Précédent Suivant

Jean de Warneton, évêque de Thérouanne (1099-1130), ou le dynamisme de la réforme canoniale dans le nord de la France

p. 343-366


Texte intégral

1Alors que, dans les années 1070, Thérouanne était encore le terrain d’affrontement des partisans et des adversaires de la réforme de l’Église, cet évêché du nord de la France devient un demi-siècle plus tard un haut lieu de la réforme canoniale1. Cela s’explique en bonne partie par le zèle réformateur de son évêque, Jean de Warneton. Ancien chanoine séculier du prestigieux chapitre comtal de Lille, puis chanoine régulier au Mont-Saint-Éloi près d’Arras, Jean se fait l’avocat du renouveau au sein de l’ordre canonial2. Il est en tant qu’évêque responsable de l’installation de huit nouvelles communautés de chanoines réguliers dans son diocèse, mais son influence se ressent aussi dans d’autres diocèses3. Lorsqu’il arrive au pouvoir durant l’été 1099, sa vaste circonscription ne comprend pas moins de seize chapitres séculiers sans compter la cathédrale4. Outre le chapitre carolingien de Notre-Dame à Saint-Omer, il y a ceux de Furnes et de Cassel, fondés par les comtes de Flandre, ceux de Notre-Dame et de Saint-Wulmer, situés dans la ville haute à Boulogne et placés sous le patronage des comtes locaux, ainsi que les collégiales d’Hesdin et de Saint-Pol, créées par les comtes éponymes au cœur de leur territoire. Il faut encore ajouter des chapitres de type seigneurial, fondés dans la seconde moitié du xie siècle par d’importantes familles aristocratiques (Lillers, Ardres, Zonnebeke, Licques, Warneton, Doudeauville, Ruisseauville) et le chapitre Saint-Martin à Ypres, probablement fondé par les desservants de cette importante église paroissiale et/ou quelques paroissiens. À son décès trente ans plus tard, il ne restera que dix chapitres séculiers dans le diocèse de Thérouanne5, mais ce dernier comptera alors onze communautés de chanoines réguliers6. Autrement dit, le nombre de chapitres réguliers aura plus que doublé sous son épiscopat7.

2L’évêque de Thérouanne se manifeste également dans le domaine de l’ordo monasticus. Dans les premières années de son règne, il œuvre avec la comtesse Clémence de Flandre, épouse de Robert II, en faveur de l’introduction des coutumes de Cluny dans la puissante abbaye Saint-Bertin et dans celle de Bergues-Saint-Winoc8. Il confirme également la fondation de quatre abbayes de femmes (Bourbourg, Nonnenbossche, Merkem, Guînes) et d’une poignée de prieurés dans son diocèse. Néanmoins, cet ancien chanoine régulier est avant tout associé au renouveau canonial. Cette réputation a pour une part été bâtie par la Vita Iohannis, rédigée par son archidiacre, Walter, neuf mois seulement après son décès. Walter est lui-même un chanoine régulier originaire du chapitre d’Ypres, qui a été transformé par l’évêque, et il a passé quatorze ans dans l’entourage immédiat de ce dernier. Sa biographie décrit Jean comme un modèle pour les chanoines réguliers9. Il est présenté comme quelqu’un qui, malgré ses lourdes charges administratives et pastorales, continue à honorer la pauvreté apostolique et à pratiquer l’ascèse, la chasteté et la vie communautaire. On trouve d’autres informations sur son épiscopat dans les Gestes des abbés de Saint-Bertin, écrites vers 1136-1145 par Simon, un ancien abbé de Saint-Bertin10. Jean a aussi promulgué un nombre considérable d’actes et est intervenu en tant qu’intermédiaire ou cosignataire dans d’autres ; au total, cinquante documents sont concernés11. Deux collections canoniques (la Collectio Sangermanensis IX voluminorum et la Collectio X partium) peuvent également lui être attribuées, à lui ou à son entourage direct12. Toutes ces sources révèlent un personnage exceptionnellement dynamique, qui, soutenu par les hauts dignitaires ecclésiastiques et séculiers, a su, parfois en dépit de la résistance locale, donner une forte impulsion à la vie religieuse de son diocèse et, en particulier, au renouveau de l’ordre canonial.

3L’épiscopat de Jean de Thérouanne constitue donc un cas intéressant pour étudier le rôle joué par un évêque dans le processus de fondation ou de transformation de communautés religieuses pendant les premières décennies du xiie siècle. Cet homme est à n’en pas douter une figure clé de l’histoire religieuse et politique du comté de Flandre, qui entretient en outre des contacts avec diverses autorités religieuses du reste de l’Europe. Il appartient à une génération d’évêques qui tentent d’implanter chez eux les idées de la réforme de l’Église13. Dans ce qui suit, je me concentrerai par nécessité sur ses activités en lien avec l’ordo canonicus, mais il va de soi que ses actions en tant qu’évêque méritent une recherche approfondie, que ce soit sur le plan des institutions religieuses, ou dans celui de la pastorale et de la prédication. La riche documentation disponible permet de suivre de près ses activités liées aux communautés canoniales. Je chercherai en priorité à savoir comment Jean de Thérouanne procédait concrètement lors de la transformation de communautés canoniales, quels étaient les motifs sous-jacents de son intervention et quels facteurs lui facilitaient ou lui compliquaient la tâche. J’aborderai tout d’abord deux facteurs qui ont indéniablement contribué au succès de Jean : l’existence de noyaux plus anciens de renouveau canonial, en particulier dans le nord du diocèse, et la présence, à partir du dernier quart du xie siècle, d’un groupe actif de partisans de la réforme et de la politique papale. Ensuite, après un aperçu chronologique des actions de Jean, je m’intéresserai successivement aux pratiques de l’écrit destinées à consolider ses interventions, aux motifs de transformation des églises collégiales, à sa méthode de travail et à son réseau personnel.

Les pionniers de la réforme canoniale dans le diocèse de Thérouanne

4Le diocèse de Thérouanne, sur lequel Jean de Warneton exerce le pouvoir à partir de l’été 1099, représente à ce moment-là depuis trois décennies un terreau fertile pour les chanoines réguliers. En 1072, l’évêque Drogon de Thérouanne y a confirmé la fondation de la petite communauté de Watten, qui s’est installée près d’une église, sur une colline des rives de l’Aa, à 10 kilomètres au nord-ouest de Saint-Omer14. Ce prieuré est, avec l’abbaye du Mont-Saint-Éloi, fondé à peu près en même temps sur une colline des environs d’Arras et où Jean de Thérouanne a été chanoine pendant un certain temps, le plus ancien établissement de chanoines réguliers du comté de Flandre15. Dans les décennies qui suivent, les deux communautés servent au renouveau de l’ordo canonicus d’institutions pilotes où ceux qui sont intéressés peuvent découvrir le nouveau mode de vie. Au début des années 1090, l’écolâtre tournaisien et futur fondateur de l’abbaye Saint-Martin de Tournai, Odon, a séjourné avec ses confrères à Watten et au Mont-Saint-Éloi et constaté que la vie était plus austère dans la première institution16. Dans les dernières années du xie siècle, le prieuré de Watten a probablement acquis le chapitre séculier de Licques, une petite maison située à une vingtaine de kilomètres de Watten dans le comté de Guînes, où elle avait été fondée dans les années 1070 par le seigneur local17. Jean de Thérouanne connaît bien le prieuré de Watten. Le 8 octobre 1097, il y a assisté en qualité d’archidiacre d’Arras à la consécration de l’église par son ami, Lambert, évêque d’Arras18. L’ancien abbé de Jean au Mont-Saint-Éloi était également présent, ainsi que les moines de Saint-Bertin et les chanoines de Saint-Omer, accompagnés des reliquaires de leurs saints patrons. À cette occasion, la comtesse Clémence a offert d’importantes reliques au prieuré. En faisant des dons au prieuré, elle suivait l’exemple de son mari, le comte Robert II de Flandre, du père de celui-ci, le comte Robert Ier, et de la comtesse Adèle, mère de Robert Ier, qui avaient tous favorisé la communauté et l’avaient prise sous leur aile19.

5Dans les dix ans qui ont suivi la fondation de Watten, une deuxième communauté de chanoines qui embrassent la vita communis a été installée dans le diocèse. Autour de l’an 1080, l’évêque Hubert de Thérouanne (1078-1081) a accordé une libertas à l’église de Saint-Hilaire-au-Bois, située au nord-est de la villa comtale de Frévent, dans le comté de Saint-Pol20. Le nom de cette communauté laisse présumer des origines érémitiques dans un environnement boisé. Sous le règne du prédécesseur immédiat de Jean, l’ancien archidiacre de Cambrai et réformateur modéré Gérard (1083-1099), deux nouvelles communautés de chanoines réguliers ont encore été créées, l’une à Lo, l’autre à Eversam dans la vallée de l’Yser21. Les deux sites, qui ne sont distants que de quatre kilomètres, occupent, comme Watten du reste, des positions économiquement stratégiques. Toutes deux se trouvent dans les environs immédiats du chenal de l’Yser, sur la frontière entre ce qui constitue alors la région côtière, une zone de schorres sillonnée de chenaux, et la zone sablo-limoneuse située plus en hauteur22. Lo, domaine comtal qui appartient à la fin du xie siècle à Philippe, frère cadet du comte Robert II, profite particulièrement de sa situation près du confluent de la rivière Ypres (futur Ieperleet), qui vient de la ville du même nom, à 14 kilomètres au sud, et de l’Yser23. En 1093, Philippe a d’ailleurs cédé les droits de tonlieu et de stallage à la jeune communauté, qui s’était peut-être formée spontanément peu auparavant autour de l’église Saint-Pierre, près de la motte seigneuriale locale24. Deux ans plus tôt, l’évêque Gérard avait transformé la chapelle d’Eversam en église paroissiale indépendante au service des quelques fideles qui souhaitaient y mener une apostolica canonica vita selon la règle d’Augustin25. Dans les années qui ont suivi, les deux communautés ont pu compter sur la générosité des comtes de Flandre et de leurs épouses26.

