Au bonheur des dames : les veuves et les héritières des marchands parisiens, de Louis XIV à la Révolution
The ladies’ paradise: widows and heiresses of Parisian merchants from Louis XIV to the Revolution
p. 27-38
Résumés
Ce chapitre s’attache à montrer que l’autochtonie contribue au capital social des femmes dans les milieux bourgeois parisiens. L’intégration locale des familles de marchands dans les réseaux économiques et sociaux procure aux filles un nom qui leur permet d’échapper à l’anonymat de la grande ville. Les veuves de marchands merciers qui reprennent le commerce de leur époux bénéficient du même avantage. Les hommes non natifs ou bien issus de milieux inférieurs disposent d’un crédit bien inférieur. Ils ne peuvent espérer épouser une fille ou une veuve de marchand qu’en prévoyant de priver leur propre famille d’une grande partie de leurs biens. En d’autres termes, le contrat de mariage organise la captation par les familles féminines de tout ou partie des biens des conjoints. Ces femmes qui font des mariages hypogamiques ont une autonomie très supérieure à celles qui se marient au même rang ou au-dessus. Le pouvoir qu’elles ont dans leur couple leur donne une assurance singulière qui les conduit parfois à s’engager dans la vie politique et dans l’espace public. Les histoires de Mesdames Legros, Taveau et Bergeron mais aussi de Manon Phlipon/Mme Roland témoignent de cette capacité de mobilisation des femmes issus de milieux marchands.
This chapter seeks to show that the local integration of merchant families in economic and social networks gave girls a name which allowed them to escape the anonymity of the city. Widows of marchand merciers who took over the businesses of their husbands benefited from the same advantage. Men who were non-native to Paris, or of lesser social status, had a level of credit which was markedly inferior. They could not hope to marry a daughter or widow of a merchant except by planning to deprive their own family of a large part of their wealth. In other words, such marriage contracts arranged the capture by female families of all or part of the wealth of their spouses. Women undertaking such hypogamous marriages had a significantly greater autonomy that those whose marriages were at the same or a higher social level. The power they had within the couple gave them a distinctive assertiveness, which sometimes led them to engage in political life and the public sphere. The cases of women such as Legros, Taveau and Bergeron, but also Manon Phlipon/Madame Roland, bear witness to this capacity to mobilise on the part of women from merchant backgrounds.
Texte intégral
« Heureux celui qui peut faire la fortune de sa femme, et se donner cet avantage précieux, qu’elle tienne tout de lui ! Il est véritablement homme : au lieu que celui qui tient sa fortune de son épouse, n’est qu’un vil esclave. »
Restif de la Bretonne, La petite laitière (1780)
1Le thème du pouvoir des femmes dans le Paris du xviiie siècle est un topos de l’histoire des Lumières. Il trouve son incarnation la plus connue dans les espaces mondains1. Il apparaît aussi dans l’analyse des relations matrimoniales. Le pouvoir des épouses serait lié à leur capital économique : en 1781, la brochure du commissaire des guerres Jean Louis Mignonneau, Opinion d’un citoyen sur le mariage et sur la dot, réclame même la suppression de la dot2. Ce chapitre voudrait tester la pertinence de ces accusations en étudiant les mariages des filles et des veuves de la bonne bourgeoisie parisienne, essentiellement celle des merciers, un des six corps. Les six corps des marchands constituent le vivier principal du recrutement de l’élite politique parisienne et se pensent, selon les termes de Steven Kaplan, comme la « grande noblesse », alors que les autres maîtres sont de simples « hobereaux3 ». C’est dans cette fédération, qui regroupe la mercerie, la draperie, l’épicerie, la pelleterie, l’orfèvrerie et la bonneterie, que sont choisis bon nombre de notables, ceux qui exercent des charges dans le gouvernement de la ville (les échevins), le tribunal de commerce (comme consuls ou juges consuls) ou les fabriques paroissiales (marguilliers). Ces notables représentent aussi l’ensemble des corps et communautés parisiens auprès du pouvoir central4.
2Au sein des six corps, la communauté la mieux connue est la mercerie, qui regroupe des marchands de soie, de toile, de fer (appelés aussi quincaillers), marchands de produits divers qu’ils n’ont généralement pas fabriqués mais qui sont parfois des produits de luxe5. Cette communauté est loin de constituer une élite fermée : seul un quart des nouveaux merciers sont des fils de maîtres, la faiblesse de la reproduction étant davantage due aux faillites qu’aux ascensions vers la finance ou la robe. Par ailleurs, le nombre de merciers augmente de 50 % des années 1720 à la décennie 1770, atteignant alors plus de 3000 membres. Ces corps n’admettent pas de filles majeures en leur sein, mais les veuves des défunts maîtres ont le droit de s’y maintenir ; les marchands n’ont pas le pouvoir de transmettre l’appartenance corporative à leur gendre. Les contraintes corporatives limitent sans doute moins le renouvellement de la communauté que les contraintes proprement économiques : le jeune marchand doit avoir assez de crédit pour louer une boutique auprès d’un principal locataire ou d’un propriétaire et pour acheter des marchandises auprès de fabricants ou de marchands en gros. Il n’est donc pas étonnant que les apports au mariage des futurs époux soient le plus souvent issus de leur héritage, parfois complété par le fruit de leur travail : ils sont très rarement inférieurs à 3000 livres, et dépassent exceptionnellement 100 000 livres6.
