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    Plan détaillé Texte intégral Les cult societies De « l’irresponsabilité » des pétroliers dans les violences Recours aux milices et contrats de gardiennage : la contribution des compagnies au banditisme Trois blocs qui n’en sont pas Les syndicats Notes de bas de page

    Nigeria : la fabrique de la malédiction du pétrole dans le delta du Niger

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 8. La fin de la trinité

    L’État, les compagnies pétrolières et la société dite « civile »

    p. 139-153

    Texte intégral Les cult societies De « l’irresponsabilité » des pétroliers dans les violences Recours aux milices et contrats de gardiennage : la contribution des compagnies au banditisme Trois blocs qui n’en sont pas Les syndicats Notes de bas de page

    Texte intégral

    1La route qui mène à l’université de Port Harcourt traverse une banlieue mal famée, Choba. Lorsque je m’y rendais pour aller donner des cours, il m’arrivait de voir sur le bas-côté des pneus brûlés et les restes calcinés de personnes qui avaient été soupçonnées de vol et lynchées par des foules en colère. L’Alliance française, où je travaillais aussi, semblait plus préservée de ces spectacles peu ragoûtants, car elle était située dans une zone mieux fréquentée, en bordure de la ville coloniale. Mais c’était sans doute une illusion. Un jour, sa frêle secrétaire était ainsi arrivée au bureau toute guillerette parce que les habitants de son quartier avaient enfin réussi à se débarrasser des bandits qui venaient régulièrement les cambrioler. Ils avaient attrapé l’un d’eux et l’avaient achevé à coups de marteaux après l’avoir copieusement rossé.

    2Il est difficile d’imaginer dans quel univers quotidien de violence vivent certains habitants du delta. Les forces de sécurité n’y sont pas pour rien. À peine un mois après mon installation à Port Harcourt, un policier me menaçait déjà de son arme, un revolver braqué sur la tempe, pour essayer de m’extorquer de l’argent alors que je conduisais ma Beetle, une Coccinelle made in Nigeria. Quelque temps après, j’avais également dû aller au commissariat local délivrer le gardien de mon immeuble, accusé sans preuves de complicité dans un cambriolage. J’ai trouvé le malheureux exsangue, enchaîné dans une cellule crasseuse. Il était assoiffé et n’avait pas mangé depuis trois jours. Pour le sortir des griffes de la police, il a fallu que je paie une caution en guise de bakchich et je l’ai quasiment porté jusqu’à la voiture avant de le sustenter et de lui rendre la liberté.

    Fig. 26. Un policier nigérian (2011)

    Image 1000000000000BC0000007D0A2BE73FBB87D4C50.jpg

    Les cult societies

    3Le campus de l’université de Port Harcourt n’était guère plus rassurant. Il était infesté de cult societies, des gangs appelés ainsi du fait des rites d’initiation qu’ils imposent à leurs nouveaux membres. Historiquement, ces confréries ont hérité des syndicats étudiants interdits par les juntes militaires dans les années 1980. Une fois entrées dans la clandestinité, elles se sont progressivement criminalisées en organisant les rackets, la prostitution et les trafics de drogue sur les campus. Généralement construites pendant le boom pétrolier des années 1970, les universités fédérales tendaient à vivre en circuit fermé, à l’écart des agglomérations urbaines. En effet, les militaires à l’époque au pouvoir avaient pris soin de les maintenir à distance afin de limiter l’ampleur des contestations étudiantes. En conséquence, les cult societies se sont pendant longtemps développées en vase clos, ce qui ne les a d’ailleurs pas empêchées d’étendre leur réseau au niveau national en établissant des branches dans les différents campus du pays.

    4Dans le Rivers, la particularité est qu’elles ont bientôt fini par opérer une jonction avec les gangs de rues en milieu urbain1. À partir de 1993, l’émergence de milices d’autodéfense sur le campus de l’université de Port Harcourt les a en effet obligées à se replier en ville, où elles ont commencé à se développer dans les lycées2. En dépit des spécificités de leur recrutement, le rapprochement a été d’autant plus facile que, comme les gangs de rues, les confréries étudiantes s’étaient inspirées du monde de la piraterie maritime pour organiser leurs rites d’initiation. Leurs noms en témoignaient bien, avec les Seadogs (« Chiens de mer »), les Buccaneers (« Boucaniers »), les Corsairs (« Corsaires ») ou les Vikings, une société secrète dont la branche de l’université de Port Harcourt était appelée « Alpha Marine ».

    5Bien qu’initié dans les campus, le phénomène a alors pris de l’ampleur. Les gangs de cultists ont vite pullulé. En 2004, une loi régionale du Rivers en recensait jusqu’à 130, certains avec une vingtaine d’initiés, d’autres avec des effectifs atteignant le millier de membres, tels les Greenlanders d’un certain Chukwudi Osah dans le quartier de Marine Base à Port Harcourt (voir l’annexe 1). Les campagnes et les agglomérations de moindre importance n’ont pas non plus été épargnées. Depuis l’île de Bonny, une société secrète créée sous l’égide de la déesse des eaux des Ibani, Agaba, devait ainsi essaimer en implantant des loges comme les Millenium Boys, les 007 et les Diobu United à Port Harcourt ou les Bayside Boys et les School Boys à Calabar. De là, l’organisation devait ensuite s’affranchir de son terroir ethnique et s’étendre dans le monde rural en pays ibibio, ogoni, ibo et annang3.

    6En ville, ces franc-maçonneries mafieuses n’ont bientôt plus eu grand-chose à voir avec les sociétés secrètes qui rendaient la justice et disciplinaient les villageois avant l’arrivée du colonisateur. S’inspirant d’une culture moderne et globale qui magnifiait la violence sur les réseaux sociaux, leurs rites d’initiation ont surtout consisté à garantir l’omerta de leurs membres. Ils n’ont nullement cherché à garantir le respect dû à des autorités coutumières qui, justement, étaient très contestées par la jeunesse du fait de leurs compromissions avec l’État et les compagnies pétrolières. De ce point de vue, les egbesu boys ne pouvaient guère se réclamer d’une quelconque tradition ijaw d’un culte au dieu de la guerre. Leur propre entourage les a plutôt perçus comme des marginaux4. Dans le Bayelsa, par exemple, les egbesu boys paraissaient relativement isolés et coupés de leur environnement immédiat. Ils ont ainsi entretenu des relations détestables avec les milices ethniques de la région si l’on en croit l’opinion de deux tiers des personnes interrogées dans le cadre d’une enquête menée auprès d’une cinquantaine d’habitants de Yenagoa5.