Les partisans de la réforme de l’Église en Flandre

6Lorsque, le 14 juillet 1099, Jean de Thérouanne est installé en tant que nouvel évêque, il peut donc construire sur les bases jetées par ses prédécesseurs. De plus, un cercle de réformateurs s’est formé dans l’évêché durant le dernier quart du xie siècle, dirigé par l’archidiacre de Thérouanne Arnoul, qui sera également prévôt du chapitre Notre-Dame à Saint-Omer jusqu’à sa mort, et par Bernold, abbé de Watten27. Aussitôt après leur installation en 1072, les prieurs de Watten et leurs frères se sont révélés d’ardents défenseurs de la réforme, entretenant de bons contacts avec Grégoire VII, puis avec Urbain II. Ce cercle comprend aussi Gérard, un moine de Charroux devenu abbé d’Ham-en-Artois, et l’abbé Lambert, issu de la haute aristocratie, de la puissante abbaye Saint-Bertin. Les prélats reçoivent le soutien de la comtesse Clémence, épouse du comte Robert II, et de l’archevêque Anselme de Cantorbéry, qui a séjourné à l’abbaye Saint-Bertin en novembre 1097 pendant son exil sur le continent et qui correspond notamment avec l’abbé Lambert et les comtesses Clémence de Flandre et Ida de Boulogne28. L’influence de ce cercle s’étend jusqu’à l’abbé Hugues de Cluny, avec qui d’intenses négociations ont lieu pendant les dernières années du xie siècle au sujet de la soumission de Saint-Bertin à l’ordre de Cluny29.

7C’est précisément ce réseau de réformateurs qui, en 1099, impose Jean qui était à ce moment l’archidiacre d’Arras, comme nouvel évêque, s’opposant ainsi au chapitre de la cathédrale, qui avait désigné son propre candidat30. Jean dispose de nombreux atouts : non seulement il est originaire du diocèse, mais il parle, outre le latin, le français et le thiois, un avantage non négligeable dans un diocèse bilingue. Il s’est formé à Utrecht et auprès d’Yves, abbé de Saint-Quentin de Beauvais et futur évêque de Chartres. Il a d’abord été chanoine séculier au chapitre comtal Saint-Pierre de Lille, mais, jugeant ce mode de vie trop mondain, il est allé chercher la vita apostolica dans la communauté de chanoines réguliers du Mont-Saint-Éloi. En 1095, il a assisté au concile de Clermont en compagnie du nouvel évêque d’Arras, Lambert, compagnon d’études et ancien collègue chanoine à Lille. Peu après, ce dernier l’a nommé archidiacre du tout nouveau diocèse d’Arras. Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, Jean a assisté au synode du 21 octobre 1097, lors duquel l’évêque Lambert a confirmé la fondation d’une nouvelle communauté de chanoines réguliers à Arrouaise31. Quatorze jours plus tôt à peine, les deux hommes se trouvaient, comme nous l’avons dit, à Watten pour la consécration de l’église prieurale. Jean était donc dès avant son entrée en fonction comme évêque familiarisé avec les principaux noyaux de la réforme canoniale, c’est-à-dire Watten, le Mont-Saint-Éloi et Arrouaise. Selon son hagiographe, l’un des fondateurs d’Arrouaise et son supérieur, l’Allemand Conon, nommé cardinal évêque de Préneste en 1107 et actif comme légat pontifical, continuera à faire partie du réseau personnel de Jean32. Avec ce dernier, le cercle de réformateurs de Thérouanne place non seulement un premier chanoine régulier à la tête du diocèse, mais aussi un homme bien intégré dans les milieux locaux du renouveau canonial, qui, non content d’être doué pour les langues, intelligent et d’avoir un parcours de vie irréprochable, possède un capital social considérable qu’il pourra exploiter au service de son diocèse.

Les activités de l’évêque de Thérouanne sur le plan de l’ordo canonicus

8Les interventions de Jean dans le domaine de l’ordo canonicus peuvent être réparties en quatre phases. Pendant les premières années de son épiscopat, il entreprend de transformer ou de régulariser trois communautés dans la partie septentrionale ou thioise de son diocèse. La communauté de chanoines réguliers du domaine comtal de Lo, dans la plaine de l’Yser, subit une transformation et dans les chapitres d’Ypres et de la localité voisine de Voormezele, les chanoines séculiers sont remplacés par des réguliers. Le chapitre de Voormezele, à cinq kilomètres au sud d’Ypres, a été fondé en 1069 par le seigneur local, le chevalier Isaac, dans l’église Notre-Dame, non loin de sa résidence33. Sa belle-mère, Ermengarde, veuve du châtelain de Bruges, a joué un rôle important dans la fondation. La communauté de chanoines séculiers liée à Saint-Martin, principale église paroissiale d’Ypres, est d’origine plus récente34. Elle pourrait avoir été installée par le clergé local, peut-être avec le soutien financier de quelques paroissiens. Dans la seconde moitié du xie siècle, Ypres est en plein essor grâce à la production locale de drap35. Ce qui n’était au départ qu’un domaine rural aux mains des comtes de Flandre devient à cette époque l’une des principales villes du comté.

9Nous sommes bien renseignés sur ces trois cas grâce aux actes épiscopaux, auxquels s’ajoutent, dans le cas d’Ypres, quelques lettres. Jean de Thérouanne se met au travail aussitôt après son installation en juillet 1099, notamment par le biais d’une visite pastorale de toutes les communautés religieuses de son diocèse. Il est explicitement fait allusion à cette tournée dans son acte destiné à Lo, rédigé et lu à haute voix lors d’un synode au cours de 110036. La rapidité et l’efficacité de ses interventions à Lo et à Voormezele, et dans une moindre mesure à Ypres, suggèrent une opération éclair. Le tout nouvel évêque n’est visiblement pas du genre à tergiverser. On remarque aussi que ses trois interventions portent sur la partie thioise de son vaste diocèse et que deux concernent Ypres et ses environs, à 10 kilomètres à peine de Bas-Warneton, localité des bords de la Lys dont il provient. Nous ne connaissons pas ses origines sociales. Sa biographie ne mentionne que les noms de son père et de sa mère, qu’elle présente comme des gens pieux37. Nous pouvons supposer que Jean n’avait pas de sang noble, car si cela avait été le cas, l’auteur se serait empressé d’en faire mention. Ses études effectuées à Utrecht et à Beauvais, de même que son entrée dans le prestigieux chapitre de Lille, laissent présumer que ses parents étaient néanmoins influents et avaient des relations. Peut-être l’ancrage social de Jean dans cette région explique-t-il son intérêt pour les communautés canoniales de l’endroit et le succès rapide de son opération. Contrairement aux actions futures liées à d’autres sites, qu’il entreprend toujours à la demande d’une tierce personne, les interventions des premières années sont le fruit de sa propre initiative. Une chose est sûre, la régularisation des chapitres séculiers de Voormezele et d’Ypres et la transformation de la communauté de Lo annoncent d’emblée la couleur. De plus, nous verrons que le changement institutionnel va de pair avec quelques importants actes publics posés sur place par l’évêque. Son action peut donc être interprétée comme l’expression puissante et très claire de l’autorité épiscopale récemment acquise.

10Dans une deuxième phase comprise entre 1108 et 1113, Jean travaille à la transformation de deux chapitres séculiers en communautés de chanoines réguliers. Dans les deux cas, il agit à la requête d’aristocrates dont les ancêtres ont fondé les collégiales au xie siècle. En 1108, Ogiva sollicite l’évêque Baudry de Noyon-Tournai pour restaurer l’église de Phalempin dans le diocèse de Tournai aux alentours de Lille38. Ogiva est la veuve de Roger Ier, le châtelain de Lille, qui a perdu la vie lors du siège d’Antioche pendant la première croisade39. D’après l’acte de l’évêque Baudry, elle a demandé aux évêques Odon de Cambrai, Lambert d’Arras et Jean de Thérouanne, ainsi qu’à bien d’autres dont les noms ne sont pas mentionnés, de plaider sa cause auprès de l’ordinaire40. La demande de cette dame dont le fils Roger II appartient aux pares de Flandre n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Ce dossier montre que Jean de Thérouanne est prêt à intervenir dans un diocèse voisin pour y installer une nouvelle communauté de chanoines réguliers, mais il atteste aussi la solide réputation qu’il a déjà acquise en la matière. Trois ans plus tard, il installe des chanoines réguliers dans la collégiale de Saint-Wulmer, au château comtal de Boulogne41. La sollicitation émanait cette fois de la comtesse veuve Ida, de son fils Eustache III et de l’épouse de celui-ci, Marie, fille du roi Malcolm III d’Écosse.

11Pour la troisième phase, il faut attendre plus d’une décennie avant d’assister à de nouvelles interventions dans le domaine de l’ordo canonicus. En 1120, le chapitre séculier de Chocques, fondé à la fin du siècle précédent par les seigneurs locaux, est transformé42. La même année, l’évêque fonde le chapitre régulier Saint-Nicolas à Furnes. Il s’agit de l’unique fondation de novo sous son épiscopat43. Pendant les dernières années de sa vie, Jean règle l’adhésion de deux chapitres séculiers à l’ordre d’Arrouaise : en 1127, il offre l’église de Ruissseauville, dans le comté de Saint-Pol, à l’abbé Gervaise d’Arrouaise afin d’y fonder une abbaye où l’on vivra selon les coutumes d’Arrouaise44. Il est très difficile de savoir si une communauté de chanoines séculiers était déjà attachée à cette église auparavant. Deux ans plus tard, c’est le chapitre comtal de Notre-Dame de Boulogne qui s’affilie à Arrouaise45. Nous ignorons dans quelle mesure Jean joue un rôle actif dans ces deux dossiers qui représentent la quatrième et dernière phase de ses activités sur le plan canonial. La Vita Iohannis nous apprend qu’à partir de 1127, sa santé se dégrade et qu’il ne peut plus guère marcher ni célébrer la messe46.

