Un transfert culturel entre cours
La fonction de maître rational dans l’hôtel des rois angevins et aragonais de Sicile (xiiie et xive siècles)
p. 321-334
Texte intégral
1Le contrôle des flux et des revenus gérés par des officiers est considéré, de façon très consensuelle, comme le plus puissant levier de l’apparition progressive des comptes dans les fonds documentaires archivés à partir du tournant des xiie-xiiie siècles1 Ces comptes mettent en ordre des données fournies par des documents de gestion de nature variée, souvent détruits après vérification, que l’on qualifie volontiers aujourd’hui d’écritures grises2 Le royaume de Sicile sous les Hohenstaufen participe pleinement de cette dynamique, avec la création en 1240 d’un office dédié au contrôle des comptes des officiers royaux3, dont la structuration est solidement établie sous le règne de Manfred (1258-1266)4 L’institutionnalisation du contrôle des comptes dans le royaume de Sicile a la particularité de s’incarner dans la figure des maîtres rationaux, dont la fonction consiste à réviser des comptes produits pour et par l’hôtel royal, c’est-à-dire non seulement les comptes de la cour dans sa dimension domestique, mais aussi ceux de tous les autres officiers, c’est-à-dire les acteurs de l’administration royale dotés d’une potestas déléguée, dans le cadre d’un officium défini par des normes5 Les maîtres rationaux sont également responsables de l’audition et de la clôture des comptes des officiers royaux ainsi que de la régularisation des sommes dont ces officiers seraient éventuellement débiteurs ou créditeurs.
2Dans les années 1240, après quelques hésitations sur leur nombre, Frédéric II (1198-1250) instaure deux collèges de maîtres rationaux, dont les compétences sont définies géographiquement de part et d’autre du détroit de Messine : un pour la Sicile et un pour l’Apulie (rationales Sicilie et rationales Apulie6). Selon Angelo Caruso, son fils Manfred modifie ensuite leur fonctionnement en créant un rapport hiérarchique entre un collège de rationales Apulie, exerçant leur contrôle sur les comptes des officiers des provinces, et le collège des magistri rationales Magne Curie, c’est-à-dire de la cour. Ces derniers exercent eux-mêmes un contrôle sur les rationales Apulie, en plus des officiers de l’hôtel royal dont ils examinent quotidiennement les transactions7 La chronologie de cette évolution est incertaine8, mais elle se caractérise par un double mouvement de hiérarchisation et de centralisation à la cour des opérations de contrôle.
3Cette procédure de vérification des comptes du royaume de Sicile par les maîtres rationaux a représenté un modèle puissant pour les souverains qui l’ont conquis ensuite : en Sicile et dans le royaume de Naples, à partir du xiiie siècle, les conquérants angevins et aragonais reprennent l’office dès la conquête. Surtout, ils l’assimilent au point de l’importer dans leurs autres territoires (Provence, couronne d’Aragon), de façon quasi immédiate. Autant que l’ampleur du phénomène, c’est ce rythme remarquable qui m’incite à employer la notion de transfert culturel pour le caractériser9 L’expression, érigée en concept et popularisée par Michel Espagne et Michael Werner à propos de l’Allemagne et de la France au xixe siècle, est un levier d’analyse utile pour les historiens, car elle suppose que l’objet du transfert connaît une adaptation et une réélaboration qui l’émancipent largement du modèle, de sorte qu’on est amené à raisonner en termes de métissage ou d’hybridité10 C’est la réflexion qui sera menée ici : d’abord l’étude du contexte et des modalités du transfert des maîtres rationaux d’une cour à l’autre, dans la mesure permise par l’état des fonds napolitains après l’incendie de 194311 ; ensuite, l’analyse des principaux ajustements de cet office financier dans le royaume de Naples angevin, la Sicile aragonaise et la couronne d’Aragon entre xiiie et xve siècle12.
Des contextes institutionnels favorables au transfert de l’office du maître rational
4Thierry Pécout inscrit la genèse des comptabilités provençales dans un « contexte institutionnel », le xiiie siècle, « qui voit l’émergence d’instances capables d’énoncer des principes administratifs autonomes, en particulier en vue de la production documentaire »13 Assurément, les hôtels princiers sont au nombre de ces instances, au même titre que les chapitres cathédraux dont Pécout traitait. Les hôtels princiers occasionnent des opérations de caisse incessantes, pour un éventail de sommes allant du dérisoire à l’extraordinaire et concernant une grande variété d’acteurs. Spécialisation des aires de service et flexibilité (que l’on pense aux circonstances changeantes liées à l’itinérance, voire aux guerres) sont les principes cardinaux du fonctionnement de ces institutions domestiques où l’argent va et vient en permanence14 L’ubiquité de ce noyau administratif qu’est l’hôtel du prince garantit un premier élément facilitant un transfert de l’office du maître rational d’une cour à une autre. Les autres composantes rendant propice ce transfert sont les attitudes pragmatiques ainsi que la coexistence de pratiques variables dans le contrôle comptable selon les espaces, les revenus et les officiers, dans les sphères capétienne et aragonaise.
