L’apport de la Charta Vielha à l’histoire des cadres territoriaux du haut Moyen Âge (ve-viiie siècle)
p. 291-307
Texte intégral
1La Charta Vielha est le nom donné au cartulaire aujourd’hui disparu de la cathédrale de Viviers, que l’on peut dater du milieu du xiie siècle1. Ce document n’est connu, pour l’essentiel, que par deux copies modernes d’une enquête plus ancienne, datée de 1407 et commandée par le pape Benoît XIII afin de préserver le chapitre canonial d’un déclin économique certain, consécutif aux troubles du siècle précédent. La réalisation de cette enquête fut confiée à l’abbé de Cruas, Étienne. Celui-ci remplit scrupuleusement sa mission en offrant de très larges extraits des pièces justificatives qu’il avait sous les yeux, la plupart issue de la Charta Vielha. Parmi ces pièces figure un document exceptionnel de par sa nature et sa chronologie : la Dotatio Ecclesie Vivariensis2. Il s’agit d’une compilation réalisée en 950-951 par l’évêque Thomas qui réunit l’ensemble des archives les plus anciennes constitutives du patrimoine de sa cathédrale, soit un ensemble de vingt-sept donations que l’on peut dater entre le vie siècle et le début du viiie siècle. L’intérêt de cette compilation est d’offrir une fenêtre documentaire unique sur la géographie historique haut-médiévale à l’échelle d’un diocèse et de ses marges, en ce sens que la Dotatio permet de confronter et de décrire l’évolution des cadres territoriaux du peuplement haut-médiéval. Ces cadres peuvent se définir selon trois échelles : l’échelle de la cité, l’échelle de la circonscription intermédiaire ou divisionnaire et enfin l’échelle de la villa. C’est aux deux premières échelles que nous nous intéresserons dans cet article.
Le territoire de la cité épiscopale : création ou survivance ?
2L’enjeu de cette question est important car il s’agit de mettre à l’épreuve le postulat selon lequel les limites des civitates tardo-antiques peuvent être induites des limites diocésaines postérieures. Principe contesté en théorie mais, faute de mieux, souvent usité dans de nombreuses publications alors même qu’il se pose un problème de base : on ne connaît bien les limites diocésaines qu’à partir du xiiie siècle3 et, souvent, on ne peut les entrevoir précisément qu’à partir du xie siècle. Il y a donc un fossé de six siècles environ entre ce que l’on sait réellement des diocèses et ce que l’on subodore des civitates. Outre l’anachronisme, se pose aussi la question de la nature ou de l’équivalence supposée des différents espaces. On ne peut affirmer sans examen préalable que l’espace du comté se superpose à celui du diocèse, de la même manière que l’episcopatus ne doit pas être confondu ou superposé avec le diocèse4. Il s’agit donc de poser le problème autrement : que sait-on du Vivarais durant le haut Moyen Âge ? Cet espace correspond-il à ce que l’on connaît de la cité antique d’Alba qui l’a précédé ? Correspond-il à l’étendue ultérieure du Vivarais ? La Charta Vielha constitue une base solide permettant de répondre à la première question, mais une difficulté essentielle subsiste : la localisation et l’identification des toponymes mentionnés dans le document. L’enjeu de cette question dépasse largement le cadre de l’histoire locale et une méthodologie sûre doit fonder notre géographie historique. Nous avons donc pris le parti de considérer une identification comme sûre si, au-delà de la simple évolution phonétique, elle répondait simultanément à deux des critères suivants :
- La mention du toponyme dans d’autres documents médiévaux de préférence antérieurs au xe siècle, où celui-ci est identifié de manière incontestable. C’est, par exemple, le cas de Caxoniense mentionné au ixe siècle dans le cartulaire de Psalmodi et qui n’est autre que Saint-Paulet-de-Caisson.
- La proximité géographique de plusieurs toponymes apparaissant dans une même notice, mais identifiés seulement de manière phonétique, (exemple : Ego Ardulphus episcopus sedis Vivariensis dotavi Deo et sancto Vincentío Mixano (Meysse), Vicario dimi dio (Avisins), Canavarro (Chanavarri), Fara cum ecclesia sancti Laurentii (la Farre) et Crudatis curte (Cruas)). La proximité géographique est l’assurance de limiter le risque d’homonymie qui est le principal écueil rencontré dans un essai d’identification.
- Le troisième critère n’est qu’une variante du précédent, dans la mesure où la proximité géographique est parfois supplantée par un ordre topographique dans l’énumération des biens. L’ordre et la progression de l’énumération se fondent généralement sur les grandes directions cardinales.
- La proximité phonétique ou étymologique associée à une indication géographique précise constitue un autre critère fiable. Ainsi, l’église Saint-Maurice sur la rivière Ardèche (super fluvium Henticam) doit être localisée sans l’ombre d’un doute à Saint-Maurice-d’Ardèche. Dans certains cas, ce seul critère peut suffire à identifier un lieu avec certitude lorsque l’indication géographique est suffisamment précise.
- L’identification retenue par les chanoines de Viviers et l’abbé de Cruas en 1407 constitue également un indice important et, dans certains cas, déterminant. Cependant, les clercs de Viviers ignorent bien souvent la localisation des biens cités dans la Charta Vielha, et les identifications que l’abbé de Cruas propose dans son enquête, sous le contrôle des procureurs du chapitre, restent, en définitive, peu nombreuses.
