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Service du prince, fonction châtelaine et élites nobiliaires dans la principauté bourbonnaise à la fin du Moyen Âge
Servizio principesco, ufficio castellano ed élites nobiliari nel principato borbonese alla fine del Medioevo
p. 251-287
Résumés
À la fin du Moyen Âge, dans les territoires des ducs de Bourbon, l’institution châtelaine joue un rôle essentiel dans la maîtrise de l’espace et le contrôle des hommes. La militarisation et la politisation de la fonction qui s’amorcent à partir de la seconde moitié du xive siècle, à la faveur des troubles de la guerre de Cent Ans, transforment le châtelain en « capitaine-châtelain ». À ce titre, il procède à la levée du ban et de l’arrière-ban, ce qui lui permet de contrôler les nobles du mandement. Dès lors, la fonction apporte à son détenteur autorité et pouvoir. D’où l’intérêt des nobles pour la charge. L’étude prosopographique montre, en effet, que la population châtelaine a été majoritairement nobiliaire (plus de 70 % de nobles sur l’ensemble de la période). Une étude plus précise révèle que la part des nobles atteint son apogée sous les principats de Charles Ier (1434-1456) et de Jean II (1456-1488). En même temps, le niveau social des nobles retenus s’est élevé. Le contexte politique, qui voit les ducs de Bourbon s’opposer à plusieurs reprises au roi de France, n’est sans doute pas étranger à cette évolution. En confiant massivement la direction et le contrôle des châtellenies à des nobles, souvent de leur Hôtel, les ducs semblent donner l’impression d’avoir voulu fidéliser davantage une noblesse qui n’était pas toujours insensible aux sirènes royales, en particulier durant la Praguerie ou la guerre du Bien public. Toujours est-il que la forte présence nobiliaire au sein de la population châtelaine atteste d’une adéquation entre les compétences militaires des nobles et le profil de la fonction. Le milieu social débouchait sur un type de carrière. À ce titre, l’office de capitaine-châtelain a pu s’avérer à bien des endroits un facteur de renouvellement des élites nobiliaires.
Alla fine del Medioevo, nei territori dei duchi di Borbone l’istituzione castellana gioca un ruolo essenziale nella padronanza dello spazio e nel controllo degli uomini. La militarizzazione e la politicizzazione di tale ufficio, iniziata sin dalla seconda metà del Quattrocento in conseguenza diretta delle difficoltà connesse alla guerra dei Cent’anni, trasforma il castellano in un «capitano-castellano». Con questo titolo, egli procede agli arruolamenti militari (la levée du ban et de l’arrière-ban), il che gli permette di controllare i nobili del distretto. In tale contesto, l’ufficio comporta, per il suo detentore, autorità e potere. L’interesse nobiliare per tale carica nasce proprio da ciò. Lo studio prosopografico mostra, infatti, che la popolazione castellana fu in grande maggioranza nobile (più di 70% di nobili in tutto il periodo). Uno studio più preciso rivela che la percentuale di nobili raggiunge il suo apice sotto i principati di Carlo I (1434-1456) e di Giovanni II (1456-1488). Al contempo, il livello sociale dei nobili castellani si è innalzato. Il contesto politico, che vede più volte i duchi di Borbone opporsi al re di Francia, non manca di spiegare tale evoluzione. Concedendo massicciamente la direzione e il controllo delle castellarne ad altrettanti nobili, spesso provenienti dalla loro corte, i duchi sembrano dare l’impressione di aver voluto rafforzare vieppiù la fedeltà di una nobiltà che non era sempre insensibile alle sirene regie, in particolare durante la Praguerie o nel corso della guerra detta del Bien public. Certo è che la forte presenza nobiliare in seno al gruppo dei castellani attesta un adeguamento fra le competenze militari dei nobili e il profilo dell’ufficio. Il milieu sociale sfociava in un tipo di carriera. Così, l’ufficio di capitano-castellano ha potuto, in molti suoi aspetti, rivelarsi un importante fattore del rinnovamento delle élites nobili.
Texte intégral
« Loys, duc de Bourbonnois, conte de Clermont et de Fourois,per et chamberier de France et seigneur de Combraille, a touzceulx qui verront ces presentes lettres, [salut]. Savoir faisons [que] nous, confians du senz, loyauté, bonne diligence de notre amé et féal escuier Henry Dut dit Chantellot, ycellui avons fait, establi et ordené, faisons, establissons, instituons et ordenons chastellain de notre chastellenie de Roennoiz et capitaine de notre ville de Saint-Haon et autres que notre bien amé Tachon de Glener, notre bailli de Bourbonnois, tenoit par avant la date de cez lettres, a tenir et exercer lesdiz offices par ledit Henry tant comme il nous pierà aux gaiges, prouffis et émoluments accoustumés, auquel Henry nous avons donné et donnons plain povoir et mandement especial de regir, gouverner et exercer les diz offices deuement de chatellenie et capitainerie par la forme et maniere que a bon et loyal capitaine et chastellain appartient a fere. Mandons a notre bailli et tresorier de Forois que audit Henry facent poier les gaiges des diz offices de chastellenie et capitainerie par ceulx qui les ont acoustumé de poier. Donné en notre ville de Sovigny le XVIIe jour de jullet l’an mil CCC IIIIXX et douze.
Par monseigneur le duc. – J. Baudereu1. »
1Si j’ai choisi d’introduire mon propos par cette lettre de nomination du duc Louis II de Bourbon – lettre choisie presque au hasard parmi beaucoup d’autres-, c’est parce qu’elle me paraît constituer un bon préambule à l’étude de la fonction châtelaine dans la principauté bourbonnaise à la fin du Moyen Âge. En effet, la lettre du « bon duc » comprend nombre d’indications utiles qui peuvent servir de point de départ à la réflexion. Sa lecture impose plusieurs remarques.
2D’abord, le châtelain apparaît comme un officier nommé directement par le prince ; à ce titre, il peut être destitué ou remplacé par lui à tout moment – c’est le cas ici de Tachon de Glené. Ensuite, en même temps qu’il est nommé châtelain, Henry Dut est investi d’une capitainerie, celle de Saint-Haon en Roannais : il reçoit la garde d’un château situé au coeur du mandement qui lui est confié au titre de châtelain2. Par ailleurs, la nomination du châtelain semble tenir compte de qualités censées être celles de l’impétrant. La lettre les énumère : il s’agit du sens, de la loyauté et de la « prudhommie ». Plus tard, au xve siècle, les lettres de nomination à un office de châtelain ajouteront une autre qualité : la vaillance3. Pareillement, après avoir été nommé, le châtelain, selon une procédure administrative rigoureuse, doit être investi de sa charge par un ou plusieurs officiers : le bailli, qui est le supérieur hiérarchique des officiers territoriaux, et aussi les gens de la Chambre des comptes – non signalés ici mais généralement mentionnés dans les lettres de nomination-, à qui il doit prêter serment4. Autre constat : la personne retenue pour exercer la charge de châtelain est un écuyer, à savoir un noble. Enfin, la nature du lien qui unit le châtelain au prince ne semble pas seulement de caractère administratif, mais comporte une dimension autre qui suggère de l’affectif. Pour Louis II de Bourbon, Henry Dut dit Chantellot est son « amé et féal ». À l’évidence, les relations unissant les deux hommes ne sont pas quelconques, ce que corrobore l’importance de la charge octroyée : une vaste châtellenie et une capitainerie de renom5.
3Ainsi, au-delà des informations ponctuelles que cette lettre comporte, c’est à nombre d’interrogations sur la fonction et le milieu châtelains que son contenu renvoie, en même temps qu'elle éclaire les relations existantes entre le prince distributeur de charges, et les officiers qui les reçoivent. Partant, ma réflexion tournera autour de quelques thèmes : cerner la place particulière que l’office de châtelain occupe au sein des différentes formes de service du prince ; évaluer l’importance que la fonction châtelaine avait pour les ducs de Bourbon dans leur projet de maîtrise d’un espace politique et territorial ; tenter d’apprécier ce que l’office de châtelain pouvait représenter pour ceux qui en étaient les bénéficiaires, les châtelains eux-mêmes, et, parmi eux, plus spécifiquement les nobles, dont on verra qu’ils fournissaient le plus gros contingent de la population châtelaine ; en somme, saisir la fonction châtelaine dans sa dimension socio-politique et les châtelains dans leur rapport au pouvoir.
4Pour ce faire, mon développement se concentrera sur la période qui court du milieu du xive siècle au début du xvie siècle, soit du début du principat de Louis II (1356) jusqu’à la fuite du connétable Charles III de Bourbon (1523), qui sonne le glas de la principauté bourbonnaise. La réflexion ne portera pas sur la mise en place de l’institution châtelaine, difficile à retracer en raison de la rareté documentaire6. Rappelons seulement qu’en terre bourbonnaise, comme en terre forézienne, qui passe sous domination bourbonnaise en 13687, ou en terre beau-jolaise, qui intègre la principauté en 14008, l’institution châtelaine date du xiiie, voire de l’extrême fin du xiie siècle. Il est patent qu’au milieu du xive siècle, point de départ de la présente réflexion, la structure châtelaine est déjà ancienne. Les caractéristiques institutionnelles de la fonction paraissent bien établies et le cadre auquel elle est attachée, la châtellenie, bien fixé9. Pour autant, le contenu de la charge n’est pas figé. L’intérêt de la période réside dans le fait que la fonction châtelaine connaît au cours des presque deux siècles retenus des évolutions institutionnelles de taille dont l’une, majeure, consiste en une militarisation et une politisation de la charge. C’est donc par une analyse du profil de la fonction châtelaine et de ses évolutions que je commencerai. Une fois ce profil dessiné, il s’agira de voir qui sont les châtelains et de tenter d’expliquer pourquoi la fonction châtelaine s’est affirmée comme une prérogative quasi nobiliaire. Enfin, il sera temps d’examiner si la charge de châtelain et ce quelle représente ont conduit les nobles à élaborer des stratégies particulières en vue de son obtention, ce qui permettra de proposer une typologie des parcours châtelains en terre bourbonnaise à la fin du Moyen Âge.
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5En premier lieu, tentons de dégager le profil de la fonction châtelaine, en gardant à l’esprit que la vision que nous en avons émane essentiellement d’une documentation princière et administrative : comptes et registres de justice de châtellenies10, lettres de nomination comtales ou ducales11, actes normatifs et législatifs12. Bien que cet ensemble documentaire n’ait rien à voir sur le plan quantitatif avec les documentations savoyarde ou dauphinoise13, il permet néanmoins d’éclairer la réalité de la fonction châtelaine en Bourbonnais pour la période envisagée, tant du point de vue de ses prérogatives que de son exercice.
6La documentation fait ressortir qu’au milieu du xive siècle, la fonction châtelaine relève, dans ses grands principes, des trois domaines traditionnels de l’action administrative14 : le domaine financier, le domaine judiciaire, le domaine militaire. Mais pour assurer l’ensemble de ses missions, le châtelain n’est plus, à cette date, un homme seul, s’il l’a d’ailleurs jamais été. D’autres officiers travaillent sous son autorité. Premier officier à signaler, car il est chronologiquement le premier à apparaître : le prévôt ou le receveur, selon l’appellation qu’on lui donne si l’on est en Forez ou en Bourbonnais. Comme son titre l’indique, cet officier est responsable des questions financières de la châtellenie. Recouvrer les revenus du prince, telle est là sa première mission, à quoi s’ajoutent la gestion du domaine et la mise en paiement des dépenses afférentes. Au milieu du xive siècle, la fonction de prévôt et de receveur est plus ou moins ancienne. En Forez, les prévôts sont attestés dès les années 121015 ; en Bourbonnais, leur présence remonte aux années 1240, les receveurs, quant à eux, n’y étant mentionnés qu’à partir de la fin du xiiie siècle16. En Forez, l’apparition de l’office de prévôt comtal intervient quelque temps après la création de la charge de châtelain comtal, au tournant des xiie et xiiie siècles, au moment où se mettait en place le réseau des châtellenies et de leur mandement17. L’office se généralise par la suite18, de sorte qu’au milieu du xive siècle, le châtelain n’est plus, dans la plupart des cas, celui qui tient les comptes de la châtellenie. À la Chambre des comptes de Montbrison, les registres de fins de comptes le montrent clairement : ce sont désormais les prévôts en personne qui rendent les comptes19. L’évolution est définitivement achevée vers 1380. À cette date, les châtelains foréziens, et sans doute aussi leurs homologues bourbonnais, sont dispensés de fournir des cautions lors de leur entrée en charge20.
7En même temps qu’il abandonnait ses prérogatives financières, le châtelain se voyait doté d’un deuxième auxiliaire spécialisé en matière judiciaire. Cette évolution est surtout décelable au duché de Bourbonnais où les châtellenies, au nombre de dix-sept, étaient nettement plus étendues que la quarantaine de châtellenies du comté de Forez21. Ce deuxième personnage est un lieutenant, appelé souvent lieutenant général. Notons que l’évolution n’est pas originale : on retrouve un processus semblable de spécialisation dans d’autres principautés. Ainsi en Savoie, les lieutenants apparaissent vers 135022. Si le rôle du lieutenant consiste à épauler le châtelain dans sa fonction administrative, ce nouvel officier devient rapidement un spécialiste des affaires judiciaires. Dès la seconde moitié du xive siècle, les lieutenants bourbonnais diligentent les enquêtes, président les plaids ordinaires et remplacent même les châtelains aux assises. Cela sera vrai aussi des lieutenants foréziens, mais à une date plus tardive, puisque la fonction judiciaire est parfois assurée en Forez durant une grande partie du xive siècle par le prévôt, par ailleurs souvent clerc du papier de la châtellenie23. Bref, le lieutenant devient le juge de la châtellenie. Toutefois, le châtelain ou, plus exactement, le capitaine-châtelain – je reviendrai sur cette appellation –, n’abandonnera jamais totalement sa prérogative judiciaire. Même encore au début du xvie siècle, la documentation nous montre des châtelains et parfois des capitaines-châtelains présents lors d’assises24. C’est dire si le pouvoir justicier que délègue le prince est important. On sait qu’il est source d’honneur, et que dans l’établissement d’une renommée son exercice jouait un rôle fondamental, tant il est « un enjeu de la politique »25. Les châtelains l’ont bien compris qui ne délaisseront jamais complètement cette prérogative, en tout cas dans sa forme solennelle qui consiste à prononcer les jugements.