5Dans l’espace capétien, Gaël Chenard a montré que la mise en œuvre et les évolutions des pratiques comptables au xiiie siècle sont l’objet d’une attitude extrêmement pragmatique, loin du niveau de contrôle des comptes des Échiquiers anglais et normands concernant le domaine royal. La tendance générale est à un classement simple des recettes et des dépenses, permettant un contrôle rapide, à défaut d’être pointilleux, et nécessitant peu de personnel. Reprenant les diagnostics de John Baldwin15 sur l’absence d’influence de la récupération de la Normandie sur le modèle comptable capétien « déjà assez stable et fonctionnel pour n’avoir rien à retirer à adopter le système anglo-normand16 », Chenard montre cependant que les souverains capétiens, au fil des acquisitions territoriales, ne sont pas imperméables aux influences jugées utiles ; ils déplacent les opérations de reddition des comptes des officiers de la cour en Anjou et dans le Poitou, pour généraliser la première synthèse locale par les baillis dans les années 125017 Le minimalisme capétien n’a rien d’un aveu d’impuissance ; il va de pair avec une forme de souplesse et avec la présence à la cour de clercs capables de mettre en œuvre des contrôles bien plus serrés et complexes à l’échelle de l’hôtel royal18.
6Ce pragmatisme fait nécessairement partie du bagage de Charles Ier, comte du Maine, d’Anjou et de Provence depuis 1246 lorsqu’il conquiert la Sicile en 1266. Le comté de Provence est également, au mitan du xiiie siècle, un espace où progresse rapidement une culture administrative du contrôle comptable. Le registre composite du notaire provençal Raymond Scriptor, écrit entre 1249 et 1254, témoigne de cette dynamique et d’un recours aux clercs pour exercer les premiers offices financiers (trésoriers, rationaux) responsables de ce contrôle19 L’apparition d’un clavaire régulièrement gagé en 1263, c’est-à-dire d’un receveur des revenus du domaine chargé de tenir un compte de caisse pour chaque bailliage, atteste une volonté de distinguer revenus réels et théoriques20 Dans son analyse des influences à l’œuvre dans la mise en place de cet office, Pécout explore plusieurs généalogies possibles via les administrations ecclésiastiques et urbaines, à l’exclusion du royaume de Sicile, puisque Charles Ier d’Anjou n’y a pas encore pris pied. Pour les clavaires, la chronologie des traces documentaires pointe dans la direction des institutions urbaines. En tout cas, bien avant l’acquisition de la couronne de Sicile, la Provence angevine voit la constitution d’un milieu administratif en pleine effervescence, où les circulations des hommes et des pratiques entre institutions ecclésiastiques, urbaines et comtales génèrent des hybridations nombreuses et rapides. Sans nul doute, cette expérience peut éclairer l’adoption très rapide par Charles Ier d’Anjou des maîtres rationaux dès 1266.
7Dans le contexte aragonais, les pièces comptables conservées aux Archives de la couronne d’Aragon à Barcelone, étudiées dans les années 1980 par Thomas Bisson, permirent à l’historien américain de propulser la Catalogne du xiie siècle au premier rang des monarchies administratives médiévales sur les plans de la fiscalité et du patrimoine documentaire : « après l’Angleterre, la Catalogne est, sans comparaison possible, le royaume le plus riche quant à la survie de sa précoce documentation fiscale ; […] l’expérience catalane expose des particularismes structurels caractéristiques d’une administration fiscale naissante propre à la Méditerranée21 » L’originalité pointée par Bisson se fonde largement sur l’usage de la forme de la charte ainsi que sur la pratique précoce des redditions et auditions des comptes des bayles (sous Raimond Bérenger IV, à partir des années 1150). Elle donne lieu à une normalisation des comptes sous Alphonse II (1162-1196), puis à une systématisation de la procédure, avec un archivage des pièces justificatives sous Pierre II (1196-1213). L’acteur central de ces développements est le conseiller Guillem Durfort (m. 1217) : « un brillant comptable, que ce soit clair. C’est l’une des raisons pour lesquelles il (et probablement sa famille) fut si riche. Calculant dans son office encombré, il semble être le précurseur du maître rational. Mais les circonstances des dernières années de Pierre Ier [Pierre II est le premier comte de Catalogne du nom] ne furent guère favorables à l’institutionnalisation des finances22 ». L’absence de postérité immédiate de ces évolutions administratives amène Thomas Bisson à juger sévèrement les entreprises guerrières de Pierre II d’Aragon et le désastre de Muret, alors qu’il voit dans Guillem Durfort un proto-maître rational.
8Durant le xiiie siècle, l’administration royale aragonaise des finances est progressivement structurée autour de la figure du scriba rationis, qui apparaît de façon récurrente dans la documentation en tant qu’officier de l’hôtel (deux d’entre eux sont des membres de la famille Durfort, l’un en 122523, l’autre dans les années 1280, sous Pierre III24). La dette gagée sur les recettes du domaine royal étant le premier moyen de financement auquel recourent les rois d’Aragon depuis le xiie siècle25, l’essentiel des opérations de vérification des comptes (hors hôtel royal) concerne des revenus gérés par les bayles et les subsides approuvés par les assemblées parlementaires, les corts. Ainsi, les pièces comptables produites pour les contrôles sont souvent établies par des officiers municipaux ou mandatés par les corts26 La culture du contrôle est donc bien ancrée, y compris hors de l’hôtel, à différents niveaux des institutions territoriales. À la cour, elle prend la forme de l’obligation faite au clerc des comptes, le scriva de ratio, par les ordonnances de Pierre III de 1276 ou 1277, de tenir des comptes journaliers des dépenses de l’hôtel, de confectionner les reçus afférents et de tenir à jour la liste des membres de l’hôtel nourris par le roi27.
