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Itinéraires du savoir de l’Italie à la Scandinavie (Xe-XVIe siècle)

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Corinne Péneau

Le monde universitaire au Moyen Âge

Le collège de Sorbonne au temps de son fondateur (vers 1257-1274)

Nathalie Gorochov

Texte intégral

  • 1 Dans l’actuel département des Ardennes.
  • 2 P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, tome 1 : Robert de Sorbon. L’homme, le collège, les docu (...)
  • 3 P. Glorieux dresse une liste des boursiers ayant vécu au collège avant 1350 aux pages 295 à 333 du (...)

1La célébrité actuelle de la Sorbonne et du nom de son fondateur, Robert de Sorbon (†1274) – le nom d’un petit village des environs de Rethel1 – contraste avec la relative obscurité qui entoure les origines de ce maître en théologie et du collège qu’il a fondé, sur la montagne Sainte-Geneviève. Dans son livre Aux origines de la Sorbonne, seul véritable ouvrage de référence paru en deux volumes en 1965 et 19662, Palémon Glorieux a livré une édition du cartulaire accompagnée d’une minutieuse étude du développement institutionnel du collège ouvert vers 1257, mais il a assez peu insisté sur les hommes qui, du vivant de Robert de Sorbon, avaient eu la chance d’y recevoir une bourse3.

2De ce groupe de clercs constitué autour de Robert de Sorbon, entre 1257 et 1274 – des étudiants probablement très liés à ce maître en théologie, formant tout ou partie de son école-, se détachent quelques figures un peu moins mal connues du monde universitaire parisien au milieu du xiiie siècle. Ces premiers boursiers, membres du collège, forment-ils une communauté homogène ? Quelles sont leurs origines, selon quels critères le fondateur les a-t-il choisis : l’exigence de pauvreté a-t-elle prévalu ? Les conditions matérielles qui leur sont offertes leur permettent-elles de mener de longues études ? Ce travail se propose ainsi d’éclairer la première communauté du collège de Sorbonne, étroitement liée à son fondateur.

Le fondateur et premier proviseur, Robert de Sorbon

  • 4 Il existe, outre le travail de P. Glorieux, trois articles importants sur Robert de Sorbon : A. L. (...)
  • 5 P. Desportes, « L’enseignement à Reims aux xiiie et xive siècles », Enseignement et vie intellectu (...)
  • 6 Sur le développement institutionnel de l’université de Paris, voir H. Rashdall, The Universities o (...)
  • 7 Ils sont édités par H. Denifle et E. Châtelain dans le Chartularium Universitatis Parisiensis, Par (...)

3Au centre de cette galerie de portraits, il convient de placer le fondateur et premier proviseur du collège, sur lequel l’historien doit malheureusement s’en tenir à bon nombre de conjectures4. « Fils de vilain et de vilaine », selon Jean de Joinville qui l’a côtoyé, il est né dans une famille de paysans ou d’artisans, peut-être aisés mais assurément ambitieux pour l’orienter vers la cléricature qui offre aux non-nobles de belles possibilités de carrière dans une société très hiérarchisée. C’est ainsi que Robert, à huit ou dix ans sans doute, est envoyé dans une école de grammaire pour apprendre à lire et à écrire le latin, à Rethel ou à Reims. Doté de ces connaissances élémentaires, l’adolescent, de naissance libre, est en mesure d’être tonsuré par l’évêque du diocèse, moyennant une somme d’argent versée par ses parents. La formation offerte par les écoles du diocèse de Reims autrefois brillantes et réputées5 ne suffit pas à Robert de Sorbon qui est attiré, comme bien des adolescents de toute l’Europe, par l’université de Paris, constituée de fraîche date, et par son enseignement spécialisé de logique, de théologie, de droit canon et de médecine. Vers 1208, à une date qu’on ignore précisément, les maîtres parisiens ont en effet décidé de former une association professionnelle, une Universitas ou université6, comme l’avaient fait avant eux les maîtres de Bologne et, à peu près au même moment, ceux d’Oxford. L’université de Paris que rejoint le jeune Robert de Sorbon aux environs de 1220 est donc, dans ces premières années, une institution toute nouvelle, dirigée collégialement par des assemblées de maîtres qui sont répartis en quatre facultés : arts libéraux, droit canon, médecine, théologie, et dont les écoles se concentrent rive gauche. Le fait est connu : l’université n’a pas de bâtiments, maîtres et étudiants travaillant en plein air ou dans des salles louées ici et là, vivant dispersés dans des maisons ou chambres aux loyers théoriquement modérés, conformément au privilège royal de taxatio des loyers concédé par Philippe Auguste et rappelé dans les plus anciens statuts de l’université, rédigés par le légat pontifical Robert de Courson en 12157.

