Reformatio ?
Les mots pour dire la réforme au Moyen Âge
Incantatoire, le terme « réforme » oriente et sature discours et représentations politiques actuels, à l'opposé du Moyen Âge qui semble avoir fait un usage extrêmement limité de la forme longue du terme prévalant à l'époque : la reformatio. L’histoire du Moyen Âge occidental est pourtant tout entière narrée selon une trame « réformiste » : rois, papes ou évêques plus ou moins « réformateurs », réformes carolingienne, clunisienne, grégorienne, cabochienne, etc. sont autant de formules qui ont con...
Note de l’éditeur
Ouvrage publié avec le concours de la Commission de la recherche de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Éditeur : Éditions de la Sorbonne
Lieu d’édition : Paris
Publication sur OpenEdition Books : 9 février 2024
ISBN numérique : 979-10-351-0933-2
DOI : 10.4000/books.psorbonne.112333
Collection : Histoire ancienne et médiévale | 192
Année d’édition : 2023
ISBN (Édition imprimée) : 979-10-351-0882-3
Nombre de pages : 324
Marie Dejoux
IntroductionPrologue. Une enquête de masse sur le vocabulaire réformateur avant le xiiie siècle
Nicolas Perreaux
Après la Chute, reformer le mondeRéflexions sur la sémantique du lexique dit « réformateur »
Première partie. Reformatio, significations et contextes d’apparition d’un lemme rare
Alexandra Beauchamp
Au nom de la « réforme » ?La réunion des assemblées dans la Couronne d’Aragon, fin xiie-xive siècle
Marie Dejoux
À la recherche de la reformatio regni dans les royaumes de France et d’Angleterre au xiiie siècleÉmilie Rosenblieh
La réforme antipontificale de l’Église dans le procès conciliaire d’Eugène IV (Bâle, années 1430)Carole Mabboux
Reformatio et vocabulaire réformateur dans la production écrite de l’Italie communale (xiiie-xive siècle)Amable du Sablon Corail
« Pour la multitude d’officiers qui ont esté de par nous ordonnez ou temps passé… »Discours royaux autour de la « réformation » du nombre des officiers aux xive et xve siècles
Deuxième partie. Par-delà la reformatio, quel vocabulaire pour dire la réforme au Moyen Âge ?
Gaëtan Bonnot
« Advisé fust par les trois estatz que consideré l’estat ou le royaume est »Pouvoir royal et réforme dans les ordonnances consécutives aux états de langue d’oïl (1355-1358)
Aude Mairey
Reformatio in absentiaQuels champs lexicaux pour évoquer la réforme en Angleterre à la fin du Moyen Âge ?
Épilogue. La réforme dans la tradition historiographique allemande
Claude Gauvard
ConclusionIncantatoire, le terme « réforme » oriente et sature discours et représentations politiques actuels, à l'opposé du Moyen Âge qui semble avoir fait un usage extrêmement limité de la forme longue du terme prévalant à l'époque : la reformatio. L’histoire du Moyen Âge occidental est pourtant tout entière narrée selon une trame « réformiste » : rois, papes ou évêques plus ou moins « réformateurs », réformes carolingienne, clunisienne, grégorienne, cabochienne, etc. sont autant de formules qui ont connu, ou connaissent encore, un vif succès, sans que le mot « réforme » ne soit toujours clairement défini et presque jamais historicisé. Que bon nombre de « réformateurs » médiévaux se soient définis comme des conservatores, des conservateurs, devrait pourtant nous interroger, d’une part, sur l’imaginaire politique que nous projetons sur leurs expériences institutionnelles, et, d’autre part, sur la direction et le sens que ces derniers entendaient originellement donner à leur entreprise.
Régressive, la démarche qui sous-tend cet ouvrage collectif vise ainsi à retracer l’histoire d’un terme aujourd’hui à succès – la réforme – et à identifier un vocabulaire « réformateur » proprement médiéval. Sans verser dans l’écueil du nominalisme et en laissant sagement de côté la « réforme » comme phénomène historique, les contributions qu’il rassemble resteront plus résolument au ras des mots, et, partant, au plus près des représentations politiques médiévales, tout en interrogeant les usages (et les mésusages) de ce paradigme par les médiévistes.
Marie Dejoux (dir.)
IdRef : 166237051
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, LaMOP, membre de l’Institut universitaire de France
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