1 Éric Baratay, Biographies animales, Paris, Seuil, 2017, p. 57-80. Voir aussi les réflexions méthodologiques du volume collectif André Krebber, Mieke Roscher (dir.), Animal Biography. Re-framing Animal Lives, Cham, Palgrave MacMillan, 2018, notamment l’article de Hilda Kean, « Finding a Man and his Horse in the Archive? », p. 41-55, qui reconstitue le vécu de la jument Mariana dans une Grande-Bretagne éprouvée par le Seconde Guerre mondiale, à partir du journal de son propriétaire.
2 Philippe Candegabe, L’incroyable histoire de l’éléphant Hans. Des forêts du Sri Lanka au Muséum d’histoire naturelle, Paris, Vendémiaire, 2016.
3 David G. Shaw, « The Torturer’s Horse: Agency and Animals in History », History and Theory, 52/3, 2013, p. 146-167.
4 Jérémy Clément, « Qu’est-ce qu’un cheval de guerre dans l’Antiquité ? L’apport des archives des cavaleries hellénistiques et de l’archéozoologie », dans Éric Baratay (dir.), Aux sources de l’histoire animale, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2019, p. 185-197.
5 Il n’est pas anodin que la plupart des études sur Bucéphale s’intéressent essentiellement à la construction de sa mémoire : Andrew R. Anderson, « Bucephalas and his Legend », American Journal of Philology, 51/1, 1930, p. 1-21 ; Rolf Winkes, « Boukephalas », dans Robert R. Holloway (dir.), Miscellanea Mediterranea, Providence, Brown University, 2000, p. 101-107 ; Christophe Chandezon, « Bucéphale et Alexandre. Histoire, imaginaire et images de rois et de chevaux », dans Armelle Gardeisen et al. (dir.). Histoire d’équidés. Des textes, des images et des os, Lattes, Éditions de l’Association pour le développement de l’archéologie en Languedoc-Roussillon, 2010, p. 177-196 ; Émilie Glanowski, « Bucéphale, compagnon d’exception d’Alexandre. La construction d’un mythe », Circé, 7/2, 2015, http://www.revue-circe.uvsq.fr/bucephale-compagnon-dexception-dalexandre-la-construction-dun-mythe ; Daniel Ogden, « The Theft of Bucephalas », dans Monica d’Agostini et al. (dir.), Affective Relations and Personal Bonds in Hellenistic Antiquity: Studies in Honour of Elizabeth D. Carney, Oxford, Oxbow Books, 2021, p. 143-161.
6 Christophe Chandezon, « La biographie en histoire ancienne », dans Antoine Coppolani, Frédéric Rousseau (dir.), La biographie en histoire. Jeux et enjeux d’écriture, Paris, Michel Houdiart, 2007, p. 30-47.
7 Alain Corbin, Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot. Sur les traces d’un inconnu, 1798-1876, Paris, Flammarion, 1998.
8 Andrew F. Stewart, Faces of Power: Alexander’s Image and Hellenistic Politics, Berkeley, University of California Press, 1993, S 12 et p. 426 (sur le groupe statuaire équestre consacré à Dion en 334, incluant peut-être un Alexandre cavalier dont un bronze de Naples serait une reproduction miniature), p. 171-172 (tableau perdu d’Apelle représentant Alexandre et Bucéphale en parade à Éphèse), S 18 (la statue équestre d’un Alexandre sur un cheval cabré, érigée par les citoyens d’Alexandrie d’Égypte pour leur fondateur). Il faut y ajouter les émissions monétaires commémoratives de l’Hydaspe, lesquelles montrent Alexandre, monté sur Bucéphale, affrontant le roi indien Pôros sur son éléphant : Georges Le Rider, Alexandre le Grand. Monnaie, finances et politique, Paris, PUF, 2003, p. 329-334.
