• Contenu principal
  • Menu
OpenEdition Books
  • Accueil
  • Catalogue de 15417 livres
  • Éditeurs
  • Auteurs
  • Facebook
  • X
  • Partager
    • Facebook

    • X

    • Accueil
    • Catalogue de 15417 livres
    • Éditeurs
    • Auteurs
  • Ressources numériques en sciences humaines et sociales

    • OpenEdition
  • Nos plateformes

    • OpenEdition Books
    • OpenEdition Journals
    • Hypothèses
    • Calenda
  • Bibliothèques

    • OpenEdition Freemium
  • Suivez-nous

  • Lettre d’information
OpenEdition Search

Redirection vers OpenEdition Search.

À quel endroit ?
  • Presses Sorbonne Nouvelle
  • ›
  • Monde anglophone
  • ›
  • Les États-Unis à l'épreuve de la moderni...
  • ›
  • La classe ouvrière américaine et l’affai...
  • Presses Sorbonne Nouvelle
  • Presses Sorbonne Nouvelle
    Presses Sorbonne Nouvelle
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Liens vers le livre
    Informations sur la couverture
    Table des matières
    Formats de lecture

    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Une scène ouvrière renouvelée La révolution d’Octobre La terreur blanche Les Palmer raids La fin d’une époque La signification de Sacco et Vanzetti Notes de bas de page Auteur

    Les États-Unis à l'épreuve de la modernité

    Ce livre est recensé par

    Précédent Suivant
    Table des matières

    La classe ouvrière américaine et l’affaire Sacco-Vanzetti

    Ronald Creagh

    p. 127-140

    Texte intégral Une scène ouvrière renouvelée La révolution d’Octobre La terreur blanche Les Palmer raids La fin d’une époque La signification de Sacco et Vanzetti Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Une attaque manquée, le 24 décembre 1919, d’un convoyeur de fonds. Un hold-up réussi, le 15 avril 1920, dans une usine de chaussures, par cinq gangsters dans une voiture de tourisme noire, roulant tous rideaux baissés, tirant sans hésiter sur tout ce qui bougeait. Tels sont les deux faits à l’origine d’un procès qui défrayera les chroniques du monde entier, l’affaire Sacco et Vanzetti.

    2Les deux accusés, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, sont des anarchistes. Tare supplémentaire, ils sont italiens, ce qui laisse soupçonner des liens avec la mafia. Arrêtés le 5 mai 1920, peu après le second crime, ils sont jugés et condamnés à mort. Ils ne cesseront pas de clamer leur innocence et un comité de défense multipliera les recours en justice. Après sept longues années de prison, où ils risquent de perdre la raison et entreprennent une grève de la faim, malgré des mobilisations de masse dans le monde entier, Sacco et Vanzetti sont exécutés le 3 août 1927.

    3A première vue, cette affaire qui remue toute l’Amérique et le monde entier, se présente comme un événement sans doute spectaculaire, symptomatique d’une nouvelle expansion des médias mais marginal par rapport à l’histoire américaine des années 20. Sacco et Vanzetti sont totalement étrangers à l’Amérique profonde. Ils vivent au sein de l’immigration italo-américaine, un des groupes ethniques les plus récemment arrivés, les plus pauvres, et donc les moins intégrés. Situation aggravante, ils sont engagés dans un courant lui-même minoritaire, celui des anarchistes. Et même par rapport aux autres militants qui rejettent toute forme d’Etat et de capitalisme, leur groupe est totalement à part, singularisé par la langue, et surtout par le culte farouche du secret, parce qu’il recourt aux actions clandestines. Il s’inspire, en effet, de Luigi Galleani, partisan d’actions individuelles exemplaires, violentes, destinées à stimuler la lutte de classes en déstabilisant les élites politiques et économiques sur lesquelles s’appuie le système capitaliste. C’est dire que ces individus ont les convictions les plus radicalement opposées au courant libertaire américain qui, depuis plus de vingt ans et contrairement à certaines tendances européennes, a rejeté le recours à la violence individuelle et au terrorisme. Bref, le procès semble essentiellement relever d’une remise en cause de l’anarchisme et de l’immigration plutôt que d’une mise au pas de la classe ouvrière.1 L’imagerie populaire de l’époque a renforcé l’idée que Sacco et Vanzetti appartiennent à un univers pré-industriel en les décrivant comme « the good shoemaker and the poor fish peddler ».2

    4Il ne fait aucun doute que les pouvoirs publics et une certaine presse ont misé sur les sentiments xénophobes d’une partie de la population anglo-saxonne. Au cours du procès, les témoins de la défense paraissent moins crédibles parce qu’ils sont presque tous italiens. De même, les autorités ont aussi joué sur les antagonismes inter ethniques ; par exemple, ils contraignent l’immense convoi funèbre, qui accompagne les dépouilles des deux anarchistes, à passer par le quartier irlandais, dont ils connaissent l’hostilité à l’égard des « Dagos ». On peut même dire que cette méfiance réciproque entre Irlandais et Italiens, peu remarquée dans l’affaire, a tenu une place non négligeable.

