaïsme » persistant des officialités monastiques ; en effet, la période 1370-1414 connaît deux excommunications, pour 316 délits, la période 1451-1458 aucune, pour 78 délits75. La baisse de l’activité de la cour est donc nette, mais l’usage de l’excommunication tombe également en désuétude. La différence de dates entre le registre normand et le registre picard limite les conclusions : l’officialité de Corbie fait-elle un usage exceptionnel des censures canoniques ? Dans le cadre de la province de Reims, et relativement à son activité assez restreinte, nous sommes tentée de répondre par l’affirmative. L’expliquer relève cependant de la gageure.

Existe-t-il un lien entre les absolutions et les sentences ?

28Les sources laissées par les officialités de Châlons et de Tournai permettent de soulever la question du lien entre les listes d’absolutions données et les peines prononcées par ailleurs. Les registres aux comptes de Tournai sont les plus faciles à manier ; en effet, lorsqu’un individu est mentionné pour l’amende qu’il verse comme punition d’un délit, il est précisé également s’il est excommunié ou interdit (tableau XXIX). Il semble alors que l’amende comprenne l’absolution de la censure.

Tableau XXIX. Excommunications et interdits comme peines prononcées par l’officialité de Tournai

Tableau XXIX. Excommunications et interdits comme peines prononcées par l’officialité de Tournai
  • 76 Ne sont ici considérées que les amendes consécutives à un délit ; nous excluons donc les excommunic (...)
  • 77 Sont citées entre parenthèses les absolutions comprises dans les amendes, qui semblent correspondre (...)
  • 78 Il arrive que les deux censures soient associées, pour une même personne, ou pour les deux membres (...)

Note 7676
Note 77
77
Note 78
78

  • 79 Merlet (L.), toc. cit., p. 575.

29Une fois de plus, l’irrégularité des chiffres obtenus est frappante. La césure est très nette dans la série, entre les deux plus anciens registres et les suivants. L’excommunication et l’interdit sont bien plus utilisés en 1446-1448 qu’après 1460 et surtout 1470. L’évolution diffère donc de celle des censures mentionnées sans leur cause, même si dans les deux cas le minimum se situe en 1480-1481. Pour les années 1461-1462 et 1470-1471, alors que le nombre d’amendes est quasiment stable, le nombre de censures prononcées chute nettement. C’est aussi à cette date que l’utilisation de l’interdit personnel devient plus rare – ce qui n’est pas le cas dans l’évolution des censures simples. La série tournaisienne débute en 1446-1447 : à cette date, 20 % des amendes payées comprennent une excommunication. En 1461-1462, première charnière, le rapport est de 10,1 %. Enfin, en 1470-1471, il n’est plus que de 3,7 %, en 1480-1481, date à laquelle le nombre de censures est au plus bas, il est de 4,9 %. En 1405 à Chartres, ce rapport était de 27,4 %79 : il semble en fait que l’utilisation de l’excommunication diminue au long du siècle.

30Il n’est cependant pas certain que les personnes absoutes contre amende, sans que nous connaissions la cause de leur excommunication, n’aient pas subi la censure à la suite d’un délit. A priori, l’excommunication ou l’interdit sont mentionnés avec l’amende lorsque celle-ci comprend le « prix » de l’absolution. Il est alors possible que certains criminels paient leur absolution indépendamment de l’amende. En effet, les personnes absoutes sont dites excommunicatus pro X, excommunicatus occasione promotoris, excommunicatus occasione sigilliferi : les deux dernières expressions soulignent le lien entre la censure et l’officialité. Cette idée peut être éclairée par certains registres de Tournai où les absolutions et les délits sont nettement séparés, à partir de 1470-1471. Nous avons alors vérifié systématiquement si les personnes payant amende pour être absoutes étaient citées également comme ayant commis un délit. Pour l’année 1470-1471, c’est le cas de 51 des absolutions enregistrées en parva registra, soit 13,3 % de celles-ci. Mais 47 concernent des censures prononcées pro sigilliferi : le scelleur n’ayant pour fonction que de recevoir les amendes et de les enregistrer, une peine ne peut dépendre de lui. Une personne est excommuniée pro expensis promotoris : ce n’est donc pas un délit qui cause la censure, mais un défaut de paiement. Trois cas seulement, dans lesquels les criminels sont excommuniés occasione ou pro promotore, dissocient donc réellement l’amende, due pour un crime ou délit, de l’absolution de la censure entraînée par ce même crime ou délit. De manière générale, quand l’amende et l’excommunication sont concomitantes, elles sont payées ensemble au scelleur.

