Imiter le prince ?
La cour du seigneur d’Audenarde (xiie-xiiie siècle)
p. 307-320
Texte intégral
1Alors que la cour princière, en particulier la cour royale de France, a été étudiée, pour l’époque moderne notamment1, la cour baronniale reste méconnue2 L’historiographie évoque seulement le désir des barons d’imiter les princes. Pour Norbert Elias, il s’agirait même de l’un des traits caractéristiques du Moyen Âge3 La cour du seigneur d’Audenarde, premier des barons et pairs de Flandre, offre l’occasion de rompre l’« absolutisme historiographique » des monarques et de comparer une cour « inférieure » à celle des princes.
2Les sires d’Audenarde possédaient un vaste domaine quasi allodial sur les frontières entre Flandre et Hainaut, une zone très fertile dotée de plusieurs villes et de postes de tonlieu sur les cours d’eau. L’apogée de la famille correspond au début du xiiie siècle, avec Arnould IV d’Audenarde (1182-1242), grand bailli de Flandre, et sa femme, Alice de Rozoy, confidente de la reine de France, Blanche de Castille4.
3Avec Marcello Fantoni, une cour peut être définie comme un espace politique et sacral, une société machiste et élitaire, composée par des « états » différents autour du prince, mais aussi une force culturelle, économique et militaire, un centre de pouvoir avec un système clientéliste et, enfin, un lieu où manifester ce même pouvoir5 Cette définition correspond à la manière dont Jean Ier d’Audenarde (vers 1225-1292) présente sa cour, lorsqu’il affirme, en 1261, à propos d’une renonciation juridique, qu’elle s’est faite « par devant mi et en me court par devant mes houmes6 ».
La composition de la cour
4La cour est d’abord le théâtre des actes juridiques passés devant le seigneur ou son représentant7 Entre 1110 et 1285, 71 chartes passées devant la cour d’Arnould IV et de Jean Ier mentionnent la cour8 41 datent du xiiie siècle, période sur laquelle se concentrera cette étude.
5Dès l’époque carolingienne, la cour est en général composée de trois groupes : les milites ou ministri, c’est-à-dire les parents, compagnons, vassaux et administrateurs du seigneur, qualifiés de « cour noble » ; les servientes ou famuli (le ménage proprement dit) ; et la chancellerie, à laquelle est associée l’administration domaniale9.
La cour noble
6Les chartes des seigneurs d’Audenarde permettent d’identifier 746 témoins présents à la cour lors de réunions des nobles autour du seigneur. Huit familles se distinguent par la fréquence de leurs apparitions, tous des petits vassaux fidèles de leur seigneur. Ces familles sont le reflet de l’identité complexe des terres d’Audenarde, néerlandophones et francophones, souvent bilingues, comme la cour d’Angleterre10 79 % des personnes sont nobles, dont une majorité (55 %) sont des petits vassaux. 6 % sont clercs et 15 % des paysans et bourgeois11.
7La cour est le lieu privilégié de contact entre le seigneur et ses vassaux principaux. Bien que 62 % du domaine du seigneur d’Audenarde soient situés en pays thiois, seuls 55 % des curiales sont néerlandophones12 Les vassaux francophones, moins nombreux, sont plus présents à la cour, comme on l’observe également dans l’entourage des Plantagenêts ou à la cour de Flandre13.
8La mesnie, ou ménage militaire du seigneur, montre le poids de l’élément militaire au sein de la cour, et plus généralement de la société médiévale. Alors que la cour royale des Plantagenêts compte près de cent chevaliers, les cours baronniales les plus modestes en comptent une dizaine14 D’après les chartes du xiiie siècle, la mesnie d’Arnould IV est composée d’environ quatorze chevaliers : des membres de sa famille (les Maarke, Machelen, Mortagne), des vassaux plus importants et quelques petits vassaux, attachés principalement au service du seigneur (et correspondant souvent aux membres « fixes » de son entourage noble). La majorité sont des chevaliers mariés, qui ne dépendent pas uniquement du seigneur sur le plan financier, mais reçoivent, grâce à ce service, un supplément de revenus et/ou de prestige15 Plusieurs chevaliers non nobles font partie de la mesnie seigneuriale, moyen pour eux d’accéder à la chevalerie16.
Le ménage seigneurial
9Avec la mesnie, le ménage, c’est-à-dire l’ensemble des « domestiques » au service du seigneur, forme la colonne vertébrale de la cour17 Vers 1250, les cours princières adoptent une structure avec cinq grands officiers (chancelier, sénéchal, chambrier, connétable et bouteiller) et six métiers (chambre, écurie, paneterie, échansonnerie, cuisine et fruiterie), auxquels s’ajoutent le maréchal, le fourrier et le veneur. Les cours baronniales suivent ce modèle, mais à un degré moindre d’organisation18.
10À Audenarde, on trouve déjà au xiie siècle le sénéchal, chef du ménage. D’après Godfried Croenen, la même personne occupe la charge de bouteiller et de sénéchal dans les ménages des Pays-Bas19 Cela se vérifie à Audenarde au xiiie siècle. Le chambrier ou chambellan se confond avec l’écuyer ou valet du seigneur, un officier de confiance du seigneur. Le chambellan/écuyer du seigneur d’Audenarde est placé à la tête de la chambre. De l’écurie, très importante dans les cours seigneuriales, on ne sait malheureusement rien. Aucun connétable n’est recensé, un indice, peut-être, de l’orientation hennuyère de la maison. À la cour du Hainaut, en effet, l’écurie est peu importante et le connétable ne fait pas partie des grands officiers20 Les autres métiers sont organisés de manière hiérarchique : la paneterie et la fruiterie (et probablement l’échansonnerie) sont soumises au maître cuisinier. La cuisine compte certainement, en plus des aides de cuisine, un chef-cuisinier, un boulanger et un boucher. De la vénerie, on connaît le fauconnier, l’un des membres les mieux payés du ménage, et le braconnier, responsable des chiens du seigneur21.