    5Les premiers occupent une position prépondérante dans l’Église catholique et dans le recrutement des fonctionnaires plus ou moins liés aux appareils des partis politiques, notamment dans les forces de l’ordre. Au sein du catholicisme, chaque groupe exige d’avoir son propre clergé ; il est difficile de faire admettre un curé italien aux paroissiens irlandais et réciproquement. Dans les forces de police, l’officier qui enquête sur les crimes qui entraîneront l’arrestation de Sacco et de Vanzetti, Michael Stewart, est un Irlandais qui suspecte a priori tout étranger ; une de ses principales fonctions consiste à accompagner l’inspecteur de l’immigration jusqu’au domicile des étrangers « indésirables » pour leur notifier leur expulsion du pays.

    6Inversement, la communauté italienne se sent frappée d’ostracisme, d’autant plus qu’elle est sévèrement touchée par les quotas d’immigration. Par ailleurs, vis-à-vis de ses compatriotes Sacco et Vanzetti, elle est nettement divisée entre, d’une part, le groupuscule des notables qui ostensiblement marque ses distances et, d’autre part, la majorité de la population qui prend fait et cause pour les deux anarchistes. Ainsi, au-delà des tensions ethniques, se profile une autre ligne de partage, celle de la classe sociale.

    7Qu’il y ait effectivement « lutte de classes », de nombreux indices l’attestent. La manipulation des oppositions entre Italiens et Irlandais correspond aux intérêts patronaux, qui consistent à diviser les ouvriers. Inversement, les grèves de soutien à ceux que les syndicalistes de l'Industrial Workers of the World (I.W.W.) appellent les « prisonniers de la guerre de classe », par exemple les mineurs du Colorado, suscitent une solidarité pan-ethnique3. En dépit des facteurs de division aussi bien inter ethniques qu’intra ethniques, on peut considérer que l’aspect « italien » de l’affaire Sacco-Vanzetti cache en fait une problématique de classe.

    8Leur condition sociale, leurs convictions intimes, tout persuade les deux accusés que leur procès constitue un épisode de la guerre de classes, au terme duquel ils seront irrémédiablement sacrificiés. Et, de fait, le poids réel de la classe ouvrière apparaît particulièrement lorsqu’on compare l’affaire Sacco et Vanzetti à celle d’un procès similaire de Joe Ettor et Arturo Giovannitti, animateurs des Industrial Workers of the World qui risquèrent, eux aussi, en 1912, d’être placés sur la chaise électrique. La combativité du mouvement ouvrier était alors toute autre : en cette période de grande agitation, plus de trente mille personnes avaient manifesté à Boston et les deux accusés avaient été acquittés4.

    9Sans doute, les historiens ont été frappés par le rôle que jouèrent des intellectuels, des écrivains et des artistes dans la défense de cette cause célèbre, mais il faut reconnaître que l’intervention de ces milieux est bien tardive. Au contraire, il y a eu, dès les premières heures et pendant sept longues années, l’action importante de militants ouvriers, par exemple de l’important Amalgamated Clothing Workers of America, syndicat qui recrutait, il est vrai, près de 30 % d’Italiens. Mais cette organisation est loin d’être la seule à manifester. Dès le 1er décembre 1920, Free Voice, organe de l'International Workers in the Amalgamated Food Industries, a déjà publié un exposé général de l’affaire5.

    10La solidarité ouvrière apparaît principalement dans les nombreuses contributions financières envoyées au Comité de Défense des accusés. Les modestes mais abondantes donations sont bien plus éloquentes que les journaux syndicaux, qui se contentent souvent de reproduire les communiqués sans commentaires originaux. Ainsi, la base bouscule les appareils, et cela se vérifie aussi pour les socialistes et communistes dont les organisations n’interviennent que beaucoup plus tardivement.

    11Que les deux accusés soient d’ailleurs d’authentiques symboles ouvriers, il faut pour le reconnaître se libérer de l’image d’Épinal qui dénature cette réalité.

    12Nicola Sacco n’est pas un brave savetier ou un petit cordonnier, mais un ouvrier qualifié de l’industrie. Fraiseur de lisse dans une usine de chaussures à South Braintree, dans le Massachusetts, il gagne jusqu’à soixante-dix dollars par semaine et, en fils de paysan, il a ainsi économisé 1 500 dollars pour le jour où il reviendra au pays. Peu avant son arrestation, d’ailleurs, il préparait ce retour. En somme, il aurait pu, lui aussi, symboliser « la réussite américaine ».