31La série tournaisienne permet donc d’évaluer l’importance de l’excommunication comme peine. Nous avons mis en parallèle les censures punitives et les autres (tableau XXX, qui met en parallèle les données du graphique 2 et du tableau XXIX). Une majorité des excommunications et interdits trouve donc son origine ailleurs que dans un délit à proprement parler et l’importance relative de cette catégorie ne cesse de croître. Il faut souligner que de manière générale, l’activité punitive de l’officialité est bien moins importante à la fin du xve siècle, avec environ deux fois moins d’amendes prononcées en 1480-1481 qu’en 1446-1447, alors que le nombre d’absolutions n’a baissé que de 30 % à peine. Signalons également, pour ce qui est du nombre d’excommunications prononcées, que la première période couverte par les archives châlonnaises correspond en partie à celle des sources de Tournai, au moment où le nombre de censures chute nettement devant cette dernière officialité : l’extrême fin du Moyen Âge semble utiliser de moins en moins l’excommunication comme une peine.

Tableau XXX. Excommunications et interdits : peines et absolutions devant l’officialité de Tournai

Tableau XXX. Excommunications et interdits : peines et absolutions devant l’officialité de Tournai
  • 80 Pour pouvoir comparer avec les absolutions simples, nous avons dissocié interdit et excommunication (...)
  • 81 Le chiffre entre parenthèses désigne les censures non identifiées.

Note 8080
Note 81
81

  • 82 Dupont (G.) éd., op. cit. Du moins, aucune n’est mentionnée.
  • 83 Trois individus en 1404, 49 en 1405, 8 en 1407, ibid., p. 552-555 et p. 564-565. Le registre semble (...)
  • 84 Paris, BnF, lat. 17145, f° 103-105, f° 108-109v, etc.
  • 85 Paris, BnF, lat. 17145, f° 100-102v et fi 103-105.

32Pour comparaison, l’officialité monastique de Cerisy n’utilise plus l’excommunication comme peine après 137282 ; mais les registres d’excommuniés retranscrits dans le plumitif donnent des listes de noms du même type que devant les officialités diocésaines. À titre d’exemple, en 1372, année de la dernière excommunication punitive, on enregistre 98 excommuniés par ailleurs. Les quelques listes données pour le xve siècle sont beaucoup plus réduites83. Le registre de Corbie pose des problèmes de compréhension : il comprend en effet des listes d’excommuniés absous, mais également des listes de noms du type untel in contemptu untel84. Il est précisé en marge que ces personnes sont absoutes : il s’agirait donc bien d’excommuniés, différenciés des autres sans doute par la cause de leur censure. À titre d’exemples, nous trouvons, pour l’année 1532, 95 noms sur la liste d’excommuniés, et 97 sur la liste in contemptu85, soit 192 personnes potentiellement excommuniées. Cette même année, nous n’avons pas relevé d’excommunication parmi les sentences : le déséquilibre est donc aussi flagrant dans les limites d’une juridiction monastique que dans le cadre diocésain.