11Cette liste des officiers est complétée par les ménestrels et les « officières », des dames au service de la cour, sur lesquelles on sait peu de choses. La seule dame connue, « damoisele Gille, ki warde mes enfans », apparaît en 1302 dans le testament d’Arnould V. D’autres femmes sont certainement associées à l’entourage de la dame d’Audenarde, mais elles n’ont pas laissé de trace, ce qui confère une image très masculine à la cour. Il existe pourtant des liens étroits entre le ménage et la dame d’Audenarde : c’est en effet dans l’entourage de la douairière-régente qu’apparaissent les officiers du ménage22 Enfin, les officiers sont assistés par une petite armée de serviteurs, des « garçons » qui effectuent des travaux moins spécialisés et sont moins payés. Ces domestiques, attestés surtout au début du xive siècle, forment l’entourage militaire du seigneur avec la mesnie23.
12Comme le montre l’exemple d’Audenarde, les cours baronniales semblent avoir suivi le modèle princier, à une échelle réduite. Alors que le ménage des princes comprend entre cinquante et soixante personnes, celui des barons se compose d’une quinzaine de personnes identifiables24 Le ménage audenardais peut être considéré comme un grand ménage baronnial. Commandé par un sénéchal-chevalier, il est subdivisé en cuisine (cuisine au sens strict, paneterie, échansonnerie et fruiterie, dirigés par des valets non-nobles dotés d’un certain prestige), chambre/salle (avec les valets, les demoiselles, les ménestrels, etc.) et, enfin, vénerie/étable. Contrairement à la coutume française, où la chambre domine le ménage, la cuisine en est la partie la plus importante, ce qui rapproche la cour audenardaise de celle du comte de Hainaut25.
13Les offices ne semblent pas héréditaires comme dans les cours princières. Ainsi, on n’observe pas de continuité entre le sénéchal flobecquois Gilles de L’Eau et ses prédécesseurs gantois du xiie siècle. La rémunération des officiers, sous forme de terres à cens, suggère néanmoins le désir seigneurial de se lier à long terme les officiers. Plusieurs membres d’une même famille, souvent des frères, sont au service du seigneur d’Audenarde, surtout au xiie siècle26.
La chancellerie seigneuriale
14Un autre élément important est la chancellerie, institution à laquelle se rattache l’administration domaniale27 À sa tête se trouve le notaire du seigneur. Le premier identifié est Roger, notaire d’Arnould IV en 1221-1231. Vers 1250, le notaire est Quentin, lié au chapitre de Saint-Martin de Picquigny28 et depuis longtemps au service de Mathilde de Crecques, la deuxième épouse de Jean Ier. Aux côtés du chancelier (ou notaire seigneurial), on trouve un autre clerc au moins, attaché au service de la dame d’Audenarde. Cette chancellerie ne ressemble pas aux grandes chancelleries princières des temps modernes. Il s’agit plutôt d’un petit groupe de clercs (deux personnes ?) qui rédige ou valide les chartes du seigneur, de manière plus ou moins régulière, et qui remplit d’autres tâches comme l’administration du domaine, la gestion des archives ou encore la rédaction de comptes.
15Ces petites chancelleries seigneuriales apparaissent vers 1200, ce qui correspond, à Audenarde, à l’époque du notaire Roger. Contrairement aux cours princières, la chancellerie audenardaise ne se laïcise pas avant le xive siècle, sans doute du fait de sa petite taille.
16Les clercs de la chancellerie sont probablement aussi associés à la chapelle du seigneur29 La chapelle seigneuriale est composée des chapelains attachés aux châteaux d’Audenarde, de Flobecq et de Bois-de-Lessines. Arnould IV y ajoute, par testament, les prébendes d’Hubermont et de La Royère (instituées vers 1245). En 1287, la prébende du château d’Audenarde est détenue par François, persona et doyen d’Audenarde. À l’origine, le chapelain est peut-être un membre du chapitre séculier d’Audenarde30, comme à Wezemaal. En effet, plusieurs chanoines sont liés à la cour d’Audenarde, un aspect qui rappelle la cour du capétien Robert II, comte d’Artois en 1302, qui compte quatre chanoines. Bien que leur bénéfice soit attaché à un château déterminé, les prébendiers ou leurs vicaires (comme dans le cas du doyen-chapelain) travaillent, au moins une partie de l’année, avec la cour et forment une sorte de chapelle privée du seigneur, comme à Gaasbeek, où un collège de chapelains est institué par Marie d’Audenarde31.
17D’autres clercs de la cour d’Audenarde sont plus difficiles à catégoriser32 Bien qu’ils représentent seulement 6 % des curiales dans les actes, ils forment un groupe stable de sept à neuf clercs autour du seigneur et de la dame, ce qui correspond à la taille de l’entourage clérical d’un prince ou d’un évêque aux xiie-xiiie siècles33 Ils sont suffisamment nombreux pour que le chapitre de Rozoy se plaigne, vers 1260, du bruit des offices dans la chapelle privée du seigneur, qui empêche les chanoines de célébrer la liturgie des heures dans leur propre église, située à proximité34 L’entourage clérical du seigneur s’apparente à une chapelle itinérante qui l’accompagne dans ses déplacements, comme c’est le cas dans les cours princières35.
