Les territoires locaux dans la Pouille méridionale du viie au xe siècle
Un reflet de la frontière de Byzance en Adriatique ?
p. 141-158
Texte intégral
1Dans le courant du viie siècle, les Lombards du duché de Bénévent annexent une grande partie de l’Italie sud-orientale jusqu’à s’emparer de Tarente et de Brindisi, dans l’actuelle région de la Pouille (figure 1). Sur le versant oriental des mers adriatique et ionienne, l’installation des Slaves réduit la présence byzantine à des enclaves littorales et insulaires1. Byzance conserve toutefois la maîtrise d’un espace maritime vaste et dynamique, jalonné d’enclaves portuaires, tandis que les arrière-pays italien et balkanique rentrent dans une période de profonde transformation spatiale.
Figure 1 – Localisation géographique

Données : S.I.T. Regione Puglia – C.A.O. © Giovanni Stranieri
2La restructuration de ces espaces, qu’opposent leur insertion dans des réseaux différents et leurs tropismes politiques et stratégiques, engendre de facto une situation de frontière. Sur le plan théorique, celle-ci peut être considérée soit comme la démarcation entre différentes fidélités politiques, soit comme un dispositif, linéaire ou pas, de protection militaire ou encore comme un espace de transition2. Or il est difficile de caractériser cette situation spécifique de frontière en raison de la pénurie des sources écrites, jusqu’à la fin du ixe siècle, lorsque l’Empire revient en force en Italie méridionale et, dans une moindre mesure, sur le versant balkanique. Vivien Prigent a tenté avec succès de pallier la rareté des textes en s’appuyant sur la sigillographie et la numismatique pour décrire l’administration byzantine en Adriatique3. La récente montée en puissance des recherches archéologiques permet l’identification de certaines dynamiques spatiales et sociales propres à cet espace de frontière. Dès les années 1980, sur le versant italien, les enquêtes de terrain ont établi un référentiel céramologique et caractérisé la transformation des paysages ruraux et des réseaux d’habitat4. Plus récemment, les fouilles de Butrint en Albanie et les recherches subaquatiques le long du littoral albanais ont levé le voile sur l’histoire de ces espaces terrestres et sur les échanges entre les deux rives, pour la période considérée5. L’article présente ici une étude de cas concernant la petite cité d’Oria dans la Pouille méridionale, telle qu’elle émerge au viie siècle dans la documentation archéologique. Précisons que le singulier « Pouille » a été introduit en français6 sur le modèle de l’usage italien actuel (Puglia), qui a remplacé le traditionnel pluriel (Puglie). Celui-ci reflétait la complexité de la construction régionale, déjà prise en compte par la dénomination double de la regio II augustéenne Apulia et Calabria.
3Après avoir rappelé les repères événementiels et la géographie historique de la région, je présenterai, d’une manière succincte, plusieurs enquêtes qui permettent tout d’abord de reconstituer les paysages agraires, les bassins économiques et les réseaux d’échange. Ensuite, j’utiliserai ces résultats pour étayer des hypothèses sur la restructuration des territoires locaux. Cette notion désigne ici les aires sur lesquelles les élites urbaines exercent leur contrôle, en polarisant plusieurs habitats périphériques et les espaces que ces derniers se sont appropriés matériellement et symboliquement, en se posant en relais des autorités centrales7. Enfin, je comparerai les dynamiques territoriales de cette cité de l’arrière-pays lombard avec celles, très différentes, d’Otrante et de Butrint, pivots du dispositif byzantin en Adriatique méridionale, dans le but de définir certains marqueurs spatiaux et culturels comme les aspects visibles d’une frontière qui paraissait jusque-là insaisissable.
Émergence et évolutions d’une zone-frontière
4Dans les premières années du viie siècle, profitant de l’engagement de l’Empire sur ses frontières balkaniques et orientales, les ducs de Bénévent annexent progressivement l’Apulia8. L’expédition de l’empereur Constant II, qui débarque en 663 à Tarente, ne réussit pas à repousser leur expansion9. Après la mort de Constant en 668, le duc Romuald II réalise – entre 674 (lors du siège arabe de Constantinople) et 687 (date de sa mort) – la conquête de Tarente, de Brindisi ainsi que de la latissima regio environnante10. Les Lombards peuvent alors cibler le port stratégique d’Otrante : la cité, certainement byzantine en 710 – quand le pape Constantin Ier y est reçu par le fonctionnaire impérial Théophane –, a dû finir par être occupée par les Lombards puisque le duc de Bénévent Arichis la « rend » aux Byzantins en 75811.
5Après 684, la Calabria (la partie méridionale de l’ancienne région augustéenne) devient un « pays lombard12 », aux marges occidentales d’un espace maritime byzantin. La ligne de frontière (du moins théorique) semble alors se déplacer vers ses côtes sud-orientales, mais tant sa cartographie que ses dynamiques sociales et spatiales restent insaisissables, en dépit des propositions avancées dans le cadre de la tradition érudite du limitone dei greci, autrement dit le limes byzantin13, censé protéger les territoires restés byzantins. Les rares textes disponibles suggèrent que les sources byzantines valorisent le choronyme Calabria lorsque les Lombards élargissent les limites de leur duché au viie siècle : le gouverneur des terres byzantines résiduelles (Calabria, l’actuelle Pouille méridionale, et Bruttium, la partie de l’actuelle Calabre restée sous contrôle impérial), siégeant à Otrante, porte désormais le nom dux Calabrie14. Ces mêmes sources définissent les territoires rattachés au duché bénéventain par le nouveau choronyme Langobardia (minor). On peut supposer que c’est dans la première moitié du viiie siècle, quand l’enclave d’Otrante passe temporairement aux mains des Lombards, que se réalise la migration définitive du choronyme Calabria vers l’actuelle région de Calabre15.