  • 86 AD Nord, 4 G 210, juridiction du chapitre de Notre-Dame de Cambrai : sentence d’excommunication con (...)
  • 87 « Les pouvoirs du pénitencier s’étendent aux cas réservés par l’évêque, qu’il s’agisse de péchés ou (...)
  • 88 Guillaume Durand le souligne dans son Pontifical : Taliter excommunicatus confiteatur proprio sacer (...)

33Les différentes sources à notre disposition éclairent donc partiellement l’importance quantitative de l’excommunication dans la province ecclésiastique de Reims. De manière générale, les censures canoniques sont fréquentes et sont absoutes contre une amende plus ou moins modique. Dans toutes ces sources, il n’est pas question de rite. Nous sommes loin des prescriptions des pontificaux antérieurs ; la seule sentence retrouvée qui se rattache à la tradition romane date du xive siècle86, sans pouvoir être intégrée dans une série permettant de percevoir la place de l’excommunication en général. Il est en revanche clair que nous sommes devant des excommunications majeures, qui nécessitent une procédure devant l’officialité, par l’intermédiaire du pénitencier épiscopal87, pour être absoutes. L’excommunication mineure au contraire est absoute par le confesseur88 et ne laisse donc pas de trace écrite. La fréquence de l’interdit personnel, variable selon les diocèses et les années, souligne l’existence d’une via media entre l’excommunication pleine et entière et le for interne : les effets de l’interdit sont les mêmes que ceux de l’excommunication mineure, à savoir la privation des sacrements essentiellement, mais il s’agit d’une censure, fonctionnant au for externe.

34Il semble en fait que les censures, au xve siècle, aient changé de rôle. Les causes théoriques d’excommunication, prévues par le droit canonique et les statuts synodaux, n’expliquent ni le nombre très important d’excommuniés, ni les récriminations des réformateurs.

Notes

1 Febvre (L.), loc. cit.

2 Paravy (P.), De la Chrétienté romaine à la Réforme en Dauphiné (vers 1340-vers 1530), Rome, 1993, surtout p. 462-466, ainsi que p. 1220-1222 : tableau des « cas d’excommunication signalés dans les révisions de feux du Dauphiné (xve siècle) ».

3 AD Marne, G 921, f° 66, 1472.

4 Exemple en 1473 dans le diocèse de Châlons, AD Marne, G 921, f° 70.

5 AD Marne, G 901 et G 921.

6 Vleeschouwers (C.) et van Melkebeek (M.) éd., Registres de sentences..., p. 767-840.

7 Cette prescription est prévue pour les diocèses de la province par le règlement élaboré au concile de Reims de 1408 : XXXI. Inquiratur etiam si in parochia sint plures excommunicati, et quibus causis, Gousset (T.) éd., op. cit., t. II, p. 662.

8 AD Nord, 14 G 107 bis : registre des interdits et excommuniés, doyennés de Bruges, Oudenbourg, Aardenbourg, 1441-1442.

9 Vleeschouwers-van Melkebeek (M.) éd., Compotus...

10 AD Oise, G 4591 à G 4597. Le premier registre, daté de 1382-1383, est inutilisable pour notre propos, puisqu’il ne donne jamais le délit puni par l’amende.

11 AD Nord, 14 G 107 bis.

12 Nous utilisons le terme générique d’« excommuniés » aussi bien pour les excommuniés que pour les interdits.

13 Étudié par Jacques Toussaert, op. cit., p. 438-442.

14 Le tableau comprend en tout 43 paroisses, dont trois sans excommuniés et une extérieure au doyenné ; nous trouvons donc 42 paroisses pour cette circonscription, alors que Jacques Toussaert signale qu’il y en avait 44 en tout (ibid., p. 53). Nous n’avons pas trouvé de justification à cette différence dans le travail de J. Toussaert.

15 On est loin des cinquantaines évoquées dans les statuts synodaux de Reims un siècle plus tôt : ce texte cependant atteste qu’un nombre très important d’excommuniés est possible, Paris, BnF, lat. 1598, f° 11-13. Le fait de disposer des seules listes d’absolution est alors une lacune évidente.