18Les officiers domaniaux sont attachés à la chancellerie. Il y a probablement cinq baillis pour trois régions domaniales, supervisés par un grand bailli (« bailly de toute sa terre » ou bien « iustice » du seigneur), qui préside à la cour féodale en l’absence du seigneur36 Les baillis sont nobles, bourgeois ou paysans, avec une majorité de nobles aux postes les plus importants, notamment le grand bailliage. Comme à la cour de France, les conseillers du seigneur se trouvent probablement parmi ces fonctionnaires, en particulier les grands baillis et les chefs de la maison37.
Les réseaux de la cour
1971 % des personnes présentes à la cour d’Audenarde et identifiées dans les chartes sont des vassaux du seigneur. Les réunions de la cour – en particulier les cours juridiques dites féodales – sont des occasions de renforcer les liens des vassaux avec le seigneur. Cela se voit pour les chevaliers de la mesnie, composée uniquement de puissants vassaux et de parents du seigneur (qui sont presque toujours également ses vassaux). Les vassaux de rang inférieur, non nobles ou de la petite noblesse, peuvent quant à eux obtenir des offices dans le ménage, la chancellerie ou dans l’administration domaniale, et assister ainsi aux cours solennelles38 La cour d’Audenarde présente donc déjà ce mélange de bourgeois et de nobles dans les offices de la cour, qui constitue, pour Ernst Kantorowicz, l’élément novateur et remarquable de la cour de l’empereur Frédéric II (1194-1250) et, pour Elias, un élément typique de la modernité curiale39 La majorité des curiales résident à moins de 35 kilomètres d’Audenarde. Ce sont soit des vassaux de familles alliées aux Audenarde, soit ils sont originaires de zones où les Audenarde ont des propriétés secondaires. Bien que de rang baronnial, la cour d’Audenarde attire beaucoup de personnes étrangères aux terres du seigneur, notamment lors des cours solennelles40.
20Une analyse de 114 actes d’Arnould IV et de Jean Ier permet d’avoir une idée de ces grandes occasions qui, à l’imitation des cours princières, rassemblent les nobles autour du seigneur. Les réunions autour des fêtes de Noël, de Pâques et de Pentecôte sont impossibles, puisque ce sont les dates auxquelles les princes réunissent leur propre cour, des réunions auxquelles le seigneur d’Audenarde lui-même doit sans doute assister41 La cour audenardaise se réunit en février-mars, souvent peu après le mercredi des Cendres, puis en mai-juin, lors de la semaine après la Pentecôte ou de la semaine qui sépare l’Ascension de la Pentecôte, et à la fin de la première semaine de novembre (trois occurrences). Bien que modestes, ces données fournissent quelques indications intéressantes sur le rythme des réunions de la cour d’Audenarde.
21À côté des cours solennelles et souvent en lien avec elles, les grandes cérémonies (adoubements, mariages et funérailles) attirent maintes personnes à Audenarde42 La réunion la plus solennelle est, en 1159, la consécration de l’église paroissiale Sainte-Walburge à Audenarde (qui dépend pourtant du comte de Flandre, « concurrent » du seigneur). À cette occasion, Arnould III d’Audenarde accueille une centaine de nobles, venant de toute la Flandre43 Une autre réunion a lieu lors des funérailles d’Arnould IV, mort en Charente en 1242. Sa dépouille est rapatriée dans la nécropole familiale, l’abbaye d’Ename, et enterrée en grande pompe. Selon le chroniqueur tournaisien Philippe Mousket, un très grand nombre de nobles assiste aux funérailles. L’aspect curial est encore renforcé par le valet d’armes qui précède, tel un héraut, le corbillard, porté par des chevaux richement parés. La cour accompagne le seigneur jusque dans son dernier voyage44.
La cour comme lieu de culture
22La cour d’Audenarde n’est pas seulement un espace de rencontre entre les différents réseaux de personnes gravitant autour du seigneur, c’est aussi un lieu de culture. Le clerc Quentin de Picquigny y fabrique vers 1261 pour Jean Ier d’Audenarde un cartulaire illustré, le Cartulaire rouge (Lille, ADN, B 1570). Vingt-cinq ans plus tard, le fameux Vieil rentier d’Audenarde (Bruxelles, KBR, Ms 1175) y est rédigé par le même Quentin et un autre clerc. À l’instar des cours princières, la cour seigneuriale est un espace où les clercs se consacrent à l’écriture et aux arts45.
23Audenarde compte au moins un ménestrel attaché à la cour46 La douairière d’Audenarde Alice de Rozoy favorise la création littéraire, notamment avec Li romans du vergier et de l’arbre d’amors (vers 1260) et deux chansons de Gilbert de Berneville (1250-1270)47 Cette production a pour cadre une cour d’amour, dans laquelle la « preus dame d’Audenarde » émet le « jugement »48 Cette chaste poésie courtoise évoque le sentiment d’amour, et non ses aspects charnels, les « Flamands » étant connus à Paris pour leur style dévot49 Il y a aussi des échanges culturels entre la cour d’Audenarde et les cours princières. Ainsi Gilbert de Berneville, ménestrel employé à la cour de France, compose aussi pour la vicomtesse de Thouars ou encore pour le duc Henri III de Brabant50.
24La cour n’accueille pas seulement les grands artistes, comme Gilbert de Berneville. Plusieurs membres « ordinaires » de la cour ont un talent artistique, à l’image de maître Quentin, responsable de la création de splendides manuscrits, dont deux témoins – mentionnés plus hauts – nous sont parvenus. À la cour d’Audenarde comme dans celle de l’empereur Frédéric II, les officiers sont souvent des artistes51 Arnould de Binche (1229-1248), clerc-bailli au service du seigneur, devient ensuite l’architecte de l’église Notre-Dame de Pamele, en face du château principal des seigneurs et premier architecte connu des Pays-Bas52 Probablement construite en 1235-1265, ce bâtiment constitue la première église entièrement gothique des Pays-Bas. Elle est un témoignage du climat artistique et dévot de la cour d’Audenarde. Peu après, peut-être dans les années 1260, de plus grandes fenêtres sont insérées dans les façades, inspirées par la Sainte-Chapelle de Paris et le chœur de la cathédrale de Tournai53.