  • 8 Le collège des Dix-Huit (1180), le collège de Saint-Thomas du Louvre (vers 1186) et le collège des (...)
  • 9 Et que son étude commence à être interdite, en 1210 et 1215, voir notamment sur le développement d (...)
  • 10 Robert de Sorbon rapporte dans ses sermons de nombreuses anecdotes sur Guiard de Laon, selon Pierr (...)

4Que sait-on des études parisiennes de Robert de Sorbon ? À vrai dire bien peu, sauf qu’il s’attache d’abord à un maître de la faculté des arts. Comme bien des étudiants issus de milieux plutôt modestes, Robert a dû rencontrer des difficultés pour payer logement et études. Peut-être a-t-il eu la chance de recevoir une bourse dans l’un des rares petits collèges existant alors à Paris, sortes d’hospices destinés à offrir gîte et couvert à quelques étudiants pauvres8. Toujours est-il que l’assiduité et le sérieux de Robert de Sorbon le conduisent à l’obtention de la maîtrise ès arts, après plusieurs années passées à étudier la grammaire, la rhétorique et surtout la logique, au moment où l’œuvre d’Aristote traduite par Gérard de Crémone († 1187) se diffuse dans les écoles parisiennes9. Robert s’engage ensuite, vers 1220-1222, dans des études à la faculté de théologie qui compte alors une dizaine de chaires. Auprès de quel maître a-t-il patiemment préparé la licence en théologie pendant douze à quinze ans ? Est-ce Guiard de Laon qu’il évoque plus d’une fois, bien des années après, dans ses sermons10 ? Robert de Sorbon a été le témoin des graves crises qui secouent l’université en gestation, notamment celle des années 1229-1231. En 1229, à la suite d’une bagarre survenue dans une taverne, les sergents du prévôt de Paris exécutent deux étudiants alors que la population universitaire est théoriquement soustraite à toute intervention du pouvoir laïque. L’université décrète immédiatement la grève et la dispersion des cours ; l’interruption dure près de deux ans, jusqu’à l’arbitrage pontifical de 1231 et la publication de la Bulle Parens Scientiarum ou Grande Charte de l’université de Paris, confirmant les privilèges des universitaires.

  • 11 N. Bériou en dresse le catalogue dans son article du Dictionnaire de spiritualité, « Robert de Sor (...)
  • 12 M.-M. Dufeil, Guillaume de Saint-Amour et la polémiqué universitaire 1250-1259, Paris, 1972.
  • 13 Jean de Joinville, Vie de saint Louis, Jacques Monfrin éd., Paris, 1995, p. 14-19.
  • 14 Dans les deux manuscrits de notes autographes de Pierre de Limoges, B. N. lat. 15971, fol. 68-203, (...)
  • 15 Robert de Sorbon, De conscientia et De tribus dietis, F. Chambon éd., Paris, 1903.

5Devenu maître en théologie, Robert de Sorbon tient école à Paris, selon toute vraisemblance, à partir des années 1235-1240. Toujours qualifié de maître, Robert n’a cependant pas laissé, à la différence de nombre de ses collègues, de trace concrète de son activité enseignante comme des commentaires bibliques ou des questions11. Bien que maître séculier, il n’intervient pas activement non plus dans la nouvelle crise qui agite l’université au milieu du xiiie siècle à cause de l’opposition entre séculiers et mendiants. Les ordres Mendiants, Dominicains et Franciscains sont présents à Paris depuis les années 1217-1220 et ont obtenu des chaires en théologie dont les titulaires attirent, par un enseignement gratuit et de qualité, beaucoup d’étudiants ainsi détournés de l’enseignement payant des maîtres séculiers. Cette concurrence conduit à un conflit sévère qui se conclut en 1256 par la victoire des maîtres mendiants conjointement soutenus par le pouvoir pontifical et par le roi12. La neutralité de Robert de Sorbon dans ces débats tient peut-être aux relations qu’il a tissées avec la cour royale. Comme Jean de Joinville l’atteste dans sa Vie de saint Louis, il est alors devenu « clerc du roi », revenu de Terre sainte en 1254 ; auprès de lui, il exerce une fonction plutôt officieuse de conseiller, peut-être de confesseur occasionnel. Jean de Joinville rapporte plusieurs anecdotes relatives à Robert de Sorbon, notamment le débat qui les opposa devant le roi afin de déterminer la supériorité du béguin ou du prud’homme, ou encore la réprimande royale adressée à Maître Robert qui parlait à voix basse en présence des autres convives. Une autre fois, Robert de Sorbon critique le luxe des vêtements de Jean de Joinville qui lui rétorque qu’un « fils de vilain et de vilaine » ne devrait pas revêtir un riche manteau13. Tout porte à croire que Robert de Sorbon est dans ces années 1250-1260 un familier de Louis IX et de ses proches. Il partage alors son temps entre les écoles, la cour et les chapitres cathédraux de Cambrai et Paris, dont il est devenu un chanoine prébendé. Il prêche beaucoup et, grâce aux notes de Pierre de Limoges, on possède encore aujourd’hui les textes de plus de quatre-vingts sermons qu’il a prononcés devant l’université ou dans des paroisses parisiennes à partir des années 1255-125614. Il a aussi rédigé des traités de morale et de pastorale : le De conscientia, un manuel de confession, le De tribus dietis, un manuel de pénitence, qui font de ce maître un moraliste plus qu’un théologien15.

