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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral 1. Des manuels de cartographie pour les militaires 2. Institutionnalisation des écoles et séparation des pratiques 3. Cartes et plans dans le corps des Ponts et Chaussées 4. Deux cas de représentation planimétrique de projets 5. Vers une normalisation cartographique : l’affaire de Lespinasse 6. Conclusion Notes de bas de page

    La carte avant les cartographes

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 8. Deux évolutions du rapport à la carte : ingénieurs militaires vs ingénieurs des Ponts et Chaussées

    p. 261-315

    Texte intégral 1. Des manuels de cartographie pour les militaires 1.1. Allain Manesson-Mallet et ses Travaux de Mars 1.2. Louis-Charles Dupain de Montesson 1.3. Paul de Clermont 2. Institutionnalisation des écoles et séparation des pratiques 3. Cartes et plans dans le corps des Ponts et Chaussées 4. Deux cas de représentation planimétrique de projets 5. Vers une normalisation cartographique : l’affaire de Lespinasse 5.1. Vers une séparation entre carte et représentation paysagère 5.2. La commission de topographie de 1802 6. Conclusion Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Longtemps, les ingénieurs n’ont pas eu un rôle clairement délimité, seule leur relation à la guerre est plus marquée, ce qui apparaît dans la relation entre les mots « ingénieurs » et « génie », pour le génie militaire1. Celle-ci est d’ailleurs soulignée par Antoine-Chrysostome Quatremère de Quincy dans la définition du mot « engin » contenue dans l’Encyclopédie Méthodique :

    Il paroît qu’on a appliqué à l’effet le nom de la cause, & le mot engin a été affecté, surtout en mécanique, aux inventions du génie de l’homme. L’art militaire s’en est d’abord emparé. Avant l’usage des canons, on appeloit du nom d’engins de guerre les machines dont on se servoit à la guerre. De là, les mots génie militaire, ingénieur2.

    2À suivre Hélène Vérin, ce qui distingue l’ingénieur, c’est son ingéniosité, sa capacité à faire face à des problèmes neufs, ainsi que le fait qu’il travaille sur le papier. On notera quant à ce dernier point que la carte ne semble en rien définir l’ingénieur3. La question du dessin connaît cependant une extension du côté des figurations graphiques du territoire. Là, rejoue une tension entre cartes et plans. On l’a vu au chapitre précédent, celle-ci est déjà apparue dans le cadre de la pratique des feudistes qui font des cartes et des plans des couches différentes d’un même ensemble. À regarder les planches de l’atlas Trudaine (doc. 8.14), à observer les plans de fortification, ou ceux de canalisation, toujours le mot « plan » apparaît. Les « cartes » dans les titres sont rares, et apparaissent surtout au xixe siècle. Bernard Lepetit en fait même l’un des critères de l’absence du concept de réseau chez les ingénieurs des Ponts et Chaussées au xviiie siècle. Pour lui, « les ingénieurs sont plus arpenteurs que cartographes4 ». La première carte des routes liée au corps des Ponts serait alors la Carte itinéraire de la France de 18145, et dire son utilisation alors que le projet de numérotation des voies n’aboutit pas réellement serait problématique. Quoi qu’il en soit, avant cette date, pas ou peu de cartes.

    3Mais, au-delà du mot, qui, comme nous le verrons, n’est pas si absent que cela, les choses sont plus complexes et la différence entre plans et cartes se résout d’abord dans l’examen du rapport à la représentation graphique qu’ont les ingénieurs. En ce qui les concerne, le nœud de la discussion se trouve dans l’intimité entre le plan et le projet. En 1680, encore, le Dictionnaire françois de Richelet n’évoquait pas le plan en tant que description d’un projet :

    PLAN, s.m. C’est la représentation du trait fondamental de quelque ouvrage d’architecture civile, ou militaire. Il y a un plan géométral, et un autre plan que les Imagiers apellent Plan à vuë d’oiseau. [Tracer un plan. Lever le plan d’une place de guerre. C’est par le moien des cordeaux et des instrumens de Géométrie voir qu’elles sont les fortifications d’une place.]
    Plan. Terme de Géométrie. Surface plane. Port-Roial, liv. 3. art. 4. Pardies, liv. art. 5. [Ligne perpendiculaire à un plan. Ligne oblique sur un plan.]
    Plan, plane, adj. Terme de Géométrie. [Angle plan. Surface plane. Nombre plan.]6

    4En 1690, le Dictionnaire universel de Furetière va plus loin en plaçant le plan en tant que projet du côté des usages figurés :

    PLAN, est aussi la delineation d’un bastiment fait ou à faire, ou d’un autre corps tel qu’il paroist sur le rez de chaussée. On a donné au Roy le plan d’une citadelle qu’il veut bastir ; d’un palais, d’un jardin, qu’il veut faire faire. On a fait lever le plan de cette ville qu’on veut assieger. Il faut tracer ce plan sur le terrain. Les Arpenteurs levent le plan d’une forest qu’on veut mettre en couppe […].
    PLAN, se dit aussi figurément du dessein, du projet d’un ouvrage. Voilà le plan de cette affaire que je vous propose. On peut travailler à un même ouvrage sur divers plans. Il faut faire le plan d’un Poëme Dramatique, la distribution de ses Scenes, avant que d’en faire les vers7.

    5C’est au même moment que le mot « projection » opère un déplacement dans le sens de représenter une figure sur un plan, sens qui se maintient jusqu’à nos jours dans les différentes projections cartographiques. Plus intéressant, le terme « dessin » donne à voir des difficultés proches au même moment. À l’origine sous la forme d’un seul verbe, celui de « dessigner », voire « desseigner » – qui reste usuel au xviiie siècle et qui renvoie en même temps à l’idée de représentation graphique et de projet –, ce mot va donner « dessin » et « dessein ». Encore en 1680 la séparation n’est pas actée pour tous, ainsi le Dictionnaire françois s’y refuse au nom de la prononciation : « Quelques modernes écrivent le mot de dessein étant terme de peinture sans e après les deux s ; mais on ne les doit pas imiter en cela. Leur distinction n’est pas fondée, et peut causer une prononciation vitieuse8. » Soixante ans plus tard en revanche, l’Encyclopédie offre une définition du mot « projet » qui en fait le complément de dessein : « Le projet est un plan, ou un arrangement de moyens, pour l’exécution d’un dessein : le dessein est ce qu’on veut exécuter. » De son côté, le dessin a obtenu une place mieux définie, même si sa séparation du projet n’est pas encore totale : « En Architecture, [il] est une représentation géométrale ou perspective sur le papier, de ce qu’on a projetté [sic]9. » Si l’on quitte les dictionnaires généraux de la période pour se rapprocher du savoir spécialisé des ingénieurs, il semble que l’évolution puisse se retrouver dans les changements du titre du traité sur les lavis de l’ingénieur du roi Nicolas Buchotte (1673-1757). Dans sa première édition de 1722, le traité s’intitule Les règles de dessein et du lavis pour les plans, en 1754, le titre est devenu Les règles de dessin10. À cette date, l’ouvrage, qui est plus du côté d’une esthétique technique que de la mesure11, s’éloigne, par son titre, de la technique du projet au profit de celle de la belle figuration. Quoi qu’il en soit, il semble qu’entre le dernier tiers du xviie siècle et la première moitié du xviiie siècle, chez les ingénieurs des Ponts et Chaussées autant que du Génie, la relation entre ces définitions se construise ainsi : le projet est un dessein ; le dessein est une représentation géométrale ou perspective sur le papier de ce que l’on veut exécuter. Le plan est donc un objet particulier de la graphique qui relève du projet. Inversement la carte se rattache, on l’a vu, au registre de la représentation vraie et exacte.

    6Chez les feudistes, on s’en souvient, la carte était la figuration graphique des droits éternels du seigneur féodal, qu’il convenait d’apposer sur un plan, figuration graphique du territoire. C’était donc la surface plane de la feuille qui s’imposait, affectant d’autant le nom donné à la figuration. Ici, le plan ne diffère essentiellement de la carte que par le décalage temporel que le projet induit, et c’est cette fois-ci la polysémie du mot « dessein » qui articule la relation.

    7Ceci étant posé, qu’advient-il de la relation apparente entre ingénieurs, cartes et plans ? La question est rendue complexe par le fait que le xviiie siècle est le moment d’institutionnalisation de différents corps professionnels. S’il commence dès le xviie siècle, les dates restent difficiles à préciser. À propos des ingénieurs du Génie, on peut produire une fourchette qui va de 1691, qui correspond à l’intégration des ingénieurs du roi au service des fortifications12, à 1748-1749, moment de la mise en place de l’École du génie de Mézières13. Entretemps, une partie de ces ingénieurs seront devenus, en 1696 des ingénieurs des camps et armées chargés de lever les plans et cartes militaires, puis en 1726 les ingénieurs-géographes des camps et armées du roi14. Quant aux ingénieurs des Ponts et Chaussées, ce premier corps d’ingénieurs civils est créé en 171615, mais l’École des ponts et chaussées ne date que de 174716. Une cinquantaine d’années d’institutionnalisation donc pour ces deux corps d’ingénieurs d’Ancien Régime, cela au moment même où la carte tend à s’affirmer chez les géographes et à se diffuser chez les feudistes. Deux trajectoires vont en découler, l’une du côté des militaires qui utilisent la carte, mais tentent de la dépasser, l’autre du côté des civils qui s’appuyent sur une carte dont le statut va se transformer.

    1. Des manuels de cartographie pour les militaires

    8Partons ici du moment où la carte semble intégrer le monde des ingénieurs militaires, seul corps constitué de l’époque, même si ceux-ci exécutent également des tâches en dehors de leurs activités guerrières. Quant aux armées, il semble que dès le début des années 1630, l’obligation pour les militaires d’être capable de dresser un plan soit instillée dans différents ouvrages. Dans la période précédente, la maîtrise de la carte ne semblait concerner que le prince ou le commandant en chef des armées17. Ainsi, en 1633, Nicolas Faret (1596-1646), dans son Honeste homme, ou l’Art de Plaire à la Court, qui sera publié dix fois entre 1630 et 1681, affirme à propos des capitaines : « Pourveu qu’il ait des Mathematiques, ce qui sert à un Capitaine, comme de fortifier regulierement, & de tirer des plans18. » Mais cet ouvrage ne concerne encore que les capitaines, entendons, comme dans la première pré-publication du Dictionnaire de l’Académie de 1687, ceux qui commandent des armées19. On reste dans le deuxième tiers du xviie siècle, soit du côté des princes, soit de celui de leur cercle le plus proche. Le mouvement d’élargissement semble s’opérer dans le dernier tiers du xviie siècle.

    9Comme l’a parfaitement montré Émilie d’Orgeix, le passage vers une pratique plus diffuse de la construction de cartes et plans apparaît à la lecture des deux éditions successives des Travaux de Mars de Manesson-Mallet, en 1671 et 1684-168520. L’intérêt de l’ouvrage réside d’abord dans on usage des gravures, très nombreuses, à raison d’une par double page du volume in-8o. Ces gravures font partie intégrante du livre, elles sont dans les cahiers, gravées sur le même papier, avec un numéro de page et du texte est inscrit à leur verso. Il s’agit en quelque sorte d’un lieu très précoce d’excellence technique quant à l’histoire du livre à figure. L’un des rares ouvrages à pouvoir revendiquer un tel niveau de qualité est un petit volume in-12 : Pratique de la Géométrie sur le papier et sur le terrain du graveur et ingénieur lorrain Sébastien Le Clerc (1637-1714)21 publié en 1669 et réédité en 1682. On doit d’ailleurs se demander dans ces deux cas si le texte n’est pas gravé plutôt qu’imprimé. La proximité excède la profusion des gravures (doc. 8.01) puisque leur insertion dans le corps de l’ouvrage, permet – comme l’écrit Le Clerc – de faire de la géométrie l’art qui « leur apprend [aux personnes de qualité] à faire des cartes de Païs, à lever le Plan des villes, des Forts & des Chasteaux, à mesurer toute sorte de dimensions accessibles & inaccessibles, à donner des desseins, & à se rendre enfin aussi recommandables par leur esprit & leur adresse que par leur force & leur courage22 ».

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    Doc. 8.01 Sébastien Le Clerc, Pratique de la Géométrie, 1691, p. 24-2523.

    10Pourtant, l’ouvrage de Le Clerc se limite à un discours sur la géométrie. Il offre donc accès à une démarche théorique et non à une pratique de terrain. Du fait de leur orientation nette vers les arts militaires, les travaux de Manesson-Mallet sont très différents. On y trouve des éléments introductifs à la fortification, mais aussi une méthode de construction de cartes et de plans. La différence dans les gravures fournies par les deux auteurs marque encore cette distance puisqu’aux scènes de genre ajoutées au bas des figures sur lesquelles Le Clerc pose sa démonstration, répondent, dans la plupart des cas, des images sur fond de cartes utopiques chez Manesson-Mallet (doc. 8.02).

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    Doc. 8.02 Allain Manesson-Mallet, Les travaux de Mars, 1685, p. 78-79.

    11Il y a dans l’ouvrage de Manesson-Mallet la construction d’une forme d’intimité avec la carte que l’on ne retrouve donc pas dans tous les traités pouvant être utilisés pour apprendre la cartographie. Un autre point doit être souligné au passage de la première à la deuxième édition. Dans celle de 1671, la méthode de production de cartes n’était encore que peu développée ; dans celle de 1685, le lever de plans et de cartes prend une réelle ampleur. D’abord dans la multiplication des chapitres ; on passe ainsi de deux à six chapitres, ensuite dans la variation des échelles puisqu’en 1671, il n’est question que de plans de places, alors qu’en 1685, les méthodes pour lever les cartes d’un pays sont ajoutées. Enfin, dans la mise en évidence d’un usage puisque l’édition de 1685 contient un chapitre entier sur les « Méthodes qu’il faut tenir pour copier les Plans, & les réduire proportionnellement de grand en petit & de petit en grand24 ». Étrange chapitre que celui-ci, qui court de la page 222e à 222m, montrant bien qu’il s’agit là d’une deuxième version qui, pour ne pas bouleverser la pagination des cahiers suivants, a ajouté des lettres au système de numérotation des pages. Ce nouvel espace dans le livre est l’un des lieux qui donnent à voir la rencontre entre terrain et théorie, comme lorsqu’il propose d’utiliser les « glaces de carosse qui sont d’un grand secours25 », pour recopier un plan. La carte de l’ingénieur militaire est aussi une question d’inventivité permettant de dépasser le manque de matériel…

    12On doit évoquer ici le beau chapitre sur la « Méthode de modeler les Plans », entendons les plans reliefs (doc. 8.03), à propos desquels l’auteur se dit le premier à en avoir présenté un au roi, en 166326. Cet intérêt pour la troisième dimension, au risque de s’éloigner de la cartographie, est une constante de ces ouvrages à destination du Génie, que cela passe par les plans reliefs, plus rares, ou les profils, plus courants. Chez Manesson-Mallet la figuration des fortifications est décomposée en trois niveaux : l’ichnographie, l’orthographie et la scénographie.

    Sous le nom d’ICNOGRAPHIE, ou de construction, […], je traite de tout ce qui appartient généralement à la représentation des Plans, tant de ceux que l’on crayonne & dessigne sur le papier en velin, que de ceux qu’on trace en campagne avec les cordeaux & picquets […]. Sous le nom d’ORTOGRAPHIE, ou de hauteur, l’on doit concevoir la représentation d’une partie de la Place, comme coupée en ligne droite ou profil, qui fait connoistre toutes les profondeurs, hauteurs, largeurs, & espaisseurs des terrasses, murailles, ramparts, parapets, & c qui servent à former l’enceinte d’une Ville. Enfin Sous celuy de SCENOGRAPHIE, ou de corps parfaits, l’on connoist tout ce qui est nécessaire, tant pour la construction & deffense des Places, que de tout ce qui peut estre mis en usage pour les attaquer & defendre, & ce sera le sujet de la troisième & derniere partie de cet Ouvrage (doc. 8.06)27.

    13Aux origines de cette différence entre les deux éditions, il semble qu’il y ait eu le séjour à l’étranger de Manesson-Mallet. Celui-ci, en faisant paraître la première édition de ses Travaux de Mars dès son retour, n’aurait pas eu le temps de percevoir combien, en cinq années d’action, Sébastien Le Prestre de Vauban avait fait évoluer les conceptions dans le petit monde des ingénieurs. La deuxième édition, avec ses ajouts, serait donc un rattrapage qui marquerait le moment d’inflexion, c’est-à-dire celui à partir duquel il devient difficile de continuer à tenir un discours passéiste28. Il faut ajouter à ce premier aspect, qu’il y a certainement alors un décalage, à une autre échelle, entre les pratiques des anciens et des modernes. Si le temps des livres n’est pas celui des pratiques, il permet cependant de consolider des bifurcations. A minima, ce livre marque le fait que le dernier tiers du xviie siècle est le moment de la diffusion de la carte chez les ingénieurs.

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    Doc. 8.03 Allain Manesson-Mallet, Les travaux de Mars, 1685, p. 175.

    14À la suite de ce mouvement, une série de manuels à destination des militaires va être publiée (doc. 8.04). Le plus souvent leur titre renvoie très directement au monde de l’ingénieur29. C’est ainsi le cas de l’Ingénieur François, de Jean-Baptiste Naudin (16..-1743), ou du Parfait Ingénieur d’Antoine Deidier (1670-1746)30, voire de la Géométrie pratique de l’Ingénieur de Paul de Clermont, ou encore des Travaux de Mars de Manesson-Mallet. D’autre fois, les relations sont plus distantes comme dans La méthode de lever les plans et les cartes d’Ozanam, même si le sous-titre précise : Et la manière de lever les Plans des villes ennemies. Parfois enfin, c’est moins directement l’ingénieur que le militaire qui est visé, comme dans l’Arithmétique et Géométrie de l’Officier de Guillaume Le Blond (1704-1781), ou les Connaissances géométriques à l’usage des officiers de Dupain de Montesson31. Quoi qu’il en soit, cet ensemble fournit un corpus de textes, le plus souvent édités plusieurs fois (au total une soixantaine de livres). Certains des manuels ont probablement échappé à la collecte, de même que certaines éditions, mais la vision d’ensemble n’en serait probablement que peu affectée. On observe un premier pic dans les années 1690, moment d’apparition de manuels qui feront date – ceux d’ Ozanam et de Clermont –, puis une reprise après 1730 pour vingt ans d’une belle densité de production, qui voit apparaître de nouveaux auteurs comme Deidier et Dupain de Montesson. Se produit une chute dans les années 1760, puis un début de reprise dans les années 1770, avant l’effondrement des années 1780, sans aucune relation claire avec la Révolution. Au-delà des ressemblances, dans un genre qui ne se renouvelle ni par les formes d’enseignement ni par les techniques enseignées, et à une époque où l’emprunt aux précédents sans citation n’est pas encore du plagiat, on peut trouver trois types d’ouvrage. Ceux d’une première période, comme celui de Manesson-Mallet, ceux de la deuxième période, comme celui de Dupain de Montesson, et ceux qui dépassent les périodes comme celui de Clermont.

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    Doc. 8.04 Manuels à destination des militaires qui intègrent le lever des plans.

    1.1. Allain Manesson-Mallet et ses Travaux de Mars

    15Allain Manesson-Mallet32, né en 1630 à Paris, suit d’abord des cours de mathématiques auprès de Charles Mallet – qui comme Nicolas Sanson vient d’Abbeville – dans le cadre du collège de Bourgogne puis va apprendre le métier d’ingénieur sur le terrain, d’abord en tant que mousquetaire du roi de France, puis au service d’Alphonse VI, le roi du Portugal. Selon ses dires, ce ne serait qu’après avoir présenté le premier plan-relief français d’une place (Pignerol) à Louis XIV, qu’il partirait, vers 1663, au Portugal. Il rentre en France vers 1668, après avoir pratiqué la fortification de quelques places au Portugal. C’est à son retour, alors qu’il vient d’être nommé « maître de Mathématiques des Pages de la petite écurie du Roi33 » qu’il publie Les travaux de Mars qui connaîtront trois éditions, dont deux à Paris (1671, 1684-1685) et une à La Haye (1691). Ce n’est qu’après la publication de ce premier livre qu’il se lancera dans sa Description de l’univers qui paraît en 1683.

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    Doc. 8.06 Allain Manesson-Mallet, Les travaux de Mars, 1685, p. 222b et 222c.

    16Puisque l’ouvrage et son contenu viennent d’être évoqués, intéressons-nous maintenant aux cartes que la méthode de l’auteur doit rendre possibles. La planchette y apparaît dès que l’on change d’échelle, accompagnée d’une explication à la lecture des traités d’arpentage, qu’on ne pourra que trouver succincte même si elle court sur deux pages (doc. 8.06). Lorsque l’ingénieur n’a pas d’instrument, Manesson-Mallet propose une méthode articulant distance entre les lieux usage d’une échelle et d’un compas (doc. 8.07) :

    Ayant donc marqué sur le Broüillon memorial tous les noms des Villages & la distance qu’il y a entr’eux, on fera à part sur le papier où l’on veut représenter la Carte, une Echelle à volonté. Puis tirant sur ce papier une ligne droite, comme celle qui est marquée EG on prendra sur l’Echelle la distance qu’il y a entre le Moulin de Fourvière & le village de Blaines, on la posera de H. en I, puis ouvrant le Compas, & le portant sur l’Echelle, on prendra la distance qu’il y a du village de Blaines à celui de Villedieu, on fera du point I, l’arc P, ensuite on prendra sur l’échelle la distance comprise du moulin de Fourvière au village de Villedieu, pour faire du point H un Arc, qui se coupera en P. ce qui marquera la position du village de VilleDieu. Ainsi reïtérant la même pratique, on aura le Plan, ou la Carte du lieu proposé, & l’on y ajoûtera les noms de chaque lieu34.

