La cour d’une principauté double
L’exemple de la cour des comtes d’Armagnac (1373-1418)
p. 335-350
Texte intégral
1À la fin du Moyen Âge, les comtes d’Armagnac sont à la tête d’une principauté comparable aux autres principautés françaises où s’est développée une puissance de forme étatique1 Détenteurs de droits régaliens, ils revendiquent une autorité quasiment souveraine. Dès 1352, Jean Ier s’intitule « prince et comte par la grâce de Dieu2 ». Nous nous concentrerons sur les principats de Jean II, Jean III et Bernard VII, de 1373 à 1418, une période de forte transformation de la cour. Au début des années 1360, dans le cadre de la guerre de Cent Ans, Jean Ier subit des revers face à Gaston Fébus et il est contraint de rejoindre la vassalité anglaise. Sa participation à la reconquête française de l’Aquitaine lui procure toutefois des gains importants. Son fils Jean II arrache ensuite le Comminges, alors que sa maison conclut des mariages prestigieux en Aragon et en Lombardie. Jean III, son petit-fils, tente de mener une politique à dimension européenne. Après une succession difficile, le frère de ce dernier, Bernard VII, connaît une ascension inédite, qui le conduit à devenir le chef de la coalition princière anti-bourguignonne en 1410, puis à prendre la tête du gouvernement royal après Azincourt, en 14153.
2Au début du xive siècle, la principauté est constituée par l’adjonction de deux blocs territoriaux, l’un au centre de la Gascogne, l’autre au centre du Rouergue. Depuis Jean Ier, le prince est à la fois comte d’Armagnac et de Fézensac ainsi que comte de Rodez. Il réside alternativement dans la partie gasconne et dans la partie rouergate de ses domaines. En Gascogne, il dispose de cinq châteaux comtaux : Vic-Fézensac4, Lavardens5 également en Fézensac, Lectoure6, Lavit-de-Lomagne7 et Auvillar8, capitale d’une minuscule vicomté. En Rouergue, le château des comtes au Bourg de Rodez9 ne sert plus de résidence princière. Le comte préfère séjourner dans le couvent des cordeliers, situé à l’extérieur des murailles au nord-ouest immédiat du bourg comtal10 Il utilise prioritairement le manoir rural de Gages, construit à la fin du xiiie siècle à 12 kilomètres à l’est de Rodez et transformé en château princier entre 1366 et 136811 À la fin du xive et au début du xve siècle, le prince se déplace très fréquemment entre les pôles gascon et rouergat de ses terres, ainsi qu’à l’intérieur de ces deux espaces. Il ne lui faut que quelques jours pour se rendre du Rouergue à la Gascogne centrale12.
3Les princes armagnacais entretiennent une cour dont les contours sont imprécis, mais que l’on peut définir comme l’entourage du comte, sa famille, ses officiers, ses nobles, ses serviteurs, ses domestiques et tous ceux dont il désire s’entourer. Cette cour n’a suscité que peu d’études, alors que ce sont les membres de la cour qui assistent le prince dans l’exercice de son pouvoir. Cela s’explique sans doute par le caractère lacunaire des sources narratives. Aucune chronique familiale n’a été conservée13 Charles Samaran évoque quelques épisodes qui ont marqué la cour au xve siècle et très succinctement le conseil et la chancellerie14 Les principats de Jean Ier (1319-1373) et de Bernard VII (1391-1418) ont été envisagés de manière essentiellement chronologique15.
4La conjoncture socio-économique s’améliore à partir du milieu des années 1380 et le contexte politique est favorable à un redéploiement curial avec des moyens renouvelés. Une connaissance prosopographique approfondie des membres de la cour est rendue possible par l’étude des mentions hors teneur, telles les mentions des rédacteurs et des témoins, insérées dans les actes du fonds d’Armagnac, déposé aux Archives départementales du Tarn-et-Garonne.
5La cour s’installe là où le comte réside, notamment quand le séjour dure plusieurs mois. A priori, l’itinérance est un obstacle à la structuration de la cour. C’est pourtant dans ce cadre que l’on assiste, à partir de Jean II (1373-1384) à sa spécialisation en organes centraux de gouvernement. En outre, la bipolarité spatiale entre les pôles gascon et rouergat entraîne une recomposition incessante de l’entourage comtal en fonction des lieux de résidence. Ce brassage des élites favorise une bipolarisation du recrutement des officiers de l’administration centrale qui contribue au renforcement de cette dernière. En dépit de l’apaisement de la guerre franco-anglaise durant ces quarante-cinq années, le contexte reste conflictuel, du fait de la lutte contre Foix-Béarn, des campagnes espagnole et italienne, de l’élimination de la branche de Fézensaguet et des menaces bourguignonnes16 La cour est l’indispensable lieu de reconduction des alliances. On observe enfin une accentuation de la militarisation de la cour, notamment au sein de certains organismes administratifs.
Spécialisation de la cour en organes centraux (Conseil, chancellerie et Hôtel)
6Chaque comté ou vicomté de la principauté comprend une administration territoriale dirigée par un sénéchal, assisté d’un ou plusieurs juges et d’un trésorier ou receveur. Lorsque le comte est présent, il peut les réunir en conseil de sénéchaussée. En 1340, à Rodez, Jean Ier assemble les principaux officiers du comté qualifiés de conseillers (consiliarii), tous issus de la noblesse rouergate ou de la haute bourgeoisie ruthénoise : le sénéchal Guillaume d’Escorailles ; le docteur ès lois Raimond Massip de Bournazel, juge du comté ; le licencié ès lois Vivian de Rames, juge royal des Montagnes du Rouergue ; et le jurispérit Hugues Flessian, procureur du tribunal de la ville de Rodez17 Cette organisation déconcentrée de l’administration en bureaux de sénéchaussée se maintient par la suite dans chaque domaine princier. De manière similaire, en Bretagne, la trésorerie générale se dédouble épisodiquement, sous Jean IV et Jean V, entre parties bretonnante et gallo du duché18.