3Je propose de considérer à la fois les veuves des marchands et les filles de ces marchands. Ces dernières ne sont pas forcément des filles uniques, elles n’héritent que très rarement du commerce de leurs parents, contrairement à la figure type de l’héritière noble, telle qu’elle apparaît par exemple dans les recherches d’Elie Haddad sur les comtes de Belin7. Mais leur capital social ou économique leur donne une position dominante sur le marché matrimonial et me permet de les qualifier d’héritières.
4On questionnera tout d’abord l’importance de la dot avant d’étendre le questionnaire aux autres clauses économiques des contrats de mariage et au rôle des familles des épouses. Enfin on s’intéressera aux figures féminines originales et fortes qui émergent de ces alliances et assument parfois des formes d’engagements originaux dans l’espace public.
Les clauses économiques des alliances
5Les règles juridiques et d’usage qui encadrent les alliances des Parisiens accordent des droits inégaux aux futurs époux8. Les contrats établissent quasiment toujours une communauté entre époux, selon la coutume de Paris ; cette mise en communauté est réversible par l’épouse qui peut obtenir la restitution de sa dot en cas de surendettement du mari, ou y renoncer au moment de l’établissement de sa succession. Les contrats précisent aussi les apports de chaque conjoint et leur origine, la part qu’ils mettent dans la communauté (d’un montant théoriquement égal), puis le douaire (ou gain de survie de la veuve) qui serait prélevé sur la fortune du mari au cas où il décéderait le premier, le préciput qui reviendra au veuf ou à la veuve. L’acte peut s’achever sur des clauses supplémentaires, envisager des donations, réciproques ou unilatérales, en toute propriété ou en usufruit, de tout ou partie des fortunes ; il peut aussi prévoir la mort prématurée de la future épouse sans enfant et l’attribution de « frais de noces » au veuf, c’est-à-dire la conservation d’une partie de la dot de la défunte, et un délai pour la restitution de la dot avec ou sans intérêts. Le règlement des successions est donc toujours plus favorable aux veuves qu’aux veufs. La veuve a la possibilité de renoncer à la communauté ou d’en conserver le bénéfice ; selon son choix, elle reprend non seulement sa dot ou sa part dans la communauté et ses propres, mais aussi diverses sommes qui sont prélevées sur la fortune de son défunt époux : le préciput mais aussi le douaire et les frais ou l’indemnité de deuil. Le veuf touche sa part dans la communauté et ses propres, le préciput et éventuellement les frais de noces mais il paie toujours ses habits de deuil.
6Au xviiie siècle, les pratiques des acteurs sociaux n’aggravent pas la dissymétrie des droits des hommes et des femmes : la part que chaque conjoint met dans la communauté tend à diminuer tandis que le préciput, somme prélevée par le veuf ou la veuve, augmente9. La jurisprudence tend en revanche à encadrer, voire restreindre l’usage que les femmes peuvent faire de leurs droits, l’indemnité de deuil et la restitution de leur dot en cas de séparation de biens. Le montant de l’indemnité de deuil qui était librement négocié entre les parties jusqu’au début des années 1750 et qui pouvait atteindre plusieurs milliers de livres est limité ensuite à une année de revenu du douaire10. Quant aux épouses qui demandaient la séparation de biens, elles étaient créancières prioritaires jusqu’aux années 1740 : cela leur permettait de tenir ensuite boutique en leur nom propre, et de tenter d’établir leurs enfants. En 1735, Marie Barbe Clopin veuve Jean Henri Marchand, marchand mercier de soie, déclare au commissaire venu apposer les scellés à leur domicile que tous les biens du défunt, linges, habits et papiers sont dans une armoire11 ; leur fils, Jean Henri Marchand, est avocat au parlement et censeur royal, mais reste célibataire. À partir des années 1750, les femmes séparées de biens perdent leur statut de créancières prioritaires et mettent parfois des années à récupérer leur dot, quand elles réussissent12.
