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« Y a ung grant desordre »

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Véronique Julerot

Introduction

Texte intégral

  • 1 J.-L. Gazzaniga, L’Église du Midi au temps de Charles VII (1441-1461), d’après la jurisprudence du (...)
  • 2 B. Guenée, L’Occident aux xiveet xve siècles, les États, Paris, 1971, rééd. 1993, p. 244-263. B. T (...)

1L’élection est un principe établi dans la société médiévale. Dans l’Église, au sein de laquelle elle s’est développée, elle est pratiquée à de nombreux échelons et notamment au plus prestigieux, celui du pape ; s’il est difficile de faire une liste exacte des bénéfices qui y sont soumis, y figurent les évêchés, les abbayes, certaines collégiales et certaines dignités1. L’élection ne suit pas les mêmes règles à chaque fois et ne reflète pas les mêmes intérêts. Ainsi, tandis que celle du pape n’a pas besoin d’être confirmée, les élections bénéficiales requièrent l’assentiment d’un supérieur. Mais toutes mêlent signification de la volonté divine et nécessité de représentation : la définition de l’élection est liée à la croyance en l’intervention de Dieu sur les actions humaines, ainsi qu’au principe médiéval fondamental selon lequel tout pouvoir légitime doit recueillir l’assentiment de ceux sur qui et au nom de qui il s’exerce. Ce même principe, issu du droit romain, explique que l’élection soit aussi présente dans le reste de la société médiévale, que ce soit pour accorder un pouvoir de représentation – dans les assemblées communales, les confréries, les états généraux – ou obtenir des offices prestigieux – président ou conseiller au Parlement2.

  • 3 É. Delaruelle, E. R. Labande et P. Ourliac, L’Église au temps du Grand Schisme..., op. cit., p. VI (...)

2Les élections épiscopales sont donc une des formes de l’élection au Moyen Âge, mais elles revêtent un aspect primordial, touchant au système bénéficiai, clé de voûte de l’organisation de l’Église. Le système bénéficiai « définit cette Église médiévale (...), y commande tous les mécanismes juridiques, administratifs, pastoraux, psychologiques. Parler des bénéfices, c’est parler de la cura animarum, c’est parler de la résidence, du cumul, de la carrière ecclésiastique ; mais c’est aussi parler des réserves pontificales ou de la nominatio regia ; et du même coup évoquer les immixtions des princes dans la vie ecclésiastique et la monarchie administrative romaine »3. Parler des élections épiscopales, c’est parler d’hommes qui sont potentiellement détenteurs d’un immense pouvoir spirituel mais aussi temporel, d’hommes considérés comme les piliers de l’Église mais aussi comme les conseillers du monarque. Pasteurs et seigneurs, ils doivent permettre, par leur enseignement et leur bon gouvernement, une vie chrétienne paisible qui doit mener le peuple diocésain au salut. Au service du roi et, parfois, ses relais sur le « terrain », ils peuvent participer à la définition d’un gouvernement et à l’application d’une politique.

  • 4 R. W. Southern, L’Église et la société dans l’Occident médiéval, Paris, 1997, p. 126.
  • 5 Ph. Bernard, Église et vie liturgique dans la Gaule franque du veau ixe siècle, Ire partie : « Le (...)

3On ne peut traiter des élections épiscopales en France, à la fin du xve siècle, sans évoquer leur rapport conflictuel avec les provisions apostoliques, qui fait de l’accession à la charge d’évêque une entreprise ardue. La provision apostolique en consistoire, bien établie depuis le xiv e siècle, concurrence l’élection, pratique pourtant millénaire. Après s’être effacée un temps en raison de la centralisation pontificale, mais jamais totalement disparue, l’élection retrouve une seconde jeunesse dans la vie ecclésiastique française grâce au contexte conflictuel né du Grand Schisme. Le courant conciliariste en fait une condition essentielle de la réforme de l’Église. La volonté des monarques français, soucieux de manifester eux aussi leur indépendance à l’égard du Saint-Siège, quand cela les arrange, conforte cette renaissance. Ainsi, le droit de l’élection, qui puise ses racines dans le corpus juris canonici et dans les conciles généraux, est complété en France par un arsenal d’ordonnances royales et notamment par la Pragmatique Sanction de Bourges de 1438. Mais le règne de Louis XI modifie quelque peu la donne avec des projets de concordat avortés et l’ambition d’abolir l’ordonnance de 1438. En raison de l’importance du rôle des évêques et de cette double attache juridique, l’élection est une question qui dépasse le cadre du royaume et s’inscrit dans une lutte ambitieuse, celle des souverains laïques et du pape, pour dominer les nominations ecclésiastiques4, la désignation des évêques constituant un « observatoire privilégié » pour étudier les rapports Église-Pouvoir5.