7Néanmoins, à partir de l’avènement de Jean II en 1373, il semble que de nouveaux organes centralisés se mettent en place. À la prise de conseil délocalisée se superpose un Conseil comtal. Certes, avant cette date, quelques conseillers du comte sont mentionnés19 Mais, à partir de 1373, plusieurs hommes portent ce titre et agissent au nom du prince à un haut niveau : Bérenger dit Menou baron de Castelpers en Rouergue20 ; Déodat de Laparre de la cité de Rodez, docteur ès lois et juge du comté ruthénois ; Maurin de Biran, seigneur de Roquefort en Fézensac21 En 1378, à Montauban, le terme « Conseil du comte d’Armagnac » (Consilium comitis Armanhaci) apparaît dans une requête adressée, pour l’Armagnac, par l’évêque de Cahors Bégon de Castelnau-Calmont, le baron de Castelpers et quelques autres conseillers princiers à Louis d’Anjou, frère et lieutenant du roi en Languedoc, afin qu’il intervienne dans le litige entre les comtes d’Armagnac et de Foix22.
8Plusieurs exemples montrent que les conseillers du prince participent à l’exercice du pouvoir suprême et mettent en avant ce titre pour opérer en son nom. En 1379, Maurin de Biran, très présent auprès de Jean II, est un des trois procureurs spéciaux plénipotentiaires qui signent au nom du comte l’accord de paix avec Gaston Fébus23 En 1384, Bérenger de Castelpers, Bernard de Rivière, sénéchal d’Armagnac, et Bernard seigneur d’Orbessan en Astarac exigent, au nom de Jean III, le paiement par les représentants du Carcassès, du Castrais et de l’Albigeois du reliquat de 16 157 francs de la somme due au comte pour l’évacuation des places tenues par les Anglais24 En 1385, enfin, Jean III réunit son Conseil pour valider l’accord avec son frère Bernard sur la succession de leur père25.
9En ce qui concerne le service des écritures, le comte a un chancelier depuis au moins 135426 Mais, à partir de 1373, on constate le développement de la chancellerie, attesté par la mention de ses membres dans les actes. Le chancelier Pierre Banvil, exécuteur du testament de Jean Ier, est assisté de trois notaires secrétaires, Pierre Jovin27, Arnaud de Peregot et Bernard Ricard28 Une hiérarchie interne se met en place. À Pierre Jovin, le plus ancien, est attaché un coadjuteur juré, Géraud de Calveroque, Cahorsin comme lui29 En 1377, au moment où est entamée la rédaction des livres d’hommages gascons de la principauté, s’y ajoute un quatrième notaire secrétaire, Pierre de Mayres, puis, en 1379, un cinquième, le Ruthénois Laurent Roet, très occupé dans la partie rouergate30 On constate en 1382 que Géraud de Calveroque est monté en grade en remplaçant un des trois notaires secrétaires de 1377, tandis que son ancien supérieur, Pierre Jovin, est encore en poste31 Sous le principat de Jean II, on assiste donc à une multiplication des membres de la chancellerie ainsi qu’à une hiérarchisation de celle-ci, dans le contexte d’un notable regain d’activité.
10Entre 1384 et 1386, sous Jean III, le chancelier Bernard de Grossoles dirige un bureau d’écriture toujours composé de cinq collaborateurs : Pierre de Mayres, Laurent Roet, Géraud de Calveroque, Pierre Buffant et Jean de Fabrègue32 Les trois premiers, qui sont rédacteurs de registres princiers, ont le rang de notaire secrétaire (magister notarius secretarius comitis). Les deux derniers sont simplement secrétaires (magistri secretarii comitis), probablement parce que leurs tâches ne comprennent pas la rédaction des registres33 La hiérarchie s’accentue donc. En outre, Laurent Roet dispose d’un adjoint, Hélie de Roque, notaire substitut coadjuteur juré, et d’un sous-adjoint, Durant Séret, clerc substitut juré34 Il est clair que ces adjoints lui sont alloués pour répondre à la forte hausse de l’enregistrement des reconnaissances féodales dans le comté de Rodez durant cette période35.
11La centralisation de la cour sous Jean II peut trouver son origine dans le parcours singulier de ce comte. Alors qu’il n’est que l’héritier de son père avec le titre de vicomte de Lomagne, au décès de sa mère en 1364, il reçoit le comté de Charolais, ce qui fait de lui le vassal du nouveau duc bourguignon Philippe le Hardi, pour lequel il effectue des missions défensives36 Il n’est pas impossible que durant les cinq années passées en Bourgogne, le futur Jean II ait été inspiré par le fonctionnement du Conseil du premier duc valois.
12À l’institutionnalisation du Conseil et de la chancellerie sous Jean II, s’ajoute un surcroît de spécialisation des conseillers sous Bernard VII. Sur les huit membres du Conseil de Jean II, on comptait un financier et trois légistes, dont un magistrat. Sur les dix conseillers de Bernard VII, la moitié sont des gradués ès lois. En outre, chaque conseiller exerce une charge spécifique. La chancellerie est représentée par le chancelier et un notaire secrétaire auditeur des comptes, l’Hôtel par le chambellan, le maréchal et le maître de l’hôtel. Le trésorier extraordinaire, un sénéchal, deux juges et un membre du haut clergé diocésain, vicaire général des domaines armagnacais, complètent l’ensemble. Bernard VII transforme le Conseil en gouvernement composé de serviteurs que l’on pourrait comparer à des « ministres » : diplomatie, armée, maison et chambre du comte, justice, affaires religieuses, administration locale, comptes, trésor et impôts. Les deux premiers comtes ont installé le Conseil en le dotant d’un prestige fondé sur une composition essentiellement nobiliaire (entre trois quarts et neuf dixièmes des conseillers sont nobles). Bernard VII recherche l’efficacité en le peuplant d’experts dévoués à sa personne.