9 Plutarque, Alexandre, 61, 1 ; Arrien, Anabase, 5, 19, 5. Sur la date de la rencontre avec Alexandre en 342 av J.-C., quand ce dernier avait 14 ans, voir Pseudo-Callisthène, Roman d’Alexandre, 48. Sur la date de la mort de Bucéphale en 326 av. J.-C., peu après la bataille de l’Hydaspe, tous les historiens d’Alexandre s’accordent, même si Onésicrite, dont le crédit est faible (voir Janick Auberger, Historiens d’Alexandre, Paris, Les Belles Lettres, 2001, p. 237-239), affirme que Bucéphale est mort d’épuisement du fait de son grand âge, contre tous les autres qui évoquent les conséquences de blessures subies pendant la bataille. Janick Auberger et Christophe Chandezon (« Bucéphale et Alexandre », art. cité, p. 183) privilégient pourtant la mort naturelle car moins glorieuse.
10 A. R. Anderson, « Bucephalas and his Legend », art. cité, p. 11 ; C. Chandezon, « Bucéphale et Alexandre », art. cité, p. 183-184.
11 J. Clément, « Qu’est-ce qu’un cheval de guerre ? », art. cité.
12 Pline, Histoire naturelle, 8, 154 ; Plutarque, Alexandre, 6. On sait par Aulu-Gelle (Nuits attiques, 5, 2, 1) que cette version se trouvait dans les mémoires de Charès de Mytilène (J. Auberger, Historiens d’Alexandre, op. cit., p. 70-91) et qu’elle coïncidait aussi avec la version de Diodore, 17, 76, 5-8, selon laquelle Bucéphale avait été payé et offert à Philippe par l’un de ses courtisans, Démarate de Corinthe. Comme Charès n’arrive au service d’Alexandre que dans les années 330 av. J.-C., il a dû puiser ses informations chez l’un de ses prédécesseurs, peut-être Onésicrite d’Astypalée dont les trois premiers livres de son Alexandropedia évoquaient la jeunesse du roi (ibid., p. 237-239) et dont le travail était connu de Charès (Plutarque, Alexandre, 46).
13 Arrien, Anabase, 5, 19, 5 ; Aristophane, Nuées, 122 (scholia vetera 122b Holwerda) ; Etymologicum Magnum 207, 50-208, 2 ; Photios s. v. samphoras. Sur ces marques, voir C. Chandezon, « Bucéphale et Alexandre », art. cité, p. 178 ; Alexandre Blaineau, Le cheval de guerre en Grèce ancienne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, p. 245, n. 224.
14 Dans sa comédie perdue de l’Anagyros, Aristophane mettait en scène un père offrant à son fils un tel cheval de prix, ainsi qu’un cheval koppatias de Corinthe marqué du koppa, une lettre de l’alphabet archaïque : Rudolf Kassel, Colin Austin, Poetae Comici Graeci, Berlin, De Gruyter, 1984, III/2, nos 41-42. Aristophane évoque aussi le cheval samphoras, marqué de la lettre san, venant de Sicyone dans les Nuées, 122.
15 Georges Rougemont, « Le pâturage d’été de Trachis (Sophocle, “Trachiniennes,” v. 188) », Revue de philologie, 57/1, 1983, p. 285-289. Voir aussi la description des mêmes espaces en Asie Mineure par Louis Robert, À travers l’Asie Mineure. Poètes et prosateurs, monnaies grecques, voyageurs et géographie, Athènes, École française d’Athènes, 1980, p. 12-14.
16 Bruno Helly, Géographie et histoire des Magnètes de Thessalie, t. 1, De la plaine thessalienne aux cités de la côte égéenne, Sainte-Colombe-sur-Gand, La Rumeur libre, 2013, p. 126-128.
17 Michel Sivignon, La Thessalie. Analyse géographique d’une province grecque, Lyon, Institut des études rhodaniennes, 1975, p. 162-164 et 261-263.