Consolider la réforme : les pratiques de l’écrit documentaire

12Le soin mis par l’évêque à pourvoir toutes les institutions où il a installé des chanoines réguliers d’un acte de confirmation épiscopal est frappant. Dans sept des huit communautés situées dans le diocèse de Thérouanne, ce document est conservé (tableau 1)47. Les actes en question se distinguent par des parties narratives souvent développées, dans lesquelles l’évêque expose sa façon de travailler48. Dans la plupart des cas, les actes ont été rédigés après la transformation ou l’installation de chanoines réguliers49. Ces actes ne sont pas seulement une précieuse source pour retracer le modus operandi de l’évêque, ils sont aussi la preuve flagrante de son désir de fixer sur parchemin les importants changements institutionnels. Dans le dispositif, l’évêque établit à chaque fois le mode de vie canonial, généralement avec la mention explicite d’une vita communis selon la règle de Saint-Augustin, et détermine le plus souvent le mode de désignation du supérieur50. Exceptionnellement, il ajoute une énumération des biens de la communauté51 ou souligne l’obligation de rester dans le claustrum52.

Tableau 1 : Les communautés réformées ou fondées par Jean dans le diocèse de Thérouanne, leurs actes épiscopaux et confirmations papales

Nom de la communauté

Acte épiscopal

Confirmation papale

Lo, Saint-Pierre

110153 (DiBe ID 2619)

9/10/1104 (DiBe ID 2621)

Voormezele, Notre Dame

1/10/1103 (DiBe ID 3417)

19/11/1100 (DiBe ID 3414)

8/4/1105 (DiBe ID 3413)

Ypres, Saint-Martin

1/10/1102 (DiBe ID 2308)

1/4/1104 (DiBe ID 2310)

Boulogne, Saint-Wulmer

1108 (DiBe ID 7281)

/

Chocques, Notre-Dame et Saint-Jean-Bapiste

1120 (DiBe ID 10709)

/

Furnes, Saint-Nicolas

20/6/1120 (DiBe ID 2656)

24/11/1124 (DiBe ID 2657)

Ruisseauville, Sainte-Marie

12/6/1127 (DiBe ID 7244)

/

Boulogne, Notre-Dame

[1129] (DiBe ID 8831)

[24/2/1130] (DiBe ID 8832)

13La consignation par écrit des activités réformatrices de l’évêque s’accompagne en outre dans cinq des huit cas d’une confirmation pontificale du mode de vie et du mode de désignation du supérieur54. Dans trois cas (Voormezele en 1100, Ypres et Saint-Nicolas à Furnes), l’institution est également placée sous protection apostolique. Dans deux cas, l’acte épiscopal sert clairement de Vorurkunde à la bulle papale55. Les confirmations suivent l’acte épiscopal dans les quatre ans maximum. La transformation du chapitre séculier de Voormezele est même d’abord confirmée par une bulle de Pascal II (1099-1118) en novembre 1100, qui doit avoir été rédigée peu après le changement institutionnel. L’acte épiscopal n’arrive qu’un peu moins de deux ans plus tard. Ce dossier a ceci de particulier qu’une deuxième confirmation pontificale est accordée un an et demi après le document épiscopal. Dans cette nouvelle bulle, on trouve une énumération des biens qui remonte en partie à l’acte de Jean de Thérouanne, complété par les dons qui n’avaient encore été confirmés par aucun document antérieur56. On note aussi que Jean insiste pour que l’on reçoive une confirmation rapide de la transformation du chapitre de Phalempin, qui se trouve dans un diocèse voisin. En témoigne une bulle de Pascal II, accordée deux ans plus tard à peine, dans laquelle il est explicitement fait allusion à l’intervention de l’évêque de Thérouanne et de son collègue de Noyon-Tournai57. Selon la Vita Iohannis, le pape Pascal II considérait l’évêque de Thérouanne comme inter charissimos58. Calixte II (1119-1124), qui confirme la fondation de Saint-Nicolas de Furnes, était par ailleurs le frère de la comtesse Clémence. Celle-ci avait donc certainement pu faire jouer ses relations au sommet de l’Église59.

Justifier la réforme : l’approche juridique de l’évêque

14Dans sept des huit dossiers, les chapitres existants sont transformés en communautés de chanoines réguliers60. Une analyse approfondie de l’acte épiscopal correspondant permet de découvrir les motifs qui sont à l’origine de cette transformation. Dans quatre cas sur sept (Lo, Chocques, Ypres, Boulogne), la façon dont les chanoines ont autrefois acquis leur église est décisive. Les actes parlent de propriété illégitime et d’acquisition ou de possession de ce sanctuaire contraire aux prescriptions du droit canon (contra sacros canones). Dans l’acte du chapitre seigneurial de Chocques, on trouve une allusion explicite aux propriétaires laïques qui détenaient l’église « de manière illégale » et accordaient les prébendes selon leur bon vouloir61. Dans le cas du chapitre Saint-Wulmer à Boulogne, l’acte de Jean ne mentionne pas de laïcs, mais une confirmation de son successeur Milon datant de 1132 montre très clairement qu’il a fallu convaincre le comte de l’époque, Eustache III, que la propriété laïque d’églises n’est plus concevable62. Dans son acte de 1100 relatif au chapitre de Lo, Jean ne mentionne pas le frère cadet du comte Robert II de Flandre, Philippe de Lo, de l’autorité de qui l’église relevait63. Mais bien que les noms des propriétaires laïques ne figurent pas dans ces deux documents, l’action juridique est clairement destinée à libérer ces églises de leurs propriétaires. À Ypres, l’acte de 1102 stipule que les chanoines ont acquis l’autel en se rendant coupables de simonie64. Une lettre contemporaine de l’évêque Lambert d’Arras au pape Pascal II explique le caractère simoniaque : les chanoines avaient reçu leur église de l’évêque Gérard de Thérouanne, mais cela s’est passé après la suspension de ce dernier lors du concile de Clermont, si bien que la transmission n’était pas valide65.

15La transformation de certains chapitres séculiers vise donc à mettre un terme à la possession de ces églises par les laïcs, qui représente l’un des chevaux de bataille importants de la réforme du xie siècle. Dès le concile de Clermont de 1095, auquel Jean a assisté, la possession d’églises et de biens ecclésiastiques par des laïcs a été condamnée dans les termes les plus vifs66. Mais l’activité réformatrice de Jean ne se limite pas à cela. Le diocèse de Thérouanne compte bien plus de chapitres séculiers aux mains d’aristocrates ou de familles comtales que la poignée qui a été transformée par ses soins. Soit l’évêque n’a remporté qu’un succès très partiel dans sa lutte pour éliminer la possession laïque d’églises collégiales, soit il y a autre chose. Une lecture attentive des actes, combinée à une étude du contexte historique spécifique, livre une indication sur la raison qui a poussé l’évêque à s’intéresser particulièrement à ces chapitres-là. Les chapitres réformés par l’évêque se distinguent par un point crucial des autres, restés séculiers. Les communautés transformées ne pouvaient en effet pas se réclamer d’un acte épiscopal plus ancien confirmant leur statut lors de leur fondation. Concernant les collégiales de Lo, Ypres, Saint-Wulmer de Boulogne, Chocques ou Ruisseauville, aucun autre document épiscopal antérieur n’a été conservé, alors qu’il existe parfois d’autres actes non épiscopaux, par exemple à Lo, par lesquels le propriétaire fait certains dons à son église67.

16Contrairement à celles que nous venons de nommer, la fondation de la collégiale de Voormezele avait été confirmée dans un acte épiscopal de 106968. Dans son acte rédigé pour cette communauté en 1103, Jean renvoie explicitement à ce document, qu’il nomme une libertas69. Cet acte ne contient d’ailleurs pas de rhétorique réformatrice, de type « libération de l’église d’une possession illégitime », comme c’est le cas pour Ypres, Lo, Furnes ou Chocques. En revanche, nous apprenons dans la longue narratio que l’évêque lui-même a apparemment encouragé les chanoines à échanger leur mode de vie séculier contre une vie plus stricte. Manifestement, c’est la force de persuasion de l’évêque, certainement tout aussi dirigée vers les chanoines que vers la famille noble patronnant cette collégiale, qui est à la base de cette transformation.

17Les actes épiscopaux destinés aux communautés de Lo, Ypres, Saint-Wulmer Boulogne, Chocques et Ruisseauville sont donc avant tout destinés à régler le statut de ces églises, plus précisément leur relation vis-à-vis l’autorité épiscopale70. En même temps, les communautés se voient plus ou moins soustraire à l’influence qu’une famille noble est susceptible d’exercer sur elles. L’acte de 1120 destiné à Chocques raconte que l’évêque convainc les seigneurs locaux que la possession des églises par des laïcs n’est plus tolérable71. Après concertation avec leur épouse et leurs fils, les trois aristocrates qui détenaient ensemble l’église de Chocques, décident de céder le sanctuaire et les prébendes canoniales et de les placer entre les mains de l’évêque. Cette opération est désignée dans le document par le terme emancipatio, qui apparaît aussi dans l’acte de Saint-Wulmer de Boulogne72. Il signifie que l’église est libérée par l’évêque de toutes les charges séculières qui pèsent sur elle. Cela explique la présence, dans tous les documents concernés, d’un discours de libération et de la liberté (libertas), souvent décliné en superlatifs (liberrime à Ypres) et en synonymes (perpetuo liberam & ab omni exactione à Furnes)73. Dans le cas de Chocques, il est explicitement dit que l’évêque a offert l’église et les prébendes à la communauté de chanoines réguliers nouvellement fondée, à condition que celle-ci lui paie une taxe annuelle de recognition74. La plupart des actes insistent sur le paiement de cette redevance épiscopale75. Le cas d’Ypres montre qu’après la « libération » de l’église, l’évêque ne donne pas immédiatement celle-ci à une nouvelle communauté. Dans son acte pour le chapitre Saint-Martin, en 1102, l’évêque affirme qu’il a gardé pendant un temps cette importante église paroissiale pour son usage personnel (usibus meis), jusqu’à ce que des boni vires locaux l’encouragent à tenir sa promesse et à fonder une communauté de chanoines réguliers76. Dans le cas de Saint-Nicolas de Furnes également, où il est très difficile de savoir qui a été à l’origine de la création de cette communauté, l’église était aux mains de l’évêque avant l’installation de chanoines réguliers en 112077. On ne sait malheureusement pas pendant combien de temps il a pu en disposer.

