Fête, pouvoir et images dans la Rome pontificale
p. 401-426
Texte intégral
1Dans le cadre du programme sur le pouvoir symbolique et le langage par lequel il s’exprime, je propose, comme historienne moderniste, quelques réflexions sur le langage festif – celui de la performance dans son décor éphémère – appuyé et diffusé par le langage figuratif (Francastel) lui-même explicité par l’écrit des livres de Relations souvent illustrés. À partir d’exemples de la Rome pontificale, je souhaite montrer l’entrecroisement de ces langages utilisés ensemble pour une meilleure communication. La fête est considérée comme instrument de communication au service du pouvoir.
2Les études de ces dernières décennies ont montré que les papes ont suivi une stratégie de communication très riche fondée sur une créativité métaphorique, symbolique et rituelle qui a placé au centre de l’attention, de plus en plus, le corps du pape lui-même et l’autoreprésentation1. Les études sur le mécénat artistique ont mis en évidence la place centrale des artistes pour soutenir la mise en œuvre efficace de ce programme. Les images, objets constitutifs des rituels, construisent le corps social et politique, en sont aussi l’expression visuelle, et contribuent à la création de la mémoire et à sa diffusion.
3Après une introduction qui pose les cadres contextuels, un parcours spatio-temporel est proposé pour suivre en images les itinéraires et les étapes de quelques cérémonies, guidé par les textes et les images, et en suivant la problématique des rapports entre fêtes du pouvoir, pouvoirs de la fête. Comment la fête, avec ses rites et ses jeux, construit et diffuse l’identité religieuse et politique de Rome, et l’image du pouvoir social et politique.
4La fête peut être considérée comme un système de communication, voire de propagande au service du pouvoir. Instrument de la politique et de la diplomatie, c’est un événement spectaculaire conçu comme un système sémantique et conceptuel appuyé sur un langage figuratif duquel on attend une efficacité symbolique2. La fête conduit à une intelligibilité du pouvoir appréhendé à différentes échelles.
5Le contexte est celui de la Rome moderne, où le pouvoir, fondé sur une souveraineté discontinue, est placé sous le signe de la dualité. En effet, Rome est la capitale d’un État territorial de l’Europe chrétienne, et de la Chrétienté tout entière. Le pape-roi dispose d’un double pouvoir, religieux et civil3. Dans sa dimension religieuse, il est le Chef d’un État territorial et de la Chrétienté universelle. C’est le médiateur entre le Ciel et la Terre qui assume un double héritage : de l’Empereur et du vicaire du Christ qui avait remis les Clefs à Saint-Pierre ; c’est l’origine de son pouvoir rappelé de manière récurrente par les images, et d’abord sur la façade de Saint-Pierre : sur la porte de bronze de la basilique, le relief de Filarète représente saint Pierre remettant les clefs au pape Eugène IV (1333-1345), et la même iconographie est reprise par Buonvicino sur le relief de 1614 placé sous le balcon des bénédictions urbi et orbi ; le pape tient son pouvoir directement de Dieu. L’objectif de sa stratégie de communication est de proposer une représentation qui rapproche symboliquement la figure du pape et celle du Christ, avec la même iconographie ; ainsi les images de chaque pape qui le représentent au centre entouré de vignettes rappelant les hauts faits de son règne, démonstration de l’aspiration du pape à être le « vrai empereur » chrétien comme l’expriment les rituels d’investiture.
6Le pouvoir du pape est électif et donc discontinu, et la durée de chaque pontificat est brève ; toutefois, la continuité de l’Église est une donnée fondamentale. Les deux réalités coexistent donc, à la fois rupture et pérennité du pouvoir. Son pouvoir est monarchique absolu et centralisé4, ce qui n’exclut pas la recherche du consensus et de la légitimation populaire. Un pouvoir fondé sur l’héritage de la Rome antique christianisée, en passant par Byzance dont le cérémonial pontifical est largement tributaire à Rome, où tout est représentation comme le soulignait au xviie siècle l’ambassadeur Wicquefort5.
7Il convient de prendre en compte la conjoncture chronologique. Après le choc du Sac de Rome en 1527, Paul III, élu pape en 1534, s’emploie à redynamiser la ville, à réorganiser et centraliser le pouvoir pontifical, et à réanimer le système festif, civil et religieux6. Il convoque le Concile réformateur de Trente, qui est clos en 1563, après sa mort en 1549, et qui ouvre le temps d’une nouvelle culture, le second humanisme chrétien dont parlait Alphonse Dupront7, et comme l’ont souligné les nombreux travaux sur ce Concile8.
8La bataille de Lépante en 1571 donne la maîtrise de la Méditerranée aux Chrétiens, même si les luttes contre les Turcs musulmans se poursuivent pendant tout le xviie siècle9. La fin du xvie siècle est pour Rome une période militante, politiquement et religieusement, et d’expansion territoriale avec la fondation d’une ville haute marquée par des rituels d’ouverture et de sacralisation d’espace (voir infra). Puis la culture baroque s’épanouit avec une explosion des images et des cérémonies10, et un appel aux cinq sens, valorisant particulièrement le visuel sans oublier le sonore, en une révolution du sensible (J.-P. Genet). Au milieu du xviiie siècle, Benoît XIV accomplit et achève la sacralisation de la ville et du pouvoir.
9Dans la Rome pontificale, la fête est une obligation, et l’on se doit d’y participer pour marquer son appartenance à la communauté, à un parti ou à une faction. Rome en même temps que caput mundi est teatro mundi. Rome est sur la scène et est aussi une scène pour la performance cérémonielle : tout ce qui est jugé important est représenté, mémorisé et diffusé. La magnificence est une nécessité pour célébrer la gloire divine et celle du pape11, dans le cadre d’une émulation et d’un évergétisme concurrentiel12.
10Les rituels religieux et profanes ont la même structure formelle et sont exécutés par les mêmes acteurs. Les artistes, souvent étrangers, sont au service du pouvoir sans exclusive de nationalité ; ce sont aussi eux qui construisent la continuité des formes rituelles.
11À l’époque moderne s’impose une formalisation des rituels transcrits dans des livres cérémoniels à partir du xve siècle ; les traités normatifs se multiplient, écrits à partir de la pratique, par les maîtres de cérémonies actualisant des pratiques13, et Rome est pionnière dans ce domaine de réflexion normative du cérémonial14 ; tandis que d’autres documents-descriptions dans les correspondances, relations-programmes, journaux racontent le déroulement critiquant parfois les libertés prises avec la règle15.
12Les images sont au service du pouvoir qui utilise le pouvoir des images16 ; elles constituent une écriture de la mémoire, et répondent à un devoir de mémoire et de diffusion de l’événement festif. Après le Concile de Trente, l’image est largement utilisée pour représenter l’invisible : la sainteté, le divin, la grâce, mais aussi le pouvoir, qu’il soit civil ou religieux : l’image assume un statut cognitif : il s’agit de montrer une réalité, et donc de la construire, la défendre et d’évoquer l’invisible17 ; le seul décret du Concile est tardif, puisque la question est traitée dans son ultime session18, et son application est théorisée ensuite par Paleotti19.
13À la rhétorique de l’écrit, qui se développe au tournant de la Renaissance (P. Boucheron), se conjugue celle de l’image. L’image comme objet rituel, montrée et révélée, manipulée pendant l’acte rituel, et l’image qui rend compte et surtout donne la signification officielle de l’acte rituel projeté et exécuté. Représentation, communication et propagande : la fête, comme performance dans un théâtre éphémère au décor fortement symbolique, et les arts figuratifs mobilisés qualifient un lieu ; la musique concourt à la création d’un paysage sonore avec les différents bruits des pétards et des feux d’artifice20.
14Nous sommes dans le registre du pouvoir symbolique et de l’efficacité symbolique21 du cérémonial22. Les créations rituelles, métaphoriques, allégoriques et symboliques sont une autoreprésentation du pouvoir. La nécessaire beauté, qui est harmonie, et l’ordre respecté dans l’exécution du rituel suscitent un processus d’esthétisation des rituels et des images, qui deviennent alors des objets d’art autonomes.