  • 6 Dans l’Antiquité, les conflits pour obtenir un siège épiscopal existent déjà, et se retrouvent tou (...)
  • 7 A. Renaudet, « Paris de 1494 à 1517, Église et Universités, réformes religieuses, culture et criti (...)
  • 8 M. Harsgor, « Maîtres d’un royaume, le groupe dirigeant français à la fin du xve siècle », dans La (...)
  • 9 Selon les catégories définies pour la fin du Moyen Âge, B. Guillemain, « Gallicanisme », Dictionna (...)
  • 10 J.-M. Le Gall, Les moines au temps des reformes..., op. cit.

4Ce double mode d’accession, élection et provision, résultat de la concurrence des pouvoirs souverains ecclésiastique et laïque, favorise la naissance de nombreux conflits qui n’ont pas échappé aux historiens, même s’il n’en est pas l’unique raison6. Dans son étude pionnière sur la préréforme en France, à la fin des années 1950, Augustin Renaudet écrivait que « la nomination aux prélatures (...) dépendait de la faveur romaine, royale ou seigneuriale. La plupart des hautes dignités donnaient lieu, devant le Parlement, à d’interminables procès. La vie religieuse menaçait de tomber en décadence »7. Ces conflits au sujet de charges aussi importantes ne laissent pas les contemporains indifférents. C’est d’abord parce qu’y sont souvent mêlés des « membres du groupe dirigeant », pour qui la carrière ecclésiastique est une des formes de promotion sociale et politique8. C’est aussi parce que l’élection est un point fondamental du débat ecclésiologique. Dans la première moitié du xve siècle, période du conciliarisme triomphant, elle est une des libertés défendues par les gallicans, considérée comme une des règles nécessaires pour que l’Église de France soit indépendante sous la protection du roi, garant de ses libertés. Mais il n’en est plus de même à la fin du siècle, où l’élection est en question. Les gallicans réagissent différemment à ce problème, selon qu’ils appartiennent au milieu universitaire et conciliariste, au milieu parlementaire et anti-romain, à l’entourage royal et concordataire, ou aux corps capitulaires, jaloux de leur autonomie9. Il en est de même chez les réformateurs, qu’elle n’a pas tous convaincus de son efficacité, les uns soutenant les chanoines, les autres une politique royale plus dirigiste10. À la fin du xve siècle, réforme ne rime donc pas obligatoirement avec élection.

  • 11 J.-L. Gazzaniga, L’Église du Midi au temps de Charles VII..., op. cit.

5Quelle est alors, en France, la place de l’élection épiscopale dans la vie de l’Église ? Comment, dans la réalité quotidienne des chapitres et des diocèses, comprendre l’extraordinaire vitalité de sa pratique à la fin du xve siècle, quelques années avant le concordat de Bologne en 1516 qui annonce leur disparition ? C’est essentiellement au travers de sources judiciaires que cette recherche a été menée. Les registres des parlements, mais aussi ceux du Grand Conseil fourmillent de procès mus par des ambitions bénéficiales, qu’il s’agisse de bénéfices majeurs ou mineurs. Les élections épiscopales ne sont bien entendu pas en reste. Jean-Louis Gazzaniga a étudié de tels procès sous le règne de Charles VII d’après les registres du parlement de Toulouse11 et cette étude a été une précieuse référence de base pour ce travail, dont la source principale est constituée par les registres du parlement de Paris. Le règne de Charles VIII (1483-1498) lui sert de cadre chronologique : tout au long de ces quinze années, l’intérêt pour le choix des évêques du royaume est constant, semblable à celui de tous les souverains médiévaux qui ne peuvent être qu’attentifs à la désignation de ces hommes de pouvoir. Cette période recoupe deux pontificats, ceux d’innocent VIII (1484-1492) et d’Alexandre VI (1492-1503), au cours desquels alternent entre le souverain français et les pontifes périodes d’entente et d’antagonisme, rythmées par les rêves italiens de Charles VIII.