Deux transferts imposés par les souverains
9L’introduction des maîtres rationaux du royaume de Sicile en Provence et dans la couronne d’Aragon est le fruit d’une politique d’assimilation volontariste décidée par les souverains. Le rythme même de cette assimilation témoigne de ce phénomène.
10En premier lieu, il faut souligner la parfaite continuité de l’office du maître rational dans le royaume de Sicile. Dès 1266, après la défaite de Manfred à Bénévent, Giozzolino Della Mara, figure de proue des maîtres rationaux durant tout le règne et « familier » du souverain, est passé au service de Charles Ier d’Anjou dans les mêmes fonctions, en lui livrant sa documentation28 Stefano Palmieri le considère comme « l’artisan du passage entre les deux dynasties, souabe et angevine » et juge que « la place tenue par les maîtres rationaux à la cour des deux premiers Angevins s’explique, assurément, par son influence et par son action »29 Mais l’intérêt de Charles d’Anjou pour cet office est surtout démontré par son extension à la Provence, dès 1269. Quand les maîtres rationaux disparaissent ensuite du comté de Provence pour quelques années, il ne s’agit que d’une éclipse trompeuse, car c’est pour céder la place à de nouvelles procédures resserrant les liens du comté avec le royaume italien : les maîtres rationaux sont envoyés depuis Naples effectuer des tournées provençales. Finalement, une Chambre des comptes se structure à Aix en 1288, puis, en 1302, les maîtres rationaux de Provence refont leur apparition30.
11Le rythme du transfert est tout aussi soutenu dans la couronne d’Aragon. Pierre III d’Aragon, appelé par les Siciliens rebelles à Charles Ier d’Anjou, en vertu de son mariage avec Constance de Hohenstaufen, débarque à Trapani le 30 août 1282, est couronné le 4 septembre à Palerme, puis rentre dans ses territoires ibériques en février 1283. Il nomme alors son premier maître rational. Il s’agit de Conrad Lancia (ou Lança), parent de la reine Constance. L’agency politique et l’influence de la reine à la cour de son époux sont bien établies31 Depuis ses noces en 1262, elle a contribué à établir dans l’entourage de Pierre des individus qui s’avèrent par la suite cruciaux pour l’exercice du pouvoir aragonais en Sicile : sa nourrice Bella d’Amico, mère de Roger Lauria (ou Lluria), devenu amiral de Sicile en 128332 ; le médecin et traducteur du grec et de l’arabe Giovanni da Procida, exilé par Charles d’Anjou pour traîtrise, premier chancelier de la Sicile aragonaise à partir de 128233 ; les pages de Constance, les frères Manfred et Conrad Lancia, qui deviennent respectivement capitaine de Malte et le premier maître rational de la Sicile aragonaise en mai 128334.
12Quand Pierre III rentre en Sicile en juin 1283, Conrad Lancia l’accompagne. En sus de l’office de maître rational de Sicile, il est titulaire de deux offices domestiques : porter maior (grand portier) et maître rational de l’hôtel royal ; le même été, il révise ses premiers comptes d’officier de la couronne d’Aragon35 Ses liens lignagers avec la reine et le royaume de Sicile ont justifié qu’il reçoive l’office de maître rational dans l’île sans que sa carrière jusqu’en 1282 le signale vraiment comme un comptable de premier plan. Il est amiral du royaume de Valence en 1278, puis gouverneur du même royaume en 1280. Sa personnalité remarquable – décrite par le chroniqueur Ramon Muntaner, qui insiste sur son intelligence et sa maîtrise de l’art oratoire36 – ainsi que son rôle de premier plan dans l’entourage royal ont sans doute constitué un levier commode pour étendre les prérogatives du maître rational de la seule Sicile à l’hôtel royal et, partant de là, à tous les officiers de la couronne.
13Cependant, l’initiative tourne court, et l’on conserve la trace de véhémentes protestations faites devant les corts en septembre 1283 quant à l’intromission de « juges d’autres langues et nations » dans les affaires aragonaises37 Conrad Lancia apparaît encore comme maître rational dans la documentation, mais il ne révise plus de comptes et accomplit des missions diplomatiques. La résistance rencontrée ne décourage toutefois pas le roi, qui continue à faire référence à la nécessaire reddition annuelle des comptes des officiers au maître rational de sa cour. En juin 1285, le Valencien Pere de Llibià est cité dans cette fonction, qui connaît une série d’éclipses liées aux successions (Pierre III décède en novembre 1285, son successeur Alphonse III en juin 1291) et aux conflits avec la France et le royaume de Majorque. L’historien Tomas de Montagut i Estragués évoque la période comme un temps d’instabilité, puis de consolidation de l’office, avec la nomination en 1293, sous le règne de Jacques II, de Arnau Ça-Bastida, issu d’un lignage marchand de Barcelone38.