- Le critère patrimonial est le dernier de nos critères. L’appartenance d’une villa identifiée phonétiquement au patrimoine des évêques ou du chapitre entre le xe et le xive siècle nous paraît être un indice fort pour localiser les biens énumérés dans la Dotatio. L’église de Saint-Maurice-d’Ardèche évoquée précédemment est un exemple parmi d’autres. Elle est cédée par les évêques de Viviers à l’abbaye de Saint-André-le-Bas à Vienne en 1084. Dans cet exemple, l’église sancti Mauricii super fluvium Henticam peut être localisée à Saint-Maurice-d’Ardèche par le biais de l’indication topographique et le fait qu’elle appartienne encore à l’Église de Viviers au xie siècle. Trois critères d’identification phonétique, topographique et patrimonial nous permettent donc de considérer cette identification comme certaine.
3À l’inverse, nous avons considéré une identification comme incertaine si elle demeurait isolée et fondée sur la seule proximité phonétique ou l’étymologie. Entre ces deux extrêmes, le sûr et l’incertain, subsiste un espace pour le probable, c’est-à-dire des lieux et des identifications pour lesquels existe une présomption plus ou moins forte mais qui, objectivement, ne repose que sur un seul des critères que nous venons d’évoquer. Cette catégorie intermédiaire regroupe, en réalité, une faible proportion des occurrences. La cartographie de la Dotatio suit scrupuleusement la méthode que nous venons de décrire (fig. 1). Nous n’avons cependant représenté que deux catégories de toponymes, ceux dont la localisation est probable ou certaine, tandis que nous avons renoncé à cartographier les identifications trop incertaines, soit 20 % des lieux référencés dans la Dotatio. Cette carte représente avant tout la géographie des donations haut-médiévales à l’Église vivaroise. Selon la précision des notices, il est possible d’en avoir une lecture territoriale, dans la mesure où un lien explicite est fait avec tel ou tel chef-lieu de cité. Mais, dans la plupart des cas, ce lien n’est pas fait : il n’en demeure pas moins implicite. Les lieux référencés dans un comté sont majoritairement ceux situés hors du Vivarais ou de l’espace politique qui le coiffe. Ainsi Tortiliano est explicitement référencé en Vivarais, dans la mesure où cette villa relève aussi du royaume de Bourgogne, dont Viviers ne fait visiblement pas partie à cette date. Autrement dit, la formule de localisation ne devient précise dans les donations qu’à partir du moment où il existe une coterritorialité du bien cédé ou si celui-ci est simplement extérieur au Vivarais. Une dernière formule de localisation in comitatu Vivariense peut être relevée, ne correspondant pas aux cas de figure précédemment décrits mais à un arx relativement éloigné du chef-lieu. Les biens cédés sans autre précision administrative ou géographique sont donc implicitement localisés en Vivarais et nous sommes fondés à croire que la carte patrimoniale reflète aussi l’état administratif ou politique contemporain des donations. Nous le sommes d’autant mieux que la confrontation avec d’autres cartes historiques, nous le verrons, tend à valider cette interprétation. Une rapide comparaison avec les limites diocésaines du xiiie siècle montre pourtant à quel point le Vivarais du très haut Moyen Âge semble éloigné de son assise territoriale ultérieure (fig. 1). Cette première carte appelle quelques remarques sur l’extension originelle du diocèse de Viviers et sa correspondance supposée avec la cité antique d’Alba.
4Au nord du diocèse tout d’abord, on observe qu’un espace compris entre la Payre au sud, Saint-Étienne-du-Lac à l’ouest et les Boutières au nord dépend du « Valentinois » (in Valentinense), au moins jusqu’en 8775. D’emblée, la formulation des notices pose la question de la nature du territoire ou de l’espace que nous cherchons à définir. Les formules comme in Valentinense ou in Vivariense sont suffisamment vagues pour qu’on puisse s’interroger sur leur nature civile et/ou ecclésiastique. La réponse n’est, à vrai dire, pas certaine mais il semblerait que la référence territoriale qui apparaît dans la Dotatio ait trait au territoire civil, c’est-à-dire, concrètement, au comté. En effet, lorsque la formule de localisation est un peu plus développée, c’est ce terme de comitatus qui est utilisé. Si donc nous disposons d’un acte marquant explicitement une limite entre le Valentinois au nord et le Vivarais au sud, sans doute à la fin du viie siècle ou au viiie siècle, la comparaison avec l’organisation territoriale ultérieure s’impose alors. Or, dès la seconde moitié du xe siècle, cette portion ultrarhodanienne de la cité de Valence est unie au Vivarais, à son pagus exactement6. En revanche, les droits comtaux sur cet espace n’ont jamais été revendiqués ni contestés aux comtes de Valentinois par les évêques de Viviers. La limite de ces droits paraît même, au xiiie siècle, assez proche de la carte proposée pour le haut Moyen Âge (fig. 3). À l’autre bout de la chronologie, les indices matériels apportent des informations concordantes. Il apparaît ainsi que la Payre a constitué une limite dès l’Antiquité entre la colonie de Valence et la cité d’Alba : la série des colonnes milliaires datées du règne d’Antonin cesse précisément au niveau du cours inférieur de la Payre et tout laisse à penser qu’il s’agit des dernières bornes milliaires d’Alba7. Ensuite, on observe des traces de la centuriation valentinoise rive gauche de la Payre, dans la plaine d’Ouvèze8, marquant une fois de plus la prégnance de la cité de Valence sur cet espace. On relève donc une certaine concordance ou continuité des territoires les plus anciens, tandis que les limites diocésaines semblent beaucoup plus tardives dans le Moyen Âge.