6Vers le milieu du ixe siècle, la région redevient le théâtre d’opérations militaires, avec les attaques arabo-musulmanes sur Brindisi, l’occupation intermittente de Tarente et la fondation d’un émirat à Bari16. Ces événements déclenchent l’intervention de l’empereur carolingien Louis II, puis des Byzantins qui reconquièrent la région en 88017. Cette reconquête fait de Bari, qui s’est développée grâce au commerce maritime, le centre du nouveau thème de Langobardie, constitué en 892, avant qu’il soit uni aux deux thèmes de Calabre et de Basilicate, dans le catépanat d’Italie, vers 975. L’institution du catépanat marque la transformation de plusieurs territoires militarisés (gr. themata) et dirigés par un stratège en une véritable province impériale, dont le gouverneur – supérieur aux stratèges – porte le titre de dux (gr. doux) ou celui, inédit, de catépan (gr. katépánō, « celui qui est situé au sommet »). En outre, la référence à l’Italie dans le nom de la circonscription traduit les ambitions territoriales renouvelées de l’Empire dans la péninsule18. Celles-ci sont également attestées par des constructions prestigieuses dans la cité de Bari et par la reconstruction des remparts de Tarente (vers 967)19, puis par la construction d’une ceinture de villes neuves fortifiées sur les contreforts de l’Apennin, à l’extrémité nord-ouest du catépanat20. Ce n’est qu’avec la conquête normande, dans la seconde moitié du xie siècle, que l’on revient à la dénomination classique d’Apulia – Robert le Guiscard prend le titre de dux Apulie à partir de 1059 –, étendue à l’ensemble de la région actuelle avec une partie de la Campanie et de la Basilicate.
Textes et archéologie des paysages : appréhender une frontière insaisissable
7Après avoir joué un rôle de premier plan dans la Messapie préromaine, Oria est, à l’époque romaine, un centre de second rang de la Calabria. Achevée en 266 avant notre ère, la conquête romaine fait des deux ports de Brindisi et de Tarente les pôles directeurs de cet espace, dans le cadre de la projection des Romains vers la Méditerranée orientale. Avec la christianisation, Oria, bien que civitas, ne devient pas siège épiscopal, contrairement à Brindisi et à Tarente21.
8Ces équilibres changent au cours du viie siècle, quand Oria s’affirme face aux deux cités maritimes, avant qu’elle ne retrouve, au xe siècle, sa position subordonnée dans le réseau urbain. Dès le milieu du vie siècle, selon Procope, le port de Brindisi n’est plus protégé et la flotte byzantine s’appuie sur Otrante22. À partir de 595, ce siège épiscopal est durablement vacant23. Beaucoup plus tard, en 885, les textes mentionnent Théodose « évêque d’Oria » (Uritanus episcopus), ayant Brindisi sous sa juridiction24, mais une translation du siège de Brindisi à Oria dès le viiie siècle a été proposée sur la base de la datation (controversée) d’une inscription portant le nom d’un évêque Magelpoto25. En revanche, à Tarente, les listes épiscopales attestent la continuité du siège. C’est à Tarente que Constant II débarque en 663, et en 849 la ville est le seul centre de gastaldat (les principales circonscriptions administratives du duché lombard) attesté dans la Pouille méridionale26. L’occupation musulmane au milieu du ixe siècle pourrait toutefois avoir poussé le gastald de Tarente à se replier sur Oria. L’importance de cette cité est d’ailleurs confirmée par les multiples incursions musulmanes qu’elle subit et par l’intervention de deux stratèges byzantins venus la défendre en 92527. Le scénario de promotion de la cité d’Oria à la tête du réseau urbain est conforté par l’existence d’une riche collection de fragments architecturaux erratiques, d’inscriptions en latin, en grec et en hébreu ainsi que par les restes de deux églises oblitérées par les constructions postérieures28. Après la conquête lombarde du viie siècle, Oria est au carrefour des principaux axes routiers. Sa position perchée stratégique et rare, au centre d’une vaste plaine, permet aux Lombards, qui ne disposent pas de flotte militaire, de repousser d’éventuelles incursions byzantines, puis musulmanes venues de la mer
9Cette promotion urbaine reste cependant une hypothèse fondée sur un faisceau d’indices concordants et sur un raisonnement régressif à partir de la situation attestée à la fin de la période considérée, au xe siècle. Les enquêtes archéologiques récentes sur la mise en valeur des sols, l’organisation de l’espace agraire, la circulation des biens, l’habitat rural et le réseau urbain semblent corroborer l’émergence d’un nouveau système territorial. Ces dynamiques spatiales – dont l’archéologue observe des indices « au ras du sol » – peuvent être lues comme des facteurs et des reflets de la frontière, à défaut d’avoir une connaissance directe de celle-ci. L’étude d’un vaste secteur autour d’Oria (400 km²), sur le versant ionien atteste l’emprise croissante des élites de la cité sur cet espace29.