8Résumons-nous. Au milieu du xive siècle, le châtelain n’est plus un comptable. S’il rend encore la justice, il délègue de plus en plus cette mission à un lieutenant. Surtout, ses prérogatives évoluent vers une nette militarisation. Sur ce point, l’étude des titulatures est instructive. Jusque-là, le châtelain était qualifié uniquement de « châtelain » (castellanus). À partir des années 1360, un nouveau titre fait son apparition : celui de capitaine-châtelain (capitaneus et castellanus). Cette évolution est à mettre en rapport avec la situation militaire. Les désordres liés à la guerre de Cent Ans, et particulièrement, dans ces terres centrales du royaume, à la présence de routiers, nécessitent une décentralisation du dispositif de défense qui passe par la mise en place de troupes de garnison dans les différents châteaux comtaux (Forez) et ducaux (Bourbonnais) de la châtellenie26. C’est au châtelain qu’incombe la mission de contrôler et de diriger ces contingents. Voici le comté de Forez. La première mention d’un châtelain investi d’un capitanat date de 1363 : le 14 septembre de cette année-là, Boissonnier d’Augerolles est fait capitaine-châtelain de la terre de Roannais27. La fonction qui lui est assignée est claire : sa lettre de nomination lui enjoint de gardare castra domini comitis. Le serment que prête Humbert Durgel, nommé capitaine-châtelain de Feurs et de Virigneux le 23 janvier 1364, est plus explicite encore. Il s’engage à « tenir et garder lesditz lhieux », aidé par 1’« hun de ces enffans qui avoy armes et chevauz »28. Il jure surtout de « non rendre a nulle personne les lieux », si ce n’est du commandement du comte ou du régent du comté. Dans certaines lettres de nomination, le titre de capitaine n’est pas systématiquement accolé au titre de châtelain, mais la garde des châteaux et des lieux fortifiés que doit assurer le titulaire de la châtellenie donne lieu à une rémunération supplémentaire, preuve qu’il s’agit là d’une charge nouvelle par rapport à la fonction initiale. Mieux même : la rétribution additionnelle que lui allouent les autorités est partiellement, voire totalement à la charge de la communauté. Ainsi, les 100 florins d’or poids commun, et les deux setiers de froment et quatre setiers d’avoine que le régent Renaud de Forez accorde à Morel du Chevallar pour la garde de Saint-Galmier, le 2 janvier 1364, en sus de ses gages de châtelain, doivent être payés à hauteur de 80 florins et deux setiers de froment par les habitants du lieu et du mandement29. Quant aux 40 florins poids commun assignés à Guichard Arnaud, le 23 juin 1364, pour garder Saint-Héand et La Fouillouse, ils sont entièrement supportés par les habitants des agglomérations concernées, selon une répartition qui tient sans doute compte de l’importance numérique relative des populations de ces deux communautés : 25 florins pour les hommes de Saint-Héand, 15 florins pour ceux de La Fouillouse30. Dans tous les cas, le châtelain se muait, pour reprendre la formule d’Étienne Fournial, en « chef de garnison »31. Il reste que la « mesure était de circonstance »32 ; les châtellenies concernées par l’instauration de capitaineries avaient toutes un intérêt stratégique : elles étaient situées en frontière, aux limites du Lyonnais, alors occupé par les troupes de Seguin de Badefol, ou aux confins de l’Auvergne33. Par ailleurs, une fois la menace des routiers passée, certaines capitaineries furent supprimées34. Cependant, en d’autres lieux, la garde des châteaux continua d’être confiée aux châtelains – ainsi dans les châtellenies de Néronde35, Marcilly-le-Châtel36, Châtelus et Fontanès –, au moins jusqu’en 1368. En juin 1368, le Forez passe dans les mains du duc de Bourbon37. En juillet et en août, à l’occasion du remplacement d’une partie des officiers, de nouvelles capitaineries sont créées38 et laissées à la garde des châtelains. Si ces créations s’expliquent une nouvelle fois par le danger que représentent les routiers à cette date39, elles sont aussi motivées par des raisons politiques. En effet, la prise de possession du Forez durant l’été 1368 se traduit par un renouvellement du personnel politique. Les nominations affectant les offices de châtelains sont nombreuses40. Des châtellenies, dont l’intérêt stratégique n’est pas primordial, se voient dotées de capitaines-châtelains, révélant par là même que les considérations militaires n’étaient pas seules en jeu. L’exemple de la châtellenie de Montbrison est sur ce point des plus éclairant. Un capitaine, en la personne de Morel du Chevallar, est nommé en février 136541. Le 22 juillet 1366, il est remplacé par Guillaume Cornet qui, s’il ne porte que le titre de châtelain, assure néanmoins la charge de capitaine : les autorités lui octroient, en supplément de ses gages, 50 florins pour la garde de la ville et du château42. En 1368, l’office de capitaine-châtelain de Montbrison ne donne pas lieu à renouvellement, mais en 1373, un nouveau titulaire apparaît en la personne de Jean des Rues ; sa titulature ne souffre aucune équivoque : il est qualifié de capitaine-châtelain43. Ainsi, tout laisse à penser que c’est le statut de capitale qui explique le maintien d’un capitaine à Montbrison en 1368 : ne s’agit-il pas pour les autorités de contrôler au mieux une cité et ses habitants dont la fidélité s’avère avec le changement politique – l’éviction du régent Renaud de Forez et son remplacement par Louis II de Bourbon44 – des plus nécessaire45 ? Toujours est-il que la titulature de « capitaine-châtelain » se répand après 1368 progressivement à l’ensemble des châtellenies du comté pour en venir à désigner, au début du xve siècle, la majorité des châtelains foréziens46.
9Au duché de Bourbonnais, l’évolution est quasiment la même. Les châtelains apparaissent dans la documentation au début du xiiie siècle. À Moulins, un châtelain est attesté en 121747, à Gannat en 123648, à Montluçon et à Hérisson en 124249. À Souvigny, la première mention d’un châtelain remonte à 126150 et à Murat, en 130351. En revanche, dans cette dernière châtellenie, un capitaine n’est pas signalé avant l’année 136052. En 1346, la châtellenie de Moulins est dirigée par Belin de Nades, que la documentation qualifie de châtelain53 ; en 1365, un capitaine fait son apparition au sein de l’administration de la châtellenie, mais on ne peut dire s’il est doté des prérogatives châtelaines54. À Montluçon, avant 1369, tous les hommes à la tête de la châtellenie portent uniquement le titre de châtelain55 ; en 1369, pour la première fois, Gaucher-Dessous La Tour, d’origine forézienne56 – est-ce là tout à fait un hasard ?-, est qualifié de « capitaine-châtelain »57. Le même constat vaut pour d’autres châtellenies, avec une chronologie sensiblement identique : en Bourbonnais, la titulature de capitaine-châtelain se répand petit à petit dans le dernier quart du xive siècle pour s’établir durablement au début du xve siècle58. Si, comme en Forez, ces créations sont à mettre en relation avec la situation militaire difficile du duché – que l’on songe à l’épisode de Belleperche en 1369, qui voit les routiers anglais s’emparer d’Isabeau de Valois, mère du duc et de la reine de France, Jeanne de Bourbon59 –, elles s’expliquent également par les conditions politiques du moment. Quand il rentre d’Angleterre au début de 1367, après sept années de captivité, Louis II apprend60 que certains nobles bourbonnais se sont livrés durant son absence à des abus et des violences contre les populations61. Aux yeux de Louis II, le rétablissement de l’ordre est un impératif. Dans ce contexte, la création de capitaineries qu’il confie à des châtelains fidèles doit s’interpréter comme un élément de cette politique visant à la remise en ordre de la société bourbonnaise et au renforcement de l’assise territoriale du pouvoir ducal ; en même temps, elle doit contribuer à l’intégration des nobles aux nouvelles structures administratives que le « bon » duc entend développer62. À cette noblesse seigneuriale et d’épée Louis II proposait donc de collaborer en mettant à son service ses compétences militaires. Ainsi était scellé le nouveau profil de la fonction châtelaine. Il se maintiendra jusqu’au début du xvie siècle quand bien même, à partir des années 1470-1480, les autorités ducales prirent l’habitude de disjoindre fonction de capitaine et fonction de châtelain dans certaines châtellenies – principalement les châtellenies de Moulins et de Montbrison, châtellenies « politiques » correspondant aux mandements des capitales du duché de Bourbonnais et du comté de Forez63. Cette évolution, qui donne désormais à la fonction châtelaine une vocation militaire et politique affirmée, conduit à faire de son titulaire un personnage essentiel dans le dispositif des pouvoirs de la principauté.
10Personnage essentiel, le capitaine-châtelain l’est, car ses pouvoirs sont désormais des fonctions de contrôle et d’autorité. Dans la châtellenie, il est le représentant du prince qui l’a désigné et auquel il est lié par un serment. Là se trouve la première particularité institutionnelle : dès l’origine, c’est-à-dire dès le xiiie siècle, les châtelains ont rang d’officier. Ils sont nommés directement par le prince ; en retour, ils peuvent être destitués par lui à tout moment. Chargé de veiller à la mise en œuvre de la politique ducale et au respect de la norme édictée par le prince, le capitaine-châtelain reçoit en garde, au moment de sa nomination, le château ducal qui domine le mandement de la châtellenie et qui devient, par là même, le symbole de son autorité. Sans revenir sur le détail des prérogatives châtelaines64, deux points méritent d’être mis en exergue, car ils permettent de comprendre ce que la fonction pouvait représenter pour ceux qui l’exerçaient.
11En premier lieu, le capitaine-châtelain est celui qui procédait à la levée du ban et de l’arrière-ban dans la châtellenie dont il avait la responsabilité. À ce titre, son autorité s’étendait à l’ensemble des nobles du mandement. N’oublions pas que la châtellenie était une réalité féodale, même encore au début du xvie siècle, puisque toutes les terres qui la composaient ne relevaient pas, à beaucoup près, du domaine ducal65. Cette prérogative militaire était d’autant plus importante que dans leur principauté, les ducs de Bourbon ne disposèrent jamais, contrairement aux ducs de Bretagne et de Bourgogne, d’une armée constituée66. C’est dire si le service féodal y gardait toute sa raison d’être. En exerçant un contrôle sur les nobles fieffés du mandement que lui avait confié le duc, le capitaine châtelain se voyait revêtu d’une responsabilité de tout premier plan. Cette spécificité a dû être prise en compte par les autorités quand il s’est agi pour elles de pourvoir à l’office de capitaine-châtelain : au cœur de leurs préoccupations se trouvait sans doute celle de désigner à la tête de chaque châtellenie un homme capable de s’imposer aux nobles du lieu. Le choix entre autochtone et étranger pour occuper la charge de capitaine-châtelain n’était souvent qu’une réponse à cet impératif67.
12En deuxième lieu, le capitaine-châtelain avait autorité sur tous les officiers de la châtellenie. Certes, les agents ducaux qui œuvraient dans la châtellenie n’étaient jamais nommés par lui, mais par le prince, à tout le moins pour les principaux, à savoir les lieutenants, les receveurs et même les sergents, bien que ces derniers fussent le plus souvent désignés par le bailli ou le sénéchal68. Sur ce point, le capitaine-châtelain bourbonnais n’était pas le châtelain savoyard qui pouvait choisir lui-même son lieutenant69. Il n’empêche : dans le cadre de la châtellenie, tous les officiers ducaux lui étaient soumis. Or, selon les territoires et les châtellenies, le nombre de ces officiers était loin d’être négligeable : de cinq à six personnes pour les plus petites châtellenies70, mais souvent bien davantage, notamment dans les vastes mandements bourbonnais. Là, le nombre d’officiers pouvait atteindre la vingtaine, voire davantage en comptabilisant tous les officiers subalternes71. Si l’on ajoute à ce groupe la petite garnison qui peuplait le château ducal et qui devait assurer la sécurité militaire dans les périodes difficiles, on saisit l’envergure de la fonction et la notabilité qui y était attachée. Incontestablement, le châtelain était un officier ducal aux larges pouvoirs. Dès lors se comprend mieux l’intérêt que l’office a suscité auprès des élites régionales. Au sein de celles-ci, c’est la noblesse qui montra le plus d’attachement à la fonction.
13Les données rassemblées pour presque 500 châtelains ayant exercé en Bourbonnais, Forez et Beaujolais indiquent, en effet, que la fonction châtelaine a été majoritairement exercée par les nobles72. Ainsi, au duché de Bourbonnais, plus de 75 % des châtelains ayant officié entre 1356 et 1523 sortent des rangs de la noblesse ; ils sont 72 % au comté de Forez entre 1368 et 1523 et 70 % en Beaujolais durant la période bourbonnaise (1400-1523). Ces résultats ne sont toutefois que des minima eu égard au nombre de châtelains dont on ne connaît pas l’origine sociale73. Au total, pour les trois territoires considérés, les châtelains des ducs de Bourbon ont été à plus de 70 % des représentants de la noblesse : ce chiffre se monte à 86 % en ne retenant que les châtelains à l’origine sociale identifiée. La présence de la noblesse est donc forte parmi la population châtelaine. Mais cette forte présence ne signifie pas monopole puisque des nonnobles, à hauteur pratiquement de 10 %, parviennent à intégrer le groupe des châtelains. Sur cette présence roturière, l’étude par tranche chronologique révèle que les non-nobles ont surtout été nombreux à la fin du xve siècle et au cours des deux premières décennies du xvie siècle74. Leur part se monte alors à 15 % au moins compte tenu des indéterminés, alors qu'elle n’excédait pas 5 % entre le milieu du xive et le milieu du xve siècle. Cette inflexion dans le recrutement s’explique aisément : elle est à mettre en rapport avec la modification de la fonction châtelaine évoquée précédemment, qui a vu les autorités procéder à partir de 1470, dans certaines châtellenies, à une dissociation entre fonction de châtelain et fonction de capitaine. Démilitarisée, la charge de châtelain a pu alors être confiée à des non-nobles, généralement des juristes à l’image des Cordier à Moulins et des Chamelet à Gannat75, ainsi qu’à des individus issus du monde de la marchandise, pour certains anoblis, et pour beaucoup créanciers du prince76. On notera que l’évolution bourbonnaise atteste ici un retard évident par rapport à l’évolution dégagée pour d’autres espaces politiques. Contrairement à la Savoie, par exemple, où la concession de châtellenies par le comte à des créanciers se développe à partir des années 137077, les autorités en Bourbonnais ne semblent pas recourir à ce procédé avant le milieu du xve siècle. Sans doute cette chronologie est-elle à mettre en rapport avec les difficultés financières de la famille ducale qui s’amorcent alors pour ne faire que s’amplifier à partir de la fin du xve siècle78. Quoi qu’il en soit, la séquence 1360-1480 correspond à la période où la fonction châtelaine a eu la connotation la plus nobiliaire qui soit. De sorte qu’il est possible d’affirmer que c’est bien la militarisation et la politisation de la fonction à partir des années 136079 qui a conduit à sa plus grande « nobiliarisation ».
14Plus généralement, on constate que la fonction châtelaine a été l’apanage d’une noblesse seigneuriale et d’épée, au xive siècle comme au xve siècle. L’étude prosopographique révèle que tous les niveaux de la noblesse ont, à un moment donné, été représentés dans la fonction. Néanmoins, entre le milieu du xive et la fin du xve siècle, une tendance à l’élévation du niveau de recrutement est perceptible. Si la seconde moitié du xive siècle voit cohabiter membres de la petite et de la moyenne noblesse, le xve siècle, à partir des années 1430, se singularise par une élévation du rang des nobles recrutés : les membres issus de la moyenne voire de la grande noblesse sont désormais plus présents au sein de la population châtelaine. À côté des Pierre de Bouillé80, Louis de Brie81, Robert de Culan82, Louis du Breuil83, Jean de la Gardette84, Jean Aubery85, Liénart de Mauvoisin86, Rogerin Brandon87, Antoine de Montjournal88, Paillart d’Urfé89, Antoine de la Fin90, et autre Pierre d’Anléry91, pour n’en citer que quelques-uns92, tous représentants de lignages importants possédant une ou plusieurs seigneuries en Bourbonnais ou en Forez et ayant exercé plusieurs fois la charge de capitaine-châtelain, des nobles plus prestigieux encore, et pour certains, extérieurs à la principauté, investissent la charge. Ainsi en est-il d’Antoine de Chabannes, capitaine de Chavroches en 144093, de son frère Jacques, capitaine-châtelain de Chantelle la même année94, de Charles dArtois, comte d’Eu, capitaine-châtelain de Belleperche en 144395, de Charles dAlbret, capitaine-châtelain de Verneuil en 145796. Ainsi en est-il encore de plusieurs bâtards de la famille ducale, à l’image de Louis de Bourbon, successivement capitaine-châtelain de Verneuil de 1461 à 146897, de Bourbon-l’Archambault entre 1468 et 148398, et de Châteauneuf, en terre forézienne, en 146999, de Pierre de Bourbon, capitaine-châtelain de Billy entre 1470 et 1482100, ou de Mathieu de Bourbon, à la tête de la châtellenie de Cervières en 1486101, puis de Bourbon-l’Archambault de 1492 à 1505102. Cette évolution notable dans le recrutement mérite attention. À ce constat, deux raisons semblent pouvoir être avancées. Une raison politique d’abord. L’époque en question coïncide, grosso modo, avec les principats de Charles Ier (1434-1456) et de Jean II (1456-1488). Or, durant cette période, les relations entre les ducs de Bourbon et la royauté ont souvent été tendues, pour ne pas dire conflictuelles – que l’on songe à la Praguerie103, à la guerre du Bien public104, ou aux différents procès intentés par la royauté contre la maison de Bourbon105. En confiant massivement la direction et le contrôle des châtellenies à des nobles d’importance, très souvent de leur entourage, les ducs donnent l’impression d’avoir voulu fidéliser davantage une noblesse dont le soutien leur était, dans ces circonstances difficiles, indispensable. Et ce d’autant qu’un certain nombre de nobles dans leur mouvance étaient aussi engagés au service du roi106. La deuxième explication renvoie au « contexte administratif ». En effet, l’époque considérée correspond à une sorte d’apogée sur le plan du développement institutionnel de la principauté, qui se manifeste par une plus grande spécialisation. La montée en puissance des non-nobles dans l’appareil d’État à différents postes de l’administration centrale comme la Chambre des comptes et dans les centres de décision politique comme le conseil semble avoir conduit les nobles à centrer leurs revendications sur l’office qui correspondait le mieux à leur profil, c’est-à-dire la fonction châtelaine, au point d’avoir voulu en faire une exclusivité nobiliaire. Ainsi peut-on interpréter les affaires Louis des Barres et Jean de Berry au temps du duc Jean IL Chaque fois, à l’origine de ces intrigues qui s’apparentent à des contestations de l’entourage du prince, se trouvent des capitaines-châtelains, membres de l’Hôtel ducal, évincés de leur poste au profit d’autres nobles voire, plus grave encore et inacceptable à leurs yeux, de non-nobles107. Au total, raisons structurelles et conjoncturelles paraissent se combiner pour expliquer à la fois l’augmentation du nombre des nobles au sein de la population châtelaine et l’élévation de leur niveau de recrutement au cours du xve siècle.