18Visiblement, aussitôt après son arrivée à la tête du diocèse, Jean entame une tournée des communautés et en profite pour vérifier quelles institutions, occupées par des chanoines réguliers ou séculiers selon les cas, disposent déjà d’une libertas épiscopale. Le mot désigne un acte à travers lequel l’église (ou l’altare) est libérée par l’évêque de toutes les charges ou taxes possibles et dans lequel sont stipulés les droits et les obligations (comme la taxe de recognition épiscopale). Les communautés qui ne peuvent produire un tel document sont encouragées à se mettre en ordre. Nous voyons clairement là une tentative de l’évêque de gagner une prise sur les communautés canoniales de son diocèse. Non seulement les propriétaires (souvent laïques) des institutions sont exhortés à renoncer à leurs revenus ecclésiastiques et à la distribution de prébendes, mais l’évêque essaie aussi d’intervenir directement dans la gestion interne des institutions en y décidant du mode de vie des chanoines et en formulant des directives relatives à la désignation des supérieurs, qualifiant au passage les interventions éventuelles des propriétaires laïques d’illégales ou de simoniaques.

Exprimer la rhétorique réformatrice : les rituels de la réforme

19Pour Jean de Thérouanne, cette opération fait partie intégrante de sa mission épiscopale. Le préambule de son tout premier acte, destiné au chapitre de Lo, renvoie expressément à la cura pastoralis et à son obligation « selon sa position et sa fonction, de consolider ce qui est branlant, de corriger ce qui est erroné ou perverti et de renouveler les mauvaises actions jusqu’à ce qu’elles se transforment pour le meilleur78 ». Dans la narratio, on trouve également une allusion à la tâche correctrice de l’évêque pendant les visitations et à son obligation de semer la parole de Dieu partout où il se rend79. La même narratio nous apprend qu’à Lo, l’évêque a posé des actes publics traduisant clairement son autorité80. D’abord, il a entendu les chanoines en confession, puis il les a répartis dans d’autres communautés où la règle de saint-Augustin était appliquée. Ils ne pouvaient désormais revenir à Lo qu’avec son assentiment. Ensuite, il a « soigneusement purifié [mundatam] l’église de toute forme d’impureté et de la tache de la simonie », avant de la reconsacrer. Une fois l’église écartée de toute forme de simonie, poursuit le texte, il l’a libérée pour le salut de sa propre âme et de celles de ses prédécesseurs et successeurs, et il a confirmé cette liberté sous peine d’excommunication, afin que les chanoines réguliers restent à jamais les propriétaires de l’église, avec ses possessions présentes et futures. Ce passage long montre très clairement que dans ce cas-ci, l’octroi d’une liberté à une église par l’évêque allait de pair avec un rituel de reconsécration. Cette cérémonie religieuse signifiait à toutes les parties concernées et aux fidèles locaux le changement institutionnel de la communauté religieuse81.

20À Ypres, les chanoines séculiers du chapitre Saint-Martin opposent une farouche résistance à l’intervention de l’évêque et portent leur affaire devant le pape à Rome, mais ils sont déboutés lors d’une séance présidée par l’évêque Lambert d’Arras, ami proche et collègue de Jean de Thérouanne, en personne82. À en croire son acte de 1102, le passage de Jean à Ypres doit également avoir été un événement public. Après avoir obtenu leur condamnation par le pape Pascal II, il expulse les chanoines séculiers d’une église qu’ils ont acquise de manière simoniaque, puis veille à ce que le sanctuaire soit à nouveau disposé pour le service divin83. Ces mots cachent probablement une reconsécration84. À Voormezele, les chanoines, qui avaient accepté de suivre la règle de saint Augustin après y avoir été encouragés par Jean, « se sont recommandés à lui avec tous leurs biens85 ». Pas question de reconsécration de l’église dans cette charte épiscopale. Cependant, selon les Annales Formosolenses contemporaines, l’église a été consacrée à nouveau par Jean le 13 novembre 1103 « après l’enlèvement de l’autel86 ». Tous ces dossiers montrent aussi que c’est Jean qui bénit le nouvel abbé. Lorsqu’il visite le chapitre Saint-Martin à Ypres à l’occasion de la réinstallation des chanoines, un prêtre de son entourage, Gérard, chanoine régulier à Saint-Aubert de Cambrai, est choisi comme supérieur par les nouveaux chanoines87. Lors de la réforme du chapitre séculier de Phalempin, dans le diocèse de Tournai, un membre de l’entourage direct de Jean est élu sur l’instigation de l’évêque de Thérouanne88. Selon la Vita Iohannis, presque toutes les communautés de chanoines réguliers de l’époque souhaitent que l’évêque désigne lui-même leur supérieur89. Nous pouvons supposer que, dans ces cas, Jean promeut la candidature de l’un de ses collaborateurs.

Relier la réforme : la mobilité des réformateurs

21Les documents qui confirment la transformation de communautés canoniales sont généralement rédigés lors d’un synode. Parmi les signataires, on trouve presque toujours les membres du cercle de réformateurs qui s’était déjà formé avant l’entrée en fonction de Jean. Mais on est aussi frappé de voir que les supérieurs de tous les chapitres réguliers de ce diocèse, qu’il s’agisse des institutions anciennes ou des nouvelles, signent presque toujours en commun les documents destinés aux chapitres réguliers. Ils forment visiblement une équipe soudée. De plus, une analyse attentive de ce réseau révèle une certaine mobilité entre les institutions et montre que, lorsqu’il confirme ses réformes, Jean fait appel à plusieurs reprises à des chanoines provenant d’anciens noyaux canoniaux. La nouvelle communauté de Lo, par exemple, commence par être dirigée par Thomas, le prieur du chapitre régulier voisin d’Eversam90. En 1104, Thomas demande au pape Pascal II d’accorder une bulle de confirmation à la communauté de Lo, où un nouveau supérieur a été nommé91. En 1119, nous retrouvons Thomas comme prêtre à Lo92 ; à cette date, il a peut-être déjà été remplacé à Eversam par Hugues qui est mentionné pour la première fois dans cette fonction le 4 décembre 111993. Thomas est probablement passé à l’ordo monasticus peu après car, vers 1121, il est nommé par Jean de Thérouanne abbé de Bergues-Saint-Winoc, où il décédera en 113094. Nous trouvons un autre exemple en la personne de Richer, attesté en 1106 comme le prieur de Licques, une petite communauté dépendant du prieuré de Watten95. Selon la Vita Iohannis, ce Richer avait géré prudemment l’administration de cette communauté avant de devenir abbé à Arrouaise dans le diocèse d’Arras, une position qu’il occupera jusqu’à sa mort en 112196. Il est même possible qu’il ait entamé sa carrière à Watten97.

22L’évêque Jean de Thérouanne peut dans une large mesure s’appuyer sur le personnel et le savoir-faire des communautés existantes de chanoines réguliers et sur un réseau de réformateurs dynamiques avec des contacts dans les plus hautes sphères politiques et religieuses. Cela explique peut-être pourquoi il effectue dès ses deux premières années la transformation de communautés canoniales en dépit de la résistance initiale de l’une d’elles. Le point de départ de son intervention dans ces communautés réside dans l’absence de libertas, acte épiscopal qui règle le statut des églises concernées et qui garantit le respect de leur pleine liberté, in casu vis-à-vis de la simonie et de l’influence laïque. On retrouve également cette approche juridique dans les transformations ultérieures, même si certains indices suggèrent qu’il essaie de gagner les chanoines séculiers aux idées de la vita apostolica. Les « performances » publiques dans lesquelles Jean joue le rôle principal servent à montrer aux parties impliquées que le changement est en marche : il s’agit de l’expulsion des chanoines existants et d’actes liturgiques importants comme la reconsécration de l’église et la bénédiction de l’abbé, qui provient souvent de l’entourage direct de l’évêque. On relève aussi le soin que Jean accorde à l’ancrage écrit de la transformation institutionnelle au moyen d’un acte épiscopal, très rapidement suivi d’une confirmation pontificale. Pour réaliser tout cela, il est épaulé par une équipe de fidèles collaborateurs qui poursuivent au bout d’un temps leur carrière à Thérouanne ou bien loin de là. Jean de Thérouanne contribue dans une large mesure à la consolidation durable du renouveau canonial dans son vaste diocèse. Sous son successeur, Milon de Sélincourt, le paysage canonial subit une réorientation radicale, marqué par l’adhésion d’un grand nombre de chapitres séculiers et réguliers aux congrégations de Prémontré ou d’Arrouaise98. Mais on observe que les anciennes communautés canoniales de Watten et d’Eversam et les chapitres transformés par Jean pendant les premières années de son épiscopat – Lo, Voormezele et Ypres – échappent complètement à ce mouvement. Toutes resteront autonomes pendant le Moyen Âge. Il y a sans doute différentes explications à cela, mais leur réputation d’institutions pionnières, alliée à un solide ancrage juridique et à une base matérielle satisfaisante, jouera certainement un rôle. Ces institutions sont les meilleurs témoins du succès à long terme d’au moins une partie de l’action de cet évêque de Thérouanne.