15La magnificence est nécessaire à la réussite du rituel et de son décor ; ce qui suscite la réalisation de fastueuses architectures éphémères, avec profusion d’ornements, d’apparats et de costumes chatoyants, et leurs représentations sur des gravures, des tableaux, des éventails et autres supports23. Le modèle romain est identique pour les cérémonies civiles et religieuses. La cérémonialité de la Renaissance s’appuie sur un renouveau des fastes de la Rome classique. Le contexte change après le Concile de Trente ; la liturgie est révisée en 1568 ; Sixte V organise la congrégation des rites ; l’image de Rome se transforme avec une christianisation de l’espace urbain et une requalification des lieux24. La culture baroque permet et exprime l’explosion cérémonielle qui perdure jusque dans le xviiie siècle avancé.
16À Rome, les rituels et les fêtes sont fortement territorialisés dans l’espace urbain et servent à qualifier des lieux, comme j’ai pu le montrer dans différentes études25 ; entrons donc dans les parcours spatio-temporels de quelques exemples.
L’investiture du pape : rituels publics de souveraineté
17Double pouvoir, donc double prise de pouvoir, et double rituel légitimant pour ces rites de passage qui construisent la souveraineté papale, et son image, en une autoreprésentation qui met en relation les résidences du pape26. La mort du pape ouvre la période de Sede Vacante, de vide et de chaos, où tout est possible, y compris les violences et les saccages27.
18– Le premier acte est l’élection en conclave du nouveau pape28. Le nouvel élu prend un nouveau nom, revêt de nouveaux vêtements : il y a séparation symbolique et visuelle de l’homme et de la fonction ; ce rite de passage marque l’entrée dans une vie nouvelle, une re-naissance. La première adoration des cardinaux est dans la chapelle Sixtine où a eu lieu l’élection, puis le cortège porte le pape sur la Sedia Gestatoria dans la basilique Saint-Pierre où se déroule la seconde adoration : les cardinaux s’inclinent devant le pape assis sur l’autel majeur, au-dessus de la Confession, tombe de saint Pierre, origine de son pouvoir, en un rite quelque peu magique, peu signalé dans les sources écrites et par les historiens, mais toujours représenté sur les images, par exemple les gravures présentant sur des vignettes les étapes de la Sede Vacante et appelées « plan du conclave », avec toujours la référence au pape défunt.
19– Le deuxième acte de l’investiture est le couronnement : en plein air, sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, et en public car le peuple, représenté sur les images, est nécessaire pour les acclamations légitimantes et pour la nécessaire publication de l’événement. Le cardinal diacre pose sur la tête du nouvel élu la tiare, couronne pontificale. L’acte est statique pour le pouvoir pontifical : c’est le peuple qui vient le reconnaître en présence des principi del soglio, des ambassadeurs et des autorités municipales. La cérémonie se simplifiera et deviendra plus curiale et liturgique. Le couronnement est l’occasion de la première bénédiction des Agnus Dei par le pape. Des manifestations festives entourent l’événement : tournois place Saint-Pierre au temps de Paul III, plus tard surtout des feux d’artifice en ville. Sixte V, qui a un sens profond de la communication, fait décorer le Salone Sistino, à l’entrée de la bibliothèque, avec les peintures des actes importants de l’histoire de l’Église et de sa propre vie, à commencer par son couronnement ; utilisant le passé à son profit, il se place dans la continuité et récupère la gloire de Pie V, vainqueur de Lépante en 1571, en faisant transporter son corps à Sainte-Marie-Majeure où il fait construire sa propre chapelle funéraire, avec un monument funéraire sur lequel Antonio Paracca sculpte la scène de son couronnement (fig. 1).
Fig. 1 – Couronnement de Sixte V sur son tombeau dans la basilique de Sainte-Marie-Majeure, Antonio Paracca sculpteur, 1588-1590.

20– Le troisième acte est le Possesso. Formellement séparé du couronnement à partir de 1590, c’est un rituel spectaculaire d’Entrée triomphale : dans un territoire et dans une fonction29. Sur le modèle du triomphe de l’Antiquité romaine mais avec un parcours en sens inverse et qui ne s’arrête pas au Capitole. C’est un acte dynamique : le pape va à la rencontre de son peuple, en une sorte de présentation, comme l’est l’entrée d’un roi dans sa ville ou l’entrée du Christ à Jérusalem. La procession est dite « cavalcade », car le pape y participe en principe à cheval, certes il est parfois en litière mais toujours accompagné d’un nombreux cortège qui est une autoreprésentation de la société politique avec ses différentes composantes, ses hiérarchies et ses préséances âprement défendues30 ; c’est une société marchante31 qui ainsi prend corps32 tout en exprimant les hiérarchies sociopolitiques ; les images conservent et diffusent la mémoire de l’événement. Le Capitole, siège de l’administration municipale, est une étape civile et politique importante ; elle suscite la publication de relations et d’images mémorielles. Le somptueux Possesso d’Alexandre VI en 1492 marque le début des grands apparats cérémoniels. La colline au sommet de laquelle est dressé un arc de triomphe est traversée à partir de 1566 par Pie V en une réappropriation symbolique et une sacralisation d’un lieu de mémoire de la Rome classique33 ; l’achèvement en 1565 de l’aménagement de la place par Michel-Ange avait rendu l’accès plus aisé et plus prestigieux. L’itinéraire se poursuit à travers le forum romain en suivant la via sacra jusqu’au Colisée qu’il longe pour arriver à l’étape religieuse terminale à Saint-Jean-de-Latran où l’attend le chapitre de la basilique pour le rituel de l’adventus du nouvel évêque de Rome (fig. 2). Le Possesso est une Entrée triomphale dans sa ville dont il prend le contrôle civil et religieux comme monarque et comme évêque ; c’est un acte d’autocélébration. Les hommages se multiplient tout au long du parcours. Ainsi au temps des papes Médicis, différentes manifestations animent le quartier toscan autour de l’église de San Giovanni dei Fiorentini ; l’appartenance familiale et régionale est rappelée en 1605 pour Léon XI, le dernier pape Médicis : les Siennois exposent leur richesse et honorent le pape avec des décors et des spectacles musicaux34 ; ces signes d’hommages spécifiques et personnels marquent aussi la rupture, la discontinuité du pouvoir. Le message du nouvel élu est clair au xvie siècle : il s’agit de montrer la rupture avec son prédécesseur35. La tradition s’établit au début du xviie siècle de l’offrande par la Municipalité d’un arc de triomphe marquant l’entrée devant le Capitole (fig. 3a) ; certains papes plus austères refusent l’arc mais accomplissent le rituel de la montée au Capitole. Sixte V refuse les arcs mais exprime son programme politique dès l’ouverture de son pontificat. D’autres papes reprendront les scénographies triomphales, tels Paul V Borghèse, Urbain VIII, Innocent X, en accord avec la pompe baroque. Il est toujours fait référence à l’origine régionale du pape et, lorsqu’il est Romain, la municipalité se surpasse. Les décors de la colline évoquent la personnalité du pape, ce qui est explicité dans les brochures publiées pour l’occasion qui fournissent toujours l’interprétation officielle du message rituel ; ainsi les décorations construites pour Urbain VIII en 1623 montrent que l’élection est fondée sur les vertus de l’élu et non pas sur l’hérédité, se différenciant ainsi des rois au pouvoir héréditaire36. Alexandre VII, en 1655, refuse les arcs de triomphe mais accomplit le parcours avec l’étape importante au Capitole, qui est représentée sur plusieurs tableaux conservés au palais Braschi de Rome et au palais Chigi d’Ariccia. À partir de 1644, la réconciliation de la famille Farnèse avec le pape est marquée par l’offrande d’un arc de triomphe dans le forum devant les Jardins Farnèse, tradition assumée au xviiie siècle par les Bourbons de Naples héritiers des Farnèse (fig. 3b). Le Possesso intègre les communautés « étrangères », comme les Juifs. Pour ces derniers, l’honneur devient une obligation présentée comme hommage humiliant avec la remise de la Torah, que le pape aurait jetée par-dessus son épaule, mais c’est une légende ; ensuite le livre sacré disparaît d’un rituel qui finit par n’être qu’une salutation ; c’est toutefois un acte humiliant car exécuté devant l’arc de Titus, évocation de leur défaite lors de la prise de Jérusalem ; la communauté juive est contrainte de décorer, à ses frais avec des panneaux écrits et figurés, la portion du parcours entre cet arc et le Colisée supposé alors avoir été le lieu des martyres chrétiens ; c’est également l’occasion pour elle de rendre visible sa présence dans l’espace romain ainsi que sa culture37. Le Colisée devient un signe topographique sur les images du Possesso représentant la procession en forme de serpent cheminant à travers l’espace urbain (fig. 2).