13Quelques éléments peuvent faire penser que les comtes d’Armagnac sont influencés par les réformes bourguignonnes de 1386-1387, par exemple la mise en place d’une recette générale. Toutefois, le Conseil armagnacais demeure avant tout un conseil aulique, où le comte convoque ceux en qui il a confiance, sans tenir nécessairement compte des considérations techniques. Comme en Bourbonnais37, en Béarn38 ou pour le seigneur d’Albret39, le Conseil mêle grands officiers, juristes, ecclésiastiques et bourgeois issus du commerce. Ses attributions judiciaires ne sont pas aussi perfectionnées qu’en Bourgogne ou en Flandre40 Le prince ne crée pas de Chambre des comptes, comme à Dijon dès les années 1350-1360, à Lille au début du xve siècle41, à Évreux en 132942, à Montbrison en 1317, en Beaujolais en 1341, à Moulins en 137443, à Vannes en 136544, à Bourges en 137945 ou encore pour l’Albret en 139646.
Bipolarisation du recrutement des officiers de l’administration centrale
14La constitution d’organes centraux de gouvernement dans une principauté éclatée entre deux pôles principaux pose la question de la répartition de leurs membres selon leurs origines géographiques.
15Au Conseil, sous Jean II, les Rouergats sont déjà majoritaires, à raison de cinq sur huit. Sous Jean III, les Gascons sont plus nombreux : six sur onze. Cette légère majorité gasconne s’explique peut-être par le partage des responsabilités au sein de la principauté armagnacaise entre le comte et son frère Bernard, qui est chargé de la lieutenance de sa partie rouergate. Il n’est donc pas étonnant que, lors de son principat, Bernard VII ait complété le Conseil pour moitié d’affidés, qui proviennent tous du comté ruthénois et qui l’avaient assisté lorsqu’il gouvernait à Rodez au nom de son aîné. À son avènement en 1391, il intègre comme chambellan Aymeric II de Castelpers, fils de Bérenger, qui était le grand seigneur le plus présent auprès de Jean II et de Jean III, ainsi que Pierre de Laguiole, ancien capitaine de Gages, et le chanoine ruthénois, Géraud Caillol47 Au tournant du siècle, le rejoignent le juge de Rodez Hugues de Beaulieu et le clerc Bernard de Batut48 Enfin, en 1410, le Rouergat Guillaume Cocural remplace un autre Rouergat, Pierre Valette49 En définitive, au début du xve siècle, sept conseillers sur dix sont originaires du Rouergue.
16Dans la chancellerie de Jean II et de Jean III, un seul secrétaire sur cinq est rouergat. En 1392, le chancelier a encore au moins quatre notaires secrétaires : Pierre de Mayres, Laurent Roet, Géraud de Calveroque et le rouergat Bernard Esquier, la moitié provenant du Rouergue50 Les nouveaux membres de la chancellerie recrutés sous Bernard VII sont tous rouergats. En 1399, le Ruthénois Pierre Malamosc remplace Laurent Roet51 En 1401, le clerc Durant de La Serre, qui est probablement le même individu que le sous-adjoint de Laurent Roet de 1384, assiste désormais Bernard Esquier. En 1403 apparaît un nouveau notaire secrétaire rouergat, Aldebert La Sale, prieur de La Besse52 En 1406, Durant La Serre monte au grade de coadjuteur, sous les ordres du plus ancien en poste, Pierre de Mayres, qui fait certainement office de premier notaire secrétaire de la chancellerie. En 1410, le Rouergat Raimond Rouquette remplace Géraud de Calveroque, Pierre de Mayres étant désormais le dernier non rouergat53.
17À partir de Jean III, l’office de maître de l’Hôtel échoit alternativement à un non-Rouergat et à un Rouergat : Bernard de Molinier originaire d’Eauze entre 1385 et 138854, le Rouergat Pierre de Laguiole de 1392 à 140355, le Vivarois Guillaume de Pagan entre 1403 et 140756, puis à nouveau Pierre de Laguiole de 1407 jusqu’à sa mort en 1411 et le Vivarois François Laborgne en 141557 À partir de Jean III, le maître de l’Hôtel dirige le groupe des « écuyers comtaux » (scutiferi comitis), qui ressemble à celui des écuyers de la chambre du duc de Bourgogne58 Lorsqu’ils sont mentionnés pour la première fois en 1323, ils sont au nombre de quatre, deux Gascons et deux Rouergats59 Pour la période qui nous intéresse, sur 28 écuyers comtaux, 22 ont une origine identifiable. 10 sont gascons et 9 sont rouergats. L’équilibre entre Gascogne et Rouergue semble mieux respecté à partir du principat de Bernard VII.