Discussion

23Anne Massoni : Avez-vous d’autres exemples de résistance de chanoines séculiers qui refusent la régularisation, à part Ypres ? Comment l’évêque persuade-t-il les chanoines séculiers de se régulariser ? La rhétorique de la réforme correspond-elle à un milieu local ? Quand les chanoines sont expulsés, que deviennent-ils ?

24Brigitte Meijns : Pour la résistance à la régularisation, Ypres est le seul exemple documenté pour cette période : les chanoines d’Ypres vont à Rome pour défendre leur cause. Dans la première moitié du xiie siècle, il y a d’autres indices de résistance, dans des chartes épiscopales par exemple, qui renvoient dans leur narratio à la résistance locale de chanoines. Il n’y a pas de réelle persuasion des chanoines, sans doute plutôt des pressions, mais il est difficile de le savoir : dans les préambules des actes, se développe un discours carolingien du bonus pastor, selon lequel il faut corriger ce qui est mauvais. Probablement l’évêque parle-t-il d’abord avec les propriétaires des églises. À propos des chanoines expulsés, du dernier quart du xie au début du xiie siècle, il n’y a pas de vraies modalités connues : les chanoines récalcitrants vont peut-être dans une autre communauté séculière ; les chanoines qui refusent la sécularisation restent avec leur prébende, mais à leur mort leur prébende rejoint la mense commune.

25A. M. : Peuvent-ils être accueillis dans le chapitre cathédral ?

26B. M. : Je ne sais pas.

27Laurent Morelle : Dans l’acte de Lo, le préambule est développé en forme de narratio. Dans sa diplomatique, Jean de Thérouanne (1099-1130) accorde-t-il beaucoup de place aux préambules ou est-il très parcimonieux, comme peut l’être Lambert d’Arras (1095-1115) ? Le préambule témoignerait-il du rôle de l’acte en synode, comme d’un préambule pragmatique en 1100, c’est-à-dire lors des toutes premières réformes, et on ne le verrait plus après ?

28B. M. : Le préambule de Lo est en effet atypique parce qu’il est très long par rapport aux préambules des autres actes de Jean de Thérouanne, limités à une ou deux phrases, ce qui est diplomatiquement beaucoup plus commun.

29L. M. : Les autres préambules, plus courts, sont-ils postérieurs ?

30B. M. : Oui, l’acte de Lo est son premier acte. On peut penser en effet qu’il y développe un programme. En quelque sorte, il dit : « la cura pastoralis, pour moi, c’est cela ». Benoît-Michel Tock l’a étudié dans un article sur Jean de Thérouanne et il a fait des comparaisons avec les actes de Geoffroy d’Amiens et avec Lambert d’Arras99.

31L. M. : On a l’impression que ce que Jean de Warneton recherche avant tout, c’est à donner un statut réglé. Dès qu’un obstacle juridique lui est opposé, il renonce. D’autres prélats font de même à la même époque, parce qu’ils savent aussi que la papauté ne les soutiendrait pas nécessairement s’il y a des possibilités juridiques de contestation.

32B. M. : Oui, il raisonne comme un juriste.

33Alain Dubreucq : Qui sont les boni viri qui interviennent pour Ypres en matière de réforme ecclésiastique ?

34B. M. : Probablement des échevins.

Notes de bas de page

1 Sur cette période turbulente dans le diocèse de Thérouanne, voir : B. Meijns, « Opposition to Clerical Continence and the Gregorian Celibacy Legislation in the Diocese of Thérouanne : Tractatus Pro Clericorum Conubio (c. 1077-1078) », Sacris Erudiri. A Journal of Late Antique and Medieval Christianity, 47, 2008, p. 223-290 ; J.-C. Bédague, « Grégoire VII contre les évêques de Thérouanne : les chanoines séculiers de Saint-Omer au secours de la papauté », dans B. Barbiche, R. Große (dir.), Schismes, dissidences, oppositions. La France et le Saint-Siège avant Boniface VIII, Paris, École nationale des chartes/Institut historique allemand (Études et documents pour une Gallia Pontificia, 8), 2012, p. 59-93. Sur l’impact local de la réforme canoniale : B. Meijns, « L’ordre canonial dans le comté de Flandre depuis l’époque mérovingienne jusqu’à 1155 : typologie, chronologie et constantes de l’histoire de fondation et de réforme », Revue d’histoire ecclésiastique, 98, 2002, p. 5-58 ; Ead., « Inaudita novitas canonici ordinis : l’accueil des idées de réforme canoniale dans les milieux canoniaux du comté de Flandre pendant le dernier quart du xie siècle », Revue Mabillon, 79, 2007, p. 39-71.

2 Récente biographie de Jean de Warneton : Walteri Archidiaconi Tervanensis Vita Karoli comitis Flandrie et Vita Domni Ioannis Morinensis Episcopi, éd. par J. Rider, Turnhout, Brepols (Corpus Christianorum, Continuatio Mediaeualis, 217), 2006, p. xxxv-xlii.

3 Dans le diocèse de Thérouanne il s’agit des nouvelles communautés à Lo (Saint-Pierre), Voormezele (Notre-Dame), Ypres (Saint-Martin), Boulogne (deux communautés : Saint-Wulmer et Notre-Dame), Furnes (Saint-Nicolas), Chocques (Notre Dame et Saint-Jean-Baptiste) et Ruisseauville (Sainte-Marie). En plus, Jean s’est aussi engagé dans la réforme du chapitre séculier à Phalempin dans le diocèse de Tournai et dans l’installation de chanoines réguliers dans l’église Notre-Dame à Middelburg en Zélande dans le diocèse d’Utrecht, où se rend le prévôt Albold de Voormezele, sans doute sur l’instigation de Jean. B. Meijns, Aken of Jeruzalem? Het ontstaan en de hervorming van de kanonikale instellingen in Vlaanderen tot circa 1155, Louvain, Leuven University Press, 2000, t. 2, p. 740-769 et 795-803.

4 B. Meijns, Aken of Jeruzalem?, op. cit., t. 1, p. 218-233 (Notre-Dame à Saint-Omer), 332-341 (Sainte-Walburge à Furnes), 354-362 (Saint-Wulmer à Boulogne), 496-499 (Lillers), 504-506 (Saint-Pol), 512-514 (Ardres), 526-528 (Cassel), 532-535 (Zonnebeke), 535-537 (Licques), 549-551 (Hesdin), 551-558 (Ypres), 559 (Warneton), t. 2, p. 817-818 (Ruisseauville) et 829 (Doudeauville).

5 Notamment les chapitres séculiers de Furnes, Lillers, Saint-Pol, Ardres, Cassel, Zonnebeke, Hesdin, Warneton, Doudeauville et Ruisseauville.

6 Il s’agit des communautés de chanoines réguliers à Watten, Licques, Eversam, Lo, Voormezele, Ypres, Saint-Hilaire-au-Bois, Furnes (Saint-Nicolas), Boulogne (Saint-Wulmer et Notre-Dame), Chocques et Ruisseauville. B. Meijns, Aken of Jeruzalem?, op. cit., t. 1, p. 704-719, 740-769 et 795-801. Pour Saint-Hilaire-au-Bois, voir J.-F. Nieus, Un pouvoir comtal entre Flandre et France, Saint-Pol, 1000-1300, Bruxelles, De Boeck & Larcier, 2005, p. 210-212 et 298.

7 Lors de son avènement en 1099, le diocèse ne comptait que cinq maisons de chanoines réguliers, notamment les communautés de Watten, Saint-Hilaire-au-Bois, Eversam, Lo et Licques.

8 W. Simons, « Jean de Warneton et la Réforme grégorienne », Mémoires de la Société d’histoire de Comines-Warneton et de la région, 17, 1987, p. 35-54 ; Id., « Jean de Warneton », Nouvelle Biographie Nationale, Bruxelles, 1990, t. 2, p. 240-242 ; Walteri Archidiaconi Tervanensis Vita Karoli comitis Flandrie et Vita Domni Ioannis Morinensis Episcopi, op. cit., p. xli ; B.-M. Tock, « Jean de Warneton, évêque de Thérouanne, un grégorien ? », dans J. Rider, B.-M. Tock (dir.), Le diocèse de Thérouanne au Moyen Âge. Actes de la journée d’études tenue à Lille le 3 mai 2007, Arras (Mémoires de la Commission départementale d’histoire et d’archéologie du Pas-de-Calais, 39), 2010, p. 107-118.

9 B. Meijns, « The Life of Bishop John of Thérouanne by Archdeacon Walter (1130) and the Bishop’s Pastoral Activities », dans W. Verbeke, L. Milis, J. Goossens (dir.), Louvain, Leuven University Press (Mediaevalia Lovaniensia, Series I, Studia, 34), 2005, p. 77-90.

10 Simon de Saint-Bertin, Gesta abbatum sancti Bertini Sithiensium, éd. par O. Holder-Egger, Monumenta Germaniae Historica, Scriptores, 13, Hanovre, Hahnsche Buchhandlung, 1881, p. 635-663.

11 O. Bled, Regestes des évêques de Thérouanne, 500-1553, Saint-Omer, Société des Antiquaires de la Morinie, 1904, t. 1, p. 96-119 ; B.-M. Tock, « Jean de Warneton », art. cité, p. 112-113.

12 Pour plus d’information sur cette production de collections canoniques : Walteri Archidiaconi Tervanensis Vita Karoli comitis Flandrie et Vita Domni Ioannis Morinensis Episcopi, op. cit., p. xxxvi-xxxvii, note 78 (avec références bibliographiques).