16 Nous avons respecté la forme flamande utilisée par Jacques Toussaert et utilisé l’ordre alphabétique, après le chef-lieu de doyenné.

17 AD Nord, 14 G 107 bis, f° 30v à 36v.

18 Moyenne établie en divisant par quatre les chiffres donnés par Jacques Toussaert, op. cil., p. 440-441. Le chiffre est arrondi à l’unité la plus proche, puisque nous réfléchissons en nombre d'individus.

19 Il y a trois cas en quatre ans.

20 Là encore, moyenne arrondie à l’unité.

21 Mais seulement 962 amendes : nous rencontrons deux fois des couples cités en même temps. Une veuve, citée avec ses enfants sans précision quant au nombre, a été comptée seule.

22 Dans le doyenné de Bruges, nous trouvons des excommuniés dans 46 paroisses sur 52 : 13 paroisses urbaines sur 14, et 33 paroisses rurales sur 38 ; dans le doyenné d’Oudenbourg, sont citées 29 paroisses sur 44. L’excommunication semble donc toucher les communautés plus uniformément que dans le Dauphiné étudié par Pierrette Paravy, où les visites de 1399-1414 mentionnent des exclus dans une paroisse sur cinq seulement, Paravy (P.), op. cit., p. 462-466.

23 Deux cent quarante-six individus pour 13 paroisses citées.

24 Toussaert (J.), op. cit., p. 27.

25 Ibid., p. 168.

26 AD Nord, 14 G 107 bis, f° 7.

27 Toussaert (J.), op. cit., p. 170.

28 AD Nord, 14 G 107 bis, f° 7v.

29 La notion de pascalisant n’étant pas contradictoire avec celle d’excommunié, puisque c’est généralement à l’approche de Pâques qu’on demande l’absolution de la censure. Voir infra, p. 242-248.

30 Toussaert (J.), op. cit., p. 173.

31 AD Nord, 14G 107 bis, f° 18v.

32 Nombre d’excommuniés ou interdits ; AD Nord, 14 G 107 bis, f° 30v à 36v.

33 D’après Jacques Toussaert, op. cit., p. 440-441 ; il n’est pas possible de donner une évaluation plus proche dans le temps. Si l'on estime que la population a augmenté entre 1440 et 1527 (ce qui est très probable), le pourcentage ainsi établi est sous-estimé. Les paroisses qui ont disparu par rapport tableau XVII sont celles qui ne bénéficient pas d’estimation démographique.

34 Jacques Toussaert donne 800/900.

35 Là encore, moyenne arrondie à l’unité.

36 Delmaire (B.) éd., « Le compte de Jean de Montaigu... », p. 93-142.

37 Voir l’édition du texte, précédée d’une introduction et d’une analyse rapide, dans l'article cité ci-dessus ; voir également du même auteur Le diocèse d'Arras..., op. cil., p. 269-272.

38 Delmaire (B.) éd., « Le compte de Jean de Montaigu... », p. 97 et p. 104.

39 Nous ne pouvons donner le chiffre exact, puisque nous trouvons une mention « et pluseurs autres » [188], une fois « les hoirs » [392] et une fois « leur enfans » [423] : nous n’avons alors ajouté qu’une personne au total.

40 Delmaire (B.), Le diocèse d'Arras..., p. 35.

41 Nous supposons qu’il y a plusieurs excommunications lorsque le fidèle est cité « pour l’occoison X et plusieurs... », comme Gille Barisel « pour l’occoison Jehan Vinchan et pluseurs autres » ; Delmaire (B.) éd., « Le compte de Jean de Montaigu... », [163], p. 106. Nous en voulons pour preuve que l’amende payée est plus forte.