    13Bartolomeo Vanzetti, quant à lui, n’a été colporteur de poissons que pendant moins d’une année, à l’époque où il lançait un journal anarchiste de langue italienne. Il avait aussi travaillé en usine, notamment à la Plymouth Cordage Company, la plus importante fabrique de cordes du monde, où il avait été un des grévistes les plus tenaces, ce qui l’avait placé sur la liste rouge du patronat. Surveillé par les policiers, il avait été dès lors condamné à la vie pathétique des travailleurs itinérants. Il est devenu l’un de ces milliers de journaliers, les « tramps », les « hobos », qui ne peuvent ou ne veulent pas s’ajuster à la discipline du nouvel ordre patronal.

    14Bref les deux anarchistes représentent deux facettes significatives de la nouvelle classe ouvrière américaine.

    Une scène ouvrière renouvelée

    15Les années 20 marquent la fin d’une période d’agitation ouvrière et le début d’une nouvelle reprise en main patronale. C’est probablement l’historien David Montgomery qui a le mieux résumé la situation6. Au lendemain de la Grande Guerre, le mouvement profond d’industrialisation qui, depuis les années 1880, a bouleversé l’Amérique vient d’atteindre son terme, comme aussi le cycle de longue durée (cycle Kondratieff) de la dépression économique qui avait débuté à la fin du dix-neuvième siècle. Les industries traditionnelles (mines de charbon, textiles du nord, chemins de fer notamment) réduisent leur personnel ; en revanche, les secteurs concernés par les méthodes « scientifiques » de management et surtout les activités du tertiaire multiplient les offres d’emploi, notamment en faveur des Américains de souche qui ont été scolarisés.

    16Contrebalançant ces mouvements de fond, la classe ouvrière est devenue plus stable. Les quotas imposés à l’immigration, la politique patronale consistant à lier salaires et bénéfices avec l’ancienneté, le chômage endémique considérable, même durant la période de prospérité des années Coolidge, entraînent une diminution du taux de rotation dans les emplois, une hausse de l’âge moyen des ouvriers et un accroissement du nombre de femmes mariées dans la force de travail.

    17Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement fédéral a courtisé les syndicats conservateurs, afin d’éviter les grèves qui avaient éclaté en Angleterre en 19157. Mais le syndicalisme fondé sur le regroupement de métier, si infatigablement défendu par l'American Federation of Labor, est tout-à-fait dépassé, comme aussi cette « aristocratie du travail », constituée par des travailleurs hautement qualifiés, parmi lesquels se distinguaient jadis les « radicaux » allemands. Les contremaîtres ne doivent plus leur pouvoir à leur compétence reconnue, souvent fondée sur un savoir-faire dont ils gardaient jalousement le secret et qui leur permettait de s’occuper directement du recrutement de leurs adjoints ; leur autorité ne découle que de la décision du patron, et donc de son bon vouloir.

    18Depuis le début du siècle, la nouvelle contestation ouvrière s’exprime à travers d’autres organisations, notamment les Industrial Workers of the World, où se rencontrent par industrie les groupes ethniques les plus variés, et notamment les immigrants les plus récemment arrivés. En fait, la période 1916-1922, qui s’achève par deux années de dépression économique, permet de mieux comprendre l’action subversive de Sacco et Vanzetti et de leurs camarades anarchistes.

    19Depuis 1916, la courbe des grèves a atteint des sommets. Les grands mouvements de protestation des masses contre l’industrialisation de type capitaliste se sont exprimés dans des épisodes souvent sanglants : la célèbre année 1877, marquée par les grandes grèves des chemins de fer, ressuscitant le mythe de la Commune de Paris, l’attentat de Haymarket en 1886, au terme d’un mouvement national de lutte pour la journée de huit heures, les grèves de Homestead en 1892, de Pullman en 1894, celles des mineurs d’anthracite en 1902, des travailleurs du vêtement en 1909-1911. Un épisode particulièrement terrifiant, qui mobilisera corps et âme les anarchistes italiens, est le terrible massacre de Ludlow, en 1914. Les mineurs en grève — ils sont environ 8 000 — abandonnent les maisons que la compagnie leur loue et s’installent dans des tentes fournies par leur syndicat. Au cours d’une horrible bataille qui ne dure pas moins de quinze heures, la milice patronale du milliardaire Rockefeller, armée de fusils et de mitraillettes, tue cinq hommes et un jeune garçon, met le feu aux tentes et pille tous les objets de valeur ; onze enfants et deux mères de famille meurent asphyxiés, des centaines d’autres personnes sont grièvement blessées, le meneur grec est abattu ainsi que deux autres prisonniers tandis que la plupart des femmes sont contraintes de se réfugier dans des ranches et des maisons de la région.