    7Loin de se mobiliser pour défendre les traditions locales, les cultists ont en fait servi de nervis aux politiciens du cru et ont constitué le vivier des combattants des luttes du delta. On les a souvent retrouvés dans les confrontations avec les compagnies pétrolières. À Bukuma, une communauté de la collectivité locale de Degema dans le Rivers, un certain Onengiye-Ofori Terika, dit « Occasion Boy », devait par exemple monter en 1999 un gang appelé Okomera, basé dans la petite ville de Tombia, pour soutirer de l’argent à Shell et contester la mainmise de son agent de liaison, un avocat du nom de Somina Elekima, qui était accusé de détourner les subventions de la compagnie depuis qu’il s’était imposé quatre ans auparavant comme un intermédiaire indispensable dans les relations avec les habitants. Cette bande armée allait ensuite donner naissance à une société secrète, Deybam, et susciter l’émergence d’une organisation rivale, l’Agun Youths Association of Bukuma, pour essayer de mettre un terme à ses abus6. À Rumuekpe au nord de Port Harcourt en 2005, encore, le président de la collectivité locale d’Emuoha, Emeka Woke, qui était par ailleurs un proche du gouverneur Peter Odili, soutenait quant à lui la formation d’un gang mené par un jeune du cru, Otamini Agala, pour contester l’officier de liaison de Shell, Friday Edu « Pele », qui était censé redistribuer les fonds destinés à financer des projets de développement dans la communauté. Les heurts firent des dizaines de morts et, pour se procurer des armes, chacune des factions en lice se tourna vers des « commandants » de la rébellion du MEND (Movement for the Emancipation of the Niger Delta), respectivement Farah Dagogo et Soboma George7.

    8Dans de nombreux cas, la question du pétrole a ainsi été au centre des violences parce que ses enjeux financiers ont exacerbé la compétition entre des groupes rivaux. Aucun État de la zone n’a été épargné à cet égard. À Odioma près de Brass dans l’actuel État du Bayelsa, un certain Clever Oseiferekuma, dit « Osei », a par exemple commencé par former une milice à l’occasion d’un litige foncier avec les Kalabari du Rivers autour des gisements de Soku en 1992. À partir de 1996, le conflit a ensuite opposé les Odioma de Brass et les Bassambari de Nembe à propos du contrôle des puits pétroliers d’Obioku. Réputé pour ses pouvoirs magiques et entretemps devenu un cacique local du PDP (People’s Democratic Party), Clever Oseiferekuma a alors soutenu à partir de 2000 les agissements d’une société secrète, Iseinasawo, qui se revendiquait de l’esprit des lieux, Teme, et qui a d’abord combattu une organisation concurrente, Isongufuro, avant de s’en prendre aux intérêts de Shell et d’Agip en 2005. C’est finalement pour régler ses comptes au sein de la communauté que l’homme fort de la région devait exiger des compagnies pétrolières qu’elles arrêtent leur production8.

    De « l’irresponsabilité » des pétroliers dans les violences

    9Un tel contexte oblige alors à revenir sur le rôle que jouent les multinationales quand elles sont attaquées par des bandes armées. Leurs responsabilités dans les violences s’exercent à plusieurs niveaux lorsqu’elles font appel aux forces de l’ordre ou financent des groupes criminels pour essayer d’acheter la paix sociale. En tant que telle, leur présence suffit, on l’a vu, à exciter les convoitises. Assez logiquement, elles cherchent donc à protéger leurs installations en recourant à des forces de sécurité qui, en l’occurrence, sont connues pour tirer sur les civils. Les analyses tirées de la base de données Nigeria Watch montrent ainsi que la police et l’armée tuent dans plus de la moitié des cas de violences létales où elles interviennent : une caractéristique qui, à ce niveau-là, ne relève plus de la bavure ou du dommage collatéral mais d’un véritable système d’impunité institutionnalisée9.

    10Résultat, les compagnies pétrolières se retrouvent à travailler avec des forces de sécurité dont elles contrôlent mal les débordements. Elles sont très vraisemblablement conscientes des risques de dérapage. Leur responsabilité dans les violences est évidente à cet égard. Elle n’en est pas moins indirecte, car ce sont d’abord les forces de l’ordre d’un État souverain qui tuent des civils. Comme le souligne Scott Pegg, la responsabilité des compagnies pétrolières est en revanche beaucoup plus directe lorsque celles-ci arment, financent et transportent les troupes appelées à la rescousse10. Ce fut notamment le cas de Chevron dans l’État du Delta et de Shell en pays ogoni dans le Rivers au cours des années 1990. Arrivées plus tardivement au Nigeria, des sociétés chinoises ont également été suspectées de procéder ainsi en favorisant un rapprochement avec Pékin en vue d’aider le gouvernement fédéral à se procurer des armes que Washington venait de refuser de vendre pour éviter un bain de sang11.

    11De manière plus générale, le recours à des forces de l’ordre dont on connaît les abus suffit, en soi, à exposer les compagnies pétrolières à des sanctions médiatiques et judiciaires pour le manque de professionnalisme de leur politique de sécurité. Dans la collectivité locale d’Etche, la répression des protestataires d’Umuechem, qui fit quatre-vingts morts en octobre-novembre 1990, est assez représentative à cet égard. Pour rétablir l’ordre, Shell a en effet demandé l’intervention d’unités anti-émeutes de la Mopol (Mobile Police) qui s’empressèrent d’aller bombarder les villages environnants. Montée à l’initiative du gouverneur militaire du Rivers à l’époque, le colonel Godwin Osagie Abbe, une commission d’enquête devait cependant montrer que les manifestants étaient pacifiques, qu’ils n’avaient pas d’armes, et qu’il n’y avait pas de risque imminent d’attaque12. Shell fut donc critiquée pour avoir exagéré l’ampleur de la menace.

    12Depuis lors, les majors du pétrole ont dû revoir leur politique sécuritaire. Échaudées par le retentissement international de la crise ogoni en 1995, elles ont progressivement renoncé à rémunérer les effectifs spéciaux de la police qui leur étaient spécifiquement dédiés et qui, théoriquement, n’étaient pas armés. En effet, ces agents, appelés Spy (supernumary), étaient souvent peu fiables. De 2004 à 2006, qui plus est, ils ont traîné Shell et ExxonMobil devant les tribunaux pour essayer, en vain, de quitter le service public et d’être intégrés dans le personnel des compagnies comme des employés à plein temps. Résultat, leurs protestations ont accéléré le désengagement des opérateurs de l’industrie. En 2006, Chevron n’avait plus qu’une centaine d’agents Spy, contre 215 en 2002 ; ExxonMobil, 460 contre 700 avant 200413.