14Un autre élément important soulignant l’imitation volontariste du fonctionnement administratif des finances du royaume de Sicile par les souverains aragonais est la répartition des tâches entre maîtres rationaux et trésoriers. Au trésorier revient la responsabilité des opérations de caisse ainsi que de l’établissement des reçus et quittances, tandis que les opérations de contrôle fondées sur ces pièces relèvent des maîtres rationaux. Cette distinction est mise en place en 1277 dans le royaume de Sicile angevin39, puis étendue en Provence en 1290 par Charles II40 Dès 1282 et le déclenchement des menées aragonaises dans l’île de Sicile, un trésorier aux prérogatives semblables apparaît dans l’hôtel de Pierre III, d’abord pour la seule Sicile, puis pour toutes les composantes de la couronne d’Aragon à partir de 1284, avec Bernat Escrivà41 À compter de 1293, trésorier et maître rational constituent de façon stable le binôme organisant une administration financière aragonaise bifide42, à l’instar de ce qui se pratique en synchronie dans les territoires angevins.
Hybridations locales de l’office du maître rational
15Après ces trajectoires quasi parallèles de transfert, on observe, à travers les évolutions des maîtres rationaux, certaines idiosyncrasies dans l’administration des finances angevines et aragonaises au xive siècle, qui se manifestent d’autant plus nettement que le modèle du royaume de Sicile constitue la référence commune.
16Les trajectoires de l’office divergent quand les souverains angevins de Naples dotent les maîtres rationaux d’une cour de justice, la Regiae curiae officii rationum, pour laquelle le juriste Andrea d’Isernia rédige un traité juridique établissant ses procédures, le Ritus regiae curiae officii rationum (connu ensuite le nom de De iure dohanarum), à une date incertaine sous le règne de Charles II43 Il occupe lui-même la fonction de maître rational, parmi de nombreuses autres au sommet de l’administration royale, à partir de 1294 au moins, et jusqu’à son décès en 132244 Dès 1294, les prérogatives du maître rational sont judiciarisées et l’office confié à un binôme, la documentation faisant état de deux maîtres rationaux à la tête de cette cour45 Son nom évolue en Audientia summaria puis Camera summaria au cours du xive siècle, sans que l’on puisse relier précisément ces changements aux réglementations successives du règne de Robert Ier (1309-1343) où les qualificatifs attachés à la curia in officio rationum46 demeurent fluctuants47 En janvier 1345, une ordonnance de Jeanne Ire fixant la composition de la cour indique une tendance à la croissance des effectifs et à la délégation du travail à de simples auditeurs des comptes (au nombre de cinq) et à deux rationaux assistant quatre maîtres rationaux, dont il est permis de se demander s’ils travaillaient par tours. Depuis 1317, seuls les maîtres rationaux peuvent manier des espèces et recueillir les sommes liées aux sorties de charge des officiers48 En février 1347, une lettre de la reine Jeanne évoque deux présidents de la Summaria puis, en septembre 1350, un privilège rappelle et confirme toutes les prérogatives des maîtres rationaux, probablement dans le cadre d’un conflit de compétences avec les autres officiers et les présidents de la Summaria à propos des litiges commerciaux49 Cet épisode est le premier d’une série de conflits internes perturbant le fonctionnement du tribunal au xve siècle. En Provence, Pécout observe la même tendance à la stratification du personnel de la cour ainsi qu’une croissance des effectifs des maîtres rationaux50.
17En ce qui concerne la couronne d’Aragon, la paix de Caltabellotta, en 1302, entérine la naissance d’un royaume de Trinacrie, correspondant à la seule Sicile, où règne une branche cadette de la maison d’Aragon depuis 1296 : le parlement avait alors offert cette couronne à Frédéric, second fils de Pierre III d’Aragon. L’île conserve les institutions qui étaient celles du royaume de Sicile angevin, y compris une curia rationalis dont le fonctionnement s’apparente à la Summaria angevine51 Ce n’est que tardivement que les Aragonais de Sicile prennent des mesures normatives pour leur Summaria, et cela pour préciser, en 1402, que « les maîtres rationaux élaboreront les lettres relatives aux douanes, gabelles et patrimoine royale selon les normes anciennes relatives à leur office52 ».
18Ces similitudes observables entre la Sicile aragonaise de Trinacrie et le royaume angevin de Naples ne se retrouvent pas dans la couronne d’Aragon ibérique, où le maître rational, à partir de 1293, demeure l’unique responsable d’un office qui ne connaît pas le même processus de judiciarisation de la révision des comptes. Toutefois, l’expérience sicilienne de Jacques II, roi de Sicile de 1285 à 1295, et successeur d’Alphonse III d’Aragon en 1291, joue assurément un rôle dans l’installation définitive de cet office. Le financement des entreprises royales par le recours au crédit a suscité un commerce étroit entre Alphonse III puis Jacques II et les élites marchandes catalanes, à commencer par la compagnie du Barcelonais Arnau Ça-Bastida, à qui la monarchie doit plus de 500 000 sous barcelonais en mai 129053 Ça-Bastida possède par ailleurs une grande expérience de l’administration financière : il a occupé les fonctions de scriba rationis, il est trésorier quand cette reconnaissance de dette astronomique est établie et Alphonse III lui assigne un dixième de la totalité de ses revenus pour apurer cette somme. La nomination du même Ça-Bastida comme maître rational par Jacques II a donc pour fonction de rassurer le réseau des créditeurs du roi, en offrant au premier d’entre eux, dont le lignage occupe une place éminente au Conseil des Cent de Barcelone54, le poste d’observation idéal des finances royales55.