25Tout comme les princes allemands, qui voyagent dans leurs vastes territoires pour perpétuer leur domination, les seigneurs d’Audenarde et leur cour sont itinérants54 Bien qu’assez concentré, leur territoire est constitué d’un amalgame de seigneuries, où l’on parle deux langues différentes, aux abords des comtés de Flandre et de Hainaut. Leurs efforts pour unir ces terres et y être présents sont couronnés de succès. Encore en 1333 les Lessinois se définissent avant tout comme « de la terre d’Audenarde55 ». Le seigneur a trois grandes résidences principales : Pamele-Audenarde, Flobecq et Lessines, auxquelles s’ajoute au xiiie siècle celle d’Hubermont à Ellezelles56 Dans ces petites villes, des ensembles curiaux ou palatiaux sont construits, auxquels s’ajoutent des complexes – véritables Gesamtkunstwerke, des œuvres d’art totales57 Les palais-couvents de l’époque moderne (comme le fameux Escorial espagnol) y trouvent des antécédents. Ces complexes développent la double polarité héritée du palais carolingien : d’un côté l’aula (et la camera), de l’autre, la chapelle58 À une échelle plus réduite, ils sont comparables à Westminster ou à l’Île de la Cité parisienne59, avec le palais-forteresse organisé sur deux niveaux (cour noble et basse-cour) et trois lignes de défense (murs de la haute-cour – le château –, fortifications de la basse-cour et défenses de la ville)60 Néanmoins, ces châteaux sont de vrais palais : ils sont dépourvus de tour maîtresse, une construction militaire peu confortable, là où le prince-évêque de Metz, par exemple, privilégie l’aspect défensif de ses résidences61 Le château est principalement une cour emmurée et munie de tours, avec un édifice palatial face à l’entrée, dont la grande salle mesure à Audenarde au moins 40 mètres sur 10. Les salles de Flobecq et de Lessines sont probablement de dimensions comparables. Assez vastes pour l’époque, ces salles dépassent, par leur taille, celles des comtes de Flandre-Hainaut62 Les tours du château-palais d’Audenarde n’ont pas seulement un but militaire, mais un caractère résidentiel. Quelques chevaliers de la cour, membres de la mesnie seigneuriale, y résident peut-être, comme au château des seigneurs Coucy63 Ces châteaux sont entourés par la ville. La cour est, à Audenarde aussi, « productrice de l’espace urbain64 ». Les seigneurs planifient et modèlent les villes autour de leurs forteresses comme des zones-tampons militaires et des extensions socio-économiques, les fortifications défendant le château, mais aussi l’espace pour accueillir et nourrir les curiales65.
26Au complexe palatial est associé un pôle religieux : à Pamele, l’église Notre-Dame et l’abbaye cistercienne du Val-des-Vierges sont situées en face du château, tout comme le béguinage dans la basse-cour ; à Flobecq, on trouve l’église Saint-Luc et, vers la fin du xiiie siècle, l’abbaye des Guillemins est planifiée, mais jamais réalisée ; à Lessines, enfin, sont construits l’église Saint-Pierre et surtout l’hôpital Notre-Dame. Ces édifices ecclésiastiques sont tous (re)construits au xiiie siècle par les seigneurs et les dames d’Audenarde. Les pôles palatial et religieux sont donc marqués par une même vague de renouveau architectural. Plusieurs de ces églises et chapelles sont aussi utilisées par la famille seigneuriale comme des mausolées, expression par excellence de l’ancrage du seigneur dans le territoire66.
Conclusion
27La cour des seigneurs d’Audenarde imite les cours princières avec une structure d’« officiers de la cour », placés sous les ordres de la dame d’Audenarde et du sénéchal/bouteiller. Un des éléments les plus particuliers est la chancellerie seigneuriale, composée au moins d’un notaire et d’un deuxième clerc attaché au service de la dame. Cette chancellerie est étroitement liée aux officiers domaniaux, auxquels s’ajoutent trois, puis cinq chapelains prébendés, plusieurs clercs et des religieux. La plus grande différence par rapport aux cours princières est la taille réduite de la cour et l’organisation moins rigide du ménage. Les frais domestiques limités au début du xiiie siècle permettent aux seigneurs d’Audenarde d’utiliser leurs ressources financières au service de leur ascension politique. À la fin du xiiie siècle, la milice du seigneur, composée de la mesnie et des quelques (officiers) domestiques, beaucoup plus réduite que celle du comte de Flandre, est donc facilement défaite par la milice comtale. Le seigneur d’Audenarde perd alors plus de la moitié de ses possessions et de ses revenus67.
28Le rayonnement régional de la cour permet au seigneur d’Audenarde d’établir une relation intime non seulement avec ses vassaux nobles et bourgeois, mais aussi avec les grands de la Flandre et du Hainaut, notamment lors des cours solennelles. À côté des nobles, plusieurs clercs, religieux et religieuses sont présents. La cour est aussi un lieu de culture, où fleurissent les arts miniaturiste et poétique. Les monuments profanes et religieux érigés créent un cadre manifestant le pouvoir seigneurial. On pourrait donc dire que la cour baronniale est, à l’instar des cours princières, une « société » ou, tout du moins, un organisme social autour du seigneur, un espace politique, culturel et sacral, où le pouvoir seigneurial est exhibé et fortifié.