13 B.-M. Tock, « Jean de Warneton », art. cité, p. 107-118 ; Walteri Archidiaconi Tervanensis Vita Karoli comitis Flandrie et Vita Domni Ioannis Morinensis Episcopi, op. cit., p. xl, note 86.

14 B.-M. Tock, « L’élaboration des chartes épiscopales à Thérouanne au xie siècle », dans Th. de Hemptinne, J.-M. Duvosquel (dir.), Chancelleries princières et Scriptoria dans les anciens Pays-Bas, xe-xve siècle, Bruxelles, Commission royale d’histoire, 2010, p. 147-185, ici p. 180-181, acte no 7 ; DiBe ID 12106 dans Th. de Hemptinne et al. (dir.), Diplomata Belgica. Les sources diplomatiques des Pays-Bas méridionaux au Moyen Âge, Bruxelles, Commission royale d’Histoire, depuis 2015 (www.diplomata-belgica.be, consulté le 22 août 2018). Pour les débuts de Watten et l’influence de ce prieuré : B. Meijns, « De pauperes Christi van Watten: de moeizame beginjaren van de eerste gemeenschap van reguliere kanunniken in Vlaanderen (voor 1072-ca. 1100) », Jaarboek voor middeleeuwse geschiedenis, 3, 2000, p. 44-91 ; Ead., « Practices of Remembrance in Flemish Houses of Regular Canons: the Troubled Memoria of Prior Odfried, Founder of Watten (d. 1086) », dans J. Deploige, R. Nip (dir.), Manuscript and Memory in Religious Communities in the Medieval Low Countries, Turnhout, Brepols (Special Issue Medieval Low Countries, 2), 2016, p. 73-108.

15 B. Meijns, « Inaudita novitas canonici ordinis », art. cité, p. 40 (avec des renvois aux sources).

16 Herimannus abbas [abbé Hériman], Liber de restauratione ecclesie sancti Martini Tornacensis, éd. par R. B. C. Huygens, Turnhout, Brepols (Corpus Christianorum, Continuatio Mediaeualis, 236), 2010, p. 41.

17 B. Meijns, « De pauperes Christi van Watten », art. cité, p. 74-75.

18 Jean est mentionné comme un des témoins de la charte de la comtesse de Flandre Clémence, rédigé le 8 octobre 1097 à l’occasion de la dédicace de l’église abbatiale. H. Hagenmeyer (dir.), Die Kreuzzugsbriefe aus den Jahren 1088-1100, Hildesheim/New York, Georg Olms Verlag, 1973, p. 61-62, no VII (DiBe ID 9621). Sur Lambert de Guînes, évêque d’Arras : Les chartes des évêques d’Arras (1093-1203), éd. par B.-M. Tock, Paris, CTHS, 1991, p. xxxiii-xxxiv.

19 Actes des comtes de Flandre 1071-1128, éd. par F. Vercauteren, Bruxelles (Commission royale d’histoire, Recueil des actes des princes belges), 1938, p. 1-2, no *1 (acte du comte Robert Ier du 8 juin 1072 contenant aussi une donation de sa mère, DiBe ID 98) et p. 38-41, no 12 (acte de Robert II du 6 janvier 1093, DiBe ID 111).

20 J.-F. Nieus, Un pouvoir comtal entre Flandre et France, Saint-Pol, op. cit., p. 210.

21 P. Callebert, « Prévôté des Saints-Pierre-et-Vaast, à Eversam », dans Monasticon belge, t. 3 : Province de Flandre occidentale, Liège, 1974, p. 655-689 ; J. Pycke, « Prévôté puis abbaye de Saint-Pierre à Lo », dans ibid., p. 885-930 ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?, op. cit., t. 2, p. 741-748.

22 A. Verhulst, The Rise of Cities in North-West Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 1999, p. 107-109 ; Id., « Sheep-breeding and Wool Production in Pre-thirteenth Century Flanders and their Contribution to the Rise of Ypres, Ghent and Bruges as Centres of the Textile Industry », dans M. Dewilde, A. Ervynck, A. Wielemans (dir.), Ypres and the Medieval Cloth Industry in Flanders. Archaeological and Historical Contributions, Zellik, Instituut voor Archeologisch patrimonium, 1998, p. 33-42.

23 J. Termote, J. Van Acker, « Het landschap rond Lo en het ontstaan van de stad », dans Lo. Parel van de Westhoek, 1089-1989, Lo, s.n., 1989, p. 11-20.

24 Cartulaire de l’abbaye de Saint-Pierre de Loo de l’ordre de Saint-Augustin (1093-1794), éd. par L. Van Hollebeke, Bruxelles, 1870, p. 1-2, no I (DiBe ID 2618).

25 P. Callebert, « Ontstaan en vroegste geschiedenis van het kapittel te Eversam (1091-1200) », Handelingen van het Genootschap voor Geschiedenis gesticht onder de benaming Société d’Émulation te Brugge, 107, 1970, p. 191-194, no 1 (DiBe ID 3301).

26 Actes des comtes de Flandre, op. cit., p. 96-97, no 32 (charte de Robert II pour Eversam confirmant une donation faite par sa mère, la comtesse Gertrude, DiBe ID 3302), 262-265, no *115 (charte de Charles le Bon pour Lo confirmant les donations par le comte Robert II et son frère Philippe, DiBe ID 146).

27 W. Simons, « Jean de Warneton et la Réforme grégorienne », art. cité, p. 35-54 ; Walteri Archidiaconi Tervanensis Vita Karoli comitis Flandrie et Vita Domni Ioannis Morinensis Episcopi, op. cit., p. xxxvii-xxxviii ; B. Meijns, « Opposition to Clerical Continence », art. cité, p. 282-283, note 186 ; S. Vanderputten, « How Reform Began. “Traditional” Leadership and the Inception of Monastic Reform in Late Eleventh-Century Flanders », Studia Monastica, 53, 2011, p. 261-284 (réimprimé dans S. Vanderputten, Reform, Conflict and the Shaping of Corporate Identies. Collected Studies on Benedictine Monasticism, 1050-1150, Berlin/Münster/Vienne/Zürich/Londres, LIT Verlag [Vita Regularis. Ordnungen und Deutungen religiosen Lebens im Mittelalter, Abhandlungen, 54], 2013, p. 31-50).

28 S. N. Vaughn, St Anselm and the Handmaidens of God. A Study of Anselm’s Correspondence with Women, Turnhout, Brepols (Utrecht Studies in Medieval Literacy, 7), 2002, p. 204-221.

29 S. Vanderputten, « How Reform Began », art. cité, p. 261-284.

30 W. Simons, « Jean de Warneton et la Réforme grégorienne », art. cité, p. 35-54 ; Id., « Jean de Warneton », art. cité, p. 240-242 ; Walteri Archidiaconi Tervanensis Vita Karoli comitis Flandrie et Vita Domni Ioannis Morinensis Episcopi, op. cit., p. xxxv-xxxviii ; B.-M. Tock, « Jean de Warneton », art. cité, p. 107-118.

31 Les chartes des évêques d’Arras, op. cit., p. 5-7, no 3 (DiBe ID 9869).

32 Walteri Archidiaconi Tervanensis Vita Karoli comitis Flandrie et Vita Domni Ioannis Morinensis Episcopi, op. cit., p. 139.

33 J. Pycke, « Prévôté puis abbaye de Sainte-Marie à Voormezele », dans Monasticon belge, op. cit., p. 698-699 ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?, op. cit., t. 1, p. 515-517.

34 J. Pycke, « Prévôté de Saint-Martin à Ypres », Monasticon belge, op. cit., p. 937-941 ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?, op. cit., t. 1, p. 551-558.

35 A. Verhulst, « Sheep-Breeding and Wool Production », art. cité, p. 33-42 ; O. Mus, « L’évolution de la ville d’Ypres depuis l’origine jusqu’à 1400 », dans Ypres and the Medieval Cloth Industry in Flanders, op. cit., p. 43-56.

36 Cartulaire de l’abbaye de l’abbaye de Saint-Pierre de Loo, op. cit., p. 3-4, no 2 : cum singulas nostre dyocesis congregationes cura pastoralis paterna visitatione nos ex more lustrare imperaret… (DiBe ID 2619).

37 Walteri Archidiaconi Tervanensis Vita Karoli comitis Flandrie et Vita Domni Ioannis Morinensis Episcopi, op. cit., p. 127 : honestis secundum seculum et Deum timentibus parentibus natus est.

38 Les actes des évêques de Noyon-Tournai (7e siècle-1146, 1148). Episcopalis officii sollicitudo, t. 1, éd. par J. Pycke et C. Vleeschouwers, Tournai, Ciaco-i6doc.com (Tournai-Art et Histoire, Instruments de travail, 25/1), 2016, p. 232-234, no 153 (DiBe ID 7427).

39 E. Warlop, The Flemish Nobility before 1300. Part II. Annexes. Alphabetic repertory of noble families (middle 9th-end 13th Century), Courtrai, G. Desmet-Huysman, 1975, vol. 1, p. 934-941, no 130. Robert, le prévôt du chapitre Saint-Pierre à Lille de 1095 jusqu’à 1132, était probablement un fils d’Ogiva. De 1114 à 1138, il cumulait cette fonction avec celle d’archidiacre de Tournai (J. Pycke, Répertoire biographique des chanoines de Notre-Dame de Tournai, 1080-1300, Louvain-la-Neuve/Bruxelles, Collège Erasme/Éditions Nauwelaerts [Recueil de travaux d’histoire et de philologie, 6e Série, 35], 1988, p. 36-38, no 24). En 1141, il entre à l’abbaye du Mont-Saint-Éloi où il meurt en 1160. Peut-être Jean et Robert se connaissaient de leur période commune dans le chapitre comtal lillois.