    20Le massacre de Ludlow a suscité une énorme révolte dans la population minière. Cette brutalité patronale, qui remonte loin dans le temps, a sans doute contribué à faire entrer la violence dans les luttes ouvrières américaines. Dans le Middle West, par exemple, l’idée qu’on doit se défendre soi-même, riposter fusil contre fusil et recourir parfois à la dynamite, fait partie de la tradition des fermiers comme aussi de celle des mineurs8.

    21Après le massacre de Ludlow, les bandes armées de mineurs vont ainsi descendre du Nouveau-Mexique, attaquer une mine après l’autre, chasser ou tuer les gardes et mettre le feu aux bâtiments. Cette véritable guerre de classe, l’une des plus apocalyptiques de l’histoire américaine, totalisera 74 morts ; les troupes fédérales viendront, une fois de plus, au secours du patronat. Lorsqu’à New York trois anarchistes sont tués par l’explosion d’une bombe, sans doute destinée à Rockefeller, une foule immense garnit la célèbre place d’Union Square à New York pour honorer les trois victimes.

    22Grèves et débrayages reprennent après l’armistice, inaugurées par les ouvriers de l’acier en 1919, et elles atteignent leur point culminant en 1920 : les États-Unis comptent plus de quatre millions de grévistes. Du fait de la hausse du coût de la vie et de la stagnation des salaires, les ouvriers qui avaient patriotiquement contribué à l’effort de la guerre de 14-18 attendent vainement une reconnaissance publique. A Boston même, une série de grèves éclatent, touchant tour à tour les services de téléphone, les chemins de fer, et même la police, ouvrant la cité à tous les abus. Les policiers sont licenciés, une nouvelle force de l’ordre est engagée, alors que des grèves dans le textile à Lawrence, dans le Massachusetts, ravivent les cauchemars d’antan.

    23Si dans beaucoup de milieux ouvriers, notamment parmi les mineurs, la violence entre dans les mœurs et, surtout, dans la rhétorique du discours quotidien, sinon dans les déclarations officielles, un groupe théorise cette violence, les anarchistes italiens.

    24L’ensemble du courant anarchiste américain croit en la nécessité de changer le système et il dénie aux appareils politiques le pouvoir de résoudre les problèmes de société. Le mouvement est plus divisé en ce qui concerne les syndicats. En revanche, seule une minorité, les Italiens de la tendance Galleani, est convaincue que l’accouchement d’un monde différent ne pourra se faire que par la violence révolutionnaire. Un événement majeur vient lui donner raison : la Révolution russe.

    La révolution d’Octobre

    25On imagine mal, aujourd’hui, à quel point la révolution russe hypnotisa toute la gauche américaine, pas seulement un meneur syndical comme Bill Haywood ou un journaliste comme John Reed. Un phénomène social aussi global et complexe que celui-là ne pouvait manquer d’attirer l’attention de tous ceux qui s’intéressaient à l’évolution du monde et il offrait des munitions à ses partisans et à ses adversaires. Longtemps, la Révolution russe provoquera un séisme dans l’opinion publique américaine, un moment relativement unifiée par l’effort de guerre et la camaraderie des armes, attisant les passions et suscitant un véritable manichéisme entre défenseurs et adversaires. Quant aux dirigeants américains, saisis d’une paranoïa vraie ou feinte, deux ans à peine après cet événement ils décèlent partout la main de Moscou. La paix civile est rompue : l’année 1919, déjà empoisonnée par l’inflation et donc la vie chère, marquée par une succession de grèves qui mobilisent jusqu’à trois millions d’ouvriers, va aussi présider à la naissance de l’archi-conservatrice American Legion et du Parti communiste américain. Le 1er mai, à travers tout le pays, de violentes bagarres opposent manifestants anarchistes, socialistes ou communistes et contre-manifestants militaires ou anciens combattants.

    26Au sein des Industrial Workers of the World, sur lesquels sont braqués les feux de l’actualité et dont le programme anarcho-syndicaliste inclut le rejet de toute action politique et la grève générale en vue de renverser le système capitaliste, les rangs sont divisés mais la majorité réclame l’affiliation au Komintern.

    27Les socialistes demandent aussi leur affiliation à l’Internationale communiste, mais les conditions mises sont si humiliantes que la jonction ne s’opérera pas ; le parti traverse une crise, son aile gauche tente de s’emparer du pouvoir et est expulsée. Deux tiers des membres quittent l’organisation et d’importants syndicats en sont rejetés. Désormais fragilisé, le courant socialiste n’en va pas moins devenir, en 1920, le troisième parti politique des États-Unis, avec près d’un million de voix aux élections présidentielles.