18Finalement, si l’on s’en tient au Conseil et à la chancellerie, la part des Rouergats dans l’administration centrale augmente significativement sous Bernard VII. Celui-ci choisit pour confesseur de 1397 à 1418 un dominicain, Pierre Aldebert, prieur de la province de Toulouse, mais originaire du couvent jacobin de Rodez60 Ce constat est à rapprocher de la place de plus en plus importante du palais de Gages dans la vie princière à la fin du xive siècle. À partir de 1392, Bernard VII en fait sa résidence principale, s’y arrêtant de manière régulière et prolongée, entre une semaine et un an. En 1401, la chambre comtale de l’étage inférieur (camera bassa) est utilisée comme bureau des notaires secrétaires du comte (in castro de Gagia in camera secretariorum domini comitis61). Les réunions du Conseil se déroulaient peut-être au premier étage, dans la grand-salle, qui sert aussi de tinel (aula superior sive tinellus62) et qui est située au-dessus de la chambre des secrétaires où sont réalisés les travaux d’écriture de la chancellerie, à proximité dans la chambre d’apparat du comte (camera vocata de para63). Sous Bernard VII, qui privilégie le Rouergue, le palais fait office de siège du gouvernement princier. On assiste ainsi à un déplacement du centre de gravité de la principauté vers sa partie orientale. D’ailleurs, en 1400, lors de la guerre contre les Fézensaguet, ce sont les domaines gascons, Fézensac, Rivière de Bigorre et Lomagne, qui sont attaqués par ces derniers, avec, au début, quelques succès, comme si le comté de Rodez était plus inexpugnable64.
Nobiliarisation et militarisation de la cour
19La noblesse est majoritairement présente à la cour. Au Conseil, elle représente en moyenne 80 % des effectifs. Les nobles de la cour proviennent souvent de la mouvance féodale du prince. Néanmoins, les grands seigneurs du Midi alliés sont fréquemment présents. Ils sont en effet nécessaires aux pactes que le comte échafaude à une époque singulièrement conflictuelle.
20En 1385, Jean III admet en son Conseil un de ces grands seigneurs méridionaux, son cousin Arnaud-Amanieu d’Albret65 En 1360, celui-ci a intégré la coalition anti-fuxéenne et a été capturé à Launac en 1362. En 1368, il a basculé du côté français, comme les Armagnacs, et s’est joint aux appels gascons. À cette occasion, il a épousé Marguerite de Bourbon, belle-sœur du roi66 L’Albret amène un lustre indéniable à la cour armagnacaise. Par son intermédiaire, Jean III peut confirmer l’alliance française.
21La conclusion d’accord passe aussi par l’entrée dans la vassalité princière. En 1389, alors que Jean III est engagé dans une campagne en Catalogne, il reçoit l’hommage du chevalier Tristan, bâtard de Beaufort, un des membres éminents de la maison des vicomtes de Turenne, avec laquelle le comte a des intérêts communs en Provence67 En est témoin le neveu de Tristan de Beaufort, le chevalier gabalitain Garin VII, baron d’Apcher, sénéchal royal du Rouergue, chambellan et vassal de Jean III, qui suit ce dernier en Italie68.
22Le contexte guerrier implique de s’entourer d’hommes capables de faciliter le retour à la paix, des hommes d’Église donc. Les liens des comtes d’Armagnac avec les papes et les prélats d’Avignon remontent au début du siècle. En 1379, Bertrand de Raffin, issu d’une maison rouergate de vassaux comtaux, est élu évêque de Rodez, certainement grâce à l’influence du cahorsin Pierre de Sortenac, dit le cardinal de Viviers69 Ce nouvel évêque plaît manifestement aussi bien au comte d’Armagnac70 qu’à Clément VII, dont il est chapelain et conseiller à la Chambre apostolique71 En 1382, le cardinal de Viviers est dûment récompensé pour son entregent. Le pape le dote en commende d’un bénéfice rémunérateur situé dans les terres armagnacaises : le prieuré augustin de Maubourguet en Rivière-de-Bigorre. Parallèlement, Pierre de Sortenac livre reconnaissance à Jean II pour les fiefs attachés à ce prieuré72 Ces nominations sont vraisemblablement orchestrées par le comte d’Armagnac. En effet, le procureur, autrement dit l’entremetteur, qui prononce à Rodez l’aveu des fiefs de Maubourguet pour le cardinal, est lui aussi un Ruthénois, le bachelier en droit romain Pierre Le Roux, également officier princier, juge des Montagnes du Rouergue depuis 137573 et feudataire du comte pour des domaines autour de Rodez.
23Autre exemple de la collusion entre intérêts princiers et cardinalices, en 1392, le cardinal Guillaume d’Aigrefeuille le jeune, ancien légat à la cour de France et neveu du cardinal Faydit d’Aigrefeuille, ancien évêque de Rodez puis d’Avignon, œuvre à la réconciliation entre Clément VII et Bernard VII74 Il en est lui aussi rétribué par la dévolution d’un riche prieuré augustin, celui d’Aubin en Rouergue, dépendant du monastère de Montsalvy. Il est représenté par le chanoine ruthénois Guillaume Vayssière, peut-être membre de la livrée d’Aigrefeuille75.
24Outre la nobiliarisation de la cour, attestée par la présence de prélats et de grands aristocrates, on observe une militarisation des serviteurs directs du prince. Entre 1360 et 1408, dans le comté de Rodez, l’appellation « châtelain », pour désigner l’officier local qui dirige une châtellenie, est progressivement remplacée par « capitaine », ce qui met l’accent sur ses responsabilités défensives dans une période d’intrusions répétées des bandes armées76 Le rythme de la transition est proche de celui de la principauté bourbonnaise, où le phénomène commence en 1363 en Forez puis se généralise77.