7Mais les cas de séparations de biens sont plutôt rares. Le risque le plus grand pour un époux est la mort précoce de sa femme sans enfant, car il doit restituer la dot. Dans les mariages homogames, l’opération est délicate mais n’empêche pas la poursuite de l’activité, car le conjoint a le droit d’en garder une partie au titre des « frais de noces » et bénéficie d’un délai important pour rembourser la famille de sa défunte épouse. Mais les hommes qui se marient au-dessus de leur condition ne bénéficient pas de ces deux clauses. En 1751 Jean-François Grivel, fils d’un tailleur, épouse Louise Charlotte Lefort, fille d’un marchand mercier. Le jeune marchand mercier, expert écrivain juré, est sans doute recherché pour sa compétence en comptabilité, expertise qui est appréciée dans la tenue d’un commerce13. La jeune femme apporte plus de 8 800 livres dont 6 000 livres provenant de la fortune de son beau-père (voir ci-après). Les apports du jeune homme ne sont pas précisés, signe que toute sa fortune est mise en communauté contre 2000 livres de la fortune de Mlle Lefort : la contribution inégale à la communauté est un des marqueurs des mariages inégaux. La conclusion du contrat dans le milieu janséniste explique cependant la petite faveur qui est faite à Grivel, qui aura deux ans pour rendre la dot ; mais Grivel n’aura pas droit aux frais de noces. Mlle Lefort meurt en 1753, Grivel restitue la dot en 1756 après y avoir été condamné par le Châtelet ; il ne peut plus tenir de commerce et devient instituteur dans une petite école janséniste du faubourg Saint-Antoine14. Ce type d’histoire illustre, en tout cas partiellement, l’affirmation du juriste Pierre Jean Grosley (1718-1785) selon lequel l’« axiome, à Paris surtout où la tournure des Contrats est toute à l’avantage des femmes, [selon lequel] un homme lié & garrotté par cette foule de clauses surajoutées à la loi, est nécessairement ruiné s’il devient veuf dans les premières années de son mariage15 ».
Du capital social des familles féminines
8Il faut dire que les familles des futures épouses sont très souvent en position de force pour négocier avec les prétendants, qu’ils soient originaires de banlieue ou de province, ou bien parisiens mais en ascension sociale. Un jeune marchand qui veut conclure un mariage hypergamique n’est accepté par sa belle-famille que s’il consent à une ou plusieurs clauses économiques inégalitaires ou exorbitantes qui compensent son déficit de capital social. En 1695, Christophe Doré est un mercier dont le père, décédé, était « marchand bourgeois de Paris ». Il amène sept témoins (dont un seul parent marchand bourgeois). Sa future épouse, Catherine Perdrigeon, est la fille d’un marchand drapier, elle est escortée de vingt-deux témoins dont cinq oncles et un frère sont « marchands bourgeois de Paris » (sans parler des cousins germains). Les clauses économiques sont cohérentes avec ce déséquilibre du capital familial des deux futurs époux : la fortune du jeune homme se monte à près de 100000 livres, alors que la jeune fille est dotée de 15 000 livres, des créances surtout, dont l’une, datée de 1678, sera sans doute difficilement recouvrable16 !
9Les clauses de prise en charge des frais de la vie commune peuvent aussi cacher des inégalités : les veuves exigent quasiment toujours que leurs enfants du premier lit soient élevés jusqu’à un âge allant de 14 à 20 ans « aux frais de la communauté ». En 1741, Mathurin François Dubois, fils d’un laboureur de Melun, épouse Jeanne-Louise Legrand, veuve du marchand mercier François Lefort avec quatre enfants (deux garçons et deux filles) : il est prévu qu’ils « seront nourris, élevés tant en santé qu’en maladie et instruits convenablement dans la religion romaine aux dépens de la communauté jusqu’à l’âge de 20 ans tant mâles que femelles, ensemble qu’il leur sera fait apprendre des professions pareillement aux dépens de la communauté sans que pour raison de tout ce que dessus en aucune façon entamer leurs fonds ». Le jeune marchand apporte 6000 livres « à la charge que led Dubois fils sera tenu de payer à chacun des quatre enfants du premier mariage de ladite future épouse 1500 livres pour servir à leur établissement lorsqu’ils seront en âge de le faire ou aussitôt qu’ils auront atteint l’âge de majorité et sans aucun intérêt pendant ledit temps et par-dessus les nourritures entretiens ou professions cy devant mentionnées ; et en cas de décès d’un ou plusieurs des quatre enfants, les 1500 livres seront reversés au survivant dans l’année du décès de ladite future épouse, […] et si les quatre enfants décèdent avant la veuve, la somme de 6000 livres reviendra à la femme17 ». Le transfert de la totalité de la fortune de Dubois vers la famille de son épouse est ainsi prévu, il contribuera grandement à l’établissement de Louise Charlotte Lefort en 1751 (voir ci-avant).