18 Jean-Claude Decourt, La vallée de l’Énipeus en Thessalie. Études de topographie et de géographie antique, Athènes, École française d’Athènes, 1990. Voir aussi Id., Athanasios Tziafalias, « Une liste de mercenaires trouvée à Scotoussa (Thessalie) », Tekmeria, 15, 2020, p. 129-130.
19 Jean-Claude Decourt (La vallée de l’Énipeus, op. cit., p. 37-40 et 196-223) identifie plusieurs zones marécageuses en aval de Pharsale.
20 A. Blaineau, Le cheval de guerre, op. cit., p. 127 et 134-135. Voir le décret d’Orchomène de Béotie accordant à Eubolos d’Élatée, en remboursement d’une dette, le droit de pâturage (epinomia) sur les terres publiques pour un cheptel maximum de 220 bovins ou juments et 1 000 chèvres ou moutons : Christophe Chandezon, L’élevage en Grèce, fin ve-fin ier s. av. J.-C. L’apport des sources épigraphiques, Pessac, Ausonius, 2003, inscription no 7.
21 À Orchomène de Béotie, les rives humides du lac Copaïs étaient divisées en tomoi, des parcelles de pacage bornées, sur l’usage desquels la cité prélève des taxes : Isabelle Pernin, « IG VII 3170, une inscription “oubliée”. Orchomène de Béotie et la division de son territoire », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 223, 2022, p. 53-61. Nous remercions l’autrice de nous avoir communiqué son article avant parution.
22 Alexandre Blaineau, « Les gardiens de troupeaux équins et bovins en Grèce ancienne. Statuts et fonctions », dans Armelle Gardeisen, Christophe Chandezon (dir.). Équidés et bovidés de la Méditerranée antique. Rites et combats, Lattes, Éditions de l’Association pour le développement de l’archéologie en Languedoc-Roussillon, 2014, p. 253-267 ; A. Blaineau, Le cheval de guerre, op. cit., p. 118-126 et 131-134.
23 Isabelle Villeveygoux, « Marques au fer et amulettes. Identifier et protéger les animaux », dans Marie-Thérèse Cam (dir.), La médecine vétérinaire antique. Sources écrites, archéologiques, iconographiques, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, p. 45-55 ; A. Blaineau, Le cheval de guerre, op. cit., p. 128-131. Les voleurs de chevaux connaissent des méthodes pour effacer les marques : Julius Africanus, Cestes, 3, 36.
24 Oliver D. Hoover, Handbook of Coins of Northern and Central Greece: Achaia Phthiotis, Ainis, Magnesia, Malis, Oita, Perrhaibia, Thessaly, Akarnania, Aitolia, Lokris, Phokis, Boiotia, Euboia, Attica, Megaris and Corinthia, Lancaster, Classical Numismatic Group, 2014, nos 635 et 638 (Pharsale), nos 408-409, 450-454, 521-524 (Larissa) ; Elizabeth J. Pendleton, « Six Centuries of Thessalian Horses on Coins », dans Obolos 7: Coins in the Thessalian Region : Mints, Circulation, Iconography, History Ancient-Byzantine-Modern. Proceedings of the Third Scientific Meeting: 23-32, Athènes, Friends of the Numismatic Museum, 2004, p. 23-32.
25 Voir par exemple la description de Virgile, Géorgiques, 3, 139-145.
26 Les étalons sont séparés des femelles deux à cinq mois avant la monte : CHG I, 82, 2 ; II, 116, 5-9 (Apsyrtos). Le printemps, dont l’équinoxe sert de repère, est la saison privilégiée pour la monte : Aristote, Histoire des animaux, 576b ; Varron, Économie rurale, 2, 7, 7 ; Columelle, Économie rurale, 6, 27, 3 ; CHG I, 81, 9 (Anatolios). La gestation dure un peu plus de onze mois : Géoponiques, 16, 1, 3 ; Aristote, Génération des animaux, 777b. L’accès à un fourrage vert abondant est vital pour la jument pleine puis pour le poulain : Aristote, Histoire des animaux, 576b ; Columelle, Économie rurale, 6, 27, 10 ; CHG I, 86, 16-17 (Anatolios).