5La limite méridionale du Vivarais haut-médiéval paraît plus complexe à déterminer et ne se laisse pas saisir aisément. À l’aspect ramassé du territoire vivarois dans sa partie nord, s’oppose un semis de donations éparses dont le rapport avec le Vivarais n’est pas certain. À tout le moins, la compacité y fait manifestement défaut. C’est particulièrement vrai des villae localisées au bord de la Cèze, qui apparaissent relativement isolées du reste du Vivarais. Si l’on fait pourtant abstraction de cette densité plus faible, de la possibilité même de l’existence d’enclaves, une limite assez nette semble se dessiner au sud de Viviers. Il y a d’abord la mention de Bourg-Saint-Andéol et de l'île d’Argentière en Tricastin qui semblent borner le patrimoine de la cathédrale Saint-Vincent jusqu’ici très dense (fig. 1). On est ensuite étonné du fait que la basse vallée de l’Ardèche ne soit jamais citée dans la Dotatio, alors même que les villages qui l’environnent sont au cœur des possessions de l’évêché à partir du ixe siècle et durant tout le Moyen Âge. Comment expliquer qu’aucune villa ne puisse être localisée à Vallon-Pont-d’Arc, Saint-Remèze, Saint-Marcel ou Saint-Just ? C’est toute la rive gauche de la rivière qui paraît vide de donations depuis le village de Balazuc (Chanicos sur la fig. 1). Les hasards de la conservation documentaire pourraient être tenus pour responsables de cette situation, mais il nous semble que des indices matériels pourraient suggérer une autre interprétation. Il s’agit, d’abord, de la découverte ancienne d’un graffito réalisé sur une urne cinéraire antique. L’objet fut mis au jour à Vallon-Pont-d’Arc mais l’inscription est la suivante : Col(onia) Nem (ausensium)9. Deux autres urnes portant la même inscription ont été découvertes à Balaruc et à Nîmes10. Or, on sait que la sépulture des miséreux est une charge publique dans l’Antiquité, et si de telles inscriptions ne soulèvent aucune difficulté à Balaruc et à Nîmes, il faut bien reconnaître qu’à Vallon-Pont-d’Arc, celle-ci paraît parfaitement exotique. Aussi étonnante, par ailleurs, que l’extension des cadastres uzégeois sur la rive gauche de l’Ardèche, précisément dans le secteur de Vallon-Pont-d’Arc et, au-delà, jusqu’à la confluence de cette rivière et du Rhône11. Trois inscriptions datées du iie siècle permettent également de douter de l’appartenance de ce secteur à Alba, dans la mesure où c’est une corporation de nautes nîmois qui assume la rupture de charge au confluent12. À l’inverse, aucun indice ne permet de rattacher ce secteur à la cité d’Alba, si ce n’est l’extension du diocèse vivarois au xiiie siècle. Si les indices territoriaux sont donc ténus, nous en avons bien conscience, ils n’en suggèrent pas moins de considérer le vide observé sur la rive gauche de l’Ardèche (fig. 1) comme l’empreinte d’un territoire distinct. De la même façon, la mention de Bourg-Saint-Andéol en Tricastin est à mettre en parallèle avec une extension du cadastre d’Orange sur la rive droite du Rhône, immédiatement au sud de cette localité13. Orange n’est certes pas Augusta Tricastinorum, mais cette cité s’est détachée de la maille territoriale orangeoise. Il y a encore une fois une coïncidence troublante entre la géographie administrative du haut Moyen Âge et les indices encore lisibles issus du monde antique. L’appartenance de Bourg-Saint-Andéol au Tricastin est d’ailleurs un fait durable, dans la mesure où, au xe siècle, le lieu est encore localisé in comitatu Tricastinense14 alors même que, depuis le ixe siècle, il relève de la parroechia de Viviers selon le Martyrologe d’Adon (fig. 2). Nous avons manifestement un exemple de coterritorialité dont on peut déterminer la chronologie relative : dans le cas présent, c’est le diocèse qui introduit une nouvelle territorialité et qui, d’une certaine manière, perturbe une organisation plus ancienne de l’espace administratif. En outre, la répartition des sites fortifiés de hauteur d’initiative publique tend à révéler le même effet limite que celui perçu dans la Dotatio sur la zone incriminée (fig. 1). Ces ouvrages imposants, tous actifs pendant le ve siècle, se situent très nettement à la périphérie du Vivarais haut-médiéval, parfois même dans ses ultimes avancées. C’est le cas avec les sites fortifiés de Saint-Saturnin et Château-Porcher mais aussi avec celui de Rompon qui est un des sites les plus importants de la moyenne vallée du Rhône, comparable par ses dimensions à l’oppidum de Saint-Biaise15. Leur répartition évoque indéniablement un effet limite et, plus encore peut-être, un effet frontière. C’est le cas à Rompon et l’analyse reste à faire pour les sites plus méridionaux16. L’ensemble de ces éléments tendent par conséquent à changer notre vision du Vivarais. D’une manière générale, il semble que l’étendue du Vivarais haut-médiéval, au nord et au sud, soit beaucoup moins généreuse que celle du diocèse, même si la Dotatio révèle aussi de possibles enclaves méridionales pendant le haut Moyen Âge.