La naissance du collège de Sorbonne

  • 16 Contrats insérés au cartulaire, voir P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 2 : Le cartulaire.
  • 17 Sur le couvent Saint-Jacques au xiiie siècle, on doit se reporter à l’ouvrage ancien d’Eugène Bern (...)
  • 18 Je me permets de renvoyer ici à mon travail, « La notion de pauvreté dans les statuts de collèges (...)
  • 19 P. Glorieux les édite dans Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 193-203.

6À la différence de ses contemporains gradués de la faculté de théologie, Robert de Sorbon a mené une carrière ecclésiastique relativement modeste, s’étant contenté, semble-t-il, de deux prébendes canoniales. Ses entrées à la cour du roi auraient pu lui faciliter l’accès à l’épiscopat, voire au cardinalat ; il avait d’ailleurs été ordonné prêtre. Mais les vingt dernières années de la vie de Robert ont été presque exclusivement consacrées à sa fondation : le collège de Sorbonne. Depuis son arrivée à Paris, vers 1215, Robert de Sorbon a pu suivre le lent développement de l’institution universitaire et ses crises ; il a assisté, voire participé à l’apparition des nations, à la rédaction des premiers règlements. Après quarante années de fréquentation, il connaît l’université et ses défauts, les difficultés d’étudiants déracinés à poursuivre à Paris de longues études. C’est ainsi qu’il fonde à Paris, rue Coupe-Gueule, entre 1254 et 1257, un collège pour une quinzaine de maîtres ès arts étudiant à la faculté de théologie. Il ne signe pas moins de cent quarante contrats, en seulement trois ou quatre ans, pour réunir les biens de cette fondation, des biens achetés ou donnés par le roi et les prélats de son entourage16. Ouverte au plus tard en 1257, la « maison des pauvres écoliers de Robert de Sorbon » – qui prend très vite le nom de Sorbona, Sorbonne – est un lieu d’hébergement, non d’enseignement, pour ces théologiens qui forment là une communauté studieuse bientôt dotée d’une riche bibliothèque. Le collège de Sorbonne offre bien des similitudes avec les couvents mendiants, notamment le couvent dominicain de Paris17, que certains amis de Robert de Sorbon combattent vivement dans ces années 1250 : la fondation réserve des conditions de logement et d’études idéales à quelques privilégiés18. Poursuivant son enseignement et sa prédication, Robert de Sorbon dirige son collège jusqu’à sa mort, survenue en 1274. Vers 1270, fort de sa déjà longue expérience de proviseur, il met par écrit les premiers règlements du collège de Sorbonne, y résumant les coutumes ou habitudes prises par la communauté depuis sa naissance19. Sous l’autorité du proviseur, les boursiers y remplissent à tour de rôle les charges de procureurs majeur et mineur responsables de la vie matérielle de la communauté, la charge de bibliothécaire ; ils sont soumis à une discipline plutôt modérée. De ces premiers règlements se détache surtout l’image d’une communauté assez contrastée : les boursiers parfois venus au collège avec leurs serviteurs personnels vivent plus confortablement que les bénéficiers, des étudiants pauvres tolérés sous le même toit et nourris des restes des repas, moins mal lotis encore que les serviteurs du collège, eux-mêmes des étudiants modestes qui financent ainsi leurs études.

7Qui sont donc les boursiers accueillis par Robert de Sorbon avant 1274 ? Sont-ils des étudiants aisés, parfois accompagnés de leurs domestiques, qui restent anonymes dans les statuts mais dont les noms surgissent ici et là dans les actes du cartulaire ? Qu’en est-il des étudiants dits « pauvres » auxquels les bourses doivent être destinées ?

Les premiers boursiers, des disciples de Robert de Sorbon...

8L’identité des boursiers qui ont vécu au collège de Sorbonne du temps de son fondateur reste largement méconnue. Seuls quelques-uns d’entre eux, en tant que bienfaiteurs ultérieurs, ont laissé une trace dans la documentation écrite, dans l’obituaire du collège ou dans des ex-libris de ses manuscrits : les uns, bibliophiles, ont légué leurs livres à la communauté, les autres, simples donateurs, lui ont réservé des rentes. La moisson est décevante : alors que le collège abrite peut-être une quinzaine d’étudiants en théologie au temps de Robert de Sorbon, on ne peut retenir que cinq noms de boursiers assurément recrutés avant 1274, ceux de Pierre de Limoges, Raoul de Châteauroux, Étienne d’Auvergne, Guibert de Boncourt et Nicolas de Bar-le-Duc.

