Versione classicaVersione mobile

Le Conseil d’État et Vichy

 | 
Philippe Fabre

Avant-propos

Étienne Picard

Testo integrale

1L’École doctorale de droit public et de droit fiscal de l’Université Paris I – Panthéon-Sorbonne a le plaisir de présenter, avec cet ouvrage de M. Philippe Fabre, le tout premier volume de ses travaux, que rassemblera sa collection De Republica, accueillie par Les Publications de la Sorbonne.

2Lieu d’animation et d’émulation de la recherche dans les domaines qu’elle couvre, l’École doctorale de droit public et de droit fiscal de Paris I a été créée en 1998 pour encadrer d’une façon plus proche et plus communautaire tous les étudiants de troisième cycle relevant de ces disciplines, et spécialement les doctorants, mais aussi, d’une façon plus générale, pour offrir une instance commune à tous les chercheurs de l’Université Paris I qui se consacrent à ces champs d’étude et de réflexion.

3Afin de faire mieux connaître une partie de ses activités, et d’en diffuser les fruits auprès de toute la communauté scientifique, spécialement les juristes et les politistes, cette collection De Republica se propose de publier, chaque année, divers travaux entrepris sous l’égide de l’École doctorale, qui pourront être des mémoires, des thèses, des conférences, des colloques..., le seul critère de choix étant celui de leur qualité scientifique.

4Si l’École a ainsi voulu dénommer cette collection par le titre du célèbre ouvrage de Cicéron – en parant ses ouvrages d’une reproduction partielle de la fameuse fresque par laquelle Puvis de Chavannes a représenté la figure symbolique de la Sorbonne entourée de tous les arts et les sciences, au premier rang desquels l’éloquence –, ce n’est pas tant pour célébrer cet auteur ou cet art, mais bien pour signifier clairement qu’elle entend placer ses travaux et ses réflexions sous l’empire de la res publica, dont le droit et sa spécificité forment toute sa raison d’être.

5En effet, depuis quelques décennies, diverses tendances convergentes paraissent contribuer, d’un côté, à faire dépérir le sens propre de la chose publique et de son droit : la crise de la puissance publique et même du service public, l’effritement de la séparation entre la société et l’État, la dilution partielle de la distinction entre les sphères privée et publique, les confusions tendancielles entre le subjectif et l’objectif, la déperdition de substance dont souffre le concept de République, la banalisation concomitante de la notion de citoyenneté, les confusions entre le politique et le juridique, l’impérialisme des lois du marché, le dénigrement de l’intérêt général... Toutes ces tendances brouillent en France la représentation que l’on se fait ordinairement de la chose publique, dont la valeur et la spécificité ne se révèlent nettement que si elles sont saisies juridiquement.

6D’un autre côté, face à toutes ces évolutions, l’on prend plus nettement conscience aujourd’hui, et l’on se convainc de plus en plus, qu’à défaut de référence commune et transcendante, comme l’est la res publica, à défaut de penser les rapports sociaux et de les réguler par référence à une instance supérieure et acceptable par tous, il n’y a plus de société possible, plus de droit possible, plus de démocratie possible, mais seulement des confrontations d’intérêts particuliers, qui se résolvent au pire par des affrontements, au mieux par des négociations dans lesquelles triomphent encore et toujours les plus forts ou les plus violents – et seulement eux. Une instance publique est nécessaire pour déterminer les limites de leur toute puissance, et les leur imposer.

7Quels que soient ses mérites, tout ne peut pas être abandonné au marché : l’existence même du marché ne dépend pas de lui seul ; il lui faut même recevoir, de l’extérieur ou de plus haut que lui, certaines de ses lois qui le rendent possible, et qui marquent les bornes de son empire. Dans l’ordre politique également, les consensus demeurent toujours préférables. Mais il leur faut toujours se formaliser selon des procédures qui leur confèrent une stabilité, une incontestabilité, une portée normative, des garanties, des sanctions... Ces consensus ne se constituent et n’acquièrent eux-mêmes leur sens qu’au regard de valeurs, d’idéaux et de projets communs, auxquels la res publica confère tout à la fois une consistance, une prééminence et une force.

8De cette res publica, il faut constamment penser et repenser les lois pour qu’elles s’imposent effectivement. C’est exactement à cette œuvre que veut s’attacher l’École doctorale de droit public et de droit fiscal de l’Université Paris I. Et l’ouvrage de M. Philippe Fabre, Le Conseil d’État et Vichy : le contentieux de l’antisémitisme, en est le premier – et talentueux – témoignage.

Il testo e gli altri elementi (illustrazioni, file importati) possono essere utilizzati con OpenEdition Books License, se non diversamente specificato.

Questa pubblicazione digitale è stata realizzata tramite il riconoscimento ottico dei caratteri automatico (OCR).
Cerca su OpenEdition Search

Sarai reindirizzato su OpenEdition Search