25Au niveau du gouvernement central, l’évolution de l’Hôtel du comte montre la même tendance à la militarisation. Alors que l’office de maître de l’Hôtel était originellement attribué à plusieurs roturiers à la fois, à partir de 1385, il devient unique et est désormais confié à un noble damoiseau. Au même moment, le maître de l’Hôtel prend la direction de la suite des écuyers comtaux, de jeunes gentilshommes affectés à la protection rapprochée du prince. Le noble Guillaume de Pagan, écuyer en 138278, devient maître d’hôtel en 140379 Le damoiseau Pierre de Laguiole, ancien capitaine de Gages en 1385-1386, et donc responsable de la sécurité du palais princier, devient maître d’hôtel en 139280 De 1399 à 1403, il est aussi bailli de Rodez, assumant la défense de la ville dans la période délicate de guerre contre les Fézensaguet81 En 1406, cet homme d’armes, membre du Conseil, est adoubé chevalier, ce qui vient consacrer sa carrière. Le damoiseau François Laborgne, familier du comte de 1395 à 140782, puis écuyer comtal entre 1412 et 1415, est nommé maître d’hôtel en 141583 Lui aussi est un soldat, capitaine de Sauveterre d’Agenais au nom du prince de 1412 à 1416.
26Les écuyers comtaux assurent le service d’escorte et apparaissent fréquemment dans les listes de témoins aux actes princiers. Gaillard de Bessens, damoiseau originaire du sud de Montauban, est écuyer comtal entre 1377 et 138484 Il devient chevalier et sénéchal du comté de Rodez de 1386 à 139185 Le surnom du damoiseau Pierre Dufour alias Cazeras tient peut-être à sa participation à la bataille de Cazères-sur-l’Adour en 1376, lors de la guerre pour le Comminges contre Gaston Fébus86 Le damoiseau Guillaume II de Saugnac, consul du Bourg de Rodez et futur chevalier, est un homme de confiance de Jean II, qui le qualifie de dilectus suus familiaris (« son cher familier ») et se dit « pleinement confiant en sa complète fidélité, sa bonne diligence et sa réputation » (confidens ad plenum de fidelitate sufficienti et bona diligentia et fama). En 1377, alors que le conflit avec Foix-Béarn menace toujours, le comte lui confie la garde de la place forte stratégique de La Roque-Valzergues en Rouergue, qui a été reprise aux Anglais en 1369. Il est capitaine de ce château jusqu’en 1383 avec trois ou quatre compagnons, dont Raimond d’Esparrou, damoiseau de Viadène, écuyer comtal en 138287 Olivier Laborgne, écuyer de 1402 à 1409, parent de François Laborgne88, est adoubé chevalier en 141589, au moment où ce dernier devient maître d’hôtel.
27L’intégration dans l’équipage des écuyers comtaux donne l’occasion au prince de prendre sous son aile de jeunes membres de la moyenne noblesse, qui lui est particulièrement affidée et qu’il fait profiter de ses faveurs. Le corps est à forte connotation militaire et apparaît comme un cercle de formation à la guerre.
28L’entourage proche du comte se peuple ainsi de capitaines de guerre. Bérenger, baron de Castelpers, membre du Conseil jusqu’à sa mort en 1394, est spécialement actif dans plusieurs campagnes, notamment en Comminges en 137690 Ce baron fidèle participe également à la sécurisation du comté ruthénois. Il possède en effet la puissante forteresse de Castelpers au sud de Rodez, au nord, celle de Bénaven, qui lui est cédée en 1381 après qu’il a aidé à la reprendre aux « Anglais », et, au sud-est, l’ancien fort comtal d’Ayssènes qu’il récupère en 138391 Le chevalier Bernard de Rivière, sénéchal d’Armagnac de 1378 à 1408, est le principal seigneur de la Rivière-Basse-de-Bigorre, dont il porte le nom92 En 1392, il est à la tête des autres seigneurs de la Rivière afin de prêter serment d’allégeance, dans l’église de Castelnau-de-Rivière, à Bernard VII qui, en tant que seigneur de cette terre, en confirme les coutumes93 Pour le comte, le ralliement des nobles de la Rivière est loin d’être négligeable. L’inclusion de la haute noblesse dans la proximité princière favorise les stratégies de défense de la principauté.
29La familiarité des chevaliers de moindre origine avec le comte leur permet de se hisser à des fonctions élevées. Guillaume de Soulages, initialement petit seigneur rouergat, est souvent présent auprès de Jean II et de Jean III, notamment dans le règlement d’affaires militaires94 Il a très tôt une relation particulière avec Bernard d’Armagnac, dont il est le mestre d’armes. Il accompagne fréquemment le cadet d’Armagnac et l’assiste dans son gouvernement, par exemple dans son comté de Charolais ou à Rodez95 Principal homme de confiance de Bernard VII dès son arrivée au pouvoir en 1391, il conserve d’importantes responsabilités martiales96 En 1401, lors de la guerre contre les Fézensaguet, il assiège Creissels et occupe la vicomté au nom de son maître. En 1415, défenseur du Rouergue, il est également désigné comme exécuteur testamentaire et lieutenant du comte, lorsque celui-ci part définitivement prendre la direction du royaume97 Jusqu’à sa mort en 1417, Guillaume de Soulages représente, en tant que maréchal d’Armagnac et adjoint méridional du connétable, le chef du gouvernement royal. Son second gendre, Amaury de Sévérac, issu d’une branche cadette des barons de Sévérac, poursuit une carrière militaire sous ses ordres et au service de Bernard VII. Ce dernier en est tellement satisfait qu’il privilégie Amaury dans l’affaire de la succession de la baronnie de Sévérac en 141698.
30La militarisation s’observe également parmi les officiers dont les fonctions sont a priori civiles. Le noble Bernard de Grossoles, petit seigneur lomagnol, est chancelier et licencié en droit romain. Il est adoubé chevalier en 140299 Son élévation est à mettre en relation avec son comportement exemplaire l’année précédente lors de la guerre contre les Fézensaguet, où il avait été fait prisonnier en défendant le château de Lavardens en Fézensac100.