  • 12 Le décompte des évêchés et archevêchés s’appuie sur les travaux de Dom Jacques Dubois, « La carte (...)
  • 13 Les archives des parlements de Paris et de Toulouse sont plus complètes que celles du parlement de (...)
  • 14 Une exception cependant avec le conflit de Rouen, retenu bien qu’aucun procès n’ait été entamé, le (...)
  • 15 Aucune cause épiscopale, provençale ou dauphinoise, n’apparaît dans les registres parisiens ; il n (...)
  • 16 Aucun nouveau prélat n’est signalé pour les sièges suivants : Amiens, Arras, Auxerre, Bayeux, Bord (...)

6Dans le royaume de France, de nombreux « schismes » – terme employé dans les sources – affectent plus du tiers des sièges épiscopaux ou métropolitains : au moins trente-neuf sièges, sur un total variant de cent onze à cent quatorze12, sont disputés entre deux, voire trois candidats. Le cadre géographique de cette recherche a été délimité par la lecture des registres des parlements de Paris, Toulouse et Bordeaux13 : les conflits décomptés ici sont donc ceux dont un épisode s’est déroulé devant ces tribunaux14. Ainsi, des principautés comme la Provence et le Dauphiné n’ont pas été prises en compte15. Quelle est alors la réelle proportion de sièges disputés ? Selon les listes épiscopales, aucun nouveau prélat n’est signalé sous le règne de Charles VIII pour trente sièges16. Cela ne signifie pas qu’aucune dispute ancienne ne ressurgisse, puisque c’est le cas pour Tulle par exemple, mais ce n’est certes pas le cas le plus fréquent. Si on enlève ces trente sièges du total des diocèses (ce qui en porte le nombre à quatre-vingt-quatre ou quatre-vingt-un), la proportion de conflits avérés lors d’un changement de prélat devient plus importante, entre 46 et 48 %.

  • 17 Voir tableau 1 infra, p. 20.
  • 18 Angers, Bourges et Montauban.
  • 19 Parmi ces procès, celui de Reims, débutant en 1498, a été étudié partiellement par A. Renaudet, Pr (...)
  • 20 Trois sièges, Chartres, Maillezais et Tournai, sont disputés mais il n’y a pas d’élu au sens stric (...)

7Ce sont donc « au moins » trente-neuf sièges qui sont disputés17. Trois de ces sièges font l’objet de deux procès successifs18 ; il convient d’y ajouter le procès pour la régale de Lyon, directement lié à celui de l’élection dans cet archevêché, ce qui porte à quarante-trois le nombre de conflits avérés entre le début du règne de Charles VIII et 149819. Ce nombre important témoigne de l’attrait exercé par les sièges épiscopaux. Il est également significatif de la vivacité de la pratique électorale : en effet, sur l’ensemble de ces conflits, trente-sept se jouent à coup sûr entre élus par le chapitre et pourvus par le pape20.

8Le lien entre élection épiscopale et conflit est donc très fréquent mais difficile à chiffrer. Il serait sans doute plus pertinent de dire que la dualité des voies d’accession à la prélature favorise les conflits et que cela est dû au maintien de la pratique de l’élection épiscopale.

  • 21 Ne sont indiqués que les deux candidats principaux.

Tableau 1 – Les conflits répertoriés21

Tableau 1 – Les conflits répertoriés21

Illustration 1 – Les diocèses du royaume déchirés par un schisme

9Les sources judiciaires, complétées par des sources d’autre nature, françaises ou romaines, ont permis d’aborder l’élection épiscopale – et ses répercussions – sous différents angles, et d’en cerner les multiples intérêts.