Fig. 2 – Cortège du Possesso de Clément XIV Ganganelli, 1769, gravure

Fig. 3 – Arcs de triomphe éphémères pour le Possesso des papes : a) au Capitole pour Léon XI Médicis, 1605, G. P. Maggi, gravure ; b) au Forum pour Innocent X Pamphilj, 1644, G. Pitrignianus da Forl, gravure

21Au xviiie siècle, on assiste à une simplification et à un appauvrissement du rite, ainsi les caporioni sont réduits au seul caporione (leur chef). À partir de Benoît XIV, qui réglemente le rituel, le départ se fait le plus souvent à partir du Quirinal, résidence du pape. En 1775 pour Pie VI Braschi, la cavalcata devient une procession de dévotion à la personne du pape38 ; c’est la dernière occasion du déploiement de l’ensemble du rituel d’investiture. Le couronnement, acte devenu curial, est occulté et n’est plus représenté déjà depuis longtemps sur les images, qui désormais valorisent la sacralisation du pouvoir du pape. L’abbé Cancellieri, dans son histoire du Possesso publiée en 180239, insiste sur l’aspect religieux de la prise de possession de l’évêché de Rome ; ce livre a beaucoup influencé l’historiographie qui a longtemps valorisé ce caractère et a minimisé le caractère civil de prise de pouvoir sur la municipalité, la ville et l’État romain.
22– Le quatrième acte du cycle, ou le premier, est la mort avec les funérailles du pape40. Elle ouvre une période de vacance du Siège pontifical, moment de vide et d’angoisse comme dans les royaumes traditionnels41, et les rituels s’imposent fortement dans la vie quotidienne de cet intérim qui suscite la création de plans, toujours au nom du pape défunt, détaillant la topographie des lieux et les scènes importantes de la vie quotidienne et des cérémonies. La mort est accompagnée de rites de passage ; c’est la sortie du pouvoir lorsque le pape est rendu à son identité personnelle. La mort doit être constatée, enregistrée, annoncée au peuple de Rome par la cloche du Capitole, la fameuse Patarina qui ne sonne que pour annoncer la mort du pape et l’ouverture du Carnaval. Symboliquement le pouvoir du défunt est détruit avec le bris de son anneau-sceau. Le corps est lavé, embaumé, exposé, puis transporté à Saint-Pierre car la mort survient au Quirinal, résidence du souverain pontife. Le miles gloriosus devient miles cristianus, et le cortège du corps est escorté de canons (fig. 4) ; c’est peut-être aussi en évocation de combats intérieurs si l’on pense au développement des exercices spirituels promus par saint Ignace, et à la spiritualité mystique d’alors. Au Vatican, il est revêtu de ses ornements pontificaux pour être exposé dans la basilique. Le deuil dure neuf jours, les Novendiales : après trois jours d’exposition les funérailles officielles, véritable triomphe posthume, se déroulent autour du catafalque somptueux élevé à partir du xviie siècle (fig. 5)42 ; le corps est ensuite enseveli, et il peut arriver qu’il soit abandonné comme ce fut le cas pour Innocent X en 1655. La fin des funérailles coïncide avec l’ouverture du Conclave ; la Messe du Saint-Esprit est un rituel symbolique de verticalité : l’âme du pape défunt monte au Ciel tandis que l’Esprit Saint descend sur les cardinaux pour les inspirer lors du Conclave pour l’élection du nouveau pape.
Fig. 4 – Cortège funèbre de Clément IX Rospigliosi, 1669, gravure

Fig. 5 – Catafalque, le Bernin pour Alexandre VII, 1667, G. L. Bernini, gravure

23Il peut exister des secondes funérailles, qui sont l’occasion des premières cérémonies prestigieuses du baroque avec de riches catafalques par des architectes renommés. Ces secondes funérailles avec transfert du corps ne sont pas représentées sur des images, excepté le transport de Pie V à Sainte-Marie-Majeure sur une fresque du Salone Sistino du Vatican. Elles sont le fait d’initiatives le plus souvent familiales pour pérenniser la gloire d’une dynastie qui n’a plus le pouvoir politique mais qui aspire à conserver une reconnaissance sociale. Elles sont l’occasion de l’apparition des catafalques pour les papes, en 1591 pour Sixte V puis en 1623 pour Paul V, pour tous les deux à Sainte-Marie-Majeure ; par la suite, les catafalques seront réalisés pour les premières cérémonies à Saint-Pierre43. Dans la seconde moitié du xviiie siècle, l’évolution tend à valoriser le caractère de sacralisation du corps du pape, objet de vénération, et la recherche de reliques.
24Ainsi, la contradiction entre discontinuité d’un pouvoir électif et pérennité de l’Église éternelle est résolue par les rituels de souveraineté qui sont triomphaux, hérités de la Romanitas et de la Chrétienté. La souveraineté est construite sur la séparation exprimée entre l’homme et la dignité de la fonction papale assumée de manière éphémère. À la fin du xviiie siècle, le contexte culturel et politique change et les rituels de souveraineté se transforment44 ; ils se font plus discrets, le peuple s’en éloigne et ils deviennent essentiellement des actes de dévotion envers la personne du pape.