    28Deux partis communistes rivaux se constituent, qui devront par la suite fusionner sur ordre de Moscou9. Ils tenteront vainement de s’emparer de diverses organisations comme, en 1923 et en 1924, du Farmer-Labor Party. En pratique, localement, beaucoup de permanences syndicales comptent d’abord sur elles-mêmes et leurs militants voguent sans complexe d’un groupe à un autre, sans souci des frontières théoriques10.

    29En dépit de cet esprit révolutionnaire, l’élan qui semble porter la classe ouvrière jusqu’au début de la décennie 1920 va retomber d’une manière que rien ne semblait préfigurer. A la fin de 1922, le mouvement est décimé, les militants isolés et l’ordre capitaliste est rétabli. La suite de la décennie marque un répit dans les luttes avant les nouvelles batailles des années 30. C’est dans ce second temps que se situent le procès et l’exécution des deux militants anarchistes, en dépit des mouvements de protestation.

    30Que se passe-t-il donc ? Patronat, groupes conservateurs, mass médias et gouvernement mènent à présent de concert la politique de répression.

    La terreur blanche

    31Le patronat a combattu, non sans succès, la pratique du closed shop. Il dispose, comme par le passé, de milices privées, de détectives chargés de s’infiltrer dans les mouvements d’opposition, de l’appui de la grande presse et des mouvements conservateurs. Ainsi assiste-t-on à des attaques contre les Industrial Workers of the World. Déportation par les vigilantes de 1186 mineurs de cuivre à Bisbee, Arizona en 1917, lynchage du dirigeant syndical Frank Little, raids de marins et de soldats qui démolissent les locaux du syndicat, le procès et la condamnation de 116 meneurs à Chicago11.

    32Le fait nouveau est la systématisation de la politique de répression menée par l’État à tous les niveaux — local aussi bien que fédéral — au cours des derniers soulèvements ouvriers de masse de l’ère industrielle : le gouvernement de Washington vient au secours des dirigeants d’entreprise par une politique de dérégulation et de déflation. Pire, le pouvoir fédéral et la justice s’efforcent de juguler les mouvements syndicaux, de moins en moins par l’intervention dans les luttes sociales12, et de plus en plus par la déportation des immigrants les plus radicaux et les restrictions de l’immigration.

    33Un premier coup a d’ailleurs été porté, contre les syndicats et les militants les plus combatifs, par les courants réactionnaires du pays qui trouvent leur porte parole dans le Procureur général de Woodrow Wilson, A. Mitchell Palmer.

    Les Palmer raids

    34Depuis 1917, l’État a entrepris de liquider les anarchistes italiens. Ils sont arrêtés par centaines et, en 1919, ces opérations sont, pour l’essentiel, achevées. C’est alors que vont se dérouler deux grandes descentes de police, tristement célèbres dans l’histoire sous le nom de « Terreur blanche » ou « Palmer raids », du nom du responsable du ministère de la Justice. Le 7 novembre 1919, puis le 2 janvier 1920, accompagnées de détectives privés, les forces de l’ordre envahissent le même jour, et presque à la même heure, tous les locaux des syndicats « subversifs » du continent. Sans s’embarrasser de légalité, elles saisissent les documents, les personnes, les arrachent à leur famille, les conduisent en menottes sous les yeux de la foule jusqu’à Ellis Island d’où les déportés seront expulsés vers d’autres pays. Dans le lot, on compte même des citoyens américains, telle la célèbre meneuse anarchiste Emma Goldman.

    La fin d’une époque

    35Les changements profonds de la classe ouvrière, que nous avons décrits plus haut, signalent la fin d’une époque. La décomposition des syndicats traditionnels et la violente destruction « légale » des Industrial Workers of the World laissent la classe ouvrière sans protection. Les prolétaires vivent dans la crainte de perdre leur emploi du fait de leurs opinions trop « avancées », du moins du point de vue des pouvoirs établis.

    36Ce n’est pas la fin de la gauche, mais celle d’un certain radicalisme, celui des mouvements spontanés de masse, tandis que les anarchistes italiens passent dans la clandestinité13. Les rivalités des divers appareils politiques qui se réclament de la classe ouvrière — partis socialiste et communiste notamment — créent un climat de scissions internes, de fractures idéologiques jugées infranchissables, et proposent des actions souvent contradictoires. En 1926 et 1927 meurent successivement le sénateur La Follette et Eugene Debs, deux grands noms qui avaient suscité les plus folles espérances du peuple. En 1928, Norman Thomas, leur héritier intellectuel, ne recueille qu’un quart de million de voix aux élections présidentielles. L’élan du mouvement est tombé.