10Au cours du viie siècle, les nombreux établissements ruraux abandonnés suggèrent que le bassin de vie présumé d’Oria connaît une situation d’insécurité permanente. Seuls quatre des quatorze habitats recensés au vie siècle fournissent encore de faibles signaux d’occupation. De plus, l’enquête archéobotanique menée à l’ouest de Sava (Tarente) atteste le retour de la forêt méditerranéenne dans un secteur qui se présentait depuis plusieurs siècles comme une garrigue surexploitée par les ovi-caprinés. On observe une situation assez semblable dans la plaine de Brindisi, qui fut le prospère ager Brundisinus30, ainsi qu’à l’est de Tarente31. Le viie siècle voit donc le système agraire et le réseau d’habitat se déstructurer. Il est significatif que la seule nouvelle occupation attestée à proximité d’Oria ait restitué des dépôts funéraires et des restes osseux que les analyses ostéologiques attribuent à une petite communauté de guerriers32. L’arrêt de la circulation des formes céramiques standardisées d’importation (qui prive le chercheur de son principal fossile directeur)33 et la raréfaction des attestations monétaires34 renforcent l’impression d’épuisement du système économique et spatial hérité de l’Antiquité tardive. Cet effondrement correspond à la situation de guerre endémique évoquée par les textes, qui contraste avec la situation florissante de la Sicile et, dans une moindre mesure, de la Calabre méridionale, restées sous contrôle byzantin35.
11Vers le milieu du viiie siècle apparaissent les premiers indices d’une nouvelle génération d’habitats ruraux. Ce mouvement aboutit à un nouveau réseau au ixe siècle, qui forme la trame du peuplement régional jusqu’au xive siècle, selon une tendance attestée partout ailleurs dans la région. Cet essor est sans doute le reflet d’une emprise agricole que documente l’étude anthracologique des macrorestes végétaux provenant des sondages réalisés sur une délimitation en pierre sèche localement désignée comme paretone di Sava (figure 2), située une vingtaine de kilomètres au sud-ouest d’Oria. La forêt méditerranéenne, qui caractérisait la phase précédente, laisse alors la place à un paysage de monoculture oléicole (80 % des échantillons appartiennent à cette essence). L’épierrement massif dont ce pierrier parementé est le résultat traduit une mise en valeur de nouveaux terroirs, en grande partie affectés à une production oléicole dépassant les besoins de l’autoconsommation et, dans une moindre mesure, mis en labour pour une céréaliculture de subsistance. La taille de l’ouvrage – long de 2 kilomètres environ, haut en moyenne de 1,8 mètre et large en moyenne de 4 mètres (mais l’ouvrage originel a pu être prolongé et accru au cours des siècles) – peut laisser penser qu’il délimitait et protégeait un grand domaine dont nous ignorons tout. Sa construction a été datée entre 670 et 880 (datation par le carbone 14 d’échantillons anthracologiques et données céramologiques). Cette datation permet d’attribuer cette mise en valeur soit aux débuts de la reconquête byzantine (873-880), soit à la période lombarde précédente, ce qui serait plus inédit mais plus probable compte tenu de l’ampleur de la fourchette chronologique. Ajoutons qu’à proximité de cette délimitation et de ce nouveau terroir ont été repérés deux habitats ruraux dont on date les débuts de l’occupation au ixe siècle.
Figure 2 – Le paretone di Sava (Sava-Tarente), vue aérienne oblique sud-nord

© Giovanni Stranieri
12Enfin, l’étude diachronique des parcellaires et de la voirie permet d’affirmer que deux nouveaux axes routiers locaux sont créés dans cette phase pour relier plusieurs établissements ruraux à Oria. Une nouvelle voie semble relier Oria au nouveau terroir oléicole et céréalicole situé une vingtaine de kilomètres au sud-ouest : les blocs de parcelles (masses parcellaires) qui sont orientées selon les voies antiques – l’orientation commune ou isoclinie étant l’une des modalités privilégiées de la transmission des formes du paysage – sont coupées par ce nouvel axe qui a généré un parcellaire. Ce dernier a été à son tour déstructuré par les parcellaires orientés selon les axes générateurs de plusieurs habitats attestés au xive siècle et par l’ouverture de nombreuses carrières à l’époque moderne.
13Ces résultats coïncident avec ceux des récentes opérations archéologiques menées dans la ville d’Oria. Sur le site de l’acropole antique, les fouilles ont attesté la construction, aux ixe-xe siècles, de nouveaux bâtiments comprenant des installations pour la conservation (grillage) et la transformation des céréales (dispersion de caryopses brûlés). En contrebas, a été mis au jour un quartier altimédiéval comprenant, entre autres, un pressoir à huile et des réaménagements des fortifications antiques36. Sur ce même site, sans doute en lien avec les bâtiments du pouvoir religieux et civil, se trouvent les vestiges de la première cathédrale ainsi que ceux de l’église dédiée aux martyrs Chrysantes et Daria, dont les reliques furent transportées de Rome à Oria sous le pape Étienne V (885-891)37. Ces quelques ancrages monumentaux et ces signes de concentration de la richesse agraire concordent avec l’essor du paysage agraire et de l’habitat rural et matérialisent le drainage des ressources locales par Oria, à partir probablement du viiie siècle et certainement dans le courant du ixe siècle. Les formes céramiques évoquent d’abord une reprise de la circulation des denrées limitée à un horizon local, ce qui dessine encore une « frontière céramologique » assez nette avec l’arrière-pays d’Otrante. Ensuite, au xe siècle, le secteur d’Oria réintègre les circuits commerciaux byzantins38.
Les territoires locaux de la Pouille lombarde et la frontière de l’Adriatique
14Les données livrées par les enquêtes de terrain étayent l’hypothèse d’une délimitation du bassin économique exploité et polarisé par Oria, et qui sera considéré, du moins dans ce sens empirique, comme son « territoire ».