19Les normes de fonctionnement établies sous le règne de Pierre IV d’Aragon (1336-1387) comprennent trois ordonnances ad hoc de 1338-133956, puis des prescriptions générales dans le cadre des ordonnances de l’hôtel royal d’octobre 134457 Elles font clairement du maître rational et de l’administration financière placée sous ses ordres une composante de la maison royale, et non une cour de justice. Il s’agit de 24 personnes réparties en trois services : le maître rational et ses subalternes, le trésorier et ses assistants, et des clercs des comptes.
20Le dernier aspect divergent de l’office des maîtres rationaux au fil du xive siècle entre les rivages ibériques et tyrrhéniens de la Méditerranée touche au profil sociologique et aux carrières de ces officiers58 Dans le royaume de Naples, l’inflation numérique des maîtres rationaux59 se conjugue à deux autres tendances nettes : environ 15 % d’entre eux sont gradués de l’université, surtout des juristes, sur un total d’environ 200 personnes repérées à ce jour. Ils sont les têtes d’affiche de l’office, avec des profils homogènes. Leurs carrières sont articulées entre plusieurs institutions : la chancellerie, la grande cour de justice de la Vicaria et la cour de la Summaria. Ils portent le titre de conseiller et sont mentionnés comme des familiers du souverain60 À la fin du xive siècle, la cour de la Summaria de Naples est le théâtre de conflits de compétences entre les maîtres rationaux et leurs subordonnés, suscitant l’intervention du roi Ladislas Ier en octobre 1409 : désormais les maîtres rationaux doivent être choisis parmi les familles des cinq seggi (circonscriptions territoriales de l’universitas noble de Naples), dans la limite de quatre personnes par seggio. Les mandats sont fixés à six mois et semblent être devenus honorifiques pour une partie d’entre eux61 Ces données contrastent fortement avec la liste de treize maîtres rationaux de la couronne d’Aragon, de 1286 à 1408, à propos desquels Esther Tello Hernández, dans un article encore inédit, parle de cursus honorum, notant que la majorité des maîtres rationaux au xive siècle accèdent à l’office au terme d’une progression dans les administrations financières de l’hôtel royal, dont la première étape est souvent l’office de scriva de racio62.
Conclusion
21La chronologie très resserrée de la diffusion de l’office du maître rational dans les territoires des héritiers de la culture administrative des Hohenstaufen est remarquable. Elle répond à un besoin de contrôle et de supervision régulière des officiers qui manient les ressources royales, mais il faut garder à l’esprit que les comptes rendus et la documentation produite servent sans doute également à offrir des assurances aux créditeurs de souverains souvent impécunieux. Les longues séries d’archives normalisées produites par ces institutions font pleinement partie du projet des souverains adoptant l’office du maître rational : autant que l’incarnation et la manifestation du contrôle royal dans des figures jouissant de larges prérogatives ou d’une cour de justice, la création annuelle de volumes comptables contribuant à l’élaboration d’une collection de monuments de la bonne gestion et de la bonne foi royale est cruciale. La publicité et les configurations spatiales associées à la révision des comptes restent à étudier dans les espaces abordés ici, mais on peut formuler l’hypothèse que ces procédures sont une sorte de spectacle du fonctionnement de l’administration, destiné aux élites politiques et financières.
Notes de bas de page
1 Thomas Bisson, Fiscal Accounts of Catalonia Under the Early Count-Kings (1151-1213): Accounts, Related Records, and Indices, Berkeley, University of California Press, 1984, 2 vol. ; Michael Clanchy, From Memory to Written Record. England 1066-1307, 3e éd., Oxford, Blackwell, 2013 ; Gaël Chenard, L’administration d’Alphonse de Poitiers (1241-1271), Paris, Garnier, 2017, p. 328-438 ; Id., « La comptabilité capétienne au xiiie siècle », dans Thierry Pécout (dir.), De l’autel à l’écritoire. Genèse des comptabilités princières en Occident (xiie-xive siècle), Paris, De Boccard, 2017, p. 347-368. À défaut de pouvoir rendre compte ici de la très dynamique historiographie consacrée aux écritures comptables, je renvoie à la revue Comptabilité(s). Revue d’histoire des comptabilités, qui constitue un point de départ utile (https://journals.openedition.org/comptabilites/).
2 Arnaud Fossier, Johann Petitjean, Clémence Revest (dir.), Écritures grises. Les instruments de travail des administrations (xiie-xviie siècle), Paris, École des chartes, 2019.
3 Registrorum Fridericianorum excerpta Massiliensia, dans Eduard Winkelmann (éd.), Acta imperii inédita seculi xiii, vol. 1, Innsbruck, Wagner’sche Universitäts-Buchhandlung, 1880, p. 731-754 ; Cristina Carbonetti Vendittelli (éd.), Il registro della cancelleria di Federico II del 1239-1240, Rome, Istituto storico italiano per il medio evo, 2002, vol. 2, doc. 1044-1046, p. 909-913.