Conclusion
31En 1945, Philippe Wolff se demandait comment le comte d’Armagnac Bernard VII, détenteur de domaines dispersés, entourés d’ennemis, notamment anglais et fuxéo-béarnais, et éloignés des principaux centres de décision monarchiques au nord du royaume, avait pu réussir en 1410 à fédérer autour de sa personne une ligue de princes français portant son nom101.
32Ce succès, certes éphémère, tient d’abord à un effort séculaire, depuis la création de la principauté en 1304, qui aboutit sous son père Jean II à l’institutionnalisation d’organes centraux de gouvernement. En cela, le comte reprend un modèle curial de type « impérial » emprunté à la maison royale. Les Armagnacs en connaissent son fonctionnement par les participations de Bernard VI et de Jean Ier au Conseil du roi ou encore la lieutenance du Languedoc de Jean Ier de 1346 à 1349 et de 1352 à 1358102 En s’intitulant princeps, les comtes d’Armagnac se livrent à une imitatio imperii. Jean II, qui a servi Philippe le Hardi puis a été dans l’ombre de Jean de Berry, prend peut-être exemple sur les princes du sang qui construisent leur propre administration centrale. La terminologie de notaire secrétaire est la même qu’à la chancellerie monarchique.
33La difficulté que représente l’éclatement de la principauté en deux pôles, gascon et rouergat, semble surmontée par un recrutement bipolaire des officiers centraux. L’administration des territoires repose sur la décentralisation féodale et sur des bureaux de sénéchaussée déconcentrés, où les élites régionales sont représentées. Mais les organes curiaux s’appuient sur l’équilibre entre classes dirigeantes gasconnes et rouergates. Sous le principat de Bernard VII, la balance penche en faveur du Rouergue. Cela s’explique par l’attachement du comte à l’aristocratie rouergate, mais aussi par le déplacement du centre de gravité de la principauté vers sa partie orientale, moins exposée, et où se trouve Rodez, probablement la plus grande ville de la principauté. Le comté ruthénois étant enchâssé dans la sénéchaussée royale de Rouergue, plusieurs officiers princiers obtiennent des charges dans l’administration monarchique grâce aux bons rapports entre les comtes armagnacais et le duc de Berry103.
34Enfin, le succès des comtes d’Armagnac tient aussi à la militarisation de la cour, dans un contexte de conflictualité continue, depuis la campagne du Prince Noir dans le Midi en 1355 jusqu’à la guerre civile à la fin de la période. Prélats et grands seigneurs méridionaux, qui ont partie liée à ces conflits, sont présents à la cour. Sous la houlette du maître de l’Hôtel, le prince réorganise le groupe des écuyers comtaux, qui est un vivier de jeunes combattants fidèles. Il s’entoure de conseillers provenant de la haute comme de la petite noblesse qui sont des spécialistes de la guerre.
35En renforçant les organes centralisés de pouvoir, en enrôlant ses membres dans la partie la plus sûre de la principauté et en militarisant encore plus son entourage, Bernard VII gagne en puissance, ce qui l’amène en 1410 à être reconnu comme le porte-étendard de l’union des princes opposés au duc de Bourgogne. Mais les changements qu’il a opérés déséquilibrent aussi une principauté qui devient moins influente après sa disparition.
Notes de bas de page
1 Philippe Wolff, « The Armagnacs in Southern France (14th-15th centuries) », Bulletin of the Institute of Historical Research, 20/61, 1945, p. 186-191 ; Charles Higounet, « Après les communications de Pierre Tucoo-Chala, Bernard Demotz et Claude Gauvard », dans Les principautés au Moyen Âge, 4e congrès de la SHMESP (Bordeaux, 1973), Bordeaux, Société des historiens médiévistes, 1979, p. 200-205, ici p. 201.
2 AD Tarn-et-Garonne (abrégé ADTG), A 76, fol. 4rv (30 décembre 1352) : spectabilis ac magnificus princeps dominus Johannes Dei gratia comes Armaniaci, Fesenciaci, Ruthene et Gaure, vicecomes Leomanie et Altivilaris.
3 Emmanuel Johans, Les Armagnacs et le Rouergue. L’ascension d’une dynastie princière (1274-1418), Paris, Les Éditions des Aigles, 2021, p. 53-71.
4 ADTG, A 262, fol. 63v-64 (12 mai 1398).
5 Ibid., fol. 4v (9 janvier 1378 ns).
6 Ibid., fol. 66v (10 juin 1398).
7 ADTG, A 265, fol. 112v-114v (28 août 1408).
8 ADTG, A 262, fol. 10v-11 (14 août 1378).
9 ADTG, A 70, fol. 16 (mars 1276 ns) et fol. 33 (29 janvier 1283 ns).
10 ADTG, A 72, fol. 138v (27 août 1326).
11 Ibid., fol. 140v-141 (31 juillet 1329) et A 78, fol. 1v (6 juin 1376).
12 En 1392, Bernard VII qui est encore à Gages le 18 août, est dès le 23 août à Vic-Fézensac pour un trajet de 240 kilomètres : ADTG, A 264, fol. 10-11v et fol. 12.
13 Charles Samaran, « Un texte historiographique à retrouver : les chroniques de la maison d’Armagnac (xive siècle) », dans Recueil de travaux offert à Clovis Brunel, Paris, Société de l’École des chartes, 1955, p. 501-506.
14 Id., La maison d’Armagnac au xve siècle et les dernières luttes de la féodalité dans le midi de la France, Paris, Picard, 1908, p. 30-31.
15 Dominique Barrois, Jean Ier comte d’Armagnac (1305-1373), son action et son monde, thèse de doctorat dirigée par Bertrand Schnerb, université Lille 3 Charles-de-Gaulle, 2004 ; Paul Durrieu, Bernard VII comte d’Armagnac, connétable de France (1362-1418), thèse de l’École des chartes, 1878, éd. par Arnaud de Solages, s. n., 2003.