    Recours aux milices et contrats de gardiennage : la contribution des compagnies au banditisme

    13L’alternative, assez logique, a été de se tourner davantage vers les sociétés de sécurité privée. À partir de 2002, par exemple, Chevron a recouru aux services de la filiale locale de Group4Securicor, Outsourcing Services Ltd, qui comptait parmi les plus grosses entreprises du secteur au Nigeria, avec quelque 3 000 employés répartis à travers le territoire. Généralement encadrées par des conseillers étrangers, retraités de l’armée ou des services spéciaux, les sociétés de sécurité privée ont parfois essayé de réfréner les ardeurs meurtrières des forces de l’ordre pour éviter d’envenimer la situation. Mais les compagnies pétrolières et leurs sous-traitants ont aussi entretenu des liaisons dangereuses avec des gangs qu’elles ont préféré rémunérer pour prévenir les attaques. Obéissant à une logique de profit, elles ont en fait commis la même erreur que le gouvernement fédéral au moment de l’amnistie de 2009 : elles ont cru qu’il suffisait de payer les protestataires pour acheter la paix sociale. Mieux encore, elles ont attribué aux « militants » des contrats de surveillance des oléoducs. Ce faisant, elles ont introduit le loup dans la bergerie et perpétué une sorte de cercle vicieux dans lequel l’argent du pétrole et la criminalité se sont mutuellement alimentés.

    14Dès avant l’amnistie de 2009, les multinationales avaient en réalité pris l’habitude de céder aux rackets de protection en rémunérant les groupes qui menaçaient de les attaquer. À Jones Creek dans l’État du Delta à partir de 2003, par exemple, Shell a recouru aux services de sécurité d’IPSS (Integrate Production System Surveillance) et Shad-Ro Services, deux firmes proches de la mouvance rebelle, et dirigées respectivement par un certain Messio German et par Shadrack Otuaro, le demi-frère du secrétaire général de la FNDIC (Federation of the Niger Delta Ijaw Communities), Kingsley Otuaro14. On a retrouvé de tels phénomènes dans l’État voisin du Bayelsa. En 2001, le gouverneur Diepreye Alamieyeseigha a d’abord entrepris de mobiliser les membres d’une société secrète appelée Iseinasawo pour lutter contre la piraterie et constituer une milice, la Bayelsa Volunteers Anti-Sea Piracy Squad. Deux sous-traitants de Shell, Geomatics et Octopus Holdings, ont ensuite payé ces hommes pour chasser une organisation rivale, les Isongufuro, et garantir le libre passage des pétroliers sur les territoires de Nembe, Odioma et Obioku15. Aux abords du gisement de Gbarantoru près de Yenagoa, encore, c’est un gang du nom d’Uwou Pele Ogbo qui, en 2002, a été chargé de repousser les jeunes qui menaçaient d’entraver la poursuite des activités d’extraction de Shell16.

    15La même logique a prévalu dans l’État de Rivers, où les compagnies pétrolières ont considéré qu’il était moins onéreux de rémunérer les « militants » plutôt que de financer des chantiers de nettoyage après des explosions d’oléoducs. D’après des sources concordantes, Shell aurait par exemple passé en 2005 un contrat de gardiennage avec Dukoaye Security Services, une société détenue par Alali Horsefall, un adjoint d’Asari-Dokubo et un des leaders de la NDPVF (Niger Delta Volunteer People’s Force)17. À l’époque, la compagnie anglo-hollandaise rémunérait également près de 9 000 jeunes pour garder ses infrastructures abandonnées en pays ogoni, d’où elle avait dû se retirer sous la pression du MOSOP (Movement for the Survival of the Ogoni People) de Ken-Saro-Wiwa en 1995. Dans la collectivité locale de Tai, Shell a notamment payé les services de sécurité d’un cacique du PDP, Monday Ngbor, qui avait été à l’origine de violences politiques lors d’élections contestées en 2003. À K-Dere, encore, la compagnie a passé des contrats de surveillance avec des vigiles (vigilantes) au service des politiciens du cru au moment des élections de 200718.

    Fig. 27. Les gardes du corps d’un politicien dans l’Edo (2011)

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    16L’amnistie de juin 2009 a alors institutionnalisé ces pratiques. En effet, les « militants » du delta ont voulu profiter de la nouvelle donne en fondant chacun leur propre compagnie de sécurité, ce qui a exacerbé la compétition en vue d’arracher des contrats aux pétroliers. En janvier 2010, un leader du MEND, Eris Paul « Commander Ogunboss », lançait ainsi sur le marché sa propre société, Eristex Pipeline Patrol, pour éliminer la concurrence d’une autre firme locale, Fanus Koki & Sons Ltd, et se voir attribuer la protection des puits de Shell à Diebu Creek dans la collectivité locale de Southern Ijaw, pas loin de la côte du Bayelsa19. De façon plus informelle, des bandes de jeunes se sont aussi mêlées de la partie. Dans le Rivers, par exemple, les Ijaw edagberi de Joinkrama 4 connaissaient des tensions récurrentes depuis qu’une manifestation contre Shell avait fait six morts à Ahoada West en mars 2005. Dans un tel contexte, la compagnie anglo-hollandaise n’a pas hésité à traiter avec les gangs les plus violents pour sécuriser son gisement d’Adibawa. En avril 2010, elle concluait un accord avec les membres d’un « comité intérimaire » qui venaient de tuer leurs opposants et d’évincer les chefs traditionnels pour prendre le contrôle du conseil municipal. Mais en septembre suivant, cette faction a saboté des pipelines pour toucher davantage de compensations financières et obtenir des contrats de nettoyage avec la complicité du personnel local de la compagnie. Non loin de là en août 2011 à Ikarama dans l’État du Bayelsa, des jeunes Ijaw ont pour leur part attaqué le gros oléoduc d’Okordia-Rumuekpe afin de protester contre la suspension par Shell des émoluments théoriquement destinés… à empêcher les sabotages20.