Notes de bas de page
1 María José Garcia Vera, « Los estudios sobre la corte y la “sociedad cortesana” a fines de la Edad media: un balance historiográfico », Medievalismo. Boletín de la Sociedad Española de Estudios Medievales, 10, 2000, p. 207-268 ; Martin Aurell, « Le système de la cour avant Saint-Simon. Le rang et le sang aux xiie et xiiie siècles », dans Francine-Dominique Liechtenhan (dir.), Histoire, écologie et anthropologie. Trois générations face à l’œuvre d’Emmanuel Le Roy Ladurie, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2011, p. 221-240, ici p. 234-235 ; David Crouch, The Birth of Nobility, Constructing Aristocracy in England and France, 900-1300, Londres/New York, Pearson Longman, 2005, p. 29-95 ; David Herlihy, Medieval Households, Cambridge, Harvard University Press, 1985 ; Godfried Croenen, Familie en macht. De familie Berthout en de Brabantse adel, Louvain, Universitaire Pers, 2003 ; Tommaso Casini, « The Minor Rural Aristocracy and Great Lords in Thirteenth-Century Tuscany. Three Cases from the Entourage of the Guidi Counts », Journal of Medieval History, 37, 2011, p. 180-196.
2 Les cours d’Angleterre font exception grâce aux études un peu datées de Joachim Bumke, Courtly Culture. Literature and Society in the High Middle Ages, Berkeley/Los Angeles, University of California Press, 1991 et de Margaret Wade Labarge, A Baronial Household of the Thirteenth Century, New York, Barnes and Noble, 1965.
3 Norbert Elias, The Court Society, Oxford, Blackwell, 1983, p. 158 ; Aurell, « Le système de la cour », art. cité, p. 226 ; Malcolm Vale, The Princely Court. Medieval Courts and Culture in North-West Europe 1270-1380, Oxford, Oxford University Press, 2003, p. 5.
4 Robin Moens, Aan elkaar gewaagd. Biografie van Arnulf IV van Oudenaarde en Alice van Rozoy (ca. 1175-1275), Oudenaarde, Geschied- en Oudheidkundige Kring van Oudenaarde, 2017 ; Id., « Bouvines : victoire du roi ou victoire du Roye ? Les luttes de factions à la cour de France dans le premier quart du xiiie siècle », Revue du Nord, 101/4, 2020, p. 701-722 ; Id., « “Ernous qui garnit son castiel”. The Lords of Oudenaarde and their Fortresses (c. 1050-1300): the (Military) Establishment of a Baronial Power », Castle Studies Group Journal, 34, 2020-2021, p. 195-229, ici p. 202-209.
5 Marcello Fantoni, « Introduction », dans Id. (dir.), The Court in Europe, Rome, Bulzoni, 2012, p. 11-15, 18, 20 ; Vale, The Princely Court, op. cit., p. 23-24 ; Martin Aurell, « Chevalerie lettrée, vie de cour et conduite courtoise », Medioevo romanzo, 1, 2019, p. 6-35, ici p. 6. Voir aussi la définition de la cour donnée par Alphonse X le Sage de Castille, Las Siete Partidas del Rey Don Alfonso X El Sabio, t. II, Madrid, Imprenta Real, 1807, p. 82 (Partida Segunda, Titulo IX, Ley XXVII).
6 Lille, AD Nord, B1570, fol. 36v.
7 Nicholas Vincent, « The Court of Henry II », dans Christopher Harper-Bill, Nicholas Vincent (dir.), Henry II. New Interpretations, Woodbridge, Boydell, 2007, p. 278-334, ici p. 284 et 287-288 ; David Bates, « The Prosopographical Study of Anglo-Norman Royal Charters », dans Katharine S. B. Keats-Rohan (dir.), Family Trees and the Roots of Politics. The Prosopography of Britain and France from the Tenth to the Twelfth Century, Woodbridge, Boydell, 1997, p. 89-102.
8 Moens, Aan elkaar gewaagd, op. cit., t. 1-2.
9 Dominique Barthélemy, Les deux âges de la seigneurie banale. Pouvoir et société dans la terre des sires de Coucy (milieu xie-milieu xiiie siècle), Paris, Publications de la Sorbonne, 1984, p. 392-394 ; Karl F. Werner, « Königtum und Fürstentum im französischen 12. Jahrhundert », Probleme des 12. Jahrhunderts, 12, 1968, p. 177-225, ici p. 200 ; Vale, The Princely Court, op. cit., p. 321 ; Jean Richard, « Les conseillers de Saint Louis. Des grands barons aux premiers légistes. Au point de rencontre de deux droits », dans Jean-Louis Kupper, Alain Marchandisse (dir.), À l’ombre du pouvoir. Les entourages princiers au Moyen Âge, Liège, Presses universitaires de Liège, 2003, p. 135-147, ici p. 142-145.
10 Vincent, « The Court of Henry II », art. cité, p. 292-293, 295, 318 ; Moens, « Bouvines », art. cité, p. 701-722.
11 On recense 435 nobles, dont 371 de la basse noblesse, 39 clercs, 42 paysans et 32 bourgeois. Sur le rôle des non-nobles à la cour, Éric Bournazel, « La familia regis Francorum », dans Kupper et Marchandisse (dir.), À l’ombre du pouvoir, op. cit., p. 115-133, ici p. 119 ; Boris Bove, « La cour en ville, avenir de l’histoire urbaine ? », Histoire urbaine, 44/3, 2015, p. 169-175, ici p. 173-174 ; Barthélemy, Les deux âges, op. cit., p. 398.