    La signification de Sacco et Vanzetti

    37Les déportations massives d’étrangers traduisent la volonté de forger une classe ouvrière américaine, de susciter ainsi l’amnésie de son héritage radical. Car, contrairement à un marxisme primaire, la conscience de classe, et à plus forte raison la conscience révolutionnaire, ne sont pas l’effet mécanique des conditions sociales. Elles sont le résultat historique de la propagation des idées syndicales et autres venues d’Europe jusqu’aux deux Amériques. Ces formes de conscience collective ne se sont pas développées dans des pays du tiers-monde où l’exploitation des masses n’avait rien à envier à celle de l’Europe de la révolution industrielle.

    38Cependant, contrairement aux idées reçues, la conscience anarchiste n’a pas été « importée » d’Europe. Ni Sacco, ni Vanzetti, ni même Emma Goldman n’étaient libertaires quand ils arrivèrent aux États-Unis. Ils le devinrent dans ce pays. L’écroulement du mirage américain, mais surtout les dures conditions de vie des ouvriers devaient les amener, par une réflexion personnelle, à repenser leur situation. Comme l’écrivait Vanzetti :

    Et nous, modestes ouvriers anarchistes, nous avons grandi sans le secours de l’école, dans des maisons pauvres, surmenés et souffrants depuis notre naissance, et nous avons fait et cru ce que nos ennemis, à nous ouvriers, ont fait, cru et vécu. Nous étions comme le sont nos ennemis et nos adversaires. Seulement, par un travail mental incessant, une longue et terrible épreuve de conscience, nous sommes devenus différents, comme nous le sommes maintenant. C’est-à-dire que nous avons analysé, condamné et répudié toutes les conceptions, croyances, tous les critères et principes qui nous ont été inculqués depuis notre enfance jusqu’au jour où s’inaugurèrent nos nouvelles convictions14.

    39Par ailleurs, à partir des années vingt s’élabore un nouveau mode de contrôle des ouvriers, celui de la société de consommation. S’il est naïf d’imaginer qu’il s’agit d’une stratégie consciente et concertée du patronat pour anesthésier la conscience ouvrière, il n’en est pas moins vrai que l’Amérique entre dans la première décennie de la consommation de masse. Le développement de la radio, des médias, de la publicité, de l’automobile, accessible même aux ouvriers, suscitent une frénésie nouvelle. « Vivre » c’est « consommer ». La fascination du progrès technique incite à l’autodiscipline : la grève prive le travailleur de l’argent qu’il attend pour les achats qu’il escompte faire. Tout pousse l’ouvrier à rentrer dans le rang.

    40Les syndicats sont sur la défensive : ils perdent un million de membres durant cette période. Bien qu’il soit dans la stratégie des pouvoirs publics de ruiner les syndicats contestataires par des procès coûteux, dans le cas de Sacco et Vanzetti, ceux-ci n’avaient guère le choix. Durant ces années de traversée du désert, cette cause célèbre constitue pratiquement un des rares lieux de ralliement des ouvriers. Elle leur permet d’attaquer le patronat de façon plus générale, moins frontale que par les grèves.

    41En premier lieu, l’essor des médias va créer une constellation de figures plus grandes que nature qui, tel Lindbergh, symbolisent les nouveaux courants de la société américaine. Grâce à ces mêmes médias, le comité de défense des prisonniers saura rallier les masses. La dignité, l’intelligence, l’intégrité foncière des deux Italiens, leur protestation d’innocence, et aussi l’éloquence de Vanzetti, vont les élever à la stature de héros de la gauche.

    42De plus, les deux crimes conservent tout leur mystère. Les témoins se contredisent, le juge refuse d’entendre des malfaiteurs soupçonnés de ces mêmes crimes, la procédure judiciaire du Massachusetts, où l’on se trouve devant le même juge en appel, constituent autant d’éléments qui sèment le trouble sur le fonctionnement démocratique de la justice américaine.

    43Bref, pour beaucoup de journaux ouvriers, il s’agit d’une guerre de classes. D’éminents journalistes et écrivains — Dos Passos, Eugene Lyons, Upton Sinclair — consacrent des livres à cette affaire et décrivent longuement les personnalités en jeu. Sacco et Vanzetti deviennent des symboles de ralliement, même s’ils signifient des choses différentes pour des groupes différents.

    44Même au sein de la défense, les rangs sont partagés. Le Comité de défense, organisé par les anarchistes et animé par des personnes de tous les milieux sociaux, veut avant tout sauver les deux vies humaines. En revanche, l'International Labor Defense, organisé par le parti communiste américain, se sert plutôt de l’affaire pour propager ses thèses. La position syndicale est parfois tout aussi ambiguë. Comme le remarque Albert Weisbrod, important meneur de grèves au Massachusetts, après la quête au profit des grévistes, on procède souvent à une seconde collecte pour la défense des accusés : ce geste sert à renforcer le soutien des Italo-américains.