    17Depuis lors, les check-points tenus par des vigiles armés contrôlant l’accès aux gisements ont continué de se multiplier et la « milicianisation » des zones pétrolifères s’est durablement ancrée dans le paysage du delta. Dans le même temps, les efforts de développement de la région ont souvent relancé les conflits au lieu de pacifier la situation. À mesure qu’ils prenaient de l’ampleur, les programmes liés à la responsabilité sociale des entreprises ont en effet contribué à attiser les clivages communautaires et le ressentiment de la population lorsqu’ils n’ont pas abouti à des réalisations concrètes et que les compensations versées par les compagnies pétrolières ont été accaparées par des chefs coutumiers, des agents de liaison et des oligarques acoquinés à des gangs21.

    18La focalisation des sociétés exploitantes sur les communautés dites « hôtes » a notamment provoqué des tensions avec les villageois qui habitaient en dehors des zones de gisements. Des sondages – menés dans les collectivités locales d’Ogba-Egbema-Ndoni et Eastern Obolo, respectivement dans les États de Rivers et de l’Akwa Ibom – ont ainsi montré que les doléances à l’encontre des compagnies pétrolières tendaient à augmenter à mesure qu’on s’éloignait des puits et des oléoducs, sans doute justement parce que les populations des environs se sentaient davantage délaissées22. Sur le territoire des communautés « hôtes », qui plus est, les projets de développement ont souvent été peu inclusifs, car ils ont été mis en œuvre par des ingénieurs et des managers qui ont privilégié des solutions techniques sans appréhender la dimension sociale des problèmes rencontrés23. En l’absence de tout standard, des villages et des individus de statuts équivalents ont par ailleurs reçu des compensations très différentes au gré des approches différentes d’une compagnie et d’un sous-traitant à l’autre.

    19Fondamentalement, l’objectif des entreprises était de toute façon d’acheter la paix sociale, à défaut de pouvoir répondre à toutes les demandes reçues. À l’occasion, les compagnies pétrolières ont donc cherché à récompenser les communautés les plus promptes à coopérer24. Dans d’autres cas, cependant, elles se sont plutôt focalisées sur les zones où elles enregistraient des sabotages d’oléoducs et des occupations de leurs installations. Résultat, leurs projets de développement ont beaucoup ciblé les communautés les plus remuantes. Les compagnies pétrolières ont ainsi été accusées d’accorder des primes à la violence et de chercher à diviser pour mieux régner. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs fini par admettre publiquement les limites de leur politique sociale. Shell, par exemple, a reconnu que le versement de compensations en liquide avait pu nourrir les conflits à l’intérieur des communautés et entre groupes rivaux25. Dans une de ses revues institutionnelles, Total devait pour sa part rapporter les plaintes d’un chef egi du gisement d’Obagi à propos des problèmes de sécurité que les programmes de développement du groupe avaient générés en attirant des migrants venus d’autres régions du Nigeria26. La compagnie française était également accusée par des chercheurs d’avoir financé un « forum de jeunes » qui faisait office de milice et qui monopolisait les contrats de sécurisation des lieux en réprimant les protestataires avec l’aide de la police27.

    Trois blocs qui n’en sont pas

    20Dans toute leur complexité, les problèmes du delta invitent ainsi à dépasser la vision simpliste de conflits opposant inexorablement les compagnies pétrolières et l’État nigérian contre des « gentils » rassemblés au sein d’un vague ensemble communément appelé « société civile », un concept un peu fourre-tout28. Aucun de ces trois prétendus blocs n’est homogène. Au contraire, il convient de prendre en compte les nombreuses contradictions qui les travaillent de l’intérieur. Par opposition aux dictatures militaires d’autrefois, par exemple, la société dite « civile » connaît de fortes tensions qui ne tiennent pas qu’à des antagonismes ethniques mais aussi à des clivages sociaux, à des rivalités personnelles et à des conflits de classes d’âge. C’est d’autant plus flagrant que les communautés du delta ont eu très largement le loisir de s’entredéchirer depuis l’indépendance et la fin de la guerre du Biafra, période pendant laquelle elles avaient d’abord essayé d’unir leurs efforts pour lutter, tout à la fois, contre les interférences du pouvoir central et l’emprise des Ibo de l’arrière-pays.

    21La classe dirigeante, elle, est notoirement divisée par des rivalités personnelles, clientélistes, partisanes et communautaires, ceci sans parler des différends qui peuvent opposer le gouvernement fédéral, les trente-six États du Nigeria et leurs collectivités locales pour se partager la rente pétrolière. Au sortir de la dictature militaire en 1999, par exemple, Abuja et les États côtiers se sont vite disputés à propos des modalités de redistribution des royalties tirées de l’exploitation de gisements offshore, un conflit tranché en 2006 par la Cour suprême, en l’occurrence en faveur du pouvoir central. En 2000, les États d’Imo et d’Abia ont, pour leur part, engagé des actions en justice pour récupérer des puits de pétrole dont l’exploitation sur une frontière litigieuse avec le Rivers avait été gelée par la commission du juge Mamman Nasir en 197629.

    22D’un gouvernement à l’autre, les positionnements de la classe politique sur le développement des industries extractives ont aussi pu varier du tout au tout. Ainsi, les principaux candidats de l’opposition aux élections présidentielles de 2007, Atiku Abubakar et Muhammadu Buhari, recommandaient respectivement, qui de privatiser les joint-ventures, qui de renouer avec les programmes de nationalisation des années 1970. Au fil du temps, la classe dirigeante a certes fait preuve d’une certaine continuité en matière de promotion des Nigérians dans l’industrie pétrolière, d’abord avec des décrets « d’indigénisation », puis avec des lois sur le « contenu local » au sein du personnel des sociétés exploitantes. Sur les autres points, en revanche, l’État a singulièrement manqué de cohérence et de vision. Les présidents en place depuis la fin des dictatures militaires en 1999, notamment, se sont chacun entichés de projets qui n’ont jamais vu le jour, entre autres parce qu’ils étaient abandonnés par leurs successeurs, qu’il s’agisse d’un pipeline transsaharien pour Umaru Yar’Adua ou d’une usine de liquéfaction de gaz à Brass pour Goodluck Jonathan.