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    Doc. 8.07 Allain Manesson-Mallet, Les travaux de Mars, 1685, p. 222a.

    17Tout est mis en œuvre dans cette gravure (doc. 8.07) pour permettre la compréhension du processus de construction de la carte. La réduction de la complexité est produite par une apparence de figuration du paysage à vol d’oiseau, qui cependant ne tient pas compte de la perspective. Dès lors, le tracé du polygone sur ce paysage est similaire à celui dessiné sur le plan par l’ingénieur. Le seul effort réside alors dans le changement d’échelle. Deux pages ne sont cependant pas grand-chose pour apprendre à utiliser un instrument que cinquante ans plus tard Fréminville décrira en quinze pages35. Quant aux difficultés issues de « l’obliquité des chemins qui conduisent d’un lieu à l’autre », elles sont ici considérées comme sans importance, cela alors que, comme nous l’avons vu au chapitre 5, quelques années plus tard la question sera chargée d’enjeux.

    18Bien plus que les méthodes, il semble que l’aspect le plus remarquable réside ici dans l’intrication des relations entre la pratique de la fortification et celle de la cartographie. On aurait en effet pu imaginer de séparer le premier volume en deux parties, l’une pour la fortification, l’autre pour les cartes et plans. Ce qu’opère Manesson-Mallet est exactement l’inverse puisque l’organisation du livre passe par une succession de chapitres qui traitent tour à tour de la fortification puis des cartes et plans. Le chapitre VII sur la construction des citadelles est suivi d’un chapitre sur la représentation des plans sur le papier. Le chapitre X sur la « Construction des places sur le terrain » est suivi d’un chapitre sur « la manière de lever les plans pour les représenter sur le papier ».

    19L’intensité de cette relation apparaît d’autant plus nettement lorsque l’on compare l’iconographie de Manesson-Mallet qui permet de tracer sur le sol le plan d’une forteresse et la méthode de La Hire, dans son École des arpenteurs en 1689. Ce dernier utilise en effet le même principe de piquets alignés pour dresser le plan d’une parcelle (doc. 7.11). Cependant chez Manesson-Mallet, cette technique sert tout autant à lever un plan qu’à effectuer les tracés sur le sol du plan d’une future place forte. Carte ou plan et fortification ne font donc qu’un si l’on suit la structure des Travaux de Mars. Cette unité du savoir sur l’espace, Manesson-Mallet la développe consciemment. Déjà, lorsqu’il publie sa Géométrie pratique, en 1702, il la définit comme devant servir à apprendre « à travailler de la main dans toutes les professions, où l’on se sert de Mesure36 ». Mais surtout, le frontispice (doc. 8.08) de cette Géométrie pratique ainsi que l’avertissement qui ouvre le livre présentent les productions de l’auteur, c’est-à-dire non seulement Les travaux de Mars, mais encore sa Description de l’univers, sa Géométrie pratique et sa putative Géographie et Marine – décrite comme étant « sous-presse » et devant réunir l’ensemble des connaissances de l’ingénieur des camps du roi37. Étrangement, ce très beau livre – peut-être trop ? – n’est pas cité, ni ne semble copié en France au xviiie siècle, cela alors que la Pratique de la Géométrie de Le Clerc connaîtra une trentaine d’éditions.

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    Doc. 8.08 Allain Manesson-Mallet, Frontispice de Géométrie pratique, 1702.

    1.2. Louis-Charles Dupain de Montesson

    20Évoquons dans un deuxième temps le cas du capitaine d’infanterie et ingénieurs des camps des armées du roi, Louis-Charles Dupain de Montesson (171338-ca 1790), frère d’un autre ingénieur : Jean-Louis Dupain-Triel (1722- 18..), dont il sera rapidement question plus loin39. Là encore, l’auteur nous est connu puisqu’il a écrit, tout comme La Hire et Manesson-Mallet, à la fois pour les civils et pour les militaires. On se trouve cette fois-ci au cœur de la deuxième période, qui commence avec les années 1730 et s’achèvera avec les années 1780 (doc. 8.04). Le premier ouvrage à évoquer ici correspond à la deuxième partie de La Science des ombres par rapport au dessein, ouvrage nécessaire à ceux qui veulent dessiner l’Architecture Civile & Militaire, ou qui se destinent à la Peinture40 : il s’agit du Dessinateur au Cabinet et à l’armée, réédité en 1760 et 1786. Comparons d’abord le sous-titre de cet ouvrage avec celui d’un autre du même auteur, qui sera publié pour la première fois en 1763 et qui s’intitule : L’Art de lever les plans, de tout ce qui a rapport à la guerre & à l’architecture civile & champêtre41. Dans les deux cas, le lectorat visé par de tels titres outrepasse fortement, non seulement le petit monde des ingénieurs du Génie, mais encore celui des militaires.

    21Cette différence avec les productions de Manesson-Mallet ne serait pas remarquable si elle ne correspondait pas à un processus plus général de diffusion des connaissances sur la production de la carte. On doit en en effet noter que le Mercure de France est à cette époque le lieu de publicités pour des cours dans lesquels le lever de cartes est enseigné. Par exemple, en 1745, Jacques-François Blondel (1705-1774), qui vient de créer son « École des Arts » (1743), probablement à la recherche d’étudiants, propose des cours « tous les vendredis […] sur le terrain pour appliquer la Théorie à la pratique, & apprendre tout à Lever les Plans des Edifices, dans tous les genres, que des Cartes, Tères & c, suivant toutes les règles de l’Arpentage42 ». Dans le même esprit, en 1760, « M. Bonne, Maître de Mathématiques » ouvre son cours, dont le lever de cartes fait partie, aux « jeunes personnes de l’un & l’autre sexe43 ». En 1767, c’est Lanselles qui propose ses « Leçons de dessin et de lavis pour les paysages, plans géométraux et topographiques et cartes géographiques44 ». Les offres de formation à la pratique cartographique se diffusent donc, touchant, même dans une société où le genre organise fortement les rapports sociaux, l’exact opposé du militaire : la jeune femme. C’est d’ailleurs en octobre 1764 que pour la première fois une femme présente une carte au roi : Madame Lepaute montre ainsi à Louis XV sa carte de la grande éclipse du soleil qui sera plagiée par Rizzi Zannoni quelque temps plus tard. Les femmes investissent donc le champ de la cartographie à ce moment45.

    22Le deuxième aspect de l’ouvrage de Dupain de Montesson qui nous intéresse relève de la question de la lisibilité. Il n’apprend pas tant à lever une carte qu’à gérer les figurés, voire les couleurs. En cela, il est un successeur de Buchotte qui, en 1722, avait publié ses Règles du dessin et du lavis46, rééditées en 1754. Mais il va plus loin en tentant d’assurer une normalisation stricte des couleurs et figurés. Cela le conduit, en 1766, dans la deuxième partie de La Science de l’Arpenteur47, intitulée Le spectacle de la campagne, à offrir un tableau détaillé des figurés utilisables dans une carte (doc. 8.09). On identifie là une certaine proximité avec les intérêts de Lubin dans son Mercure Géographique.

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    Doc. 8.09 Louis-Charles Dupain de Montesson, Planche du Spectacle de la campagne, dans La Science de l’Arpenteur, 1766.

    23Mais c’est surtout avec L’Art de lever les plans, de tout ce qui a rapport à l’architecture civile et champêtre, en 1763, que Dupain de Montesson donne sa pleine mesure à la question du lever qu’il sépare en quatre parties en fonction des échelles et qui vont de celui de la carte d’un pays, à celui du plan d’un édifice. Sans nous intéresser aux méthodologies qui, comme cela a été dit, n’évoluent pas fortement pendant la période, nous nous limiterons ici à la courte partie relative à l’utilité de la carte. Son principal intérêt est la distinction opérée entre la carte de type Académie des sciences – qui s’appuie « sur les observations & les calculs des Astronomes, ensorte que chaque principal lieu du pays qu’elle représente, s’y trouve placé selon sa longitude & sa latitude48 » – et la carte dressée par l’ingénieur des camps des armées du roi. La première est « intéressante à certains égards, mais une semblable carte ne peut servir pour exécuter des projets & des manœuvres où il importe de connoître la nature du pays49 ». La carte des ingénieurs, qui passe par un autre type d’exactitude, doit, en s’appuyant sur la géométrie, multiplier les détails qui vont des communications entre les villages jusqu’à la position des guets, voire des arbres :

    Ce détail est du ressort de l’Ingénieur des camps ; c’est par le tableau qu’il fait d’un pays que l’on voit toutes ces différentes choses à leur place respective ; qu’on apperçoit les camps à y prendre, les routes à y suivre pour déposter une armée ennemie, pour la prévenir dans ses marches […]. C’est aussi sur son travail que l’on voit les lieux d’embuscade dont on pourra faire usage pour arrêter les partis, pour protéger ou intercepter les convois […].
    De quelle utilité n’est pas une carte ainsi détaillée, quand la nécessité ne s’en feroit pas sentir à chaque pas que fait une armée, on seulement un parti de 50 hommes, n’est-elle pas démontrée par-là50 ?

    24La carte, et plus précisément celle qui donne le détail pertinent d’un pays, sert donc à mettre en œuvre une stratégie militaire : elle doit d’abord représenter toutes les opportunités du terrain, ainsi que les risques qu’il représente. Précisons cependant une fois de plus que dans le chapitre qui suit celui relatif à l’utilité des cartes, la première phrase qui décrit ces dernières dépasse amplement les préoccupations militaires : « Lever la carte d’un État, d’une province, d’un terrier, le plan d’une ville, celui d’un château & de ses dépendances, & c. c’est en représenter la figure en petit51… » Le propos de Dupain de Montesson s’appuie donc sur la forme d’exactitude propre aux militaires tout en en étendant le spectre d’application jusqu’aux cartes des États. Faisant cela, il outrepasse le petit monde des ingénieurs pour viser un très large public.

    1.3. Paul de Clermont

    25Sur Paul de Clermont, et contrairement à Ozanam qui est bien connu, il n’a pas été possible jusqu’ici d’avoir des informations précises. Les seuls éléments de biographie sont issus du « Privilège du Roy » de sa Géométrie pratique de l’Ingénieur de 1693. À cette date, il est ingénieur ordinaire du roi et il enseigne « les Mathématiques à l’École52 des Cadets Gentils-hommes de Strasbourg53 ». C’est probablement pour ce public qu’il fait éditer à ses frais – puisque la page de titre indique « Imprimé aux dépens de l’Autheur » – son manuel. Sa préface laisse entendre qu’il considère que cette mission d’enseignement lui a été confiée par le roi. C’est peut-être lui qui, en 1672, servait sous les ordres de Michel Nicolas de La Londe, ingénieur général de France, pendant le siège de Philippsbourg qui dure quatre mois54. Selon l’annonce fournie en 1733 pour la troisième édition chez P. Witte, il semble que ce soit lui qui augmente et corrige alors son Arithmétique militaire55. Peu d’éléments donc pour caractériser précisément l’origine de ce traité publié quatre ans après L’école des arpenteurs56 de La Hire, et la même année que la Méthode de lever les plans et les cartes de Ozanam57. La faiblesse des sources ne signifie pas pour autant la médiocrité du texte puisqu’encore en 1753 le Dictionnaire Universel de Mathématique et de Physique de Savérien place sur une pied d’égalité les ouvrages de Manesson-Mallet, Clermont, Ozanam et Daudet58.

    26L’une des particularités de l’ouvrage est qu’il n’évolue pas d’une édition à l’autre. Le texte est le même de 1693 à 1775, il ne tient donc pas compte des innovations de la géométrie et se limite à une construction simple, fonctionnant par une succession de problèmes. Celui qui nous intéresse le plus est le numéro 57 auquel correspond une gravure de carte type, assez classique. Le procédé est celui d’une triangulation effectuée une fois la longueur de la base AB déterminée au préalable (doc. 8.10).

    27Mais, même si la planche est tout à fait explicite, la question des cartes n’est que bien peu développée dans l’ouvrage qui offre essentiellement le b.a. ba de la géométrie pour les militaires. Cette faiblesse relative au cœur d’un manuel permet d’observer la diffusion de la géométrie appliquée chez les militaires. Elle montre au-delà l’existence d’une initiation au levé de la carte chez ces derniers. Ce faisant, c’est à une amélioration du savoir des mathématiques pratiques dans une partie de la population à laquelle on assiste, plus qu’à une diffusion d’un savoir de la production cartographique. Notons cependant que pour la compréhension de la cartographie géométrique, l’un ne va pas sans l’autre. La maîtrise de la lecture de cette figuration cartographique passe par la diffusion d’autres savoirs (mathématiques pratiques, mesure, etc.). Au-delà, c’est dans la fabrication de ce rapport mathématisé au monde que l’espace, en tant qu’abstraction, peut se constituer à cette époque.

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    Doc. 8.10 Paul de Clermont : « Problème n° 57, méthode exacte & juste pour disposer sur une carte géographique les principaux lieux qui y doivent être marquez », dans L’Arithmétique militaire, 1733.

    28Ce à quoi l’on assiste ici peut donc se résumer en trois processus. D’abord une mise en relation forte entre cartes et ingénieurs du Génie. Elle apparaît clairement chez Manesson-Mallet, et peut-être moins clairement par la suite. Ensuite, un durcissement de la norme cartographique, entendons une normalisation des figurés et des couleurs. Elle est claire, à partir des années 1750, chez un auteur comme Dupain de Montesson. Enfin, et c’est là un processus plus large, une diffusion des savoirs mathématisés sur l’espace bien au-delà des ingénieurs et qui semble progressivement toucher l’ensemble des militaires qui, s’ils ne sont pas nécessairement capables de lever des plans, peuvent en percevoir les modalités et difficultés. Autrement dit, la rigueur cartographique augmente et concerne de plus en plus de monde, même si la maîtrise de la production ne se diffuse certainement pas aussi vite, ni aussi largement. Notons, pour finir, que ces manuels qui s’adressent au public des militaires peuvent être lus par les ingénieurs des Ponts et Chaussées, mais qu’en revanche il ne semble pas exister de manuel imprimé venant de ce corps.

    2. Institutionnalisation des écoles et séparation des pratiques

    29À la fin des années 1740 deux écoles d’ingénieurs parmi les plus reconnues en France voient le jour. La première est celle des Ponts et Chaussées. Elle est le résultat d’un arrêt du contrôleur général des finances Jean-Baptiste Machault d’Arnouville (1701-1794), le 14 février 1747. Le but à ce moment est de faire évoluer le « Bureau des dessinateurs » des Ponts et Chaussées, créé en 1744, pour ajouter à sa fonction de création de cartes du royaume de France une mission d’enseignement visant à former un personnel compétent pour le service des Ponts et Chaussées59. La seconde est celle du Génie, elle est issue d’une lettre circulaire du secrétaire d’État de la Guerre, Marc Pierre de Voyer de Paulmy d’Argenson (1696-1764) le 11 avril 1748. Il s’agit au départ de former des ingénieurs dans les différentes places fortes mais l’initiative est vite relayée par Nicolas de Chastillon60 (1699-1765), ingénieur en chef qui reçoit une grosse partie des « ingénieurs volontaires » à Mézières. La décision d’en faire l’École du génie tarde cependant : il faudra attendre début 1751 pour que la reconnaissance officielle fasse de Chastillon le « Commandant de l’École du génie établie à Mézières61 ».

    30Dans les deux cas, la carte est présente dans les corps avant leur institutionnalisation. Des recherches récentes ont montré l’importance de la cartographie chez les ingénieurs du roi depuis le début du xviie siècle : dès 1604, un Grand règlement de Sully prévoit que des cartes seront dressées pour chaque zone de l’espace militaire français. Des atlas des places vont être constitués62, diffusant la pratique de lever dans le corps, mais les méthodes varient encore à l’époque d’un ingénieur à l’autre, ce qui restreint l’accès rapide aux informations de plans mis en série. C’est pourquoi un auteur – dont on n’est pas certain63 qu’il soit Vauban – est amené à codifier les règles du dessin et du lavis64. Il en profite pour fixer les trois échelles pertinentes de cartes et plans et pour préciser que les marges doivent être suffisamment grandes pour « pouvoir écrire les remarques et observations nécessaires65 ». La carte est donc utilisée à la fin du xviie siècle. Mais le passage des ingénieurs du roi à ceux du Génie tarde à se mettre en place. Cela n’empêche pas la carte de servir à sélectionner les membres du corps. Ainsi, en 1720, François Chevallier (16..-1748), associé géomètre de l’Académie des sciences, devient examinateur pour l’entrée dans le corps des ingénieurs du roi. C’est à lui de tester les qualités des candidats pour ces fonctions. Sa lettre de mission, qui lui vient du Marquis d’Asfeld (1665- 1743), directeur général des fortifications, est précise quant aux compétences à tester :

    Son Altesse royale voulant, Monsieur, augmenter le nombre des ingénieurs, elle vous a choisi pour examiner ceux qui se présentent, et son intention est que vous ayez une grande attention à voir s’ils savent lever et dessiner le plus des ouvrages des fortifications et édifices, leurs coupes ou profils, leurs estimations et développements, et faire la carte d’un pays. Il faut aussi qu’ils sachent l’arithmétique, la géométrie, le nivelage et le toisé, et qu’ils aient quelque connaissance des mécaniques, qui comprennent les machines simples et composées, et le mouvement des eaux66.

    31C’est dans la série des ordres du roi d’avril 1744 que le corps du Génie se trouve reconnu en tant que tel. L’article III du règlement à destination des ingénieurs du Génie précise qu’« Aucun ingénieur ne pourra donner ni envoyer à qui que ce soit, sans exception de personne, cartes et plans du pays, campemens, tranchées, etc.67. » Autant dire que la préoccupation relative aux cartes et plans arrive dès le début du règlement, plaçant la carte sur un piédestal. De même, le règlement que Chastillon met en place, le 10 mai 1748, précise dès son préambule que le lever des cartes, plans et profils est de grande importance68, même si de nombreuses autres tâches de même niveau apparaissent : les apprentissages théoriques (arithmétique, géométrie, trigonométrie, mécanique, hydraulique), les techniques (toisés, projets, estimations des ouvrages en coût et en volume). À partir de mai 1748, un cours de trois heures par semaine est prévu pour le dessin d’architecture, le lavis et le dessin des cartes69.

    32Pour les ingénieurs des Ponts et Chaussées, avant l’institutionnalisation du corps, les indices sont tout aussi solides. Déjà Henri Gautier (1660-1737), dans son Traité de la construction des chemins70 de 1693, réédité huit fois jusqu’en 1778, affirmait la nécessité de l’usage de cartes lors de la construction de canaux et des routes71. Au xviiie siècle, le Mémoire du Directeur général des Ponts et Chaussées sur la conduite du travail par corvées dressé sur les ordres de Philibert Orry (1689-1747), contrôleur général des finances en 173772, évoque la place de la carte dans un long texte introductif. Celui-ci permet de percevoir un jeu double de la carte, ainsi qu’une distinction entre générale imprimée et particulière manuscrite. Cette dernière est décrite comme « le premier sujet à traiter, comme c’est celui par lequel il faut qu’un ingénieur commence ». Il est défini tant par son échelle que par la nature et les limites de sa figuration. Pour l’échelle le texte décrète que :

    Les plans des chemins, pour estre intelligibles, seront levez sur une eschelle de dix lignes pour cent toises. Les profils coupez sur ces plans doivent avoir quatre lignes pour toise […]. Les plans particuliers qui demanderont plus de développement, soit par rapport aux massifs des villes, bourgs et villages, dont il faudroit élargir les ruës, soit eu égard aux montagnes à adoucir, & à des rivières dont on auroit besoin de connoistre les sinuositez pour déterminer l’emplacement des ponts et des digues seront levez sur une eschelle octuple, & joints au plan général73.

    33Pour la figuration, le texte met en valeur les qualités et limites de la carte qui doit s’appuyer sur un mémoire :

    Dès qu’on a pris la résolution de réparer une route, l’ingénieur doit en lever le plan & faire des observations par un mémoire séparé, sur les qualités de terrain extraordinaires que le lavis de son dessein ne peut découvrir, comme fondrières, tourbes, glaises, roc, marais, & c. Ce plan doit estre cotté par chiffres relatifs au mémoire, & il faut y élever des lignes perpendiculaires cottées par lettres ou par chiffres, sur tous les points où il est nécessaire de couper des profils, pour faire connoistre les inégalitez du terrein74.

    34La réflexion pose, dès ce moment, la carte comme l’un des lieux de la pratique des ingénieurs des Ponts. Ainsi, dans le cas d’un travail de construction d’une route, est-il précisé que « tant que le nouvel alignement peut estre tracé sur la même feuille où est le plan de l’ancien chemin, il faut l’observer soigneusement, parce qu’on juge bien mieux par cette comparaison prochaine. » L’articulation entre la carte gravée et le plan des travaux à faire est assurée en deux temps, d’abord par le changement d’échelle nécessaire à la prise en compte d’intérêts plus larges, et ensuite par le transfert des informations relatives à la corvée sur le plan : « L’ingénieur ayant tiré de son plan général, & porté sur un plan particulier, l’estenduë de chemin qui peut estre entreprise en une campagne, il y fera les divisions correspondantes, tant à la position des paroisses & au nombre de leurs habitans, qu’à l’objet du travail dont elles doivent être chargées75. »

    35La carte sert donc non seulement à la comparaison des tracés, mais encore à l’organisation des travaux.