27 Aristote, Histoire des animaux, 576a ; Pline, Histoire naturelle, 8, 165 ; CHG II, 118, 10-11 (Anatolios). Voir, pour la période actuelle, Natalie Pilley-Mirande, François Rolland, L’éducation du poulain de la naissance au débourrage. Une approche éthologique, Paris, Zulma, 2002, p. 42.
28 J. Clément, « Qu’est-ce qu’un cheval de guerre ? », art. cité.
29 Aristote, Histoire des animaux, 586a ; Politique, 2, 3, 1262a. A. Blaineau, Le cheval de guerre, op. cit., p. 149-150.
30 Arrien, Anabase, 5, 19, 5.
31 Aristote, Histoire des animaux, 500b ; Marie-Thérèse Cam et al., « Questions d’anatomie chez Végèce, Mulom., 3, 1-4 », Revue de philologie, de littérature et d’histoire anciennes, 86/1, 2012, p. 93-98 ; A. Blaineau, Le cheval de guerre, op. cit., p. 181-183.
32 Columelle, Économie rurale, 6, 27, 12 ; CHG II, 118, 18-20 (Anatolios).
33 N. Pilley-Morande, F. Rolland, L’éducation du poulain, op. cit., p. 45. L’hippomane est connu et utilisé par les Anciens, voir Aristote, Histoire des animaux, 571b ; 577a ; 605a ; Théophraste fr. 175 (apud Photios, Bibliothèque, 278, 528b) ; Pline, Histoire naturelle, 8, 165 ; Élien, La personnalité des animaux, 3, 17 ; 14, 18.
34 N. Pilley-Morande, F. Rolland, L’éducation du poulain, op. cit., p. 46-51.
35 Démosthène, Sur l’ambassade, 36, 39, 163.
36 N. Pilley-Morande, F. Rolland, L’éducation du poulain, op. cit., p. 69-71 ; Marthe Kiley-Worthington, Le comportement des chevaux. Pour une amélioration du bien-être des chevaux, de leurs conditions d’élevage et d’entraînement, Paris, Zulma, 1999, p. 67, 77 et 176-178. Aristote (Histoire des animaux, 611a) observe que les autres juments s’intéressent aux poulains et peuvent parfois s’impliquer dans leur éducation.
37 Sur la végétation des bords de l’Énipeus, voir M. Sivignon, La Thessalie, op. cit., p. 72 ; Jean-Claude Decourt, La vallée de l’Énipeus, op. cit., p. 43.
38 Démosthène, Sur l’organisation financière, 23 ; Contre Aristocratès, 199 ; Théocrite, Idylles, 16, 34-36. Jean Ducat, Les Pénestes de Thessalie, Paris, Les Belles Lettres, 1994, p. 24-29 ; A. Blaineau, Le cheval de guerre, op. cit., p. 122-123.
39 Louis Robert, « Deux épigrammes de Philippe de Thessalonique », Journal des savants, 1982, p. 148-157 ; Kostas J. Gallis, « The Games in Ancient Larisa », dans Wendy J. Raschke (dir.), The Archaeology of the Olympics: The Olympics and other Festivals in Antiquity, Madison, University of Wisconsin Press, 1988, p. 221-225. Des pratiques comparables de capture permettent aux gardians camarguais de prélever des individus sur les troupeaux (fig. 4).
40 Aristote (qui semble alors tirer ses observations de grands élevages de Grèce centrale) constate que la jument allaite son poulain plus de six mois (Histoire des animaux, 576b), puis le poulain sevré reste proche de sa mère jusqu’à sa maturité sexuelle, comme l’exprime l’expression poétique désignant le fait de « courir comme le poulain nouvellement sevré au côté de sa mère » (souvent employée par Plutarque, Œuvres morales, 84d, 136a, 446e, 790f, 997d, mais remontant au poète archaïque Simonide d’Amorgos).