15Il nous faut ici repartir de l’organisation territoriale antique. D’après les spécialistes, Oria dispose, avant la conquête romaine, d’un très grand territoire, largement ouvert sur le littoral ionien, au sud de Manduria qu’il englobe, repoussant loin la limite orientale de la chôra tarentine et limitant le territoire de la cité messapienne de Brindisi. Après la conquête, en revanche, Oria est déclassée : l’ager Brundisinus s’étend sur toute la plaine de Brindisi, jusqu’à inclure Oria39. Il est plus difficile de délimiter les confins de l’ager Tarentinus, mais, à l’est de la ville, des restes de centuriation isoclines au parcellaire urbain antique, datés des assignations agraires opérées lors de la déduction de la colonie romaine en 123 avant notre ère (Colonia Neptunia), s’étendent sur un espace qui correspond à l’extension du territoire tarentin d’avant l’annexion romaine (figure 3)40. Toutefois Oria pourrait avoir bénéficié de son équidistance avec les deux pôles majeurs de Brindisi et de Tarente pour drainer les ressources de l’espace agraire situé au sud, autour du centre messapien de Manduria, abandonné à lui-même depuis les dévastations romaines en 208 avant notre ère, après le ralliement des Sallentini à Hannibal en 21341. On l’a vu, à la fin de l’Antiquité, Oria profite du déclassement de Brindisi pour annexer une partie de son territoire. Plus tard, afin de faire barrage aux incursions des Arabes de Tarente, Oria capte une partie du territoire oriental de cette ville.
16Ces différents arguments spéculatifs et empiriques corroborent l’idée d’un basculement des structures profondes des paysages et des sociétés. S’il est encore invisible au viie siècle – sans doute en raison de l’absence de fossiles directeurs – il devient évident à partir du milieu du siècle suivant. Dans ce scénario, c’est l’occupation arabo-musulmane de Tarente qui aurait propulsé définitivement Oria au sommet de la hiérarchie urbaine du secteur. Cette promotion apparaît clairement au moment de la reconquête byzantine en 880. Entre autres indices, la nouvelle administration byzantine assigne Oria en 885 à l’ancien prince de Bénévent Gaideris. Son évêque Théodose participe à des conciles et effectue des missions diplomatiques au nom du pape42. L’importance de la cité est encore confirmée par un odonyme, celui de la via Orietana mentionnée en 966 à propos d’une liaison Oria-Castellana Grotte (Castellano)43, un centre situé à environ 70 kilomètres d’Oria. Byzance confirme donc le rôle des petites cités de l’arrière-pays comme Oria et Bénévent, sans se démarquer des équilibres spatiaux de la phase précédente.
17Ce n’est qu’un siècle plus tard que ces équilibres spatiaux sont rompus, avec la création du catépanat : Tarente est à nouveau dotée de remparts vers 967 ; la même année, l’évêque Grégoire quitte Oria pour Brindisi44. Les grands ports reviennent ainsi à la tête du réseau urbain puisqu’ils contrôlent un commerce maritime florissant et constituent des verrous stratégiques sûrs, d’autant que la frontière avec les faibles principautés lombardes héritières du duché de Bénévent est désormais située à plus de 200 kilomètres au nord.
18Se pose la question des limites des territoires respectifs des trois villes. À ce sujet, j’avance l’hypothèse que la délimitation en pierre sèche décrite plus haut (figure 2) peut être considérée comme un marqueur spatial de la limite du territoire d’Oria vers Tarente dès le ixe siècle, si ce n’est plus tôt. Plaident en ce sens la datation fournie par les fouilles et la multiplication des marques de la maîtrise d’Oria sur ce versant ionien. Par ailleurs, ce mur est situé à l’emplacement de la limite entre les diocèses d’Oria-Brindisi et de Tarente, telle que la documentation écrite permet de la dessiner à partir de 1310 (figure 3)45. Bien entendu, la distance de cinq à six siècles entre le mur et la limite diocésaine est considérable. Néanmoins cette parfaite coïncidence spatiale (que l’archéogéographe appelle « isotopie ») ne saurait être interprétée comme une simple coïncidence, car la transmission des formes parcellaires à travers le temps, en dépit de fortes discontinuités et des transformations, est un phénomène amplement attesté et formalisé théoriquement46.
Figure 3 – Hypothèses de reconstitution des territoires antiques de Brindisi, de Tarente et du diocèse d’Oria en 1310

Données : S.I.T. Regione Puglia – C.A.O. © Giovanni Stranieri
19La datation altimédiévale de cette grande délimitation en pierre sèche pourrait ainsi montrer la précocité d’une réorganisation et d’une restructuration des territoires locaux selon des logiques linéaires qui n’émergeraient dans les textes qu’au xive siècle. Cela pourrait servir à un début de formalisation des unités territoriales situées au-dessous des gastaldats, dont Jean-Marie Martin écrit qu’elles « sont reconnues […] mais [qu’]il faut bien avouer que nous ignorons leur nature47 ».
20Par ailleurs, le processus de territorialisation d’Oria est également observable avec l’emploi dans les textes du terme fines, mentionné dans plusieurs actes de donation en faveur de l’abbaye du Mont-Cassin, dont le plus ancien est daté de 80348. Deux copies de cet acte, datant de 829 et de 868, mentionnent des curtes, casalia, vici, etc., situés infra finibus Orietanis et également dans les confins d’autres cités. Ces formulations attestent un ressort administratif ou un échelon de l’encadrement de la population, dont Oria et d’autres cités seraient les centres : les villages et les habitats mineurs sont définis par leur appartenance à un espace plus vaste, centré sur une agglomération qui le définit et lui donne son nom. Ces textes mettent ainsi en lumière l’emprise d’un pôle urbain sur des bassins de vie et de production, également mise en lumière par l’archéologie des paysages. Par ailleurs, fines est employé sans équivoque dans le sens de confins, limite, périmètre, séparation49 : la dimension linéaire de ces limites territoriales ne me semble donc pas faire de doute.
