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Aux sources de l’histoire animale

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Éric Baratay

quatrième partie — Témoignages animaux

quatrième partie — Témoignages animaux

Texte intégral

1Si elles livrent beaucoup, les sources purement humaines révèlent aussi beaucoup d’insuffisances du fait que les hommes ne voient pas ou ne veulent pas voir, ne disent pas, ne savent pas ou ne veulent pas dire beaucoup d’aspects de leurs relations aux animaux, et du fait qu’ils limitent ainsi leurs apports personnels à ce qu’ils peuvent et veulent voir, à ce qui les intéresse, soit quelques espèces et quelques thèmes. Or, l’intérêt croissant pour de plus en plus d’espèces autrefois dénigrées, négligées, aujourd’hui revalorisées, et pour leur condition, leurs vécus, leurs points de vue, permet d’élargir l’éventail des sources aux témoignages animaux.

  • 1 Frédéric Adam et al., « Chevaux allemands de la Première Guerre mondiale », Ethnozootechnie, 98, (...)

2L’affaire peut paraître difficile, voire insoluble, si ce n’est pas incongrue, pour les animaux d’hier, soit parce qu’il n’y a effectivement plus de restes ni de traces, soit parce que nous ne savons pas encore les imaginer, les chercher, les trouver, les exploiter. Ce sera, au xxie siècle, l’une des tâches des spécialistes du passé. Elle est déjà bien avancée pour les archéozoologues, à l’apport croissant y compris pour des périodes récentes. Et comme des études pionnières le démontrent, elle devra être étendue à l’archéologie des gestes et des produits animaux ou à l’étude génétique des dépouilles, des muséums, des fouilles ou des terrains, qui apprendra de plus en plus sur les conditions, les vécus et les comportements1. L’inventivité est déjà bien en cours pour les animaux actuels : détection des traces animales laissées çà et là, techniques de poursuite à l’arrière ou de suivi à distance, observation sur place des faits et gestes avec l’œil, l’appareil photographique, la caméra ; des procédés qui rapprochent éthologues, naturalistes et géographes, ethnologues, en dépit de ou grâce à leurs méthodes respectives, de même que les témoignages anciens devront faire dialoguer généticiens, zoologues et éthologues avec les archéologues et les historiens.

3Reconnaissons que les spécialistes des sciences humaines et sociales sont très en retard dans cette affaire et qu’il est encore tout à fait nécessaire d’informer des possibilités de recherche. À cette fin, les contributions suivantes font surtout état de ces techniques, souvent issues des sciences de la nature, et des manières de les prendre en main pour les autres disciplines.

Notes

1 Frédéric Adam et al., « Chevaux allemands de la Première Guerre mondiale », Ethnozootechnie, 98, 2015, p. 21-32 ; Julio Mercader et al., « 4 300-Year-Old Chimpanzee Sites and the Origins of Percussive Stone Technology », PNAS, 104/9, 2007, p. 3043-3048 ; Ludovic Orlando : programme Pegasus, ERC Consolidator Grant #681605.

© Éditions de la Sorbonne, 2019

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