4 Voir le titre Officium magistrorum racionalium secundum aliquod tempus obtendum employé pour l’ordonnance de Manfred, voir Registrorum Fridericianorum excerpta Massiliensia, op. cit., vol. 1, doc. 995, p. 748 ; Andreas Kiesewetter, « Il governo e l’amministrazione centrale del regno », dans Giosuè Musca (dir.), Le eredità normanno-sveve nell’età angioina, Bari, Università di Bari, 2004, p. 25-68, ici p. 45 ; Angelo Caruso, « Il controllo dei conti nel Regno di Sicilia durante il periodo svevo », Archivio storico per le province napoletane, 64, 1939, p. 201-236.
5 Registrorum Fridericianorum excerpta Massiliensia, op. cit., vol. 1, doc 995, p. 748 : Officium magistrorum racionalium est videlicet videre et discutere raciones omnium officialium tam illorum qui sunt in curia deputati, quam illorum, qui sunt officiales in regno extra curiam.
6 Entre 1243 et 1245, Caruso, « Il controllo dei conti », art. cité, p. 207-210.
7 Ibid., p. 212.
8 Probablement après 1259, ibid., p. 213.
9 Il faut rappeler que le premier à avoir employé l’expression est Fernand Braudel : « La plupart des transferts culturels s’accomplissent sans que l’on connaisse les camionneurs. Ils sont si nombreux, les uns si rapides, les autres si lents, ils prennent tant de directions que nul ne s’y reconnaît dans cette immense gare de marchandises où rien ne demeure en place. Pour un bagage reconnu, mille nous échappent : adresses et étiquettes manquent, et tantôt le contenu, tantôt l’emballage », La Méditerranée et le monde méditerranéen au temps de Philippe II, 9e éd., Paris, Armand Colin, 1990, vol. 2, p. 488.
10 Je ne renvoie ici qu’aux introductions de deux colloques récents, qui font le point sur l’usage intensif de la notion dans l’historiographie actuelle, dans le sillage des « circulations » et de l’« histoire connectée » : Martin Aurell, Marisa Galvez, Estelle Ingrand-Varenne, « Introduction », dans Id. (dir.), Transferts culturels entre France et Orient latin (xiie-xiiie siècle), Paris, Classiques Garnier, 2021, p. 7-20 ; Pierre Bauduin, Luc Bourgeois, Simon Lebouteiller (dir.), Les transferts culturels dans les mondes normands médiévaux (viiie-xiie siècle). Objets, acteurs et passeurs, Turnhout, Brepols, 2021.
11 Gian Luca Borghese, « L’ombre portée d’archives disparues », dans Benoît Grévin, Aude Mairey (dir.), Le Moyen Âge dans le texte. Cinq ans d’histoire textuelle au Laboratoire de médiévistique occidentale, Paris, Publications de la Sorbonne, 2016, p. 181-192.
12 Faute de place, j’exclus ici des espaces qui sont partie prenante des dynamiques de transfert et d’évolution de l’office de maître rational en Méditerranée occidentale : la Provence, dont les maîtres rationaux sont les mieux documentés et connus, grâce aux travaux de Thierry Pécout et de Jean-Luc Bonnaud, et le royaume de Majorque, placé de 1286 à 1298 sous la domination de Pierre III d’Aragon. Cette période correspond à l’assimilation du maître rational dans les États de Pierre, royaume de Majorque inclus : l’hôtel de ses rois compte un maître rational au moins entre 1316 et 1342, Lorenzo Perez Martinez (éd.), Leyes Palatinas, Palma de Majorque, Olañeta, 1991, p. 60-61. Sur l’implantation de deux maîtres rationaux en Dauphiné en 1334 par Humbert II, de retour de Naples, Anne Lemonde, « Le Dauphiné, trait d’union entre deux mondes ? Grenoble-Paris-Naples, 1226-1349 », dans Ead., Ilaria Taddei (dir.), Circulation des idées et des pratiques politiques (France et Italie, xiiie-xvie siècle), Rome, École française de Rome, 2013, p. 129-148, ici p. 140-141.
13 Thierry Pécout, « Aux origines d’une culture administrative. Le clergé des cathédrales et la genèse d’une comptabilité princière en Provence à la fin du xiiie siècle », dans Id. (dir.), De l’autel à l’écritoire, op. cit., p. 49-67, ici p. 49.
14 Alexandra Beauchamp, Antoni Furió, Germán Gamero Igea, Maria Narbona Cárceles (dir.), Acoger, abastecer y financiar la corte, Valence, Publicacions de la Universitat de València, 2019.
15 John Baldwin, Philippe Auguste et son gouvernement, Paris, Fayard, 1991, p 201-203.
16 Chenard, L’administration d’Alphonse de Poitiers, op. cit., p. 342.
17 Ibid., p. 243.
18 Ibid., p. 244-248.
19 Pécout, « Aux origines d’une culture administrative », art. cité, p. 49-68.
20 Id., « Comptabilité urbaine, comptabilité du prince : modèles et interactions en Provence (xiiie-début xive s.) », Comptabilités, 12, 2019, https://journals.openedition.org/comptabilites/3444 ; Gaël Chenard, « La norme comptable capétienne au xiiie siècle : une certaine écriture de la réalité », dans Marco Conti, Maria Cristina Panzera (dir.), Écritures normées et professions (Moyen Âge-xvie siècle), Bordeaux, Ausonius, 2019, p. 47-58, ici p. 57, renvoyant au registre des AD Bouches-du-Rhône B1501.