12 Moens, Aan elkaar gewaagd, op. cit., t. 2 (CD-rom), p. 11-46.
13 Vincent, « The Court of Henry II », art. cité, p. 326-327.
14 Barthelemy, Les deux âges, op. cit., p. 392-394 ; John O. Prestwich, « The Military Household of the Norman Kings », English Historical Review, 6, 1981, p. 1-35 ; Stephen D. Church, The Household Knights of King John, Cambridge, Cambridge University Press, 1999, p. 14 ; Bournazel, « La familia regis Francorum », art. cité, p. 126 ; Marc Bloch, Feudal Society, t. 1, Londres/New York, Routledge, 1989, p. 238.
15 Ceci contraste avec Bloch, Feudal Society, op. cit., t. 1, p. 238.
16 Ibid., t. 2, p. 61-65.
17 Vale, The Princely Court, op. cit., p. 15-16 ; Bournazel, « La familia regis Francorum », art. cité, p. 126.
18 Jean-Marie Moeglin, « “L’ordre du renc, où ilz doivent aller l’un apres l’autre”. Rang et société de cour en France aux derniers siècles du Moyen Âge », dans Jörg H. Peltzer (dir.), Rank and Order. The Formation of Aristocratic Elites in Western and Central Europe, 500-1500, Ostfildern, Thorbecke, 2015, p. 171-200, ici p. 174 ; Vale, The Princely Court, op. cit., p. 36-45, 49-50, 336-338, 347-348 ; Vincent, « The Court of Henry II », art. cité, p. 310 ; Jean-François Moufflet, Autour de l’Hôtel de Saint Louis (1226-1270). Le cadre, les hommes, les itinéraires d’un pouvoir, thèse de l’École nationale des chartes, 2007 ; Bumke, Courtly Culture, op. cit., p. 506-507 ; Auguste de Loisne, Une cour féodale vers la fin du xiiie siècle. L’hôtel de Robert II, comte d’Artois, Paris, Imprimerie nationale, 1920, p. 84-98.
19 Croenen, Familie en macht, op. cit., p. 161-170.
20 Moens, Aan elkaar gewaagd, op. cit., t. 1, p. 194-195 ; Vale, The Princely Court, op. cit., p. 36-44.
21 Moens, Aan elkaar gewaagd, op. cit., p. 194-195.
22 Ibid., p. 194-198 (chartes de 1165/1168 et 1191).
23 Ibid., p. 195-196 ; Bournazel, « La familia regis Francorum », art. cité, p. 126.
24 Vale, The Princely Court, op. cit., p. 49-53, 329-330, 336-349 ; Bumke, Courtly Culture, op. cit., p. 506-507 ; De Loisne, Une cour féodale, op. cit., p. 84-98.
25 Moufflet, Autour de l’Hôtel, op. cit. ; Vale, The Princely Court, op. cit., p. 36-44.
26 Ibid., p. 36-47.
27 Croenen doute fortement de l’existence des chancelleries seigneuriales : Croenen, Familie en macht, op. cit., p. 170-175. Nieus, cependant, a montré l’existence de plusieurs chancelleries en Flandre et en Artois : Jean-François Nieus, « Des seigneurs sans chancellerie ? Pratiques de l’écrit documentaire chez les comtes et les barons du nord de la France aux xiie-xiiie siècles », dans Thérèse de Hemptinne, Jean-Marie Duvosquel (dir.), Chancelleries princières et scriptoria dans les anciens Pays-Bas : xe-xve siècles, Bruxelles, Commission royale d’Histoire, 2010, p. 285-310. De Paermentier attire l’attention sur le fait que pour parler de chancellerie il faut un « chancelier ». Els De Paermentier, « Une chancellerie complexe. La production d’actes dans l’entourage comtal pendant l’union personnelle des comtés de Flandre et de Hainaut (1191-1244) », Revue historique, 665, 2013, p. 30-31. À Audenarde, la chancellerie est dirigée par un notaire. On devrait donc parler de « notariat seigneurial ». Par commodité, je préfère néanmoins utiliser le vocable de « chancellerie ».
28 Quentin rédige les chartes du chapitre et séjourne à Picquigny, mais on ignore s’il fut chanoine, Jean-François Nieus, « Les quatre travaux de maître Quentin (…1250-1276…) : cartulaires de Picquigny et d’Audenarde, Veil rentier d’Audenarde et Terrier l’évêque de Cambrai. Des écrits d’exception pour un clerc seigneurial hors normes ? », Journal des savants, 321, 2012, p. 69-119.
29 Moens, Aan elkaar gewaagd, op. cit., t. 1, p. 190-193, 225-226 ; De Paermentier, « Une chancellerie complexe », art. cité, p. 30-50 ; Nieus, « Des seigneurs sans chancellerie », art. cité, p. 285-310 ; Claudine Billot, « L’insertion d’un quartier canonial dans un palais royal : problèmes de cohabitation. L’exemple de la Sainte-Chapelle de Paris », dans Annie Renoux (dir.), Palais royaux et princiers au Moyen Âge, Le Mans, Publications de l’université du Maine, 1996, p. 111-116, ici p. 113.
30 Le « chapitre » d’Audenarde en a tous les traits, mais est rarement mentionné comme tel : Paul Trio, « Ontwikkelingen te Oudenaarde in de late middeleeuwen op kerkelijk, godsdienstig en charitatief vlak », Handelingen van de Geschied- en Oudheidkundige Kring van Oudenaarde, 50, 2013, p. 325-356, ici p. 327. Martine Vanwelden, « Facetten van een stadsgeschiedenis », dans Pieter-Jan Lachaert (dir.), Oudenaarde 1708. Een stad, een koning, een veldheer, Leuven/Oudenaarde, Davidsfonds, 2008, p. 9-32, ici p. 13 ; Karl Van Hoecke, « Het ontstaan van Oudenaarde in het licht van laatmiddeleeuwse bronnen », Handelingen van de Geschied- en Oudheidkundige Kring van Oudenaarde, 42/2, 2005, p. 31-153, ici p. 48 ; Patrick Devos, Onderzoek van het koor van de Sint-Walburgakerk te. Oudenaarde, Oudenaarde, Geschied- en Oudheidkundige Kring van Oudenaarde, 1976, p. 34-54, p. 60-69 et p. 347-349.