6À l’ouest, la restitution de l’espace vivarois tient à l’interprétation d’une notice de la Dotatio : Ego Bobo et uxor mea Eulalia et frater meus Rufinus aedifîcavimus ecclesiam in Arveniatense in honore sancti Petri super fluvium Liger. Dotavi eam de propriis meis colonicas LX et super Henticam fluvium villa[m] quae vocatur Utiaco et ista omnia tradimus Deo et sancto Vincentio. L’interprétation de cette notice bute sur le terme Arveniatense. Cette lecture est commune aux deux manuscrits mais elle n’en pose pas moins problème. Tout d’abord, l’un d’eux a biffé une première lecture Arnematense avant de la corriger en Arveniatense, d’où le sentiment qu’une confusion paléographique reste possible. Ensuite, quelle serait la signification géographique ou administrative de in Arveniatense ? Concrètement, peut-il s’agir de l’Auvergne alors même que la villa Utiaco et l’église Saint-Pierre super fluvium Liger peuvent être localisées respectivement en Ardèche et en Haute-Haute-Loire ? force est d’admettre que jamais la forme Arveniatense n’apparaît dans les sources contemporaines. On lui préfère Arverna, tandis que le Velay n’est jamais situé à cette date en Auvergne. Tout au plus les textes antiques suggèrent-ils un tel raccourci pour désigner les peuples de cette région. Mais qu’en est-il vraiment au haut Moyen Âge ? En outre, on ne voit jamais d’évêques du Velay assister à un concile, ni au vie, ni au viie siècle, pas même à celui de Clermont en 535. Il y a là une anomalie qui n’a encore jamais été élucidée. En définitive, une lecture littérale du texte tel qu’il nous est parvenu ne peut être exclue d’emblée mais elle se heurte néanmoins à de sérieux obstacles. Rien n’empêche non plus de penser que la leçon in Arveniatense révèle une circonscription divisionnaire identique à celles que nous présenterons plus loin. Pourtant, si on ne peut admettre sans sourciller que l’Auvergne se soit étendue aussi loin de Clermont, l’hypothèse que cette région montagneuse soit vivaroise ne nous paraît pas mieux soutenable. En effet, la carte administrative du ixe siècle montre que cette région reste plutôt dans le giron de la cité anicienne. Les villae situées dans ce secteur sont peu nombreuses mais les deux seules qu’on puisse identifier de manière crédible sont référencées dans le pagus de Velay (fig. 2). Ce vide documentaire, quoique relatif, reflète vraisemblablement aussi l’état du peuplement de ces régions montagneuses. En outre, au-delà du ixe siècle, le fait est que les évêques de Viviers sont absents de cette région, tandis que ceux du Puy y sont fortement implantés. On ne connaît aucun bien possédé ou seulement revendiqué par les évêques vivarois, quelle qu’en soit l’époque, ni, à partir du xiie siècle, aucun hommage pour les châteaux de ce secteur géographique, si ce n’est celui relatif au château du Mézenc. Encore s’agit-il d’une exception et d’une prétention sans lendemain au début du xiiie siècle, qui ne peut masquer la prépondérance écrasante des évêques du Puy sur toute la montagne ardéchoise et une partie des Boutières (fig. 3). La totalité des châteaux de cette région, y compris celui du Mézenc, sont dans la mouvance de ces évêques qui apparaissent comme les héritiers directs des droits du comté du Puy, quand bien même la compétition avec les vicomtes de Polignac fut particulièrement vive et tenace. L’héritage des prérogatives comtales carolingiennes transparaît aussi de manière très nette dans la géographie des péages revendiqués par les évêques. Un acte du roi de France Louis VII permet de se faire une certaine idée de l’étendue de l’espace routier contrôlé par l’Église du Puy (fig. 2). La comparaison des deux cartes, celle des hommages et celle des péages, révèle une emprise territoriale parfaitement cohérente, contestée dans les faits par des laïcs, certes, mais jamais par les évêques de Viviers. Mieux encore, le patrimoine de cette Église s’étend largement sur le Vivarais jusque dans la vallée de l’Ardèche, près d’Aubenas, si bien que des documents du xiie siècle situent certaines églises ou de simples hameaux assurément vivarois dans l’episcopatus du Puy17. La comparaison diachronique des cartes révèle donc une contiguïté certaine dans la spatialisation des dominations ecclésiastiques et, peut-être aussi, des empreintes territoriales beaucoup plus anciennes. En effet, si l’on superpose l’ensemble des espaces que nous avons évoqués, on peut alors observer pour certains d’entre eux une similitude si étonnante qu’on peut suggérer que l’effet de miroir traduit au fond une continuité historique. Car les cartes décrivant les territorialités les plus anciennes sont aussi les plus cohérentes. Ainsi, la cartographie des donations de la Charta Vielha dans le comté de Viviers laisse deviner, en négatif, l’emprise des comtés voisins. Or, les droits comtaux carolingiens dont les évêques du Puy sont les héritiers correspondent assez précisément à la limite occidentale que dessine cette première carte. En outre, les principales limites qu’elle suggère se fondent dans le paysage administratif antique, tel qu’on peut du moins le reconstituer ou le déceler. C’est particulièrement vrai au nord du Vivarais mais cela apparaît aussi, quoique de manière plus imprécise, au sud. La cohérence territoriale qui semble se dégager de cet ensemble cartographique trouve encore un écho particulier au xve siècle, chez l’auteur de l’Itinéraire brugeois qui, venant du Puy et se dirigeant vers Avignon, découvre la Provence (Provintia) à Aubenas18…