21L’analyse du processus de territorialisation d’Oria, cité de l’arrière-pays lombard, ouvre une possibilité de comparaison avec la situation d’Otrante, dont l’espace urbain et le territoire ont fait l’objet de nombreuses campagnes de fouilles50. Contrairement à la Pouille lombarde, l’extrémité méridionale de la région continue de dialoguer avec le versant oriental de l’Adriatique. Dès le viiie siècle, le référentiel céramologique comprend des productions d’amphores destinées au transport de surplus agricoles (vin ? huile ?). Par ailleurs, les fouilles ont attesté une importante production oléicole à proximité d’Otrante dès la fin du vie siècle. Plusieurs auteurs ont mis en relief le lien entre l’imposition foncière à des fins militaires et l’oléiculture, sur la base des lettres de Grégoire le Grand qui évoquent le calendrier des versements de la taxe militaire51. L’hypothèse d’un échange actif de denrées agricoles et de produits artisanaux avec les enclaves byzantines du versant oriental du canal trouve une confirmation dans les résultats des fouilles menées sur les remparts de Butrint (Albanie), détruits à la fin du viiie siècle ou au début du siècle suivant. Certes, les petites amphores globulaires dites Otranto Mitello 1, dont la production commence à la fin du viie siècle, suggèrent une réduction de la circulation des marchandises par rapport à l’Antiquité tardive, tant en volume qu’en distance parcourue52. Il n’en demeure pas moins que ces productions, tout comme les pots à cuire, les casseroles et les fours portatifs, également produits à Otrante, attestent la continuité des flux commerciaux d’Otrante vers la côte balkanique53. La circulation de monnaie byzantine de provenance sicilienne, attestée à Butrint comme en Pouille dès le début du ixe siècle, a également été interprétée comme un reflet de l’appartenance des deux rives du canal d’Otrante à un même réseau commercial54.
22En définitive, faute de textes ou de cartes qui exprimeraient un discours ou une représentation graphique des frontières de l’époque, faute également d’ouvrages d’art qui traduiraient une volonté claire de séparer et de défendre un territoire, la circulation de certaines productions et les transformations des paysages peuvent servir à caractériser un espace frontalier. Bien entendu, cette frontière est reconstruite à partir d’extrapolations, mais celles-ci reposent sur l’étude des structures élémentaires du paysage et correspondent à une histoire « par le bas », modeste et empirique. Sur cette base, il paraît plausible qu’à partir du viie siècle la totalité de l’ancienne Apulia augustéenne et la plupart de l’ancienne Calabria sortent du contrôle politique de Byzance, dont les circuits commerciaux continuent toutefois d’irriguer Otrante et son arrière-pays. Annexées au duché de Bénévent, Tarente et Brindisi perdent leur rôle stratégique, car les Lombards ne contrôlent pas les mers. Elles ne sont plus à la tête du système territorial local, rôle qui était le leur depuis presque un millénaire et qu’elles retrouvent au lendemain de la reconquête byzantine. C’est alors la petite cité d’Oria, dans l’arrière-pays, qui prend la tête du réseau urbain de la Pouille méridionale lombarde, valorisant et drainant les ressources de l’arrière-pays. Ses élites restructurent les territoires locaux, favorisant certaines activités agricoles et la mise en place d’un nouveau réseau d’habitat connecté à la cité par de nouveaux axes routiers. Ce basculement, caractéristique de la période qui nous occupe, peut être interprété comme un reflet direct des évolutions de la frontière byzantine dans l’aire ionio-adriatique, au contact avec le duché lombard de Bénévent. Si quelques enclaves littorales restées byzantines continuent de prospérer au cœur de réseaux d’échanges méditerranéens, servant en même temps les intérêts extérieurs d’une puissance impériale, les arrière-pays se replient durablement sur eux-mêmes. La frontière est donc un espace complexe, où le marqueur réel et visible tient à l’opposition entre connexion et autarcie par rapport à des circuits et des intérêts situés à moyenne ou longue distance.
Conclusion
23J’ai voulu attirer l’attention sur un cas d’étude subrégional, celui de la restructuration du réseau et de la hiérarchie urbaine dans la moitié nord de la Pouille méridionale du viie au xe siècle. Les dynamiques qui favorisent la promotion à la tête de ce réseau d’Oria, auparavant un centre de second rang, semblent bien différentes de celles qui président à l’essor simultané du port antique d’Otrante, à l’extrémité sud-orientale de la région. À la croisée des recherches archéologiques – éclairant les formes matérielles des paysages et des échanges – et des rares textes disponibles – qui verbalisent le « système d’intention » projeté sur l’espace par les sociétés et les institutions qui les gouvernent55 – émergent certaines modalités de l’appropriation de l’espace à l’échelle locale et, par extrapolation, certains caractères des frontières politiques.
Notes de bas de page
1 Thomas S. Brown, « Byzantine Italy, c. 680-c. 876 », dans David Abulafia et al. (dir.), The New Cambridge Medieval History, vol. II (c. 700-c. 900), Cambridge, Cambridge University Press [1995], 2008, p. 320-348 ; Ivo Goldstein, « Byzantium on the Adriatic from 550 till 800 », Hortus Artium Medievalium, 4, 1998, p. 7-14.
2 Stéphane Boissellier, « Les frontières des territoires supra-locaux. Propositions et acquis », dans Nacima Baron, Stéphane Boissellier, François Clément, Flocel Sabaté (dir.), Limites et frontières, vol. 2, Ériger et borner diocèses et principautés au Moyen Âge, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2017, p. 12-15.