40 Les actes des évêques de Noyon-Tournai, op. cit., p. 233, no 153 (DiBe ID 7427) : fratribus et coepiscopis nostris Odone Cameracense, Joanne Morinense et Lamberto Atrebatense multisque aliis venerabilibus personis pro ea supplicantibus

41 Les actes de la province ecclésiastique de Reims, éd. par Th. Gousset, Reims, L. Jaquet, 1841, t. 1, p. 170-171 (DiBe ID 7281). La charte porte la date de 1108 mais elle doit être située après le 6 octobre 1111 (avènement du comte Baudouin VII de Flandre mentionné dans la datatio). La rédaction du document est traditionnellement située en 1113, l’année pendant laquelle Jean a rédigé une charte définissant les rapports entre le chapitre Saint-Wulmer et celui de Notre-Dame à Boulogne (DiBe ID 7731) ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?, op. cit., t. 2, p. 762-767.

42 B. Meijns, Aken of Jeruzalem?, op. cit., t. 2, p. 795-797.

43 N. Huyghebaert, H. Aneca, « Abbaye de Saint-Nicolas à Furnes », dans Monasticon belge, op. cit., p. 585-630 ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?, op. cit., t. 2, p. 797-801.

44 L. Milis, L’ordre des chanoines réguliers d’Arrouaise. Son histoire et son organisation de la fondation de l’abbaye mère (vers 1090) à la fin des chapitres annuels (1471), Bruges, De Tempel, 1969 (Rijksuniversiteit Gent, Werken uitgegeven door de Faculteit Letteren en Wijsbegeerte, 148), t. 1, p. 143 ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?, op. cit., t. 2, p. 817-818.

45 L. Milis, L’ordre des chanoines réguliers d’Arrouaise, op. cit., t. 1, p. 143-144 ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?, op. cit., t. 2, p. 818-822.

46 Walteri Archidiaconi Tervanensis Vita Karoli comitis Flandrie et Vita Domni Ioannis Morinensis Episcopi, op. cit., p. 137.

47 Aucun acte épiscopal n’a été préservé pour le chapitre Notre-Dame à Boulogne mais une bulle d’Innocent III de 1208 (DiBe ID 14160) renvoie à une confirmation antérieure par le pape Honorius II (1124-1130). Cette bulle d’Honorius II confirme peut-être l’acte épiscopal réglant le nouveau statut de cette communauté, comme c’est le cas dans les dossiers de Lo, Voormezele, Ypres et Furnes. « Cartulaire de l’Église abbatiale Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer, ordre de Saint-Augustin, 1067-1567 », éd. par D. Haigneré, Mémoires de la Société académique de l’arrondissement de Boulogne-sur-Mer, 13, 1882-1886, p. 97-99, qui présente un résumé de l’acte de Jean de 1129 (DiBe ID 8831), tel qu’il l’a trouvé dans les Mémoires manuscrits et inédits sur l’histoire de Boulogne et du comté, écrits entre 1733 et 1746 par l’historien local Philippe Luto.

48 Pour plus d’informations sur les cinquante actes donnés par Jean : B.-M. Tock, « Jean de Warneton », art. cité, p. 107-118. Dans vingt-quatre de ces chartes, l’évêque notifie une action juridique accomplie par quelqu’un d’autre où il se présente comme intermédiaire entre le donateur et le bénéficiant (une communauté religieuse).

49 Sauf à Ypres où il n’est pas encore question de chanoines réguliers dans l’acte épiscopal. L’acte pour Ypres règle notamment la nomination du prévôt par opposition aux actes pour Chocques et Furnes, qui tous les deux sont déjà adressés au prévôt siégeant. « Histoire de l’abbaye de Chocques. Ordre de Saint-Augustin au diocèse de Saint-Omer », éd. par A. Robert, Bulletin trimestriel de la Société académique des Antiquaires de la Morinie, 15, 1874-1876, p. 532-535, no IV ; Chronicon et cartularium abbatiae Sancti Nicolai Furnensis, éd. par F. V[an de Putte] et C. C[arton], Bruges, Vandecasteele-Werbrouck, 1849, p. 53-54.

50 Seule exception, l’acte pour la communauté à Lo de 1103, mais dans ce cas-ci, la façon de vivre a déjà été confirmée par la bulle de Pascal II, promulguée deux ans auparavant.

51 C’est le cas avec l’acte pour Saint-Nicolas de Furnes : Chronicon et cartularium abbatiae Sancti Nicolai Furnensis, op. cit., p. 53-54.

52 Dans les dossiers de Saint-Nicolas de Furnes (voir note précédente) et à Chocques : « Histoire de l’abbaye de Chocques », art. cité, p. 532-535, no IV.

53 Je laisse de côté un autre couple diplomatique (acte épiscopal – confirmation papale) pour Lo, parce que les chartes sont postérieures à la réforme de 1101. Il s’agit d’un acte de Jean rédigé en 1119 qui a servi de Vorurkunde pour la bulle de Calixte II du 16 octobre 1119. Cartulaire de l’abbaye de Saint-Pierre de Loo, op. cit., p. 7-11, no 5 (DiBe ID 2623) et 6 (DiBe ID 2624).

54 Cartulaire de l’abbaye de Saint-Pierre de Loo, op. cit., p. 5-6, no III ; Chronicon Vormeselense, éd. par F. Van de Putte et C. Carton, Bruges, C. de Moor, 1900, t. 3, p. 26, no II (1100) et p. 25, no I (1105) ; Les cartulaires de la prévôté de Saint-Martin à Ypres, éd. par E. Feys et A. Nélis, Bruges, A. de Zuttere-Van Kersschaver, 1884, p. 2-3, no 2 ; Chronicon et cartularium abbatiae Sancti Nicolai Furnensis, op. cit., p. 54-55.

55 De manière explicite dans la bulle de Pascal II pour Ypres en 1103, tandis que la bulle de Calixte II pour Saint-Nicolas à Furnes reprend littéralement le début de l’enumeratio de l’acte épiscopal.

56 Chronicon Vormeselense, op. cit., p. 25, no I (1105).

57 Opera diplomatica et historica, éd. par A. Le Mire et J. F. Foppens, Bruxelles, P. Foppens, 1734, t. 3, p. 317 (DiBe ID 7675).

58 Walteri Archidiaconi Tervanensis Vita Karoli comitis Flandrie et Vita Domni Ioannis Morinensis Episcopi, op. cit., p. 144.

59 La bulle de Calixte II pour Saint-Nicolas de Furnes renvoie de manière explicite à la petitio de Jean. Chronicon et cartularium abbatiae S. Nicolai Furnensis, op. cit., p. 54-55.

60 Il n’est pas certain que la communauté de chanoines réguliers de Ruisseauville ait été précédée par un chapitre séculier. B. Meijns, Aken of Jeruzalem ?, op. cit., t. 2, p. 817-818.

61 « Histoire de l’abbaye de Chocques », art. cité, p. 533, no IV : Cum Hugo cameracensis et Balduinus Rufus et Anselmus, domini de Cyochis, ecclesiam illam in potestate sua contra sacros canones, ut pote laici, injuste obtinerent et praebendas quibus volebant pro libito suo darent, instinctu sancti spiritus corda eorum illustrante, ab illa praevaricatione ad cor aliquando redierunt. Et aggregatis uxoribus suis et filiis, quidquid in ipsa ecclesia juris habere videbantur, in manus nostras unanimiter reddiderunt.

62 Gallia christiana in provincias ecclesiasticas distributa, Paris, 1751, Ex typographia regia, t. 10, col. 399-400 : Notum igitur facimus… quod Eustachius bonae memoriae comes Boloniensium, quae in periculo animae suae tenuerat, divino instinctu Deo, ad salutem iterum obtulit. Quia enim sancti laicos quamvis religiosos aliquid de facultatibus ecclesie disponere vetuerunt, & praesumptores districto anathematis vinculo innodare consueverunt, praedictus comes Eustachius hujus discriminis jus omne quod in ecclesia sancti Wlmari habebat, cum religiosa matre Ida & uxore nobilissima Maria, coram praedecessore nostro felicis memoriae Johanne Morinorum episcopo… super altare manu propria obtulit, & ut ab hoc crimine absolveretur multa cum supplicatione impetravit.

63 Cartulaire de l’abbaye de Saint-Pierre de Loo, op. cit., p. 3-5, no II.

64 Les cartulaires de la prévôté de Saint-Martin à Ypres, op. cit., p. 1, no 1 : Ego Johannes, Dei gratia Morinorum episcopus, cum quosdam clericos seculariter viventes de ecclesia mea, que est in villa que dicitur Ypra, quam symoniace acquisierant, post acceptum a domino papa Paschali mandatum canonico judicio convictos ejecissem, eamque quamdiu volui usibus meis liberrime retinuissem, ad sancte religionis cultum eandem convertere curavi. Sed cum aliquo tempore hoc quod proposueram peragere distullissem, et obnixis precibus bonorum virorum inibi habitantium quatinus id acceleraretur pulsarer

65 Le registre de Lambert, évêque d’Arras (1093-1115), éd. par C. Giordanengo, Paris, CNRS Éditions, 2007, p. 416-419, E. 64.

66 Le registre de Lambert, évêque d’Arras, op. cit., p. 186-192, C. 52 (les canons de Clermont) ; S. Wood, The Proprietary Church, Oxford, Oxford University Press, 2006, p. 697-700 et 851-882.

67 Cartulaire de l’abbaye de Saint-Pierre de Loo, op. cit., p. 1-2, no I (DiBe ID 2618) : donation entre autres des droits du comté, d’avouerie et du tonlieu et de tous les droits héréditaires que Philippe de Lo, fils du comte Robert Ier de Flandre, possédait sur les terres de l’abbaye et leurs habitants.

68 Diplomata belgica ante annum millesimum centesimum scripta, éd. par M. Gysseling et A.C.F. Koch, Bruxelles, Belgisch Inter-Universitair Centrum voor Neerlandistiek (Bouwstoffen en Studiën voor de Geschiedenis en de Lexicografie van het Nederlands, 1), 1950, t. 1, p. 282, no 164 (DiBe ID 2583).