10Ce type de transfert qui dépouille les familles des hommes est aussi envisagé dans les clauses qui envisagent le prédécès de l’époux, et en particulier le douaire. Joseph Boussuge, « garçon marchand », est le fils d’un laboureur au village d’Espinasse (sans doute un Auvergnat). Il épouse en 1772 Madeleine Gellain, fille d’un homme qui se présente comme « marchand mercier » mais qui est en fait salarié des Postes (« commissionnaire du grand courrier »). Avant le mariage, Boussuge a prêté 2 698 livres à son beau-père. Lors de la signature du contrat, Boussuge déclare apporter 9000 livres, sa future ne déclare aucun bien car elle n’a probablement rien. Boussuge promet un douaire exorbitant de 250 livres de rente réduit à 100 livres de rente si elle se remarie. Les Gellain ont négocié le mariage en position de force pour plusieurs raisons : ils sont très bien intégrés dans Paris, et plus particulièrement dans la paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois (la famille y est implantée depuis la fin du règne de Louis XIV), le futur époux espère probablement reprendre l’emploi de son beau-père à son décès18. Sans doute Madeleine Gellain est-elle jolie, en tout cas elle est probablement plus jolie que sa sœur ainée puisqu’elle se marie avant elle (voir ci-après). Le contrat de mariage peut aussi prévoir que le mari cède tout ou partie de ses biens en usufruit, voire en toute propriété à son épouse. Le 16 juillet 1751, le notaire et quartinier Michel Martel, fils d’un maître perruquier devenu « employé dans les affaires du roi », épouse Marie Louise Françoise Cornet, fille d’un marchand et consul d’Amiens et nièce du payeur des rentes Jean Baptiste Hebert chez lequel elle vit ; Martel déclare une fortune supérieure à 74 000 livres, qui échoira, en cas de prédécès, à sa veuve, seulement grevée de 1 500 livres de rente viagère (valant au plus 30 000 livres) en faveur de ses père, mère et sœurs19.
11Au moment des partages de succession des époux défunts, les montants prélevés par les veuves sont plus importants que les sommes qui reviennent aux héritiers légitimes, même quand les clauses du mariage sont à peu près équilibrées. Ainsi, la veuve de l’orfèvre et échevin Jean Pierre qui avait été dotée de 10 000 livres en 1708 touche en 1751 près de 150 000 livres, tandis que chacun de ses trois enfants reçoit un peu de plus de 50 000 livres20. Contrairement aux affirmations de Grosley21, les partages ne consacrent donc pas la ruine des enfants, mais ceux-ci deviennent dépendants du bon vouloir de leur mère pour leur établissement. En favorisant les veuves qui sont le pivot de l’économie familiale et de la transmission, la législation et la jurisprudence réduisent l’autonomie des enfants tout en protégeant leur patrimoine sur le long terme.
12Le décès précoce des épouses ne libère d’ailleurs pas les maris de la pression de leur belle-famille qui garde un rôle important dans les décisions concernant le sort des enfants. En 1692, Pierre Denis Maillet de Cerny, auditeur de la chambre des comptes et fils d’un procureur au parlement, se marie avec une dot de 80 000 livres. Il épouse Élisabeth Angélique Presty, issue par son père et sa mère d’une famille de notables marchands et elle-même dotée de 36 000 livres. Maillet de Cerny se retrouve vite veuf avec trois filles dont il obtient la garde noble. En novembre 1708, son beau-père décède, Maillet de Cerny semble pouvoir reprendre le contrôle de l’éducation de sa fille Marie-Anne, la seule qui ait survécu. En décembre 1708, il convoque une assemblée de parents. Il explique que Marie-Anne a été mise en pension dans le monastère de la Visitation du faubourg Saint-Jacques « par complaisance suivant le désir de noble homme Pierre Presty […] et […] Marie Chauvin », ses beaux-parents « parce que la dame Chauvin sa tante y est religieuse ». Maillet de Cerny avait donné son accord avec réticence à cause du coût de la pension (500 livres par an) et des « autres petites dépenses pendant le cours de l’année ». Il propose de transférer sa fille à l’abbaye du Pont-aux-Dames où il a deux sœurs religieuses, et où la pension est seulement de 150 livres. Les parents assemblés sont en majorité du côté maternel, ils s’opposent au projet : la jeune fille est accoutumée à son couvent, elle est d’un tempérament délicat, sa santé pourrait s’altérer. Ils accordent juste à Maillet une augmentation des revenus affectés à l’éducation de sa fille22.
13Les veuves et les héritières de la marchandise sont-elles les seules bourgeoises à porter la culotte ? Il ne semble pas que les filles de procureurs (au parlement ou au Châtelet) fassent de même : la reprise de cabinets de procureur doit être très rapide si la famille du défunt ne veut pas perdre le bénéfice du transfert de la clientèle, appelée « pratique », les négociations pour le mariage ne peuvent s’éterniser. Par ailleurs, une femme ne saurait tenir un cabinet à la place de son défunt époux, alors qu’une partie des filles et des veuves de marchands peuvent, au moins un temps, tenir boutique23.
14Les hommes peuvent-ils échapper à ces contraintes ? Bien sûr, la majorité des hommes ne sont soumis ni à leur épouse, ni à leur belle-famille, car ils ont choisi une épouse dans leur milieu d’origine. Un des grands amis de Grosley, l’avocat Coqueley de Chaussepierre (1715-1790), fils du lieutenant général au bailliage de Bar-sur-Seine, se marie ainsi en 1741 dans sa ville natale avec Marie Edmée Rivet, fille du président au grenier à sel24. Quant aux hommes natifs de Paris qui veulent être maîtres de leur fortune et de leur vie familiale, ils doivent accepter une épouse d’un rang égal, voire inférieur au leur, et disposant d’une fortune égale ou inférieure à la leur.