    23Quant aux sociétés pétrolières, enfin, elles ne constituent pas non plus un bloc homogène. En effet, elles poursuivent une logique capitaliste de recherche du profit. Malgré quelques prises de participations croisées, par exemple entre les filiales locales de Total et Shell, elles se font donc concurrence pour obtenir du gouvernement des permis d’exploration, les OPL (oil prospecting licences), puis de production, les OML (oil mining leases), quand elles trouvent du pétrole en quantité commerciale. De plus, leurs intérêts divergent en fonction, entre autres, de leur taille, de leur ancienneté, de leur ancrage dans le tissu local, de leurs régimes contractuels, de leurs statuts, de leur dimension internationale, de la localisation de leurs gisements et de leurs modalités d’exploitation des hydrocarbures. Outre les majors, le secteur comprend ainsi une entreprise gouvernementale, la NNPC (Nigerian National Petroleum Corporation), et de nombreux « indépendants », « sous-traitants » et compagnies dites « indigènes » ou « domestiques ».

    24Autre signe de son extrême hétérogénéité, l’industrie se compose par ailleurs de syndicats qui comptent parmi les plus actifs du pays et qui, bien évidemment, s’opposent souvent aux patrons des sociétés exploitantes, que celles-ci relèvent du secteur public ou privé. Les lockouts des bureaux ou des sites d’extractions des compagnies pétrolières ne sont pas rares. À l’occasion, les protestations ont d’ailleurs pu prendre une forme violente en interne, sans pour autant répondre aux mots d’ordre d’organisations syndicales. Ainsi, l’occupation des stations de pompage implique souvent des ingénieurs des compagnies sous-traitantes et des jeunes censés assurer la sécurité des lieux. Les sabotages d’oléoducs, eux, révèlent d’évidentes complicités au sein des sociétés exploitantes.

    25Enfin, il arrive que des personnels licenciés ou partis à la retraite expriment leur mécontentement en s’en prenant aux intérêts de compagnies pétrolières qui, en général, ne se préoccupent guère de suivre la trajectoire de leurs anciens employés. Dans le Bayelsa, par exemple, c’est un ancien ingénieur d’Elf, Nimi Barigha-Amage, qui a commencé en 1991 à mobiliser les jeunes de la collectivité locale de Nembe avant de constituer une milice qui, en 2000, a pris la forme d’une société secrète appelée Iseinasawo30. Dans l’État du Delta, encore, Tom Polo avait lui-même démarré sa carrière comme sous-traitant de Shell et Chevron avant de participer à la fondation de la FNDIC, puis de diriger les combattants du MEND à partir de 2005. C’est grâce à ses compétences d’ingénieur qu’il a pu se spécialiser dans le vol de brut, le bunkering, à une échelle industrielle. De même, Ebikabowei Victor-Ben, alias « General Boyloaf », a mis à profit sa connaissance de la côte du Bayelsa et de la logistique de l’industrie pétrolière pour planifier en haute mer la spectaculaire attaque du MEND contre la plateforme de Shell à Bonga en 2008.

    Fig. 28. Ebikabowei Victor-Ben, dit « General Boyloaf », un des fondateurs du MEND, chez lui à Abuja (2021)

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    Les syndicats

    26Bien mieux payés que dans la fonction publique, les travailleurs des compagnies pétrolières vivent, eux, dans un monde un peu à part. Bénéficiant d’une meilleure protection sociale que s’ils avaient travaillé dans les autres filières du secteur privé formel, ils constituent une sorte « d’aristocratie du prolétariat », à l’instar des mineurs de charbon qui, du temps de la colonisation britannique, avaient mené des grèves célèbres et réprimées dans le sang à Enugu en 194931. Leurs organisations, à savoir la NUPENG (Nigeria Union of Petroleum and Natural Gas Workers) et la PENGASSAN (Petroleum and Natural Gas Senior Staff Association of Nigeria), ont d’abord été créés sous l’égide de la junte militaire dans le cadre d’un décret de 1978, le Trade Union Decree, qui visait, entre autres, à unifier les syndicats maisons des compagnies pétrolières pour renforcer la mainmise du gouvernement sur un secteur en voie de nationalisation. Pendant la crise économique des années 1980, les ouvriers et les cadres de l’industrie se sont alors mobilisés contre le plan d’ajustement structurel de la Banque mondiale, qui a abouti à de nombreux licenciements ; par la suite, ils ont participé aux grandes grèves de 1994 contre la dictature de Sani Abacha32.

    27Aujourd’hui, le secteur reste le plus syndiqué du Nigeria, peut-être à hauteur de 100 % des travailleurs dans la production et d’environ 50 % chez les sous-traitants. Avec l’effondrement des prix du baril au milieu des années 2010, les syndicats du pétrole n’en ont pas moins perdu de leur superbe. En effet, la récession a conduit les entreprises à licencier du personnel et les effectifs de l’industrie se sont contractés, phénomène qui rappelle la crise économique de 1983-1986, époque où l’on estimait que le secteur comptait quelque 10 000 salariés dans le public, 10 000 dans les multinationales et 10 000 dans les sociétés locales et étrangères de sous-traitance33. La précarisation de l’emploi a par ailleurs fragilisé une main-d’œuvre confrontée à la multiplication des contrats de courte durée. Depuis 2005, enfin, les travailleurs du pétrole ne sont plus obligés d’adhérer à un syndicat et, structurellement, l’extrême diversité de leurs statuts socioprofessionnels ne facilite certainement pas leur mobilisation.

    28Ainsi, il convient de souligner l’hétérogénéité d’une main-d’œuvre qui comprend des ingénieurs aussi bien que des experts-comptables, des chauffeurs de camion-citerne, des mécaniciens ou de simples manœuvres. Les travailleurs du secteur ne constituent nullement un bloc monolithique, à l’image d’une industrie qui voit des majors côtoyer une entreprise publique comme la NNPC. En témoigne la constitution de deux syndicats en 1978, l’un pour les « cols bleus », l’autre pour les « cols blancs ». La NUPENG, en l’occurrence, représente les ouvriers de l’industrie. Si elle a vu ses effectifs tomber de 14 000 membres en 1988 à 8 000 en 2005, elle garde une forte capacité d’action, car ses adhérents peuvent bloquer les raffineries et la distribution de carburants à travers tout le pays34. La PENGASSAN, elle, défend les intérêts des cadres. À la différence de la NUPENG, elle a vu son nombre d’adhérents progresser de 14 000 au sortir de la dictature militaire en 1999 à 21 000 en 2019 si l’on en croit ses propres chiffres.