    36Un an plus tard, en juin 1737, Orry fait imprimer un Mémoire instructif sur la Réparation des chemins. Le texte ajoute une échelle cartographique aux précédentes. Son article XXI précise en effet :

    Chaque Ingénieur, dans le département dont l’inspection luy est confiée, dressera […] une carte sur les meilleures cartes gravées de la généralité, quant aux chemins qui ne sont pas encore alignez ; & suivant les plans particuliers qui ont dû estre levez, pour les chemins qui sont reparez, ou tracez à neuf […]. À proportion qu’il sera fait ou reparé des routes & grands chemins, le plan du nouvel alignement sera porté sur la carte, tel qu’il aura esté approuvé sur les plans particuliers qui en auront esté fournis ; à l’effet de quoy, le dessein de tous les nouveaux allignemens seront envoyez doubles, pour en estre la minute déposée au Bureau général des ponts & chaussées : deffenses aux Ingénieurs d’y rien changer dans l’exécution, sans y estre expressement authorisez […]. À mesure que de nouvelles routes ou grands chemins seront tracez, & dès à présent sur ceux qui le sont, l’ouverture des angles que ces chemins forment avec d’autres, soit à la naissance, soit dans leur progression & à leur estrémitez, sera exactement levée & calculée ; en sorte que successivement on puisse parvenir à cet égard, à la réformation des cartes gravées76.

    37Dans une approche constructiviste, la carte est en même temps une archive et le lieu d’enregistrement des nouveautés routières qui participent à la fabrication de la carte suivante. Cette élaboration en abîme d’une carte projet, intégrant les projets routiers de façon à en permettre la rénovation perpétuelle, n’est rendue pensable que par un contrôle sourcilleux de l’exécution du projet routier tel qu’il a été prévu.

    38N’allons pas plus loin sur ce premier aspect. Il est clair que dans le corps des Ponts et Chaussées, la carte est le lieu de la fabrication de l’action. Le choix du bureau des dessinateurs des Ponts et Chaussées pour lieu de formation des ingénieurs du corps permet tout autant de pointer la différence des options entre le Génie et les Ponts. Dans le premier cas, la carte est présente et doit faire partie des savoirs, dans le second, elle forme le cœur de l’apprentissage.

    39C’est à partir du moment où les deux écoles sont mises en place que les pratiques semblent se mettre à diverger le plus. Précisons cependant dès maintenant que les méthodologies des enseignements différent également d’une institution à l’autre. Au cœur de l’École du génie de Mézières se trouve un enseignement séparé en classes avec une organisation très nettement différenciée d’une année sur l’autre. Des professeurs ont des charges de cours comme Berthier et Le Clercq, après 1763, qui enseignent la coupe de pierres et la charpente ainsi que le lever des cartes77. Au sein de l’École des ponts et chaussées, l’organisation est beaucoup plus souple. S’il y a bien un bureau des dessinateurs où les élèves apprennent la figuration graphique, sous la direction du géographe Jean Prosper Mariaval, le reste des enseignements, le plus souvent à visée pratique, relève des stages de terrain pour les aspects techniques et des cours privés en dehors de l’école pour les aspects théoriques. Le tout fonctionnant en partie sur un principe d’enseignement mutuel dans lequel les élèves les plus avancés conseillent les plus jeunes78.

    40À cette première différence s’en ajoute une deuxième qui nous intéresse plus directement. En effet, dès 1751, une lettre de Charles René Fourcroy de Ramecourt (1715-1791) à l’examinateur du Génie Charles Étienne Louis Camus (1699-1768) amplifie les exigences quant aux savoirs mathématiques, l’objectif étant que « tous les ingénieurs parlent la même langue mathématique79 ». Mais la véritable évolution de l’École du génie arrive lorsque Camus, trop malade pour continuer à assumer son rôle, se voit remplacé et le cours de mathématiques assuré par Gaspard Monge (1746-1818) à partir de 1768. En 1770, ce dernier ajoute le cours de physique expérimentale à celui de mathématiques. Le changement le plus profond est surtout que, tandis que pendant les premières années les examens théoriques étaient séparés de ceux de la pratique, après la mort de Chastillon, en 1765, ils se trouvent réunis et l’on passe du dessin d’ingénieur à la géométrie descriptive, pour reprendre l’expression de Bruno Belhoste80. Et c’est là que les mathématiques prennent le plus d’importance. Il ne faut pas pour autant voir dans l’arrivée de Monge la fin de l’usage des cartes, loin de là. Mais ce moment sert d’indice à la réorientation des apprentissages. L’intérêt pour la topographie se maintient, mais il se trouve maintenant lié, non seulement à la carte, mais encore à la question de la figuration du relief. Ce dernier aspect occupera durablement les ingénieurs du Génie.

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    Doc. 8.11 Exercice de carte pour le concours de 1784 de l’École des ponts et chaussées, dite carte utopique au nœud bleu (ENPC D 419).

    41À l’École des ponts et chaussées, l’importance des épreuves graphiques va en revanche se maintenir, voire se consolider, et si des cours de mathématiques ont bien lieu, en général ceux qui y réussissent le mieux ne sont finalement pas ceux qui seront recrutés dans le corps81. Durant leur formation, les élèves passeront une bonne partie de leur temps dans le bureau des dessinateurs. Le règlement de 1748 prévoit en effet que la première année ceux qui ne savent « que les élémens de Géométrie, trigonométrie & l’arpentage avec le dessein […] seront en état de bien lever toute sorte de plans… ». Quant aux élèves plus avancés, lorsqu’ils ne seront pas sur le terrain pendant la belle saison, ils s’occuperont « principalement […] à dessiner & mettre au net les plans des chemins du royaume & ceux des ponts ». Restent les élèves en dernière année, qui « outre les cartes que l’on leur donnera aussi à dessiner, lorsqu’ils n’auront point d’autre ouvrage, seront employez par préférence à lire & examiner les devis & détails qui viennent de province82… ». Le dessin de cartes et plans occupe donc largement les élèves. En outre, l’une des épreuves reines pour ceux dont le titre reste « élèves dessinateurs83 » est en fait le concours de cartes qui est le lieu de quelques productions utopiques dont l’objet est de montrer l’ensemble du spectre des actions possibles des ingénieurs sur le territoire. Celui-ci offre une synthèse du savoir des élèves tout en confirmant une certaine familiarité des étudiants avec l’objet84 (doc. 8.11).

    42Il existe donc une forme de contradiction entre la multiplication des ouvrages qui enseignent le lever de cartes et plans à destination des militaires, et la portion congrue à laquelle la carte semble de plus en plus être limitée dans une formation qui tend vers les mathématiques théoriques et la géométrie descriptive. Cela d’autant plus que dans le même temps on ne trouve pas de livres à destination des ingénieurs des Ponts et Chaussées qui enseigneraient la cartographie, pourtant abondamment pratiquée à l’école. Cette tension se résout cependant dans le cas des ingénieurs militaires par la mise en place d’un corps spécifique, celui des ingénieurs géographes qui, créé en 1726, se développe surtout sous la direction de Jean-Baptiste Berthier (1721-1804) entre 1756 et 177285. Ceux-ci deviendraient alors les spécialistes de la carte alors que les ingénieurs du Génie se spécialiseraient dans la question du défilement. Défilement86 qui apparaît, par exemple, depuis la fin du xviie siècle, dans les plans reliefs, ces maquettes du terrain des places fortes (doc. 8.12).

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    Doc. 8.12 Plan-relief de Briançon (construit entre 1731 et 1736).

    43L’aspect de distinction que la carte permettait, tant que sa diffusion était restreinte (uniquement des hommes militaires officiers), peut expliquer en partie cette séparation. On l’a vu, ce moment est celui où la carte passe non seulement des militaires aux civils et des hommes aux femmes, mais également pour les cartes imprimées de l’histoire et la géographie vers d’autres savoirs (doc. 2.14). Au-delà, cet abandon est en partie de façade. En effet, c’est une autre cartographie, celle qui vise à figurer les différences d’altitude et leur mise en carte, qui est l’objet de réflexions au sein du Génie et ailleurs, comme chez Marcelin Du Carla87 (1738-1816) et Dupain-Triel, le frère de Dupain de Montesson. On notera cependant que si des cartes sont dessinées, elles sont dans leur immense majorité restées manuscrites, limitant d’autant la diffusion d’une pratique. Tirée à 100 exemplaires, la carte du Haut-Dauphiné de Jean Villaret (1703-1778) en 1758 (doc. 8.13), fut distribuée à 5 exemplaires, sous le sceau du secret, aux princes du sang88. Au-delà, l’invention des courbes de niveau, déjà effectuée par Buache une cinquantaine d’années avant Du Carla, peinera à se diffuser avant le xixe siècle89. Au même moment pour les ingénieurs des Ponts et Chaussées, c’est la construction de la carte en tant que lieu du projet qui se met en place.

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    Doc. 8.13 Jean Villaret, Carte géométrique du Haut-Dauphiné et de la frontière ultérieure, 1758.

    3. Cartes et plans dans le corps des Ponts et Chaussées

    44Commençons par évoquer la fragilité de la pratique des cartes liée à la question de sa réception. La compréhension du plan en tant qu’objet permettant le projet, en plus de l’inventaire, n’est pas évidente pour les interlocuteurs de la direction des Ponts et Chaussées. Ainsi le 29 août 1744, lorsque Daniel Charles Trudaine (1703-1769) demande à l’intendant Louis-Urbain-Aubert de Tourny en poste à Bordeaux90 la levée des plans routiers qui s’étendent à une demi-lieue à droite et à gauche de la route, précisant dans l’un des alinéas qu’il « est surtout essentiel de marquer le Contour des Montagnes et desdits valons autant que cela se pourra afin d’être en État de voir sur le Plan les Endroits par ou les chemins peuvent être plus faciles91 », il ne les obtient qu’avec difficulté – on notera au passage la forme de figuration particulièrement pauvre du relief. Après des remarques sur des plans insatisfaisants le 12 octobre, la réponse de l’intendant, le 20, montre que ce dernier ne perçoit en rien les enjeux que recouvre ce travail aux yeux de la direction des Ponts et Chaussées :

    L’objet des Cartes dont il s’agit n’est pas de donner le dessein d’un païs ou d’une grande portion, mais de faire montrer et de présenter aux yeux les chemins, leurs emplacemens, leurs allignemens, les hauteurs et les fonds par lesquels ils passent, les rivières qu’ils traversent, les Villes et paroisses et villages à la communication dont ils servent. Qu’est-il besoin de plus, pour tout cela, que d’environ un quart de lieu de côté et d’autre du chemin92… ?

    45L’intendant de Bordeaux, qui conçoit ces plans comme les minutes d’une carte locale93, ajoute par ailleurs qu’en temps de guerre il y a bien autre chose à faire que de lever une carte. Le rythme des courriers, à une époque où une lettre met, dans les meilleures conditions, quatre jours pour faire le trajet Paris-Bordeaux montre le sérieux avec lequel Trudaine prend la question. Le 4 novembre, il lui réplique : « Le tems de guerre ou il n’est pas possible de faire beaucoup d’ouvrages est le plus propre à lever des plans, former des projets, et en préparer les devis94… » Se dessine ici une forme de différenciation entre carte et plan, à cheval entre échelle et projet ; celle-ci ne recouvre pas les conceptions d’un intendant comme Tourny. En effet, il semble possible d’affirmer que les minutes peuvent servir à construire soit des cartes (Tourny), soit des plans (Trudaine), mais que, lorsque ces minutes sont utilisées dans le cadre d’une activité de projets elles aboutissent à des plans pour lesquels une grande échelle est nécessaire à l’intelligibilité. Une fois que ces projets ont été effectués, le plan peut devenir l’équivalent d’une minute qui sert à élaborer la carte95.

    46Une série de décisions va inscrire le plan en tant qu’objet servant au projet dans le corps des Ponts. Ainsi, en février 1747, l’arrêt du Conseil d’État nommant Louis-David Perronet à la fonction « d’Inspecteur des Géographes et dessinateurs » décrit sa mission comme étant de s’assurer de « la levée des Plans et Cartes de toutes les routes […] pour en former ensuite des Recüeils par chaque Généralité auxquels on puisse avoir recours lorsqu’il s’agira de projetter de nouveaux ouvrages pour parvenir de plus en plus à la perfection des grands chemins96… » Le modèle de la carte comme premier temps du projet est d’ailleurs repris, au-delà des Ponts et Chaussées de Perronet, dans des pays d’État. Le Règlement pour la levée des Cartes des Routes & Chemins du duché de Bourgogne du 15 janvier 1759 y renvoie. Ainsi, l’article IV prévoit que lors du levé « les minutes des […] cartes seront faites sur une échelle double [des cartes officielles qui ont pour échelle 10 lignes pour cent toises], afin qu’elles puissent servir à former des projets sur toute l’étenduë de chaque route97 ». Cela opère cependant un déplacement puisque ces cartes et leurs minutes ne sont pas collectées dans le cadre de projets particuliers. Elles ne sont qu’un lieu potentiel du projet et font de la généralisation de l’enquête cartographique une pratique normale des Ponts et Chaussées. Le fait que Orry soit en même temps à l’origine du projet de la carte de France par Cassini et de l’enquête sur les voies de communication ancre cette pratique du corps des Ponts et Chaussées dans un mouvement volontaire de cartographie du territoire français sous différents aspects98. La carte se trouve dès lors à la charnière entre une enquête statistique à visée exhaustive – dont l’intérêt va croissant à la fin du xviiie siècle99 – et un projet d’ingénieur se limitant à une zone réduite.

    47Le résultat de cette vaste enquête des Ponts et Chaussées, pour partie comparable à celle menée par les Cassini au même moment, est d’abord ce que Guy Arbellot a appelé « la grande mutation des routes de France100 », soit une augmentation des vitesses de transport à l’échelle du pays. Mais elle est aussi une collection de feuillets, parfois, mais pas toujours, reliés en atlas, et dont le plus intéressant est qu’il offre des figurations complexes articulant le texte descriptif de l’action à mener à la carte figurant l’intervention (doc. 8.14). Un état présent – dont la validité est rendue visible par la présence d’une échelle qui sert de base à la triangulation, ainsi que d’une rose des vents qui permet l’orientation – y est articulé à un futur indéterminé – dont la description détaillée doit permettre de savoir s’il est pertinent et faisable (doc. 8.15). Cet ensemble va se déployer, pour ce qui concerne les Ponts et Chaussées, sur 62 volumes contenant 3000 planches aquarellées réalisées entre 1745 et 1780.

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    Doc. 8.14 Route Laleu – Saint-Julien sur Sarthe (AN F14/8451).

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    Doc. 8.15 Planche de l’atlas Trudaine : de la figuration exacte au projet.

    4. Deux cas de représentation planimétrique de projets

    48Il convient pour finir d’évoquer la question du projet sur les cartes d’en présenter deux qui recouvrent ce qui vient d’être dit tout en l’excédant. Dans le premier cas, il s’agit de ce que des ingénieurs des Ponts et Chaussées ont appelé un « Concours lancé pour l’Amélioration du port et l’agrandissement de la Ville du Havre entre 1778 et 1787 ». La facture des cartes est très proche de celle des cartes d’itinéraires des atlas Trudaine. Il s’agit de dépeindre une infrastructure à l’intérieur d’un paysage élargi qui permet de juger de la pertinence du projet, voire d’effectuer des propositions.

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    Doc. 8.16 État des lieux en 1778101.

    49Dans le document reproduit ici, un plan de la ville du Havre en 1778 offre l’état des lieux sur lequel penser l’aménagement (doc. 8.16). C’est à partir de celui-ci que la proposition doit être effectuée. Le projet du Génie, puisque Le Havre est un port militaire fortifié, est ainsi placé sur le plan original (doc. 8.17).

    50Deux remarques doivent être faites ici. La première est que ce faisant les ingénieurs des Ponts définissent le cadre pertinent du projet. Il est peu probable que ce cadre ait été le même chez des ingénieurs du Génie. La carte aurait alors très probablement tenu compte des reliefs proches qui apparaissent clairement dans la planche de la carte de Cassini relative au Havre et levée en 1757 (doc. 8.18).

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    Doc. 8.17 Superposition de trames.

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    Doc. 8.18 Carte de Cassini, planche du Havre imprimée en 1758.

    51En fait d’autres plans du Havre, dans d’autres dépôts, avec d’autres cadres avaient été proposés (doc. 8.19), mais le dossier composé par l’ingénieur des Ponts resserre la focale pour ne pas montrer la difficulté stratégique liée au relief.

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    Doc. 8.19 Plan du Havre avec le projet des ouvrages, pour l’amélioration du port, et l’agrandissement de la ville proposé par Mr de Gaule et de Mr de Bressol, adopté en 1782. par Mms les Commissaires de l’Academie Royale des Siences (BNF)102.

    52La seconde remarque est que, malgré les apparences, cette procédure est exactement opposée à celle suivie dans les atlas Trudaine. En effet, dans ces derniers, l’état des lieux avant les travaux est la figuration dominante, alors qu’ici celle qui s’impose est l’état des lieux après.

    53Ce que les ingénieurs des Ponts appellent a posteriori un concours, lancé en 1778, va opposer plusieurs projets. Parmi eux, on compte celui du Génie, mais aussi celui de l’Académie des sciences, voire ceux d’architectes locaux. Pourtant, en 1787, les Ponts et Chaussées réussissent à imposer une deuxième version de leur projet d’extension urbaine du Havre contre le Génie, alors que le port du Havre reste une place militaire – même si elle est rattachée aux Finances depuis 1775.

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    Doc. 8.20 Multiplicité des futurs, homogénéisation des figurations103.

    54L’histoire de ces projets serait probablement racontée très différemment par un officier du Génie, mais dans ce cas, c’est un ingénieur des Ponts et Chaussées, René Ferdinand Chaubry, ingénieur au Havre de 1783 à 1785, qui donne le récit victorieux de la succession des projets. Celui-ci a lieu sous deux formes : celle d’un exposé manuscrit de 350 pages qui compare termes à termes les projets, et celle d’une collection de plans, peut-être montés dès cette époque en atlas, qui donne une figuration homogène des projets concurrents (doc. 8.20). Celui qui finalement en propose une homogénéisation est celui dont le projet s’est imposé104. La carte en tant qu’outil de comparaison atteint ici ses limites : confronter sur un seul support deux tracés est faisable, en comparer sept devient impossible et explique la multiplication des cartes.

    55Le deuxième exemple sur lequel nous passerons plus rapidement est celui relatif à un projet d’aménagement urbain, celui de la ville de Cholet, avec les redressements proposés par l’ingénieur en chef du département de Maine-et-Loire, le 19 fructidor an VI. Le plan est un vaste document de plus de deux mètres de longueur sur environ un mètre de hauteur. Il représente une partie de la ville, pour laquelle un projet d’aménagement a été dressé (doc. 8.21). La particularité du plan est l’existence d’un volet manipulable qui permet lorsqu’il est soulevé d’accéder à la carte, telle qu’elle sera une fois l’aménagement effectué. Dans ce cas bien évidemment, le principe du collage montre l’innovation à l’intérieur de la technique planimétrique du projet. Ce principe de superposition est efficace mais empêche de percevoir certains aspects de l’aménagement. Ainsi, l’alignement des façades – en bas du volet collé – a tendance à disparaître devant l’ingéniosité de la présentation. Cela d’autant plus que le jaune choisi ici pour figurer ce qui devrait disparaître limite en fait la perception. Au-delà, le changement des écritures sur et sous le volet n’apparaît pas directement à l’examen. Alors que la présentation de l’état des lieux ante renvoie à la « Partie du château incendiée et démolie », il n’est question que de « Château brulé » dans la partie projet. De même une place de la prison, à gauche, est apparue là où au début aucun nom n’était lisible, sans que le cas de la prison n’ait été évoqué ailleurs.

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    Doc. 8.21 Proposition d’aménagement pour la ville de Cholet, An VI105.

    56Les limites d’usage, que ce soit sous la forme d’atlas pour Le Havre, ou dans les différences de contenu entre les deux feuillets, permettent de pointer le changement de nature de la carte. Celle-ci, de lieu de conception du projet, se transforme pour intégrer le discours a posteriori. L’usage de la carte ne s’en trouve pas nécessairement repoussé après le choix, comme dans le cas des travaux du Havre, mais peut se situer après la construction intellectuelle du projet, de façon à le présenter au donneur d’ordre. On imagine en effet difficilement cette manipulation lors du processus de conception. La carte, parce qu’elle nous montre ce qui est « à distance », tant spatiale que temporelle, sert ici à figurer ce que le projet pourra être aux yeux des décideurs – en réduisant dans les faits la marge de décision à la partie congrue. Partant, la carte outil de prospective est aussi outil de communication, et c’est la relation entre ces deux pôles qui semble évoluer, donnant au second un rôle croissant.

    5. Vers une normalisation cartographique : l’affaire de Lespinasse

    57Ouvrons maintenant un ultime dossier, qui se trouve aux limites de la période qui nous intéresse et qui permettra d’évoquer une dernière fois la question de la lisibilité et de la relation entre la carte et le terrain. Plus que d’ajouter une pratique supplémentaire, elle nous amènera d’abord, à faire du monde des militaires l’un des lieux de réflexion sur la carte au tournant des xviiie et xixe siècles. Au-delà, elle nous conduira suivre une dernière tension qui court tout au long du xviiie siècle, entre peinture de paysage et carte.