Figures féminines dominantes
15Enfin, les mariages hypergamiques avec des veuves ou des héritières sont intéressants parce qu’ils contribuent à l’apparition de comportements spécifiques, a-normaux. Martine Herruete (1682-1754), modeste veuve du marchand de fer Nicolas Gelain, soutient un procès contre les chanoines de Saint-Germain-l’Auxerrois à propos de l’enterrement de son époux. Elle se remarie peu après avec Jacques Silvestre, qui se présente comme « marchand mercier » mais qui est probablement son apprenti ou son commis. Silvestre doit mourir prématurément car Mme Gelain continue à porter le nom de son premier mari jusqu’à son décès25. La condition de Marie Catherine Durnet – veuve du mercier Antoine Quesnel – est de même fragilisée par son veuvage, aussi se remarie-t-elle avec Pierre Leprestre, maître batteur d’or et contrôleur de la volaille. Mais les relations conjugales sont tendues : un arrêt du parlement du 8 octobre 1712, rendu en appel d’une sentence criminelle du Châtelet prononcée le 29 juillet 1712, la condamne, pour avoir injurié et battu son mari, « à comparaître en la maison de son mari, et là, en la présence de quatre personnes que Leprestre choisira » à dire que « témérairement, indiscrètement & comme mal avisée elle a commis les voies de fait & proféré les injures mentionnées es plaintes et informations, dont elle se repent, & demande pardon à son mari ». L’arrêt lui enjoint aussi de porter « honneur & respect » à son époux, et lui fait défense de récidiver sous plus grande peine26. Dans l’affaire, elle a été ouvertement soutenue par son gendre, le marchand mercier Charles Verneau et le frère de celui-ci, Pierre François Verneau, marchand bourgeois de Senlis. Ce genre d’histoire est exceptionnel sans être unique : Hardy mentionne les violences exercées par la femme d’un procureur au Châtelet contre son époux en 176627.
16Ces exemples, qui concernent surtout des veuves, confortent l’idée que le veuvage favorise l’éclosion de personnalités hors du commun28. Or ce ne sont pas des veuves mais des femmes mariées et des héritières de la bourgeoisie marchande qui apparaissent comme les figures les plus exceptionnelles. Elles se singularisent en effet par la force et la durée de leur engagement dans les zones de tensions politiques qui animent le siècle des Lumières et la Révolution, et ce en dehors des activités familiales et charitables qui sont partagées par l’élite féminine bourgeoise29. Sont concernées trois marchandes mercières qui se sont mobilisées dans les années 1780-1790 à Paris sur des sujets très différents.
17La plus connue est Françoise Gellain (1749-1821) épouse Claude François Legros. Le 25 août 1784, « Mme le Gros, Md Mercière » a en effet reçu de l’Académie française le prix de vertu30 : elle est récompensée pour n’avoir, « pendant trois ans […] cessé de secourir par ses soins, ses démarches & ses dépenses, une personne dont le hazard lui a fait découvrir le malheur », Jean Henri Masers de Latude (1725-1805), aventurier mythomane enfermé depuis plus de trente ans par lettres de cachet dans divers lieux. Le succès de cette femme est dû au soutien qu’elle a reçu d’Adélaïde Élisabeth Bouvard de Fourqueux épouse Étienne Maynon d’Invault (ancien contrôleur général des finances), du chevalier de Pougens, et au-delà d’un petit groupe de personnes appartenant à l’élite socio-politique de la France. Mais c’est Madame Legros qui a porté la mobilisation. Or cette femme est issue d’une famille de marchands merciers de fer enracinée dans la paroisse de Saint-Germain-l’Auxerrois depuis trois générations : elle est par ailleurs la petite-fille de la veuve Gellain et la sœur de Madeleine Gellain. En 1773, dotée de 2000 livres, elle a fait un mariage beaucoup plus modeste que Madeleine en épousant Claude François Legros, « garçon marchand » et fils unique d’un maître fondeur, qui était doté de 1000 livres31. Des trois filles Gellain, Françoise est sans doute la plus mal mariée, mais sa position économique et sociale est supérieure à celle de son époux : M. Legros ne semble pas tenir de boutique mais tire ses ressources « des éducations particulières » qu’il donne. Mme Legros est probablement « marchande mercière » comme fille de mercier32.
18La Révolution suscite également la mobilisation de deux autres marchandes, mesdames Bergeron et Taveau. Marie Angélique Coqueret (1756-1813) a épousé l’ancien apprenti de son père, Louis Éloi Bergeron, originaire de Puisieux (Aisne). Le couple tient un commerce d’armurerie dans la rue de la Barillerie. Mais, depuis 1781, la paralysie de M. Bergeron oblige son épouse à diriger seule la boutique. C’est elle qui, motivée par sa conscience religieuse, fait célébrer le culte clandestinement chez elle et protège un groupe de prêtres réfractaires surnommés les « aumôniers de la guillotine ». Dénoncée, elle tient tête à la police quand celle-ci vient perquisitionner à son domicile en juillet 179433.