3 Vivien Prigent, « Notes sur l’évolution de l’administration byzantine en Adriatique (viiie-ixe siècle) », Mélanges de l’École française de Rome, 120/2, Les destinées de l’Illyricum méridional pendant le haut Moyen Âge, 2008, p. 393-417.
4 Paul Arthur, « Per una carta archeologica della Puglia altomedievale: questioni di formulazione ed interpretazione », dans Bizantini, Longobardi e Arabi in Puglia nell’Alto Medioevo, 20o Congresso internazionale di studio sull’alto medioevo (Savelletri di Fasano-Brindisi, 2011), Spolète, CISAM, 2012, p. 59-85 ; Paul Arthur et al., « Nuovi appunti sulla circolazione della ceramica nella Puglia meridionale tra tarda antichità ed alto medioevo », dans Sauro Gelichi, Claudio Negrelli (dir.), La circolazione delle ceramiche nell’Adriatico tra tarda antichità ed alto medioevo, Mantoue, S.A.P. Società archeologica, 2007, p. 331-351.
5 Richard Hodges, « Adriatic Sea trade in an European perspective », dans Id., Sauro Gelichi (dir.), Da un mare all’altro. Luoghi di scambio nell’Alto Medioevo europeo e mediterraneo. Atti del Seminario Internazionale (Comacchio, 2009), Turnhout, Brepols, 2012, p. 207-234.
6 Jean-Marie Martin (La Pouille du vie au xiie siècle, Rome, École française de Rome, 1993) en a consacré l’usage, bien que non exclusif, auprès des médiévistes francophones.
7 Pour l’emploi de la notion de « territoire local », voir Stéphane Boissellier, « La délimitation des territoires locaux. Propositions et acquis », dans Nacima Baron, Stéphane Boissellier, François Clément, Flocel Sabaté (dir.), Limites et frontières, vol. 1, Reconnaître et délimiter l’espace localement au Moyen Âge, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2016, p. 13-15 ; voir aussi Laurent Schneider, « De la fouille des villages abandonnés à l’archéologie des territoires locaux. L’étude des systèmes d’habitat du haut Moyen Age en France méridionale (ve-xe siècle) : nouveaux matériaux, nouvelles interrogations », dans Jean Chapelot (dir.), Trente ans d’archéologie médiévale en France. Un bilan pour un avenir, IXe congrès de la Société d’archéologie médiévale (Vincennes, 2006), Caen, Craham, 2010, p. 133-161.
8 Jean-Marie Martin, Ghislaine Noyé, « Guerre, fortifications et habitats en Italie méridionale du ve au xe siècle », André Bazzana (dir.), Castrum, 3, Guerre, fortification et habitat dans le monde méditerranéen au Moyen Âge. Actes du colloque organisé par la Casa de Velázquez et l’École française de Rome (Madrid 1985), Rome, École française de Rome, 1988, p. 225-236, ici p. 232-233.
9 Paul Diacre, Histoire des Lombards, trad. par François Bougard, Turnhout, Brepols, 1996, V, 6 ; Pasquale Corsi, La spedizione italiana di Costante II, Bologne, Patron Editore, 1983.
10 Paul Diacre, Histoire des Lombards, op. cit., 1996, VI, 1.
11 Martin, La Pouille, op. cit., p. 165-166.
12 Ibid., p. 163-164, 169, 176, 491.
13 Pour un bilan critique, Giovanni Stranieri, « Le “limitone dei greci” ou l’invention du limes byzantin de la Pouille (Italie). Postulats, sources et paradigmes d’un mythe historiographique », dans Les Cahiers d’AllHiS, 1, Sandrine Coin-Longeray (dir.), Falsifications, interpolations, pastiches, plagiats, manipulations, codes et sources cryptées, réécritures, Paris, Chemins de tr@verse, 2013, p. 143-176.
14 Vera von Falkenhausen, La dominazione bizantina nell’Italia meridionale dal ix all’xi secolo, Bari, Ecumenica, 1978 ; Filippo Burgarella, « Le terre bizantine », dans Giuseppe Galasso, Rosario Romeo (dir.), Storia del Mezzogiorno, vol. 2, t. 2, Naples, Edizione del Sole, 1988, p. 413-517 ; Lorenzo Lozzi Gallo, La Puglia nel medioevo germanico. Da Apulia a Pülle/Púl, Ravenne, Longo Editore, 2012, p. 45-54.
15 Burgarella, « Le terre bizantine », art. cité, p. 435-437.
16 Giosuè Musca, L’emirato di Bari, Bari, Edizioni Dedalo, 1992.
17 Von Falkenhausen, La dominazione bizantina, op. cit.
18 Burgarella, « Le terre bizantine », art. cité, p. 470-473 ; Graham A. Loud, « Southern Italy and the Eastern and Western empires, c. 900-1050 », Journal of Medieval History, 38/1, 2012, p. 1-19.
19 André Jacob, « La reconstruction de Tarente par les Byzantins aux ixe et xe siècles. À propos de deux inscriptions perdues », Quellen und Forschungen aus Italienischen Archiven und Bibliotheken, Deutschen Historischen Institut in Rom, 68, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, 1988, p. 1-19.