    58En 1801, Louis-Nicolas de Lespinasse106 publie chez Magimel un Traité du lavis des plans appliqué principalement aux reconnaissances militaires. L’ouvrage, qui compte 159 pages de texte et 9 planches, a pour objectif de diffuser les principes de l’art de façon « à rendre avec toute l’exactitude possible, sur des grandes échelles, un terrain quelconque107 ». Son dossier militaire et une série de sources de différentes provenances permettent de se faire une idée de l’auteur, dont le destin est peu séparable de celui de son frère, le général de division Augustin de Lespinasse. Né en 1734 à Pouilly-sur-Loire, Louis-Nicolas épouse très tôt la carrière militaire. Lieutenant au bataillon des milices de Bourges, puis au bataillon de Bagnaux, il intègre l’École militaire en 1764. Il se fait remarquer dès cette date puisque ses dessins des manœuvres d’artillerie du camp de Compiègne de 1765 sont présentés au roi, ce qui lui vaut 300 livres de gratification108. Son frère, qui a participé à la fin de la guerre de Sept Ans est nommé capitaine dès 1767. L’année suivante, le duc de Choiseul, ministre de la Guerre, commande à Augustin109 un traité sur la théorie et la pratique de la trigonométrie et sur le nivellement, qui est aussitôt imprimé110. En 1769, Louis-Nicolas intègre l’École militaire pour l’instruction de la tactique et de la topographie militaire. Il devient en 1771 lieutenant aux Grenadiers royaux de Bourges111. Licencié de l’armée vers 1773, il s’adonne à la peinture et présente « de charmantes petites peintures112 » au salon de 1775. Retournant à la vie militaire, il devient le 7 mai 1776 professeur à l’École royale militaire ; il n’y reste qu’un an, devenant en 1777 capitaine. Une nouvelle fois licencié en 1779, avec une pension de 500 livres113, en attente de poste, il reprend alors son activité de peintre. En 1783, ol voyage en Russie, dont il ramène des vues et des perspectives. En 1785, il peint une série de vues des villes de France, puis en 1787 des vues en perspectives de Paris, en utilisant le camera obscura114. Cette même année, il est admis à l’académie des Beaux-Arts, en même temps que l’illustre paysagiste Pierre-Henri de Valenciennes. Son frère Augustin est chargé à cette date d’établir à la Charente-sur-Loire un dépôt central d’artillerie. Leurs destins qui tendent à se séparer vont se rapprocher du fait de la Révolution que tous deux semblent accepter avec enthousiasme. Ainsi, Augustin raconte en l’an VII qu’à « l’époque de la Révolution, voulant montrer son zèle et laisser le moins possible d’interruption dans ses services, [Louis-Nicolas] s’est empressé d’entrer dans la garde nationale de Paris, où il se trouvait alors et il fut un des premiers à remettre à la Convention Nationale, la croix ditte de St Loüis qu’il avait eû dans l’ancien régime pour l’ancienneté de ses services115. » Jacques-Louis David, dans l’un de ses discours devant l’Assemblée le 13 janvier 1793, le décrit comme « un artiste distingué » qui fait don de sa décoration militaire pour les veuves et orphelins de Lille116. C’est en tant qu’artiste qu’il expose des paysages lors de l’exposition ouverte le 10 août 1793117. Mais dans le même temps, « le bataillon de la Garde Nationale auquel il était attaché, ayant été licencié, le gouvernement qui connaissait ses talens pour la topographie militaire l’employa comme ingénieur civil auprès du général Bélair, aux travaux pour la déffense de Paris ; et le chargea ensuite de faire des reconnaissances entre Paris et l’armée du Nord118 ». Les rares traces que l’on trouve sur Louis-Nicolas entre 1793 et 1798 montrent qu’un temps logé au Louvre, il s’en trouve expulsé lors de la création du Musée central et qu’il met un peu de temps à obtenir un « logement d’artiste » (mars 1799)119. La période doit être difficile car sa pension ne lui est plus versée depuis 1792. En fait, dès 1798, il semble qu’il essaye de réintégrer l’armée. Les archives de Vincennes ont traces, dès le 7 frimaire an VI (27 novembre 1797), d’une demande de « certificat de service120 ». Son frère, devenu entre-temps général de division pour l’artillerie de l’armée d’Angleterre, demande dès le 2 thermidor an VI (20 juillet 1798) qu’il lui soit attaché en tant qu’aide de camp, « car il a les plus grands talens pour la topographie et les reconnaissances militaires [et] qu’un ayde de camp géographe et dessinateur de sa force […] lui serait infiniment utile121 ». À partir de cette date, Augustin semble porter son frère à bout de bras, maniant tous les arguments, de la flagornerie à l’intimidation, jusqu’à lui faire obtenir, lorsqu’il devient sénateur de sénat conservateur, le grade de chef de bataillon et une affectation au dépôt de la Guerre122. Sans archive, il est difficile d’aller plus loin. Cependant le fait qu’Augustin publie en l’an VIII un Essai sur l’organisation de l’artillerie chez Magimel, et que Louis-Nicolas en publie deux chez le même éditeur l’année suivante laisse imaginer une pression du général sur l’éditeur123. Magimel « Libraire pour l’Art Militaire » est l’éditeur des traités militaires de l’époque, et c’est en tant que chef de bataillon que Louis-Nicolas de Lespinasse y publie. L’autre titre dont s’enorgueillit ce dernier est celui de « membre de la ci-devant Académie de Peinture et Sculpture124 » et c’est en partie de ce côté que se situe la deuxième publication de cet auteur bifron, sous le titre de Traité de Perspective linéaire à l’usage des artistes.

    59D’autres artistes ont été également à cette époque intégrés au dépôt de la Guerre. Le cas très étudié de Giuseppe Bagetti (1764-1831)125, artiste piémontais, et de ses relations avec le chef de bataillon Jean-François Martinel a permis des descriptions plus ou moins précises de la fabrique de la peinture de bataille sous l’Empire. C’est sur les échanges manuscrits, souvent tendus, entre Martinel et Bagetti, qui refuse bien souvent de suivre les instructions de son supérieur, que reposent ces études. Toute la tension de ces différents récits se construit sur la concurrence observée entre différents modèles de description : la carte topographique, le récit littéraire et la peinture de bataille. Le jeu consiste alors à forcer les différentes formes de représentation de façon à leur permettre de s’interpénétrer pour dire au mieux l’événement. La carte est surchargée par des points de vue – marqués par des points et des flèches – qui sont ceux d’où les tableaux sont censés être peints, cela en faisant l’hypothèse rarement vérifiable que le général s’y trouvait au moment donné. On est là dans une logique de reconstitution du regard. Les tableaux agrègent en un même moment des épisodes s’étant en réalité succédé. Le texte se trouve sectionné – on a vu comment – par l’intégration de ces plans et gravures qui orientent la lecture. Mais ce jeu n’est pas égal : en effet la carte topographique, dans sa précision et son exactitude, s’impose aux autres formes de description picturales. La commission de topographie de 1802 interdit en effet toute représentation cartographique non zénithale126, ce qui unifie ces productions tout en consolidant leur place. Vingt-cinq ans plus tard, dans son Histoire de la Révolution française (1822-1827), Thiers n’offrira pas de représentation picturale des batailles, mais fournira en 1846 un atlas de cartes topographiques, sans le moindre texte, « pour servir à l’intelligence des campagnes de la Révolution127… ». À ce moment, il semble que la carte ait acquis le niveau de pertinence que nous lui connaissons encore aujourd’hui. Elle peut, dans certains cas, se suffire à elle-même.

    5.1. Vers une séparation entre carte et représentation paysagère

    60Dans le cadre de la diffusion de la cartographie zénithale par triangulation, depuis la fin du xviie siècle, le cas de Louis-Nicolas de Lespinasse nous offre un aperçu de l’une des dernières réactions au processus de distinction/ absorption en cours. La distinction s’opère par une hiérarchisation des représentations qui posera la carte et le levé topographiques comme préalables à la peinture de bataille. L’absorption de son côté consiste en une réduction des variations dans la morphologie des cartes par l’uniformisation liée à leur normalisation. Selon Lespinasse, « on distingue deux manières de représenter les objets, ou géométralement, ou perspectivement. Avec la première, on a la proportion réelle des choses ; avec la seconde, on a leur apparence ». La méthode géométrale – entendons ici celle de la carte façon Cassini – » exprime les objets en plan très-arbitraire, et d’un idéal entièrement dénué des principes d’imitation128 ». Or, « contradictoirement à ses préceptes, elle tolère et admet des arbres, des rochers, et autres objets en élévation […]. On se demande pourquoi ces contradictions entre la convention et l’exécution, pourquoi l’une suppose le géométral, tandis que l’autre y déroge, en créant même l’impossible129 ? » Partant de l’une des faiblesses de la carte zénithale qui n’a pas encore entièrement effectué sa mue au profit de la seule représentation zénithale, Lespinasse oriente sa réflexion vers la production de « paysage en plan » et propose de produire des plans qui « sans altérer le géométral, […] parviennent à exprimer le paysage-plan de la manière la plus conforme à la nature et au principe d’imitation130 ».

    61La difficulté n’avait pas échappé à Buchotte dans ses Règles de dessein et du lavis de 1722. Déjà celui-ci distinguait paysages en plans et en perspectives :

    À l’égard de l’accompagnement du plan en entier, je veux dire du païsage qui l’environne, il y a peu de personnes qui en fassent les terres labourées, les montagnes & les collines de bon goût, ces choses n’étant pas si aisées qu’elles le paroissent ; car il y a bien de la différence du païsage en Plan, à celui qui est en Perspective. Dans celui-ci, pour peu que l’on profile les objets que l’on voit d’après nature, ils font toujours leur effet. Il n’est est pas de même du paisage en Plan ; si les montagnes & les collines, qui doivent être représentées à vûe d’oiseau, c’est-à-dire d’une manière écrasée, à cause que l’on a souvent besoin de connoître l’étendue de leur base, ne sont pas traitées de bon goût, elles ne sont font point leur effet, ou n’en font qu’un désagréable à la vûe131.

    62Aussi Buchotte proposait-il de représenter en élévation les objets fixes, visibles, servant de points de repère comme les églises, les châteaux, voire les « arbres de remarque132 ».

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    Doc. 8.22 Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité du lavis des plans, 1801, planche VII.

    63Les paysages en plan que Lespinasse compose (doc. 8.22) sont probablement plus ambitieux que la proposition de Buchotte. Il semble que ce qui fonde l’idée de l’auteur se situe du côté d’une tentative de médiation au sein de l’optique, en plein débat à l’époque. Il s’agit finalement de lier « perspective à vue d’oiseau », donc en « supposant l’œil fort élevé au-dessus du plan où cet objet est représenté »133 et rigueur de la « perspective aérienne » qui « dépend surtout de la teinte des objets que l’on fait plus ou moins forte, ou plus ou moins claire, selon qu’on veut représenter l’objet plus ou moins proche »134. Ainsi, « l’œil plane sur toute l’étendue du terrain », et le paysage-plan peut « faire sentir » les parties qui ne peuvent être vues naturellement135.

    64Il est vrai qu’entre-temps une série d’évolutions ou de processus ont eu lieu. Parmi eux se trouve l’amorce d’une séparation entre peinture et science. Comme l’a montré René Démoris, une réorganisation des relations entre la perspective et l’art du peintre s’opère au xviiie siècle. Dès les années 1660-1670, on trouve de nombreux cas de rejet, ou plus simplement de rabaissement, des techniques mathématiques. Ainsi Grégoire Huret, auteur d’une Optique de portraiture et de peinture en 1670, écrit : « Les seules mathématiques ne suffisent pas pour faire une bonne perspective : elles ne donnent que le moyen de trouver certains points, de tracer les lignes nécessaires ; mais ce n’est pas assez ; c’est le clair-obscur qui fait le principal, ce sont les couleurs qui font juger de l’éloignement des choses, de leur disposition, de leur situation136. » Ce courant de dévalorisation des mathématiques dans l’art traverse le xviiie siècle puisqu’encore en 1792, dans le Dictionnaire des arts de Charles-Henri Watelet, il est précisé que « les arts dont il est question dans ce Dictionnaire, ne seroient pas ce qu’on appelle libéraux, si toutes leurs parties constitutives étoient soumises à des démonstrations rigoureuses. C’est par les parties qui ne peuvent se démontrer, mais qui se conçoivent & se sentent, qu’elles appartiennent au génie & au sentiment137. » Alors que des traités d’optique et de sciographie fleurissent tout au long du xviiie siècle, Michael Baxandall a noté que l’univers de l’art se limite le plus souvent à des à-peu-près138. Cette évolution, qui ne résume pas à elle seule des mouvements contradictoires, participe cependant de la scission entre sciences et arts. Les propositions de Lespinasse, tout autant que son usage de la camera obscura, pourtant décriée, sont à voir comme refusant cette séparation. La fin de « l’avertissement » de son Traité de perspective linéaire affirme ainsi « prétendre que c’est refroidir et rétrécir le génie, que de consacrer un tems précieux pour ses productions, à des opérations sèches et ennuyeuses, c’est prétendre accréditer une fausseté, et inviter à la paresse ; les principes de la Perspective linéaire et aérienne ne peuvent, au contraire, que développer et étendre le génie des artistes139… » Par ailleurs, la façon dont il articule un discours sur le clair-obscur décrit par des arguments qui le rattachent aux savoirs sur la lumière140 montre qu’il l’ancre loin des choix esthétiques, contrairement à nombre d’artistes qui lui sont contemporains141. En outre, cette question de l’usage des ombres et de la lumière avait été posée au sein du corps du Génie. Chastillon, le directeur de l’École du génie de Mézières, proche en cela des traditions du dessin chez les architectes, avait lui-même produit un Traité des ombres dans le dessin géométral entre 1760 et 1763. Mais le choix effectué par ce dernier se situait clairement du côté de la géométrie descriptive et non de la peinture142.

    65La deuxième évolution, en cours, concerne une induration de la formalisation cartographique. Depuis les travaux du colonel Henri Berthaut sur La carte de France (1750-1898)143, on sait que l’un des nœuds de ce durcissement se place juste après le texte publié par Lespinasse en 1801. Le contexte est celui de la gestion, de la francisation, de l’actualisation d’un stock croissant de cartes issues des guerres napoléoniennes. L’ampleur de la tâche pousse à la production de normes contraignantes et simplificatrices. En effet, après une première instruction du général Hugues Alexandre Joseph Meunier du 2 janvier 1799 (13 nivôse an VII)144, une commission topographique et militaire est réunie à la demande du ministre de la Guerre, Louis-Alexandre Berthier (1753- 1815)145, du 15 septembre au 15 novembre 1802 (28 fructidor an X au 24 brumaire an XI)146. Les résultats en seront publiés dans le numéro 5 du Mémorial topographique et militaire147. Dans l’instruction de Meunier, l’imprécision sur la nature de la projection subsiste : « Dans toutes les cartes mais surtout dans celles militaires, il est bien important que les ondulations un peu sensibles y soient exprimées, puisque cela détermine l’officier général sur la disposition d’un coup sur une toute autre opération148. » En revanche, les délibérations de la commission topographique militaire sont beaucoup plus strictes :

    [La commission est d’avis] que jamais, à l’avenir, on ne mêle, sur le même plan des projections de différentes natures et qu’on cesse de former le trait des montagnes par leurs contours apparents, projetés ou mis en perspective sur des plans inclinés, rabattus ensuite et se confondant avec le plan horizontal149.

    66Le troisième élément concerne une innovation récente : les aérostats et leur possible usage pour la cartographie. La question est d’importance car, pour la première fois, il est possible d’imaginer un passage de la figuration à la représentation quant à la carte. En effet, de manière inédite en Europe, les vues d’oiseau ne sont plus nécessairement des productions imaginaires, mais peuvent avoir été observées depuis le ciel. La question a été récemment posée150 de savoir si, dans le cas de l’un des ouvrages relatifs à l’expérience du vol comme celui de Thomas Baldwin en 1786151, la présentation picturale qu’il avait pu en faire relevait d’une observation depuis le ciel. Trois des quatre gravures – l’une est une vue depuis la terre du ballon dont nous ne traiterons pas – contenues dans l’ouvrage de Baldwin posent problème. Le dysfonctionnement provient principalement du fait que ces images censées être des vues (view), des vedute ou des perspectives – Baldwin intitulant l’une d’elles « Prospect from above the clouds » – sont finalement présentées sous la forme de cartes en partie encombrées de nuages (doc. 8.23).

    67Cette dernière n’est pas sans rappeler les cartes des routes publiées dans le London Magazine ou le Gentleman’s Magazine dans les années 1780. La façon de représenter les villes par des séries de bâtiments formant les carrefours semble emprunter leur code à ces publications. Le prospect from above the clouds reste cependant plus complexe, puisqu’il ne reprend pas le principe des cartes en bandes mais offre un format rectangulaire plus courant. Surtout, cette figuration ne peut en rien être la retranscription exacte de ce que l’aérostier a vu. Le dessin de zones au-dessus desquelles le ballon n’est pas passé, le fait de ne pas tenir compte du changement d’altitude du ballon dans l’échelle de la figuration – processus qui est noté d’ailleurs –, le mode de représentation des nuages, finalement sans épaisseur : tout montre une reconstruction sur la carte.

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    Doc. 8.23 Thomas Baldwin, Prospect from above the clouds, 1786.

    68L’intérêt n’est pas tant d’insister sur cette reconstruction, mais bien plus de noter que l’objet sur lequel la construction est effectuée est une carte zénithale. L’objet s’impose à la description de l’expérience alors qu’il n’y a pas participé. Au-delà des compositions a posteriori, des tentatives réelles de contractions de cartes à l’aide d’aérostats vont avoir lieu. C’est le cas dès 1784 avec Pierre Roux-Fazillac (1746-1833) lorsqu’il s’intéresse aux cartes à produire lors des reconnaissances militaires152. Ce sera plus largement le cas des « épreuves aérostatiques » faites au sein de l’École polytechnique en l’an IV. L’adjudant-commandant Antoine-François Lomet (1759-1826), auteur du plan de la ville d’Agen en 1789 puis professeur de mécanique et topographie à Polytechnique, en fait le rapport en messidor an X (juin 1802). Malgré la fabrication d’un instrument par adaptation d’un sextant qu’il décrira très précisément dans son rapport, le constat est celui d’un échec – du moins si l’objectif est l’exactitude. En effet, malgré l’invention d’un instrument spécifique « les procédés que l’on vient de décrire, sont plus satisfaisans pour la théorie, qu’ils ne seraient d’un usage sûr dans les applications qui demandent une rigoureuse exactitude ; et que s’il est des circonstances où rien ne pourrait suppléer à leur emploi dans la construction de certaines cartes figurées, il convient au moins de ne jamais les substituer aux moyens d’observations fixes et plus assurés dont on pourra disposer153 ». En revanche, et l’on notera ici la contradiction avec le mode de représentation employé par Baldwin, Lomet développe l’idée que

    les aérostats fournissent le moyen de donner le plus haut degré d’intérêt à l’expression du figuré du terrain dans les cartes de toute espèce […]. Mais pour profiter des avantages qu’il procure, il est nécessaire que ceux qui se destinent à ce genre de travail, joignent à de profondes connaissances en géométrie, une grande facilité dans l’art de dessiner le paysage…

    69Lomet conclut : « Aucune espèce de plan ne peut avoir de perfection idéale ou relative pour les usages des civils ou militaires, qu’autant qu’on y trouve réunie à l’exactitude rigoureuse des projections, une fidélité d’expression capable d’inspirer à celui qui les regarde, toutes les dispositions qu’il aurait pu concevoir à l’aspect du terrain154. »

    70Dans la relation qui semble donc pouvoir se nouer entre la cartographie et l’observation aérienne, la carte zénithale est première et ne peut être qu’enrichie par l’expérience du vol, ce que le rendu de la carte de Baldwin peut laisser entrevoir. On notera cependant que Lomet, dans ce texte publié en juin 1802, soit trois mois avant les réunions de la commission de topographie, évoque plusieurs projections pour une même carte…

    5.2. La commission de topographie de 1802

    71Après avoir ainsi fait varier les contextes, qui chacun ont éclairé le cas Lespinasse d’une façon complémentaire, il convient maintenant de revenir sur l’inadéquation entre sa proposition et la décision de la commission de topographie. Si le choix en faveur de la seule représentation zénithale sur les cartes est le marqueur de la consolidation d’une norme de figuration en cours depuis longtemps, on s’attachera plus ici à la confrontation entre sa justification qui, 19 pages durant, argumente de façon univoque, alors que les trois discutants – Louis Albert Bacler d’Albe (1761-1824 – ingénieur-géographe chefs de section au dépôt de la Guerre, Marie Nicolas Chrestien de Lacroix (1754-1836), chef du bureau topographique du ministère des Relations extérieures, et François Epailly (1769-1856), ingénieur-géographe chargé de la rédaction de la carte de Souabe) sont d’accord. La raison de ce long développement semble en partie se trouver en fin d’argumentaire : « La commission ferme ici cette discussion qu’elle a cru devoir prolonger, afin que des artistes dignes d’estime ne persistent point […] dans une méthode défectueuse, et ne restent pas en arrière des progrès que la science a faits155. » S’agit-il de Lespinasse ? C’est probable : ce dernier, peintre au dépôt de la Guerre, décide, contrairement à d’autres comme Bagetti156, de s’intéresser à la cartographie. Il est certain que l’un des membres de la commission de topographie le connaît : son secrétaire, le chef de bataillon du Génie Pierre-Alexandre d’Allent (1772-1837), a publié, dans la livraison précédente du Mémorial topographique, un texte dans lequel il cite de façon positive le Traité du lavis des plans, même si ce n’est pas sur la question de la projection157. Dans les faits, il ne semble pas exister d’autres propositions de ce type sous forme imprimée à cette date, qui plus chez un éditeur comme Magimel, lequel est proche du dépôt de la Guerre. Sans qu’aucune archive ne permette de consolider cette hypothèse, il semble que Lespinasse soit bien l’un (ou le seul) de ces « artistes dignes d’estime » que la commission incite à rejoindre le droit chemin de la bonne projection.