19L’action de madame Taveau, autre bourgeoise, est plus ponctuelle, mais témoigne également de la forte autonomie de ces femmes. Vers 1793-1794, Geneviève Joseph Merre qui est l’épouse de Louis Taveau, autre marchand de fer, protège son jeune voisin, Étienne Denis Pasquier (1767-1862), « ci-devant » conseiller au parlement, fils et petit-fils de parlementaire, qui a vécu dans l’hôtel familial de la paroisse Saint-Leu-Saint-Gilles. Son action est connue grâce au témoignage de Pasquier, devenu chancelier sous la Restauration :
Je ne saurais taire à quel point je trouvai secours et assistance dans la classe si estimable de la bourgeoisie de Paris. Je fus successivement caché chez plusieurs marchands des rues que j’avais habitées, et notamment chez une Mme Tavaux, marchande mercière, qui demeurait à la porte de la maison que ma famille avait si longtemps occupée rue Bourg l’Abbé. Son mari était arrêté depuis deux ou trois mois et même très compromis pour la manière dont il s’était montré, au 10 août, dans le bataillon de la garde nationale dont il faisait partie. Cela n’empêcha pas Mme Tavaux, non seulement de me donner asile pendant deux ou trois nuits, mais de prendre tous les soins imaginables pour me trouver les témoins qui m’étaient nécessaires. La plupart de ceux qu’elle me procura ne me connaissaient en aucune façon, et cependant, sur sa seule parole, ils affrontèrent, pour me tirer de peine, le danger de se compromettre de la manière la plus grave. Je recueillis ainsi le fruit de quelques légers services rendus en d’autres temps par les miens.
20Au moment des faits, Louis Taveau est en effet emprisonné comme girondin. Son épouse est, comme Mme Bergeron, la fille d’un marchand de fer parisien. En 1782, elle avait été dotée de 16000 livres, tandis que Taveau, fils d’un laboureur, apportait une fortune bien supérieure (30000 livres)34. Mesdames Bergeron et Taveau ont en commun avec madame Legros d’être des héritières et d’avoir conclu des mariages avec des hommes dotés d’un capital social inférieur. La filiation et l’hypogamie créent manifestement des conditions propices à l’engagement féminin dans la sphère publique.
21Mme Legros se singularise par les résonances de son action dans la vie politique des années 1780, ce qui la rapproche de la figure exceptionnelle de Manon Phlipon, fille d’un maître graveur de la place Dauphine, plus connue sous le nom de Madame Roland (1754-1793). Mme Roland et Mme Legros sont non seulement de la même génération, mais aussi petites-filles et nièces de merciers déclassés. La famille maternelle de Manon comprend en effet trois merciers, son aïeul Jacques Bimont (1690-1756) et ses oncles Thierry Duterne et Adrien Jacques Bimont qui ont fait faillite dans les années 1760.
22Ces marchandes se considèrent comme des chefs de famille mais aussi comme des acteurs de la vie civique.
Conclusion
23Les familles des bourgeoises parisiennes qui négocient des alliances hypogamiques pour leurs filles anticipent le règlement des successions et prévoient des flux de capitaux au détriment des futurs époux. Dans une société marquée par une forte mobilité géographique et sociale, leur pouvoir n’est guère entamé par la réduction des droits des femmes par les juristes du siècle des Lumières (priorité des créances des femmes séparées de biens, indemnité forfaitaire de deuil) et plus tard par le Code civil.
24La tension des identités des filles de marchands entre identité héritée par la naissance et identité reçue par l’alliance se résoud en faveur de la première si elles font des mariages hypogamiques ; pour les veuves de marchands, c’est la seconde qui prime. Certaines héritières sont même des personnalités suffisamment fortes pour entreprendre des actions audacieuses, de résistance, voire d’héroïsme, sans qu’on sache si elles ont conscience de leur étrangeté aux yeux du public et des historiens.
Notes de bas de page
1 Antoine Lilti, Le monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au xviiie siècle, Paris, Fayard, 2005.
2 Mignonneau est le fils de Louis Mignonneau (1704-1774), marchand mercier qui a été propriétaire d’un office de conseiller de ville mais est décédé sans avoir été élu échevin à cause de sa faillite. Samuel Gibiat, Hiérarchies sociales et ennoblissement. Les commissaires des guerres de la Maison du Roi, 1691-1790, Paris, École des Chartes, 2006, p. 656-657. On trouve un résumé de son livre dans la Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm et de Diderot, depuis 1753 jusqu’en 1790, Paris, Furne/Ladrange, 1830, t. 11, p. 59-60.