15Il reste que cette forte présence châtelaine ne doit pas surprendre compte tenu de l’évolution du profil de la fonction évoquée précédemment. Si la noblesse a d’abord investi massivement la charge de capitaine-châtelain, c’est parce que celle-ci correspondait le mieux à ses compétences108. N’oublions pas, en effet, que la première compétence, et souvent la seule, que cette noblesse seigneuriale et d’épée avait à proposer, était sa compétence militaire. Les autorités en furent conscientes et les lettres de nomination émanant de la chancellerie ne le cachent pas. En dépit de leur caractère stéréotypé, les lettres de nomination de capitaine-châtelain insistent sur plusieurs qualités. Il y a assurément le sens, la diligence, la loyauté, la « prudhommie », qualités communes requises de tous les officiers109 ; il y a surtout la vaillance que les lettres de nomination réservent prioritairement aux capitaines-châtelains. La signification du mot ne souffre aucune équivoque : la vaillance n’est-elle pas, depuis le xiie siècle, dans la littérature chevaleresque, la valeur guerrière par excellence110 ? En recourant à cette notion pour qualifier ce que doit être le type idéal du capitaine-châtelain, les autorités entendent signifier que la fonction doit être prioritairement distribuée à des spécialistes de la chose militaire. On relèvera d’ailleurs que la vaillance se retrouve très souvent dans les lettres de provision après 1450111. Or, on l’a dit : cette période correspond à une époque où le recrutement a sans doute été le plus nobiliaire possible. Dès lors, on peut se demander si, pour les autorités, la fonction de capitaine-châtelain ne devait pas être réservée à la seule noblesse, ce qui était certainement aussi le souhait de cette dernière. Ainsi, les intérêts des nobles rejoignaient ceux du pouvoir ducal ; tout concourait à ce que le milieu social débouchât sur un « type de carrière »112.
16En sus de la vaillance, les autorités attendaient des capitaines-châtelains une fidélité exemplaire. Pour entretenir cette fidélité, les ducs disposaient d’un moyen efficace, car hautement gratifiant : la retenue dans l’Hôtel. Les croisements des données biographiques que l’étude prosopographique permet d’effectuer montrent que 40 % des châtelains et capitaines-châtelains ayant exercé en Bourbonnais, Forez et Beaujolais appartenaient au moment de leur nomination à l’Hôtel du duc ou de la duchesse. Ils y assuraient les charges de maître d’hôtel, de chambellan, d’écuyer d’écurie, de valet de chambre, de membre de la garde ducale. L’analyse par tranche chronologique permet d’être plus précis : elle révèle que la part des membres de l’Hôtel parmi les capitaines-châtelains est plus forte au xve qu’au xive siècle. Mieux encore : la seconde moitié du xve siècle – principats de Jean II et de Pierre II (1488-1503) – voit la proportion des nobles à la fois membres de l’Hôtel et capitaines-châtelains se hisser à pratiquement 50 %. Le chiffre est éloquent et témoigne, à lui seul, de la force des liens – liens qui s’étaient souvent tissés dès l’enfance – unissant le prince à ses hommes. Les lettres de nomination ne taisent pas cette proximité. Elles la mettent en avant à l’appui de telle ou telle attribution d’office. En 1483, lorsque Jean II pourvoit son chambellan Pierre d’Urfé du prestigieux office de capitaine-châtelain de Bourbon, la lettre de nomination spécifie qu’il agit en considération des services que d’Urfé lui a rendus « des son jeune age »113. Pour Jean du Châtel, conseiller et chambellan de Charles Ier, confirmé capitaine-châtelain de Murat par Jean II en 1457 – soit quelques mois après l’accession de ce prince au trône ducal –, on précise à cette occasion qu’il a été « nourri des son enfance dans l’hostel » des Bourbons114.
17De l’ensemble de ces remarques ressort donc l’idée que l’attachement montré par les nobles à la fonction châtelaine a été grandissant au cours de la période. Pour autant, peut-on affirmer que l’office a été pour eux une fin en soi ? En fait, à l’image d’autres groupes sociaux, l’obtention d’une charge de capitaine châtelain paraît s’intégrer dans une démarche plus large dont l’objectif n’était autre que le renforcement de l’assise sociale et économique de son détenteur, en même temps que l’acquisition d’une renommée115. Pour parvenir à cet objectif, la noblesse a mis sur pied des stratégies particulières dont il convient de dégager les mécanismes.
18Pour les juger, deux points doivent être préalablement évoqués : d’abord la question de la stabilité de l’office, ensuite celle du lieu d’exercice de la fonction, car on peut supposer que les nobles voulant faire « carrière » ont tenu compte, avant de franchir le pas, de ces deux réalités institutionnelles.
19Concernant la stabilité dans l’office, il a été démontré que dans les territoires bourbonnais, la tendance à la stabilisation s’est très tôt développée, tant pour les offices centraux que pour les offices territoriaux116. Les offices de châtelains et de capitaines-châtelains ne sont pas restés à l’écart de cette évolution générale. Un premier calcul effectué pour la période 1356-1523, à partir d’un corpus de 153 individus pour lesquels on connaît avec exactitude les dates d’entrée et de sortie de charge, donne une durée moyenne d’occupation d’office de 7 ans et 9 mois117. Ce résultat, certes en deçà des chiffres obtenus pour les officiers des trois Chambres des comptes de la principauté (13 ans et 2 mois) ou pour les officiers centraux de finance (8 ans et 5 mois), se situe néanmoins au-dessus des moyennes calculées pour les prévôts, les receveurs et les procureurs118. Mais cette moyenne cache des situations variées. Là encore, l’allongement des exercices s’affirme au xve siècle, notamment à partir de 1440, année marquée par un renouvellement significatif du personnel châtelain119, à la suite des troubles politiques liés à la Praguerie120. Les sondages transversaux effectués par tranche d’ancienneté de dix ans révèlent pour les années 1440-1520 que la part des exercices moyens (5-10 ans) et longs (plus de 10 ans) représentent 50 % du total des exercices, les premiers à hauteur de 32 %, les seconds à hauteur de 18 %121. Bien des capitaines-châtelains ont pu demeurer longtemps en possession de leur office. Si le cas de Jean Germanet, à la tête de la châtellenie de Thoissey au moins 38 ans (de 1462 à 1500 au moins122), et ceux de Jean d’Entraigues et de Charles Marconnay, 36 ans tous les deux à la tête de la châtellenie de Souvigny, le premier de 1437 à 1473123, le second de 1493 à 1529124, relèvent tout de même de l’exploit, nombreux sont néanmoins leurs collègues qui ont pu se maintenir en place une bonne vingtaine, voire une trentaine d’années. Voici Jean de Ferrières : il est à la tête de la châtellenie-capitainerie de Belleperche de 1461 à 1495, soit durant 34 ans125. Voici Pérollet de Saint-Aubin : il tient la châtellenie-capitainerie de Verneuil de 1468 à sa mort, en 1498, soit pendant 30 ans126. Voici Louis de Brie : il est capitaine-châtelain de Billy de 1440 à 1465, soit une durée d’exercice de 25 ans127. Voici enfin Pierre de Bouillé : il exerce comme capitaine-châtelain d’Ainay de 1437 à 1462, soit durant un quart de siècle128. Certes, le fait que les offices de capitaines-châtelains aient été assez gracieusement distribués par le duc à des fidèles de son Hôtel a pu contribuer à favoriser l’allongement des durées d’occupation de la charge. Il n’en demeure pas moins qu’un noble nommé capitaine-châtelain pouvait espérer rester longtemps en place, et même de plus en plus longtemps au fur et à mesure que l’on avance dans le xve siècle.
20L’autre facteur, non moins important, dont les nobles avaient à tenir compte, était celui du lieu où devait s’exercer la fonction. Sur cette question, l’étude du recrutement géographique des châtelains et des capitaines-châtelains montre que, comme pour beaucoup d’autres offices territoriaux, la « prime aux régionaux » l’a, dans l’ensemble, emporté129 : les capitaines-châtelains qui officiaient en Bourbonnais étaient d’abord des Bourbonnais (82 %), ceux exerçant en Forez, des Foréziens (70 %), ceux nommés en Beaujolais, des Beaujolais (64 %). Il est seulement à noter que la tendance régionale paraît moins accentuée en Forez et en Beaujolais qu’au duché de Bourbonnais proprement dit. Une étude plus précise portant sur le seul duché de Bourbon révèle que pour l’ensemble de la période envisagée, environ 25 % des châtelains et des capitaines-châtelains étaient originaires de la châtellenie dont ils avaient la responsabilité, ou, à tout le moins, y possédaient des biens – ce qui n’est pas sensiblement la même chose. Cette proportion atteint près de 40 % si l’on intègre les individus originaires des châtellenies limitrophes.
21Plus largement, l’étude du recrutement montre que si un châtelain ou un capitaine-châtelain peut être désigné à l’endroit où est implanté son lignage, il peut aussi être envoyé ailleurs, soit dans l’entité territoriale où sont situés ses biens (duché de Bourbonnais, comté de Forez, Beaujolais) – dans ce cas, on admettra que le recrutement reste régional, quand bien même la nomination implique des déplacements pouvant aller jusqu’à 80 à 100 kilomètres –, soit à l’extérieur de ce territoire. Ici, force est de constater que les transferts de châtelains et surtout de capitaines-châtelains entre les différentes composantes territoriales de la principauté n’ont pas la même ampleur. Le nombre de capitaines-châtelains d’origine bourbonnaise ayant été nommés en Forez ou en Beaujolais est proportionnellement plus élevé (19 %) que le nombre de capitaines-châtelains foréziens ou beaujolais envoyés au duché de Bourbon (respectivement 6 et 2 %). Comment expliquer ces différences ? Elles trouvent leur raison d’être dans le contrôle que le pouvoir central entendait exercer sur les territoires adjoints au duché de Bourbonnais depuis la fin du xive siècle. Si, pour s'assurer la fidélité des familles nobles locales, les autorités ducales ont largement fait appel à des lignages autochtones, elles ont également eu recours à des capitaines-châtelains extérieurs à la région dans laquelle se situaient les châtellenies à administrer. La majeure partie de ceux qui furent envoyés en Beaujolais ou en Forez étaient originaires du Bourbonnais et majoritairement membres de l’Hôtel ducal. Il s’agissait d’hommes de confiance des ducs, d’intimes même, à l’instar de Petit Tachon de Gléné, fils d’un bailli de Bourbonnais, nommé capitaine-châtelain de Virigneux en 1384130, de Pierre des Barres, chambellan de Jean II, institué capitaine-châtelain de Saint-Just-en-Chevalet en 1457131, d’Odile des Escures, échanson du même Jean II, créé capitaine-châtelain de Lent, en terre beaujolaise, en 1470132, de Rogerin Brandon, écuyer d’écurie de Jean II, nommé capitaine-châtelain de Donzy en 1482133, d’Antoine de La Fin, maître d’hôtel de Pierre II, capitaine-châtelain de Saint-Maurice en Roannais de 1488 à 1511134, de François de Mauvoisin, écuyer tranchant d’Anne de Bourbon, nommé à la tête de la châtellenie de Marcilly-le Châtel en 1505135. Le constat vaut pour l’ensemble de la période.
22Par ailleurs, être châtelain ou capitaine-châtelain impliquait souvent mobilité géographique. Or cette question de la mobilité, qui peut être perçue comme une forme d’investissement pour le capitaine-châtelain acceptant un office loin de sa seigneurie, est au cœur du fonctionnement de l’institution châtelaine. Elle n’a de sens, en effet, que si le capitaine-châtelain est tenu d’être régulièrement présent, voire de résider dans la châtellenie qui lui est confiée. Dans le cas bourbonnais, qu’en est-il de la présence des capitaines-châtelains dans les châtellenies ? Il convient d’abord de rappeler que l’obligation de résidence, qui valait pour beaucoup d’officiers territoriaux, valait aussi pour les châtelains et les capitaines-châtelains136.Cette règle a été plusieurs fois énoncée au xve siècle par les ducs eux-mêmes, au point que sa non-application pouvait conduire à la destitution des officiers137. Certes, cela a déjà été dit, les capitaines-châtelains sont de moins en moins présents aux assises au cours du xve siècle et ne sont plus depuis longtemps des officiers comptables138. Mais faut-il en déduire qu’ils ne sont plus sur place, ne viennent plus dans leur châtellenie, n’y exercent plus, ce qui modifierait sensiblement le sens à donner aux nominations de châtelains et de capitaines-châtelains dans des zones éloignées de leur base patrimoniale ? En fait, la réalité géographique de la principauté ne doit pas être perdue de vue : la grande majorité des capitaines-châtelains, membres de l’Hôtel ducal, n’étaient jamais à plus de deux jours de déplacement du chef-lieu de leur châtellenie lorsqu’ils résidaient à la cour de Moulins. En outre, beaucoup ne détenaient que cette charge de capitaine-châtelain ; ils pouvaient s’y investir. Enfin, on l’a vu, une part non négligeable des châtelains étaient recrutés sur place ou, à tout le moins, étaient originaires du territoire dans lequel se trouvait la châtellenie dont ils avaient la responsabilité. Ne peut-on dès lors avancer qu’intérêts personnels et obligations professionnelles se conjuguaient pour les ramener périodiquement dans leur circonscription ? À défaut d’y résider continûment, les châtelains et les capitaines-châtelains venaient dans leur châtellenie. L’exemple beaujolais est là pour le confirmer. Pour la fin du xve et le début du xvie siècle, les textes nous montrent les capitaines-châtelains de la baronnie parcourir à date régulière leur châtellenie, là pour s’opposer aux officiers des ducs de Savoie, ici pour diriger une enquête sur les limites, ailleurs pour les faire respecter139. S’ils ne président plus le tribunal, encore qu’ils ne rechignent pas à prononcer les sentences lors des assises, ils ne sont pas pour autant absents de leur mandement. Tout bien pesé, il semble même qu’ils devaient y être plus souvent qu’on ne le pense d’ordinaire.
23Quoi qu’il en soit, une fois obtenu, l’office de capitaine-châtelain pouvait offrir à son titulaire de riches perspectives de carrière, et lui apporter avantages et autorité. De véritables stratégies ont vu le jour. Quatre profils paraissent pouvoir être dégagés, les critères premiers de distinction étant la durée d’occupation de la fonction et l’ampleur des parcours.
