Préface

1La collection « Mobilités & Sociétés » bien lancée avec cet ouvrage de Maxime Huré intitulé Les mobilités partagées. Nouveau capitalisme urbain, a pour ambition d’accueillir des études s’intéressant aussi bien à des modes spécifiques de déplacement - l’avion, le train, l’automobile, la marche à pied, la bicyclette, etc. renvoyant à des analyses modales - ; qu’à des analyses transmodales. L’approche s’avère d’une grande richesse puisqu’elle peut potentiellement intégrer des monographies, des recherches comparées ou transnationales. Elle puise ses sources dans différentes disciplines telles que l’histoire, donnant une profondeur temporelle à l’analyse des mobilités, la sociologie et la science politique pour une étude approfondie des trajectoires et pratiques des acteurs en action, ou la géographie pour analyser les déplacements au prisme de territoires spécifiques.

2La collection proposée est en définitive un hybride. La mobilité, les mobilités, « adresse[nt] au monde comme il va », différents questionnements de première importance, sociaux, politiques, économiques, patrimoniaux et culturels. « Mobilités et Sociétés » se donne pour vocation d’aider à les expliciter.

3Dans les pages qui suivent, la démarche est exemplaire d’une méthode que l’association de chercheurs P2M, « Passé Présent Mobilité », a mis en marche depuis sa fondation dans la continuité d’un séminaire qui a débuté il y a plus de dix ans désormais.

4Émergence d’un champ académique en développement depuis plusieurs années, à l’échelle internationale comme dans le cadre français, son approche ne se limite pas aux transports au sens parfois trop étroit ou fonctionnaliste du terme. Elle croise par essence les disciplines, pour capter ce que sont les effets sociaux, territoriaux, économiques ou culturels des systèmes et des choix collectifs et individuels de mobilité. Champ technique, marqué par des logiques de temps long, la mobilité est aussi un lieu de débats, de représentations, d’idéologies, de fantasmes et d’engagements, qui donnent autant de clés de compréhension des relations entre les individus et les objets, les individus et leurs espaces et les individus entre eux. En ce sens, interroger les mobilités revient à tenter de comprendre les constructions sociales et politiques que nous connaissons et qui se trouvent aujourd’hui, assurément plus qu’hier en raison de contraintes liées aux transitions énergétiques et environnementales. La collection est donc ouverte aux travaux décentrant le regard sur ce thème, interrogeant les présupposés contemporains ou abordant les pans les moins connus de nos mobilités ordinaires. En ce sens, elle a vocation à s’adresser aussi bien à un public universitaire qu’à un public plus large, en s’intéressant à des sujets très souvent mis sous la lumière des projecteurs, mais trop rarement interrogés de façon distanciée et réellement critique. Gageons que le lecteur, par-delà les analyses pertinentes et argumentées de Maxime Huré, saura percevoir les dimensions de ce pari éditorial.