Le Carnaval, une fête traditionnelle. Le pape, le peuple, l’aristocratie, l’Église
25Le Carnaval est la fête par excellence et elle est réglementée dans les statuts de la ville de 136345. Utilisé depuis le Moyen Âge, le nom Giochi dell’Agone e del Testaccio, évoquant la localisation des jeux dans l’espace urbain, disparaît de la pratique mais reste attaché à la qualification d’une taxe à payer à la municipalité, souvenir d’un rite communal. L’objet ici n’est pas d’étudier le rituel en détail mais de souligner les relations avec le pouvoir. Le temps du Carnaval est ouvert par la cloche du Capitole, la Patarina ; c’est l’annonce d’un royaume dont on connaît la durée puisqu’il dure 10 jours autorisés par le pouvoir. Avant le xvie siècle, il a un caractère municipal, corporatif et rional (quartiers). Le pape Paul II Barbo, en 1466, le fait entrer dans la ville. La raison invoquée est souvent le fait que le pape voulait y assister de son palais San Marco, l’actuel palais de Venise ; en fait, il a établi sa résidence au croisement de deux axes importants de la ville, la via Lata nord-sud empruntée pour entrer dans la ville par les principaux arrivants, et l’axe est-ouest du Latran au Vatican, traversant le centre actif et permettant l’accès direct au Vatican et à la basilique Saint-Pierre ; d’autre part, ce lieu est choisi en face du Capitole où siège le pouvoir municipal que le pape veut contrôler, comme le Carnaval46. Les courses sont désormais installées sur la via Lata qui prend le nom de via del Corso et où les jeux se concentreront, abandonnant la place Saint-Pierre, lieu de courses et de jeux depuis 1469. Le Carnaval, saison des mariages, est l’occasion, pour les autorités politiques et sociales, de fêter les victoires politiques, et les alliances publiques et privées47. Ainsi en 1492, pour célébrer la prise de Grenade et la reconquête catholique de l’Espagne, des combats sont simulés sur la piazza Navona. Là aussi, en 1500, César Borgia, le fils du pape Alexandre VI, rentrant à Rome le 26 février 1500 vainqueur de Forli, défile le lendemain piazza Navona, reproduisant le Triomphe de César, illustré par Mantegna48 ; c’est le temps de la reprise des triomphes à l’antique49. Le Carnaval de la Renaissance est brillant et les papes ne dédaignent pas d’y participer, comme Jules II en 151350, ou de s’y faire représenter par leur famille et leurs bannières, bien mises en évidence sur les images ; c’est une autocélébration du pape régnant et les représentations peintes et gravées des Jeux du Testaccio le montrent au temps de Paul III (fig. 6). Lorsqu’il stimule la reprise des fêtes après le Sac de 1527 dévastateur des biens et des esprits, le gonfalon du pape préside à la fête au Testaccio et le pape fait aussi organiser des chasses urbaines sur le modèle du Testaccio devant son palais sur la piazza Farnese51 ; sous son règne, le grand cortège partant du Capitole est détourné pour passer devant son palais avant d’arriver piazza Navona. En 1545, a lieu le dernier Carnaval municipal avec un impressionnant cortège composé des chars des quartiers, de la Religion et du pape statufié bénissant, exaltation triomphale d’une papauté moins antiquisante que chrétienne qui s’impose désormais face au pouvoir municipal52. Au temps du Baroque, le Carnaval perd son caractère municipal et de célébration du pouvoir politique pour devenir plus aristocratique ; la noblesse est au premier rang sur la scène dans la rue et sur les images53. Ainsi le prince Lorenzo Onofrio Colonna, dont la famille est très attachée à son rang social, observe un protocole quasi monarchique lorsqu’il organise en 1663 une présentation officielle de son fils aîné en installant la jeune mère sur un lit de parade dessiné par G. P. Schor, spécialiste des décors de fête ; en 1668, il défile sur le char des planètes, tandis que sa femme, Marie Mancini, est installée sur un autre char où elle incarne la magicienne Circé qui enfermait ses amants dans une cage. Mais l’utilisation politique du Carnaval n’a pas disparu : le prince Agostino Chigi défile en 1658 sur un char et le cortège est représenté devant le Quirinal, siège du pouvoir de son oncle, le pape Alexandre VII, alors que dans la réalité il parcourait le Corso (fig. 7). Le Carnaval est devenu un spectacle dans le contexte d’une culture de cour même si les jeux populaires persistent, figurés quelquefois sur les images des places mais ils sont peu soulignés et n’occupent pas le devant de la scène, sur lequel ils reviendront à la fin du xviiie siècle.
Fig. 6 – Giochi di Testaccio, mi-xvie siècle, tableau anonyme, Museo di Roma

Fig. 7 – Char du prince Agostino Chigi, 1658, G. P. Schor, gouache sur parchemin, Museo d’Arte Antica, Rome

26Le pouvoir pontifical au temps de la multiplicité des cours, cardinalices et aristocratiques, s’éloigne des initiatives festives mais, sauf à de rares exceptions, il n’interdit pas le Carnaval. Toutefois l’Église le contrôle en publiant chaque année un règlement, dont le premier est la charte de 1584, pour l’encadrer et en limiter les excès. En revanche, l’Église opère une stratégie de contournement en suscitant la création de rituels concurrents attrayants dans le temps même du Carnaval, organisés par les ordres religieux nouveaux, créant ainsi un contre-Carnaval ou Carnaval sacré54.
27Ainsi, au temps de Paul III, un rite est relancé contre le protestantisme en 1537, le pèlerinage, ou voyage, aux Sept Églises, largement développé à la fin du xvie siècle par Philippe Néri55 ; au temps de la centralisation du pouvoir56 et de la Contre-Réforme militante57, les pères de l’Oratoire, le Jeudi gras, attirent le peuple sur la ville haute, en cours de colonisation, proposant les mêmes rites : marcher ensemble, chanter, manger : un dessin, publié par Lazzari58, et un tableau montrent clairement la répartition des convives pour le déjeuner dans les jardins de la Villa Mattei, aujourd’hui Celimontana, où l’on entrait avec un billet d’invitation pour recevoir son déjeuner et avoir sa place ; sur ce tableau conservé à l’Archivio dei Padri Filippini, Philippe Néri préside à la pause (fig. 8)59. Le cheminement est accompagné et soutenu avec des chants qui évoquent la Passion du Christ, le Chemin de Croix, fondant ainsi une nouvelle Jérusalem contre la Babylone de la ville basse laissée au Carnaval (l’ordre contre le désordre) ; le rituel processionnel avance en sens anti-horaire, comme il est de tradition, jusqu’à Sainte-Marie-Majeure, à l’époque où le culte de la Vierge est stimulé. Cette procession anticipe la Semaine Sainte, « jouant » les étapes du Chemin de Croix, en une métaphore consciente du triomphe de Jérusalem60, et niant ainsi le temps du Carnaval en une conquête du calendrier.
Fig. 8 – Déjeuner à la Villa Mattei durant la Visite aux Sept Églises, tableau anonyme, Archivio dei Padri Filippini

28De même est créée la dévotion des Quarante Heures ; ce culte eucharistique mis en place dans les églises du centre urbain, notamment par les Jésuites au Gesù mais aussi à San Lorenzo in Damaso, église du palais du vice-chancelier et gouverneur de Rome, et dans d’autres églises, repose sur l’exposition du Saint-Sacrement pendant quarante heures de suite, offert à l’adoration des fidèles dans des architectures éphémères prestigieuses, lumineuses et inattendues, merveilles créées par les grands artistes tels Pierre de Cortone, Rainaldi, le Bernin, dans les vapeurs de l’encens et les sons suaves de musiques créés pour l’occasion61.
29L’Église ainsi conquiert l’espace et le temps, et l’image perpétue la mémoire de la sacralisation de l’espace d’une ville sainte. Même le Corso, grand axe des Entrées Officielles et des courses de Carnaval, est investi par les processions, quelquefois exceptionnelles comme celle du transport des reliques de saint Charles Borromée en 1614 jusqu’à l’église de Sant’Ambrogio e San Carlo62.