24Le premier profil correspond à celui d’environ 30 % des capitaines-châtelains : ceux-ci n’apparaissent qu’une seule fois dans la documentation et on ne sait pas très bien, pour beaucoup d’entre eux, qui ils sont réellement. Ce sont l’équivalent des « châtelains de passage » qu’Anne Lemonde a également décelés pour le Dauphiné140. Ils sont surtout nombreux entre 1350 et 1450.
25Le deuxième profil concerne un volant de capitaines-châtelains de l’ordre de 40 %. Il s’agit essentiellement de cursus qui s’organisent autour de deux pôles : l’appartenance à l’Hôtel ducal et la fonction châtelaine. Dans ce type de parcours, la clé de la réussite réside dans le passage par l’Hôtel. C’est ce passage qui permettait au prince de tester les fidélités, d’éprouver les valeurs militaires, de jauger les qualités intellectuelles, bref de déceler individualités et compétences. En octroyant la direction d’une châtellenie à tel chambellan ou à tel écuyer d’écurie, le prince faisait geste de distinction et de faveur à l’égard de ses fidèles. L’Hôtel apparaît bien ici comme le creuset de la fonction châtelaine141. Rien d’étonnant que les plus belles carrières de capitaines-châtelains soient le fait de chambellans, de maîtres d’hôtel, d’écuyers d’écurie, d’échansons, de capitaines de la garde. Aux yeux des ducs, le cumul entre fonctions curiales et territoriales n’avait rien de répréhensible. Au contraire, il était encouragé tant il permettait d’entretenir vivant le lien personnel qui s’était tissé dans la « maisnie » entre le prince et ses hommes, entre le maître et ses intimes. Pour certains de ces capitaines-châtelains, la carrière a été bien remplie, faite d’une succession de postes à responsabilité grandissante et jouant de la hiérarchie des châtellenies. Le succès de la carrière — laquelle pouvait durer 20 ans, 30 ans, voire davantage –, ne se concevait pas sans mobilité géographique. Voici Antoine de Foulet. Écuyer d’écurie du duc Jean II, celui-ci le nomme gouverneur de la baronnie de Roannais en 1473, charge qu’il cumule durant plusieurs années avec l’office de capitaine-châtelain de Cervières, au comté de Forez. Déchargé des deux offices en 1485, il est transféré un an plus tard à la tête de la châtellenie de Chantelle, au duché de Bourbonnais. Il demeure là, en fonction, au moins dix ans142. Voici Antoine d’Ussel. Écuyer panetier de Jean II, il commence sa carrière au service de la maison de Bourbon en terre beaujolaise comme capitaine de la ville de Lent, charge qu’il délaisse en octobre 1470, lorsqu’il est créé capitaine-châtelain de La Bruyère-l’Aubespin, au duché de Bourbonnais ; il l’est jusqu’en 1475. À cette fonction s’ajoute en 1473 la direction de la châtellenie-capitainerie d’Ainay, qu’il conserve jusqu’à sa mort, à l’automne 1482143. Voici Jean de Tranchelion. Sa carrière châtelaine s’est essentiellement déroulée au duché de Bourbonnais. Si, à ce titre, elle peut paraître moins féconde que d’autres, elle n’en demeure pas moins fournie. Elle témoigne en tout cas d’une étroite proximité avec le prince et d’incontestables qualités militaires et personnelles. Membre de l’Hôtel ducal – il porte les titres de chambellan et de maître d’hôtel-, Jean de Tranchelion fait ses premières armes comme capitaine de Chavroches au début des années 1460. En mars 1466, Jean II le transfère dans la châtellenie-capitale de Moulins où il exerce quelques mois. Le 25 octobre 1466, il est promu capitaine-châtelain de Billy. Il garde l’office jusqu’au 18 octobre 1471. Dix jours plus tard, une promotion le porte à la tête de la châtellenie de Montluçon : il s’y maintient jusqu’en 1486144.
26Le troisième profil que l’on peut distinguer renvoie aux parcours – plus rares – d’individus dont l’office de capitaine-châtelain n’a été qu’une étape dans le cursus professionnel. Sont concernés ici essentiellement les baillis et les sénéchaux et, dans une moindre mesure, les maîtres des eaux et forêts. Où que l’on regarde – Bourbonnais, Forez, Beaujolais, mais aussi duché d’Auvergne à partir de 1425145 –, tous les baillis et sénéchaux ont d’abord été en charge d’une, voire de plusieurs châtellenies, avant d’accéder à la charge de bailli ou de sénéchal. La fonction de capitaine-châtelain apparaît comme un préalable, sorte d’école de formation permettant d’acquérir expérience professionnelle et renommée. Mais tous ces hommes étaient aussi membres de l’Hôtel ducal : c’est là qu’ils ont été distingués par le prince. L’exemple de Bertrand de La Roche peut être évoqué tant riche est son itinéraire. Originaire d’Auvergne, membre d’un lignage de bon niveau, il débute sa carrière au service de la maison de Bourbon comme capitaine-châtelain de Beaujeu, où il est attesté en 1457. En 1460, le duc Jean II le transfère en terre forézienne où il est créé capitaine-châtelain de Bellegarde. Chambellan de l’Hôtel ducal, il est promu en 1466 capitaine-châtelain de Bourbon-l’Archambault pour jouir de l’office après le décès du titulaire d’alors, Martin de Cernay. On ne sait s’il assuma la fonction. La consécration arrive pour lui le 23 juillet 1468 quand il est nommé sénéchal d’Auvergne. Il demeure en la charge 17 années, jusqu’en décembre 1485, date à laquelle il est investi de l’office de capitaine-châtelain de Néronde, au comté de Forez146. Dans certains cas, l’office de bailli impliquait pour son titulaire la détention automatique d’un office de capitaine, voire de capitaine-châtelain. Ainsi en était-il pour les baillis de Forez, systématiquement dotés au xve siècle de la charge de capitaine de Montbrison et, conjointement parfois, de celle de capitaine-châtelain de Saint-Bonnet-le-Château147. De même, bon nombre de maîtres des eaux et forêts, préalablement à leur accession à la maîtrise, avaient exercé une ou plusieurs fois la charge de capitaine-châtelain. Dans plusieurs cas, les châtellenies détenues étaient des mandements « forestiers ». Antoine de Montjournal, d’abord commis puis institué maître des eaux et forêts de Bourbonnais en 1487148, était, au moment de sa nomination, capitaine-châtelain de Chavroches depuis douze ans149. Pierre Mareschal, maître des eaux et forêts du duché de Bourbon de 1502 au moins à 1519, a fait ses classes comme capitaine-châtelain de La Bruyère-l’Aubespin150, une châtellenie dont les limites correspondaient en partie à celles de la forêt de Tronçais. Il a aussi été en charge, un temps, des châtellenies foréziennes de Bussy et de Souternon151.
Fig. 4 – Mobilité géographique et carrière châtelaine des baillis et des maîtres des eaux et forêts (xve – début xvie siècle)
27Quant au dernier profil, il est plus particulier en ce sens qu’il concerne, non pas les capitaines-châtelains, mais les châtelains. Il intéresse les individus dotés à partir des années 1470-1480 uniquement de la charge de châtelain, quand les ducs décidèrent de disjoindre, dans certains mandements, fonction de châtelain et fonction de capitaine. La population est ici différente. Il s’agit majoritairement de non-nobles, financiers ou juristes. Outre les exemples déjà évoqués de la famille Cordier, lignage de la bourgeoisie moulinoise qui monopolise la charge de châtelain de Moulins dans la seconde moitié du xve siècle152, et de la famille Chamelet, dont certains membres fournissent des châtelains à Gannat et à Verneuil à la fin du xve et au début du xvie siècle153, le cas de la famille Robertet, importante famille forézienne qui fit carrière au service des Bourbons et du roi, peut être rapporté pour la châtellenie de Montbrison. Dès avant le milieu du xve siècle, la direction de la châtellenie-capitale du comté de Forez avait été scindée en deux, l’office de capitaine étant confié au bailli, l’office de châtelain à un juriste ou un représentant d’une famille marchande forézienne. Deux membres de la famille Robertet occupèrent la charge de châtelain pendant plus de 20 ans, au tournant du xve et du xvie siècle : Florimond, de 1488 à 1489154, et François, de 1496 à 1517155, ce dernier cumulant son office, d’abord avec celui de trésorier au duché de Bourbonnais, puis avec celui de maître à la Chambre des comptes de Moulins156. Pour Florimond, dont l’activité comme secrétaire du roi est attestée à partir de 1490, la charge de châtelain de Montbrison, couplée un temps à celles de secrétaire ducal et de greffier de la seigneurie de Thiers157, paraît avoir été sa première fonction administrative d’importance158. À n’en pas douter, elle l’aida à faire ses armes et s’avéra pour lui une vraie école d’apprentis sage. De même pour Antoine Minai t, trésorier de Bourbonnais de 1506 à 1515 et de nouveau après 1518, puis auditeur et maître à la Chambre des comptes de Moulins, la charge de châtelain de Gannat, qu’il exerça pendant plus de 20 ans à partir de 1499, constitua son premier office tenu des Bourbons. Si elle lui permit de se forger une expérience, elle lui valut surtout d’être distingué par le prince comme en témoigne sa brillante carrière dans la capitale du duché de Bourbonnais au cours des deux premières décennies du xvie siècle159.
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28Dans la principauté bourbonnaise, le châtelain a d’abord été un capitaine-châtelain, et le capitaine-châtelain d’abord un noble. Faire ce constat, c’est dire à quel point les intérêts de la noblesse et ceux du prince se sont retrouvés dans cet office, au cœur des stratégies de pouvoir de l’aristocratie. L’intérêt que le service princier, à travers l’office de capitaine-châtelain, représentait pour les nobles est manifeste : au-delà des revenus qu’il pouvait rapporter – même si ces derniers étaient peu élevés160 –, c’est d’abord du prestige que l’office procurait. Parce que le capitaine-châtelain a reçu, pour reprendre une formule de Joseph Morsel, « des parcelles du dominium princier »161, il apparaît comme un homme qui a été distingué. En ce sens, l’office est devenu un élément de classification sociale qui se décline dans les titulatures. Au pouvoir traditionnel fondé sur la terre et le fief, l’office apporte une dimension nouvelle : un pouvoir de nature bureaucratique alliée à une autorité de type « charismatique »162, de la renommée et de la reconnaissance sociale163. Sans nul doute, l’office de capitaine-châtelain a aidé à « une reproduction élargie du pouvoir seigneurial ou nobiliaire »164. D’où l’idée que la fonction devait être réservée aux nobles, les seuls par leurs compétences et leurs qualités liées à leur état de noblesse à pouvoir « naturellement » l’exercer. Et ce, d’autant que derrière la détention de l’office se cachait l’accès direct à la personne du prince. En la retenant dans l’Hôtel et en lui concédant massivement les charges de capitaine-châtelain, les ducs de Bourbon ont intéressé l’aristocratie nobiliaire de leurs États aux destinées de la principauté. Mieux encore : ils lui ont permis d’être partie prenante dans leur projet de constitution d’une entité politique et territoriale. Toutefois, cet équilibre était viable tant que les intérêts du prince demeuraient compatibles avec ceux de sa noblesse. Quand celle-ci s’est trouvée menacée par les choix politiques de son maître – et il ne pouvait s’agir que de prises de position par rapport à la royauté –, elle a lâché prise. Ainsi, en 1523, lorsque Charles III de Bourbon s’engage dans la voie de la confrontation avec le roi, les nobles qui l’accompagnent dans sa fuite ne sont qu’une poignée. Les capitaines-châtelains, dans leur très grande majorité, n’ont pas bougé et sont restés à leur poste165. Bien leur en a pris. François Ier les a massivement confirmés dans leur charge166. Mais le roi a-t-il perçu les limites d’un tel office, ou bien a-t-il discerné le danger qu’une telle fonction pouvait représenter pour sa propre autorité si elle était maintenue en l’état, une fois la principauté bourbonnaise intégrée à la couronne ? Toujours est-il que l’évolution amorcée dans les années 1470-1480 consistant à disjoindre fonction de capitaine et charge de châtelain est rendue plus systématique après 1530. En 1566, le géographe du roi, Nicolas de Nicolaÿ, est sensible à cette évolution. Évoquant l’organisation des châtellenies dans sa Générale Description du Bourbonnais167, il mentionne pour nombre d’entre elles deux offices distincts : d’une part l’office de capitaine, d’autre part celui de lieutenant ou de châtelain, ce dernier souvent qualifié par ses soins de « châtelain de robe longue »168. Au milieu du xvie siècle, la figure du « capitaine-châtelain » avait partiellement vécu. S’ouvrait une autre époque, celle du « châtelain », homme de loi et gradué de l’université. La charge devenait désormais l’apanage d’une nouvelle noblesse : la noblesse de robe.
Notes de bas de page
1 Acte qui nous est parvenu sous forme de copie : AD Loire, B 1837, fol. 50.
2 La châtellenie de Roannais constituait au nord du comté de Forez un mandement assez étendu. Elle comprenait plusieurs châteaux et prévôtés. À Saint-Haon-le-Châtel, l’autorité comtale avait acquis la cellérerie au début du xive siècle, dénommée par la suite prévôté de la Chambre pour la distinguer de l’autre prévôté du lieu, prévôté héréditaire absorbée par le duc-comte de Bourbon dans la seconde moitié du xve siècle. Attesté pour la première fois au milieu du xiie siècle, le château de Saint-Haon-le-Châtel, avec donjon, a été au xiiie siècle à l’origine du développement d’une petite agglomération qui garde encore tout son intérêt stratégique au xive siècle en raison de sa situation de domination de la plaine du Roannais : É. Fournial, Les mémoriaux de la Chambre des comptes de Forez. Restitution du registre des années 1349-1356, Mâcon, 1964, p. 46-48 et Id., Les villes et l’économie d’échange en Forez aux xiiie et xive siècle, Paris, 1967, p. 24, 55 et 68-69.
3 O. Mattéoni, Servir le prince. Les officiers des ducs de Bourbon à la fin du Moyen Âge (1356-1523), Paris, 1998, p. 258-272.
4 Cette absence de la mention de la Chambre des comptes tient sans doute au fait que, à partir des années 1380, le châtelain n’est plus tenu de présenter des pleiges devant la Chambre des comptes puisque c’est désormais le prévôt qui assure la responsabilité comptable de la châtellenie (cf. infra). Il n’en reste pas moins que le châtelain, comme tout autre officier, est tenu de jurer au bailli et aux gens des comptes. Notons d’ailleurs que la prestation de serment avait souvent comme cadre les locaux mêmes de la Chambre des comptes : É. Fournial, Les mémoriaux de la Chambre des comptes de Forez..., op. cit., p. 58 et O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 255-256.
5 Sur l'importance de la châtellenie et de la capitainerie en question, cf. supra, note 2.
6 Pour une vue générale de la mise en place et de l’évolution de la fonction châtelaine au xiiie et au début du xive siècle en Bourbonnais, en Forez et en Beaujolais, cf. É. Perroy, « L’État bourbonnais », dans F. LOT et R. Fawtier dir., Histoire des institutions françaises au Moyen Âge, t. I, Les institutions seigneuriales, Paris, 1957, p. 289-317 ; aussi É. Fournial, Les mémoriaux de la Chambre des comptes de Forez..., op. cit., p. 12-18 pour le comté de Forez, et A. Leguai, De la seigneurie à l’État. Le Bourbonnais pendant la guerre de Cent Ans, Moulins, 1969, p. 166-174 pour le duché de Bourbon proprement dit.
7 Sur le processus d’intégration du Forez au Bourbonnais, étude complète dans J.-C. Frachette, La dévolution du comté de Forez à la maison de Bourbon, 1358-1417, mémoire de maîtrise dactylographié, Université de Saint-Étienne, 1972. Présentation rapide dans O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 75-79.