  • 20 L’obituaire du collège de Sorbonne, édité par P. Glorieux dans Aux origines..., op. cit., t. 1, p. (...)
  • 21 Léopold Delisle, dans le Cabinet des manuscrits, Paris, 1874, tome 2, p. 168, l’identifie avec son (...)
  • 22 Sur les manuscrits et le travail de Pierre de Limoges, voir les articles de M. Mabille : « Pierre (...)
  • 23 Par exemple les reportationes de soixante-dix sermons de Robert de Sorbon. Sur la place de Pierre (...)

9Pierre de Limoges ou de La Sépière, originaire de Donzenac, près de Brive, a rejoint les écoles de Paris à une date qu’on ignore, mais il est étudiant en théologie vers 1260 et reçoit une bourse dans le collège récemment organisé20. Il suit alors une carrière peu banale, puisque, devenu bachelier en théologie, il renonce (ou échoue ?) à la licence, puis, doté d’une prébende canoniale à Évreux, il refuse à deux reprises l’épiscopat. Il consacre de longues années parisiennes à la prédication, à l’étude de la théologie, de l’astronomie ou encore de la médecine, réunissant plus de cent manuscrits qu’il lègue à sa mort, en 1306, au collège de Sorbonne21. Abondamment annotés, glosés, parsemés de titres courants, de renvois de la main même de Pierre de Limoges, tous ces manuscrits légués à la Sorbonne révèlent la rigueur, la précision, la clarté de ce maître qui utilisait avec une grande intelligence sa bibliothèque pour composer ses œuvres22. Alors qu’il est boursier du collège, dans les années 1260-1262, il passe aussi de nombreuses heures à entendre les sermons de divers prédicateurs parisiens, noircissant des cahiers entiers de reportations23. C’est ainsi qu’il est le scribe du principal recueil de reportationes des sermons prononcés à Paris par son maître Robert de Sorbon, dont il suit aussi, probablement, chaque matin, les cours en théologie. Soucieux de constituer des instruments de travail utiles aux prédicateurs, préoccupé de théologie morale, bibliophile éclairé, Pierre de Limoges semble avoir été particulièrement sensible aux projets intellectuels et pastoraux de Robert de Sorbon : il apparaît comme l’un de ses proches disciples.

  • 24 N. Bériou lui consacre un chapitre entier de L’avènement des maîtres de la Parole, p. 215-291. À l (...)
  • 25 L. Delisle, Le cabinet des manuscrits, tome 2, p. 170.

10C’est aussi le cas de Raoul de Châteauroux. Socius du collège de Sorbonne du temps de son fondateur, il est sans doute l’un de ses étudiants. Son intérêt pour la prédication et le temps qu’il y consacre attestent bien l’influence que son maître Robert de Sorbon a exercée sur lui comme sur Pierre de Limoges. Auditeur assidu de la prédication parisienne, Raoul de Châteauroux est lui aussi l’auteur de recueils de reportationes : d’une double compilation qui réunit plusieurs centaines de sermons prononcés à Paris au cours de l’année universitaire 1272-127324. Son activité de reportateur, concentrée les dimanches et jours fériés, ne l’empêche pas de se rendre aux cours de théologie, mais, malgré de confortables conditions d’études au collège de Sorbonne, il abandonne avant l’obtention de la licence. Selon Léopold Delisle, Raoul de Châteauroux devient plus tard, grâce à Eudes Rigaud, curé d’Ormesnil dans le diocèse de Rouen, puis pénitencier de la cathédrale de Beauvais25. Pour ce fidèle disciple de Robert de Sorbon, comme pour Pierre de Limoges, l’œuvre pastorale l’emporte sur l’œuvre intellectuelle.

  • 26 Bibl. nat., Nouv. Acq. Latines 15988, selon P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 299.
  • 27 P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 163 : Obiit magister Guibertus de bona curia, soc (...)

11Troisième boursier originaire du centre du royaume dans ces années 1260-1270, Étienne d’Auvergne n’est mentionné que dans l’ex-libris du manuscrit latin qu’il a légué au collège, à la fin du xiiie siècle26. On ne sait rien non plus de Guibert de Boncourt, boursier mort au collège en 1270, auquel l’obituaire consacre une brève notice27.

  • 28 Le séjour au collège pouvait théoriquement se prolonger une quinzaine d’années, le temps de la pré (...)
  • 29 P Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 299, d’après Delisle, Le cabinet des manuscrits, t (...)
  • 30 Ibid., p. 299-300. Genève est un petit village situé à quelques kilomètres au nord de Saint-Quenti (...)
  • 31 Ibid., p. 305.
  • 32 P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 2, Le cartulaire, no 362.
  • 33 Id., Aux origines..., op. cit., t.1, p. 313.
  • 34 Ibid., p. 321.
  • 35 Ibid., p. 323. Montcornet et Oisy sont deux villages de l’actuel département de l’Aisne, situés no (...)
  • 36 Ibid., p. 118-119 et 124.