7En résumé, la Charta Vielha semble bel et bien révéler l’extension initiale du Vivarais. La représentation qu’elle induit est donc bien différente de l’image familière mais anachronique que nous en avons, faussée par l’apparence trompeuse d’un diocèse prégnant dans les références spatiales et permanent dans son étendue. Assurément, ces deux attributs sont ceux du diocèse et de ses limites depuis le xiiie siècle jusqu’à 1790. Mais avant le xiiie siècle, rien de tel. L’idée même selon laquelle on pourrait retrouver les limites des cités antiques à travers celles des diocèses médiévaux doit donc être considérablement amendée et d’autant plus que l’espace de référence n’a rien de spécifiquement religieux avant le xie siècle. La restitution que nous proposons du Vivarais haut-médiéval est évidemment une hypothèse mais elle nous semble fondée sur des éléments assez probants. On peut discuter sur le détail des limites qui, à l’avenir, pourront peut-être se préciser, mais il est indubitable que l’assise géographique du Vivarais et sa perception ont profondément évolué au cours du Moyen Âge : perception d’un espace civil dans lequel peut se fondre le religieux qui évolue vers une référence spatiale exclusivement ecclésiastique ; assise territoriale dont le centre de gravité se déplace du sud vers le nord. Le barycentre du diocèse s’est progressivement déplacé vers le nord dès avant le xe siècle et on peut, à titre d’hypothèse, mettre cette évolution en perspective avec la querelle des métropolitains d’Arles et de Vienne quant à leur juridiction sur le Vivarais. Le conflit démarre au ve siècle et est d’abord tranché, en 515, au profit de l’archevêque d’Arles. Mais, à la fin du ixe siècle, le conflit reprend et s’achève en 1088 par le rattachement définitif du Vivarais à la métropole viennoise. Sans chercher de lien de cause à effet, on ne peut manquer d’observer que le rattachement à la métropole de Vienne correspond à une époque où l’espace du diocèse de Viviers s’était déjà considérablement rapproché de Vienne. À l’issue de ce bref tour d’horizon cartographique, nous avons donc acquis la certitude que le diocèse est d’abord le fruit d’une construction lente à la fois en termes d’espace et en termes de représentation de l’espace, dans la mesure où le mot même de diocèse ne sert de référence spatiale en Vivarais qu’à partir de 1215. Il supplante de manière concomitante l’episcopatus, qui traduisait autant l’espace diocésain que l’espace du pouvoir temporel exercé par un évêque, lequel pouvait donc s’exercer hors de son diocèse. La confusion des genres s’efface finalement avec la généralisation du terme diocesis. Néanmoins, les modalités concrètes de cette construction territoriale nous échappent.
Les cadres territoriaux intermédiaires
8Poursuivant l’analyse de la Dotatio, on ne peut manquer d’apercevoir l’existence de circonscriptions subalternes qui permettent de situer plus précisément les biens donnés à la cathédrale de Viviers. Ces circonscriptions, à défaut de pouvoir les nommer, nous pouvons au moins les définir. Nous en comptons assurément sept ; huit si l’on y ajoute le mystérieux in Arveniatense. Elles se présentent systématiquement dans la Dotatio avec le suffixe -ense et plusieurs éléments permettent de les distinguer de l’unité administrative ou fiscale immédiatement inférieure, la villa. Et d’abord, le fait que des biens y soient localisés : Ego Aspasia dotavi sancto Vincentio in Caxonense Landatis et in Mílícíanense Servacíono totum usque in rio Volenceta ; Vitem et Pristinis totum usque in fluvium Cicei. Dans un cas seulement la nature de la circonscription est explicite par l’emploi du terme d’arx : Eqo Leo et uxor mea Hostílíana condonavimus aliquid de nostris rebus quae sunt in Vivariense, in arce Samsonence de villa quae dicítur de Quicíaco [...]. L’usage du mot arx et la topographie du rocher de Sampzon évoquent indéniablement un site fortifié de hauteur, quand bien même tout vestige en a disparu du fait de la construction d’un castrum attesté au xiie siècle et, au xxe siècle, d’une antenne de l’ORTF. Ensuite vient l’analyse des donations et des biens eux-mêmes. Souvent, le rédacteur du cartulaire a pris soin de noter le nombre de colonicae données à la cathédrale Saint-Vincent. Si la colonica est sans doute une unité plus fiscale que parcellaire, le lien entre valeur et surface n’en apparaît pas moins évident. Aussi, lorsqu’on essaie de quantifier ces collonges, on s’aperçoit qu’en moyenne une villa ou une église dotée équivaut à vingt collonges. Or, quand l’évêque Longin, au milieu du viie siècle, donne la moitié du territoire ou des droits de Silva (Silvatense medio19,) il cède 120 collonges. Faisons