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Voyage en Afrique rentière

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Géraud Magrin

Réconcilier ressources et territoires ?

Réconcilier ressources et territoires ?

Texte intégral

1Nul ne sait quand l’Afrique « arrivera ». Le XXIe siècle s’inaugure sous des auspices contradictoires, qui portent des risques, mais aussi un potentiel de changement favorable souvent sous-estimé. La croissance démographique mondiale et l’essor économique de pays géants comme la Chine, l’Inde ou le Brésil promettent une amplification de la course à des matières premières raréfiées. Cette dynamique tend à circonscrire l’Afrique à son rôle traditionnel de pourvoyeur de ressources naturelles, pauvre et dépendant. Sur fond de crise de l’État, les compétitions entre acteurs mondiaux anciens (les pays occidentaux et leurs entreprises) et nouveaux (les pays émergents) menacent de conforter les mécanismes de la « malédiction des ressources naturelles », pérennisant des systèmes politiques clientélistes fondés sur la captation et la redistribution très sélective des rentes de l’extraversion, alimentant des conflits.

2Mais si le pire n’est pas toujours sûr, d’autres trajectoires sont possibles. Des changements d’ordres divers entrouvrent des espaces de bifurcation hors de la voie chaotique suivie jusqu’à présent. D’une part, en réponse à la crise de l’État et en écho à un mouvement mondial, la promotion du local, à travers notamment des processus de décentralisation multiformes, crée des possibilités nouvelles de valorisation des ressources endogènes des territoires. D’autre part et surtout, la densification démographique et urbaine africaine rend possible le développement d’une économie d’échanges internes sans laquelle aucun développement ne s’est produit jusqu’ici, en Europe comme aux États-Unis ou en Chine. Enfin, ce développement pourrait être favorisé par les connexions diverses établies avec le système mondial, même à travers des formes a priori enclavées d’investissements d’abord accueillis seulement pour leur capacité à fournir des rentes, si les marges de manœuvre nouvelles liées à des processus de réforme sont exploitées.

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