69 Chronicon Vormeselense, op. cit., p. 31, no IX : inter quos quidam nostre dioceseos clerici Formoselensis ecclesie prius seculariter viventes, sed Dei gratia postmodum inspirati et nostro instinctu commoniti quia seculi libertate contempta arreptoque sancte religionis proposito sese suaque omnia canonice districtioni mancipari voluerunt, divino et humano concilio et auxilio confoveri meruerunt ; ipsi enim Dei aspiratione preventi, propria voluntate relicta, vitam canonicam professuri, tam se quam sua omnia nostre dispositioni commiserunt. Ego itaque Johannes Dei gracia Morinorum episcopus tam eos quam sua omnia predecessoris nostri Drogonis auctoritate munita, que etiam domnus papa Paschalis sui privilegii tuicione corroborat, mee consequentes auctoritatis assensu eadem libertate perpetuo vigere concedo.

70 Ceci pourrait expliquer pourquoi l’évêque n’a pas entrepris d’action auprès des communautés d’Eversam (chanoines réguliers, comme à Voormezele) et Zonnebeke (chapitre séculier). Le statut de ces deux institutions avait déjà été déterminé par des actes épiscopaux antérieurs : l’acte de l’évêque Drogon pour Zonnebeke en 1071 et celui de Gérard pour Eversam en 1091. Diplomata belgica, op. cit., t. 1, p. 283-284, no X (DiBe ID 5150) ; P. Callebert, « Ontstaan en vroegste geschiedenis van het kapittel te Eversam », art. cité, p. 191-194, no 1 (DiBe ID 3301).

71 Voir note 61.

72 Gallia christiana, op. cit., col. 398 : Hanc vero ecclesiam ab omni exactione & oppressione absolvimus & emancipamus, & salva episcopi dignitate, libertatem omnino canonicam condimus…

73 Chronicon et cartularium abbatiae Sancti Nicolai, op. cit., p. 53-54 : Cum ecclesiam de Buttenburch in manibus nostris libere teneremus […] ad opus canonicorum, secundum Regulam B. Augustini ibidem Deo famulantium, pro salute animae meae & successorum meorum, perpetuo liberam & ab omni exactione, praeter duos solidos in Synodo Pentecostes, singulis annis, Teruanensi sedi persolvendos, immunem manere concesssimus, et note 64 pour la citation dans l’acte pour Ypres.

74 « Histoire de l’abbaye de Chocques », art. cité, p. 533, no IV : Nos autem eandem ecclesiam et praebendas quas nobis, ut diximus, reddiderant et altare de Cyochis quod in manu nostra tunc habebamus, ad opus canonicorum secundum regulam Beati Augustini domino ibidem servientium libere tradidimus, hoc tantum juris in ea nobis retinentes ut annuatim in coena Domini Episcopo Morinensi duos solidos respectu subjectionis exsolvat.

75 À l’exception de celui rédigé pour Saint-Wulmer à Boulogne (1108) mais le texte de cet acte est défectueux sous plusieurs aspects (la datation fautive, l’absence de souscription, la place de la clause comminatoire après la datation). Actes de la province ecclésiastique de Reims, op. cit., t. 1, p. 170-171. Voir note 41.

76 Voir note 64.

77 Voir note 73.

78 Cartulaire de l’abbaye de Saint-Pierre de Loo, op. cit., p. 3-4, no II : sic decet omnes fideles, et maxime illos qui in populo dicuntur pastores, pro loco et officio nutantia stabilire, prava et perversa corrigere et male acta in melius commutando renovare.

79 Ibid., p. 3-4, no II : Quapropter, cum singulas nostre dyocesis congregationes cura pastoralis paterna visitatione nos ex more lustrare compelleret, et, vepribus viciorum succisis, semina divini verbi seminare imperaret, quibusdam jam visitatis, quandam ecclesiam in honore sancti Petri fundatam in loco qui vulgo nuncupatur Lo adii, in qua regulares canonicos, sub regula sancti Augustini communem vitam ducentes, repperi.

80 Ibid. : Nam illos, qui prelibate ecclesie libertatem, transgrediendo sacrorum canonum precepta, licet simplici intentione, inlicite tamen adquisierant, audita eorum confessione, extra ecclesiam penitus secedere feci, et ut ad ipsam ulterius causa manendi, nisi licentia nostra, non reverterentur, firmiter precipiens in aliis ecclesiis ubi regulam beati Augustini servare, ut proposuerant, possent, sincero affectu constitui. Deinde quoque, prefatam ecclesiam ab omni spurcitia et symonie infamia diligenter mundatam dedicavi, et, semota omni symonia, pro redemptione anime mee et animarum predecessorum et successorum meorum liberrimine liberam eo tenore feci, et inconvulsa a stipulatione roborando sub anathemate confirmavi…

81 D. Iogna-Prat, La maison Dieu. Une histoire monumentale de l’Église au Moyen Âge (v. 800-v. 1200), Paris, Seuil, 2006 ; L. I. Hamilton, A Sacred City: Consecrating Churches and Reforming Society in Eleventh-Century Italy, Manchester, Manchester University Press, 2010, pour l’importance des dédicaces pour la réforme de l’Église au xie siècle.

82 Sur cet épisode : M. Carnier, « Jan van Waasten en de hervorming van het Ieperse kapittel », dans W. Verbeke et al. (dir.), Serta devota in memoriam Guillelmi Lourdaux. Pars posterior: cultura mediaevalis, Louvain, Leuven University Press, 1995, p. 57-64 ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?, op. cit., t. 2, p. 756-762.

83 Voir note 64.

84 Selon la chronique de l’abbaye d’Eversam, rédigée au début du xviie siècle par un chanoine local, l’expulsion des chanoines yprois prit place lors d’une cérémonie en présence de l’archevêque de Reims, le comte Robert II de Flandre, le prévôt d’Eversam et d’autres dignitaires ecclésiastiques. Chronicon Evershamensis monasterii, éd. par F. V.[an de Putte] et C. C[arton], Bruges, Vandecasteele-Werbrouck, 1852, p. 9. Bien que fort tardive, la chronique est fondée sur des sources aujourd’hui perdues. P. Callebert, « Prévôté des Saints-Pierre-et-Vaast, à Eversam », art. cité, p. 655-656.

85 Chronicon Vormeselense, op. cit., p. 31, no 9 : tam se quam sua omnia nostre dispositioni commiserunt.

86 Les annales de Saint-Pierre de Gand et de Saint-Amand. Annales Blandinienses, Annales Elmarenses, Annales Formosolenses, Annales Elnonienses, éd. par Ph. Grierson, Bruxelles, Commission royale d’Histoire (Recueil de textes pour servir à l’étude de l’histoire de Belgique), 1937, p. 129 : Ecclesia Formosolensis amoto altari denuo consecrata est a Iohanne episcopo Id. Novembris.

87 Les cartulaires de la prévôté de Saint-Martin à Ypres, op. cit., p. 1, no 1.

88 Les actes des évêques de Noyon-Tournai, op. cit., p. 233, no 153 : Proinde ergo dominum Joannem Therouanensem episcopum adivimus et quemdum ipsius clericum, nomine Lambertum, quam ad pastorale regimen necessarium esse atque utilem audieramus, ab eo postulatum desolatae ecclesiae prefecimus, cui curam et praelationem ipsius commendavimus

89 Walteri Archidiaconi Tervanensis Vita Karoli comitis Flandrie et Vita Domni Ioannis Morinensis Episcopi, op. cit., p. 138.

90 J. Pycke, « Prévôté puis abbaye de Saint-Pierre à Lo », art. cité, p. 891-893 ; P. Callebert, « Prévôté des Saints-Pierre-et-Vaast, à Eversam », art. cité, p. 661-662 ; B. Meijns, Aken of Jeruzalem?, op. cit., t. 2, p. 754-755.

91 Cartulaire de l’abbaye de Saint-Pierre de Loo, op. cit., p. 5-6 (DiBe ID 2621).

92 Il souscrit l’acte du comte de Flandre Guillaume d’Ypres pour la communauté de Lo, avant même le prévôt local Gérard. Cartulaire de l’abbaye de Saint-Pierre de Loo, op. cit., p. 6-7, no IV (DiBe ID 2622).

93 P. Callebert, « Prévôté des Saints-Pierre-et-Vaast, à Eversam », art. cité, p. 662.

94 Chronique et cartulaire de l’abbaye de Bergues-Saint-Winnoc, éd. par A. Pruvost, Bruges, Imprimerie d’Aimé de Zuttere, 1875, t. 1, p. 96-98.

95 L. Milis, L’ordre des chanoines réguliers d’Arrouaise, op. cit., p. 103-104.

96 Walteri Archidiaconi Tervanensis Vita Karoli comitis Flandrie et Vita Domni Ioannis Morinensis Episcopi, op. cit., p. 138.

97 Un chanoine appelé Richardus est mentionné dans l’acte de fondation de 1072 parmi les frères qui ont fait un don lors de leur entrée en religion. B.-M. Tock, « L’élaboration des chartes épiscopales à Thérouanne au xie siècle », art. cité, p. 181. Ce Richardus est aussi mentionné dans la chronique de fondation de Watten, écrite dans les dernières années du xie siècle. Chronica monasterii Watinensis, éd. par O. Holder-Egger, Monumenta Germaniae Historica, Scriptores 14, Hanovre, Hahnsche Buchhandlung, 1883, p. 167.

98 B. Meijns, Aken of Jeruzalem ?, op. cit., t. 2, p. 827-882 ; B. Meijns, « La réorientation du paysage canonial en Flandre et le pouvoir des évêques, comtes et nobles (xie-première moitié du xiie siècle) », Le Moyen Âge, 112, 2006, p. 111-134.

99 Voir note 8.

Précédent Suivant

Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.