un calcul rapide : l’ensemble du territoire englobé in Silvatense totalise 240 collonges, ce qui représente l’étendue moyenne de douze ou treize villae ! À ce stade, on se rapproche plus d’une circonscription de type pagus (pagus minor s’entend) que d’une villa. Le troisième et dernier argument en faveur d’une circonscription divisionnaire tient au devenir de ces sites à l’époque carolingienne. Sur les sept recensés avec certitude, quatre deviennent siège vicarial : Sampzon, Silvatense, Saint-Paulet-de-Caisson et Hamilliac. Les trois autres sites disparaissent totalement de la documentation carolingienne et au-delà jusqu’au xiie ou xiiie siècle : Intrense (ou Coutronica)20, Saint-Juliende-Cassagnas et Lussas. Encore faut-il préciser qu’Intrense/Coutronica n’est pas localisé avec certitude et qu’une des hypothèses de localisation correspond justement à un site vicarial, en l’occurrence le rocher de Soutron. Ajoutons à ces arguments que, aux ixe-xe siècles, la formulation -ense est encore utilisée pour désigner les chefs-lieux de circonscriptions divisionnaires. À l’inverse, aucune villa mentionnée dans la Dotatio ne devient chef-lieu éponyme d’une viguerie. L’ensemble de ces éléments montrent assez l’existence de territoires intermédiaires entre la villa et le comitatus, datés entre la fin du ve et le début du viiie siècle, territoires qui plus est à l’origine du réseau vicarial carolingien. Mais comment les nommer ? Le seul indice est contenu dans la notice de Leo et Hostiliana sur Sampzon. Doit-on pour autant en déduire que chacune des occurrences constituait un site fortifié, comme le terme d’arx le laisse supposer ? Il y a loin de l’indice à la réalité car, en l’état actuel de la carte archéologique, rien ne permet de l’envisager. Sampzon est certainement un site de hauteur correspondant aux nouveaux lieux de pouvoir de l’Antiquité finissante mais, a contrario, Saint-Paulet-de-Caisson, Hamilliac et Lussas n’en sont pas. La localisation de Cassanience à Saint-Julien-de-Cassagnas n’est pas certaine mais, quelles que soient les autres hypothèses, aucune ne correspond à un site d’éperon rocheux ou simplement de hauteur. Seul Coutronica pourrait être identifié à un pointement rocheux se détachant dans le paysage, encore faut-il préciser qu’Intrense serait dans cette hypothèse une localité de fond de vallée (Intres, commune de Châteauneuf-de-Boutières). Il convient peut-être justement de relativiser l’importance des sites de hauteur dans le paysage administratif haut-médiéval. C’est là sans doute un des apports essentiels de la Dotatio, dans la mesure où le réseau d’encadrement de la population qui s’y dessine, aussi lacunaire soit-il, est bien différent de l’impact provoqué par l’essor des sites de hauteur sur le peuplement lui-même. Autrement dit, le développement des sites de hauteur semble n’avoir eu qu’un effet relatif sur l’organisation des cadres territoriaux, en ce sens que d’autres lieux de pouvoir et d’encadrement existent ou subsistent. L’impact du ve siècle et de ses forteresses de hauteur est indéniable, les recompositions territoriales provoquées par l’émergence de nouveaux lieux de pouvoir également. De tels lieux apparaissent même dans la Dotatio, au-delà de l’exemple déjà cité de Sampzon. S’ils n’en sont pas absents, ils y sont néanmoins minoritaires et, surtout, ils ne présentent pas les caractéristiques des circonscriptions divisionnaires. Le site de Rompon est ainsi seulement décrit comme une « montagne21 », celui d’Aubenas comme un palatium22. Celui-ci appartient certes au patrice de Provence Antherius mais on ignore s’il s’agit d’un lieu de pouvoir plus que d’une résidence aristocratique. Toutefois, le terme utilisé nous rapproche plutôt de cette dernière solution23. Ajoutons que, en dépit de leur importance apparente – Rompon par l’étendue et la monumentalité de ses remparts, Aubenas par son lien avec l’un des personnages les plus importants de la vallée du Rhône–, ni Aubenas, ni Rompon n’ont subsisté comme chefs-lieux territoriaux à l’époque carolingienne. À l’inverse, des sites qui restent pour nous méconnus et qui étaient sans aucun doute beaucoup moins spectaculaires ont eu une place dans le maillage territorial de la fin de l’Antiquité, ont polarisé l’espace proche et, pour plus de la moitié d’entre eux, ont encore joué un rôle à la période carolingienne. Les recherches archéologiques menées depuis plusieurs années en Languedoc ont bien mis en évidence la permanence des lieux du pouvoir entre la fin de l’Antiquité et l’époque carolingienne, en supposant que la continuité des lieux est aussi celle du pouvoir lui-même. La Charta Vielha ne dit pas autre chose en mettant en évidence cette continuité au niveau des sources écrites – et c’est là un apport majeur – mais elle permet aussi de l’élargir en intégrant des sites dont on n’aurait pu soupçonner, a priori, la fonction. Le maillage territorial du haut Moyen Âge apparaît, dès lors, plus complexe et diversifié qu’on ne pourrait le penser, et les rapports qu’entretiennent les différentes mailles entre elles apparaissent plus inextricables.