    29En pratique, les deux syndicats coopèrent parfois lorsqu’il s’agit de négocier des conventions collectives avec les sociétés exploitantes. Mais leur base sociale est différente et encore plus menacée de fragmentation depuis qu’une loi de 2005, le Trade Union Act, a cherché à promouvoir la liberté d’association en dérégulant la création d’organisations syndicales. Avec la précarisation de l’emploi, qui plus est, les personnels syndiqués se sont souvent retrouvés en concurrence avec des ouvriers recrutés sur le tas et accusés d’être des « jaunes » afin de casser les grèves. Ces conflits ont aussi concerné les travailleurs journaliers qui, issus des communautés proches des gisements, étaient payés dans le cadre des programmes de responsabilité sociale des entreprises ou des quotas réservés aux autochtones au nom des politiques de « contenu local ».

    30De telles oppositions ont alors mis en évidence le fossé qui pouvait séparer « l’aristocratie pétrolière du prolétariat », d’une part, et les rebelles du delta lorsqu’ils se sont mis à enlever des travailleurs nigérians et non plus seulement des expatriés, d’autre part. Autrefois, des auteurs marxistes avaient insisté sur les possibilités de convergence en signalant qu’au moment de la grande grève de juillet 1994, les demandes de la PENGASSAN coïncidaient, pour la moitié d’entre elles, avec les revendications des communautés « hôtes » des zones pétrolifères du delta35. Pour autant, aucun effort de coordination n’a été observé à l’époque entre les syndicalistes de l’industrie et les militants du MOSOP. De même, en juin 2003, la grève nationale contre la hausse des prix de l’essence à la pompe devait se produire indépendamment des luttes de femmes qui se déroulaient concomitamment contre Shell ou Chevron dans le delta36. Depuis lors, les activités syndicales de l’industrie ont plutôt confirmé le phénomène d’enclavement physique et social des milieux pétroliers.

    Notes de bas de page

    1  Marc-Antoine Pérouse de Montclos, « Rebelles, gangsters et cadets sociaux dans le delta du Niger : les jeunes au défi de la politique », dans Muriel Gomez-Perez, Marie Nathalie Leblanc (dir.), L’Afrique des générations. Entre tensions et négociations, Paris, Karthala, 2012, p. 617-644.

    2  Tarila Marclint Ebiede, Celestine Oyom Bassey, Judith Burdin Asuni (dir.), Insecurity in the Niger Delta. A Report on Emerging Threats in Akwa Ibom, Bayelsa, Cross River, Delta, Edo and Rivers States, Londres, Adonis & Abbey, 2021, p. 363.

    3  David Pratten, « The “Rugged Life”. Youth and Violence in Southern Nigeria », dans Pal Ahluwalia, Louise Bethlehem, Ruth Ginio (dir.), Violence and non-violence in Africa, New York, Routledge, 2007, p. 89.

    4  Rebecca Golden Timsar, « Oil, Masculinity, and Violence: Egbesu Worship in the Niger Delta of Nigeria », dans Hannah Appel, Arthur Mason, Michael Watts (dir.), Subterranean Estates: Life Worlds of Oil and Gas, Ithaca, Cornell University Press, 2015, p. 72-89.

    5  Amadu Sesay, Charles Ukeje, Aina Olabisi, Adetanwa Odebiyi (dir.), Ethnic Militias and the Future of Democracy in Nigeria, Ile-Ife, Obafemi Awolowo University Press, 2003, p. 130.

    6  Von Dimieari Kemedi, Fuelling the Violence: Non-State Armed Actors (Militia, Cults, and Gangs) in the Niger Delta, Berkeley, University of California, 2006.

    7  Ben Amunwa, Counting the Cost: Corporations and Human Rights Abuses in the Niger Delta, Londres, Platform, 2011, p. 32-35. Voir aussi Tom Burgis, The Looting Machine: Warlords, Tycoons, Smugglers and the Systematic Theft of Africa’s Wealth, Londres, William Collins, 2015, p. 199.

    8  Elias Courson, Odi Revisited? Oil and State Violence in Odioma, Brass LGA, Bayelsa State, Berkeley, University of California, Institute of International Studies, 2006.

    9  Marc-Antoine Pérouse de Montclos (dir.), Violence in Nigeria: A Qualitative and Quantitative Analysis, Ibadan/Leyde, IFRA-Nigeria/African Studies Centre (Waposo Series, 3), 2016.

    10  Scott Pegg, « The Cost of Doing Business: Transnational Corporations and Violence in Nigeria », Security Dialogue, 30/4, 1999, p. 479.

    11  Cyril Obi, « Enter the Dragon? Chinese Oil Companies & Resistance in the Niger Delta », Review of African Political Economy, 117, 2008, p. 422.

    12  Jedrzej Georg Frynas, « The Oil Industry in Nigeria: Conflict between Oil Companies and Local People », dans Jedrzej Georg Frynas, Pegg S. Scott (dir.), Transnational Corporations and Human Rights, Londres, Palgrave Macmillan, 2003, p. 105.

    13  ICG, The Swamps of Insurgency: Nigeria’s Delta Unrest, Bruxelles, International Crisis Group, 2006 ; Marc-Antoine Pérouse de Montclos, « Pétrole et sécurité privée au Nigeria : un complexe multiforme à l’épreuve du “syndrome de Monaco” », Cultures et conflits, 52, hiver 2003, p. 117-138.

    14  Michael Peel, A Swamp Full of Dollars: Pipelines and Paramilitaries at Nigeria’s Oil Frontier, Londres, I. B. Tauris, 2009, p. 162.

    15  Elias Courson, Odi Revisited?, op. cit., p. 21 ; Ben Amunwa, Counting the Cost: Corporations and Human Rights Abuses in the Niger Delta, Londres, Platform, 2011, p. 43.

    16  Andrew Pendleton, Behind the Mask: The Real Face of Corporate Social Responsibility, Londres, Christian Aid, 2004, p. 31.

    17  ICG, The Swamps of Insurgency, op. cit., p. 10.

    18  Ben Amunwa, Counting the Cost, op. cit., p. 27.

    19  Osa Okhomina, « SPDC Backs Out of Pipeline Security Contract with Ex-militant in Bayelsa », Leadership, 12 janvier 2010.

    20  Ben Amunwa, Counting the Cost, op. cit., p. 42.

    21  Stephen Faleti, Challenges of Chevron’s GMOU Implementation in Itsekiri Communities of Western Niger Delta, Zaria, IFRA, 2009, p. 24 ; Jedrzej George Frynas, « The false Development Promise of Corporate Social Responsibility: Evidence from Multinational Oil Companies », International Affairs, 81/3, mai 2005, p. 589.