16 Johans, Les Armagnacs et le Rouergue, op. cit., p. 60-61, 64-67 et 70-71.
17 Jérôme Belmon, « La monnaie de Rodez (IIe partie) : l’organisation et le personnel de l’atelier (xiiie-xive siècle) », Revue numismatique, 6/160, 2004, p. 241-304, ici p. 300.
18 Jean Kerhervé, L’État breton aux xive et xve siècles. Les ducs, l’argent et les hommes, Paris, Maloine, 1987, p. 36.
19 Le premier est Hugues de Benville archidiacre du diocèse d’Auch et licencié en droit romain : A 76, fol. 25v (2 septembre 1360).
20 ADTG, A 77, fol. 10v (10 novembre 1373).
21 ADTG, A 262, fol. 23v-25 (30 décembre 1378).
22 Ibid., fol. 10rv (22 juillet 1378).
23 Ibid., fol. 30-32v (3 avril 1379).
24 Ibid., fol. 49 (28 juin 1384).
25 Ibid., fol. 51-52 (16 novembre 1385).
26 Il s’agit de Jean Dufour de Vic-Fézensac, Paul Laplagne-Barris, Sceaux gascons du Moyen Âge, Paris, Champion, 1888-1892, p. 107. Le cancellarius Armanhaci est unique. Le comté de Rodez n’en a jamais bénéficié, à moins qu’il faille imaginer une fusion comme pour le chancelier de Bourgogne et celui du comte de Flandre en 1385 : Bertrand Schnerb, L’État bourguignon (1363-1477), Paris, Perrin, 2005, p. 97.
27 Pierre Jovin de Cahors est le seul notaire secrétaire du comte cité dès 1360, auquel est adjoint en 1372 un secrétaire comtal, Jean de Gan : ADTG, A 76, fol. 38-40 (11 septembre 1360).
28 ADTG, A 77, fol. 10 (8 novembre 1373).
29 Barrois, Jean Ier, op. cit., p. 403, n° 17 (16 mai 1373).
30 ADTG, A 262, fol. 70-71 (30 décembre 1378), fol. 33v (8 septembre 1379), A 77, fol. 41rv (11 janvier 1380 ns) et A 78, fol. 2v-3 (23 mai 1383).
31 ADTG, A 262, fol. 45v-46 (13 octobre 1382).
32 ADTG, A 80, fol. 141 (4 mai 1386).
33 À la chancellerie bourbonnaise, les secrétaires enregistrent les aveux et dénombrements. Ils sont plus nombreux, une dizaine par décennie de 1356 à 1390, une quinzaine de 1390 à 1410 : Olivier Mattéoni, Servir le prince. Les officiers des ducs de Bourbon à la fin du Moyen Âge (1356-1523). Étude d’une société politique, Paris, Publications de la Sorbonne, 1998, p. 145. En revanche, Froissart ne signale que quatre clercs secrétaires de Gaston Fébus, Pierre Tucoo-Chala, Gaston Fébus : prince des Pyrénées (1331-1391), 2e éd., Pau, J&D, 1993, p. 258.
34 ADTG, A 77, fol. 47 (23 janvier 1384 ns). En Béarn, en 1378, Berducon de Bugnein secretari de mossen lo comte est substitut du notaire secrétaire Bernard de Luntz, qu’il remplace en 1384 : Pierre Tucoo-Chala, Gaston Fébus et la vicomté de Béarn (1343-1391), Bordeaux, Bière, 1959, p. 126.
35 Johans, Les Armagnacs, op. cit., p. 218.
36 Jean Richard, « Érection en dignité de terres bourguignonnes (xive et xve siècle) », Mémoires de la société pour l’histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, 21, 1960, p. 25-41, ici p. 30.
37 Matteoni, Servir le prince, op. cit., p. 143.
38 Lo cosselh deu comte est composé à sa guise de ses parents, du sénéchal, du chancelier, du juge et du trésorier de Béarn, Tucoo-Chala, Gaston Fébus et la vicomté de Béarn, op. cit., p. 121-122.
39 Pierre Courroux, Charles d’Albret. Le connétable d’Azincourt, Bordeaux, Ausonius, 2019, p. 124 : un receveur général est nommé en 1401.
40 Schnerb, L’État bourguignon, op. cit., p. 104-105. Rien de comparable non plus avec le conseil des finances breton installé en 1379, Kerhervé, L’État breton, op. cit., p. 130.
41 Schnerb, L’État bourguignon, op. cit., p. 28 et 99.
42 Philippe Charon, Princes et principautés au Moyen Âge. L’exemple de la principauté d’Évreux (1298-1412), Paris, École des chartes, 2014, p. 422.
43 Matteoni, Servir le prince, op. cit., p. 199.
44 Kerhervé, L’État breton, op. cit., p. 345.
45 Françoise Autrand, Jean de Berry. L’art et le pouvoir, Paris, Fayard, 2000, p. 351.
46 Courroux, Charles d’Albret, op. cit., p. 123.
47 ADTG, A 80, fol. 341 (1394) et A 83, fol. 7v-8v (15 octobre 1401).
48 Ibid., fol. 12v-13v (21 décembre 1402) et 21v-22 (27 septembre 1404).
49 AD Aveyron, C 1286-1287 (1410-1414).
50 ADTG, A 80, fol. 415v-416 (12 janvier 1393 ns).
51 Ibid., fol. 463v-464v (9 mai 1399).
52 ADTG, A 83, fol. 15-16v (25 avril 1403).
53 ADTG, A 317 (1410-1421).
54 ADTG, A 262, fol. 72v-73 (18 décembre 1388) et A 263, fol. 20 (8 mars 1385 ns).
55 ADTG, A 80, fol. 322 (3 décembre 1395).
56 Il est seigneur de La Valla-en-Gier, dominus de Valle, Marie-Claire Chavarot, « Mentalités nobiliaires en Vivarais au xive siècle : la succession de Briand de Retourtour », Bibliothèque de l’École des chartes, 144/1, 1986, p. 87-143, ici p. 95.