41 Columelle, Économie rurale, 6, 27 et 29 ; Varron, Économie rurale, 2, 7, 11.
42 L’observation éthologique des chevaux camargues, des mustangs et des Przewalski vivant en semi-liberté ont permis de montrer que, vers 2-3 ans, les jeunes (mâles et femelles) quittent volontairement leur groupe de naissance ou en sont expulsés par l’étalon. Ces comportements visent à réguler les accouplements incestueux au sein de la harde et donc à limiter les naissances consanguines à un taux très faible (0,5-1 %). Patrick Duncan et al., « Reduction of Inbreeding in a Natural Herd of Horses », Animal Behaviour, 32/2, 1984, p. 520-527 ; Id., Horses and Grasses: The Nutritional Ecology of Equids and their Impact of the Camargue, New York, Springer, 1992, p. 138-140 ; Anne-Marie Monard et al., « The Proximate Mechanisms of Natal Dispersal in Female Horses », Behaviour, 133/13-14, 1996, p. 1095-1124. Ce sont peut-être des constats équivalents qui ont nourri chez les Anciens l’idée que certains chevaux refusent farouchement l’inceste que veulent leur imposer les éleveurs : Aristote, Histoire des animaux, 631a ; Pline, Histoire naturelle, 8, 156 ; Oppien d’Apamée, L’art de la chasse, 1, 230-270 ; Élien, La personnalité des animaux, 4, 7. Sur ce sujet, voir les remarques générales d’Yves Christen, « Ces animaux obsédés par les règles : de la prohibition de l’inceste à l’impératif normatif », Érès, 215/4, 2013-2014, p. 25-34.
43 A. Blaineau, Le cheval de guerre, op. cit., p. 269-274.
44 M. Kiley-Worthington, Le comportement des chevaux, op. cit., p. 186 et 253.
45 Ibid., p. 69, 176 et 254. Voir les nombreuses études éthologiques des dix dernières années sur les conséquences néfastes de la désocialisation des chevaux élevés en écurie et sur la nécessité de resocialiser les étalons pour réduire les comportements agressifs et améliorer le bien-être équin : Elke Hartman, Eva Søndergaard, Linda J. Keeling, « Keeping Horses in Groups: A Review », Applied Animal Behaviour Science, 136/2-4, 2012, p. 77-87 ; Sabrina Briefer Freymond et al., « Pattern of Social Interactions after Group Interaction: A Possibility to keep Stallions in Group », Plos One, 8/1, 2013.
46 Les Anciens ont constaté que l’espérance de vie des étalons gardés à l’écurie, en situation d’isolement social, est moindre que celle des étalons laissés en semi-liberté, et qu’ils sont sujets à de bien plus nombreuses pathologies (Aristote, Histoire des animaux, 576b ; 604a), avec des symptômes d’hyperexcitabilité (auxquels les hommes réagissent habituellement par des saignées) ou au contraire de torpeur, avec ou sans stéréotypies, du fait d’un état psychologique dégradé. Sans établir de lien de causalité avec les blessures accidentelles, Aristote connaît les symptômes du tétanos dont il souligne le risque élevé dans les écuries.
47 Aristote évoque le recours à la musique dans les écuries (Histoire des animaux, 604a ; Aussi Plutarque, Œuvres morales, 961d, qui ajoute la syrinx, flûte de Pan, à l’aulos, flûte à deux pans, ancêtre du hautbois), même si elle est surtout documentée comme aide à la reproduction (Euripide, Alceste, 585-592 ; Plutarque, Œuvres morales, 138b, 704f ; Élien, La personnalité des animaux, 12, 44 ; 15, 25). Les recherches en éthologie ont démontré l’apport potentiel de la musique au bien-être équin, mais les réactions de chaque individu varient largement en fonction du tempo, du rythme, de la fréquence : Katherine Houpt, Michele Marrow, Melanic Seeliger, « A Preliminary Study of the Effect of Music on Equine Behavior », Journal of Equine Veterinary Science, 20/11, 2000, p. 691-737 ; Claire Neveux et al., « Classical Music reduces Acute Stress of Domestic Horses », Journal of Veterinary Behavior, 15, 2016, p. 81. Or, Aristote reconnaît que certains chevaux peuvent mal réagir pendant un air de flûte.