9Une dernière question doit être posée. Si le réseau administratif dévoilé par la Charta Vielha fut aussi, au moins en partie, le berceau du réseau vicarial, dans quelle mesure est-il lui-même un héritage ou une création nouvelle ? La réponse ne peut malheureusement être à la hauteur d’une question si ambitieuse compte tenu de l’état de la documentation. Nous nous contenterons donc de quelques observations prudentes. Il s’agirait d’abord de déterminer quelle fut l’organisation de la cité d’Alba à l’échelon immédiatement supérieur à la villa. Or, contrairement aux pays voconce ou allobroge, le Vivarais n’a livré qu’une seule mention de pagus24. Les vici sont par ailleurs inconnus dans l’épigraphie locale. Tout au plus peut-on évoquer des communautés, sans autre précision, correspondant à deux agglomérations près de Mirabel et à Rochemaure25. Néanmoins, la documentation archéologique pourrait pallier de manière efficace ces lacunes, en permettant le recensement de ces agglomérations dites secondaires26. Or, l’observation essentielle est qu’il n’y a précisément aucun lien entre les sites identifiés dans la Dotatio et les agglomérations antiques : ceux-ci évitent particulièrement celles-là. L’exemple le plus significatif est celui de Lussas qui se trouve à environ 2 km au nord de la petite agglomération gallo-romaine mise au jour sur la commune limitrophe de Mirabel. Tout comme Lussas a joué un rôle dans l’encadrement administratif du Vivarais haut-médiéval, ce lieu pourrait avoir eu sa place dans l’organisation civique d’Alba, dans la mesure où une inscription nous livre le nom probable de ses habitants ou de sa communauté27. On ignore cependant l’essentiel, en ce sens que nous ne connaissons précisément ni la chronologie de l’occupation de Lussas, ni celle de l’agglomération de Mirabel pour que la comparaison soit totalement opérante. À Ruoms cependant, la chronologie est connue et significative. Il s’agit d’une importante agglomération sur la voie dite d’Antonin reliant Alba à Nîmes, dont l’occupation perdure sans discontinuer pendant tout le Moyen Âge, y compris durant la période des ve-viie siècles28. Pourtant, le chef-lieu du haut Moyen Âge est à Sampzon sur un site dépourvu d’occupation antique importante et agglomérée. Hamilliac, Sauveplantade sont quant à eux plus éloignés encore de ces agglomérations secondaires, et que dire du site d’Intrense a priori complètement isolé dans un désert d’occupation antique ! En définitive, le maillage territorial des cités gallo-romaines a complètement disparu dès la fin du ve siècle au moins. Ce sont d’autres lieux, d’autres sites qui prennent le relais et qui constituent de nouvelles hiérarchies territoriales. Ce nouveau maillage est-il antérieur à la fin du ve siècle ? La première synthèse régionale sur le sujet montre qu’à l’évidence la fin du ve siècle est une période charnière dans l’encadrement des territoires29. Des sites nouveaux apparaissent et perdurent en formant l’assise du réseau des vigueries d’époque carolingienne. Par conséquent, on peut penser que les circonscriptions territoriales du Vivarais pourraient dater, elles aussi, de cette période. Quelle que soit l’échelle considérée, le très haut Moyen Âge apparaît comme une période charnière dans la construction des espaces médiévaux. La Charta Vielha est une fenêtre exceptionnelle ouverte sur cet espace, dont de nombreux linéaments restent encore à décrire.

Figure 1 – La dotatio ecclesie Viranensis

Figure 2 – Le Vivarais au haut Moyen Âge

Figure 3 – Carte des hommages dus aux évêques du Puy et de Vivarais et au comte de Valentinois au xiiie siècle
Notes de bas de page
1 L’édition de ce texte est en cours dans le cadre de notre thèse de doctorat sous la direction de Monique Bourin.
2 Dotatio Ecclesie Vivariensis, J. Régné (éd.), Aubenas, 1914, P.-J. no 2, p. 636-640.
3 Ce sont les comptes de décimes qui, en Vivarais comme ailleurs, permettent de définir exactement les limites du diocèse. Le premier compte conservé date de 1275 : Pouillés des provinces de Besançon, de Tarentaise et de Vienne, E. Clouzot et J. Calmette (éd.), Paris, 1940, p. cxiii-cxiii et 437-457·
4 Un exemple choisi parmi une demi-douzaine d’autres suffira à éclairer cet aspect. Aux xe-xie siècles, l’église de Saint-Georges-les-Bains est localisée à trois reprises dans l’episcopatus de Viviers (Cartulaíre de Saint-Barnard, no 33, p. 44, et Bullarium sacri ordinis Cluniacensis, P. Symon (éd.), Lyon, 1680, p. 13-15 et p. 15-16), tandis que dans les comptes de décime du xiiie siècle celle-ci relève du diocèse de Valence. Or, jusqu’au xviiie siècle, l’église de Saint-Georges-les-Bains n’a jamais quitté le temporel des évêques de Viviers.