57 ADTG, A 83, fol. 200-201 (22 mai 1415).
58 Schnerb, L’État bourguignon, op. cit., p. 289. L’Hôtel d’Armagnac suit la tradition royale qu’ont adoptée les autres princes français, notamment par la constitution d’une Chambre princière : Kerhervé, L’État breton, op. cit., p. 231 ; Matteoni, Servir le prince, op. cit., p. 148 ; Autrand, Jean de Berry, op. cit., p. 313.
59 ADTG, A 72, fol. 120v-121v (12 août 1323).
60 Bernard Montagnes, « Le rôle du Midi dominicain au temps du Grand Schisme », Cahiers de Fanjeaux, 39, Le Midi et le Grand Schisme d’Occident, 2004, p. 305-330, ici p. 306.
61 ADTG, A 265, fol. 53v-55 (23 juin 1401).
62 ADTG, A 80, fol. 314rv (13 janvier 1396 ns).
63 Ibid., fol. 356rv (29 juin 1396).
64 Paul Durrieu, Documents relatifs à la chute de la maison d’Armagnac-Fézensaguet et à la mort du comte de Pardiac, Paris, Champion, 1883, p. 94.
65 ADTG, A 265, fol. 51-52 (16 novembre 1385).
66 Johans, Les Armagnacs, op. cit., p. 292.
67 ADTG, A 262, fol. 55r (6 novembre 1389).
68 Paul Durrieu, Les Gascons en Italie. Études historiques, t. 2, La mort du comte Jean III d’Armagnac (1391), Auch, G. Foix, 1885, p. 87.
69 Matthieu Desachy, Diocèse de Rodez. Fasti Ecclesiae Gallicanae, t. 6, Turnhout, Brepols, 2002, p. 97-98.
70 ADTG, A 262, fol. 35 (20 novembre 1379) et 71rv (19 février 1381 ns).
71 Bernard Guillemain, La cour pontificale d’Avignon (1309-1376). Étude d’une société, Paris, De Boccard, 1962, p. 285.
72 ADTG, A 77, fol. 50r-v (1er juillet 1382).
73 Ibid., fol. 27v-29 (23 décembre 1375).
74 Guillemain, La cour pontificale, op. cit., p. 159.
75 ADTG, A 80, fol. 226v-230 (14 juillet 1392).
76 Johans, Les Armagnacs, op. cit., p. 314.
77 Matteoni, Servir le prince, op. cit., p. 155.
78 ADTG, A 262, fol. 44 (11 septembre 1382).
79 ADTG, A 265, fol. 93-94 (30 avril 1403).
80 ADTG, A 80, fol. 322 (3 décembre 1395) et fol. 133v (28 avril 1398).
81 ADTG, A 83, fol. 17v-18v (3 février 1403 ns).
82 ADTG, A 265, fol. 68v-70 (20 juillet 1401).
83 ADTG, A 83, fol. 200-201 (22 mai 1415).
84 ADTG, A 262, fol. 1 (27 juillet 1377).
85 Ibid., fol. 54 (29 novembre 1388).
86 Ibid., fol. 6v-7 (7 février 1378 ns).
87 Ibid., fol. 1 (27 juillet 1377-24 novembre 1383).
88 ADTG, A 83, fol. 12 (8 août 1402).
89 Ibid., fol. 200-201 (22 mai 1415).
90 Charles Higounet, Le comté de Comminges, de ses origines à son annexion à la couronne, Toulouse, Privat, 1949, p. 548.
91 ADTG, A 80, fol. 85-86v (15 juillet 1384) et fol. 250r-v (17 mars 1392 ns).
92 ADTG, A 262, fol. 12 (1er octobre 1378).
93 ADTG, A 264, fol. 50-51 (28 septembre 1392).
94 ADTG, A 262, fol. 51-52 (16 novembre 1385).
95 Ibid., fol. 54 (29 novembre 1388).
96 Son gendre depuis 1382, Bégon III d’Arjac seigneur du Cayla, de Pruines et de Combret est écuyer comtal en 1398, capitaine de Capdenac en 1407, ADTG A 80, fol. 333 (13 mars 1392 ns).
97 ADTG, A 85, fol. 24v-26v (27 février 1416 ns).
98 Juliette Dumasy, « Construction et administration territoriales d’une seigneurie en pays d’habitat dispersé. Sévérac-le-Château (Rouergue), xie-xve siècle », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 21, 2011, p. 61-72, ici p. 67.
99 ADTG, A 265, fol. 72-73 (3 février 1402 ns).
100 Durrieu, Documents relatifs, op. cit., p. 58.
101 Wolff, « The Armagnacs », art. cité, p. 186.
102 Johans, Les Armagnacs, op. cit., p. 51-53.
103 Les sénéchaux royaux Arnaud II baron de Landorre (1369-1386) et Garin VII baron d’Apcher (1386-1389), ainsi que les receveurs des États Pierre Valette (1379-1384) et Guillaume Cocural (1384-1393 et 1410-1418) sont conseillers comtaux, Pierre Flandin-Bléty, Recherches sur les États du pays et sénéchaussée de Rouergue au xive siècle, mémoire de DES, Université de Paris, 1966, p. 119 et 123.
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