48 Ibid., p. 255. Jérémy Clément, « Nourrir les cavaliers et leurs montures. Les pouvoirs hellénistiques face aux impératifs alimentaires de la logistique de campagne », dans Id., Nourrir, se nourrir. Enjeux de pouvoir de l’Antiquité au Moyen Âge, Pessac, Ausonius (à paraître).
49 Aristote, Histoire des animaux, 604a. Les Anciens avaient compris la causalité entre la surconsommation d’orge et la fourbure, puisqu’ils appelaient cette maladie krithiasis, formée sur krithè (« l’orge »).
50 A. Blaineau, Le cheval de guerre, op. cit., p. 263-269 et 280-288 (sur le pansage).
51 Géoponiques, 16, 1, 11.
52 Xénophon, Art équestre, 2, 5.
53 Aristophane, Nuées, 32-33 ; Grenouilles, 905 ; Xénophon, Art équestre, 5, 3 ; Économique, 11, 18.
54 Dissoi logoi, 2, 11 : « Pour les Thessaliens, il est noble qu’un homme capture les chevaux parmi le troupeau, qu’il les dresse lui-même, ainsi que les mules, et il est noble qu’un homme se saisisse d’un bœuf pour l’égorger, l’écorcher et le dépecer lui-même, mais en Sicile, c’est infamant et c’est le travail des esclaves. »
55 Xénophon, Art équestre, 2, 1-3 ; Économique, 3, 10. Sur le traité thessalien de dressage des poulains composé par Cleodamas d’Ichnai : Étienne de Byzance, s. v. Achnai.
56 Xénophon, Art équestre, 1, 1 ; A. Blaineau, Le cheval de guerre, op. cit., p. 169-170.
57 C’est aussi le cas du notable messénien Nicagoras, lequel navigue jusqu’à Alexandrie pour vendre ses plus belles bêtes à la cour de Ptolémée IV : Polybe 5, 37, 7-11 ; Plutarque, Cléomène, 35, 2-3.
58 Sur la mauvaise réputation des maquignons : Xénophon, Art équestre, 1, 1 et 3, 1 ; Varron, Économie rurale, 2, 5, 10-11. Sur l’agitation spectaculaire qu’engendrent les ventes de chevaux sur les agoras : Xénophon, Helléniques, 3, 4, 17 ; Agésilas, 1, 24 ; Théophraste, Caractères, 23, 7.
59 Ioannes Triantaphyllopoulos, « Les vices cachés de la chose vendue d’après les droits grecs », dans Studi in onore di Edoardo Volterra, Milan, Giuffrè, 1971, p. 699-719 ; Eva Jakab, Praedicere und cavere beim Marktkauf : Sachmängel im griechischen und römischen Recht, Munich, Beck, 1997, p. 90-93 ; Christophe Feyel, Δοκιμασíα : la place et le rôle de l’examen préliminaire dans les institutions des cités grecques, Nancy, Adra, 2009, p. 60-61.