21 Bisson, Fiscal Accounts of Catalonia, op. cit., vol. 1, p. 151, trad. par Roxane Chilà. Rappelons que depuis 1137, la couronne d’Aragon est une monarchie composite issue des noces des héritiers du comté de Barcelone et de l’Aragon (Raimond-Bérenger IV et Pétronille).
22 Ibid., p. 150, trad. par Roxane Chilà. Sur Durfort, ibid., p. 148-150.
23 Josep Trenchs Odena, « La cancilleria de Jaime I : Cancilleres y escribanos », dans Studi Giulio Battelli, Rome, Edizioni di Storia e letteratura, 1979, vol. 2, p. 97-128, ici p. 106 ; Josep Trenchs Odena et Antonio María Aragó, Las cancillerías de la Corona de Aragón y Mallorca desde Jaime I a la muerte de Juan II, Saragosse, Institución Fernando el Católico, 1983.
24 Ludwig Klüpfel, « Die Beamten der aragonischen Hof- und Zentralfinanzverwaltung am Ausgange des 13. Jahrhunderts », Vierteljahrschrift für Sozial- und Wirtschaftsgeschichte, 11, 1913, p. 1-44, ici p. 13-15 ; Ludwig Klüpfel, Hans Eduard Rohde, Verwaltungsgeschichte des Königreichs Aragon zu Ende des 13. Jahrhunderts. Aus dem Nachlasse hrsg. von H. E. Rohde, Berlin, Kohlhammer, 1915, p. 22-26 ; Marta VanLandingham, Transforming the State: King, Court, and Political Culture in the Realms of Aragon: 1213-1387, Leyde/Boston, Brill, 2002, p. 129-144.
25 Bisson, Fiscal Accounts of Catalonia, op. cit. ; Jocelyn Hillgarth, « The Royal Accounts of the Crown of Aragon », dans Harvey Hames (dir.), Jews, Muslims, and Christians in and Around the Crown of Aragon: Essays in Honour of Professor Elena Lourie, Leyde, Boston/Brill, 2014, p. 15-33 ; VanLandingham, Transforming the State, op. cit., p. 119-128.
26 Manuel Sánchez Martínez, El naixement de la fiscalitat d’Estat a Catalunya: segles xii-xiv, Vic, EUMO, 1995.
27 Próspero de Bofarull y Mascaró (éd.), Colección de Documentos Inéditos del Archivo General de la Corona de Aragón, t. 6, Barcelone, José Eusebio Monfort, 1850, p. 5-14, trad. en anglais dans VanLandingham, Transforming the State, op. cit., p. 201-2011.
28 Mario Caravale, s. v. « Della Marra, Giozzolino », Dizionario biographico degli Italiani, 37, 1989.
29 Stefano Palmieri, La cancelleria del Regno di Sicilia in età angioina, Naples, Accademia Pontaniana, 2006, p. 30-40 ; Id., « La chancellerie angevine », art. cité.
30 Thierry Pécout, « Les maîtres rationaux angevins au xive siècle : le cas de la Provence », Reti Medievali Rivista, 20/2, 2019, p. 155-187. Sur ces évolutions provençales, voir aussi Michel Hébert, « L’ordonnance de Brignoles, les affaires pendantes et l’information administrative en Provence sous les premiers Angevins », dans Claire Boudreau, Kouky Fianu, Claude Gauvard (dir.), Information et société en Occident à la fin du Moyen Âge, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2004, p. 41-56.
31 Martha VanLandingham, « The Hohenstaufen Heritage of Costanza of Sicily and the Mediterranean Expansion of the Crown of Aragon in the Later Thirteenth Century », dans Dionysius Agius, Ian Netton (dir.), Across the Mediterranean Frontiers, Turnhout, Brepols, 1997, p. 87-104.
32 Andreas Kiesewetter, s. v. « Lauria, Ruggero di », Dizionario biographico degli Italiani, 64, 2005.
33 Salvatore Fodale, s. v. « Procida, Giovanni Da », Dizionario biographico degli Italiani, 85, 2016.
34 Patrizia Sardina, s. v. « Lancia, Corrado », Dizionario biographico degli Italiani, 63, 2004 ; VanLandingham, « The Hohenstaufen Heritage », art. cité, p. 93.
35 Ibid., p. 72-77.
36 Ibid., p. 90.
37 Ead., Transforming the State, op. cit., p. 147-149, synthétisant Tomàs de Montagut i Estragués, El Mestre Racional a la Corona d’Aragó (1283-1419), Barcelone, Fundació Noguera, 1987, vol. 1, p. 70-81.
38 Ibid., p. 95-173.
39 Palmieri, La cancelleria del Regno di Sicilia, op. cit., p. 33. Voir la documentation éditée par Alain de Boüard, Documents en français des archives angevines de Naples. Règne de Charles Ier, vol. 1 et 2, Paris, De Boccard, 1933 et 1935.