42 Guillaume de Croisetes, [119] et [120], et Jean de Vaus [217] et [218], ibid, p. 104 et p. 107.

43 AD Nord, 14 G 107 bis, f° 38v et 41v.

44 AD Marne, G 895 à G 920.

45 AD Marne, G 895 et G 920. Nous différencions, comme cela a été indiqué pour le registre arrageois le nombre d’absolutions et le nombre d’excommuniés, certaines absolutions étant collectives. Le nombre pris en compte ici est celui des absolutions enregistrées, pas des personnes absoutes.

46 AD Marne, G 906.

47 AD Marne, G 897.

48 Voir graphique 1.

49 Kwanten (A.), « Geoffroy Soreau... ». Le personnage est cependant assez méconnu, tant personnellement – est-il réellement un oncle d’Agnès Sorel ? – que « professionnellement » : on sait qu’il a tenu des synodes, dont les statuts sont inconnus et qu’il a rénové la liturgie du diocèse.

50 Grignon (L.), Topographie historique de la ville de Châlons, Châlons, 1889 [rééd. 1976], p. 24. La précision est fantaisiste, mais l’estimation semble correcte : nous nous tenons donc à 9 000 habitants, peut-être 10 000. La ville était bien plus peuplée au xiiie siècle.

51 Les fidèles châlonnais sont regroupés en quinze paroisses : la cathédrale Saint-Etienne, Saint-Alpin, Saint-Germain, Saint-Antoine, Sainte-Catherine, Saint-Éloi, Saint-Jean, Saint-Loup, Saint-Martin, Sainte-Marguerite, Saint-Nicaise, Saint-Nicolas en l’île de Toussaints, Notre-Dame-en-Vaux, Saint-Sulpice et La Trinité. Voir Longnon (A.) éd., Pouilles de la province de Reims, Paris, 1908, 2 vol. (Recueil des Historiens de la France). Le pouillé du diocèse de Châlons de 1405 est édité aux pages 153-173.

52 AD Marne, G 913, 1517-1518. En nombre d’excommunications, nous arrivons à 61, avec trois mentions d’absolution pro duabus.

53 AD Marne, G 897, 1441-1442. Il y a 67 absolutions pour la ville de Châlons.

54 AD Marne, G 906, 1496-1497. Il y a 108 amendes, mais 117 individus (soit 1,1 à 1,3 % de la population), et 146 absolutions en tout pour la ville avec les mentions pro duabus, pro Iribus, etc.

55 Soit AD Marne, G 895, 1430-1431 et G 920, 1539-1540 ; G 897, 1441-1442 et G 906, 1496-1497 ; enfin G 918, 1528-1529 : ce dernier registre compte 1 041 absolutions, douze registres en comptent moins, douze en comptent plus.

56 Beaulande (V.), L'officialité de Châlons..., p. 27.

57 Nous avons autant que possible corrigé les erreurs d’attribution dans les registres.

58 Les doyennés sont regroupés en quatre archidiaconés, le Grand Archidiaconé ou archidiaconé de Châlons, comprenant les doyennés de Châlons, Bussy-le-Château, Coole, Vitry-en-Perthois ; l’archidiaconé de Perthois, avec les doyennés de Joinville et Perthes ; l’archidiaconé d’Atenois, avec ceux de Possesse et Sainte-Menehould ; enfin, le doyenné-archidiaconé de Vertus. Le chiffre donné dans cette colonne est le nombre total de paroisses de la circonscription d’après le pouillé de 1405. Signalons que le pouillé distingue les différentes paroisses des villes autres que Châlons, contrairement aux registres de comptes. Certaines paroisses cependant ne sont pas mentionnées dans le pouillé. Quand une ou plusieurs paroisses sont inconnues, nous le signalons par * ; quand une ou plusieurs paroisses sont citées alors que le pouillé de 1405 les ignore, nous le signalons par +. Dans les deux cas, un signe par paroisse.