8 Ibid., p. 81-83.
9 Sur ce point, le constat fait par Bernard Guenée pour le bailliage de Senlis au sujet des limites des châtellenies vaut pour le duché de Bourbonnais : les limites des châtellenies pouvaient y être complexes, elles n’en étaient pas moins « stables et précises » : ibid., p. 113-114 ; B. Guenée, « La géographie administrative de la France à la fin du Moyen Âge : élections et bailliages », Le Moyen Âge, 1961, p. 293-323 (repris dans Politique et histoire au Moyen Âge. Recueil d’articles sur l’histoire politique et l’historiographie médiévale (1956-1981), Paris, 1981, p. 41-71) et Tribunaux et gens de justice dans le bailliage de Senlis à la fin du Moyen Âge (vers 1380-vers 1550), Paris, 1963, p. 63-75.
10 Cette documentation provient essentiellement du fonds de la Chambre des comptes de Montbrison, aujourd’hui conservé aux Archives départementales de la Loire, à Saint-Étienne, dans la série B. Pour une présentation de cette documentation, A. Chaverondier, Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790 : Loire, Archives civiles, série B, 3 t., Saint-Etienne, 1888-1905. Cette documentation « châtelaine » est partielle et lorsqu’elle a été conservée, elle n’est jamais continue pour aucune châtellenie.
11 Si l’on a gardé quelques lettres de nomination sous forme d’actes originaux, l’essentiel de celles-ci nous est parvenu sous la forme de copies regroupées dans trois registres principaux. Deux sont des originaux. Il s'agit du registre aux nominations du comté de Forez pour le xive siècle : conservé à la Bibliothèque nationale de France, coté ms. lat. 10034, il concerne la période comtale (avant 1368) et la période bourbonnaise jusqu’en 1390. L’autre document original se trouve aux Archives départementales de la Loire, sous la cote B 1844 : il a trait aux provisions d’offices au comté de Forez pour la période 1451-1459. Le troisième registre est un manuscrit qui date du xviie siècle. Conservé à la Bibliothèque nationale de France, coté ms. fr. 22299, il contient des extraits, sous forme de mentions analytiques, d’actes qui avaient été transcrits dans des registres par les gens de la Chambre des comptes de Moulins au xve et au début du xvie siècle et que l’incendie, en 1737, de la Chambre des comptes de Paris où ils se trouvaient, a fait disparaître. La majorité des actes qu’il comporte renvoie à des provisions d’offices de la seconde moitié du xve et du début du xvie siècle. Beaucoup de ces actes sont des nominations de châtelains et de capitaines-châtelains. D’autres actes de nomination se trouvent éparpillés dans des registres, tel le registre des entrées et des sorties d’archives de la Chambre des comptes de Montbrison (AD Loire, B 1837) ou dans les pièces B 1843 et B 1911 (AD Loire). Sur le registre BnF, ms. lat. 10034, voir É. Perroy, « Le personnel administratif du comté de Forez au xive siècle d’après le registre aux nominations de 1317 à 1390 », Bulletin de la Diana, 31 (1948), p. 1-35 (repris dans Études d’histoire médiévale, Paris, 1979, p. 395-410) et J.-C. Frachette, « Les nominations des officiers de Forez au xive siècle », dans Mélanges en l’honneur d’Étienne Fournial, Saint-Étienne, 1978, p. 125-145. Concernant l’exploitation de cet important stock de lettres de nomination, O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 258-272.
12 Les actes des ducs de Bourbon sont principalement conservés dans le fonds de la série P de la Chambre des comptes : AN, P 1355 à 1381 pour les titres intéressant le duché de Bourbonnais ; P 1385 et P 13881 à 13932 pour le Beaujolais ; P 13941 à 14023 pour le Forez. Notons toutefois que les ordonnances ou les actes normatifs qui ont trait à la fonction de châtelain ne sont pas légion. Sur l’activité normative et législative de l’un des ducs de Bourbon, le duc Louis II (1356-1410), je me permets de renvoyer par avance à la publication de ses actes que j’achève pour la collection des mémoires et documents de l’École nationale des chartes et à son introduction, où ce thème sera abordé.
13 Pour une présentation de la riche documentation savoyarde, en particulier la documentation comptable châtelaine, C. Guilleré et J.-L. Gaulin, « Des rouleaux et des hommes : premières recherches sur les comptes de châtellenies savoyardes », Études Savoisiennes, 1 (1992), p. 51-108. Sur la documentation dauphinoise et son exploitation, A. Lemonde, Le temps des libertés en Dauphiné. L’intégration d’une principauté à la Couronne de France (1349-1408), Grenoble, 2002.
14 Pour reprendre la classification de Bernard Guenée dans son analyse des buts de l’État médiéval, à savoir justice, finances, guerre et diplomatie, politique économique : B. Guenée, L’Occident aux xive et xve siècles. Les États,6e éd. mise à jour, Paris, 1999, p. 181-224.
15 Le premier prévôt comtal connu est celui de Sury-le-Bois. L’acte le concernant date de février 1218 : É. Fournial, Les mémoriaux de la Chambre des comptes de Forez..., op. cit., p. 15.
16 La plus ancienne indication d’un « receveur » en Bourbonnais retrouvée à ce jour remonte à 1291 : il s’agit du receveur de la châtellenie de Germigny, Raoul le Noir : AN, P 13742, no 2409. Dans les chartes de franchises du xiiie siècle, on trouve mention de prévôts, non de receveurs. Ainsi un prévôt du seigneur de Bourbon est attesté à Montluçon en 1242 et un à Charroux en 1243 : J.-M. de La Mure, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, R. Chantelauze éd., t. III, Paris, 1868, p. 94-100.
17 Étienne Fournial pense que les créations d’offices de châtelain et de prévôt au début du XIIIe siècle participent d’une réforme générale de l’administration locale, mais que celle-ci « ne fut réalisée qu’assez lentement (...), au fur et à mesure des besoins ». Notamment, l’action du comte de Forez a consisté dans certains cas à substituer aux prévôts héréditaires des terres seigneuriales qu’il acquérait des prévôts comtaux : É. Fournial, Les mémoriaux de la Chambre des comptes de Forez..., op. cit., p. 16-18. Cette chronologie concorde parfaitement avec celle dégagée par Guido Castelnuovo et Christian Guilleré dans leur étude sur la mise en place de l’administration châtelaine en Savoie. Ces deux auteurs constatent que les années 1170-1230 se caractérisent par une modification sémantique du terme de châtelain. C’est au cours de cette période que le sens du mot en vient à désigner l’officier comtal, et non plus seulement l’officier en charge du « contrôle féodo-seigneurial du château » : G. Castelnuovo et C. Guilleré, « Les finances et l’administration de la maison de Savoie au xiiie siècle », dans B. Andenmatten, A. Paravicini Bagliani et E. Pibiri dir., Pierre II de Savoie. « Le Petit Charlemagne » († 1268), Lausanne, Lausanne, 2000 (Cahiers lausannois d’histoire médiévale, 27), p. 33-125, spéc. p. 59-64.
18 Sur la question des modèles, je me permets de renvoyer à O. Mattéoni, « Imitatio regis ? Les institutions financières du comté de Forez et de la seigneurie de Bourbon au début du xive siècle. De l’influence monarchique et du rôle des hommes : étude comparée », dans Monnaie, fiscalité et finances au temps de Philippe le Bel. Actes de la journée d’études Moyen Âge organisé par le Comité pour l’histoire économique et financière de la France, Bercy, Ministère des Finances, 14 mai 2004, Paris, à paraître.
19 É. Fournial, Les mémoriaux de la Chambre des comptes de Forez..., op. cit., p. 57 et 104-108. Au début du xve siècle, les châtelains et les capitaines-châtelains sont exclus de la reddition des comptes. Les prévôts sont les seuls à comparaître devant la Chambre des comptes de Forez : AD Loire, B 1958 et O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 227-230.
20 É. Fournial, Les mémoriaux de la Chambre des comptes de Forez..., op. cit., p. 58.
21 Cartes des châtellenies dans O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 110 (comté de Forez), p. 113 (duché de Bourbonnais), p. 109 (baronnie de Beaujolais). La baronnie de Beaujolais compte une douzaine de châtellenies au milieu du xive siècle. L’arrivée des Bourbons en 1400 s’accompagne d’une rationalisation du découpage. Au milieu du xve siècle, le Beaujolais comprend 18 châtellenies, à quoi s’ajoutent trois chefs-lieux de prévôtés, Beaujeu, Villefranche et Belleville : É. Perroy, « L’État bourbonnais », art. cit., p. 305-307.
22 G. Castelnuovo, « Centres et périphéries : les châtelains en terre savoyarde (moitié xivemoitié xve siècle) », dans Actes du 116e Congrès national des Sociétés savantes, Chambéry 1991, Savoie et Région alpine, Paris, p. 97-108, spéc. p. 99.
23 Les premières mentions de lieutenant de châtellenie en Forez datent des années 1380 : mention en 1388 d’un lieutenant de Saint-Marcellin, qui reçoit le serment d’un nouveau sergent, et, la même année, d’un lieutenant à Malleval : BnF, ms. lat. 10034, fol. 112.
24 Si la présence des châtelains et surtout des capitaines-châtelains va déclinant au fur et à mesure que l’on s’avance dans le xve siècle, ils ne disparaissent pas pour autant totalement du tribunal de leur châtellenie. Ainsi, en Beaujolais, à l’extrême fin du xve et au début du xvie siècle, certains capitaines-châtelains continuent de présider les assises de leur châtellenie : L. Aubret, Mémoires pour servir à l’histoire de Dombes, t. III, M.-C. Guigue éd., Trévoux, 1868, p. 112 et 170-171.
25 Cf. les travaux de C. Gauvard, notamment « Les humanistes et la justice sous le règne de Charles VI », dans Pratiques de la culture écrite en France au xve siècle, M. Ornato et N. Pons éd., Louvain-la-Neuve, 1995, p. 217-244, spéc. p. 239 pour la citation. Sur la justice comme source de l’autorité, A. Kojève, La notion de l’autorité, Paris, 2004, p. 69-80.
26 Sur le contexte militaire de cette période, voir, pour le duché de Bourbonnais, A. Leguai, De la seigneurie à l’État..., op. cit., p. 187-211, et, pour le comté de Forez, É. Fournial, Les villes et l’économie d'échange..., op. cit., p. 325-336.
27 BnF, ms. lat. 10034, fol. 52 bis v ; aussi É. Perroy, « Le personnel administratif du comté de Forez au xive siècle... », art. cit., p. 5 et É. Fournial, Les villes et l’économie d’échange..., op. cit., p. 336-337.
28 BnF, ms. lat. 10034, fol. 52 bis v ; aussi É. Perroy, « Le personnel administratif du comté de Forez au xive siècle... », art. cit., p. 10 et É. Fournial, Les villes et l’économie d’échange..., op. cit., p. 337.
29 BnF, ms. lat. 10034, fol. 54.
30 Ibid., fol. 53v.
31 É. Fournial, Les villes et l’économie d’échange..., op. cit., p. 337.
32 Ibid.
33 Il s’agit de châtellenies de la rive droite de la Loire, excepté le Roannais : châtellenies de Virigneux, Feurs, Néronde, Châtelus, Fontanès, Saint-Galmier. On trouve aussi quelques châtellenies de la rive gauche, aux portes de l'Auvergne : châtellenies de Lavieu et de Saint-Romain-le-Puy.
34 En Roannais, Boissonnier d’Augerolles est nommé châtelain et capitaine le 14 septembre 1363 ; il est remplacé comme châtelain et capitaine de Saint-Haon et de Roanne par Tachon Aroud le 25 juillet 1365. Le 24 mars 1367, Jean Frenier est institué seulement châtelain de Roanne : BnF, ms. lat. 10034, fol. 52 bis v, 56v et 62. Le 13 avril 1364, Damas de Beaucèvre est nommé châtelain de Saint-Romain-le-Puy et châtelain de Sury-le-Comtal ; dans les deux cas, il a une mission de capitaine puisqu’on lui enjoint de garder les châteaux desdits lieux. Le 21 juin 1366, il est remplacé comme châtelain de Saint-Romain par Dinet de La Bastie, alias de Lavieu. La nomination ne comporte aucune indication de garde de châteaux : ibid., fol. 53 et 60.
35 À Néronde, Girard de Sainte-Colombe, bailli de Forez, est nommé châtelain, chargé en sus de son office de la garde du château. Il est confirmé dans l’office avec la même mission de garde le 12 juin 1365. Le 2 juillet 1368, un nouveau châtelain est désigné en la personne de Perrin Peylhon, mais sa nomination ne fait aucune allusion à une quelconque garde de château : BnF, ms. lat. 10034, fol. 53, 55, 65v et É. Fournial, Les villes et l’économie d’échange..., op. cit., p. 337.
36 Ibid., p. 338.
37 J.-C. Frachette, La dévolution du comté de Forez à la maison de Bourbon..., op. cit. Présentation rapide de ce changement dans O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 75-79.
38 Nomination d’un capitaine de Lavieu en la personne de Robert de Vaures le 23 juillet 1368, jusqu’à la fête de Saint-Michel (BnF, ms. lat. 10034, fol. 66), d’un capitaine-châtelain à Suryle-Comtal en la personne de Robert d’Angérieu le 3 août 1368 (ibid., fol. 66), d’un capitainechâtelain à Saint-Marcellin en la personne de Falco de Bouthéon le 21 août 1368 (ibid., fol. 66v). Il s’agit de châtellenies situées au sud du comté, aux portes de l’Auvergne et du Velay ; là se trouve leur intérêt stratégique.
39 É. Fournial, Les villes et l’économie d’échange..., op. cit., p. 338.
40 Sur les 40 offices qui changent de titulaires ou qui voient leurs titulaires confirmés par les nouvelles autorités entre le 14 juin et le 30 août 1368, quinze sont des offices de châtelain et de capitaine-châtelain : calculs effectués à partir de BnF, ms. lat. 10034, fol. 64-66v et 67.
41 Ibid., fol. 54.
42 Ibid., fol. 61v. Selon le principe évoqué ci-dessus, les 50 florins sont à la charge des habitants de Montbrison.
43 Ibid., fol. 71v, et É. Fournial, Les villes et l’économie d’échange..., op. cit., p. 338.
44 O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 75-79.
45 Le choix de Jean des Rues est des plus signifiants. Nommé capitaine-châtelain de Montbrison entre 1368 et 1373, il s’avère un fidèle de la cause des Bourbons, comme l’atteste sa carrière dans l’administration forézienne au cours de la seconde moitié du xive siècle. Outre la charge de capitaine-châtelain de Montbrison qu’il conserve pendant une trentaine d’années, il fut conseiller-auditeur à la Chambre des comptes de Forez de 1381 à 1399 au moins. Par ailleurs, il supervisa un temps, en tant que châtelain et capitaine de Feurs – charge qu’il occupe de 1389 au moins à 1394-, la construction de l’enceinte de cette agglomération : BnF, ms. lat. 10034, fol. 89 ; AD Loire, B 1837, fol. 79 et B 1930, fol. 13v ; É. Fournial, Les villes et l’économie d'échange..., op. cit., p. 448 et Id., Documents sur les trois États du pays et comté de Forez, vol. I. Des origines à la réunion du comté à la couronne (1531), Saint-Étienne, 1987, p. 111 ; M. Gonon, Documents linguistiques de la France (série franco-provençale). Documents linguistiques du Forez (1260-1498), Paris, 1974, p. 256-321 (édition du compte de la construction des murailles de Feurs, 1388-1390).
46 Ainsi dans le registre BnF, ms. lat. 10034, mention des nominations suivantes à partir de 1370 : nomination d’un capitaine-châtelain à La Tour et au Fay le 3 avril 1370, le 18 janvier 1372 et le 3 octobre 1378 (ibid., fol. 66v, 71, 85v-86, 90), au Fay le 7 juillet et le 10 septembre 1382 (ibid., fol. 95v-96), à Lavieu le 10 juin 1370 (ibid., fol. 67v), à Rocheblaine le 12 mars 1371 et le 15 juin 1378 (ibid., fol. 69 et 84v), à Néronde et Montcellier le 17 juillet 1371 (ibid., fol. 69v), à La Fouillouse le 6 août 1374 (ibid., fol. 75), à Virieu le 17 février 1374 (ibid., fol. 79), à Cleppé le 3 mai 1386 (ibid., fol. 106v), à Bussy le 13 juillet 1386 (ibid., fol. 106v), à Souternon le 22 avril 1390 (ibid., fol. 114v) ; mention d’un capitaine-châtelain à Châteauneuf le 11 avril 1390 (ibid., fol. 114).