20 Jean-Marie Martin, Ghislaine Noyé, « Les villes de l’Italie byzantine (ixe-xe siècle », dans Vassiliki Kravari et al. (dir.), Hommes et richesses dans l’empire byzantin, vol. 2, Paris, Lethielleux, p. 27-62 ; Enrico Cirelli, Elvira Lo Mele, Ghislaine Noyé, « Vaccarizza: una cittadella bizantina sotto la motta normanna », The Journal of Fasti Online, 2009, s.v. ; M. Stella Calò Mariani et al., (dir.), Fiorentino ville désertée nel contesto della Capitanata medievale (ricerche 1982-1993), Rome, École française de Rome, 2012.
21 Martin, La Pouille, op. cit., p. 113-133.
22 Procope, Guerres/Procopius, History of the Wars, éd. par Henry B. Dewing, livres I-VII, Londres/Cambridge (Mass.), Loeb Classical Library, 1961-68, V, 15, 21-22, VII, 18, 6.
23 Grégoire le Grand, Registre des lettres, vol. 1-2, éd. par Dag Norberg, Corpus Christianorum. Series Latina, 140-140A, Turnhout, Brepols, 1982, VI, 21 ; XI, 57.
24 Paul F. Kehr, Regesta Pontificum Romanorum, Italia pontificia, vol. 9, Samnium-Apulia-Lucania, Berlin, Walther Holtzmann Verlag, 1962, IX, p. 83 et 386-387, n. 4 et 5.
25 Rosario Jurlaro, « Epigrafi medievali brindisine », Studi salentini, 31-32, 1968, p. 231-277, ici p. 234.
26 Jean-Marie Martin, Guerre, accords et frontières en Italie méridionale pendant le haut Moyen Âge. Pacta de Liburia, Divisio principatus Beventani et autres actes, Rome, École française de Rome, 2005.
27 Ghislaine Noyé, « Puglia e Calabria dall’888 agli anni 960: Longobardi, Arabi e ‘bizantinità’ », dans Marco Valenti, Chris Wickham (dir.), Italia, 888-962: una svolta? Atti del IV seminario internazionale del Centro Interuniversitario per la Storia e l’Archeologia dell’Alto Medioevo, Cassero di P. I.-Poggibonsi, 2009, Turnhout, Brepols, 2013, p. 169-214, ici p. 198-199.
28 Marina Falla Castelfranchi, « La cultura artistica longobarda e bizantina in terra d’Otranto (secoli vi-xi) », dans Bizantini, Longobardi e Arabi in Puglia, op. cit., p. 631-684, tav. I-XVI ; Antonio E. Felle, « La documentazione epigrafica latina nella Puglia altomedievale. Stato dell’arte, metodi, prospettive », dans Bizantini, Longobardi e Arabi in Puglia, op. cit., p. 605-630, pl. I-XXIII.
29 Giovanni Stranieri et al., « Organizzazione e trasformazioni dei paesaggi agrari medievali nel Salento. Un approccio archeologico e archeobotanico allo studio di una delimitazione agraria in pietra a secco (Sava-Taranto) », Archeologia Medievale, 36, 2009, p. 259-271 ; Id., « Olive Cultivation and Olive Products in the Byzantine Southern Apulia (6th-11th Centuries) », Late Antique Archaeology Journal, 11/1, Adam Izdebski, Michael Mulryan (dir.), Environment and Society in the long Late Antiquity, Leyde, Brill, 2019, p. 172-182 ; Id., « Sistemi insediativi, sistemi agrari e territori del Salento settentrionale (iv-xv sec.) », dans Giuliano Volpe (dir.), Storia e archeologia globale dei paesaggi rurali in Italia fra Tardoantico e Medioevo, Bari, Edipuglia, 2018, p. 323-340.
30 Maria Aprosio, Archeologia dei paesaggi a Brindisi. Dalla romanizzazione al Medioevo, Bari, Edipuglia, 2008.
31 Marcello Guaitoli, « Il territorio e le sue dinamiche: osservazioni e spunti di ricerca », dans Taranto e il Mediterraneo, Atti del XLI Convegno Internazionale di Studi sulla Magna Grecia (Taranto, 2001), Tarente, Istituto per la Storia e l’Archeologia della Magna Grecia, 2002, p. 219-251.
32 Grazia Angela Maruggi, Nino Lavermicocca (dir.), Torre S. Susanna: la chiesa di S. Pietro, Bari, Adda Editore, 1999.
33 Rita Auriemma, Elena Quiri, « La circolazione delle anfore in Adriatico tra v e viii sec. d. C. », dans Gelichi, Negrelli (dir.), La circolazione delle ceramiche, op. cit., p. 38-42.
34 Angelica Degasperi, « Circolazione monetaria nel Salento altomedievale (vi-viii secolo) », dans Bizantini, Longobardi e Arabi in Puglia, op. cit., p. 105-146, tav. I-V.
35 Vivien Prigent, « Le stockage du grain dans le monde byzantin (viie-xiie siècle) », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, 120/1, 2008, p. 7-37 ; Id., « Le grand domaine sicilien à l’aube du Moyen Âge », dans Jean-Marie Martin et al. (dir.), L’héritage byzantin en Italie, viiie-xiie siècle, t. 4, Habitat et structure agraire, Rome, École française de Rome, 2017, p. 207-236 ; Noyé, « Puglia e Calabria », art. cité, p. 171-179 ; Ead., « L’économie de la Calabre de la fin du viie au viiie siècle », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 2, 2014, p. 322-377.
36 Assunta Cocchiaro et al., « Oria nell’altomedioevo: un impianto per la trasformazione dei cereali fra ix e x secolo », dans Paul Arthur, Marco Leo Imperiale (dir.), Atti del VII congresso nazionale di archeologia medievale. Società degli archeologi medievisti Italiani (SAMI) (Lecce, 2015), vol. 2, Florence, All’Insegna del Giglio, 2015, p. 387-392.