31 Moens, Aan elkaar gewaagd, op. cit., t. 1, p. 191-194 ; Eduard Van Ermen, De landelijke bezittingen van de heren van Wezemaal in de middeleeuwen, t. 1, Louvain, Belgisch centrum voor landelijke geschiedenis, 1986, p. 68 et p. 154-155 ; François Vennekens, La Seigneurie de Gaesbeek (1236-1795), Hekelgem, Abbaye d’Affligem, 1935, p. 14 ; Vale, The Princely Court, op. cit., p. 336-338 ; De Loisne, Une cour féodale, op. cit., p. 84-98.
32 Dans beaucoup d’autres cours princières, il existe de nombreux clercs « à tout faire », liés à la chapelle du seigneur : Vale, The Princely Court, op. cit., p. 223 : Paul Binski, Westminster Abbey and the Plantagenets. Kingship and the Representation of Power 1200-1400, New Haven/Londres, Yale University Press, 1995, p. 176-177, 183-185 ; Billot, « L’insertion d’un quartier canonical », art. cité, p. 112.
33 Julia Barrow, The Clergy in the Medieval World: Secular Clerics, Their Families and Careers in North-Western Europe, c. 800-c. 1200, Cambridge, Cambridge University Press, 2016, p. 241-242, 247, 253-254 ; Vale, The Princely Court, op. cit., p. 234, 321, 329-330, 341-344 ; Bumke, Courtly Culture, op. cit., p. 506-507.
34 Michel Deltenre, « De aanval op de monniken van Signy door Jan van Oudenaarde en zijn aanhangers Jan en Gillot van Ercry (26 december 1252) », Handelingen van de Geschied- en Oudheidkundige Kring van Oudenaarde, 53, 2016, p. 68-73 ; Gérard-Adolphe Martin, Essai historique sur Rozoy-sur-Serre et les environs, Laon, Fleury, 1863, t. 1, p. 406-407.
35 Vincent Tabbagh, « Cour du prince et vie religieuse à la fin du Moyen Âge », Bulletin du centre d’études médiévales d’Auxerre, 8, 2004, https://journals.openedition.org/cem/904.
36 Moens, Aan elkaar gewaagd, op. cit., t. 1, p. 186-190 ; Adamson, « The Making of the Ancien Régime Court », art. cité, p. 12-13 ; Richard, « Les conseillers de Saint Louis », art. cité, p. 141.
37 Bournazel, « La familia regis Francorum », art. cité, p. 119 ; Bove, « La cour en ville », art. cité, p. 173-174 ; Barthélemy, Les deux âges, op. cit., p. 398 ; Richard, « Les conseillers de Saint Louis », art. cité, p. 145.
38 Bloch, Feudal Society, op. cit., t. 1, p. 225-226 ; Adamson, « The Making of the Ancien Régime Court », art. cité, p. 15-16 ; Aurell, « Le système de la cour », art. cité, p. 226-227 ; Christelle Balouzat-Loubet, « La cour de Mahaut, comtesse d’Artois (1302-1329) : un espace public ? », dans Nicolas Offenstadt, Patrick Boucheron (dir.), L’espace public au Moyen Âge. Débats autour de Jürgen Habermas, Paris, Puf, 2011, p. 153-155.
39 Ernst Kantorowicz, Frédéric II, Paris, Gallimard, 1987, p. 318 ; Norbert Elias, The Civilizing Process. Sociogenetic and Psychogenetic Investigations, Oxford, Blackwell, 2000, p. 19, 390. Le même mélange s’observe à la cour de Gaasbeek, auprès de Marie d’Audenarde : Vennekens, La Seigneurie de Gaesbeek, op. cit., p. 18.
40 Elias, The Civilizing Process, op. cit., p. 395.
41 Vale, The Princely Court, op. cit., p. 28-33, 44 ; Bumke, Courtly Culture, op. cit., p. 4-6.
42 Balouzat-Loubet, « La cour de Mahaut », art. cité, p. 150-151 ; Adamson, « The Making of the Ancien Régime Court », art. cité, p. 17.
43 Jean-Baptiste Carpentier, Histoire genealogique de la noblesse des Païs-Bas ou Histoire de Cambray et du Cambresis, Leyde, 1668 t. II/2, p. 83-84.
44 Philippe Mousket, Historia Regum Francorum, Hanovre, Hahn (MGH, Scriptores, 26), 1882, p. 820 (vers 31125-31146).
45 Nieus, « Les quatre travaux », art. cité, p. 70-113 ; Jeanne-Marie Boivin, « Les paradoxes des clerici regis : l’exemple, à la cour d’Henri II Plantegenêt, de Giraud de Barri », dans Id. (dir.), Le clerc au Moyen Âge, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 1995, p. 47-61 ; Kantorowicz, Frédéric II, op. cit., p. 329, 333.
46 Moens, Aan elkaar gewaagd, op. cit., t. 1, p. 195.
47 Ibid., t. 1, p. 250. Remco Sleiderink, « La dame d’Audenarde comme juge d’amour. Le rapport intertextuel entre “Li Romans du Vergier et de l’Arbre d’Amors” et une chanson de Gillebert de Berneville », dans Michèle Goyens, Werner Verbeke (dir.), « Lors est ce jour grant joie nee ». Essais de langue et de littérature françaises du Moyen Âge, Louvain, Leuven University Press, 2009, p. 178-186.
