Focus / La nouvelle Sorbonne en quelques dates
p. 99-102
Texte intégral
11833 : François Guizot, ministre de l’Instruction publique, étudie la réforme de l’Université et la reconstruction de la Sorbonne, mais la chute de Louis-Philippe empêche de donner suite au projet ; l’architecte Alphonse de Gisors avait pourtant dressé des projets en 1846-1847.
21853 : Léon Vaudoyer (avec Victor Baltard, puis seul) « ressuscite » le projet de reconstruction de la Sorbonne et le présente à Napoléon III en mars 1853.
314 août 1855 : Napoléon III pose la première pierre de la nouvelle Sorbonne, à un moment particulièrement favorable (première Exposition universelle de Paris), mais sans qu’aucun fonds n’ait été voté, aucun plan arrêté, aucun projet soumis ni au Conseil des bâtiments civils, ni à la Chambre des députés ; néanmoins les architectes Léon Vaudoyer et Louis Duc travaillent au projet ; le préfet de Paris reçoit l’ordre d’assainir le Quartier latin et de libérer les parcelles nécessaires à l’agrandissement des locaux universitaires, marquant le début d’une campagne d’acquisition systématique ; Haussmann, qui donne la priorité à l’urbanisme, élargit ou perce les rues Saint-Jacques, des Écoles, les boulevards Saint-Germain, Saint-Michel.
4Janvier 1858 : Léon Vaudoyer et Louis Duc proposent un nouveau projet, plus ambitieux que celui de 1855 ; rapidement, ce dernier est définitivement annulé.
51881 : Jules Ferry décide d’élever un bâtiment unique – la nouvelle Sorbonne – en lieu en place de l’ancien Collège de la Sorbonne. Un accord est trouvé avec la Ville de Paris, qui offre à l’État les terrains acquis par Haussmann et ses successeurs, et s’engage à prendre en charge la moitié du coût de la construction. La convention entre la Ville de Paris et l’État est approuvée par le conseil municipal le 30 juin 1881 et ratifiée par le Sénat le 29 juillet 1881 ; début de la consultation des usagers des futurs bâtiments, afin d’évaluer leurs besoins.
619 avril 1882 : Le programme établi par les professeurs et les services de l’Université est approuvé et publié par l’État.
71er mai 1882 : Ouverture d’un concours d’architecture pour la reconstruction de la Sorbonne. Le jury est constitué de membres nommés par le ministre de l’Instruction publique (Adolphe Alphand, Émile Vaudremer, Octave Gréard, Albert Dumont, Antoine-Nicolas Bailly, Eugène Carriot), par le conseil municipal (Félix Armand Marie Jobbé-Duval, Louis Léger Vauthier, Sigismond Lacroix), de trois représentants du corps enseignant (Henri Milne-Edward, Léon Renier, Louis-Auguste Himly) et d’un collège d’architectes (Ernest Coquart, Emmanuel Brune, Arthur-Stanislas Diet, Charles Garnier, Auguste Ancelet, Léon Ginain).
830 novembre 1882 : Fermeture du concours ; vingt-sept architectes (ou équipes d’architectes) soumettent des projets.
913 décembre 1882 : Résultats du concours : Henri-Paul Nénot, 29 ans, est déclaré lauréat du concours et chargé de l’exécution du projet ; neuf autres projets sont primés (Édouard Larché, Albert Ballu, Jean-Camille Formigé, Paul Louis Albert Galeron et Alfred Vaudoyer, Marcel Mariaud, Alfred Isidore Coisel, Jean Bréasson et Émile Camut, Ernest Lheureux, Achille et Jacques Hermant).
101883 : Nénot voyage en Allemagne et en Belgique (mission officielle) pour comprendre le fonctionnement des universités et des laboratoires scientifiques les plus récents.
115 novembre 1883 : Mise au point du projet définitif par Nénot et adoption de ce projet par l’administration ; dans un climat de dialogue et d’entente entre architecte, maîtres d’ouvrage et usagers, des ajustements auront lieu tout au long du chantier.
1225 août 1884 : Adjudication des travaux qui se dérouleront en trois tranches (1884-1889 ; 1888-1894 ; 1893-1901).
135 septembre 1884-août 1889 : Construction du palais académique (première tranche des travaux), qui comprend le grand amphithéâtre précédé d’un grand vestibule, les secrétariats des facultés des lettres et des sciences, l’escalier d’honneur, les locaux du rectorat et de la chancellerie, les salles d’enseignement et d’examens destinées à l’École des hautes études et aux deux facultés, l’appartement du recteur.
143 août 1885 : Pose de la première pierre (presque trente ans après la cérémonie de 1855 restée sans suite et quatre ans avant l’inauguration officielle du grand amphithéâtre de la nouvelle Sorbonne) par René Goblet, ministre de l’Instruction publique.
15Novembre 1885 : Ajustement du programme : disparition de la faculté de théologie prévue dans le projet initial ; les locaux sont attribués à l’École des chartes et à la Ve section de l’École des hautes études (sciences religieuses) créée en 1886 ; les sous-sols du palais académique sont terminés.
161886 : Commande des peintures décoratives de la nouvelle Sorbonne ; en juin, les architectes participant au congrès des architectes qui se déroule à Paris visitent le « vaste chantier » de la Sorbonne sous la conduite de Nénot.