10Il est nécessaire de s’interroger sur l’importance de l’élection, lorsqu’on sait qu’elle n’est qu’une première démarche qui doit être suivie de différentes étapes pour que l’élu devienne le possesseur pacifique de son siège ; s’interroger aussi sur la signification du rituel qui l’accompagne et qui met en scène les électeurs – à cette époque, ce sont les chanoines –, mais aussi la population des fidèles, attentive et réceptive au choix de son nouveau prélat, et sur l’enjeu de cette cérémonie qui s’effectue dans un contexte fragile, celui de la vacance du siège épiscopal.

11Il faut réfléchir aussi aux schismes provoqués dans les diocèses par l’ampleur de la concurrence de la provision apostolique, à l’entrelacs des volontés qui s’expriment à l’occasion des désignations et qui sont liées à l’État, à l’Église mais aussi à des ambitions humaines, individuelles ou enchâssées dans des réseaux, des clientèles. Il est utile de chercher sur quoi reposent les conflits qui naissent alors, et se demander s’ils concernent seulement les chanoines et leurs alliés, le roi, le pape et leurs candidats, et selon quels modes ils se déroulent et se résolvent.

12Une désignation épiscopale est donc un point de cristallisation de nombreux paramètres. Cette étude permet d’envisager l’histoire religieuse comme une histoire totale, à la fois spirituelle, politique, sociale, et de la placer dans une perspective plus générale d’étude de la justice, autour du thème fédérateur de l’expression et de la recherche du pouvoir. De quel pouvoir les chanoines sont-ils détenteurs ? Quelle est sa force au regard du pouvoir des États qui se renforcent en cette fin de Moyen Âge ? Comment résiste-t-il à l’emprise du pouvoir de réseaux influents ? Quel est le pouvoir symbolique de l’élection, quelle est son importance effective ? Pour quel pouvoir les candidats luttent-ils, le pouvoir en général ou le pouvoir au service d’un diocèse ?

13Au cours de la première partie de cette étude, il s’agit d’étudier l’actualité française de l’élection épiscopale sous le règne de Charles VIII. Cette actualité est révélée par les débats que l’élection provoque dans l’entourage du pouvoir, mais surtout par sa vitalité. L’exemple de la pratique d’une élection dans la capitale du royaume en 1492, précédée de toutes ses étapes, montre quelle en est la signification religieuse, politique et symbolique et en dévoile les enjeux. Enfin, l’actualité française est inséparable de l’actualité romaine : les papes continuent à pourvoir aux bénéfices du royaume de France, et les évêchés sont donc bien souvent disputés entre deux candidats, le plus souvent un élu et un pourvu. Sous Charles VIII, ce sont au moins quatre-vingt-trois clercs qui participent à un tel conflit dans l’espoir de détenir un évêché du royaume.

14Dans une seconde partie, il est question du lien quasi consubstantiel qui unit l’élection à la justice. Ce lien provient d’abord de la confirmation de l’élection, mais il se démultiplie par les différents procès menés devant les parlements et le Grand Conseil, pour lesquels d’importants moyens sont mis en œuvre par les candidats.

15La troisième partie envisage la manière d’atteindre enfin la possession pacifique de l’évêché, à travers le discours des avocats devant les tribunaux qui révèle les conceptions du bon et du mauvais prélat dans la société médiévale, à travers le prisme des cités et des diocèses, déchirés par des schismes et en attente de pasteur, puis enfin par la recherche des différents modes de résolution des conflits, entamés par la concurrence entre élection épiscopale et provision apostolique.

Notes

1 J.-L. Gazzaniga, L’Église du Midi au temps de Charles VII (1441-1461), d’après la jurisprudence du Parlement de Toulouse, Paris, 1976, p. 112, et É. Delaruelle, E. R. Labande et P. Ourliac, L’Église au temps du Grand Schisme et de la crise conciliaire, 1378-1449 (Histoire de l’Église depuis les origines jusqu’à nos jours), dir. A. Fliche et V. Martin, t. 14,1962, p. 356.