40 Pécout, « Les maîtres rationaux angevins », art. cité, p. 158-159.
41 Josep Trenchs i Odena, Casa, corte y cancillería de Pedro el Grande : 1276-1285, Rome, Bulzoni, 1991, p. 57-61.
42 Voir pour le xive siècle, Christian Guilleré, « Les finances royales à la fin du règne d’Alfonso IV el Benigno (1335-1336) », Mélanges de la Casa de Velázquez, 18/1, 1982, p. 33-60.
43 Francesco Calasso, s. v. « D’Isernia, Andrea », Dizionario biographico degli Italiani, 3, 1961.
44 Bibliothèque de la Società napoletana di storia patria (abrégé BSNSP), Giovanni Battista Bolvito (Variarum rerum, XXI D 3, volume 2, p. 271) prend en note le registre disparu ainsi référencé : « Ludovici et Joannae 1322 ind 4 f° 27 ».
45 Camillo Minieri Riccio, Studi storici sopra 84 registri angioini, Naples, Rinaldi & Sellitto, 1876, p. 31-32.
46 Capitulum d’août 1338, dans Niccolo Toppi, De origine omnium tribunalium nunc in castro capuano fidelissimae civitatis Neapolis existentium, vol. 1, Naples, Onofrio Savio, 1659, p. 246-247.
47 Septembre 1317 : Capitulum de compilatione & compositione rationum officialium rubrica, dans Niccolò De Bottis, Utriusque Siciliae constitutiones capitula, ritus et pragmaticas, Venise, Giovanni Varisco et Paganino Paganini, 1590, p. 383-384, 1324 et 1328, modification des rémunérations du personnel de la cour, dans Minieri Riccio, Studi storici, op. cit., p. 48-49.
48 Voir infra, n. 51.
49 Ritus Regiae Camerae Summariae Regni Neapolis, Naples, Jacobus Raillard, 1689, p. 673, et Annibal Moles, Decisiones Supremi Tribunalis Regiae Camerae Summariae, Naples, Typis et sumptibus Michaelis Aloysii Mutio, 1718, p. 193-194.
50 Pécout, « Les maîtres rationaux angevins », art. cité, p. 167.
51 Pietro Corrao, Governare un regno: potere, società e istituzioni in Sicilia fra Trecento e Quattrocento, Naples, Liguori, 1991 ; Id., « I Maestri Razionali e le origini della magistratura contabile (secc. xiii-xv) », dans Storia e attualità della Corte dei conti, Palerme, Associazione Mediterraneo, 2013, p. 31-46 ; Francesco Paolo Tocco, « Élites urbane e finanze regie nella Sicilia aragonese », dans Lorenzo Tanzini, Sergio Tognetti (dir.), Il governo dell’economia. Italia e Penisola Iberica nel basso Medioevo, Rome, Viella, 2014, p. 105-130.
52 Capitulum, 60, éd. par Raimondo Raimonetta, dans Capitula regni Sicilie, Venise, Domenico e Giovanni Battista Guerra fratelli, 1573, p. 109, trad. par Roxane Chilà.
53 De Montagut i Estragués, El Mestre Racional, op. cit., vol. 1, p. 145 et vol. 2, p. 105-106.
54 Carmen Battle i Gallart et al., El « llibre del consell » de la ciutat de Barcelona, segle xiv: les eleccions municipals, Barcelone, CSIC, 2007, p. 390-771, passim.
55 De Montagut i Estragués, El Mestre Racional, op. cit., vol. 1, p. 164 : […] una intromissió total i directa dels interessos de la burgesia en el centra neuràlgic de l’administració règia.
56 Ibid., vol. 2, p. 17-20 et p. 152-154.
57 Francisco Gimeno Blay, Daniel Gozalbo Gimeno, Josep Trenchs Odena (éd.), Ordinacions de la Casa i Cort de Pere el Ceremoniós, Valence, Universitat de València, 2011, p. 147-153.
58 Un travail prosopographique sur les maîtres rationaux entre xiiie et xve siècles en cours donnera prochainement lieu à une publication spécifique.
59 La base de données Prosopange livre 92 noms de maîtres rationaux du royaume de Sicile puis de Naples entre xiiie et xve siècles, auxquels il faut ajouter une centaine d’individus que l’on repère dans les notes des érudits modernes napolitains (Giovanni Battista Bolvito et Camillo Tutini) conservées à la bibliothèque nationale de Naples et à la bibliothèque de la Società napoletana di storia patria.
60 Par exemple Gentile Merolinis de Sulmona, actif entre 1384 et 1409, BSNSP, XXI D 4, vol. 3, Bolvito, Variarum rerum, op. cit., p. 76 ; Camillo Minieri Riccio, Saggio di codice, vol. 1, Naples, Furchheim, p. 30-32 ; Id., Studi storici su’ fascicoli angioini dell’archivio della regia zecca di Napoli, Naples, Rinaldi e Sellitto, 1863, p. 89.
61 Toppi, De origine omnium tribunalium, op. cit., p. 248-252.
62 Esther Tello Hernández, « La trayectoria de los oficiales de la hacienda regia en la Corona de Aragón: el maestre racional, el tesorero y el escribano de ración durante el siglo xiv », dans Francisco de Paula Cañas Gálvez (dir.), La Corona y sus servidores, Individualidades, instituciones y estructuras curiales en los reinos hispánicos durante la Baja Edad Media (c.a. 1340-1516), Séville, Editorial Universidad de Sevilla, 2021, p. 499-526.
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