5 Diplôme de Charles le Chauve confirmant la possession du lieu de Puletum (Le Pouzin) situé in comitatu Valentinensi à l’évêque Aetherius de Viviers. Recueil des actes de Charles le Chauve (840-877), A. Giry et alii (éd.), t. II, no443, p. 493-497.
6 Cartulaire de Cluny, t. ii, no 1434, p. 491-492, et Cartulaire de Saint-Chaffre, no 378-380 p. 133.
7 J. Napoli et R. Rebuffat, « Les milliaires ardéchois d’Antonin le Pieux », Gallia, 49 (1992), p. 51-79.
8 A. Blanc, Valence des origines aux Carolingiens, Valence, Imprimerie Réunies, 1964, p. 28-31.
9 CIL, xii, no 5686.
10 Sur l’interprétation de ces découvertes : M. Assénat, Cadastres et romanisation dans la cité antique de Nîmes (iie siècle av. J.-C.- iie siècle ap.J.-C.), université Paul-Valéry, Montpellier III, 1996, p. 12-13.
11 Ibid., p. 92 et 116.
12 CIL, xii, nos 3316, 3317 et 4107.
13 P. Leveau et alii, « Le Rhône romain : dynamiques fluviales, dynamiques territoriales », Gallia, 56 (1999), fig. 33.
14 Cartulaire de Cluny, t. III, no 1998, p. 200.
15 O. Darnaud, E. Ferber et P. Rigaud, « Le couvent des Chèvres au Pouzin (Ardèche) : découverte d’un site fortifié de hauteur tardo-antique », à paraître dans Archéologie du Midi médiéval.
16 L’étude de ces sites est en cours grâce à Nicolas Clément, doctorant à l’université Lumière Lyon 2.
17 C’est le cas de Pradelles (Cartulaire de Saint-Chaffre, no 360, p. 122), de la chapelle Saint-Philibert à Lanarce et de l’église de Saint-Cirgues-en-Montagne (Bullaire du pape Calixte II (1119-1124), U. Robert (éd.), Paris, 1891, no 13, p. 12-15)
18 Le livre de la description des pays de Gilles le Bouvier, dit Berry, premier roi d’armes de Charles VII, Roi de France, publié pour la première fois avec une introduction et des notes et suivi de l’itinéraire Brugeois, de la Table de Velletri et de plusieurs autres documents géographiques inédits ou mal connus du xve siècle, E.-T. Hamy (éd.), Paris, 1908, p. 183.
19 Dans la Dotatio, medio est employé dans un sens quantitatif (la moitié de) et non géographique (au milieu de). Il est synonyme de dimidio.
20 Ego Aginus, vir illustris, et uxor mea Petronilla dotavimus de propriis rebus nostris <ad> Sanctum Vincentium in castro Vivarii situm quod de genitore meo Aprunculo justissimo advenit, hoc est : Valligorgia cum ecclesia sancti Martini cum suis appendentiis, Alpes duas quae noncupantTaranicis, ybidem adhérentes us que ad Borna et usque ad Intrense sioe usque in ualle Coutronica et usque ad Linna quae vergitur in Linna [...].
21 Ego Rodulfus dotavi ecclesiam sancti Petri in Rampone monte [...].
22 Ego Antherius, patritius Provinciarum [lire Provinciae], et uxor mea Sulpítía dotavimus sancto Vincentio de propriis nostris : Albemiate, palatium nostrum quod est constructum secundum Henticam fluvium cum ecclesias duas, una sancti Saturnini, altera sancti Lupi [...].
23 La situation topographique d’Aubenas évoque indéniablement celle d’autres sites de hauteur. Mais le palatium lui-même n’est pas identifié. Les plus anciens vestiges sont ceux du château médiéval, construit sur le point le plus élevé du site, en surplomb de l’Ardèche qui coule au pied de la barre rocheuse.
24 ILGN, no 374 : Pag(us) / Arec[...] / p(assus) lxxv.
25 CIL, xii, no 2669 (Rochemaure), et CIL, xii, no 2672 (Mirabel).
26 Aucune étude spécifique n’existe encore sur ce sujet en Vivarais. Mais un premier recensement a été tenté dans la CAG 07, p. 81-84.
27 CIL, xii, no°2672 : Matris Auy(ustis) / Obdesibus / [Iu]l(ius) [ ?] Sec[u]nd[us ?]. Restituer Obdensibus.
28 N. Clément, Ruoms (Ardèche). Un exemple de continuité d’habitat du ier siècle ap. J.-C. à 1308, mémoire de maîtrise, université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, 2000. Information communiquée par l’auteur.
29 L. Schneider, « Les agglomérations de tradition antique dans les sources médiévales languedociennes : le cas des chefs-lieux territoriaux », dans Les agglomérations gallo-romaines en Languedoc-Roussillon, J.-L. Fiches (dir.), MAM no 13, Lattes, 2002, p. 33-38.
Auteur
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/Lamop
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