2 B. Guenée, L’Occident aux xive et xve siècles, les États, Paris, 1971, rééd. 1993, p. 244-263. B. Tierney, Religion et droit dans le développement de la pensée constitutionnelle, 1150-1650, Paris, 1993, p. 59.

3 É. Delaruelle, E. R. Labande et P. Ourliac, L’Église au temps du Grand Schisme..., op. cit., p. VII.

4 R. W. Southern, L’Église et la société dans l’Occident médiéval, Paris, 1997, p. 126.

5 Ph. Bernard, Église et vie liturgique dans la Gaule franque du ve au ixe siècle, Ire partie : « Le dossier de saint Germain de Paris († 576) », p. 3. Habilitation à diriger les recherches, manuscrite, dir. L. Pietri, 1999.

6 Dans l’Antiquité, les conflits pour obtenir un siège épiscopal existent déjà, et se retrouvent tout au long du Moyen Âge. J. Gaudemet, L’Église dans l’Empire romain ( ive-ve siècles), (Histoire du Droit et des Institutions de l’Église en Occident), t. 3, Paris, 1958, p. 340-341. L’Église d’Orient et d’Occident (432-610), dir. L. Pietri (Histoire du Christianisme des origines à nos jours), t. 3, Paris, 1998, p. 216-218. Quelques exemples à Reims en 1204, en 1207 ou en 1351, P. Desportes, Diocèse de Reims, Fasti Ecclesiae Gallicanae, Turnhout, 1998, p. 154,157,175.

7 A. Renaudet, « Paris de 1494 à 1517, Église et Universités, réformes religieuses, culture et critique humaniste », dans Courants religieux et humanisme à la fin du xve siècle et au début du xvie siècle, Paris, 1959, p. 6. N. Didier, « Postulation, élection et provision apostolique à l’évêché de Carcassonne en 1456 », Rhdfe, 28 (1), 1951, p. 39-78. M. Harsgor, Recherches sur le personnel du Conseil du roi sous Charles VIII et Louis XII, Lille-Paris, 1980. P. Imbart de Latour, Les origines de la Réforme, t. 1, La France moderne, t. 2, L’Église catholique, la crise et la renaissance, Melun, 1946-1948. Y. Labande-Mailfert, Charles VIII et son milieu (1470/1498), La jeunesse au pouvoir, Paris, 1975. N. Valois, Histoire de la pragmatique sanction de Bourges sous Charles VII, Paris, 1966. P. Lewis, La France à la fin du Moyen Âge, Paris, 1977, p. 401.

8 M. Harsgor, « Maîtres d’un royaume, le groupe dirigeant français à la fin du xve siècle », dans La France de la fin du xve siècle, Renouveau et apogee, Paris, 1985, p. 135-146, p. 136.

9 Selon les catégories définies pour la fin du Moyen Âge, B. Guillemain, « Gallicanisme », Dictionnaire encyclopédique du Moyen Âge, dir. A. Vauchez, Paris, 1997, vol. 1, p. 643. J.-M. le Gall, Les moines au temps des réformes en France (1480-1560), Seyssel, 2001, p. 478-479.

10 J.-M. Le Gall, Les moines au temps des reformes..., op. cit.

11 J.-L. Gazzaniga, L’Église du Midi au temps de Charles VII..., op. cit.

12 Le décompte des évêchés et archevêchés s’appuie sur les travaux de Dom Jacques Dubois, « La carte des diocèses de France avant la Révolution », AESC, 1965-4, p. 680-691, et de J. B. Molin et A. Aussedat-Minvielle, Répertoire des rituels et processionaux imprimés conservés en France, Paris, 1984, cf. carte p. 21. Ce cadre comprend plus exactement les évêchés du royaume et ceux appartenant à des entités dont le roi est le prince (Dauphiné et Provence). Le nombre de 114 correspond au nombre de sièges à la mort de Louis XI ; en 1493, ont été restitués Besançon, Elne et Arras, ce qui en porte le nombre à III. N’appartiennent pas au royaume Nice (province d’Embrun), l’archevêché d’Avignon et les sièges suffragants (Orange, Carpentras et Cavaillon), et Cambrai. Le diocèse de Genève, bien que suffragant de Vienne, n'apparaît donc pas dans ce décompte qui s’attache aux villes éponymes des diocèses, mais l’on sait que des terres dépendant d’un diocèse peuvent appartenir à une autre entité politique, par exemple à Tournai.