60 Plutarque, Alexandre, 6 (voir supra, n. 12) : « On descendit dans la plaine pour essayer [δοκιμάσοντες] ce cheval, et on le trouva rétif et tout à fait intraitable : il ne se laissait pas monter, et ne supportait la voix d’aucun des écuyers de Philippe, mais se cabrait contre tous. Comme Philippe, impatienté, donnait l’ordre de l’emmener parce qu’il le jugeait absolument sauvage [ἄγριον] et indiscipliné [ἀκολάστον], Alexandre, qui était présent, dit : “Quel cheval ils perdent, parce que, faute d’expérience et d’abnégation, ils ne savent pas en tirer parti !” » Philippe parie que son fils ne parviendra pas à monter Bucéphale. « Aussitôt, Alexandre courut au cheval et, saisissant la bride, le tourna face au soleil, car il avait observé, semble-t-il, que l’animal était effarouché par la vue de son ombre qui se projetait et dansait devant lui. Il le flatta et le caressa un moment ainsi, tant qu’il le vit furieux et haletant, puis, rejetant tranquillement sa chlamyde, il sauta sur lui et l’enfourcha fermement. Alors tirant légèrement de côté et d’autre le mors avec les rênes, il le modéra sans le frapper, ni lui déchirer la bouche. Puis, voyant qu’il abandonnait son attitude menaçante et qu’il avait envie de courir, il le lança à bride abattue en le pressant d’une voix plus hardie et en le frappant du talon. Philippe et son entourage étaient d’abord restés muets d’angoisse ; mais lorsque Alexandre, tournant bride, revint vers eux avec aisance, joyeux et fier, tous l’acclamèrent à grands cris, et son père, dit-on, versa des larmes de joie, puis, quand Alexandre eut mis pied à terre, il le baisa au front et dit : “Mon fils, cherche un royaume à ta taille : la Macédoine est trop petite pour toi”. »
61 Xénophon, Art équestre, 3, 7 ; 6, 4 ; Michel Casevitz, « Θυμός et ἀθυμία dans l’œuvre de Xénophon », Cahiers des études anciennes, 45, 2008, p. 53-61 ; A. Blaineau, Le cheval de guerre, op. cit., p. 194-197.
62 Carolyn Willekes, « Equine Aspects of Alexander the Great’s Macedonian Cavalry », dans Timothy Howe et al. (dir.), Greece, Macedon and Persia: Studies in Social, Political and Military History in Honour of Waldemar Heckel, Oxford, Oxbow Books, 2015, p. 54 et 56-57. Alexandre Blaineau (« Plutarque, un passeur de la culture équestre grecque », dans Anne-Marie Favreau-Linder et al. [dir.], Passeurs de cuture. La transmission de la culture grecque dans le monde romain des ier-ive siècles ap. J.-C., Turnhout, Brepols, 2022, p. 305-316) souligne les coïncidences entre les instructions de Xénophon et la gestuelle d’Alexandre dans ce passage. Même sans intertextualité manifeste au niveau linguistique, il se dégage de ce passage une évidente familiarité des préceptes de Xénophon qu’Alexandre Blaineau prête à Plutarque lui-même, mais qui pourrait tout autant provenir de l’auteur du passage originel et donc refléter des considérations du ive siècle.
63 Seulement 1,55 mètre à l’âge adulte d’après le Pseudo-Callisthène : Krysztof D. Nawotka, The Alexander Romance by Ps.-Callisthenes: A Historical Commentary, Leyde, Brill, 2017, p. 173 et 195-196.
64 Ici, il faut probablement abandonner l’interprétation fantaisiste apportée par les auteurs anciens concernant une supposée sciophobie de Bucéphale. Non seulement il n’est pas éthologiquement prouvé qu’un cheval puisse durablement développer une peur de son ombre, mais il est également peu crédible qu’un cheval pathologiquement craintif ait été proposé au roi de Macédoine comme monture de guerre. Le fait d’orienter Bucéphale face au soleil remplit peut-être une fonction symbolique dans le récit.
65 Plutarque, Alexandre, 6, 6-7.
66 Ces réflexions sont prolongées dans le dossier de la Revue internationale d’histoire militaire ancienne, 12, Jérémy Clément, Mathieu Engerbeaud (dir.), Les animaux combattants dans l’Antiquité, 2023.
67 Carl Safina, Qu’est-ce qui fait sourire les animaux ?, Paris, Vuibert, 2018. C’est aussi l’enjeu d’un précédent volume : Éric Baratay (dir.), L’animal désanthropisé. Interroger et redéfinir les concepts, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2021.