12Mentionnons aussi tous ceux qui, cités dans des ex-libris non précisément datés ou dans le cartulaire, ont bien été des boursiers du collège avant 1300, mais dont on ne peut affirmer qu’ils ont été recrutés par le fondateur avant 127428. Étienne de Besançon, boursier, lègue cinq manuscrits avant 129029. Étienne de Genève, boursier puis chanoine de Saint-Quentin, lègue au collège quatre-vingt-dix livres et de nombreux manuscrits au début du xive siècle30. Guillaume de Bondoufle est attesté comme boursier en 1285 et 129631, mais peut-il l’avoir été avant 1274 ? C’est plus probable pour Hugues de Laon, boursier mentionné dans un acte du cartulaire en 127932. Jean Clarembaut de Gonesse, un ancien boursier qui a peut-être connu Robert de Sorbon, lègue une dizaine de manuscrits au collège en 128633. Eudes Jacques de Villeparisis apparaît à plusieurs reprises comme boursier dans le cartulaire, en 1288, 1299,129034. Pierre de Montcornet et Pierre d’Oisy, boursiers attestés en 1295, pour l’un, en 1289 pour l’autre35, sont plus improbables. Enfin, il est impossible d’affirmer que les deux successeurs de Robert de Sorbon au provisorat de la Sorbonne, Guillaume de Montmorency (1274-1286) et Pierre de Villepreux (1286-1299), y avaient auparavant été étudiants36.

  • 37 Robert de Sorbon, De conscientia, op. cit., p. 31.

13Dans l’hypothèse d’un recrutement antérieur à 1274, tous ces clercs étaient-ils des étudiants particulièrement proches de Robert de Sorbon ? On observe parmi leurs noms la fréquence de toponymes concentrés en Rémois, en Tardenois et en Rethelois, la région natale de Robert de Sorbon : cinq d’entre eux viennent des villages de Genève, Oisy, Montcornet, Boncourt, ainsi que de Laon, aux confins des actuels départements de l’Aisne et des Ardennes, à faible distance du village de Sorbon. Nota quod boni scolares Parisius libencius audiunt a magistris compatriotis suis, affirme Robert de Sorbon dans son petit traité, le De conscientia37 : les étudiants ont tendance à choisir leur maître parmi leurs compatriotes. Dans une société où l’exil, le déracinement isolent particulièrement l’individu, les clercs qui s’installent à Paris pour y étudier cherchent – pour rompre cet isolement – à se regrouper non seulement en nations mais, à l’intérieur de nations nombreuses, en groupes plus étroits, rendus solidaires par une ville ou un diocèse d’origine communs. Pour les étudiants, s’attacher à un maître compatriote, déjà doté d’un ou plusieurs bénéfices, c’est aussi s’ouvrir une voie d’accès aux bénéfices que ce maître pourra éventuellement leur faire obtenir dans une commune région natale. Il est à peu près sûr que Robert de Sorbon, avant même de leur attribuer une bourse, connaissait bien ces cinq clercs nés, comme lui, aux confins des Ardennes et du Laonnois. Les solidarités fondées sur une « patrie » commune devaient peser d’un grand poids. Ces probables disciples du fondateur, de même que ceux qui venaient d’autres horizons, quotidiennement présents dans son école, lui ont-ils paru mériter spécialement une bourse dans son nouveau collège ?

Des clercs efficacement soutenus

  • 38 Dont le cartulaire garde toutes les traces.
  • 39 P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 33.
  • 40 Tous sont cités par P. Glorieux, ibid., aux pages 109 et suiv.
  • 41 P. Glorieux émet cette hypothèse à la lecture du testament de Jean de Gondricourt, inséré dans le (...)

14À moins qu’ils n’aient reçu un appui dans le vaste cercle d’amis de Maître Robert. Ce réseau de relations, révélé par les multiples donations effectuées à son collège avant 127438, comprend surtout, parmi les protecteurs ou bienfaiteurs, des prélats et des chanoines, parmi lesquels, par exemple, Robert de Douai, chanoine de Senlis et médecin de Marguerite de Provence (t 1259)39, Guillaume de Grès, évêque de Beauvais, le cardinal Eudes de Châteauroux, l’évêque d’Angers, Michel de Villoiseau († 1260), Jean de Gondricourt, chanoine de Liège, Gérard d’Abbeville40, etc. Raoul de Châteauroux n’avait-il aucun lien avec le cardinal ? Quant au neveu de Jean de Gondricourt, il est vraisemblable qu’il ait été admis au collège de Sorbonne au moment où son oncle décidait de lui léguer une Bible41.

  • 42 Il est bien qualifié d’ancien boursier dans l’obituaire, P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t (...)
  • 43 P. Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie de Paris au xiiie siècle, Paris, 1933, t. 1, p. 3 (...)
  • 44 P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 2, Cartulaire de la Sorbonne, no 279 et no 320.
  • 45 Ibid., no 302a, octobre 1271.