    72Reste à revenir sur l’idée de méthode défectueuse des artistes et de progrès de la science cartographique du côté de la seule représentation zénithale. Dans les faits, ces affirmations cachent certaines fragilités. En effet, si la proposition des « artistes dignes d’estime » n’avait pas été vue comme ayant un sens, jamais elle n’aurait été évoqué dans les pages du Mémorial topographique. Si la question de l’usage de plusieurs perspectives sur une même carte était absurde, les auteurs n’auraient pas introduit le texte sur l’existence de cette « première et plus ancienne méthode » dite « demi-perspective » ; méthode qui « conserve des partisans parmi des géographes distingués158 ». On l’a vu, la question ne semble pas tranchée pour Lomet – le défenseur des aérostats, alors professeur de topographie à Polytechnique et membre de la commission de topographie. Vingt-cinq ans plus tard, dans son Principe du figuré des terrains et du lavis sur les plans et cartes Louis Puisant – ingénieur géographe au dépôt de la Guerre de 1793 à 1796 puis professeur de l’École centrale d’Agen à la demande de Lomet – évoquera « les beaux travaux de Lespinasse en ce genre [qui] quoique admirés, ne sont plus imités159 ».

    73Il convient dès lors de reprendre le dossier en ne se limitant pas à la conclusion de la commission, mais en essayant de comparer les arguments proposés. Les postures rédactionnelles suivies par les deux parties diffèrent fortement. Il est vrai qu’un Traité du lavis des plans n’a rien à voir a priori avec le rapport d’une commission. On posera cependant que si les genres diffèrent, l’objectif est ici le même puisque le rapport est censé offrir les bases d’une meilleure cartographie. Les multiples exemples graphiques, fournis dans le volume, accréditent cette idée.

    74De son côté, Lespinasse produit un discours argumenté, construit sur une littérature savante, parfois récente, qu’il cite. Les ouvrages auxquels il renvoie sont, pour les textes relativement anciens, le Traité de perspective à l’usage des artistes d’Edme Sébastien Jeaurat (1725-1803), qui remplace Cassini à la section d’astronomie en 1793 ; les Leçons élémentaires d’optique de l’abbé Louis Nicolas de la Caille (1713-1762) qui participe à la carte de France, et dont l’ouvrage a connu au moins trois éditions depuis 1756 et qui sera encore réédité en 1803, 1807 et 1810 ; La mesure des surfaces et des solides de l’abbé Antoine Deidier (1697-1732), mathématicien et professeur d’artillerie, auteur du Parfait Ingénieur François, publié en 1740 ; les classiques Règles du dessin et du lavis de Buchotte ainsi que Le dessinateur au cabinet et à l’armée de Dupain de Montesson dans La Science des ombres (1750 et 1786). Pour les volumes récents, il s’appuie sur les Idées d’un Militaire pour la disposition des Troupes […] dans la défense et l’attaque des Petits Postes de Charles Louis François Fossé (1734- 1812), dont la deuxième partie porte sur le lavis des plans, et la troisième sur la perspective militaire, ainsi que sur La perspective aérienne, soumise à des principes puisés dans la nature, ou nouveau traité du clair-obscur de Pierre de Saint-Morien publié en 1788, et pour finir sur différents articles de l’Encyclopédie et de l’Encyclopédie Méthodique (arts militaires) dont l’article de Joly sur les « cartes militaires » publié en 1786160. Cette exhibition d’un savoir livresque par des citations, alors que la pratique ne s’en est pas imposée, qui permet en partie de reconstituer l’étendue en même temps que la solidité d’un savoir, est assez rare à l’époque pour être remarqué. Les nombreux ouvrages publiés chez Jombert placent l’exposé du côté des savoirs techniques161. Quant à sa forme, elle relève en effet du traité technique qui articule savoir savant, par exemple sur le clair-obscur (doc. 8.24), et techniques de la gravure.

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    Doc. 8.24 Première planche de Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité du lavis des plans (1801)162.

    75Les éléments du raisonnement sont les suivants : pour qu’une « carte topographique présente non-seulement le pays déterminé géométralement, mais encore sa nature », il faut « joindre aux connaissances géométriques et militaires quelques-unes de celles de l’artiste » – jusqu’ici la façon de poser la question est la même pour tous. Il faut que les officiers prennent « des notions suffisantes des principes de l’art d’imiter la nature163 ». Le glissement ne s’opère qu’ensuite, d’abord avec une introduction de réflexions esthétiques où Lespinasse traite des « beaux coloris », et de « figure hideuse qui n’aurait plus de ressemblance avec l’objet qu’on a voulu peindre ». Ensuite avec la question du sens de la carte : « L’usage est de donner à un plan quelconque un sens et un jour déterminé pour le regarder ; cet usage peut être considéré comme une licence, il est cependant fondé en raison et indispensable. Toutes les parties d’une carte doivent donc avoir aussi leur sens pour être vues dans leur ensemble164. » D’une question d’orientation, Lespinasse passe à un sens qui permette de voir les objets « dans leur ensemble », et non simplement par le dessus. Ce n’est qu’alors que le corps de la réflexion se met en place ; nous n’en donnerons qu’un résumé, cependant il convient d’insister sur l’élégance du raisonnement. Si l’on accepte de tirer la carte du côté d’une figuration qui se veut « exacte et vraie165 », le vrai étant ce qui imite parfaitement le modèle166 et qui devient progressivement supérieur à l’exact, la proposition de Lespinasse s’impose. Ainsi, pour imiter la nature, la carte doit-elle suivre la « règle physique du clair-obscur167 » qui donne une limite à la vue, non seulement des détails, mais encore des couleurs des ombres : « Plus un objet est éloigné de l’œil, plus il paraît obscur, jusqu’à ce qu’enfin la lumière réfléchie, absolument altérée, ne puisse plus atteindre jusqu’à nous, et que les objets obscurcis de plus en plus vers l’horizon ne nous réfléchissant aucune lumière, doive paraître absolument noirs168. » Or, avec les cartes topographiques zénithales on suppose

    le spectateur placé successivement à un point fort élevé, et perpendiculairement au-dessus de chaque objet ; pour qu’il pût dit-on, appercevoir toutes les parties qui le composent ; mais cette supposition manque son but sous deux rapports ; car d’une part, on ne peut ainsi voir l’ensemble des choses ; d’une autre part, on ne pourrait les appercervoir en aucune manière par ce que :
    1° La portée de la vue est trop bornée, relativement à l’étendue de terrain que les cartes topographiques embrassent ordinairement.
    2° Parce que plus le spectateur sera supposé élevé au-dessus du plan, pour en voir mieux l’ensemble et les effets, moins sa vue sera en état et à portée d’appercevoir et de juger des effets qu’il ne pourra au plus que soupçonner confusément.
    De la supposition faussement admise jusqu’à ce jour, il est résulté une manière d’exprimer les objets en plan très-arbitraire et d’un idéal entièrement dénué des principes d’imitation169.

    76Plus loin, il ajoute : « L’œil planant sur une étendue qui ne surpasse pas sa portée […] voit tout ce qu’il est naturellement possible de rendre de la position où il est ; mais aussi il ne peut rendre compte de ce qu’il ne voit et ne peut pas voir170. » Il semble que le modèle de Lespinasse pour la carte se situe à l’interface de deux approches. Le rapport à la « vue » telle qu’elle est décrite dans l’article « Paysage » du Dictionnaire des arts de Watelet171 semble fort : « Les vues sont par leur nature les plus vrais de tous les paysages [elles] intéressent l’artiste imitateur par leur ressemblance ainsi que les possesseurs des aspects imités172. » La seconde approche se situe du côté des réflexions de Jacques Gautier d’Agoty (1716-1785) lorsque, dans les années 1750, il se dit presque photographe, liant camera obscura et exactitude de la représentation. Ses explications font de la perspective aérienne le résultat d’un parcours de l’espace par la lumière qui repose sur le schéma imaginaire d’un écran traversé173. Or, puisque l’œil ne peut pas voir ces choses et que le principe doit être une imitation de la nature, la carte zénithale est le contraire du vrai. On remarquera simplement la contradiction au cœur de la perspective aérienne du xviiie siècle entre le physiquement visible par un œil et ce même œil, sorte de camera obscura se déplaçant en altitude au-dessus du terrain.

    77La forme de la réponse de la commission de topographie est tout autre. En dehors des noms des membres de la sous-commission qui traite de la projection des cartes et plans, c’est-à-dire Bacler d’Albe, Chrestien de Lacroix et Epailly, aucune référence directe n’est citée. Le texte est en fait arc-bouté vers l’action. La carte doit permettre « d’évaluer la distance horizontale de deux points174 ». Les exemples d’usages sur le terrain sont réitérés : « Nos généraux les plus distingués n’ont-ils pas fait toute cette guerre avec des reconnaissances dans lesquelles les officiers d’état-major et du génie, et la plupart des ingénieurs géographes, n’ont employé que les projections horizontales175 ? » Si l’idée de vérité est mobilisée, ce n’est clairement pas dans le même sens. Ainsi, la séparation entre représentation perspective et carte distingue : « La première [qui] donne des images ; [et] la seconde des mesures : l’une est bornée à un instant, à un fait ; l’autre est indéfinie, comme l’étendue qu’elle représente dans ses vraies dimensions176. » Mais au-delà ce n’est pas tant la vérité qui importe que l’erreur évitée. Ainsi, à propos de la représentation des montagnes en surplomb dans la représentation en demi-perspective il est noté :

    Les teintes dira-t-on, dissiperont ce que le trait pourra avoir d’équivoque. Mais il faut donc recourir aux teintes ? Le trait seul est insuffisant ; il trompe : une teinte manquée laisse subsister l’erreur. [Dans une représentation zénithale] le trait horizontal, au contraire, plein ou ponctué ne trompe jamais : il suffit pour les escarpemens et les surplombs des chemins creux et des ravins177.

    78Ce qui importe est donc l’usage : « Quel usage faire de ces tableaux semés, pour ainsi dire sur les cartes ? Comment évaluer ce qu’ils représentent…178 ? » Et si le vocabulaire est pour partie le même puisque Bacler d’Albe considère qu’une bonne topographie est un « art d’imitation179 », il n’en reste pas moins que « le premier mérite d’une carte ou d’un plan est d’être exacte, le second de détailler tous les objets, sans que l’on puisse jamais cacher l’autre180 ». L’exactitude dont il est question est celle des distances : « La perspective ne donne exactement en distances horizontales, que les lignes de niveau situées dans le plan même du tableau, et ne reproduit que les grandeurs optiques de toutes les autres lignes181… »

    6. Conclusion

    79La relation que les ingénieurs tissent avec les cartes et plans apparaît dès le xviie siècle dans leur réflexion sur le projet. Mais rapidement une série d’auteurs développent des ouvrages, ou des parties d’ouvrages, sur les méthodes de la cartographie, et ce mouvement gagne une part croissance de la littérature à destination des ingénieurs. Dans un deuxième temps, soit au moment de l’institutionalisation des écoles, la carte intégre la formation, voire, comme dans le corps des Ponts et Chaussées, en fait l’un des points essentiels de l’enseignement. Cependant, la multiplication des types de figuration, depuis la peinture de paysage jusqu’au profil en long en passant par la carte, entretient longtemps une sorte de flou quant aux choix à opérer. L’affaire Lespinasse en est l’un des moments de réduction. En effet, à comparer les arguments qui opposent artistes et militaires, se dessine une tension entre vérité artistique et exactitude géométrique. Au sein du dépôt de la Guerre, la carte a donc été l’objet d’un débat entre « l’éthos de la précision182 », qui caractérise alors les savoirs mathématisés, et l’idéal du vrai, qui interroge au même moment une partie des savoirs artistiques183. Or, dans ce cas, c’est la commission de topographie qui impose sa vision contre celle de Lespinasse. À notre connaissance, celui-ci ne s’exprimera plus sur cette question, se concentrant sur un ouvrage relatif à la perspective des batailles publié de façon posthume chez Magimel en 1809184. Comme l’écrivait Max Planck dans son autobiographie scientifique, « une vérité nouvelle en science n’arrive jamais à triompher en convainquant les adversaires et en les amenant à voir la lumière, mais plutôt parce que finalement ces adversaires meurent et qu’une génération nouvelle grandit185 ». Il semble possible d’élargir ce raisonnement à la fabrication des frontières entre les savoirs. Dès lors, le point limite, véritable Rubicon des relations entre peinture et cartographie, se trouve ici passé. Alors que depuis le xvie siècle au moins une relation de bon voisinage et de coopération dans la description du paysage avait existé186, la décision de la commission de topographie clôt définitivement pour les militaires, bientôt producteurs de la carte d’état-major, une association au profit des savoirs de la géométrie.

    Notes de bas de page

    1  Sur cet aspect, on lira le premier chapitre de Hélène Vérin, La Gloire des ingénieurs, l’intelligence technique du xvie au xviiie siècle, Paris, Albin Michel, 1993.

    2  Antoine-Chrysostome Quatremère de Quincy, « Engin », dans Encyclopédie Méthodique, t. 5, Architecture, vol. 2, Paris, chez Mme veuve Agasse, 1820, p. 336.

    3  Hélène Vérin, La Gloire des ingénieurs…, op. cit., p. 160-166.

    4  Bernard Lepetit, Chemins de terre & voies d’eau, réseaux, transports organisation de l’espace, Paris, Éditions de l’EHESS, 1984 (chap. 1), citation p. 37. Nicolas Verdier « Le réseau technique est-il un impensé du xviiie siècle : le cas de la poste aux chevaux », Flux. Cahiers scientifiques internationaux Réseaux et Territoires, 68, 2007, p. 7-21.

    5  AN F14 10381 (2), Carte itinéraire de la France et de partie des États limitrophes à l’usage des Ponts et Chaussées, dressée par ordre de M. le directeur général d’après la carte de Cassini, 1814.

    6  Article « Plan », dans Pierre Richelet, Dictionnaire françois contenant les mots et les choses…, Genève, Jean Herman Widerhold, 1680, vol. 2, p. 172

    7  Antoine Furetière, Essais d’un Dictionnaire, Dictionnaire universel contenant tous les mots françois tant vieux que modernes & les termes de toutes les Sciences & des Arts, specifiez dans la page suivante, Amsterdam, Henri Desbordes, 1690, vol. 3, n. p.

    8  Article « Dessein », dans Pierre Richelet, Dictionnaire françois, op. cit., vol. 1, p. 236.

    9  Article « Projet », dans Denis Diderot et Jean le Rond d’Alembert (dir.), Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné…, op. cit., 1765, vol. 13, p. 441.

    10  Nicolas Buchotte, Les règles du dessein et du lavis pour les plans…, Paris, Cl. Jombert, 1722. Nicolas Buchotte, Les règles du dessin et du lavis pour les plans…, Paris, L. Cellot, successeur de Ch.-Ant. Jombert, 1754.

    11  René Démoris, « Peinture et science au siècle des lumières, l’invention d’un clivage », art. cité.

    12  Sur les difficultés d’une datation précise de la naissance du corps des ingénieurs du Génie, on lira l’avant-propos d’Anne Blanchard, Les Ingénieurs du « Roy » de Louis XIV à Louis XVI. Étude du corps des fortifications, Montpellier, Presses de l’université Paul-Valéry, 1979 (pour plus de détails, p. 35-70).

    13  René Taton, « L’école royale du Génie de Mézières », dans Id. (dir.), Enseignement et diffusion des sciences en France au xviiie siècle, Paris, Hermann, 1986, p. 559-615.

    14  Henri Berthaut, Les Ingénieurs géographes militaires 1624-1831 : étude historique, Paris, Impression du service géographique de l’Armée, 1902, 2 vol.

    15  Eugène Vignon, Études sur l’administration des voies publiques en France aux dix-septième et dix-huitième siècles, t. II, Pièces justificatives, Paris, Dunod, 1862, p. 35-36.

    16  Antoine Picon, L’invention de l’ingénieur moderne : l’École des Ponts et Chaussées, 1747-1851, Paris, Presses de l’ENPC, 1992.

    17  Émilie d’Orgeix, « L’albero delle fortificazioni de Giovan Francesco Fiammelli (1604), ou la place du Prince dans la réthorique militaire moderne », dans Jean-Philippe Garric, Frédérique Lemerle et Yves Pauwels, Architecture et Théorie. L’héritage de la Renaissance (« Actes de colloques »), [http://inha.revues.org/3398].

    18  Nicolas Faret, L’Honeste Homme ou l’Art de Plaire à la Court, Paris, Toussaincts de Bray, 1630, p. 50 (éditions 1630, 1631, 1634 [en français et en espagnol], 1639, 1640, 1656, 1658, 1660, 1662 [en italien], 1664 et 1681).

    19  Article « Capitaine », dans Le Grand Dictionnaire de l’Académie Française, avant-première, Francfort-sur-le-Main, Fred Arnaud, 1687.

    20  Sur la carte chez Manesson-Mallet, les informations viennent de Émilie d’Orgeix, « Alain Manesson-Mallet (1630-1706), portrait d’un ingénieur militaire dans le sillage de Vauban », Le Monde des cartes, 195, 2008, p. 67-74. Pour les ouvrages : Allain Manesson-Mallet, Les travaux de Mars ou la Fortification nouvelle tant régulière qu’irrégulière, Paris, chez l’auteur, Jean Henault et Claude Barbin, 1671. Id., Les travaux de Mars ou l’Art de la Guerre divisé en trois parties, Paris, Denys Thierry, 1685.

    21  Sur l’ouvrage, on lira : William B. MacGregor, « Illustration and its Afterlife. The Visual Uses of Sebastien Le Clerc’s Pratique de la Géométrie », Visual Ressources. An International Journal of Documentation, 17/1, 2001, p. 37-94.

    22  Sébastien Le Clerc, Pratique de la Géométrie sur le papier et sur le terrain. Ou par une méthode nouvelle & singulière l’on peut avec facilité, & en peu de temps se perfectionner en cette science, Paris, à l’Image de Nostre-Dame, 1682, p. 4.

    23  Sébastien Le Clerc, Pratique de la Géométrie sur le papier et sur le terrain. Ou par une méthode nouvelle & singulière l’on peut avec facilité, & en peu de temps se perfectionner en cette science, Paris, chez Pierre Mortier, 1691, p. 24-25.

    24  Allain Manesson-Mallet, Les travaux de Mars, op. cit., 1685, t. 1, p. 222-224.

    25  Ibid., p. 222.

    26  Ibid., p. 173.

    27  Ibid., t. 1, p. 6.

    28  Émilie d’Orgeix, « Alain Manesson-Mallet (1630-1706)… », art. cité.

    29  Pour le xviie siècle, on verra Catherine Bousquet-Bressolier, « Les mathématiques de l’honnête homme : manuels pratiques à l’usage des officiers et ingénieurs au xviie siècle », Revue française d’histoire du livre, no 114-115, 2002, p. 79-108.

    30  Jean-Baptiste Naudin, L’ingénieur français, contenant la géométrie pratique sur le papier & sur le terrain, avec le toisé des travaux et des bois ; la fortification régulière et irrégulière ; sa construction effective ; l’attaque et la défense des places. Avec la méthode de monsieur Vauban, & l´explication de son nouveau système, Amsterdam, Georges Callet, 1697. Antoine Deidier, Le parfait ingénieur, ou la fortification offensive et défensive, Amsterdam, La compagnie des libraires, 1739 (autres éd. : 1742, 1757).

    31  Guillaume Le Blond, L’Arithmétique et la géométrie de l’officier contenant la théorie et la pratique de ces deux sciences appliquées aux différens emplois de l’homme de guerre, Paris, C. A. Jombert, 1748 (autre éd. 1767). Louis-Charles Dupain de Montesson, Les connaissances géométriques à l’usage des officiers employés dans le détail des marches, campemens et subsistances des armées, Paris, C. A. Jombert, 1774.

    32  Pour Allain Manesson-Mallet, je m’appuie sur le travail d’Émilie d’Orgeix : « Alain Manesson-Mallet (1630-1706)… », art. cité.

    33  Sur ce point verra Catherine Bousquet-Bressolier, « Les mathématiques de l’honnête homme… », art. cité.

    34  Allain Manesson-Mallet, Les travaux de Mars, op. cit., p. 222.

    35  Edme de La Poix de Fréminville, La pratique universelle pour la rénovation des Terriers et des droits seigneuriaux, contenant les questions les plus importantes sur cette matière, & sur les décisions, tant pour les pays coutumiers, que ceux régis par le droit écrit, Paris, Morel et Gissey, 1746.

    36  Allain Manesson-Mallet, Géométrie pratique divisée en quatre livres, Paris, chez Anisson, 1702, 1re page de l’avertissement non paginé.

    37  Allain Manesson-Mallet, Description de l’univers contenant les différents systèmes du Monde, les cartes générales & particulières de la Géographie ancienne et moderne : les Plans & les Profils des principales Villes & des autres lieux plus considérables de la Terre ; avec les Portraits des Souverains qui y commandent, leurs Blasons, Titres & Livrées. Et les Mœurs, Religions, Gouvernemens & divers habillemens de chaque Nation, Paris, Denys Thierry, 1683.