37 André Guillou, « Les saints Chrysantes et Daria à Oria dans les Pouilles », dans Actes du 97e congrès national des sociétés savantes (Nantes, 1972), Paris, Bibliothèque nationale, 1976, p. 355-365.
38 Paul Arthur, « Ceramica in Terra d’Otranto tra viii e ix secolo », Quaderni di Archeologia Medievale, 6, Stella Patitucci Uggeri (dir.), La ceramica altomedievale in Italia. Atti del V Congresso di Archeologia Medievale (Rome, 2001), 2004, p. 313-326.
39 Gert J. Burgers, Constructing Messapian Landscapes, Amsterdam, Gieben, 1998 ; Carlo De Mitri, Inanissima pars Italiae. Dinamiche insediative nella penisola salentina in età romana, Oxford, Archaeopress, 2010.
40 Guaitoli, « Il territorio e le sue dinamiche », art. cité, p. 243.
41 Tite-Live, Histoire romaine, t. 15, livre XXV, éd. par Fabienne Nicolet-Croizat, Paris, Les Belles Lettres, 1992, 1,1 ; Tite-Live, Histoire romaine, t. 17, livre XXVII, éd. par Paul Jal, Paris, Les Belles Lettres, 1998, 15, 4. Les sources romaines distinguent les Messapiens des sources grecques en deux groupes : les Sal(l)entini, qui habitent le versant ionien, et les Calabri, qui occupent le versant adriatique (Mario Lombardo, I Messapi e la Messapia nelle fonti letterarie greche e latine, Galatina, Congedo Editore, 1992, p. 219-229 et fig. 8).
42 Martin, La Pouille, op. cit., p. 591, 697.
43 Chartularium del monastero di S. Benedetto di Conversano, éd. par Domenico Morea (Medium Aevum, 2), Mont-Cassin, 1892 (réimpr. anast. Sala Bolognese, 1976), n. 19, p. 42-44; n. 22, p. 51-52.
44 Annibale De Leo, Codice diplomatico Brindisino I (492-1299), éd. par Gennaro Maria Monti, Trani, Vecchi, 1940, n. 1, a. 981.
45 Domenico Vendola (dir.), Rationes decimarum Italiae nei secoli xiii e xiv. Apulia-Lucania-Calabria (con tre grandi carte topografiche), Cité du Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, 1939.
46 Gérard Chouquer, « Ce que le temps fait aux formes planimétriques. Du péché originel de l’analyse de la morphologie agraire à sa réhabilitation », Géocarrefour, 84/4, Géohistoire/géo-histoire. Quelles méthodes pour quel récit ?, 2009, p. 217-226.
47 Martin, La Pouille, op. cit., p. 227.
48 Mélanges de l’École française de Rome. Moyen Âge, Temps modernes, 103/1, Errico Cuozzo, Jean-Marie Martin, Documents inédits ou peu connus des archives du Mont-Cassin (viiie-xe siècle), 1991, p. 115-210, no 30 ; Martin et al. (dir.), Regesti, op. cit., nos 530, 836, 1067 et 1068.
49 Paola Galetti, Una campagna e la sua città. Piacenza e territorio nei secoli viii-x, Bologne, CLUEB, 1994, p. 79-81 ; Domenico Cerami, « La percezione del confine nelle terre dell’Emilia Occidentale (secoli vii-xi) », dans Roberto Greci, Daniela Romagnoli (dir.), Vito Fumagalli e l’Emilia occidentale nel Medioevo, Bologne, CLUEB, 2005, p. 287-313.
50 Demetrios Michaelides, David Wilkinson (dir.), Excavations at Otranto, I: The Excavation, Galatina, Congedo Editore, 1992 ; Paul Arthur, « Le attività di ricerca dell’Università del Salento sui paesaggi rurali medioevali nella Puglia meridionale », dans Giuliano Volpe (dir.), Storia e archeologia globale, op. cit., p. 281-290 ; Paul Arthur et al., « Roads to Recovery: an Investigation of Early Medieval Agrarian Strategies in Byzantine Italy in and Around the Eight Century », Antiquity, 86, 2012, p. 1-12, ici p. 3-4 ; Federico Di Rita, Donatella Magri, « Holocene Drought, Deforestation and Evergreen Vegetation Development in the Central Mediterranean: a 5500 Year Record from Lago Alimini Piccolo, Apulia, southeast Italy », The Holocene, 19, 2009, p. 295-306.
51 Grégoire le Grand, Registre, op. cit., I, 42. Je remercie Vivien Prigent pour cette suggestion.
52 Marco Leo Imperiale, « Anfore globulari dal Salento. Produzione e circolazione nell’Adriatico meridionale durante l’alto Medioevo », dans Arthur, Imperiale (dir.), Atti del VII Congresso Nazionale, op. cit., p. 426-431.
53 Paul Arthur, « From Italy to the Aegean and Back – Notes on the Archaeology of Byzantine Maritime Trade », dans Gelichi, Hodges (dir.), Da un mare all’altro, op. cit., p. 337-351, ici p. 344 ; Hodges, « Adriatic Sea Trade », art. cité.
54 Pagona Papadopoulou, « The Numismatic Evidence from the Southern Adriatic (5th-11th Centuries): Some Preliminary Observations and Thoughts », dans Gelichi, Hodges (dir.), Da un mare all’altro, op. cit., p. 297-320, ici p. 313.
55 Claude Raffestin, « Écogenèse territoriale et territorialité », dans Frank Auriac, Roger Brunet (dir.), Espaces, jeux et enjeux, Paris, Fayard, 1986, p. 175-185.
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