Géographes français en Seconde Guerre mondiale
Territoires en mouvementsÉditeur : Éditions de la Sorbonne
Lieu d’édition : Paris
Publication sur OpenEdition Books : 16 mai 2022
Collection : Territoires en mouvements
Année d’édition : 2021
Nombre de pages : 446
Présentation
« La terre, elle, ne ment pas. » Ces mots bien connus, valant slogan de la « Révolution nationale », ont longtemps fait croire que les géographes français avaient trouvé un terreau favorable dans le régime de Vichy, comme semblait le montrer sa décision de créer la licence et l’agrégation de géographie. Pourtant, si certains d’entre eux ont bien été proches des structures issues de la défaite française, par idéologie, par autoritarisme institutionnel et technocratique ou encore par opportunisme, d’autres – sans doute plus nombreux – ont été des opposants plus ou moins déclarés et engagés, parfois même d’ardents résistants ou des victimes de l’extrême violence de la Seconde Guerre mondiale. Souvent oubliés aujourd’hui, leurs parcours, témoignant de leurs refus d’accepter les idées et la politique de l’occupant et de l’État français, méritent pourtant d’être mieux connus et compris.
Ces cas individuels, dans leur diversité, incarnent, chacun à sa manière, une discipline alors beaucoup plus riche et active qu’on ne le pense généralement, où le ruralisme et le régionalisme coexistaient avec des courants de pensée dynamiques développant des logiques de spatialité et de mondialité étrangères à la pensée vichyste ou au nazisme, où les idées les plus controversées (comme la « géopolitique » ou l’« espace vital ») étaient discutées voire déconstruites, où des circulations et des réflexions paradoxalement favorisées par le conflit menaient vers des ailleurs et des exils intérieurs et extérieurs, porteurs d’une modernité fructueuse pour la seconde moitié du XXe siècle.
Le regard nouveau que portent les auteurs réunis dans ce volume sur cette période de la géographie française et sur ses représentants en Europe et dans le monde permet de l’envisager de manière équilibrée, pour en rectifier la « légende noire », et de dessiner les véritables lignes de force disciplinaires dans ces « années de tourmente », par l’étude détaillée d’itinéraires personnels et collectifs et le recours à de nombreuses archives et sources.
Sommaire
Nicolas Ginsburger, Marie-Claire Robic et Jean-Louis Tissier
IntroductionÉcrire une histoire de la géographie française dans les « années de tourmente » ?
Partie 1. Géographier sous contrainte en zones libre et occupée
Nicolas Ginsburger
Engagements, difficultés et carrièresGéographes communistes et communisants dans la tourmente (1938-1945)
Nicolas Ginsburger
« De l’espace, encore de l’espace ! »Les réflexions du géographe toulousain Daniel Faucher sur la notion d’« espace vital » (1939-1940)
Dylan Simon
Une reconnaissance paradoxale ?Max Sorre, une identité savante en recompositions (1939-1948)
Partie 2. Près de Vichy ?
Pierre Bocquillon et Jean-Louis Tissier
« Retrouver la France » par temps maussadeGuides, livrets et fascicules édifiants et militants
Nicolas Ginsburger
Un représentant de l’État français ?Les ambiguïtés de l’inspecteur général Henri Boucau
Efi Markou
Quand des géographes préparaient la décentralisation industrielle (1942-1945)Renouvellement d’objets, interactions disciplinaires et projets de réforme territoriale dans le cadre d’une administration vichyssoise
Partie 3. Hors des frontières : géographes à l’étranger et en exil
Federico Ferretti
Géopolitique de la paix et mondialisation de la guerreLes cours de Paul Dupuy à l’École internationale de Genève (1940-1942)
Josefina Gómez Mendoza
À l’ombre du franquismeGéographes français et espagnols dans les turbulences politiques et diplomatiques (1936-1950)
Suzanne Daveau
Orlando Ribeiro et les géographes français et allemands pendant la guerre (1937-1949)Emmanuelle Loyer
Jean Gottmann, géographe de l’entre-deux-mondes (1940-1948)Heliana Angotti-Salgueiro
Pierre Monbeig au Brésil pendant la guerrePenser ailleurs la géographie humaine, l’interscience et la démocratie
Partie 4. Figures de résistants et de victimes
Marie-Claire Robic
Jules Blache et Le Grand Refus, le texte de résistance d’un géographeNicolas Ginsburger et Marie-Claire Robic
ConclusionLe texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