47 Châtelain mentionné dans l’acte par lequel Archambaud, sire de Bourbon, s’engage à respecter les libertés et les coutumes de Souvigny : J.-L.-A. Huillard-Bréholles, Titres de la maison ducale de Bourbon, t.I, Paris, 1867, p. 17, no 69 A ; A. Leguai, « Moulins », dans A. Leguai dir., Histoire des communes de l’Ailier. Arrondissement de Moulins, Le Coteau, 1986, p. 34 ; P. K, Les institutions municipales de Moulins sous l’Ancien Régime, Paris, 1906, p. 30-31. Présence confirmée en 1232 dans la charte de franchises de Moulins : J.-M. de La Mure, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez, op. cit., t. III, p. 86-91.
48 Ibid., p. 91-93.
49 Ibid., p. 94-97 et R. Gailloux, Institutions municipales de Montluçon jusqu’à la Révolution, Moulins, 1946, p. 70 et 123-127.
50 L. CÔTE, Histoire du prieuré clunisien de Souvigny, Moulins, 1942, p. 327-328.
51 AN, P 13722, no 2133.
52 AN, P 13551, n“13.
53 AN, P 13893, no 305.
54 Il s’agit de Jean de Marcellanges, présenté comme capitaine de la ville et non du château : Abbé P. DUMONT, Le chapitre collégial de Notre-Dame de Moulins (1378-1408). La fondation et le fondateur, Moulins, 1924, p. 19.
55 Mention d’un châtelain en 1264 en la personne de Robert Jacob (AD Creuse, H 332), en 1348 – on parle de « garde de la châtellenie » – en la personne de Pierre de La Fay (AD Allier, 4 E 191, DD 9), en 1349 (AD Allier, 4 E 191, AA 7 [2]), et en 1360-1365 en la personne de Maté de Forges (AN, P 13551, no 12).
56 AD Allier, 4 E 191, AA 7. Gaucher-Dessous La Tour exerce par la suite comme capitaine-châtelain de Saint-Maurice, au comté de Forez. Il meurt en fonction en avril 1392 : AD Loire, B 1837, fol. 73.
57 AD Allier, 4 E 191, AA 7.
58 L’exemple montluçonnais, l’un des mieux documentés des châtellenies bourbonnaises, montre que, de 1360 au début du xve siècle, alternent à la tête de la châtellenie capitaines et châtelains. Au début du xve siècle, l’office de capitaine-châtelain ne paraît pas encore définitivement fixé : AD Allier, 4 E 191 : AA 8 (2) : mention d’un capitaine en 1372 ; CC 62 : mention d’un capitaine en 1390 ; AA 2 (4) : mention d’un capitaine en 1411 ; CC 50 et CC 51 : mention d’un châtelain en 1405 ; AA 2 (7 et 8) : mention d’un capitaine-châtelain en 1405. À Souvigny, le titre de capitaine-châtelain s’impose au début du xve siècle : Jean de Marzat est dit capitaine-châtelain en 1412, de même que son successeur, Pierre de Pierrepont (AD Allier, A 170, fol. 16 et 20v). En 1437, Jean d’Entraigues porte le titre de capitaine-châtelain (BnF, ms. fr. 22299, p. 6).
59 Sur cet épisode célèbre de la guerre des routiers, P. Flament, « Le siège de Belleperche », Bulletin de la Société d’émulation du Bourbonnais, 20 (1912), p. 264-273, A. Leguai, De la seigneurie à l’Etat..., op. cit., p. 204-205, et les récits de l’événement par Froissart et Cabaret d’Orville : Jean Froissart, Chroniques, S. Luce, G. Raynaud et L. Mirot éd., t. VII, Paris, 1869-1975, p. 367 (texte reproduit dans B. De Fournoux, A. Leguai et J. Lelong, Textes d’histoire bourbonnaise. Moyen Âge et Temps moderne (jusqu’en 1715), Moulins, 1976, p. 27-28 ; Cabaret d’Orville, La chronique du bon duc Loys de Bourbon, A.-M. Chazaud éd., Paris, 1876, p. 74-86.
60 Louis II est mis au courant des méfaits commis durant sa captivité en Angleterre par certains nobles bourbonnais grâce à son procureur général, Huguenin Chauveau, qui les a détaillés dans un livre, le fameux livre Peloux. Il le remet au duc à son retour de captivité. D’après le chroniqueur Cabaret d’Orville, Louis II aurait brûlé l’ouvrage sans même prendre connaissance de son contenu : Cabaret d’Orville, La chronique du bon duc Loys de Bourbon, op. cit., p. 8-12. Sur cet épisode et la lecture qu’il est possible d’en faire, O. Mattéoni, « Portrait du prince idéal et idéologie nobiliaire dans ‘La Chronique du bon duc Loys de Bourbon’(1429) », Studi Francesi, 39 (1994), p. 1-23, spéc. p. 20.
61 Louis II octroie des lettres de rémission aux nobles coupables, confirmant par là même les accusations de son procureur général. Parmi les bénéficiaires de ces lettres se trouve Goussaut de Toury, qui exerce la fonction de maître des eaux et forêts de Bourbonnais : AN, P 13762, no 2703 et J.-L.-A. Huillard-bréholles, Titres de la maison ducale de Bourbon..., op. cit., t. I, p. 528, no 2979. Autre lettre de rémission, celle accordée en mars 1367 à Regnault de Bressoles, dit Maltaille, conseiller de Louis II : AN, P 13762, no 2707 et J.-L.-A. Huillard-bréholles, Titres de la maison ducale de Bourbon, op. cit., t.I, p. 530, no 2996.
62 A. Leguai, « Un aspect de la formation des États princiers en France à la fin du Moyen Âge : les réformes administratives de Louis II, duc de Bourbon », Le Moyen Âge, 70 (1964), p. 49-72 et O. Mattéoni, « Entre fidélité et compétence. Les conseillers du duc Louis II de Bourbon (1356-1410) », dans Powerbrokers in the Late Middle Ages. Les courtiers du pouvoir au Bas Moyen Âge, R. Stein éd., Turnhout, 2001 (Burgundica IV), p. 177-198.
63 Outre les châtellenies de Moulins et de Montbrison, sont concernées, par ce dédoublement institutionnel, les châtellenies de Gannat et de Chantelle : O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 165.
64 Pour une présentation générale de ces prérogatives, je me permets de renvoyer aux pages que j’ai consacrées à cette question ibid., p. 159-167.
65 Dans la grande enquête sur les fiefs et arrière-fiefs du duché de Bourbonnais de 1504, c’est par châtellenies que les fiefs et arrière-fiefs sont classés et inventoriés : AN, P 1127. Sur cette enquête, O. Mattéoni, « Enquêtes, pouvoir ducal et contrôle des hommes dans les territoires bourbonnais à la fin du Moyen Âge », dans L’enquête au Moyen Âge. Actes du colloque international de Rome, 29, 30 et 31 janvier 2004, organisé par l’École française de Rome, l’Université Paris I et l’Institut universitaire de France (UMR 8589), l’EHESS et l’Université Lumière Lyon 2 (UMR 5648), Rome, à paraître.
66 B. Schnerb, Aspects de l’organisation militaire dans les principautés bourguignonnes (v. 1315-v. 1420), thèse dactylographiée, Université Paris IV Paris-Sorbonne, 1988, et M. Jones, « L’armée bretonne 1449-1491 : structures et carrières », dans La France de la fin du xve siècle. Renouveau et apogée, B. Chevalier et P. Contamine éd., Paris, 1985, p. 147-165.
67 L’étude prosopographique des capitaines-châtelains dans la principauté bourbonnaise montre que le recours à des nobles possessionnés localement, soit à l’intérieur de la châtellenie à administrer, soit dans les mandements limitrophes, a été privilégié (cf. infra).
68 Sur le pouvoir de nomination des ducs de Bourbon, O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 248-251.
69 G. Castelnuovo, « Centres et périphéries : les châtelains en terre savoyarde (moitié xive moitié xve siècle) », art. cit., p. 105 ; voir aussi Id., Ufficiali e gentiluomini. La società politica sabauda nel tardo medioevo, Milan, 1994, p. 126-127.
70 C’est le cas en particulier dans les châtellenies de la baronnie du Beaujolais d’après l’ordonnance de Marie du Thil des années 1350, ordonnance toujours en vigueur au xve siècle : mention d’un châtelain, d’un chassipol et d’un sergent pour la châtellenie de Pouilly-le-Châtel ; d’un prévôt, d’un chassipol et de trois sergents dans les prévôtés de Villefranche, Limas et Belleville, qui équivalaient à des châtellenies ; d’un châtelain, d’un chassipol et de deux sergents dans la châtellenie de Juliénas : AN, P 1385, fol. 99-100, transcription dans M. Méras, Le Beaujolais au Moyen Âge, Villefranche-en-Beaujolais, 1956, p. 240-243.
71 Au xve siècle, la châtellenie de Montluçon comptait plus d’une trentaine d’officiers : un lieutenant, un substitut, un receveur, un greffier, un geôlier, deux à trois sergents, quatre à cinq capitaines de places fortes, et près de 20 prévôts. Dans la châtellenie voisine de Murat, les prévôts ducaux étaient une vingtaine ; le total des agents princiers se montait à plus de 35. Sur ces effectifs et d’autres, O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 156-159 ; sur la châtellenie de Montluçon, Id., « Une famille de receveurs montluçonnais : la famille de Fourest (milieu du XVe début du xvie siècle », Bulletin des Amis de Montluçon, 43 (1992), p. 45-87, spéc. p. 48.
72 Exactement 464 châtelains et capitaines-châtelains. Les données chiffrées présentées ici sont reprises de l’exploitation de la base de données que j’ai constituée pour ma thèse. Une présentation abrégée de celle-ci se trouve dans O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 17-20, et une version plus appronfondie dans Id., « Une base de données informatisée pour l’étude prosopographique du personnel politique de la principauté bourbonnaise à la fin du Moyen Âge : présentation et exploitation », Medieval Prosopography, 19 (1998), p. 99-109.
73 La part d’indéterminés concernant l’origine sociale des capitaines-châtelains atteint 21 % pour les trois territoires considérés (Bourbonnais, Beaujolais et Forez). Elle varie cependant d’un territoire à l’autre : pour le duché de Bourbonnais, le taux d'indétermination s’élève à 17 %, alors qu’il est de 19 % pour le comté de Forez et de 27 % pour la seigneurie de Beaujolais. Pour une vue d’ensemble sur toutes ces données, se reporter aux tableaux dans O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 316-317.
74 A contrario, la présence de non-nobles au sein de la population châtelaine semble avoir été élevée au xiiie siècle et dans la première moitié du xive siècle, quand la fonction de châtelain n’avait pas encore une connotation militaire affirmée.
75 Trois représentants de la famille Cordier (Jean, Michel, Jean) se succèdent à la tête de la châtellenie de Moulins dans la seconde moitié du xve et au début du XVIe siècle ; tous trois sont licenciés ès lois : AN, P 13571, no 5 ; AD Allier, E 196 ; BnF, ms. fr. 22299, p. 117 et 227. Même chose pour Jean et Michel (de) Chamelet : le premier est châtelain de Gannat de 1469 à 1487, le second lieutenant puis châtelain de Verneuil au début du xve siècle. Ils appartiennent à une famille bourgeoise implantée à Gannat : AC Gannat, AA 3 ; BnF, ms. fr. 22299, p. 108 ; R. Germain, « La châtellenie de Gannat au xve siècle », Notre Bourbonnais, 215 (1981), p. 330. Concernant l’emprise de la famille Chamelet sur la ville de Gannat, voir le schéma « Liens de famille et relations socio-professionnelles à Gannat à la fin du xve siècle », dans O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 427. Le niveau culturel de ces châtelains pouvait être élevé comme l’atteste l’exemple de Michel (de) Chamelet ; une soixantaine de livres de droit lui ayant appartenu ont été récemment identifiés : P. Aquilon et d. Hillard, « La bibliothèque de Michel de Chamelet, juriste bourbonnais », dans Le livre et l’historien. Études offertes en l’honneur du Professeur Henri-Jean Martin, F. Barbier, a. Parent-charon, F. Dupuigrenet Desrous silles, C. Jolly et D. Varry éd., Genève, 1997, p. 95-109. L’office permet à certaines de ces familles d’être anoblies.
76 Cf. l’exemple de Philippe du Croset, un proche de la duchesse Anne de Bourbon, ancien secrétaire et trésorier de Beaujolais, conseiller-auditeur à la Chambre des comptes de Moulins : il est investi en 1522 de la châtellenie de Montmerle avec la charge de châtelain, contre le remboursement d’un prêt de 9 000 1. t. qu’il avait consenti au duc Charles III : BnF, ms. fr. 22299, p. 200. Autre exemple : celui de Louis Gayant, ancien lieutenant du gouverneur du comté de Clermont-en-Beauvaisis et conseiller au pays de Beaujolais, qui reçoit en 1521 la châtellenie beaujolaise du Châtelard en échange d’une somme de 10 000 l. : L. Aubret, Mémoires pour servir à l’histoire de Dombes, op. cit., t. III, p. 213 ; B. Guenée, Tribunaux et gens de justice..., op. cit., p. 500 ; L. Carolus-barré, Chronologie des baillis de Clermont-en-Beauvaisis, 1202-1522, Senlis, 1944, p. 20. De même, le don en 1507 de la châtellenie de Chalamont, en Beaujolais, à Antoine Feydeau, médecin de Pierre II et d’Anne de Bourbon, et conseiller à la Chambre des comptes de Moulins s’apparente à une récompense dont on ne sait précisément s’il vient gratifier uniquement une fidélité ou rembourser un prêt d’argent que Feydeau aurait concédé à la famille ducale : L. Aubret, Mémoires pour servir à l’histoire de Dombes, op. cit., t. III, p. 175.
77 Outre la communication de Pierre Lafargue dans le présent volume, voir sur cette question G. Castelnuovo et C. Guilleré, « Le crédit du prince : l’exemple savoyard au bas Moyen Âge », dans Crédit et société : les sources, les techniques et les hommes (xive-xvie s.). Publications du Centre européen d’études bourguignonnes (xive-xvie s.), 39 (1999), p. 151-164, spéc. p. 158-164.
78 Difficultés dues, entre autres, à la rivalité avec la royauté, à quoi s’ajoute sans doute le mauvais état de la situation économique et démographique du duché de Bourbonnais à partir des années 1480 : R. Germain, Les campagnes bourbonnaises à la fin du Moyen Âge (1370-1530), Clermont-Ferrand, 1987, p. 47-88.
79 Avec toutefois une trentaine d’années de retard par rapport à la situation bourguignonne pour ce qui concerne l’apparition des capitaines de châteaux : B. Schnerb, « Les capitaines de châteaux dans le duché et comté de Bourgogne au xive siècle », Revue du Nord, no 5 hors série, Collection art et archéologie, 1997, p. 123-131.
80 Écuyer d’écurie de Charles Ier, Pierre de Bouillé est cité capitaine-châtelain d’Ainay en novembre 1437. Il le reste jusqu’en janvier 1462. Entre-temps (1457) il est créé capitaine-châtelain de Germigny. Il l’est encore en 1474 : BnF, ms. fr. 22299, p. 12, 19-20, 28, 30 et 61.
81 Écuyer d’écurie de Charles Ier, Louis de Brie est nommé capitaine-châtelain de Billy le 24 juillet 1440. Nommé de nouveau au même office « pour en jouir toute sa vie » le 29 juillet 1449, confirmé en février 1457 par Jean II, quelques mois après l’accession de ce dernier au trône ducal, il est transféré à la tête de la capitainerie de Moulins le 24 août 1466 ; il obtient quelque temps plus tard l’office de châtelain de la capitale du duché. Remplacé comme capitaine-châtelain de Moulins et Bessay en 1482, il retrouve le même office le 27 novembre 1488. Il reste en place jusqu’en 1490, année de sa mort : ibid., p. 9, 15, 19, 36-37, 69-71, 154.
