Aux sources de l’histoire animale
|2. Traces
2. Traces
Texte intégral
- 1 Laurent Ballesta, 700 requins dans la nuit, Carnon, Andromede océanologie, 2017.
- 2 Marie-Amélie Forin-Wiart et al., « Assessing the Homogeneity of Individual Scat Detection Probabi (...)
1Si les traces passées sont encore peu explorées, celles actuelles le sont de plus en plus par les naturalistes, les écologues et les éthologues : griffures, brisures, proies, excréments…, des traces laissées dans la nature et recensées bien après ou servant à pister, ou des traces corporelles (mouvements, déplacements…) enregistrées immédiatement à distance avec les techniques nouvelles, de plus en plus utilisées1, à tel point qu’elles connaissent leur âge d’or selon Marie-Amélie Forin-Wiart. Celle-ci, écologue2, présente le cas des chats de campagne, qu’elle est la première à suivre dans leur diversité (chats de ferme ou de maison, chats errants…), les études précédentes se limitant à l’un de ces types seulement. Elle cherche à établir l’emploi du temps des chats à l’extérieur, dans les champs et les bois en détaillant les déplacements, les activités, les séquences comportementales générées avec un dispositif d’enregistrement et de traitement dont elle expose les caractères, les avantages, les limites. Ces procédures humaines enregistrent des faits et gestes animaux pour les faire passer dans notre monde conceptuel, les traduire dans notre langue ; mais ce sont bien des témoignages animaux à la base.
- 3 Jocelyne Porcher, Thiphaine Schmitt, « Les vaches collaborent-elles au travail ? Une question de (...)
- 4 Sarah Bortolamiol et al., « Territoires des humains et territoires des animaux : éléments de réfl (...)
- 5 Farid Benhammou, « Le loup, animal géographique, animal géopolitique », Historiens & géographes, (...)
2Ces techniques suscitent l’intérêt de chercheurs en sciences dites humaines et sociales : des sociologues ou des ethnologues, filmant des animaux domestiques pour étudier leurs interactions, entre eux et avec les hommes3 ; des géographes attirés par la question des territoires animaux et de leur ajustement avec ceux des humains4. Farid Benhammou, géographe5, retrace l’histoire des pratiques de pistage et de suivi, leur prise en main par les sciences humaines et sociales à propos d’animaux sauvages, notamment les ours et les loups, acteurs de conflits avec les humains et déclencheurs de discordes entre les hommes, leur usage et leur apport pour cette question des territoires, mais aussi pour celle des individus, ainsi que leurs problèmes et leurs limites, leur extension à venir – car on ne pourra plus faire sans.
Notes
1 Laurent Ballesta, 700 requins dans la nuit, Carnon, Andromede océanologie, 2017.
2 Marie-Amélie Forin-Wiart et al., « Assessing the Homogeneity of Individual Scat Detection Probability using the Bait-marking Method on a Monitored Free-ranging Carnivore Population », European Journal of Wildlife Research, 60/6, 2014, p. 665-672 ; Id., « Evaluating Metabarcoding to analyse Diet Composition of Species Foraging in Anthropogenic Landscapes using Ion Torrent and Illumina Sequencing », Scientific Reports, 8, 2018, n° 17091, https://www.nature.com/articles/s41598-018-34430-7, consulté le 7 juin 2019.
3 Jocelyne Porcher, Thiphaine Schmitt, « Les vaches collaborent-elles au travail ? Une question de sociologie », Revue du MAUSS, 35, 2010, p. 235-261 ; Marion Vicart, Des chiens auprès des hommes. Quand l’anthropologue observe aussi l’animal, Paris, Petra, 2014.
4 Sarah Bortolamiol et al., « Territoires des humains et territoires des animaux : éléments de réflexion pour une géographie animale », Annales de géographie, 716/4, 2017, p. 387-407.
5 Farid Benhammou, « Le loup, animal géographique, animal géopolitique », Historiens & géographes, 439, 2017, p. 100-104 ; Id., Jean-Pierre Raffin, « L’ours brun : un emblème de vie sauvage menacé en Europe », dans Encyclopédie universalis, Paris, 2018, p. 260-265.
© Éditions de la Sorbonne, 2019