Les rituels publics d’exercice du pouvoir papal : Vatican, Saint-Pierre, Quirinal
30Les formes cérémonielles de l’exercice du pouvoir disposent d’une grande visibilité, soutenue et renforcée par les images, gravures et peintures, qui assurent la diffusion du message63. Quelques exemples :
31– le Corpus Domini : ce rituel d’exaltation du culte eucharistique conduit par le pape en personne sur la place Saint-Pierre marque l’année liturgique ; du xviie au xixe siècle, il évolue en fonction de l’architecture : il traverse la place puis suit le parcours de la colonnade construite par le Bernin de 1656 à 1658 ;
32– les Canonisations : le rituel se déroule à l’intérieur de la basilique Saint-Pierre (exceptionnellement à Saint-Jean-de-Latran) décorée et aménagée en théâtre avec un imposant et splendide déploiement cérémoniel à partir de 1588 pour Diego de Alcala. La cérémonie est religieuse et politique en présence de la Curie, de personnalités de la ville et des ambassadeurs étrangers, tous assis sur les gradins à l’intérieur de l’enceinte réservée aux invités qui ont reçu un billet64 (fig. 9). La ville est aussi concernée par les feux d’artifice qui accompagnent l’événement officiel, et par les processions du retour de l’étendard, qui a révélé l’image officielle du saint, vers l’église de la famille du saint, biologique ou spirituelle. Le rôle de l’image est fondamental : description officielle de la cérémonie à Saint-Pierre et dans les diverses églises décorées elles aussi surtout de façades postiches, et également révélation de l’icône du saint sur l’étendard et sur la façade de la basilique. Les canonisations suscitent la production de très nombreuses œuvres d’art : architectures éphémères, tableaux65, gravures, brochures illustrées… ;
Fig. 9 – Théâtre de la canonisation des cinq saints, 1622, P. Guidotti architecte, M. Greuter graveur

33– l’Investiture des cardinaux venus à Rome prendre leur chapeau remis par le pape, cérémonies représentées sur des images mémorielles, suscite de grandes manifestations festives en ville offertes par les nouveaux cardinaux qui ainsi célèbrent et publient leur entrée dans le pouvoir du Sacré Collège. Leur palais est décoré d’une façade postiche dessinée par un architecte renommé, et la place accueille des feux d’artifice et des concerts, tandis que les invités de marque sont accueillis à l’intérieur pour une réception66 ;
34– la Visite des ambassadeurs occasionnels ou venus présenter leurs lettres de créance au souverain pontife est l’occasion d’un cortège, plus ou moins fastueux selon les cas. L’arrivée toute militaire du français Lavardin en 1687 apparaît comme une provocation au moment où les relations sont particulièrement tendues avec le Saint-Siège. La cérémonie est l’occasion d’une démonstration des pouvoirs respectifs des deux États qui se rencontrent et le protocole est très précis ;
35– l’Accueil par le pape de toutes sortes de personnalités politiques, à Saint-Pierre et au Vatican ou au palais du Quirinal devenu sa résidence et essentiellement le lieu d’exercice du pouvoir politique67, est une activité importante. Ainsi les chefs militaires victorieux, tel Marcantonio Colonna le vainqueur de Lépante en 1571 dont l’Entrée triomphale se poursuit jusqu’à Saint-Pierre même si les images ne vont pas plus loin que le Capitole comme pour les triomphes de l’Antiquité ; une nouvelle image reprend le cortège à l’arrivée sur la place Saint-Pierre mais la traversée de la ville moderne n’est pas représentée. L’Entrée officielle de Christine de Suède en décembre 1655 est celle d’une reine, même si elle a abdiqué ; c’est aussi la grande convertie, fille du grand roi protestant Gustave Adolphe qui est accueillie avec honneur (fig. 10) ; elle est reçue à la table du pape, ce qui est exceptionnel, et une place spéciale lui est réservée lors des cérémonies et notamment les canonisations à Saint-Pierre comme le soulignent les images. En 1689, sa mort suscite la création d’un nouveau rituel de funérailles d’État sur ordre du pape ; de l’église de la Vallicelliana, elle est portée en grande pompe à la basilique Saint-Pierre où elle est ensevelie ; un tombeau sera ensuite construit ; ce traitement spécial est un modèle religieux et politique qui ne sera repris que quelques fois68. Le pape reçoit les grands personnages politiques dans sa résidence du Quirinal ou au Vatican, ou parfois les deux comme, en 1747, Charles III roi de Naples, et le peintre de la vie mondaine G. P. Panini ne manque pas de peindre des tableaux mémoriels de ces événements ;
Fig. 10 – Entrée de Christine de Suède, 1655, gravure

36– d’autres cérémonies relèvent de l’exercice du pouvoir pontifical, telle la présentation de la Chinea : depuis le Moyen Âge jusqu’au xixe siècle, chaque année le 28 juin, le jour de la fête romaine des saints Pierre et Paul, l’hommage d’une haquenée blanche portant sur son dos la redevance due pour la suzeraineté reconnue du royaume de Naples, et légitimation de celui-ci, est aussi l’occasion de fêtes aristocratiques en ville69. Pour aller à la basilique Saint-Pierre, le cortège officiel identitaire traverse la ville, montrant ainsi la présence de l’État napolitain dans le territoire romain ;
37– le Jubilé décrété par le pape depuis Boniface VIII, encadré par l’ouverture et la fermeture de la Porte Sainte de la basilique Saint-Pierre, exalte Rome comme cité sainte et affirme son identification avec Jérusalem.
Les fêtes dans l’espace public : des lieux qualifiés et disputés
38La concurrence et l’émulation festives des monarchies européennes se déploient dans la ville70. Ainsi, on assiste à des tentatives d’appropriations de la piazza Navona par le pape et sa famille.
39Par les Barberini en 1634 avec la grande Giostra del Saraceno, à la gloire de la famille et de son alliance avec les Colonna71 ; le lieu est approprié par la famille du pape régnant le temps d’une fête lorsque, en Carnaval, un tournoi coûteux annexe l’espace festif du peuple romain ; après l’élection d’Urbain VIII en 1623, la famille Barberini, nouvelle à Rome, publie son alliance avec l’ancienne famille Colonna et s’impose dans le paysage urbain, social et politique.
40Par les Pamphilj, lorsque Innocent X, élu pape en 1644, y installe le palais familial, tentant d’en faire une reggia donnant sur la piazza Navona, l’ancien stade de Domitien, place décorée de trois fontaines qui scandent l’espace de ce qui était alors considéré comme un cirque ; la référence est clairement exprimée au palais des empereurs de l’Antiquité romaine construit sur le Palatin et dominant le Circus Maximus.
41Par les Espagnols, le temps d’une fête cyclique et récurrente avec faste de la fin du xvie siècle au xviie siècle, la domination pascale : un espace visuel et un paysage sonore sont construits pour le rituel religieux de la veillée pascale avec un long cortège ambulatoire conduit par l’ambassadeur, même si la cérémonie est organisée par l’archiconfrérie de la Santissima Resurezzione, avec des relations parfois tendues entre les deux protagonistes72 (fig. 11).
Fig. 11 – Fête de Pâques piazza Navona, 1650, C. Rainaldi architecte, D. Barrière graveur

42Certains lieux voient les affrontements festifs des deux nations rivales, France et Espagne, qui y fêtent les événements dynastiques de leur monarchie partageant de manière éphémère et symbolique les places di Spagna ou Navona73. Pour les naissances des princes héritiers, en 1662 le nord de la place est réservé aux Français, le sud aux Espagnols74.
43Des funérailles royales commémoratives sont organisées dans les églises nationales San Giacomo degli Spagnoli et Saint-Louis-des-Français75 durant le xviie siècle ; au xviiie siècle, les commémorations ne seront plus seulement françaises, espagnoles et polonaises, d’autres nations entrent dans la cour des Grands pour être reconnues sur la scène romaine et dans le concert des États européens. Les commémorations funéraires dans les églises nationales des monarchies européennes contribuent à faire de Rome une scène de la politique et de la diplomatie européennes76.
44La piazza di Spagna est un autre lieu longtemps disputé77. Dans les années 1660 le pape avait refusé l’érection d’une statue équestre de Louis XIV qui aurait été construite avec le projet d’escalier monumental voulu par Elpidio Benedetti. La place est dominée par le couvent de la Trinité-des-Monts, fondation royale française, et la partie nord est réservée aux manifestations françaises. En 1662, les célébrations sont non seulement piazza Navona mais aussi piazza di Spagna, sous la régie du Bernin pour la France ; l’Espagne y fait les siennes devant la résidence de l’ambassadeur. Les difficultés politiques de la France avec le pape sont particulièrement fortes sous le règne du pape Alexandre XI Odescalchi qui, en 1682, fait tarder l’autorisation de fêter la naissance du Dauphin qui finalement n’arrivera pas, empêchant sa tenue ; en 1685 il fait attendre cinq mois l’autorisation de célébrer la Révocation de l’Édit de Nantes, dont il n’a pas beaucoup apprécié les formes, et un grand apparat est alors projeté par Gherardi, représenté par le graveur Santi Bartoli et commandité par le cardinal d’Estrée, frère du duc ambassadeur ; le sens symbolique est assez provocateur de la part de la France qui place à égalité hiérarchique les portraits en médaillon du roi et du pape ; les fêtes sont superbes sur la Trinité-des-Monts dans une perspective spatiale profonde donnant grande visibilité ; le roi apparaît comme défenseur de la Chrétienté alors qu’il ne soutient que mollement la politique papale contre les Turcs78.
45En 1687, l’entrée du nouvel ambassadeur Lavardin, nommé pour défendre les prérogatives royales, déploie un faste militaire impressionnant et assume un caractère lui aussi provocateur. En 1687 est également fêtée, dans une architecture éphémère due à Simone Del Lino, la guérison de Louis XIV en une célébration de la personne d’un roi désormais en perte de prestige sur le plan de son pouvoir personnel (fig. 12).