15Nicolas de Bar-le-Duc, boursier vers 1270, est, quant à lui, issu d’une famille connue, et sa présence au sein de la communauté montre que l’efficace soutien d’une personnalité pouvait infléchir la volonté de Robert de Sorbon, seul maître du recrutement des boursiers de son vivant, avant 1274. Nicolas de Bar-le-Duc reçoit en effet une bourse42 alors que son oncle Geoffroy est maître en théologie et dignitaire du chapitre cathédral de Paris. Tour à tour official (1267), pénitencier (1271) puis doyen (1273)43 du chapitre auquel appartenait aussi Robert de Sorbon, Geoffroy de Bar-le-Duc a pu facilement appuyer la candidature de son neveu à l’une des bourses probablement très disputées du nouveau collège. Les deux hommes étaient très liés puisque Robert de Sorbon lègue par testament un certain nombre de ses biens à Geoffroy de Bar, que celui-ci lègue à son tour au collège en 127444. Ils ont également mené conjointement à bien l’exécution testamentaire de leur ami commun, Milon de Corbeil, en 127145.

  • 46 Les registres d’Honorius IV (1285-1287), no 264, lettre du 30 janvier 1286.

16Malgré l’obtention de la bourse et d’excellentes conditions d’études, Nicolas de Bar-le-Duc n’atteint pas la licence en théologie. Entré assez vite au chapitre cathédral de Langres, il est élu évêque de Mâcon en 128646 et ne manque pas, plus tard, de léguer par testament d’importants biens au collège de Sorbonne.

17À l’instar de Pierre de Limoges, Raoul de Châteauroux et Nicolas de Bar, les premiers boursiers du collège de Sorbonne étaient donc, probablement, des étudiants de Robert de Sorbon ou des protégés de ses amis. En l’absence de comptes ou de toute autre archive nous permettant de dater précisément leur recrutement, la plupart d’entre eux demeurent inconnus.

  • 47 Plusieurs ouvrages historiques sur le collège de Sorbonne ont été composés dans la première moitié (...)

18De même, on ne peut malheureusement exploiter les longues listes de boursiers fabriquées au xviie siècle au cœur même du collège, à proximité d’abondantes archives médiévales. Leurs auteurs, par crainte de voir la Sorbonne dominée par les Jésuites, sont alors plus soucieux d’exalter le glorieux passé de leur collège que de travailler à la manière critique de Mabillon, qui publie son De re diplomatica quelques années plus tard47. Leurs listes apologétiques intègrent les personnalités les plus célèbres de la faculté de théologie au xiiie siècle, par exemple Guillaume de Saint-Amour, l’illustre défenseur du parti séculier qui n’a pourtant jamais été boursier au collège de Sorbonne.

19Du temps de Robert de Sorbon, sans être nécessairement issus de milieux pauvres, les boursiers étaient somme toute des étudiants ordinaires. À l’exception de Nicolas de Bar, devenu évêque, ils n’ont pas mené de carrières exceptionnelles, mais ils ont assurément été très liés à la forte personnalité de leur bienfaiteur et maître. C’est à plus large échelle que de tels réseaux pourront être éclairés.

Notes

1 Dans l’actuel département des Ardennes.

2 P. Glorieux, Aux origines de la Sorbonne, tome 1 : Robert de Sorbon. L’homme, le collège, les documents, Paris, 1966, tome 2 : Le cartulaire, Paris, 1965.

3 P. Glorieux dresse une liste des boursiers ayant vécu au collège avant 1350 aux pages 295 à 333 du tome 1 de son ouvrage, sous forme de brèves notices qui mentionnent essentiellement les sources où il a pu repérer ces noms. Faute de temps, il n’a pas mene d etude prosopographique de ces maîtres et mêle aux boursiers un certain nombre de bienfaiteurs du collège qui sont inscrits dans l’obituaire ou dans le catalogue de la bibliothèque réalisé en 1338.

4 Il existe, outre le travail de P. Glorieux, trois articles importants sur Robert de Sorbon : A. L. Gabriel, « Robert de Sorbonne », Revue de l’université d’Ottawa, vol. 23 (1953), p. 473-514, N. Bériou, « Robert de Sorbon », Dictionnaire de spiritualité, tome 13 (1988), col. 816-824, et du même auteur, « Robert de Sorbon, le prud’homme et le béguin », Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1994, p. 469-510. Cette présentation de Robert de Sorbon doit beaucoup à ces deux auteurs.

5 P. Desportes, « L’enseignement à Reims aux xiiie et xive siècles », Enseignement et vie intellectuelle (ixe-xvie siècles). Actes du 95e Congrès national des sociétés savantes (1970), Paris, 1975, p. 107-122.