3 Steven L. Kaplan, « The Luxury Guilds in Paris in the Eighteenth Century », Francia, 9, 1981, p. 273.
4 Steven L. Kaplan, La fin des corporations, Paris, Fayard, 2001 ; Laurence Croq, « Essai pour la construction de la notabilité comme paradigme socio-politique », dans Laurence Jean-Marie (dir.), La notabilité urbaine, xe-xviiie siècles, Caen, Centre de recherche d’histoire quantitative, 2007, p. 23-38.
5 Carolyn Sargentson, Merchants and Luxury Markets : The Marchands Merciers of Eighteenth-Century Paris, Londres, Victoria and Albert Museum, 1996 ; Pierre Verlet, « Le commerce des objets d’art et les marchands merciers à Paris au xviiie siècle », Annales. Économies, sociétés, civilisations, 13/1, 1958, p. 10-29.
6 Laurence Croq, « Les chemins de la mercerie, le renouvellement de la marchandise parisienne (années 1660-1760) », dans Anna Bellavitis, Laurence Croq, Monica Martinat (dir.), Mobilité et transmission dans les sociétés de l’Europe moderne, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 87-122.
7 Elie Haddad, Fondation et ruine d’une « maison ». Histoire sociale des comtes de Belin (1582-1706), Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2009.
8 Voir Clio, 7, 1998, dossier Femmes, dots et patrimoines.
9 Mathieu Marraud, « Communauté conjugale et communauté politique. Les usages de la coutume de Paris dans la bourgeoisie corporative, xviie-xviiie siècles », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 58/2, 2011, p. 96-119.
10 Laurence Croq, « Le dernier hommage. La comptabilité des frais funéraires et du deuil dans la société parisienne aux xviie et xviiie siècles », Histoire & Mesure, 27/1, 2012, p. 161-214.
11 Archives nationales (désormais AN), Y 12729, 3 avril 1735, scellés après le décès de Jean Henri Marchand, cy devant marchand de soie ; AN, Minutier central des notaires (désormais MC), CXVII 740, 23 mai 1735, inventaire après décès de Jean Henri Marchand.
12 Laurence Croq, « La vie familiale à l’épreuve de la faillite : les séparations de biens dans la bourgeoisie marchande parisienne aux xviie-xviiie siècles », Annales de démographie historique, 118, 2009, p. 33-52.
13 Natacha Coquery, « Les écritures boutiquières au xviiie siècle : culture savante, encadrement légal et pratiques marchandes », dans Natacha Coquery, François Menant, Florence Weber (dir.), Écrire, compter, mesurer. Vers une histoire des rationalités pratiques, Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2006, p. 163-180.
14 AN, MC, XCII 572, 24 juillet 1751, apprentissage de Jean-Francois Grivel ; 26 juillet 1751, mariage Jean-François Grivel et Louise Charlotte Lefort ; Nicolas Lyon-Caen, La boîte à Perrette. Le jansénisme parisien au xviiie siècle, Paris, Albin Michel, 2010 ; Jean-François Grivel, Éduquer le peuple. Une école janséniste au faubourg Saint-Antoine à la veille de la Révolution, éd. par Monique Cottret, Valérie Guittienne-Mürger, Fabien Vandermarcq, Paris, Nolin, 2013.
15 Pierre Jean Grosley, Mémoires historiques et critiques pour l’histoire de Troyes, Paris/Troyes, Volland aîné et Sainton père et fils, 1812, t. 2, p. 188-189.
16 AN, MC, LXXVIII 443, 12 février 1695, mariage Christophe Doré et Catherine Perdrigeon. Autres exemples de mariages déséquilibrés de marchands merciers : MC, LXXXIII 243, 24 octobre 1706, mariage Malice et Berthelin ; XLV 373, 6 février 1721, Sandrin et Daminois ; XXIV 698, 1744, Dailly et Prevost ; IX 677, 10 octobre 1751, Rognon et Potage ; LX 304, 16 janvier 1752, Revil et Boullenger.
17 AN, MC, XCII 520, 2 octobre 1742, contrat de mariage Mathurin François Dubois et Jeanne-Louise Legrand, veuve François Lefort. Sur les veuves d’artisans et de marchands à Paris, voir Janine M. Lanza, From Wives to Widows in Early Modern Paris : Gender, Economy and Law, Aldershot, Ashgate, 2007.
18 AN, MC, XCVIII 600, 28 septembre 1772, obligation Gellain à Boussuge ; MC, XCVIII 600, 29 septembre 1772, mariage Joseph Boussuge et Madeleine Gellain.
19 AN, MC, XLI 516, 16 juillet 1751, mariage Michel Martel et Marie Louise Françoise Cornet.
20 AN, MC, XXIV 711, 16 mars 1748, partage de la communauté Jean Pierre, marchand orfèvre et échevin, entre sa veuve, Marie Marguerite Godeheult et leurs trois enfants, Nicolas François Pierre, prêtre chanoine de l’église de Senlis, Jean-Baptiste Marie Pierre (1714-1789), alors peintre ordinaire du roi, et Louis Pierre marchand orfèvre et quartinier.