82 Valet de chambre de l’Hôtel de Jean II, nommé à la tête de la châtellenie forézienne du Fay en 1464, Robert de Culan est transféré quatre ans plus tard au duché de Bourbonnais, où il est créé capitaine des places fortes de Montmarault et de Saint-Bonnet, dans la châtellenie de Murat, en même temps que forestier de la forêt de Dreuille. En 1482, le duc le nomme capitaine-châtelain de Donzy, en Forez. Il garde l’office jusqu’à sa mort qui survient au printemps 1486. En outre, il est désigné contrôleur des réparations et des ouvrages du château de Montluçon en 1483 : ibid., p. 32, 43, 65, 72, 94.
83 Possessionné en Bourbonnais, écuyer d’écurie de Jean II, Louis du Breuil est créé capitaine-châtelain de Billy le 23 avril 1465. Il demeure en fonction plus d’une année, jusqu’au 25 octobre 1466. Promu alors capitaine de la garde du duc, il est nommé capitaine-châtelain de Souvigny le 20 août 1473. Il le reste jusqu’à sa mort qui survient en 1493. Il est inhumé dans une des chapelles de l’église prieurale de Souvigny, où les ducs de Bourbon ont leur sépulture depuis Louis II. Ce choix confirme la proximité qu’il y avait entre lui et la famille ducale. Il est parmi les accusés du procès de 1480 intenté aux officiers du duc de Bourbon par la justice royale : ibid., p. 35, 52, 171 ; AD Allier, H 553 (Thesaurus Silviniacensis), p. 397 ; H. Surirey De Saint-Rémy, Jean II de Bourbon..., op. cit., p. 116-117 ; M.-Ed. Gautier, « Les aménagements liturgiques de la prieurale de Souvigny et les tombeaux des saints abbés de Cluny, Mayeul et Odilon », Bulletin monumental, 162/2 (2004), p. 73 ; O. Mattéoni, « ‘Couronne en forme sphérique ne se peut diviser sans perdre sa figure’. Une leçon sur la souveraineté monarchique : le procès des officiers du duc de Bourbon devant le Parlement de Paris en 1480 », dans Les procès politiques, xive-xviie siècle. Actes du colloque international de Rome, 20, 21 et 22 janvier 2003, organisé par l’École française de Rome, l’École nationale des chartes, l’Université Paris IV, la Casa de Velázquez et l’Institut universitaire de France, Rome, à paraître.
84 Écuyer, maître d’hôtel, chambellan et conseiller de Jean II, Jean de La Gardette est capitaine-châtelain d’Hérisson du 4 juin 1465 au 12 avril 1466. Il est ensuite transféré en Auvergne où il est créé capitaine-châtelain de Nonette le 29 juillet 1468. Il conserve l'office jusqu’en octobre 1485. En outre, il est nommé capitaine-gouverneur de l’Isle-Jourdain en novembre 1469, mais il ne semble pas avoir exercé la charge (un nouveau capitaine-gouverneur est nommé le 21 janvier 1470) : BnF, ms. fr. 22299, p. 35, 36, 42, 44-45, 87.
85 Archer de la garde du corps du duc Jean II, Jean Aubery est nommé par ce dernier capitainechâtelain de Saint-Just-en-Chevalet en 1465. Il ne conserve l’office que quelques mois. En 1472, il est transféré au duché de Bourbonnais où il est nommé capitaine des châteaux de Néris et de Villebret, dans la châtellenie de Montluçon (1472-1474). En 1474, il est créé capitaine du château et mandement de Thizy, en Beaujolais : ibid., p. 35, 51 et 55.
86 Chevalier, seigneur de la Forêt Mauvoisin, maître d'hôtel et conseiller de Jean II, Liénart de Mauvoisin débute sa carrière châtelaine à Thizy comme capitaine-châtelain (avant 1467). Le 18 janvier 1467, il est nommé capitaine-châtelain de Thiers, en Auvergne, office qu’il garde jusqu’au 27 mai 1474. Quelques mois plus tard, il est transféré dans les monts du Forez, à la tête de la châtellenie de Cervières (1475-1476). Le 19 juin 1474, Jean II le nomme bailli de Thiers, en charge de la capitainerie de la ville : il le reste jusqu’en janvier 1487 : ibid., p. 37, 38, 58, 61, 62, 104.
87 Écuyer tranchant puis écuyer d’écurie du duc Jean II, Rogerin Brandon débute sa carrière châtelaine à Thizy, en terre beaujolaise, en 1467. Il devient ensuite capitaine-châtelain de Donzy, au comté de Forez, et bailli-capitaine d’Argental. En 1482, Jean II le crée capitaine-châtelain de Billy, au duché de Bourbonnais. Le 3 mars 1483, le duc le fait capitaine-châtelain de Montluçon, en survivance du titulaire Jean de Tranchelion. Néanmoins, la mort qui le fauche quelques jours après cette nomination l’empêche d’assurer cette succession : ibid., p. 38, 65, 69, 73, 74.
88 Écuyer, seigneur de Précord au duché de Bourbonnais, conseiller et maître d’hôtel de Jean II, Antoine de Montjournal est nommé capitaine-châtelain de Chavroches le 13 mai 1475. Il est de nouveau nommé – ou plutôt confirmé ? – audit office le 7 août 1485. Le 10 juin 1487, le duc le commet maître des eaux et forêts de Bourbonnais en l’absence du titulaire, René du Bus, atteint de maladie : ibid., p. 59, 89, 108, 116.
89 Issu d’un illustre lignage forézien, conseiller et chambellan de Jean II, Paillart d’Urfé a été capitaine-châtelain de Chantelle jusqu’en août 1485. Il est alors nommé capitaine-châtelain de la baronnie de Thiers, en terre d’Auvergne, en janvier 1487. Il est confirmé dans l’office par Pierre II, à son avènement, en 1488. Il sert aussi le roi : cité comme chambellan et conseiller, il est bailli royal de Velay en 1487 et homme d’armes dans la compagnie du Grand écuyer du roi – qui n’est autre que Pierre d’Urfé – en 1493 : ibid., p. 88,104,139-140 ; É. Perroy, Les familles nobles du Forez au xiiie siècle. Essais de filiation, t. II, Saint-Étienne-Montbrison, 1977, p. 626.
90 Seigneur de Beauvoir, écuyer d’écurie de Jean II puis l’un de ses maîtres d’hôtel, Antoine de La Fin est capitaine-châtelain de Saint-Maurice en Roannais jusqu’en 1487. Il est de nouveau nommé à la tête de ladite châtellenie le 22 mai 1488 par Pierre II. Confirmé en 1503 capitaine châtelain de Saint-Maurice et aussi du Verdier et de Villerest, il le demeure jusqu’en juin 1511, date de sa mort. Il est cité maître d’hôtel et conseiller d’Anne de Bourbon en 1503 : BnF, ms. fr. 22299, p. 34, 111, 115, 194, 219 ; L. Aubret, Mémoires pour servir à l’histoire de Dombes, op. cit., t. III, p. 85.
91 Écuyer, maître d’hôtel de Pierre II, Pierre d’Anléry est confirmé capitaine-châtelain de Saint-Germain-Laval en 1488. Il résigne l’office en janvier 1499. En décembre 1505, il est créé capitaine de Limoise, dans la châtellenie de Bourbon-l’Archambault, avant d’être transféré à la tête de la châtellenie bourbonnaise de Murat en novembre 1509. Membre de l’Hôtel de Charles III en tant qu’écuyer d’écurie, il conserve l’office jusqu’en mai 1515, date à laquelle il est nommé à la tête de la châtellenie auvergnate de Nonette. Il réintègre ensuite le duché de Bourbonnais : il y est nommé maître des eaux et forêts et capitaine-châtelain de La Bruyère-l’Aubespin le 8 août 1520 : BnF, ms. fr. 22299, p. 129, 183, 201, 205, 216, 229, 243, 245-246.
92 Pour prendre connaissance du parcours d'autres « notables et illustres » capitaines-châtelains, voir le Catalogue des officiers des ducs de Bourbon, vol. III de ma thèse de doctorat, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, 1994, sections I-B et I-C, p. 773-865.
93 A. Leguai, Les ducs de Bourbon pendant la crise monarchique du XVe siècle. Contribution à l’étude des apanages, Paris, 1962, p. 160.
94 BnF, ms. fr. 22299, p. 10 et comte H. de Chabannes, Histoire de la Maison de Chabannes, t. 1, Dijon, 1892, p. 136.
95 A. Leguai (dir.), Nouvelle Histoire du Bourbonnais, des origines à nos jours, Le Coteau, 1985, p. 224.
96 BnF, ms. fr. 22299, p. 20.
97 Ibid., p. 26 et 42.
98 Ibid., p. 42-43 et 76-77.
99 J.-M. de La Mure, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez.op. cit., t. III, p. 206.
100 BnF, ms. fr. 22299, p. 49 et 65.
101 Ibid., p. 104.
102 Ibid., p. 164 et 201. Sur la place grandissante des bâtards des familles princières au xve siècle dans les affaires administratives, politiques et religieuses, que l’exemple des Bourbons confirme à merveille, voir M. Hargsor, « L’essor des bâtards nobles au xve siècle », Revue historique, 253 (1975), p. 319-354.
103 A. Leguai, Les ducs de Bourbon pendant la crise monarchique du XVe siècle..., op. cit., p. 163-172.
104 H. Surirey de Saint-rémy, Jean II de Bourbon..., op. cit., p. 109-138.
105 Sur l’un de ces procès, celui de 1480, sans doute le plus important de ceux intentés par les autorités royales aux officiers du duc de Bourbon, je me permets de renvoyer à O. Mattéoni, « ‘Couronne en forme sphérique ne se peut diviser sans perdre sa figure’... », art. cit., à paraître.
106 À l’image de Merlin de Cordebeuf par exemple : possessionné au duché de Bourbonnais dans la châtellenie de Gannat, il est panetier du duc Charles Ier en 1439. En 1449, il est écuyer dans l’Hôtel du roi Charles VII ; il l’est encore en 1470, dans l’Hôtel de Louis XI. En Bourbonnais, il est capitaine de Gannat de 1450 à 1465 et de nouveau de 1467 à 1472, année de sa mort : BnF, ms. fr. 22299, p. 16, 35, 50 et 51 ; P. Dupieux, « La paix de Cusset (17 juillet 1440) », Bulletin de la Société d’Émulation du Bourbonnais, 1945, p. 442-443 ; P. Contamine, « Merlin de Cordebeuf et son traité sur les chevaliers errants », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1992, p. 254-263, spéc. p. 255-256.
107 Dans les deux cas, la disgrâce des officiers ducaux concernés débouche sur une contestation des proches du duc censés être à l’origine de ladite défaveur. Dans le cas de Louis des Barres, son éviction de la cour en 1479 le conduit à mettre en cause l’un des conseillers de Jean II, Geoffroy Hébert, évêque de Coutances. Lors du procès intenté contre Hébert devant le parlement de Paris, des Barres accuse l’ecclésiastique d’être à l'origine de plusieurs destitutions d’officiers ; par ailleurs, il appuie tous les bruits malveillants qui courent sur sa personne. Sur cette affaire : AN, X1A 4821, fol. 373-378v ; H. Surirey De Saint-Rémy, Jean II de Bourbon..., op. cit., p. 191-195 ; P. Le Cacheux, Le procès de Geoffroy Hébert, évêque de Coutances (1480), Saint-Lô, 1907. Concernant l’affaire Jean Berry, les raisons sont identiques. Le complot est fomenté par le fils bâtard de Jean II, Mathieu, et est constitué principalement de nobles. On reproche à Berry, bourgeois forézien ayant ses racines à Sury-le-Comtal et Montbrison, sa trop grande influence à la cour de Moulins. Lors du procès, l’avocat de Mathieu de Bourbon résuma ainsi le point de vue de son client : « (...) depuis qu’il [Jean Berry] a esté entré en la maison [de Bourbon], [il] a debouté tous les bons serviteurs, les a fait despoincter de leurs offices, fait vendre iceulx offices a son prouffit, tenir le duc enfermer sans ce que nul autre que luy ou ses alyez parlasi a luy, lui a baillé a boire certains bruvaiges, et tout pour soy enrichir, mist en malle grace plusieurs bons serviteurs de lad. maison, leur fist oster leurs offices, iceulx vendre et les deniers applicquer a son prouffit, ce que jamés n’avoit esté fait en lad. maison ou temps passé ». L’affaire se solda par l’assassinat du secrétaire ducal : AN, X2A 59, fol. 348-374 (fol. 356 pour la citation) et X2A 60, fol. 28v-29,141r-v, 157v, 170r-v, etc. ; B. De Mandrot, « Le meurtre de Jean Berry, secrétaire de Jean duc de Bourbon (1488) », Revue historique, 97 (1905), p. 225-250 ; J.-C. Frachette, « Le meurtre de Jean Berry, secrétaire du duc Jean II de Bourbon (1488) », Bulletin de la Diana, 45 (1977), p. 69-103.
108 Dans sa contribution qui conclut les actes du colloque sur les courtiers du pouvoir à la fin du Moyen Âge, Claude Gauvard précise que les compétences militaires demeurent en France, au xve siècle, des qualités essentielles. Et elle écrit : « On n’est pas seulement recruté parce qu’on est noble, ce qui serait le signe d’un passéisme de mauvais aloi, mais parce qu’on est compétent, du fait des qualités spécifiques que confère la noblesse. Ce renversement des points de vue, en ce sens que les historiens insistent désormais sur les qualités requises selon les besoins du moment, rend en partie caduque la vieille querelle historiographique opposant les nobles aux bourgeois parmi les conseillers du prince » : C. Gauvard, « Conclusion », dans Powerbrokers in the Late Middle Ages..., op. cit., p. 248.
109 O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 260-263.
110 A. Rey (dir.), Le Robert. Dictionnaire historique de la langue française, t. II, Paris, 1992, p. 2208.
111 O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 269-272.
112 Pour reprendre la distinction d’Alain Demurger entre, d’une part, les carrières qui débouchent sur la constitution d’un milieu social et, d’autre part, le milieu social qui conduit à un type de carrière : A. K, « L’apport de la prosopographie à l’étude des mécanismes des pouvoirs (xiiie-xve siècles) », dans Prosopographie et genèse de l’État moderne, F. Autrand éd., Paris, 1986, p. 289-301, spéc. p. 299.
113 BnF, ms. fr. 22299, p. 76-77.
114 Ibid., p. 14 et 18-19. À n’en pas douter, le fosterage demeure une réalité majeure des maisons princières et aristocratiques de la fin du Moyen Âge.
115 Réflexions générales sur cette question dans O. Mattéoni, « Office, pouvoir ducal et société politique dans la principauté bourbonnaise à la fin du Moyen Âge », dans Le duché de Bourbon, des origines au Connétable. Actes du colloque de Moulins des 5 et 6 octobre 2000, Saint-Pourçain, 2001, p. 35-46.
116 Id., Servir le prince..., op. cit., p. 339-348.
117 Ibid., p. 340-343.
118 Moyenne de 6 ans et 4 mois pour les prévôts et les receveurs, de 4 ans et 2 mois pour les avocats et les procureurs : ibid., p. 340.
119 Les châtellenies de Billy, Chantelle, Vichy, La Bruyère-l’Aubespin ainsi que la capitainerie de Montmarault, sise dans la châtellenie de Murat, changent de titulaires entre le 30 juin et le 16 octobre 1440 : BnF, ms. fr. 22299, p. 9-11.