Fig. 12 – Fête à la Trinité-des-Monts pour la guérison de Louis XIV, 1687, S. Felice Del Lino, V. Mariotti graveur.

46Le sud de la piazza di Spagna est plus espagnol, avec la présence du palais de l’ambassade qui accueille les grandes cérémonies concurrentes pour la naissance de l’Infant en 1662 avec les artistes De Rossi, Grimaldi, et Georgetti, tous Italiens. Dès 1681 pour la naissance de l’infante Maria Luisa, l’Espagne annexe toute la place où l’architecte Filippo Schor, fils de Gian Paolo Schor qui travaille souvent avec le Bernin, construit un cirque, forme qui renvoie à la piazza Navona, dont l’image est gravée par G. T. Vergelli (fig. 13). Les Français avaient profité de l’absence d’un ambassadeur espagnol pour occuper le terrain mais, dès son arrivée, le nouveau reprend les célébrations concurrentes, ainsi dès 1687 pour une naissance royale. Désormais la place sera et restera espagnole dans l’imaginaire.
Fig. 13 – Fête piazza di Spagna pour la naissance de Maria Luisa, infante d’Espagne, 1681, F. Schor, G. T. Vergelli graveur.

Conclusion
47Comme on parle du pouvoir des images on peut parler du pouvoir de la fête qui, comme elles, a une grande potentialité imaginative.
48Le cadre constitutif du cérémonial domine la vie romaine où le religieux et le civil s’entrecroisent et se conjuguent pour une expression symbolique.
49La communication, recherchant le consensus, crée une grande visibilité du pouvoir dont l’instrument privilégié est la fête fondée sur la performance brève et ses représentations figurées ou ses descriptions écrites le plus souvent illustrées qui en assurent la mémoire et la diffusion. Le faste et la magnificence sont une nécessité constitutive de la majesté du pouvoir au temps du Baroque et de son appel aux sens.
50L’espace urbain est investi et peut être lu comme dialogue entre lieux de pouvoir et lieux de fête. Celle-ci marque la ville en qualifiant des lieux et légitimant le pouvoir du pape et des monarchies européennes.
Notes de bas de page
1 Notamment : A. Paravicini Bagliani, Il corpo del papa, Turin, Einaudi, 1994 ; S. Bertelli, Il corpo del Re. Sacralità del potere nell’Europa medievale e moderna, Florence, Ponte alle Grazie, 1995.
2 C. Lévi-Strauss, « L’efficacité symbolique », Revue d’histoire des religions, 135/1, 1949, p. 5-27, repris dans id., Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958, chap. 10 ; M. Boiteux, « Linguaggio figurativo ed efficacia rituale », dans F. Cantù (dir.), I linguaggi del potere. Politica e religione nell’età barocca, Rome, Viella, 2007, p. 39-79.
3 P. Prodi, Il Sovrano Pontefice. Un corpo e due anime : la monarchia papale nella prima età moderna, Bologne, Il Mulino, 1982.
4 J. Delumeau, Vie économique et sociale de Rome dans la seconde moitié du xvie siècle, Paris, De Boccard, 1957-1959.
5 A. de Wicquefort, Mémoire touchant les ambassadeurs et les ministres publics, La Haye, s. n., 1677, p. 229 ; id., L’ambassadeur et ses fonctions, La Haye, s. n., 1682.
6 A. Chastel, Le Sac de Rome, 1527, Paris, Gallimard, 1984.
7 A. Dupront, « D’un “humanisme chrétien” en Italie à la fin du xvie siècle », Revue historique, 175, 1935, p. 266-305.
8 A. Tallon, La France et le Concile de Trente (1518-1563), Rome, École française de Rome, 1997 ; id., Le Concile de Trente, Paris, Cerf, 2000 ; L. Salviucci Insolera (dir.), « Per istruire, ricordare, meditare e trarne frutti ». 450o anniversario del decreto sulle immagini del concilio di Trento, Actes du congrès de Rome (2-3 décembre 2013), Rome, Artemide, 2016.
9 G. Poumarède, Pour en finir avec la croisade. Mythes et réalités de la lutte contre les Turcs aux xvie et xviie siècles, Paris, Presses universitaires de France, 2004 ; M. Boiteux, « L’instrumentation de l’image du Turc dans l’Italie moderne », dans A. Borromeo (dir.), I Turchi-Ottomani nell’Europa orientale e nei Balcani (secoli XIV-XX), Actes du congrès de Vienne (Autriche, 23-27 septembre 2007), Rome, à paraître en 2020 ; G. Ricci, I Turchi alle porte, Bologne, Il Mulino, 2008 ; M. Boiteux, « La visione di Lepanto : immagini, devozione, politica », communication au colloque Il Mediterraneo delle tre Religioni. Identità, conflitti, ibridazioni (secoli XIV-XX), Pérouse, 27-29 mai 2009 ; M. Formica, Lo specchio turco : immagini dell’altro e riflessi del sé nella cultura italiana d’età moderna, Rome, Donzelli, 2012.
10 M. Fagiolo (dir.), La festa a Roma dal Rinascimento a 1870, Turin, Allemandi, 1997 ; M. Boiteux, « Représenter la sainteté à Rome de la Contre-Réforme au Baroque. Surabondance d’images et corps sublimés », dans I. Sapir, F. Kraemer (dir.), Coping with Copia : surabondance épistémologique entre art et science dans la première modernité, Actes du colloque tenu à l’UQAM (Montréal, 14-16 mai 2015), sous presse.
11 M. Boiteux, « Il ceremoniale. La necessità della magnificenza », dans F. Buranelli (dir.), Il Vaticano Barocco, Milan, Jaca Book, 2014, p. 10-27.
12 Ead., « Identità e rivalità nella cerimonialità delle chiese nazionali romane nella prima età moderna », dans A. Koller, S. Kubersky-Piredda (dir.), Identità e rappresentazione. Le chiese nazionali a Roma, 1450-1650, communication au congrès Biblioteca Hertziana, Rome, Campisano, 2016 ; ead., « Nazioni, chiese, cerimonie e feste romane. Identità e rivalità nella prima età moderna », Studi romani, 2016, p. 31-56.
13 Archivio dell’Ufficcio delle Celebrazioni liturgiche del Sommo Pontefice ; G. Constant, « Les maîtres des cérémonies du xvie siècle : leurs Diaires », Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1903, p. 161-229 ; M. Dykmans, L’œuvre de Patrizi Piccolomini ou le cérémonial papal de la première Renaissance, Cité du Vatican, Biblioteca apostolica vaticana, 1980-1982, 2 vol. ; id., Le cérémonial papal de la fin du Moyen Âge à la Renaissance, Bruxelles/Rome, Institut historique belge de Rome, 1977-1985, 4 vol.
14 A. Paravicini Bagliani, Morte e elezione del papa. Norme, riti e conflitti. Il Medioevo, Rome, Viella, 2013 ; M. A. Visceglia, Morte e elezione del papa. Norme, riti e conflitti. L’Età moderna, Rome, Viella, 2013.
15 Diari des chanoines, Archivio del Capitolo di San Pietro.
16 H. Belting, Bild und Kult. Eine Geschichte des Bildes vor dem Zeitalter der Kunst, Munich, Beck, 1990 ; D. Freedberg, The Power of Images, Chicago, University of Chicago Press, 1989 ; C. Havelange, De l’œil et du monde. Une histoire du regard au seuil de la modernité, Paris, Fayard, 1998.
17 M. Boiteux, « Il linguaggio delle mistiche e l’iconografia. Un percorso diacronico », dans A. Bartolomei Romagnoli, M. A. Piatti (dir.), Veronica da Binasco : contesto storico e dinamiche di un culto agostiniano tra Medioevo e epoca moderna, Florence, Galluzzo, 2016, p. 399-418 ; ead., « Représenter la sainteté à Rome… », art. cité.