21 « [U]n homme lié & garrotté par cette foule de clauses surajoutées à la loi, est nécessairement ruiné s’il devient veuf dans les premières années de son mariage. Est-il moins réellement ruiné vingt ans, trente ans plus tard ? Ses enfants le sont-ils moins en quelque temps qu’ils perdent leur père ? » : Grosley, Mémoires historiques…, op. cit., t. 2, p. 189.
22 AN, MC, CVII 304, 10 novembre 1708, inventaire après décès de Pierre Presty, mercier, conseiller de ville, échevin et juge consul ; 29 décembre 1708, avis de parents Maillet de Cerny ; Marie-Ange Duvignacq-Glessgen, L’ordre de la Visitation à Paris aux xviie et xviiie siècles, Paris, Éditions du Cerf, 1994.
23 Robert Descimon, « Les auxiliaires de justice du Châtelet de Paris : aperçus sur l’économie du monde des offices ministériels (xvie-xviiie siècle) », dans Claire Dolan (dir.), Entre justice et justiciables : les auxiliaires de la justice du Moyen Âge au xxe siècle, Sainte-Foy (Québec), Presses de l’université Laval, 2005, p. 301-325.
24 Archives départementales de l’Aube, BMSBar-sur-Seine, 4E03405, vue 159/324, 2 octobre 1741, mariage Claude Geneviève Coqueley de Chaussepierre et Marie Edmée Rivet.
25 AN, MC, XXXIV 390, 8 mai 1717, mariage Jacques Silvestre et Martine Herruete, veuve Nicolas Gellain ; Affiches, annonces et avis divers, 17 juin 1754, p. 368.
26 Edme de la Poix de Fréminville, Dictionnaire ou traité de la police générale des villes, bourgs, paroisses, et seigneuries de la campagne, Paris, « chez les associés au privilege des ouvrages de l’auteur », 1771, p. 409-410.
27 Siméon-Prosper Hardy, Mes Loisirs, ou Journal d’événemens tels qu’ils parviennent à ma connoissance (1753-1789), éd. par Pascal Bastien et al., Paris, Hermann, 2012-2019, 7 vol. parus, t. 1, p. 182 (26 octobre 1766) ; Laure Beaumont-Maillet, La guerre des sexes, xve-xixe siècles, Paris, Albin Michel, Paris, 1984 ; Clara Chevalier, « Des émeutières passées sous silence ? L’invisibilisation de la violence des femmes au prisme du genre (Paris, 1775) », dans Coline Cardi, Geneviève Pruvost (dir.), Penser la violence des femmes, Paris, La Découverte, 2012, p. 85-94.
28 Nicole Pellegrin, Colette H. Winn (dir.), Veufs, veuves et veuvage dans la France d’Ancien Régime, Paris, Honoré Champion, 2003.
29 Nicolas Lyon-Caen, « Territoire paroissial et investissement notabiliaire. Marc-Étienne Quatremère et les limites de Saint-Germain-l’Auxerrois », Hypothèses, 9, 2006, p. 79-88.
30 Journal de Paris, 26 août 1784, p. 1016.
31 AN, MC, CXXII 784, 16 octobre 1773, mariage Claude François Legros et Françoise Gellain.
32 Laurence Croq, « Mme Legros, citoyenne sans le savoir (Paris, fin xviiie siècle) », Clio, 43, 2016, p. 151-164.
33 Bernard Plongeron (dir.), Le diocèse de Paris, t. 1, Des origines à la Révolution, Paris, Beauchesne, 1987, p. 406 ; Émile Campardon, Le tribunal révolutionnaire de Paris. Ouvrage composé d’après les documents originaux conservés aux Archives de l’Empire, Paris, Henri Plon, 1866, t. 2, p. 356 et suiv.
34 Étienne Denis Pasquier, Histoire de mon temps. Mémoires du chancelier Pasquier, Paris, Plon, 1893, t. 1, p. 94 ; Campardon, Le tribunal révolutionnaire…, op. cit., t. 1, p. 422 ; AN, MC, X 698, 20 avril 1782, mariage Louis Taveau et Geneviève Joseph Merre.
Auteur
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Laurence Croq
(Université Paris Nanterre, CHISCO)
Maître de conférences en histoire moderne à l’université Paris-Nanterre. Elle travaille sur l’histoire sociale, politique et religieuse de la France et de Paris aux xviie et xviiie siècles. Sa plus récente publication est consacrée aux continuités entre les engagements politico-religieux des bourgeois parisiens sous l’Ancien Régime et les premières années de la Révolution (« Jansénistes et antijansénistes parisiens en Révolution », dans Caroline Galland (dir.), Histoires croisées. Politique, religion et culture du Moyen Âge aux Lumières. Études offertes à Monique Cottret, Presses universitaires de Nanterre, 2019, p. 543-560).
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