    45Si le retentissement du procès de Sacco et Vanzetti est immense aux Etats-Unis et dans le monde, il ne peut cependant pas être réduit à un épiphénomène révélateur de la lutte des classes. Il a eu des effets structurels multiples et durables.

    46L’affaire a peut-être incité les Italo-américains à se replier sur eux-mêmes, à renforcer leurs liens familiaux et communautaires. Elle a accru leur méfiance à l’égard de la société en général. Mais tandis que certains se réfugient dans l’apolitisme ou l’antipolitique, la marche de Mussolini sur Rome, en 1922, mobilise l’attention de cette population. Et c’est dans cette perspective qu’il faut remarquer que c’est au sein du mouvement de défense des accusés que vont se créer les premiers groupes antifascistes américains.

    47En ce qui concerne l’immigration, les diverses lois qui vont limiter le flux européen (1919, 1921, 1924) vont affecter, en particulier, l’entrée des Italiens. Le débat sur le National Origins Act, tel qu’il est enregistré notamment dans le Congressionnal Record, fait de fréquentes références à l’affaire Sacco-Vanzetti pour justifier les quotas discriminatoires avec l’argument que le pays est incapable d’absorber des étrangers tels que les Italiens. Ironie de l’histoire ou aveuglement des raisonnements technocratiques, les dirigeants créeront ainsi une nouvelle situation explosive dans l’histoire américaine, celle de l’immigration ouvrière mexicaine.

    48La longue suppression des formes collectives de radicalisme ouvre aussi une nouvelle page, celle de son expression individuelle15. Les actions individuelles de désespoir, l’atomisation de la protestation sociale marqueront l’insatisfaction du mouvement ouvrier dans les nouvelles structures capitalistes. En ce sens, l’exemplarité des deux « martyrs » rappellera aux générations futures l’importance de la dimension personnelle dans l’engagement.

    Notes de bas de page

    1 Dos Passos contribuera à cette vision en affirmant que l’opinion américaine s’est partagée selon les frontières ethniques et non selon les clivages de classe. Cf. John Dos Passos. Facing the Chair: Sacco and Vanzetti: The Story of the Americanization of Two Foreign Born Workmen. Boston : Sacco and Vanzetti Defense Committee, 1927. 124 et passim.

    2 Robert D’Attilio, « La Salute è in Voi: The Anarchist Dimension, » Sacco-Vanzetti: Developments and Reconsiderations. Boston: Trustees of the Public Library of the City of Boston, 1983. 77.

    3 David Montgomery, « Nationalism, American Patriotism, and Class Consciousness among Immigrant Workers in the United States in the Epoch of World War I, » « Struggle a Hard Battle » Essays on Working-Class Immigrants. Dirk Hoerder, ed., DeKalb, Ill.: Northern Illinois University Press, 1986, p. 345.

    4 Carlo Tresca, « Uno sciopero con Bill Haywood », Omaggio alla memoria imperitura di Carlo Tresca. New York: Il Martello, 1943.

    5 Eugene Lyons. « Another Frame-up Exposed », Free Voice, Dec. 1, 1920: 1.

    6 David Montgomery. The Fall of the House of Labor. The Workplace, the State and American Labor Activism, 1865-1925. Paris : Maison des Sciences de l’Homme and Cambridge University Press, 1987.

    7 Montgomery, id. pp. 374-375.

    8 David Wieck, « What Need Be Said », Sacco-Vanzetti: Developments and Reconsiderations, p. 70.

    9 Report of New York Joint Investigation Committee, Part 1. Vol. 2, pp. 1902-1904. Voir aussi la lettre de Zinoviev.

    10 David Montgomery. The Fall of the House of Labor, 426.

    11 Ibid. p. 393.

    12 Par exemple lors de la grève contre le géant United States Steel.

    13 Situation qui se prolongera pour certains jusqu’à la fin des années 1970 !

    14 Lettre de Vanzetti à Mrs. Elsie Hillsmith, Ragged Hill Farms, South Danbury, N.H. 6 mai 1923, Prison de Charlestown. Une autre version française de cette lettre est parue dans Sacco et Vanzetti, Lettres/1921-1927. Paris : U.G.E. (coll. 10/18), pp. 125-128.

    15 « workers’ radicalism now found individual, personal expression in doing as little as possible for the wages they received and wasting as much material as possible, » Elton Mayo. Human Problems of an Industrial Civilization. Cambridge, Mass.: 1933, cité in D. Montgomery, op. cit. p. 459.

    Auteur

    • Ronald Creagh

      Université de Montpellier III.