18 L. Salviucci Insolera (dir.), « Per istruire, ricordare, meditare e trarne frutti »…, op. cit. ; P.-A. Fabre, Décréter l’image ? La XXVe Session du Concile de Trente, Paris, Les Belles Lettres, 2013.
19 C. Mandosi, « Istruzioni per oratori e cappelle nella diocesi di Sabina del card. Paleotti », dans L. Salviucci Insolera (dir.), « Per istruire, ricordare, meditare e trarne frutti »…, op. cit., p. 149-158.
20 M. Boiteux, « De l’usage festif à l’identité de la piazza Navona, xve-xixe siècle », dans J.-F. Bernard (dir.), « Piazza Navona, ou Place Navone, la plus belle et la plus grande ». Du stade de Domitien à la place moderne, histoire d’une évolution urbaine, Rome, École française de Rome, 2014, p. 699-721.
21 C. Lévi-Strauss, « L’efficacité symbolique », art. cité.
22 M. Boiteux, « Linguaggio figurativo… », art. cité.
23 Ead., « Hasard et nécessité de l’ornement dans les fêtes romaines du premier âge moderne », dans Métamorphose spectaculaire et anamorphose culturelle. Les (en)jeux de l’ornement dans les festivités éphémères au premier âge moderne, Actes du colloque international « Hasard et nécessité de l’ornement dans les fêtes romaines du premier âge moderne » (Academia belgica, Rome, 12 décembre 2013), sous presse.
24 G. Labrot, L’image de Rome. Une arme pour la Contre-Réforme (1534-1577), Seyssel, Champ Vallon, 1987 ; L. Marin, « Visibilité et lisibilité de l’histoire : à propos des dessins de la colonne Trajane », dans id., De la représentation, Paris, Gallimard, 1994.
25 M. Boiteux, « Lieux de fête et lieux de pouvoir dans l’espace public romain. Le palais, la ville, le peuple à l’époque moderne, communication », dans C. Nicolet, R. Ilbert, J.-C. Depaule (dir.), Mégapoles méditerranéennes : géographie urbaine rétrospective, Paris, Maisonneuve et Larose, 2000, p. 311-350 ; ead., « Les lieux de la fête à Rome au xviie siècle », dans C. Mazouer (dir.), Les lieux du spectacle dans l’Europe du xviie siècle, Tübingen, Narr, 2006, p. 219-240.
26 Ead., « Papal Residences in Rome : Multiplicity and Complementarity », dans A. Czarniecka, P. Deles, A. Soltys (dir.), Wladza i Architektura. Rezydencje monarchow i siedziby wladz panstwowych w Europie-formy i funkje (XV-XXI w.). Power and Architecture. Residences of Monarchs and Seats of State Authorities in Europe. Forms and Functions (15th-21st Centuries), Varsovie, Zamek Krolewski Warsawie-Muzeum, 2016, p. 19-36.
27 Ead., « La vacance du Siège pontifical. Des funérailles à l’investiture du pape », dans J. Paiva (dir.), Religious Ceremonial and Images : Power and Social Meaning (1400-1750), Coimbra, Palimage, 2002, p. 103-141 ; ead., « Parcours rituels romains à l’époque moderne, xve-xviiie siècle », dans M. A. Visceglia, C. Brice (dir.), Cérémonial et rituel à Rome (xvie-xixe siècle), Rome, École française de Rome, 1997, p. 27-87 ; C. Ginzburg, « Saccheggi rituali. Premesse ad una ricerca in corso », Quaderni storici, 65, 1987, p. 618-622 ; L. Nussdorfer, « The Vacant See : Ritual and Protest in Early Modern Rome », The Sixteenth-Century Journal, 18/2, 1987, p. 173-189.
28 A. Paravicini Bagliani, Morte e elezione del papa…, op. cit. ; M. A. Visceglia, Morte e elezione del papa…, op. cit.
29 M. Boiteux, « Il Possesso. La presa di potere del Sovrano Pontefice sulla città di Roma », dans F. Buranelli (dir.), « Habemus Papam ». Le elezioni pontificie da San Pietro a Benedetto XVI, Rome, De Luca, 2007, p. 131-140.
30 R. Ago, « Sovrano pontefice e società di corte. Competizioni cerimoniali e politica nella seconda metà del XVII secolo », dans M. A. Visceglia, C. Brice (dir.), Cérémonial et rituel à Rome…, op. cit., p. 223-238.
31 A. Dupront, Du sacré. Croisades et pèlerinages – Images et langages, Paris, Gallimard, 1987.
32 G. Bertrand, I. Taddei, Le destin des rituels dans l’espace urbain. France-Italie, xiiie-xxie siècle, Rome, École française de Rome, 2009.
33 M. Boiteux, « Parcours rituels romains… », art. cité, p. 27-87.
34 M. Fagiolo dell’Arco, S. Carandini, L’effimero barocco, Rome, Bulzoni, 1977, vol. 1, p. 19-23.
35 I. Fosi, « Parcere subiectis, debellare superbos. L’immagine della giustizia nelle cerimonie di Possesso a Roma e nelle legazioni dello Stato pontificio nel Cinquecento », dans M. A. Visceglia, C. Brice (dir.), Cérémonial et rituel à Rome…, op. cit., p. 89-115.
36 Agostino Mascardi, Le pompe del Campidoglio per la S. di N.S. papa Urbano VIII quando pigliò il Possesso, Rome, Zanetti, 1624.
37 M. Boiteux, « Le Possesso et les Juifs à l’époque moderne. La transformation d’un rituel », dans Eternal Ephemera : the Papal Possesso and its Legacies. Rome, 16th-18th c., sous presse.
38 M. Caffiero, « La maestà del papa : trasformazione dei rituali del potere a Roma tra XVIII e XIX secolo », dans M. A. Visceglia, C. Brice (dir.), Cérémonial et rituel à Rome…, op. cit., p. 281-316.
39 F. Cancellieri, Storia de’solenni possessi de’sommi pontefici, Rome, Presso Luigi Lazzarini, 1802.
40 M. Boiteux, « Parcours rituels romains… », art. cité ; ead., « La vacance du Siège pontifical… », art. cité.
41 G. Balandier, Le pouvoir sur scènes, Paris, Balland, 1980.
42 M. Boiteux, « Catafalques pontificaux : la circulation des modèles », dans G. Sabatier, M. Hengerer, J. Chrodcicki (dir.), Les représentations funéraires des souverains européens, Actes du colloque de Madrid (novembre 2008), sous presse ; ead., « Feste funebre barocche nella Roma papale. Papi e sovrani stranieri », dans R. Ago (dir.), Feste e cultura nella Roma barocca, programme européen EMBaCH, Rome, mars 2014.
43 Ead., « Rituels funéraires pontificaux », Studi romani, 2012, p. 31-56.
44 M. Caffiero, « La maestà del papa… », art. cité, p. 281-316.
45 F. Clementi, Il carnevale romano nelle cronache contemporanee, Città di Castello, Niruf, 1939, 2 vol.
46 M. Boiteux, « Les résidences romaines des papes… », art. cité.
47 Ead., « Carnaval annexé. Essai de lecture d’une fête romaine », Annales ESC, 32/2, 1977, p. 356-380.
48 D. Arasse, « Les triomphes de César », dans Caesar triumphans. Rotoli disegnati e xilografie cinquecentesche da una collezione privata parigina, Florence, Institut français de Florence, 1984 ; P. Grandi Tossetti, I trionfi di Ceasare di Andrea Mantegna. Fonti umanistiche e cultura antiquaria alla corte dei Gonzaga, Mantoue, Sometti, 2008 ; C. Cieri Via, Mantegna, Rome, Giunti, 2010.