6 Sur le développement institutionnel de l’université de Paris, voir H. Rashdall, The Universities of Europe in the Middle Ages, Oxford, 1895, rééd. 1936 par F. M. Powicke et A. B. Emden, vol. 1, p. 298 et suiv. ; S. C. Ferruolo, The Origins of the University. The Schools of Paris and their Critics 1100-1215, Stanford, 1985 ; les deux articles de synthèse de Jacques Verger, « Des écoles à l’Université : la mutation institutionnelle », dans La France de Philippe Auguste. Le temps des mutations, R.-H. Bautier éd., Paris, 1982, p. 817-846, et « À propos de la naissance de l’université de Paris : contexte social, enjeu politique, portée intellectuelle », initialement paru dans Schulen und Studium im sozialen Wandel des hohen und späten Mittelalters, J. Fried éd., Sigmaringen, 1986, p. 69-96, réédité dans Les universitésfrançaises au Moyen Âge, Leyde, 1995, p. 1-35. La bibliographie complète antérieure a 1980 a été rassemblée par S. Guenée, dans Bibliographie de l’histoire des universités françaises des origines à la Révolution, t. 1, Paris, 1981.

7 Ils sont édités par H. Denifle et E. Châtelain dans le Chartularium Universitatis Parisiensis, Paris, 1899, t.1, p. 78-81. Sur Paris et le quartier des écoles au début du xiiie siècle, outre les travaux cités plus haut, on peut se reporter au très récent ouvrage de synthèse de John W. Baldwin, Paris 1200, Paris, 2006.

8 Le collège des Dix-Huit (1180), le collège de Saint-Thomas du Louvre (vers 1186) et le collège des Bons-Enfants de Saint-Honoré (1209) sont fondés avant 1220, selon la liste des collèges parisiens à peu près complète dressée par H. Rashdall dans The Universities of Europe in the Middle Ages, 1895, nouvelle édition F. M. Powicke et A. B. Emden ed., Oxford, 1936, tome 1, p. 536-539·

9 Et que son étude commence à être interdite, en 1210 et 1215, voir notamment sur le développement de l’aristotélisme à Paris, la synthèse de Fernand Van Steenberghen dans La philosophie au xiiie siècle, 2e édition mise à jour, Paris-Louvain, 1991, p. 81 et suiv.

10 Robert de Sorbon rapporte dans ses sermons de nombreuses anecdotes sur Guiard de Laon, selon Pierre Boeren, La vie et les œuvres de Guiard de Laon (v. 1170-1248), La Haye, 1956, et N. Bériou, « Robert de Sorbon », op. cit.

11 N. Bériou en dresse le catalogue dans son article du Dictionnaire de spiritualité, « Robert de Sorbon », op. cit.

12 M.-M. Dufeil, Guillaume de Saint-Amour et la polémiqué universitaire 1250-1259, Paris, 1972.

13 Jean de Joinville, Vie de saint Louis, Jacques Monfrin éd., Paris, 1995, p. 14-19.

14 Dans les deux manuscrits de notes autographes de Pierre de Limoges, B. N. lat. 15971, fol. 68-203, et lat. 16482, fol. 309-347, longuement étudiés par N. Bériou, notamment dans L’avènement des maîtres de la Parole, 2 vol., Paris, 1998.

15 Robert de Sorbon, De conscientia et De tribus dietis, F. Chambon éd., Paris, 1903.

16 Contrats insérés au cartulaire, voir P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 2 : Le cartulaire.

17 Sur le couvent Saint-Jacques au xiiie siècle, on doit se reporter à l’ouvrage ancien d’Eugène Bernard, Les Dominicains dans l’université de Paris ou le grand couvent des Jacobins de la rue Saint-Jacques, Paris, 1883.

18 Je me permets de renvoyer ici à mon travail, « La notion de pauvreté dans les statuts de collèges fondés à Paris de saint Louis à Philippe le Bel », Fondations et œuvres charitables au Moyen Âge. Actes du 121e Congrès des sociétés historiques et scientifiques, Nice, octobre 1996, Paris, 1999, p. 119-128.

19 P. Glorieux les édite dans Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 193-203.

20 L’obituaire du collège de Sorbonne, édité par P. Glorieux dans Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 176, livre au 2 novembre une assez longue notice nécrologique de Pierre de Limoges : Obiit magister Petrus de Lemovicis, quondam socius domus, canonicus ebroicensis qui refutavit duos episcopatus et bis prebendas parisius, bacalarius in theologia, magnus astronomus, qui legavit domui plus quam VIXX volumina exceptis quibusdam caternis magne reputationis.

21 Léopold Delisle, dans le Cabinet des manuscrits, Paris, 1874, tome 2, p. 168, l’identifie avec son homonyme, doyen de la faculté de médecine de Paris en 1267 et 1270, notamment parce qu’il possède des livres de médecine. Mais sa notice de l’obituaire ne mentionne pas de grade en médecine, et Ernest Wickersheimer, dans son Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen Âge, Paris-Genève, 1936, rééd. 1979, tome 2, p. 645, réfute cette identification.