    22  Cécile Renouard et al., L’impact de l’activité pétrolière sur le développement local au Nigeria : enquêtes dans les zones d’Onelga (Rivers State) et d’Eastern Obolo (Akwa Ibom State), Paris, 2008, p. 8.

    23  Jedrzej George Frynas, « The false Development Promise of Corporate Social Responsibility », art. cité, p. 581-598.

    24  Lors du procès de Ken Saro-Wiwa en 1995, les témoins cités à charge contre l’écrivain comptaient ainsi de nombreux bénéficiaires des programmes d’adduction d’eau de Shell à Bodo en pays ogoni. Voir Kiikpoye Aaron et John Patrick, « Corporate Social Responsibility Patterns and Conflicts in Nigeria’s Oil-rich Region », International Area Studies Review, 16/4, 2013, p. 348.

    25  Uwafiokun Idemudia, Uwem Ite, « Corporate-community Relations in Nigeria’s Oil Industry: Challenges and Imperatives », Corporate Social Responsibility and Environmental Management, 13/4, septembre 2006, p. 199.

    26  Chief Oris Uchendu Onyiri, interviewé dans Total itinéraire(s), 2, 2013, p. 25.

    27  Jesse Salah Ovadia, The Petro-developmental State in Africa: Making Oil Work in Angola, Nigeria and the Gulf of Guinea, Londres, Hurst, 2016, p. 186.

    28  Pour des critiques de la notion de société civile, voir Augustine Ikelegbe, « The Perverse Manifestation of Civil Society: Evidence from Nigeria », Journal of Modern African Studies, 39/1, 2001, p. 1-24 ; Marc-Antoine Pérouse de Montclos, Déconstruire la guerre. Acteurs, discours, controverses, Paris, Éditions de la FMSH, 2018, p. 67-71.

    29  Newswatch, 16 octobre 2000, p. 18-23.

    30  Michael Watts, « Resource Curse? Governmentality, Oil and Power in the Niger Delta, Nigeria », Geopolitics, 9/1, 2004, p. 63.

    31  Toyin Falola, Colonialism and Violence in Nigeria, Indianapolis, Indiana University Press, 2009.

    32  Ugo Nwokeji, The Nigerian National Petroleum Corporation and the Development of the Nigerian Oil and Gas Industry: History, Strategies and Current Directions, Houston, Rice University, James A. Baker III Institute for Public Policy, 2007, p. 65.

    33  Terisa Turner, « Oil Workers and the Oil Bust in Nigeria », Africa Today, 33/4, 1986, p. 41.

    34  Jon Kraus, « The Political Struggles of Nigerian Labor », dans Carl LeVan, Patrick Ukata (dir.), The Oxford Handbook of Nigerian Politics, Oxford, Oxford University Press, 2018, p. 400 ; Camilla Houeland, « Casualisation and Conflict in the Niger Delta: Nigerian Oil Workers’ Unions between Companies and Communities », Revue Tiers-Monde, 224, 2015, p. 29.

    35  Terisa Turner, « Oil Workers and Oil Communities in Africa: Nigerian Women and Grassroots Environmentalism », Labour, Capital & Society, 30/1, avril 1997, p. 81.

    36  Terisa Turner, Leigh Brownhill, « Why Women are at War with Chevron: Nigerian Subsistence Struggles Against the International Oil Industry », Journal of Asian and African Studies, 39/1, avril 2004, p. 63-93.

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    1  Marc-Antoine Pérouse de Montclos, « Rebelles, gangsters et cadets sociaux dans le delta du Niger : les jeunes au défi de la politique », dans Muriel Gomez-Perez, Marie Nathalie Leblanc (dir.), L’Afrique des générations. Entre tensions et négociations, Paris, Karthala, 2012, p. 617-644.

    2  Tarila Marclint Ebiede, Celestine Oyom Bassey, Judith Burdin Asuni (dir.), Insecurity in the Niger Delta. A Report on Emerging Threats in Akwa Ibom, Bayelsa, Cross River, Delta, Edo and Rivers States, Londres, Adonis & Abbey, 2021, p. 363.

    3  David Pratten, « The “Rugged Life”. Youth and Violence in Southern Nigeria », dans Pal Ahluwalia, Louise Bethlehem, Ruth Ginio (dir.), Violence and non-violence in Africa, New York, Routledge, 2007, p. 89.

    4  Rebecca Golden Timsar, « Oil, Masculinity, and Violence: Egbesu Worship in the Niger Delta of Nigeria », dans Hannah Appel, Arthur Mason, Michael Watts (dir.), Subterranean Estates: Life Worlds of Oil and Gas, Ithaca, Cornell University Press, 2015, p. 72-89.

    5  Amadu Sesay, Charles Ukeje, Aina Olabisi, Adetanwa Odebiyi (dir.), Ethnic Militias and the Future of Democracy in Nigeria, Ile-Ife, Obafemi Awolowo University Press, 2003, p. 130.

    6  Von Dimieari Kemedi, Fuelling the Violence: Non-State Armed Actors (Militia, Cults, and Gangs) in the Niger Delta, Berkeley, University of California, 2006.

    7  Ben Amunwa, Counting the Cost: Corporations and Human Rights Abuses in the Niger Delta, Londres, Platform, 2011, p. 32-35. Voir aussi Tom Burgis, The Looting Machine: Warlords, Tycoons, Smugglers and the Systematic Theft of Africa’s Wealth, Londres, William Collins, 2015, p. 199.

    8  Elias Courson, Odi Revisited? Oil and State Violence in Odioma, Brass LGA, Bayelsa State, Berkeley, University of California, Institute of International Studies, 2006.

    9  Marc-Antoine Pérouse de Montclos (dir.), Violence in Nigeria: A Qualitative and Quantitative Analysis, Ibadan/Leyde, IFRA-Nigeria/African Studies Centre (Waposo Series, 3), 2016.

    10  Scott Pegg, « The Cost of Doing Business: Transnational Corporations and Violence in Nigeria », Security Dialogue, 30/4, 1999, p. 479.

    11  Cyril Obi, « Enter the Dragon? Chinese Oil Companies & Resistance in the Niger Delta », Review of African Political Economy, 117, 2008, p. 422.