120 A. Leguai, Les ducs de Bourbon pendant la crise monarchique du xve siècle..., op. cit., p. 171.
121 O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 344-347.
122 L. Aubret, Mémoires pour servir à l’histoire de Dombes, op. cit., t. III, p. 43-44 et 147.
123 BnF, ms. fr. 22299, p. 6, 20 et 52. Nommé le 22 novembre 1437, Jean (II) d’Entraigues est confirmé dans sa charge le 10 février 1457 par le duc Jean II à son avènement. Il meurt en fonction ; un nouveau capitaine-châtelain est désigné le 20 août 1473.
124 Ibid., p. 171 et 267. Nommé le 13 octobre 1493 à la mort de Louis du Breuil, Charles Marconnay reste en fonction jusqu’à sa mort. Maintenu en fonction par François Ier et Louise de Savoie, il est remplacé le 21 août 1529.
125 Ibid., p. 27 et 175.
126 Ibid., p. 42, 117 et 184. Nommé le 27 juillet 1468, il est confirmé par Pierre II le 26 mai 1488.
127 Ibid., p. 9, 15, 19 et 35. Institué le 24 juillet 1440, Louis de Brie est nommé à vie le 29 juillet 1449, ce qui traduit sa grande proximité avec Charles Ier. Confirmé le 9 février 1457 par Jean II à son avènement sur le trône ducal, il est remplacé le 23 avril 1465.
128 Ibid., p. 12 et 28.
129 C’est l’une des conclusions auxquelles aboutit l’exploitation de la base de données relatives aux officiers des ducs de Bourbon : O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 301-310. Les données chiffrées qui suivent concernant les origines géographiques des capitaines-châtelains sont extraites de ces pages (voir en particulier les tableaux 17, 17 bis et 17 ter de la page 304). Sur cette base de données, cf. supra, note 72.
130 BnF, ms. lat. 10034, fol. 101.
131 BnF, ms. fr. 22299, p. 19.
132 Il reste capitaine de Lent jusqu'au 18 octobre 1473. Il est de nouveau nommé au même office le 24 décembre 1474 : ibid., p. 47, 56 et 58.
133 Ibid., p. 65.
134 Ibid., p. 11, 115 et 219. Nommé avant 1487, il est déchargé de l’office le 15 octobre 1487. Il est de nouveau nommé le 22 mai 1488. Il garde l’office jusqu’à sa mort qui survient en 1511. Un nouveau capitaine-châtelain est nommé le 21 juin 1511 en la personne d’Antoine Audricourt.
135 Ibid., p. 205 et 216. Nommé le 6 août 1505, il est remplacé le 5 décembre 1508.
136 O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 273-275.
137 Ainsi l’exemple de la châtellenie de Bourbon-l’Archambault dans les années 1480 : le capitaine-châtelain en était Pierre d’Urfé qui avait été nommé en 1483. Mais Pierre d’Urfé était aussi bailli de Forez et, pour le roi, Grand écuyer et sénéchal de Beaucaire et de Nîmes. Il ne pouvait résider dans la châtellenie, ni même y venir régulièrement. Or la châtellenie de Bourbon était une châtellenie importante pour les Bourbons : là se trouvait le berceau de la famille et le château abritait la Sainte-Chapelle ducale. Le 26 août 1485, Jean II commet Jean d’Entraigues à la garde du château car Pierre d’Urfé a été fait prisonnier en Flandre. Le 10 juillet 1486, le duc le remplace définitivement au motif qu’il « est tellement occupé en son office de grand ecuyer de France qu’il ne [peut] demeurer audit chastel, ny exercer ladite capitainerie ». Il est toutefois réintégré dans l’office le 23 octobre 1486 et s’y maintient jusqu’en mai 1492, ce qui montre que la règle pouvait faire fi des considérations administratives pour privilégier les fidélités politiques : BnF, ms. fr. 22299, p. 76-77, 86, 90, 100-101, 164.
138 Cf. supra le développement sur les auxiliaires du châtelain qui apparaissent au xiiie siècle.
139 L. Aubret, Mémoires pour servir à l’histoire de Dombes, op. cit., t. III, p. 143-146, 183 (enquête sur les limites de la châtellenie d’Ambérieux, 1509), p. 112 (enquête du capitaine-châtelain de Thoissey pour faire respecter les limites de sa châtellenie, 1487).
140 A. Lemonde, Le temps des libertés..., op. cit., p. 270, ainsi que sa contribution dans le présent volume.
141 Ce que confirme l’étude d’Elizabeth Gonzalez sur l’Hôtel des ducs d’Orléans : E. Gonzalez, Un prince en son Hôtel. Les serviteurs des ducs d’Orléans au xve siècle, Paris, 2004, en particulier la 3e partie (« L’Hôtel, un instrument de pouvoir ? »), p. 245-325.
142 BnF, ms. fr. 22299, p. 52, 67, 88, 103, 104, 176 ; AN, P 13562, no 253.
143 BnF, ms. fr. 22299, p. 47, 53, 59, 70.
144 Ibid., p. 36, 37, 49, 50, 73, 89 et 92.
145 Année de l’intégration de l'Auvergne à la principauté bourbonnaise.
146 BnF, ms. fr. 22299, p. 20, 25, 38, 80, 125, 184. En tant que sénéchal d’Auvergne, Bertrand de La Roche est au nombre des officiers du duc de Bourbon assignés à comparaître devant le parlement de Paris lors du procès de 1480 : H. Surirey de Saint-Rémy, Jean II de Bourbon..., op. cit., p. 178 et O. Mattéoni, « ‘Couronne en forme sphérique ne se peut diviser sans perdre sa figure’... », art. cit., à paraître. D’autres parcours pourraient être évoqués. Pierre des Barres, sénéchal de Bourbonnais de 1466 à sa mort, en 1471, a été préalablement capitaine-châtelain de Saint-Just-en-Chevalet, au comté de Forez (1457), puis capitaine-châtelain de Montluçon de 1460 à 1471. Il était en outre chambellan du duc : BnF, ms. fr. 22299, p. 19, 25, 37, 50. Jean de La Roche, sénéchal de Haute-Marche au début du xvie siècle (jusqu'en 1507), a commencé sa carrière comme capitaine de Trévoux en Beaujolais – office qu’il conserve jusqu’à sa mort, soit de 1484 à 1507-, puis capitaine d’Aubusson de 1505 à 1507. Chambellan et conseiller de Pierre II, il a exercé un temps comme lieutenant général du duc au gouvernement de Languedoc (1488) : ibid., p. 119, 197, 199, 209 ; L. Aubret, Mémoires pour servir à l’histoire de Dom bes, op. cit., t. III, p. 100. François de Mauvoisin, écuyer tranchant de la duchesse Anne de Bourbon et nommé sénéchal de Haute-Marche en 1512 a été préalablement capitaine-châtelain de Marcilly en terre forézienne (1506-1508) : ibid., p. 205, 216, 220-221. Philibert de La Platière, conseiller et chambellan de Pierre II, avant d’être nommé bailli de Beaujolais en 1499 – charge qu'il détient jusqu’à sa mort, en 1508-, a été successivement bailli-gouverneur de la terre de Châteauchinon (1488), capitaine-châtelain de Belleperche en Bourbonnais (avant 1499) et capitaine-châtelain de Sury-le-Comtal en Forez (1494). Il a également été gouverneur de Gien pour la duchesse Anne : BnF, ms. fr. 22299, p. 119, 171, 175, 185, 210 ; L. Aubret, Mémoires pour servir à l'histoire de Dombes, op. cit., t. III, p. 107, 134, 140 ; M. Méras, « Philibert de La Platière, gouverneur de Gien et bailli du Beaujolais », Bulletin de la Société historique du Giennois, 32 (1984), p. 8-12.
147 Amé Vert, bailli de Forez de 1414 à 1455, a cumulé un temps sa charge de bailli avec celle de capitaine de Montbrison. Il a aussi été capitaine-châtelain de Saint-Bonnet et de Marols de 1402 à 1455 : BnF, ms. lat. 10034, fol. 44v, 56v ; AD Loire, B 1844, fol. 24, 25v ; É. Perroy, Les familles nobles du Forez au xiiie siècle..., op. cit., t. II, p. 941. Son bref successeur, Guiot de Châteauneuf (août 1455-novembre 1455, date de sa mort), est nommé capitaine de Montbrison et capitaine-châtelain de Saint-Bonnet et de Marols, en même temps qu’il est désigné bailli du comté : AD Loire, B 1844, fol. 25v, 29v et 33v. Artaud de Saint-Germain, bailli de 1457 à 1487, cumule sa charge avec celle de capitaine de Montbrison, de même que son successeur Pierre d’Urfé (1487-1508) : ibid., fol. 29v, 51v et 52v ; BnF, ms. fr. 22299, p. 106 ; É. Perroy, Les familles nobles du Forez au XIIIe siècle..., op. cit., t. II, p. 627 ; J.-M. De La Mure, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez..., op. cit., t. II, p. 344 et 510. Au xive siècle, le bailli de Forez pouvait aussi cumuler sa charge avec des offices de châtelain et de capitaine, mais les châtellenies et les capitaineries concédées étaient plus variées. Ainsi, Denis de Beaumont, bailli de Forez de 1379 à 1402 au moins, a été un temps châtelain de Lavieu (1382) et peut-être capitaine de Feurs (1387) : BnF, ms. lat. 10034, fol. 86 ; AD Loire, B 2003, fol. 5 et 14v, B 1918, fol. 9 ; É. Fournial, Documents sur les trois états..., vol. I, Des origines..., op. cit., p. 85.
148 BnF, ms. fr. 22299, p. 108 et 116.
149 D’abord nommé capitaine en 1475, il est institué capitaine-châtelain le 7 août 1485 : ibid., p. 59, 89 et 108.
150 Ibid., p. 177, 178 et 242 ; AD Allier, E 150.
151 Nommé capitaine-châtelain de Bussy et Souternon le 1er décembre 1488 : BnF, ms. fr. 22299, p. 126.
152 Cf. supra, note 75.
153 Ibid.
154 BnF, ms. fr. 22299, p. 114 et 143.
155 Ibid., p. 236 ; AD Loire, B 1843, fol. 2.
156 François Robertet est trésorier de Bourbonnais de 1495 à 1506. Il est nommé à la Chambre des comptes de Moulins en 1510 ; il le reste jusqu’en 1522 : BnF, ms. fr. 22299, p. 174, 203, 218, 250.
157 Florimond est attesté comme secrétaire de Jean II en 1486, 1487, 1488. Le 9 septembre 1486, le duc le retient « a la signature de ses finances ». Il est nommé greffier de la terre, seigneurie et baronnie de Thiers le 16 mai 1487 ; il est confirmé dans cet office en novembre 1488 par Pierre II, à son avènement : ibid., p. 100, 110, 120.
158 Sur l’activité de Florimond Robertet comme secrétaire du roi, A. Lapeyre et R. Scheurer, Les notaires et secrétaires du roi sous les règnes de Louis XI, Charles VIII et Louis XII (1461-1515), t. I, Paris, 1978, p. 281-283.
159 Issu d’une famille notable de la bourgeoisie gannatoise qui fournit d’autres officiers au duc de Bourbon – Noé Minart est lieutenant de Gannat à la fin du xve siècle –, Antoine se spécialise très tôt dans les questions financières et de gestion. Grenetier de Riom a en charge dans cette ville, en 1503, l’aménagement des jardins ducaux et, en 1504, la rénovation des deux boucheries. En décembre 1522, il est commis au « regime et gouvernement du revenu et temporel » du prieuré de Souvigny. Fortuné, il fait un prêt de 3 000 l. t. à la duchesse Anne de Bourbon en 1528 : BnF, ms. fr. 22299, p. 163, 185, 193, 203, 242, 247, 250, 253 ; AD Allier, A 149 ; AN, P 13612, no 957, P 13641, no 1303 ; A. Lecoy De La Marche, Titres de la maison ducale de Bourbon, t. II, Paris, 1874, p. 477 et 483 ; O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 426-428 ; R. Germain, « La châtellenie de Gannat au xve siècle », art. cit., p. 332 ; J. Teyssot, Riom, capitale et bonne ville d’Auvergne, 1212-1557, Nonette, 1999, p. 288-289.
160 O. Mattéoni, Servir le prince..., op. cit., p. 376-377 et 399.
161 J. Morsel, « À quoi sert le service de l’État ? Carrières, gains, attentes et discours dans l’aristocratie franconienne à la fin du Moyen Âge », dans Les serviteurs de l’État au Moyen Âge, Paris, 1999 (Actes du xxixe Congrès des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public), p. 229-247, spéc. p. 236.
162 Pour reprendre la terminologie weberienne de la domination : M. Weber, Economie et société, t.I : Les catégories de la sociologie, trad. fr., Paris, 1971, rééd. Pocket 1995, p. 285-336.
163 Sur l’estime sociale comme modèle de reconnaissance mutuelle, mais aussi sur le rapport entre échanges de dons – ici l’office et la fidélité – et la reconnaissance mutuelle, voir les réflexions de Paul Ricoeur dans P. Ricœur, Parcours de la reconnaissance. Trois études, Paris, 2004, en particulier la troisième étude, p. 223-376.
164 J. Morsel, « À quoi sert le service de l’État ?... », art. cit., p. 244.
165 Les nobles arrêtés et interrogés après la fuite du connétable, ainsi que ceux condamnés par contumace, étaient des proches de Charles III, majoritairement membres de son Hôtel. Parmi eux se trouvaient, entre autres, Barthélemy de Guerre qui avait été châtelain de Moulins dans les années 1510, Philippe des Escures, chambellan, qui avait derrière lui une riche carrière de capitaine-châtelain (capitaine de Chalamont en 1506, capitaine d’Ussel de 1510 à 1512, et capitaine-châtelain de Hérisson depuis 1515), François d’Escars, seigneur de La Vauguyon, bailli de Bourbonnais en 1523, Pierre Popillon, chancelier depuis 1517, Anne du Peloux, maître d’hôtel du connétable et commissaire ordinaire des guerres, Jacques de Beaumont, maître d'hôtel : BnF, ms. fr. 22299, p. 201, 216, 222, 227, 232-233, 236, 237, 244, 251, 252-253, 256 ; L. AUBRET, Mémoires pour servir à l’histoire de Dombes, op. cit., t. III, p. 174. Sur l’identité des hommes de Charles III mis en cause après la fuite du connétable : J.-M. De La Mure, Histoire des ducs de Bourbon et des comtes de Forez..., op. cit., t. III, p. 611-627 ; aussi A. Lebey, Le connétable de Bourbon, 1490-1527, Paris, 1904 et surtout les actes du procès du connétable : en particulier, BnF, ms. Dupuy 484. À certains de ces hommes, le roi pardonna. Ainsi Barthélemy de Guerre est confirmé châtelain de Moulins, Bessay et Pougny en janvier 1528 : BnF, ms. fr. 22299, p. 260.
166 Cf. les nombreuses confirmations notées dans BnF, ms. fr. 22299, p. 259 et suiv.
167 Nicolas de Nicolaÿ, Generale Description du Bourbonnois, A. Vayssière éd., 2 t., Moulins, 1889 (réimpression Paris, 1974).
168 Pour Moulins, mention d’un châtelain et d’un capitaine-concierge du château (ibid., t. I, p. 61-62). Pour Gannat, présence d’un « capitaine de robe courte » et d’un châtelain (ibid., t. I, p. 139 et 145). À Ussel, mention d’un capitaine-bailli et d’un châtelain (ibid., t. I, p. 148). À Verneuil, présence d’un unique « chastelain » (ibid., t. I, p. 182) et à Bourbon, Hérisson et Ainay, d’un capitaine et d’un lieutenant (ibid., t. II, p. 17, 38 et 50). En revanche, toujours présence d’un capitaine-châtelain à Souvigny (ibid., t. I, p. 83), à Billy – Nicolas de Nicolaÿ précise que le capitaine-châtelain du lieu « de tout temps a esté de robe courte » – (ibid., t. I, p. 98), à Vichy (ibid., t. I, p. 114 et 127), à Chantelle (ibid., t. I, p. 160), à La Bruyère-l’Aubespin (ibid., t. Il, p. 63).
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