59 Les deux chiffres donnés sur cette ligne correspondent aux paroisses de la ville et aux paroisses rurales. Même remarque pour les tableaux XXV et XXVI.

60 Nous comptons ici en nombre d’absolutions individuelles. Il ne s’agit donc ni du nombre de personnes réellement excommuniées, puisque les récidivistes sont comptés plusieurs fois, ni du nombre d’amendes pour absolution, puisque les amendes collectives sont désolidarisées.

61 Les différences avec le nombre total d'absolutions donné en graphique s’expliquent par la présence dans les registres de fidèles d’autres diocèses, écartés de ce tableau.

62 Vleeschouwers-van Melkebeek (M.) éd., Compotus...

63 Nous comptons ici les mentions d’excommunication ou d’interdit seuls, qui correspondent en fait aux absolutions énumérées dans les autres registres, afin de permettre la comparaison. Nous verrons qu’en fait les registres de comptes de l’officialité de Tournai comprennent d’autres excommuniés.

64 AD Marne, dépôt de Reims, 2 G 1768 : registre de l’officialité de Reims, 1495-1512.

65 Vleeschouwers (C.) et van Melkebeek (M.) éd., Registres de sentences...

66 Les années entières sont 1438-1439, 1442-1443, 1444-1445, 1445-1446, 1446-1447, 1449-1450, 1452-1453. Le huitième registre couvre le mois de juillet 1439.

67 Un certain nombre de sentences sont en fait des reconnaissances de cléricature, des cessions de droits, des actes de procédure : nous les avons donc écartées, puisque par définition elles ne sont pas punies.

68 Dont un interdit personnel.

69 Dont un interdit personnel.

70 Interdits locaux, taxes en cire, pèlerinages....

71 Merlet (L.), loc. cit., p. 575.

72 Paris, BnF, lat. 17145 : registre de l'officialité de Corbie, 1522-1553. Le contenu est très hétéroclite : se succèdent des testaments, des ventes, des inventaires, des sentences postérieures à 1581, des sentences entre 1520 et 1553 qui semblent être un ensemble, des copies d’actes, des listes d’excommuniés recopiées sans suivre l’ordre chronologique. Les sentences ici considérées sont aux folios 66 à 94.

73 Dupont (G.) éd., « Registre de l’officialité de Cerisy, 1314-1457 », Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 1880, t. 30, p. 271-662.

74 Finch (A. J.), loc. cit., p. 249-268. Tableau récapitulatif des délits en fin d’article, p. 268.

75 Nous reprenons les tranches chronologiques fixées par A. J. Finch selon les lacunes du registre.

76 Ne sont ici considérées que les amendes consécutives à un délit ; nous excluons donc les excommunications et interdits seuls étudiés plus haut, les grâces – autorisation d’inhumation ou de purification-, les paiements différés d’amendes, les frais payés par les prisonniers. Les amendes pour inhumation d’excommunié sont comptées lorsque le délit est cité.

77 Sont citées entre parenthèses les absolutions comprises dans les amendes, qui semblent correspondre à une excommunication sous-entendue.

78 Il arrive que les deux censures soient associées, pour une même personne, ou pour les deux membres d’un couple punis ensemble.

79 Merlet (L.), toc. cit., p. 575.

80 Pour pouvoir comparer avec les absolutions simples, nous avons dissocié interdit et excommunication lorsqu’ils sont prononcés ensemble, contrairement aux données du tableau XXVIII. Par exemple, pour l’année 1446-1447, on compte 96 excommunications et 60 interdits mais également 5 cas où les deux censures sont citées conjointement ; apparaissent donc dans le tableau XXIX 101 excommunictions et 65 interdits.

81 Le chiffre entre parenthèses désigne les censures non identifiées.

82 Dupont (G.) éd., op. cit. Du moins, aucune n’est mentionnée.

83 Trois individus en 1404, 49 en 1405, 8 en 1407, ibid., p. 552-555 et p. 564-565. Le registre semble cependant très lacunaire pour ces dates.