    12  Jedrzej Georg Frynas, « The Oil Industry in Nigeria: Conflict between Oil Companies and Local People », dans Jedrzej Georg Frynas, Pegg S. Scott (dir.), Transnational Corporations and Human Rights, Londres, Palgrave Macmillan, 2003, p. 105.

    13  ICG, The Swamps of Insurgency: Nigeria’s Delta Unrest, Bruxelles, International Crisis Group, 2006 ; Marc-Antoine Pérouse de Montclos, « Pétrole et sécurité privée au Nigeria : un complexe multiforme à l’épreuve du “syndrome de Monaco” », Cultures et conflits, 52, hiver 2003, p. 117-138.

    14  Michael Peel, A Swamp Full of Dollars: Pipelines and Paramilitaries at Nigeria’s Oil Frontier, Londres, I. B. Tauris, 2009, p. 162.

    15  Elias Courson, Odi Revisited?, op. cit., p. 21 ; Ben Amunwa, Counting the Cost: Corporations and Human Rights Abuses in the Niger Delta, Londres, Platform, 2011, p. 43.

    16  Andrew Pendleton, Behind the Mask: The Real Face of Corporate Social Responsibility, Londres, Christian Aid, 2004, p. 31.

    17  ICG, The Swamps of Insurgency, op. cit., p. 10.

    18  Ben Amunwa, Counting the Cost, op. cit., p. 27.

    19  Osa Okhomina, « SPDC Backs Out of Pipeline Security Contract with Ex-militant in Bayelsa », Leadership, 12 janvier 2010.

    20  Ben Amunwa, Counting the Cost, op. cit., p. 42.

    21  Stephen Faleti, Challenges of Chevron’s GMOU Implementation in Itsekiri Communities of Western Niger Delta, Zaria, IFRA, 2009, p. 24 ; Jedrzej George Frynas, « The false Development Promise of Corporate Social Responsibility: Evidence from Multinational Oil Companies », International Affairs, 81/3, mai 2005, p. 589.

    22  Cécile Renouard et al., L’impact de l’activité pétrolière sur le développement local au Nigeria : enquêtes dans les zones d’Onelga (Rivers State) et d’Eastern Obolo (Akwa Ibom State), Paris, 2008, p. 8.

    23  Jedrzej George Frynas, « The false Development Promise of Corporate Social Responsibility », art. cité, p. 581-598.

    24  Lors du procès de Ken Saro-Wiwa en 1995, les témoins cités à charge contre l’écrivain comptaient ainsi de nombreux bénéficiaires des programmes d’adduction d’eau de Shell à Bodo en pays ogoni. Voir Kiikpoye Aaron et John Patrick, « Corporate Social Responsibility Patterns and Conflicts in Nigeria’s Oil-rich Region », International Area Studies Review, 16/4, 2013, p. 348.

    25  Uwafiokun Idemudia, Uwem Ite, « Corporate-community Relations in Nigeria’s Oil Industry: Challenges and Imperatives », Corporate Social Responsibility and Environmental Management, 13/4, septembre 2006, p. 199.

    26  Chief Oris Uchendu Onyiri, interviewé dans Total itinéraire(s), 2, 2013, p. 25.

    27  Jesse Salah Ovadia, The Petro-developmental State in Africa: Making Oil Work in Angola, Nigeria and the Gulf of Guinea, Londres, Hurst, 2016, p. 186.

    28  Pour des critiques de la notion de société civile, voir Augustine Ikelegbe, « The Perverse Manifestation of Civil Society: Evidence from Nigeria », Journal of Modern African Studies, 39/1, 2001, p. 1-24 ; Marc-Antoine Pérouse de Montclos, Déconstruire la guerre. Acteurs, discours, controverses, Paris, Éditions de la FMSH, 2018, p. 67-71.

    29  Newswatch, 16 octobre 2000, p. 18-23.

    30  Michael Watts, « Resource Curse? Governmentality, Oil and Power in the Niger Delta, Nigeria », Geopolitics, 9/1, 2004, p. 63.

    31  Toyin Falola, Colonialism and Violence in Nigeria, Indianapolis, Indiana University Press, 2009.

    32  Ugo Nwokeji, The Nigerian National Petroleum Corporation and the Development of the Nigerian Oil and Gas Industry: History, Strategies and Current Directions, Houston, Rice University, James A. Baker III Institute for Public Policy, 2007, p. 65.

    33  Terisa Turner, « Oil Workers and the Oil Bust in Nigeria », Africa Today, 33/4, 1986, p. 41.

    34  Jon Kraus, « The Political Struggles of Nigerian Labor », dans Carl LeVan, Patrick Ukata (dir.), The Oxford Handbook of Nigerian Politics, Oxford, Oxford University Press, 2018, p. 400 ; Camilla Houeland, « Casualisation and Conflict in the Niger Delta: Nigerian Oil Workers’ Unions between Companies and Communities », Revue Tiers-Monde, 224, 2015, p. 29.

    35  Terisa Turner, « Oil Workers and Oil Communities in Africa: Nigerian Women and Grassroots Environmentalism », Labour, Capital & Society, 30/1, avril 1997, p. 81.

    36  Terisa Turner, Leigh Brownhill, « Why Women are at War with Chevron: Nigerian Subsistence Struggles Against the International Oil Industry », Journal of Asian and African Studies, 39/1, avril 2004, p. 63-93.

    Nigeria : la fabrique de la malédiction du pétrole dans le delta du Niger

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    Pérouse de Montclos, M.-A. (2024). Chapitre 8. La fin de la trinité. In Nigeria : la fabrique de la malédiction du pétrole dans le delta du Niger (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.114112
    Pérouse de Montclos, Marc-Antoine. « Chapitre 8. La fin de la trinité ». In Nigeria : la fabrique de la malédiction du pétrole dans le delta du Niger. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2024. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.114112.
    Pérouse de Montclos, Marc-Antoine. « Chapitre 8. La fin de la trinité ». Nigeria : la fabrique de la malédiction du pétrole dans le delta du Niger, Éditions de la Sorbonne, 2024, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.114112.

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    Pérouse de Montclos, M.-A. (2024). Nigeria : la fabrique de la malédiction du pétrole dans le delta du Niger (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.114017
    Pérouse de Montclos, Marc-Antoine. Nigeria : la fabrique de la malédiction du pétrole dans le delta du Niger. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2024. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.114017.
    Pérouse de Montclos, Marc-Antoine. Nigeria : la fabrique de la malédiction du pétrole dans le delta du Niger. Éditions de la Sorbonne, 2024, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.114017.
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