    38  On trouve de très nombreuses approximations sur la date de naissance du Dupain de Montesson. Il semble que selon l’Annuaire historique, il soit né le 18 août 1713. Sur ce point : Annuaire Historique pour l’année 1839, publiée par la société de l’histoire de France, Paris, Jules Renouard, 1838, p. 43.

    39  Pierre Lamandé, « Lacroix, les lignes de niveau à l’appui d’une nouvelle vision de la géographie physique », Le Monde des cartes, 199, 2009, p. 23-34.

    40  Louis-Charles Dupain de Montesson, La Science des ombres par rapport au dessein, ouvrage nécessaire à ceux qui veulent dessiner l’Architecture Civile & Militaire, ou qui se destinent à la Peinture, Paris, chez Charles Antoine Jombert, 1750.

    41  Charles-Louis Dupain de Montesson, L’Art de lever les plans, de tout ce qui a rapport à la guerre & à l’architecture civile & champêtre, Paris, Charles Antoine Jombert, 1763.

    42  Mercure de France, février 1745, p. 150-151.

    43  Mercure de France, décembre 1760, p. 205-208.

    44  Mercure de France, août 1767, p. 139-147. Il publie la même année un ouvrage : Leçons de dessins et de lavis, constatant en plusieurs suites de dessin relatives aux élévations géométrales, ou en perspectives ; aux paysages, aux plans géométraux & topographiques sur toutes sortes de points d’échelle ; aux cartes géographiques de toutes espèces ; à la fortification, castramétation, artillerie, tactique & autres parties de l’art militaire, Paris, chez l’auteur, 1767.

    45  Mercure de France, juillet 1762, p. 159-163 et octobre 1762, p. 169. On ne peut que regretter que ce moment n’ait pas été plus travaillé.

    46  Nicolas Buchotte, Les règles du dessin et du lavis pour les plans particuliers des ouvrages et des bâtimens, Paris, Jombert, 1722.

    47  Louis-Charles Dupain de Montesson, La Science de l’Arpenteur dans toute son étenduë, Paris, Jaillot Géographe, 1766 (rééditions chez Jombert en 1775, 1776, puis chez Goeury 1800, 1803, 1813).

    48  Louis-Charles Dupain de Montesson, L’Art de lever les plans, de tout ce qui a rapport à la guerre & à l’architecture civile & champêtre, Paris, Charles Antoine Jombert, 1775 (2e éd.), p. 4.

    49  Ibid.

    50  Louis-Charles Dupain de Montesson, L’art de lever les plans, op. cit., p. 4-5 et p. 7.

    51  Ibid., p. 7.

    52  Il s’agit probablement d’une école d’artillerie. Sur ce point Frédéric Artz, « Les débuts de l’éducation technique en France (1500-1700) », Revue d’histoire moderne, 29-30, 1937, p. 469-519.

    53  Paul de Clermont, La Géométrie pratique de l’Ingénieur, ou l’Art de mesurer. Ouvrage également nécessaire aux Ingénieurs, aux Toiseurs & aux Arpenteurs, dédié à Monsieur de Vauban, Strasbourg, chez Guil. Schmuck, 1693 (autres éditions chez différents éditeurs : 1723, 1733, 1755, 1775).

    54  Antoine Allent, Histoire du corps impérial du Génie des Sièges des travaux qu’il a dirigés, et des changemens que l’attaque, la défense, la construction et l’administration des forteresses ont reçus en France, depuis l’origine de la fortification moderne jusqu’à nos jours, Paris, Magimel, 1805, p. 137.

    55  Paul de Clermont, L’Arithmétique militaire, ou l’Arithmétique pratique de l’ingénieur ou l’Art de Mesurer, Paris, P. Witte, 1733.

    56  Philippe de La Hire, L’Ecole des Arpenteurs, où l’on enseigne toutes les pratiques de Géométrie qui sont nécessaires aux arpenteurs…, Paris, T. Moette, 1689.

    57  Jacques Ozanam, Méthode de lever les plans et les cartes de terre et de mer avec toutes sortes d’instrumens et sans instrumens, la description et l’usage de ces instrumens…, Paris, E. Michallet, 1693 (autres éditions 1700, 1716, 1750, 1756, 1780, 1781, 1804).

    58  Alexandre Savérien, Dictionnaire Universel de Mathématique et de Physique, Paris, Rollin et Jombert, t. 1, 1753, p. 459. Pour Daudet : Louis-Pierre Daudet, Nouvelle introduction à la géométrie pratique tirée des meilleurs auteurs, Paris, Ganeau, 1730 (réed. 1740).

    59  Jean Petot, Histoire de l’administration des Ponts et Chaussées, 1599-1815, Paris, Marcel Rivière, 1958, p. 139.

    60  Sur Nicolas de Chastillon, on lira Bruno Belhoste, « Du dessin d’ingénieur à la géométrie descriptive, l’enseignement de Chastillon à l’École royale du génie de Mézières », In Extenso, juin 1990, p. 103-135.

    61  René Taton, « L’école royale du Génie de Mézières », art. cité. Bruno Belhoste, « Du dessin d’ingénieur à la géométrie descriptive », art. cité.

    62  Émilie d’Orgeix, « Les atlas militaires manuscrits de la première moitié du xviie siècle », dans Catherine Bousquet-Bressolier (dir.), Le paysage des cartes : genèse d’une codification, Paris, Musée des plans reliefs, 1999, p. 29-48.

    63  Guillaume Monsaingeon, « Le silence cartographique de Vauban », Textimage, revue d’étude du dialogue texte-image, 2, 2008 [http://www.revue-textimage.com].

    64  Émilie d’Orgeix, « Éclosion et mise en place d’une littérature spécialisée enseignant les règles de dessin militaire à l’usage des Ingénieurs Royaux à la fin du xviie siècle et au début du xviiie siècle », Cahiers du Centre d’études d’histoire de la défense, 6, 1998, p. 57-76. Isabelle Warmoes, « La rationalisation de la production cartographique à grande échelle au temps de Vauban », Le Monde des cartes, 195, 2008, p. 55-66. Sébastien le Prestre de Vauban, Instruction pour les ingénieurs et dessineurs qui lèvent les plans des Places du Roy ou des Cartes, Paris, Impr. royale, 1714.

    65  Guillaume Monsaingeon, « Vauban a-t-il raté la Révolution cartographique ? », dans Thierry Martin et Michèle Virol (dir.), Vauban architecte de la modernité, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2008, p. 233-262.

    66  Antoine-Marie Augoyat, Aperçu historique sur les fortifications, les ingénieurs et sur le corps du génie en France, Paris, Tanera et Dumaine, vol. 1, 1862, p. 43.

    67  Ibid., p. 37.

    68  Anne Blanchard, Les Ingénieurs du « Roy »… op. cit., p. 193-194.

    69  René Taton, « L’école royale du Génie de Mézières », art. cité, p. 569.

    70  Henri Gautier, Traité de la construction des chemins où il est placé ceux des Romains & ceux des Modernes, de leur figure, de leur matière & de leur disposition dans toute sorte de lieux, Toulouse, Dominique Camusat, 1693 (réed. Paris, Seneuse et Cailleau, 1715 ; Paris, s. n., 1716, Paris, Cailleau, 1721 ; Paris, Duchesne, 1745, Paris, Cailleau 1750 ; Paris, Laporte, et Paris, Duschesne 1755, Paris, Laporte, 1778).

    71  Ibid., édition consultée 1721, p. 113, p. 120, p. 143.

    72  Mémoire du Directeur général des Ponts et Chaussées sur la conduite du travail par corvées, Paris, Imprimerie Royale, 1737, p. 1-2. Le texte est publié dans Simon-Etienne Hyenne, De la corvée en France, et en particulier dans l’ancienne province de Franche-Comté, Besançon, Jacquin impr. Libr., 1862, p. 20-31.

    73  Ibid., p. 22.

    74  Ibid., p. 21.

    75  Mémoire du Directeur général des Ponts et Chaussées, op. cit., p. 25.

    76  Philibert Orry, Mémoire instructif sur la Réparation des chemins, 13 juin 1738, cité dans Eugène Vignon, Études historiques sur l’administration des voies publiques en France avant 1790, Paris, t. III, pièce justificative n° 9, 1862-1880, p. 3-7.

    77  René Taton, « L’école royale du Génie de Mézières »…, art. cité, p. 590.

    78  Bruno Belhoste, Antoine Picon et Joël Sakarovitch, « Les exercices dans les écoles d’ingénieurs sous l’Ancien Régime et la Révolution », Histoire de l’éducation, 46, 1990, p. 53-109.

    79  Antoine-Marie Augoyat, Aperçu historique sur les fortifications…, op. cit., vol. 2, p. 445-446.

    80  Bruno Belhoste, « Du dessin d’ingénieur à la géométrie descriptive », art. cité.

    81  Bruno Belhoste, Antoine Picon et Joël Sakarovitch, « Les exercices dans les écoles d’ingénieurs », art. cité.

    82  ANF14 9790, Machaults d’Arnouville, Instruction sur les fonctions des employés subalternes des Ponts & Chaussées, Paris, Imprimerie royale, 1748, articles 6, 11 et 12.

    83  François-Pierre Tarbé de Saint-Hardouin, « L’ancienne école des Ponts et Chausées », Annales des Ponts et Chaussées, Mémoires et documents relatifs à l’Art des constructions et au service de l’Ingénieur, 6e série, 10, 1885, p. 352-361.

    84  Antoine Picon et Michel Yvon, L’ingénieur artiste, Dessins anciens de l’École des Ponts et Chaussées, Paris, Presses de l’ENPC, 1989.

    85  Henri Berthaut, Les Ingénieurs géographes militaires 1624-1831…, op. cit.

    86  Le défilement est une technique de protection des fortifications qui, partant d’une connaissance fine de la topographie, définit la hauteur à attribuer aux murailles pour qu’elles ne puissent être atteintes par des tirs directes. Sa figuration s’attache plus au relief qu’aux surfaces. Sur ce point, Bruno Belhuste, « Le dessin de la carte dans la fonction des ingénieurs du Génie de 1750 à 1850 », Revue du Comité français de cartographie, 1994, 139, p. 39-42.

    87  Marcelin Du Carla, Expression des nivellemens, ou nouvelle méthode pour marquer rigoureusement sur les cartes terrestres & marines les hauteurs & les configurations du terrein, Paris, Cellot, 1782.

    88  Georges Pichard, « Représentation et compréhension du terrain chez les ingénieurs du Génie au xviiie siècle », Travaux du comité français d’histoire de la géologie », 3e série, 12/1, 1998, p. 1-16.

    89  Josef Konvitz, Cartography in France 1660-1848, Chicago, University of Chicago Press, 1987, p. 77-81. François de Dainville, « De la profondeur à l’altitude : des origines de l’expression cartographique du relief terrestre par côtes et courbes de niveau », dans Michel Mollat (présenté par), Le navire et l’économie maritime du Moyen Âge au dix-huitième siècle, Paris, SEVPEN, 1959, p. 195-203.

    90  Sur Louis-Urbain-Aubert de Tourny, qui semble avoir eu des idées très arrêtées sur ce que devait être le travail des Ponts et Chaussées, on lira : Michel Lhéritier, Tourny Intendant de Bordeaux, Paris, Félix Alcan, 1920.

    91  Archives départementales de Gironde, C 1847, « Instruction adressée par Daniel Charles Trudaine à l’intendant de Tourny en poste à Bordeaux », Paris, 29 août 1744, citée dans les annexes de Stéphane Blond, L’Atlas Trudaine, Pouvoirs, administrations et savoirs techniques (vers 1730-vers1780), thèse, Paris, EHESS, sous la direction de Daniel Nordman, 2008.

    92  Archives départementales de Gironde, C 1847, « Correspondance entre Tourny et Trudaine », Bordeaux le 20 octobre 1744, citée dans les annexes de Stéphane Blond, L’Atlas Trudaine…, op. cit.

    93  On notera sur ce point que la carte de Cassini évite de dessiner les routes qui sont bien trop changeantes pour intégrer une carte devant durer.

    94  Archives départementales de Gironde, C 1854, « Correspondance entre Trudaine et Tourny », citée dans les annexes de Stéphane Blond, L’Atlas Trudaine…, op. cit.

    95  Sur ce point Nicolas Verdier, « Modeler le territoire : les ingénieurs des Ponts et chaussées et leurs usages de la carte », art. cité.

    96  Arrêt du Conseil d’État qui nomme le sieur Perronet directeur du bureau des dessinateurs, 14 février 1747, cité dans les pièces justificatives d’Eugène Vignon, Études historiques sur l’administration des voies publiques en France avant 1790, Paris, t. 2, pièce justificative no 327, 1862-1880, p. 150-151.

    97  Archives départementale de Côte-d’Or C 3859, « Règlement pour la levée des Cartes des Routes & Chemins du Duché de Bourgogne », 15 janvier 1759, cité dans les annexes de Stéphane Blond, L’Atlas Trudaine…, op. cit.

    98  César François Cassini de Thury, « Sur la description géométrique de la France », Mémoire du 13 novembre 1745, dans Histoire de l’Académie Royale des Sciences, année MDCCXLV, avec les mémoires de mathématique & de physique pour la même année, Paris, Imprimerie Royale, 1749, p. 553-560.

    99  Jean-Claude Perrot, L’âge d’or de la statistique régionale française (an IV-1804), Paris, Société des études robespierristes, 1977.

    100  Guy Arbellot, « La grande mutation des routes de France au milieu du xviiie siècle », Annales ESC, 28/3, 1973, p. 765-792.

    101  Archives municipales du Havre, 10Z9, « Concours pour l’amélioration du port et l’agrandissement de la ville du Havre (1778-1787) », atlas de plans aquarellés.

    102  BNF GEC-24818 (RES), « Plan du Havre avec le projet des ouvrages, pour l’amélioration du port, et l’agrandissement de la ville proposé par Mr de Gaule et de Mr de Bressol, adopté en 1782. par Mms les Commissaires de l’Academie Royale des Siences de Paris avec des changemens », 1782.

    103  Archives municipales du Havre, 10Z9, « Concours pour l’amélioration du port et l’agrandissement de la ville du Havre (1778-1787) », art. cité.

    104  Graber Frédéric, « Du faiseur de projet au projet régulier dans les travaux publics (xviiie-xixe siècles) : pour une histoire des projets », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 58/3, 2011, p. 7-33.

    105  Archives départementales de Maine-et-Loire 1 Fl art. 311, « Plan de la Ville de Chollet avec les redressemens proposés par l’Ingénieur en Chef du Département de Maine et Loire, le 19 fructidor an VI de la République française » (extraits).

    106  Nicolas Verdier, « Cartes et paysages : tenter la médiation au xviiie siècle. La question des paysages en plan et en perspective », Les Carnets du Paysage, 20, 2010, p. 14-31.

    107  Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité du lavis des plans appliqué principalement aux reconnaissances militaires. Ouvrage fondé sur les principes de l’Art qui a pour objet l’imitation de la nature, et où l’on enseigne à rendre, avec toute l’exactitude possible, sur de grandes échelles, un terrain quelconque, Paris, chez Magimel, Libraire pour l’Art Militaire, 1801.

    108  Service historique de l’armée de terre (SHAT) Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, Mémoire de Mr de Mouy le 17 octobre 1765.

    109  Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Dictionnaire historique des généraux français, depuis le onzième siècle jusqu’en 1820, t. 5, Paris, chez l’auteur, 1822, p. 437-448.

    110  Augustin de Lespinasse, Traité sur la théorie et la pratique du nivellement à l’usage des anciennes écoles du corps royal de l’artillerie, Avignon, 1768 ; une seconde édition, était prévue chez Didot en 1804, mais seule l’introduction à la nouvelle édition a finalement été publiée.

    111  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, « Certificat de service », 7 frimaire an VI.

    112  Apula Rea Radisich, « Eighteenth-Century Plein-Air Painting and the Sketches of Pierre Henri de Valenciennes », The Art Bulletin, 64/1, mars 1982, p. 98-104.

    113  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, « Certificat de service », 7 frimaire an VI.

    114  Youri Carbonnier, « Images du paysage urbain : des sources pour connaître la ville moderne », dans Les paysages à l’époque moderne, Bulletin de l’association des historiens modernistes des universités françaises, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2008, p. 43-67.

    115  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, Lettre de « Lespinasse, général de division au général Millet, nouveau ministre de la Guerre », 26 floréal an 7.

    116  Antoine Thomé, Vie de David, Paris, Tarier et Grignon, 1826, p. 77.

    117  Jules Renouvier et Anatole de Montaiglon, Histoire de l’art pendant la Révolution 1789-1804, Paris, Jules Renouard, Libraire-Éditeur, 1863, p. 12.

    118  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, Lettre de « Lespinasse, général de division au général Millet, nouveau ministre de la Guerre », 26 floréal an 7.

    119  AN AF III 14, Procès-verbaux du Directoire exécutif de l’an V à l’an VII, (Séance du 11 ventôse an VII (1er mars 1799) et décision du 22 ventôse an VII (12 mars 1799).

    120  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, « Certificat de service », 7 frimaire an VI.

    121  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, Lettre au « ministre de la Guerre, du général Lespinasse », 2 thermidor an VI.

    122  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis Nicolas Lespinasse (série de lettres du général Lespinasse).

    123  Augustin de Lespinasse, Essai sur l’organisation de l’artillerie, par le Général Lespinasse, Paris Magimel, 1800 ; Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité de perspective linéaire à l’usage des artistes, contenant la pratique de cette science, d’après les meilleurs auteurs ; les méthodes les plus simples, pour mettre toutes sortes d’objets en perspective, leurs réflexions dans l´eau, et leurs ombres, tant au soleil qu’au flambeau, Paris, chez Magimel, Libraire pour l’Art Militaire, 1801 (une note du Traité du lavis, p. 43 laisse entendre que le Traité de perspective aurait été le premier a être publié).

    124  En réalité l’Académie de peinture et sculpture a été supprimée en août 1793.

    125  Valeria Pansini, L’œil du topographe et la science de la guerre. Travail scientifique et perception militaire (1760-1820), Paris, thèse de l’EHESS, 2002. Anne Godlewska, « Resisting the Cartographic Imperative : Giuseppe Bagetti’s Landscapes of War », Journal of Historical Geography, 29/1, 2003, p. 22-50.

    126  Patrice Bret, « Le moment révolutionnaire, du terrain à la commission topographique de 1802 », dans Isabelle Laboulais (dir.), Les usages des cartes (xviie-xviiie siècle). Pour une approche pragmatique des productions cartographique, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2008, p. 81-97.

    127  Adolphe Thiers, Atlas pour servir à l’intelligence des campagnes de la Révolution française de M. Thiers, Paris, Furne, 1846.

    128  Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité du lavis des plans…, op. cit., p. 41.

    129  Ibid., p. 47.

    130  Ibid., p. 49.

    131  Nicolas Buchotte, Les règles du dessein et du lavis… op. cit., p. 3 et 4 de la préface (non paginée). Le texte est repris presque à l’identique dans les éditions de 1743 et 1754.

    132  Ibid., édition de 1754, p. 171-178.

    133  Article « Perspective à vue d’oiseau », dans Denis Diderot et Jean le Rond d’Alembert (dir.), Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné…, op. cit., Paris, Briasson, 1765, vol. 12, p. 436.

    134  Article « Perspective aérienne », dans ibid, p. 436.

    135  Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité du lavis des plans…, op. cit., p. 46 puis p. 50.

    136  Grégoire Huret, Optique de portraiture et de peinture, 1670, cité dans René Démoris, « Peinture et science au siècle des lumières, l’invention d’un clivage », art. cité, p. 45-60.

    137  Claude-Henri Watelet et Pierre-Charles Levesque, Dictionnaire des arts de peinture, sculpture et gravure, Paris, Prault, 1792, vol. 1, p. 363.

    138  Michael Baxandall, Ombres et lumières, Paris Gallimard, 1999 (1re éd. 1995, Yale University Press), p. 103 et plus généralement p. 103-120.

    139  Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité de perspective linéaire…, op. cit. p. xiv.

    140  Ibid., p. 22-41.

    141  Michael Baxandall, Ombres et lumières…, op. cit., chap. IV.

    142  Sur ce point, Bruno Belhoste, « Du dessin d’ingénieur à la géométrie descriptive », art. cité.

    143  Colonnel Henri Berthaut, La carte de France (1750-1898), Étude historique, Paris, Impression du service géographique de l’Armée, 1898-1899, 2 vol.

    144  Le document qui se trouve sous la cote SHAT (Service historique de l’armée de terre, Vincennes) MR 1978 n° 35, est intégralement cité dans Patrice Bret, « Le dépôt général de la guerre et la formation scientifique des ingénieurs-géographes militaires en France (1789-1830) », Annals of Science, 48/2, 1991, p. 113-157.

    145  Il s’agit du fils de Jean-Baptiste Berthier dont il a été question plus haut.

    146  Gilles Palsky, « Les “cartes de guerre” sous le Consulat et l’Empire », dans La cartografia francesa, Barcelone, Institut Cartográfic de Catalunya, 1996, p. 111-126.

    147  « Topographie », Mémorial topographique et militaire, rédigé au dépôt général de la Guerre par ordre du ministre, Paris, Imprimerie de la République, IIIe trimestre de l’an XI, 200 pages et 17 planches.

    148  SHAT MR 1978 no 35. Hugues Alexandre Joseph Meunier, « Instructions du général Meunier », 13 nivôse an VII.

    149  « Topographie », Mémorial topographique…, art. cité, p. 32-33.