17Juin 1887 : Au Salon, Puvis de Chavannes et François Flameng présentent leurs compositions pour la Sorbonne : Puvis de Chavannes a terminé le carton de la peinture destinée au grand amphithéâtre ; François Flameng a dessiné, enluminé et parachevé la longue et haute frise de l’escalier d’honneur.
18Juin 1888 : Au Salon, quelques-uns des quatorze peintres ayant la charge de décorer la nouvelle Sorbonne présentent leurs œuvres, notamment Benjamin Constant, François Flameng, Théobald Chartran, Ernest-Ange Duez, Raphaël Colin.
19Août 1888 : Les plans et devis pour la faculté des sciences (deuxième tranche des travaux) sont approuvés.
2028 décembre 1888-été 1894 : Construction de l’essentiel de la faculté des sciences (2e tranche des travaux).
215 août 1889 : Inauguration du palais académique (première tranche des travaux) par le président de la République, Sadi Carnot, au moment où Paris accueille l’Exposition universelle où le projet de la nouvelle Sorbonne est présenté, parmi d’autres projets et réalisations d’« architecture moderne » ; les dessins exposés valent à Nénot une médaille d’or.
22Avril 1893 : Modification à la marge, à la demande des maîtres d’ouvrage, des plans de la partie « centrale » de la nouvelle Sorbonne (troisième tranche des travaux) : élargissement de la cour d’honneur et par la suppression de la galerie sur cette face afin que les amphithéâtres de la faculté des lettres bénéficient d’un éclairage direct ; construction, sur la rue Saint-Jacques, d’une tour d’astronomie.
231893-juillet 1901 : Construction de la partie « centrale » de la nouvelle Sorbonne (troisième tranche des travaux), qui nécessite la destruction de l’ancienne Sorbonne, à l’exception de la chapelle (les travaux de démolition se font en deux phases : 1893 ; septembre-octobre 1897) : déployés entre les galeries Robert de Sorbon et Gerson, dans l’espace englobant la chapelle et la cour d’honneur, les derniers bâtiments de la nouvelle Sorbonne abritent la bibliothèque de l’Université et ses réserves, l’amphithéâtre Richelieu, l’École des chartes ainsi que divers locaux facultaires.
2423 avril 1895 : Le bal en l’honneur du centenaire de l’École normale se déroule dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne ; c’est la première d’une longue série de « fêtes mondaines » données dans cet amphithéâtre ; pour cette occasion spéciale, Nénot prévoit des aménagements et équipements provisoires (marquises, escalier à double révolution, plancher, etc. ; coût estimé à 25 000 francs) permettant d’accueillir 6 000 personnes.
25Juin 1895 : Pour la construction de la Sorbonne, Nénot remporte le prix Houllevigue, doté de 5 000 francs, décerné par l’Institut (Académie des beaux-arts) et qui vient récompenser une œuvre remarquable produite au cours des quatre dernières années en peinture, sculpture, architecture, gravure ou composition musicale.
2617 juin 1896 : Visite de la nouvelle Sorbonne par les architectes de l’Association provinciale des architectes français réunis en congrès à Paris ; la bibliothèque, encore inachevée, fait partie du circuit de visite.
27Janvier 1897 : Une série de conférences grand public est organisée dans la nouvelle Sorbonne, une occasion pour les Parisiens de la découvrir ; certaines des conférences se déroulent dans l’amphithéâtre provisoire installé dans la cour.
281897 : Achèvement de l’aile est donnant sur la cour d’honneur, abritant notamment la bibliothèque et l’amphithéâtre de la faculté des lettres ; construction de la galerie Richelieu.
2929 décembre 1897 : Inauguration de la bibliothèque de l’Université.
301900 : Le 1er août, les architectes réunis à Paris dans le cadre du Ve congrès international des architectes (Paris, 30 juillet-4 août) visitent la Sorbonne sous la conduite de Nénot ; le projet de la nouvelle Sorbonne est exposé par le ministère de l’Instruction publique, dans la section « Enseignement supérieur » de l’Exposition universelle de Paris, ce qui vaut à Nénot de recevoir du Grand-Prix ; en décembre, Nénot confie la décoration des deux vestibules de la faculté des sciences et de la faculté des lettres au peintre Théophile Poilpot.
31Juillet 1901 : Fin des travaux, au terme d’un chantier ayant duré dix-sept ans ; l’achèvement de la nouvelle Sorbonne ne donne pas lieu à une inauguration en grande pompe comme celle du palais académique en 1889, mais à la pose d’une simple plaque dans la cour en présence du président de la République Émile Loubet, de Georges Leygues, ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, et d’Octave Gréard, membre de l’Académie française et président du conseil de l’Université.
Auteur
Éléonore Marantz est maître de conférences en histoire de l’architecture contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et chercheur à l’HiCSA (EA 4100, Histoire culturelle et sociale de l’art). Elle consacre l’essentiel de ses recherches aux cadres et aux formes de la production architecturale publique au xxe siècle. Elle a dirigé plusieurs ouvrages sur les architecture universitaires : avec Stéphanie Méchine, Construire l’université. Architectures universitaires à Paris en en Île-de-France. 1945-2000 (Publications de la Sorbonne, 2016) ; avec Florence Bourillon, Stéphanie Méchine, Loïc Vadelorge, De l’Université de Paris aux universités d’Île-de-France (Presses universitaires de Rennes, 2016).
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