13 Les archives des parlements de Paris et de Toulouse sont plus complètes que celles du parlement de Bordeaux.

14 Une exception cependant avec le conflit de Rouen, retenu bien qu’aucun procès n’ait été entamé, les sources capitulaires et romaines ayant démontré l’existence d’un conflit.

15 Aucune cause épiscopale, provençale ou dauphinoise, n’apparaît dans les registres parisiens ; il n’y a donc pas eu d’évocation depuis ces cours qui jugeaient en dernier ressort. Pourtant, plusieurs « transferts » de causes ont été effectués depuis Toulouse et Bordeaux. Que le Dauphiné et la Provence soient encore terres d’Empire, bien que rattachées à la couronne, peut-il être un élément d’explication ?

16 Aucun nouveau prélat n’est signalé pour les sièges suivants : Amiens, Arras, Auxerre, Bayeux, Bordeaux, Chalon-sur-Saône, Châlons-en-Champagne, Cominges, Coutances, Digne, Dol, Évreux, Grasse, Laon, Le Mans, Lisieux, Lombès, Meaux, Nevers, Noyon, Orléans, Poitiers, Rennes, Saint-Brieuc, Saint-Lizier-du-Couserans, Saint-Paul Trois-Châteaux, Saint-Pons-de-Thomière, Sens, Soissons, Vabres. Cf. C. Eubel, Hierarchia catholica Medii Aevi, t. 2, Münster, 1913 et P. B. Gams, Series episcoporum ecclesiae catholicae, Ratisbonne, 1873.

17 Voir tableau 1 infra, p. 20.

18 Angers, Bourges et Montauban.

19 Parmi ces procès, celui de Reims, débutant en 1498, a été étudié partiellement par A. Renaudet, Préréforme et humanisme à Paris, pendant les premières guerres d’Italie (1494-1517), Paris, 1953. Il en est de même pour Pamiers qui a fait l’objet d’une monographie circonstanciée, J.-M. Vidal, Schisme et hérésie au diocèse de Pamiers (1467-1626), Histoire des évêques de Pamiers, t. 3, Castillon, 1931. Enfin le procès le plus tardif opposant à Thérouanne Charles de Créquy, élu, et Philippe de Luxembourg, pourvu, bien qu’il ait été porté devant le parlement de Paris en janvier 1498, n’est pas étudié, car il déborde largement le cadre chronologique. Il est simplement comptabilisé dans le nombre total de procès et pris en compte dans la liste des élections.

20 Trois sièges, Chartres, Maillezais et Tournai, sont disputés mais il n’y a pas d’élu au sens strict, puisque l'un des deux candidats a été désigné par l’archevêque qui a usé du droit de dévolution (René de Prye, Guillaume Leroy et Louis Pot), l’élection n’ayant pas eu lieu ; l’autre candidat est bien entendu pourvu (René d’Illiers, Federico di San Severino et Jean Monissart au début du schisme). À Aire, Pierre de Foix, pourvu qui avait cédé son siège à un familier, revient sur sa décision à la mort de ce dernier et s’oppose au nouveau pourvu en consistoire, Bernard d’Abadye. Quant aux cas d’Elne et d’Alet, dont les procès sont plaidés à Toulouse, les sources sont trop indigentes pour en tirer quelques conclusions. Trente-six constitueront donc l’objet de cette étude, y compris celui de la régale de Lyon. Ce dernier se joue entre l’évêque d’Autun et l’archevêque de Lyon.

21 Ne sont indiqués que les deux candidats principaux.

Table des illustrations

Titre Tableau 1 – Les conflits répertoriés21
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Légende Illustration 1 – Les diocèses du royaume déchirés par un schisme
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© Éditions de la Sorbonne, 2006

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