    150  Marie Thébaud-Sorger, « Les premiers ballons et la conquête du ciel. Les dimensions d’une découverte », Dix-huitième siècle, 31, 1999, Mouvement des sciences et esthétiques, p. 159-177.

    151  Thomas F. Baldwin, Airoppaidia : containing the narrative of a balloon excursion from Chester, the eight of September 1785, taken from minutes made during the voyage, Chester, Printed for the Author, 1786.

    152  Pierre Roux-Fazillac, L’Art de la Guerre changé par l’usage des machines aérostatiques, s. l., 1784, cité par Patrice Bret, « Les épreuves aérostatiques de l’École Polytechnique en l’an IV de la géométrie descriptive à l’origine de l’École des Géographes », Sciences et techniques en perspective, 19, 1990-1991, p. 119-142.

    153  Antoine-François Lomet, « Mémoire sur l’emploi des Machines aérostatiques aux reconnaissances militaires et à la construction des Cartes géographiques », Journal de l’École Polytechnique, t. IV, onzième cahier, Messidor an X, p. 252-258 (ici p. 257).

    154  Ibid.

    155  « Topographie », Mémorial topographique…, art. cité, p. 32.

    156  Valeria Pansini, L’œil du topographe et la science de la guerre…, op. cit.

    157  Pierre-Alexandre Allent, chef de bataillon du Génie, « Essai sur les reconnaissances militaires », Mémorial topographique, 4,1804, p. 1-208. Sur ce texte on lira la présentation de sa réédition : André Guillerme, « Essai de reconnaissance militaire. Pierre Alexandre d’Allent », Flux, 0, 1989, p. 5-14.

    158  « Topographie », Mémorial topographique…, art. cité, p. 19.

    159  Louis Puisant, Principes du figuré du terrain et du lavis sur les plans et cartes topographiques, susceptibles de servir de base à l´enseignement du dessin dans les écoles des services publics, Paris, Janet et Cotelle libr., 1827, p. 6-7. « Les officiers du génie n’emploient plus la perspective cavalière pour présenter, sur leurs plans, quelques façades de bâtimens militaires, ou parties verticales de fortification. Partout, à cet égard, l’uniformité est parfaite. »

    160  Edme Sébastien Jeaurat, Traité de perspective à l’usage des artistes, Paris, Jombert, 1750 ; Louis Nicolas de la Caille, Leçons élémentaires d’optique, Paris, chez les frères Guérin, 1750 ; Antoine Deidier, La mesure des surfaces et des solides par l’arithmétique des infinis et les centres de gravité, Paris, Jombert, 1740 ; Louis-Charles Dupain de Montesson, La Science des ombres par rapport au dessin, avec le dessinateur au cabinet et à l’armée, Cellot, Imprimeur Libraire pour l’Art Militaire Successeur de Jombert, 1750, 1786 ; Nicolas Buchotte, Les règles de dessin et du lavis pour les plans particuliers des ouvrages et des bâtimens, Paris, Jombert, 1722 (nouvelle édition avec supplément en 1754) ; Charles Louis François Fossé, Idées d’un Militaire pour la disposition des Troupes confiées aux jeunes officiers dans la défense et l’attaque des Petits Postes, Paris, Jombert jeune, 1783. Pierre de Saint-Morien, La perspective aérienne, soumise à des principes puisés dans la nature, ou nouveau traité du clair-obscur, Paris, Didot fils, 1788.

    161  Catherine Bousquet-Bresollier, « Charles-Antoine Jombert (1712-1784). Un libraire entre sciences et arts », Bulletin du bibliophile, 2, 1997, p. 299-333.

    162  Photo, bibliothèque municipale de Nantes.

    163  Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité du lavis des plans…, op. cit., p. 6.

    164  Ibid., p. 11.

    165  Louis-Nicolas Lespinasse, Traité du lavis des plans…, op. cit., p. 14.

    166  Roger de Piles, Cours de peinture par principes, Paris, Charles Antoine Jombert, 1766. Selon De Piles, il y a trois sortes de vrai : le vrai simple, le vrai idéal et le vrai composé (p. 25-26).

    167  Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité du lavis des plans…, op. cit., Note de la page 21.

    168  Ibid., p. 33.

    169  Ibid., p. 42.

    170  Ibid., p. 46-47.

    171  J’emprunte cette réflexion sur la vue et le paysage à la thèse de Valeria Pansini : L’œil du topographe…, op. cit., p. 318-330. L’article « Paysage » se trouve dans le 4e volume du Dictionnaire des arts de peinture…, op.-cit., p. 8-41.

    172  Ibid., p. 10-12.

    173  Monique Sicard, La fabrique du regard. Images de science et appareils de vision (xve-xxe siècle), Paris, Odile Jacob, 1998, p. 85-88. Élisabeth Lavezzi, « Peinture et savoirs scientifiques. Le cas des observations sur la Peinture (1753) de Jacques Gautier d’Agoty », Dix-huitième siècle, 31, 1999, Mouvement des sciences et esthétiques, p. 233-247.

    174  « Topographie », Mémorial topographique…, art. cité, p. 27.

    175  Ibid., p. 31.

    176  Ibid., p. 24.

    177  Ibid., p. 29.

    178  « Topographie », Mémorial topographique…, art. cité, p. 28.

    179  Ibid., p. 21.

    180  Ibid., p. 22.

    181  Ibid., p. 27.

    182  Marie-Noëlle Bourguet et Christian Licoppe, « Voyages, mesures et instruments : une nouvelle expérience du monde au siècle des lumières », Annales HSS, 52/5, 1997, p. 1115-1151.

    183  Philippe Déan, « Diderot, la figure et le lieu : de la théorie du paysage aux pastorales de Boucher », Recherches sur Diderot et l’Encyclopédie, 25, 1998, p. 41-73.

    184  Louis-Nicolas de Lespinasse, De la perspective des batailles, Paris, Magimel, 1809.

    185  Cité par Dominique Pestre, « Pour une histoire sociale et culturelle des sciences. Nouvelles définitions, nouveaux objets, nouvelles pratiques », Annales HSS, 50/3, 1995, p. 487-522.

    186  Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Le peintre et l’arpenteur…, op. cit.

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    1  Sur cet aspect, on lira le premier chapitre de Hélène Vérin, La Gloire des ingénieurs, l’intelligence technique du xvie au xviiie siècle, Paris, Albin Michel, 1993.

    2  Antoine-Chrysostome Quatremère de Quincy, « Engin », dans Encyclopédie Méthodique, t. 5, Architecture, vol. 2, Paris, chez Mme veuve Agasse, 1820, p. 336.

    3  Hélène Vérin, La Gloire des ingénieurs…, op. cit., p. 160-166.

    4  Bernard Lepetit, Chemins de terre & voies d’eau, réseaux, transports organisation de l’espace, Paris, Éditions de l’EHESS, 1984 (chap. 1), citation p. 37. Nicolas Verdier « Le réseau technique est-il un impensé du xviiie siècle : le cas de la poste aux chevaux », Flux. Cahiers scientifiques internationaux Réseaux et Territoires, 68, 2007, p. 7-21.

    5  AN F14 10381 (2), Carte itinéraire de la France et de partie des États limitrophes à l’usage des Ponts et Chaussées, dressée par ordre de M. le directeur général d’après la carte de Cassini, 1814.

    6  Article « Plan », dans Pierre Richelet, Dictionnaire françois contenant les mots et les choses…, Genève, Jean Herman Widerhold, 1680, vol. 2, p. 172

    7  Antoine Furetière, Essais d’un Dictionnaire, Dictionnaire universel contenant tous les mots françois tant vieux que modernes & les termes de toutes les Sciences & des Arts, specifiez dans la page suivante, Amsterdam, Henri Desbordes, 1690, vol. 3, n. p.

    8  Article « Dessein », dans Pierre Richelet, Dictionnaire françois, op. cit., vol. 1, p. 236.

    9  Article « Projet », dans Denis Diderot et Jean le Rond d’Alembert (dir.), Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné…, op. cit., 1765, vol. 13, p. 441.

    10  Nicolas Buchotte, Les règles du dessein et du lavis pour les plans…, Paris, Cl. Jombert, 1722. Nicolas Buchotte, Les règles du dessin et du lavis pour les plans…, Paris, L. Cellot, successeur de Ch.-Ant. Jombert, 1754.

    11  René Démoris, « Peinture et science au siècle des lumières, l’invention d’un clivage », art. cité.

    12  Sur les difficultés d’une datation précise de la naissance du corps des ingénieurs du Génie, on lira l’avant-propos d’Anne Blanchard, Les Ingénieurs du « Roy » de Louis XIV à Louis XVI. Étude du corps des fortifications, Montpellier, Presses de l’université Paul-Valéry, 1979 (pour plus de détails, p. 35-70).

    13  René Taton, « L’école royale du Génie de Mézières », dans Id. (dir.), Enseignement et diffusion des sciences en France au xviiie siècle, Paris, Hermann, 1986, p. 559-615.

    14  Henri Berthaut, Les Ingénieurs géographes militaires 1624-1831 : étude historique, Paris, Impression du service géographique de l’Armée, 1902, 2 vol.

    15  Eugène Vignon, Études sur l’administration des voies publiques en France aux dix-septième et dix-huitième siècles, t. II, Pièces justificatives, Paris, Dunod, 1862, p. 35-36.

    16  Antoine Picon, L’invention de l’ingénieur moderne : l’École des Ponts et Chaussées, 1747-1851, Paris, Presses de l’ENPC, 1992.

    17  Émilie d’Orgeix, « L’albero delle fortificazioni de Giovan Francesco Fiammelli (1604), ou la place du Prince dans la réthorique militaire moderne », dans Jean-Philippe Garric, Frédérique Lemerle et Yves Pauwels, Architecture et Théorie. L’héritage de la Renaissance (« Actes de colloques »), [http://inha.revues.org/3398].

    18  Nicolas Faret, L’Honeste Homme ou l’Art de Plaire à la Court, Paris, Toussaincts de Bray, 1630, p. 50 (éditions 1630, 1631, 1634 [en français et en espagnol], 1639, 1640, 1656, 1658, 1660, 1662 [en italien], 1664 et 1681).

    19  Article « Capitaine », dans Le Grand Dictionnaire de l’Académie Française, avant-première, Francfort-sur-le-Main, Fred Arnaud, 1687.

    20  Sur la carte chez Manesson-Mallet, les informations viennent de Émilie d’Orgeix, « Alain Manesson-Mallet (1630-1706), portrait d’un ingénieur militaire dans le sillage de Vauban », Le Monde des cartes, 195, 2008, p. 67-74. Pour les ouvrages : Allain Manesson-Mallet, Les travaux de Mars ou la Fortification nouvelle tant régulière qu’irrégulière, Paris, chez l’auteur, Jean Henault et Claude Barbin, 1671. Id., Les travaux de Mars ou l’Art de la Guerre divisé en trois parties, Paris, Denys Thierry, 1685.

    21  Sur l’ouvrage, on lira : William B. MacGregor, « Illustration and its Afterlife. The Visual Uses of Sebastien Le Clerc’s Pratique de la Géométrie », Visual Ressources. An International Journal of Documentation, 17/1, 2001, p. 37-94.

    22  Sébastien Le Clerc, Pratique de la Géométrie sur le papier et sur le terrain. Ou par une méthode nouvelle & singulière l’on peut avec facilité, & en peu de temps se perfectionner en cette science, Paris, à l’Image de Nostre-Dame, 1682, p. 4.

    23  Sébastien Le Clerc, Pratique de la Géométrie sur le papier et sur le terrain. Ou par une méthode nouvelle & singulière l’on peut avec facilité, & en peu de temps se perfectionner en cette science, Paris, chez Pierre Mortier, 1691, p. 24-25.

    24  Allain Manesson-Mallet, Les travaux de Mars, op. cit., 1685, t. 1, p. 222-224.

    25  Ibid., p. 222.

    26  Ibid., p. 173.

    27  Ibid., t. 1, p. 6.

    28  Émilie d’Orgeix, « Alain Manesson-Mallet (1630-1706)… », art. cité.

    29  Pour le xviie siècle, on verra Catherine Bousquet-Bressolier, « Les mathématiques de l’honnête homme : manuels pratiques à l’usage des officiers et ingénieurs au xviie siècle », Revue française d’histoire du livre, no 114-115, 2002, p. 79-108.

    30  Jean-Baptiste Naudin, L’ingénieur français, contenant la géométrie pratique sur le papier & sur le terrain, avec le toisé des travaux et des bois ; la fortification régulière et irrégulière ; sa construction effective ; l’attaque et la défense des places. Avec la méthode de monsieur Vauban, & l´explication de son nouveau système, Amsterdam, Georges Callet, 1697. Antoine Deidier, Le parfait ingénieur, ou la fortification offensive et défensive, Amsterdam, La compagnie des libraires, 1739 (autres éd. : 1742, 1757).

    31  Guillaume Le Blond, L’Arithmétique et la géométrie de l’officier contenant la théorie et la pratique de ces deux sciences appliquées aux différens emplois de l’homme de guerre, Paris, C. A. Jombert, 1748 (autre éd. 1767). Louis-Charles Dupain de Montesson, Les connaissances géométriques à l’usage des officiers employés dans le détail des marches, campemens et subsistances des armées, Paris, C. A. Jombert, 1774.

    32  Pour Allain Manesson-Mallet, je m’appuie sur le travail d’Émilie d’Orgeix : « Alain Manesson-Mallet (1630-1706)… », art. cité.

    33  Sur ce point verra Catherine Bousquet-Bressolier, « Les mathématiques de l’honnête homme… », art. cité.

    34  Allain Manesson-Mallet, Les travaux de Mars, op. cit., p. 222.

    35  Edme de La Poix de Fréminville, La pratique universelle pour la rénovation des Terriers et des droits seigneuriaux, contenant les questions les plus importantes sur cette matière, & sur les décisions, tant pour les pays coutumiers, que ceux régis par le droit écrit, Paris, Morel et Gissey, 1746.

    36  Allain Manesson-Mallet, Géométrie pratique divisée en quatre livres, Paris, chez Anisson, 1702, 1re page de l’avertissement non paginé.

    37  Allain Manesson-Mallet, Description de l’univers contenant les différents systèmes du Monde, les cartes générales & particulières de la Géographie ancienne et moderne : les Plans & les Profils des principales Villes & des autres lieux plus considérables de la Terre ; avec les Portraits des Souverains qui y commandent, leurs Blasons, Titres & Livrées. Et les Mœurs, Religions, Gouvernemens & divers habillemens de chaque Nation, Paris, Denys Thierry, 1683.

    38  On trouve de très nombreuses approximations sur la date de naissance du Dupain de Montesson. Il semble que selon l’Annuaire historique, il soit né le 18 août 1713. Sur ce point : Annuaire Historique pour l’année 1839, publiée par la société de l’histoire de France, Paris, Jules Renouard, 1838, p. 43.

    39  Pierre Lamandé, « Lacroix, les lignes de niveau à l’appui d’une nouvelle vision de la géographie physique », Le Monde des cartes, 199, 2009, p. 23-34.

    40  Louis-Charles Dupain de Montesson, La Science des ombres par rapport au dessein, ouvrage nécessaire à ceux qui veulent dessiner l’Architecture Civile & Militaire, ou qui se destinent à la Peinture, Paris, chez Charles Antoine Jombert, 1750.

    41  Charles-Louis Dupain de Montesson, L’Art de lever les plans, de tout ce qui a rapport à la guerre & à l’architecture civile & champêtre, Paris, Charles Antoine Jombert, 1763.

    42  Mercure de France, février 1745, p. 150-151.

    43  Mercure de France, décembre 1760, p. 205-208.

    44  Mercure de France, août 1767, p. 139-147. Il publie la même année un ouvrage : Leçons de dessins et de lavis, constatant en plusieurs suites de dessin relatives aux élévations géométrales, ou en perspectives ; aux paysages, aux plans géométraux & topographiques sur toutes sortes de points d’échelle ; aux cartes géographiques de toutes espèces ; à la fortification, castramétation, artillerie, tactique & autres parties de l’art militaire, Paris, chez l’auteur, 1767.

    45  Mercure de France, juillet 1762, p. 159-163 et octobre 1762, p. 169. On ne peut que regretter que ce moment n’ait pas été plus travaillé.

    46  Nicolas Buchotte, Les règles du dessin et du lavis pour les plans particuliers des ouvrages et des bâtimens, Paris, Jombert, 1722.

    47  Louis-Charles Dupain de Montesson, La Science de l’Arpenteur dans toute son étenduë, Paris, Jaillot Géographe, 1766 (rééditions chez Jombert en 1775, 1776, puis chez Goeury 1800, 1803, 1813).

    48  Louis-Charles Dupain de Montesson, L’Art de lever les plans, de tout ce qui a rapport à la guerre & à l’architecture civile & champêtre, Paris, Charles Antoine Jombert, 1775 (2e éd.), p. 4.

    49  Ibid.

    50  Louis-Charles Dupain de Montesson, L’art de lever les plans, op. cit., p. 4-5 et p. 7.

    51  Ibid., p. 7.

    52  Il s’agit probablement d’une école d’artillerie. Sur ce point Frédéric Artz, « Les débuts de l’éducation technique en France (1500-1700) », Revue d’histoire moderne, 29-30, 1937, p. 469-519.

    53  Paul de Clermont, La Géométrie pratique de l’Ingénieur, ou l’Art de mesurer. Ouvrage également nécessaire aux Ingénieurs, aux Toiseurs & aux Arpenteurs, dédié à Monsieur de Vauban, Strasbourg, chez Guil. Schmuck, 1693 (autres éditions chez différents éditeurs : 1723, 1733, 1755, 1775).

    54  Antoine Allent, Histoire du corps impérial du Génie des Sièges des travaux qu’il a dirigés, et des changemens que l’attaque, la défense, la construction et l’administration des forteresses ont reçus en France, depuis l’origine de la fortification moderne jusqu’à nos jours, Paris, Magimel, 1805, p. 137.

    55  Paul de Clermont, L’Arithmétique militaire, ou l’Arithmétique pratique de l’ingénieur ou l’Art de Mesurer, Paris, P. Witte, 1733.

    56  Philippe de La Hire, L’Ecole des Arpenteurs, où l’on enseigne toutes les pratiques de Géométrie qui sont nécessaires aux arpenteurs…, Paris, T. Moette, 1689.

    57  Jacques Ozanam, Méthode de lever les plans et les cartes de terre et de mer avec toutes sortes d’instrumens et sans instrumens, la description et l’usage de ces instrumens…, Paris, E. Michallet, 1693 (autres éditions 1700, 1716, 1750, 1756, 1780, 1781, 1804).

    58  Alexandre Savérien, Dictionnaire Universel de Mathématique et de Physique, Paris, Rollin et Jombert, t. 1, 1753, p. 459. Pour Daudet : Louis-Pierre Daudet, Nouvelle introduction à la géométrie pratique tirée des meilleurs auteurs, Paris, Ganeau, 1730 (réed. 1740).

    59  Jean Petot, Histoire de l’administration des Ponts et Chaussées, 1599-1815, Paris, Marcel Rivière, 1958, p. 139.

    60  Sur Nicolas de Chastillon, on lira Bruno Belhoste, « Du dessin d’ingénieur à la géométrie descriptive, l’enseignement de Chastillon à l’École royale du génie de Mézières », In Extenso, juin 1990, p. 103-135.

    61  René Taton, « L’école royale du Génie de Mézières », art. cité. Bruno Belhoste, « Du dessin d’ingénieur à la géométrie descriptive », art. cité.

    62  Émilie d’Orgeix, « Les atlas militaires manuscrits de la première moitié du xviie siècle », dans Catherine Bousquet-Bressolier (dir.), Le paysage des cartes : genèse d’une codification, Paris, Musée des plans reliefs, 1999, p. 29-48.

    63  Guillaume Monsaingeon, « Le silence cartographique de Vauban », Textimage, revue d’étude du dialogue texte-image, 2, 2008 [http://www.revue-textimage.com].

    64  Émilie d’Orgeix, « Éclosion et mise en place d’une littérature spécialisée enseignant les règles de dessin militaire à l’usage des Ingénieurs Royaux à la fin du xviie siècle et au début du xviiie siècle », Cahiers du Centre d’études d’histoire de la défense, 6, 1998, p. 57-76. Isabelle Warmoes, « La rationalisation de la production cartographique à grande échelle au temps de Vauban », Le Monde des cartes, 195, 2008, p. 55-66. Sébastien le Prestre de Vauban, Instruction pour les ingénieurs et dessineurs qui lèvent les plans des Places du Roy ou des Cartes, Paris, Impr. royale, 1714.

    65  Guillaume Monsaingeon, « Vauban a-t-il raté la Révolution cartographique ? », dans Thierry Martin et Michèle Virol (dir.), Vauban architecte de la modernité, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2008, p. 233-262.

    66  Antoine-Marie Augoyat, Aperçu historique sur les fortifications, les ingénieurs et sur le corps du génie en France, Paris, Tanera et Dumaine, vol. 1, 1862, p. 43.

    67  Ibid., p. 37.

    68  Anne Blanchard, Les Ingénieurs du « Roy »… op. cit., p. 193-194.

    69  René Taton, « L’école royale du Génie de Mézières », art. cité, p. 569.

    70  Henri Gautier, Traité de la construction des chemins où il est placé ceux des Romains & ceux des Modernes, de leur figure, de leur matière & de leur disposition dans toute sorte de lieux, Toulouse, Dominique Camusat, 1693 (réed. Paris, Seneuse et Cailleau, 1715 ; Paris, s. n., 1716, Paris, Cailleau, 1721 ; Paris, Duchesne, 1745, Paris, Cailleau 1750 ; Paris, Laporte, et Paris, Duschesne 1755, Paris, Laporte, 1778).