22 Sur les manuscrits et le travail de Pierre de Limoges, voir les articles de M. Mabille : « Pierre de Limoges copiste de manuscrits », Scriptorium, 24 (1970), p. 45-48, ainsi que « Pierre de Limoges et ses méthodes de travail », Hommages à André Boutemy, Bruxelles, 1970, p. 244-251.

23 Par exemple les reportationes de soixante-dix sermons de Robert de Sorbon. Sur la place de Pierre de Limoges comme reportateur, voir N. Bériou, L’avènement des maîtres de la Parole, t. 1, p. 85 et suiv.

24 N. Bériou lui consacre un chapitre entier de L’avènement des maîtres de la Parole, p. 215-291. À la page 87, elle précise que c’est un ex-libris du manuscrit BNF latin 16043 qui indique : Iste hystorie sunt pauperum magistrorum de Serbona ex legato magistri Radulphi de Castro Radulphi quondam socii domus. Mais Raoul de Châteauroux n’est mentionné dans l’obituaire de la Sorbonne, au 21 avril, qu’en tant que bienfaiteur, non en tant que boursier (P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 163).

25 L. Delisle, Le cabinet des manuscrits, tome 2, p. 170.

26 Bibl. nat., Nouv. Acq. Latines 15988, selon P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 299.

27 P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 163 : Obiit magister Guibertus de bona curia, socius de domo ista, anno domini mcclxx, in vigilia apostolorum Philippi et Jacobi. Il existe en France deux villages portant le nom de Boncourt, l’un dans l’Eure, l’autre dans l’Aisne.

28 Le séjour au collège pouvait théoriquement se prolonger une quinzaine d’années, le temps de la préparation, pour un maître ès arts, à la licence en théologie.

29 P Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 299, d’après Delisle, Le cabinet des manuscrits, t. II, p. 175.

30 Ibid., p. 299-300. Genève est un petit village situé à quelques kilomètres au nord de Saint-Quentin, dans l’actuel département de l’Aisne.

31 Ibid., p. 305.

32 P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 2, Le cartulaire, no 362.

33 Id., Aux origines..., op. cit., t.1, p. 313.

34 Ibid., p. 321.

35 Ibid., p. 323. Montcornet et Oisy sont deux villages de l’actuel département de l’Aisne, situés non loin du département des Ardennes.

36 Ibid., p. 118-119 et 124.

37 Robert de Sorbon, De conscientia, op. cit., p. 31.

38 Dont le cartulaire garde toutes les traces.

39 P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 33.

40 Tous sont cités par P. Glorieux, ibid., aux pages 109 et suiv.

41 P. Glorieux émet cette hypothèse à la lecture du testament de Jean de Gondricourt, inséré dans le cartulaire du collège, acte no 204 (juin 1262), p. 232 : Biblia mea detur scolaribus studentibus in teologia qui morantur simul et quos habet regere magister Robertus de Sorbone. Item volo quod quidquid inventum fuerit de philosophic, totum detur nepoti meo, filio fratris mei, studenti Parisius. Christine Renardy, dans Les maîtres universitaires du diocèse de Liège, tome 2, Paris, 1981, p. 345, reprend cette hypothèse.

42 Il est bien qualifié d’ancien boursier dans l’obituaire, P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 1, p. 165 (il est mort le 18 mai 1310) : Obiit magister Nicolaus de Barro Ducis socius huius domus anno domini mcccx qui nobis legavit multos libres et multam pecuniam in redditibus.

43 P. Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie de Paris au xiiie siècle, Paris, 1933, t. 1, p. 375. Plus tard, Geoffroy est promu par Martin IV cardinal de Sainte-Suzanne (1281-1287).

44 P. Glorieux, Aux origines..., op. cit., t. 2, Cartulaire de la Sorbonne, no 279 et no 320.

45 Ibid., no 302a, octobre 1271.

46 Les registres d’Honorius IV (1285-1287), no 264, lettre du 30 janvier 1286.

47 Plusieurs ouvrages historiques sur le collège de Sorbonne ont été composés dans la première moitié du xviie siècle, au moment de la reconstruction de la Sorbonne par Richelieu et de l’importante querelle entre l’université de Paris et les Jésuites ; les deux plus anciens de ces ouvrages sont : la Bibliotheca Sorbonica seu Liber de scriptoribus Sorbonicis de Charles Meunier, boursier de la Sorbonne de 1628 à 1648 (bibliothèque de l’Arsenal, manuscrit 1020) et les Sorbonae origines, disciplina, viri illustres de Claude Héméré, bibliothécaire de la Sorbonne de 1638 à 1646 (Bibliothèque nationale, manuscrit latin 9943-9948). Ils livrent tous deux des longues listes de boursiers du collège depuis les origines.

© Éditions de la Sorbonne, 2009

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