84 Paris, BnF, lat. 17145, f° 103-105, f° 108-109v, etc.

85 Paris, BnF, lat. 17145, f° 100-102v et fi 103-105.

86 AD Nord, 4 G 210, juridiction du chapitre de Notre-Dame de Cambrai : sentence d’excommunication contre Isabeau de Saint-Pol.

87 « Les pouvoirs du pénitencier s’étendent aux cas réservés par l’évêque, qu’il s’agisse de péchés ou de censures », selon P. Torquebiau, art. « chapitres de chanoines », DDC, t. 3, col. 569-570.

88 Guillaume Durand le souligne dans son Pontifical : Taliter excommunicatus confiteatur proprio sacerdotis [...] Sacerdos vero absolvens eum dicat [...] : Auctoritate Dei omnipotentis et illa que michi concessa est, absolvo te a vinculo hujus excommunicationis, quam confessus es, et a qualibet alia simili, si teneris, in quantum possum et debeo, et restituo te ecclesiasticis sacramentis, Andrieu (M.) éd., op. cit., p. 609-610. Cependant, dans une formule postérieure d’un siècle, il semble que le curé puisse absoudre également d’une excommunication majeure : Forma absolutionis sufficiens et requisita pro peccatis de quibus confessor intendit et potest absolvere confitentem. Ego te absolvo a peccatis tuis, in nomine patris et filii et spiritus sancti, amen. Et si confessio fiat de excommunicatione tantummodo dicatur sic : ego absolvo te ab excommunicacione tua, in nomine patris et filii et spiritus sancti, amen, Londres, British Library, Add. 29279 ; ce manuscrit est qualifié de « recueil gersonien » par Gilbert Ouy, la formule d’absolution étant à la suite d’un texte de Gerson lui-même sur l’infanticide et la pénitence publique. Il n’est pas précisé s’il s’agit d’excommunication majeure ou mineure, ni si cette absolution doit être prononcée seulement in articulo mortis, ce qui suffirait à justifier le pouvoir donné à tout confesseur de délier d’une censure canonique.

Table des illustrations

Titre Graphique 1. L'activité de l'officialité de Châlons. Absolutions et amendes
Légende Source : AD Marne, G 895 à G 920, comptes de l'officialité de Châlons, 1429-1540.
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12518/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 236k
Titre Tableau XXIV. Nombre de paroisses par doyennés57, où sont mentionnés des excommuniés absous, diocèse de Châlons
Légende Note 5858Note 5959
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12518/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 168k
Titre Tableau XXV. Nombre d’absolutions par doyenné
Légende Note 6161
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12518/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 144k
Titre Graphique 2. Censures canoniques dans le diocèse de Tournai au xve siècle
Légende Source : Vleeschouwers-van Melkebeek (M.) éd., Compotus sigilifferi Tornacensis. Rekeningen van de officialiteit van Doornik (1429-1481), 3 vol., Bruxelles, 1995.
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12518/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 276k
Titre Tableau XXVII. L’excommunication dans les sentences de l’officialité de Cambrai
Légende Note 6767Note 6868
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12518/img-5.jpg
Fichier image/jpeg, 80k
Titre Tableau XXVIII. L’excommunication et les autres peines devant l’officialité de Cambrai
Légende Note 6969Note 7070
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12518/img-6.jpg
Fichier image/jpeg, 92k
Titre Tableau XXIX. Excommunications et interdits comme peines prononcées par l’officialité de Tournai
Légende Note 7676Note 7777Note 7878
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12518/img-7.jpg
Fichier image/jpeg, 128k
Titre Tableau XXX. Excommunications et interdits : peines et absolutions devant l’officialité de Tournai
Légende Note 8080Note 8181
URL http://books.openedition.org/psorbonne/docannexe/image/12518/img-8.jpg
Fichier image/jpeg, 184k

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