    71  Ibid., édition consultée 1721, p. 113, p. 120, p. 143.

    72  Mémoire du Directeur général des Ponts et Chaussées sur la conduite du travail par corvées, Paris, Imprimerie Royale, 1737, p. 1-2. Le texte est publié dans Simon-Etienne Hyenne, De la corvée en France, et en particulier dans l’ancienne province de Franche-Comté, Besançon, Jacquin impr. Libr., 1862, p. 20-31.

    73  Ibid., p. 22.

    74  Ibid., p. 21.

    75  Mémoire du Directeur général des Ponts et Chaussées, op. cit., p. 25.

    76  Philibert Orry, Mémoire instructif sur la Réparation des chemins, 13 juin 1738, cité dans Eugène Vignon, Études historiques sur l’administration des voies publiques en France avant 1790, Paris, t. III, pièce justificative n° 9, 1862-1880, p. 3-7.

    77  René Taton, « L’école royale du Génie de Mézières »…, art. cité, p. 590.

    78  Bruno Belhoste, Antoine Picon et Joël Sakarovitch, « Les exercices dans les écoles d’ingénieurs sous l’Ancien Régime et la Révolution », Histoire de l’éducation, 46, 1990, p. 53-109.

    79  Antoine-Marie Augoyat, Aperçu historique sur les fortifications…, op. cit., vol. 2, p. 445-446.

    80  Bruno Belhoste, « Du dessin d’ingénieur à la géométrie descriptive », art. cité.

    81  Bruno Belhoste, Antoine Picon et Joël Sakarovitch, « Les exercices dans les écoles d’ingénieurs », art. cité.

    82  ANF14 9790, Machaults d’Arnouville, Instruction sur les fonctions des employés subalternes des Ponts & Chaussées, Paris, Imprimerie royale, 1748, articles 6, 11 et 12.

    83  François-Pierre Tarbé de Saint-Hardouin, « L’ancienne école des Ponts et Chausées », Annales des Ponts et Chaussées, Mémoires et documents relatifs à l’Art des constructions et au service de l’Ingénieur, 6e série, 10, 1885, p. 352-361.

    84  Antoine Picon et Michel Yvon, L’ingénieur artiste, Dessins anciens de l’École des Ponts et Chaussées, Paris, Presses de l’ENPC, 1989.

    85  Henri Berthaut, Les Ingénieurs géographes militaires 1624-1831…, op. cit.

    86  Le défilement est une technique de protection des fortifications qui, partant d’une connaissance fine de la topographie, définit la hauteur à attribuer aux murailles pour qu’elles ne puissent être atteintes par des tirs directes. Sa figuration s’attache plus au relief qu’aux surfaces. Sur ce point, Bruno Belhuste, « Le dessin de la carte dans la fonction des ingénieurs du Génie de 1750 à 1850 », Revue du Comité français de cartographie, 1994, 139, p. 39-42.

    87  Marcelin Du Carla, Expression des nivellemens, ou nouvelle méthode pour marquer rigoureusement sur les cartes terrestres & marines les hauteurs & les configurations du terrein, Paris, Cellot, 1782.

    88  Georges Pichard, « Représentation et compréhension du terrain chez les ingénieurs du Génie au xviiie siècle », Travaux du comité français d’histoire de la géologie », 3e série, 12/1, 1998, p. 1-16.

    89  Josef Konvitz, Cartography in France 1660-1848, Chicago, University of Chicago Press, 1987, p. 77-81. François de Dainville, « De la profondeur à l’altitude : des origines de l’expression cartographique du relief terrestre par côtes et courbes de niveau », dans Michel Mollat (présenté par), Le navire et l’économie maritime du Moyen Âge au dix-huitième siècle, Paris, SEVPEN, 1959, p. 195-203.

    90  Sur Louis-Urbain-Aubert de Tourny, qui semble avoir eu des idées très arrêtées sur ce que devait être le travail des Ponts et Chaussées, on lira : Michel Lhéritier, Tourny Intendant de Bordeaux, Paris, Félix Alcan, 1920.

    91  Archives départementales de Gironde, C 1847, « Instruction adressée par Daniel Charles Trudaine à l’intendant de Tourny en poste à Bordeaux », Paris, 29 août 1744, citée dans les annexes de Stéphane Blond, L’Atlas Trudaine, Pouvoirs, administrations et savoirs techniques (vers 1730-vers1780), thèse, Paris, EHESS, sous la direction de Daniel Nordman, 2008.

    92  Archives départementales de Gironde, C 1847, « Correspondance entre Tourny et Trudaine », Bordeaux le 20 octobre 1744, citée dans les annexes de Stéphane Blond, L’Atlas Trudaine…, op. cit.

    93  On notera sur ce point que la carte de Cassini évite de dessiner les routes qui sont bien trop changeantes pour intégrer une carte devant durer.

    94  Archives départementales de Gironde, C 1854, « Correspondance entre Trudaine et Tourny », citée dans les annexes de Stéphane Blond, L’Atlas Trudaine…, op. cit.

    95  Sur ce point Nicolas Verdier, « Modeler le territoire : les ingénieurs des Ponts et chaussées et leurs usages de la carte », art. cité.

    96  Arrêt du Conseil d’État qui nomme le sieur Perronet directeur du bureau des dessinateurs, 14 février 1747, cité dans les pièces justificatives d’Eugène Vignon, Études historiques sur l’administration des voies publiques en France avant 1790, Paris, t. 2, pièce justificative no 327, 1862-1880, p. 150-151.

    97  Archives départementale de Côte-d’Or C 3859, « Règlement pour la levée des Cartes des Routes & Chemins du Duché de Bourgogne », 15 janvier 1759, cité dans les annexes de Stéphane Blond, L’Atlas Trudaine…, op. cit.

    98  César François Cassini de Thury, « Sur la description géométrique de la France », Mémoire du 13 novembre 1745, dans Histoire de l’Académie Royale des Sciences, année MDCCXLV, avec les mémoires de mathématique & de physique pour la même année, Paris, Imprimerie Royale, 1749, p. 553-560.

    99  Jean-Claude Perrot, L’âge d’or de la statistique régionale française (an IV-1804), Paris, Société des études robespierristes, 1977.

    100  Guy Arbellot, « La grande mutation des routes de France au milieu du xviiie siècle », Annales ESC, 28/3, 1973, p. 765-792.

    101  Archives municipales du Havre, 10Z9, « Concours pour l’amélioration du port et l’agrandissement de la ville du Havre (1778-1787) », atlas de plans aquarellés.

    102  BNF GEC-24818 (RES), « Plan du Havre avec le projet des ouvrages, pour l’amélioration du port, et l’agrandissement de la ville proposé par Mr de Gaule et de Mr de Bressol, adopté en 1782. par Mms les Commissaires de l’Academie Royale des Siences de Paris avec des changemens », 1782.

    103  Archives municipales du Havre, 10Z9, « Concours pour l’amélioration du port et l’agrandissement de la ville du Havre (1778-1787) », art. cité.

    104  Graber Frédéric, « Du faiseur de projet au projet régulier dans les travaux publics (xviiie-xixe siècles) : pour une histoire des projets », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 58/3, 2011, p. 7-33.

    105  Archives départementales de Maine-et-Loire 1 Fl art. 311, « Plan de la Ville de Chollet avec les redressemens proposés par l’Ingénieur en Chef du Département de Maine et Loire, le 19 fructidor an VI de la République française » (extraits).

    106  Nicolas Verdier, « Cartes et paysages : tenter la médiation au xviiie siècle. La question des paysages en plan et en perspective », Les Carnets du Paysage, 20, 2010, p. 14-31.

    107  Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité du lavis des plans appliqué principalement aux reconnaissances militaires. Ouvrage fondé sur les principes de l’Art qui a pour objet l’imitation de la nature, et où l’on enseigne à rendre, avec toute l’exactitude possible, sur de grandes échelles, un terrain quelconque, Paris, chez Magimel, Libraire pour l’Art Militaire, 1801.

    108  Service historique de l’armée de terre (SHAT) Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, Mémoire de Mr de Mouy le 17 octobre 1765.

    109  Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Dictionnaire historique des généraux français, depuis le onzième siècle jusqu’en 1820, t. 5, Paris, chez l’auteur, 1822, p. 437-448.

    110  Augustin de Lespinasse, Traité sur la théorie et la pratique du nivellement à l’usage des anciennes écoles du corps royal de l’artillerie, Avignon, 1768 ; une seconde édition, était prévue chez Didot en 1804, mais seule l’introduction à la nouvelle édition a finalement été publiée.

    111  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, « Certificat de service », 7 frimaire an VI.

    112  Apula Rea Radisich, « Eighteenth-Century Plein-Air Painting and the Sketches of Pierre Henri de Valenciennes », The Art Bulletin, 64/1, mars 1982, p. 98-104.

    113  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, « Certificat de service », 7 frimaire an VI.

    114  Youri Carbonnier, « Images du paysage urbain : des sources pour connaître la ville moderne », dans Les paysages à l’époque moderne, Bulletin de l’association des historiens modernistes des universités françaises, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2008, p. 43-67.

    115  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, Lettre de « Lespinasse, général de division au général Millet, nouveau ministre de la Guerre », 26 floréal an 7.

    116  Antoine Thomé, Vie de David, Paris, Tarier et Grignon, 1826, p. 77.

    117  Jules Renouvier et Anatole de Montaiglon, Histoire de l’art pendant la Révolution 1789-1804, Paris, Jules Renouard, Libraire-Éditeur, 1863, p. 12.

    118  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, Lettre de « Lespinasse, général de division au général Millet, nouveau ministre de la Guerre », 26 floréal an 7.

    119  AN AF III 14, Procès-verbaux du Directoire exécutif de l’an V à l’an VII, (Séance du 11 ventôse an VII (1er mars 1799) et décision du 22 ventôse an VII (12 mars 1799).

    120  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, « Certificat de service », 7 frimaire an VI.

    121  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis-Nicolas de Lespinasse, Lettre au « ministre de la Guerre, du général Lespinasse », 2 thermidor an VI.

    122  SHAT Vincennes, 2 Y 2520, Louis Nicolas Lespinasse (série de lettres du général Lespinasse).

    123  Augustin de Lespinasse, Essai sur l’organisation de l’artillerie, par le Général Lespinasse, Paris Magimel, 1800 ; Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité de perspective linéaire à l’usage des artistes, contenant la pratique de cette science, d’après les meilleurs auteurs ; les méthodes les plus simples, pour mettre toutes sortes d’objets en perspective, leurs réflexions dans l´eau, et leurs ombres, tant au soleil qu’au flambeau, Paris, chez Magimel, Libraire pour l’Art Militaire, 1801 (une note du Traité du lavis, p. 43 laisse entendre que le Traité de perspective aurait été le premier a être publié).

    124  En réalité l’Académie de peinture et sculpture a été supprimée en août 1793.

    125  Valeria Pansini, L’œil du topographe et la science de la guerre. Travail scientifique et perception militaire (1760-1820), Paris, thèse de l’EHESS, 2002. Anne Godlewska, « Resisting the Cartographic Imperative : Giuseppe Bagetti’s Landscapes of War », Journal of Historical Geography, 29/1, 2003, p. 22-50.

    126  Patrice Bret, « Le moment révolutionnaire, du terrain à la commission topographique de 1802 », dans Isabelle Laboulais (dir.), Les usages des cartes (xviie-xviiie siècle). Pour une approche pragmatique des productions cartographique, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2008, p. 81-97.

    127  Adolphe Thiers, Atlas pour servir à l’intelligence des campagnes de la Révolution française de M. Thiers, Paris, Furne, 1846.

    128  Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité du lavis des plans…, op. cit., p. 41.

    129  Ibid., p. 47.

    130  Ibid., p. 49.

    131  Nicolas Buchotte, Les règles du dessein et du lavis… op. cit., p. 3 et 4 de la préface (non paginée). Le texte est repris presque à l’identique dans les éditions de 1743 et 1754.

    132  Ibid., édition de 1754, p. 171-178.

    133  Article « Perspective à vue d’oiseau », dans Denis Diderot et Jean le Rond d’Alembert (dir.), Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné…, op. cit., Paris, Briasson, 1765, vol. 12, p. 436.

    134  Article « Perspective aérienne », dans ibid, p. 436.

    135  Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité du lavis des plans…, op. cit., p. 46 puis p. 50.

    136  Grégoire Huret, Optique de portraiture et de peinture, 1670, cité dans René Démoris, « Peinture et science au siècle des lumières, l’invention d’un clivage », art. cité, p. 45-60.

    137  Claude-Henri Watelet et Pierre-Charles Levesque, Dictionnaire des arts de peinture, sculpture et gravure, Paris, Prault, 1792, vol. 1, p. 363.

    138  Michael Baxandall, Ombres et lumières, Paris Gallimard, 1999 (1re éd. 1995, Yale University Press), p. 103 et plus généralement p. 103-120.

    139  Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité de perspective linéaire…, op. cit. p. xiv.

    140  Ibid., p. 22-41.

    141  Michael Baxandall, Ombres et lumières…, op. cit., chap. IV.

    142  Sur ce point, Bruno Belhoste, « Du dessin d’ingénieur à la géométrie descriptive », art. cité.

    143  Colonnel Henri Berthaut, La carte de France (1750-1898), Étude historique, Paris, Impression du service géographique de l’Armée, 1898-1899, 2 vol.

    144  Le document qui se trouve sous la cote SHAT (Service historique de l’armée de terre, Vincennes) MR 1978 n° 35, est intégralement cité dans Patrice Bret, « Le dépôt général de la guerre et la formation scientifique des ingénieurs-géographes militaires en France (1789-1830) », Annals of Science, 48/2, 1991, p. 113-157.

    145  Il s’agit du fils de Jean-Baptiste Berthier dont il a été question plus haut.

    146  Gilles Palsky, « Les “cartes de guerre” sous le Consulat et l’Empire », dans La cartografia francesa, Barcelone, Institut Cartográfic de Catalunya, 1996, p. 111-126.

    147  « Topographie », Mémorial topographique et militaire, rédigé au dépôt général de la Guerre par ordre du ministre, Paris, Imprimerie de la République, IIIe trimestre de l’an XI, 200 pages et 17 planches.

    148  SHAT MR 1978 no 35. Hugues Alexandre Joseph Meunier, « Instructions du général Meunier », 13 nivôse an VII.

    149  « Topographie », Mémorial topographique…, art. cité, p. 32-33.

    150  Marie Thébaud-Sorger, « Les premiers ballons et la conquête du ciel. Les dimensions d’une découverte », Dix-huitième siècle, 31, 1999, Mouvement des sciences et esthétiques, p. 159-177.

    151  Thomas F. Baldwin, Airoppaidia : containing the narrative of a balloon excursion from Chester, the eight of September 1785, taken from minutes made during the voyage, Chester, Printed for the Author, 1786.

    152  Pierre Roux-Fazillac, L’Art de la Guerre changé par l’usage des machines aérostatiques, s. l., 1784, cité par Patrice Bret, « Les épreuves aérostatiques de l’École Polytechnique en l’an IV de la géométrie descriptive à l’origine de l’École des Géographes », Sciences et techniques en perspective, 19, 1990-1991, p. 119-142.

    153  Antoine-François Lomet, « Mémoire sur l’emploi des Machines aérostatiques aux reconnaissances militaires et à la construction des Cartes géographiques », Journal de l’École Polytechnique, t. IV, onzième cahier, Messidor an X, p. 252-258 (ici p. 257).

    154  Ibid.

    155  « Topographie », Mémorial topographique…, art. cité, p. 32.

    156  Valeria Pansini, L’œil du topographe et la science de la guerre…, op. cit.

    157  Pierre-Alexandre Allent, chef de bataillon du Génie, « Essai sur les reconnaissances militaires », Mémorial topographique, 4,1804, p. 1-208. Sur ce texte on lira la présentation de sa réédition : André Guillerme, « Essai de reconnaissance militaire. Pierre Alexandre d’Allent », Flux, 0, 1989, p. 5-14.

    158  « Topographie », Mémorial topographique…, art. cité, p. 19.

    159  Louis Puisant, Principes du figuré du terrain et du lavis sur les plans et cartes topographiques, susceptibles de servir de base à l´enseignement du dessin dans les écoles des services publics, Paris, Janet et Cotelle libr., 1827, p. 6-7. « Les officiers du génie n’emploient plus la perspective cavalière pour présenter, sur leurs plans, quelques façades de bâtimens militaires, ou parties verticales de fortification. Partout, à cet égard, l’uniformité est parfaite. »

    160  Edme Sébastien Jeaurat, Traité de perspective à l’usage des artistes, Paris, Jombert, 1750 ; Louis Nicolas de la Caille, Leçons élémentaires d’optique, Paris, chez les frères Guérin, 1750 ; Antoine Deidier, La mesure des surfaces et des solides par l’arithmétique des infinis et les centres de gravité, Paris, Jombert, 1740 ; Louis-Charles Dupain de Montesson, La Science des ombres par rapport au dessin, avec le dessinateur au cabinet et à l’armée, Cellot, Imprimeur Libraire pour l’Art Militaire Successeur de Jombert, 1750, 1786 ; Nicolas Buchotte, Les règles de dessin et du lavis pour les plans particuliers des ouvrages et des bâtimens, Paris, Jombert, 1722 (nouvelle édition avec supplément en 1754) ; Charles Louis François Fossé, Idées d’un Militaire pour la disposition des Troupes confiées aux jeunes officiers dans la défense et l’attaque des Petits Postes, Paris, Jombert jeune, 1783. Pierre de Saint-Morien, La perspective aérienne, soumise à des principes puisés dans la nature, ou nouveau traité du clair-obscur, Paris, Didot fils, 1788.

    161  Catherine Bousquet-Bresollier, « Charles-Antoine Jombert (1712-1784). Un libraire entre sciences et arts », Bulletin du bibliophile, 2, 1997, p. 299-333.

    162  Photo, bibliothèque municipale de Nantes.

    163  Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité du lavis des plans…, op. cit., p. 6.

    164  Ibid., p. 11.

    165  Louis-Nicolas Lespinasse, Traité du lavis des plans…, op. cit., p. 14.

    166  Roger de Piles, Cours de peinture par principes, Paris, Charles Antoine Jombert, 1766. Selon De Piles, il y a trois sortes de vrai : le vrai simple, le vrai idéal et le vrai composé (p. 25-26).

    167  Louis-Nicolas de Lespinasse, Traité du lavis des plans…, op. cit., Note de la page 21.

    168  Ibid., p. 33.

    169  Ibid., p. 42.

    170  Ibid., p. 46-47.

    171  J’emprunte cette réflexion sur la vue et le paysage à la thèse de Valeria Pansini : L’œil du topographe…, op. cit., p. 318-330. L’article « Paysage » se trouve dans le 4e volume du Dictionnaire des arts de peinture…, op.-cit., p. 8-41.

    172  Ibid., p. 10-12.

    173  Monique Sicard, La fabrique du regard. Images de science et appareils de vision (xve-xxe siècle), Paris, Odile Jacob, 1998, p. 85-88. Élisabeth Lavezzi, « Peinture et savoirs scientifiques. Le cas des observations sur la Peinture (1753) de Jacques Gautier d’Agoty », Dix-huitième siècle, 31, 1999, Mouvement des sciences et esthétiques, p. 233-247.

    174  « Topographie », Mémorial topographique…, art. cité, p. 27.

    175  Ibid., p. 31.

    176  Ibid., p. 24.

    177  Ibid., p. 29.

    178  « Topographie », Mémorial topographique…, art. cité, p. 28.

    179  Ibid., p. 21.

    180  Ibid., p. 22.

    181  Ibid., p. 27.

    182  Marie-Noëlle Bourguet et Christian Licoppe, « Voyages, mesures et instruments : une nouvelle expérience du monde au siècle des lumières », Annales HSS, 52/5, 1997, p. 1115-1151.

    183  Philippe Déan, « Diderot, la figure et le lieu : de la théorie du paysage aux pastorales de Boucher », Recherches sur Diderot et l’Encyclopédie, 25, 1998, p. 41-73.

    184  Louis-Nicolas de Lespinasse, De la perspective des batailles, Paris, Magimel, 1809.

    185  Cité par Dominique Pestre, « Pour une histoire sociale et culturelle des sciences. Nouvelles définitions, nouveaux objets, nouvelles pratiques », Annales HSS, 50/3, 1995, p. 487-522.

    186  Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Le peintre et l’arpenteur…, op. cit.

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    Verdier, N. (2015). Chapitre 8. Deux évolutions du rapport à la carte : ingénieurs militaires vs ingénieurs des Ponts et Chaussées. In La carte avant les cartographes (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.101217
    Verdier, Nicolas. « Chapitre 8. Deux évolutions du rapport à la carte : ingénieurs militaires vs ingénieurs des Ponts et Chaussées ». In La carte avant les cartographes. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2015. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.101217.
    Verdier, Nicolas. « Chapitre 8. Deux évolutions du rapport à la carte : ingénieurs militaires vs ingénieurs des Ponts et Chaussées ». La carte avant les cartographes, Éditions de la Sorbonne, 2015, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.101217.

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    Verdier, N. (2015). La carte avant les cartographes (1‑). Éditions de la Sorbonne. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.101097
    Verdier, Nicolas. La carte avant les cartographes. Paris: Éditions de la Sorbonne, 2015. https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.101097.
    Verdier, Nicolas. La carte avant les cartographes. Éditions de la Sorbonne, 2015, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.101097.
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