49 V. Forecella, Tornei e giostre. Ingressi trionfali e feste carnevalesche in Roma sotto Paulo III, Rome, Tipografia Artigianelli, 1885 ; A. Pinelli, « Feste e trionfi : continuità e metamorfosi di un tema », dans Memoria dell’antico nell’arte italiana, Turin, Einaudi, 1985, t. 2, p. 281-350 ; M. Fagiolo, M. L. Madonna, « Il revival del trionfo classico. Da Alessandro VI alla sfilata dei rioni », dans M. Fagiolo (dir.), La festa a Roma…, op. cit., p. 34-41 ; A. Quondam (dir.), Rinascimento e classicismo. Materiali per l’analisi del sistema culturale di Antico Regime, Rome, Bulzoni, 1999 ; M. A. Visceglia, « Cerimoniali romani : il ritorno e la trasfigurazione dei trionfi antichi », dans L. Fiorani, A. Prosperi (dir.), Roma, la città del papa. Vita civile e religiosa dal giubileo di Bonifacio VIII al giubileo di papa Wojtyla, Turin, Einaudi (Storia d’Italia. Annali, 16), 2000, p. 111-170.
50 M. Boiteux, « Il teatro della festa a Roma in età moderna », communication au colloque The Ephemeral and the Permanent : Artistic Exchange between Theater and the Visual Arts in Rome, 1300-1700, American Academy in Rome, 17-18 octobre 2013.
51 Ead., « Chasse aux taureaux et jeux romains à la Renaissance », dans P. Ariès, J.-C. Margolin (dir.), Les jeux à la Renaissance, Paris, Vrin, 1982, p. 33-53.
52 Il vero progresso della Festa d’Agone et di testaccio celebrata dalli S. Romani nel Giovedi, et Lunedi di Carnevale dell’anno MDXLV come solevano fare l’antichi romani col significato delli carri trionphali, Rome, s. n., 1545.
53 M. Boiteux, « La noblesse romaine sur la scène », dans ead., C. Brice, C. M. Travaglini (dir.), Le nobiltà delle città capitali, Rome, Università degli Studi, 2009, p. 131-180.
54 Ead., « Carnaval annexé… », art. cité.
55 Ead., « Espace urbain, pratiques rituelles et parcours symboliques. Rome au xvie siècle », dans F. Hinard, M. Royo (dir.), Rome. L’espace urbain et ses représentations, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 1992, p. 111-146 ; ead., « Parcours rituels romains… », art. cité, p. 27-87.
56 J. Delumeau, Vie économique et sociale de Rome…, op. cit.
57 A. Dupront, « D’un “humanisme chrétien” en Italie… », art. cité.
58 Avvisi di Roma, Urb. Lat. 1081, 20 février 1613, cite le chiffre de 2 000 personnes ; C. Gasbarri, La spettacolarità del « Gaudium » di Andrea Lazzari e la visita alle Sette Chiese, Rome, Fratelli Palumbi, 1947 ; J. Delumeau, Vie économique et sociale de Rome…, op. cit.
59 Je remercie le Dr Alberto Bianchi de son accueil à l’Archivio dei Padri Filippini et de la communication de l’image.
60 Antonio Bosio, Roma sotteranea accresciuta da Giovanni Severano, Rome, s. n., 1634.
61 M. Weil, « The Devotion of the Forty Hours and Roman Baroque Illusion », Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, 37, 1974, p. 214-248 ; B. Dompnier, « Un aspect de la dévotion eucharistique dans la France du xviie siècle : les prières des Quarante Heures », Revue de l’histoire de l’Église de France, 67, 1981, p. 5-31 ; K. Noehles, « Teatri per le quarant’ore e altari barocchi », dans M. Fagiolo, M. L. Madonna (dir.), Barocco romano e barocco italiano. Il teatro, l’effimero, l’allegoria, Rome, Gangemi, 1985, p. 88-99 ; M. Weil, « L’orazione delle Quarant’ore come guida allo sviluppo del linguaggio barocco », dans M. Fagiolo, M. L. Madonna (dir.), Il Barocco romano e l’Europa, Rome, Istituto Poligrafico e Zecca dello Stato, 1992, p. 677-692.
62 A. Bortolozzi, Santi Ambrogio e Carlo al Corso. Identità, magnificenza e culto delle reliquie nella Roma del primo Seicento, Rome, Campisano, 2014.
63 M. Boiteux, « Il ceremoniale… », art. cité.
64 Ead., « Les rituels des canonisations romaines à l’époque moderne », dans G. Klaniczai (dir.), Canonization Trials. Legal and Religious Aspects, Rome, École française de Rome, 2004, p. 327-355 ; ead., « La cerimonia della canonizzazione. Teatro, riti, stendardi e immagini », dans A. Bartolomei Romagnoli (dir.), La canonizzazione di Santa Francesca Romana. Santità, cultura e istituzioni a Roma tra Medioevo e età moderna, Florence, Edizioni del Galluzzo per la Fondazione Ezio Franceschini, 2013, p. 99-121, 21 fig. ; ead., « Rituale e immagini della santità nelle cerimonie di canonizzazioni romane », dans A la luz de Roma, Actes du colloque de Rome (septembre 2018), Séville, sous presse.
65 V. Casale, L’arte per le canonizzazioni. L’attività artistica intorno alle canonizzazioni e alle beatificazioni del Seicento, Turin, Allemandi, 2011.
66 M. Boiteux, « Oltre la facciata. Architettura e Tempo », dans F. Cellini, M. M. Segarra Lagunes (dir.), Scritti per Mario Manieri Elia, Rome, Tre-Press, 2015, p. 323-360 ; ead., « Triomphes romains des Sobieski, 1683-1735 », dans I Sobieski a Roma. La famiglia reale polacca nella Città Eterna, Actes du congrès international de Rome (8-9 juin 2016), Varsovie, Musée de Wilanow, 2018, p. 30-56.
67 Ead., « Les résidences romaines des papes… », art. cité.
68 Ead., « Funérailles féminines dans la Rome baroque », dans B. Dompnier (dir.), Les cérémonies extraordinaires du catholicisme baroque, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2009, p. 389-421 ; ead., « Les usages politiques d’un rituel de majesté : les funérailles des souverains étrangers à Rome », dans J. Chroscicki, M. Hengerer, G. Sabatier (dir.), Les funérailles princières en Europe (xvie-xviiie siècles), vol. 3 : Le deuil, la mémoire, la politique, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015, p. 283-319.
69 Ead., « L’hommage de la Chinea. Madrid-Naples-Rome », dans C. J. Hernando Sánchez (dir.), Roma y España : un crisol de la cultura europea en la Edad Moderna, Madrid, Sociedad Estatal para la Acción Cutural Exterior, 2007, p. 831-846.
70 M. Boiteux, « Identità e rivalità nella ceremonialità delle chiese nazionali romane nella prima età moderna », communication au colloque Identità e rappresentazione. Le chiese nazionali a Roma, 1450-1650, Rome, Biblioteca Hetziana, 22 mai 2013 ; ead., « Nazioni, chiese, cerimonie e feste romane… », art. cité.
71 Ead., « Carnaval annexé… », art. cité.
72 Ead., « De l’usage festif… », art. cité.
73 Ibid. ; ead., « Feste e identità nazionale alla Trinità dei Monti », dans C. Di Matteo, S. Roberto (dir.), La chiesa e il convento della Trinità dei Monti, Actes du colloque franco-italien à la mémoire de Luigi De Cesaris et Adriano Luzi (Rome, 23-24 octobre 2014), Rome, De Luca, 2016, p. 68-75.
74 Ead., « Naissances princières : Rome, février 1662 », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles : Le promeneur de Versailles. Mélanges offerts à Gérard Sabatier, mis en ligne le 20 février 2018 à l’adresse suivante : http://journals.openedition.org/crcv/14763.
75 Ead., « Nazioni, chiese, cerimonie e feste romane… », art. cité.
76 Ead., « Célébrations royales de la Maison de Savoie : rituels funéraires romains », dans Couronne royale. Actes du colloque international autour du 300e anniversaire de l’accession de la Maison de Savoie au trône royal de Sicile, Annecy/Chambéry, Académie salésienne, 2013, p. 69-88.
77 Ead., « Feste e identità nazionale… », art. cité.
78 M. Boiteux, « L’instrumentation de l’image du Turc… », art. cité.
Auteur
École des hautes études en sciences sociales
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