48 Li Romans du Vergier et de l’Arbre d’Amors (Paris, Bibliothèque nationale, fonds français 847), éd. par Arthur Langfors, Neuphilologische Mitteilungen, 29/1, 1928, p. 3-33, ici p. 31 (vers 611 et 615).
49 Catalina Girbea, « Culture littéraire à la cour de Philippe Auguste », dans Martin Aurell, Yves Sassier (dir.), Autour de Philippe Auguste, Paris, Garnier, 2017, p. 138-143 ; Moens, « Bouvines », art. cité, p. 701-722 ; Laurence Moulinier-Brogi, « Aliénor et les femmes savantes du xiie siècle », 303. Arts, recherches et créations, 81, 2004, p. 142-149 ; C. Stephen Jaeger, Ennobling Love, In Search of a Lost Sensibility, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1999, p. 139.
50 Moens, Aan elkaar gewaagd, op. cit., t. 1, p. 250 ; Sleiderink, « La dame d’Audenarde », art. cité, p. 178-186.
51 Kantorowicz, Frédéric II, op. cit., p. 329, 333 ; Aurell, « Chevalerie lettrée », art. cité, p. 8-12.
52 Cartulaire de l’abbaye d’Eename, op. cit., p. 144-145 ; Léopold Devillers, Description analytique de cartulaires et de chartriers, accompagnée du texte de documents utiles à l’histoire du Hainaut, t. 5, Mons, Dequesne-Masquier, 1870, p. 156-157 et p. 174 ; Patrick Devos, De Onze-Lieve-Vrouwkerk van Pamele te Oudenaarde, t. 1, Gand, Provinciale Raad van Oost-Vlaanderen, 1978, p. 49-51.
53 Ibid., p. 49-53. Pour une datation précoce des travaux à Maagdendale et à l’église de Pamele (deux chantiers liés), Liesbeth Langouche, Joost Caen, « De historische ramen van Maagdendale. Onopvallend maar zeldzaam », Geschied- en Oudheidkunde Kring van Oudenaarde, 1, 2021, p. 6-15, ici p. 7.
54 Moens, Aan elkaar gewaagd, op. cit., t. 2 (CD-rom), p. 2 ; Moufflet, Autour de l’Hôtel, op. cit. ; Vincent, « The Court of Henry II », art. cité, p. 282 ; Vale, The Princely Court, op. cit., p. 140 ; Georges Martin, José Manuel Nieto Soria (dir.), Itinérance des cours, E-Spania, 8, 2009, https://journals.openedition.org/e-spania/18545.
55 Léopold Devillers, « Notice sur un Cartulaire concernant les terres dites de débat », Compte-rendu des séances de la commission royale d’histoire, IIe série, 3, 1876, p. 501-508.
56 De même, les rois anglo-normands itinérants séjournent dans trois résidences principales, Vincent, « The Court of Henry II », art. cité, p. 282.
57 Vale, The Princely Court, op. cit., p. 166.
58 Annie Renoux, « Espaces et lieux de pouvoirs royaux et princiers en France (fin ixe-début xiiie siècle). Changement et continuité », dans Ead. (dir.), Palais royaux et princiers au Moyen Âge, op. cit., p. 17-42, ici p. 20-23 et 42 ; Adamson, « The Making of the Ancien Régime Court », art. cité, p. 26 ; Aurell, « Chevalerie lettrée », art. cité, p. 17-18.
59 Vale, The Princely Court, op. cit., p. 166.
60 Moens, « “Ernous qui garnit” », art. cité, p. 202-209 ; Renoux, « Espaces et lieux de pouvoirs », art. cité, p. 36-37.
61 Gérard Giuliato, « Les résidences fortifiées des évêques de Metz en Lorraine au Moyen Âge », dans Renoux (dir.), Palais royaux et princiers, op. cit., p. 117-132, ici p. 132.
62 Moens, « “Ernous qui garnit” », art. cité, p. 195-229.
63 Ibid., p. 206.
64 Léonard Courbon, « Introduction. La cour et la ville dans l’Europe des xive-xviiie siècles. État de la question et perspective de recherche», dans Id., Denis Menjot (dir.), La cour et la ville dans l’Europe du Moyen Âge et des Temps modernes, Turnhout, Brepols, 2015, p. 1-18, ici p. 9.
65 Moens, « “Ernous qui garnit” », art. cité, p. 195-229 ; Courbon, Menjot (dir.), La cour et la ville, op. cit. ; Denis Menjot, « Les médiévistes français et la ville dans la première décennie du xxie siècle », Cuadernos del CEMYR, 19, 2011, p. 39-87, ici p. 46 ; Bove, « La cour en ville », art. cité, p. 169-171 ; Vincent, « The Court of Henry II », art. cité, p. 327 ; Elias, The Court Society, op. cit., p. 41 ; Max Weber, Wirtschaft und Gesellschaft, Tübingen, Mohr, 1922, p. 679, 684 ; Renoux, « Espaces et lieux de pouvoirs », art. cité, p. 42.
66 Moens, « “Ernous qui garnit” », art. cité, p. 202-209 ; Vale, The Princely Court, op. cit., p. 224 ; Binski, Westminster Abbey, op. cit., p. 4 et p. 116-117.
67 Michel Deltenre, Des débats pour une frontière. Entre Flandre et Hainaut : les châtellenies de Lessines et de Flobecq à la fin du Moyen Âge. Contribution à l’histoire de la querelle des Avesnes et des Dampierre, Mons, Hannonia, 2017.
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