    Précédent Suivant
    Table des matières

    Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractères.

    Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

    Voir plus de livres
    Le Roman anglo-indien de Kipling à Paul Scott

    Le Roman anglo-indien de Kipling à Paul Scott

    Émilienne L. Baneth-Noualhetas

    1999

    Guerres et paix

    Guerres et paix

    La Grande-Bretagne du XVIIIe siècle

    Paul-Gabriel Boucé (dir.)

    1998

    L’Espace littéraire dans la littérature et la culture anglo-saxonnes

    L’Espace littéraire dans la littérature et la culture anglo-saxonnes

    Bernard Brugière (dir.)

    1995

    L’Art dans l’art

    L’Art dans l’art

    André Topia, Marie-Christine Lemardeley et Bernard Brugière (dir.)

    2000

    Les Élections législatives britanniques du 9 juin 1983

    Les Élections législatives britanniques du 9 juin 1983

    Monica Charlot (dir.)

    1984

    La Transmission des valeurs par la télévision britannique

    La Transmission des valeurs par la télévision britannique

    Monica Charlot (dir.)

    1989

    Religion et politique en Grande-Bretagne

    Religion et politique en Grande-Bretagne

    Monica Charlot (dir.)

    1994

    Valeurs du privé secteur public

    Valeurs du privé secteur public

    Dans l’Angleterre post-thatchérienne

    Monica Charlot (dir.)

    1997

    Nouvelles valeurs dans l’Angleterre d’aujourd’hui

    Nouvelles valeurs dans l’Angleterre d’aujourd’hui

    Monica Charlot (dir.)

    2003

    La Beauté et ses monstres

    La Beauté et ses monstres

    Dans l’Europe baroque (16e-18e siècles)

    Gisèle Venet, Tony Gheeraert et Line Cottegnies (dir.)

    2003

    Le Lierre et la chauve-souris

    Le Lierre et la chauve-souris

    Réveils gothiques. Émergence du roman noir anglais (1764-1824)

    Élizabeth Durot-Boucé

    2004

    Médecins et médecine dans l’œuvre romanesque de Tobias Smollett et de Laurence Sterne

    Médecins et médecine dans l’œuvre romanesque de Tobias Smollett et de Laurence Sterne

    1748-1771

    Jacqueline Estenne

    1995

    Voir plus de livres
    1 / 12
    Le Roman anglo-indien de Kipling à Paul Scott

    Le Roman anglo-indien de Kipling à Paul Scott

    Émilienne L. Baneth-Noualhetas

    1999

    Guerres et paix

    Guerres et paix

    La Grande-Bretagne du XVIIIe siècle

    Paul-Gabriel Boucé (dir.)

    1998

    L’Espace littéraire dans la littérature et la culture anglo-saxonnes

    L’Espace littéraire dans la littérature et la culture anglo-saxonnes

    Bernard Brugière (dir.)

    1995

    L’Art dans l’art

    L’Art dans l’art

    André Topia, Marie-Christine Lemardeley et Bernard Brugière (dir.)

    2000

    Les Élections législatives britanniques du 9 juin 1983

    Les Élections législatives britanniques du 9 juin 1983

    Monica Charlot (dir.)

    1984

    La Transmission des valeurs par la télévision britannique

    La Transmission des valeurs par la télévision britannique

    Monica Charlot (dir.)

    1989

    Religion et politique en Grande-Bretagne

    Religion et politique en Grande-Bretagne

    Monica Charlot (dir.)

    1994

    Valeurs du privé secteur public

    Valeurs du privé secteur public

    Dans l’Angleterre post-thatchérienne

    Monica Charlot (dir.)

    1997

    Nouvelles valeurs dans l’Angleterre d’aujourd’hui

    Nouvelles valeurs dans l’Angleterre d’aujourd’hui

    Monica Charlot (dir.)

    2003

    La Beauté et ses monstres

    La Beauté et ses monstres

    Dans l’Europe baroque (16e-18e siècles)

    Gisèle Venet, Tony Gheeraert et Line Cottegnies (dir.)

    2003

    Le Lierre et la chauve-souris

    Le Lierre et la chauve-souris

    Réveils gothiques. Émergence du roman noir anglais (1764-1824)

    Élizabeth Durot-Boucé

    2004

    Médecins et médecine dans l’œuvre romanesque de Tobias Smollett et de Laurence Sterne

    Médecins et médecine dans l’œuvre romanesque de Tobias Smollett et de Laurence Sterne

    1748-1771

    Jacqueline Estenne

    1995

    Voir plus de chapitres

    Victoria Woodhull ou le libre échange amoureux

    Ronald Creagh

    Voir plus de chapitres

    Victoria Woodhull ou le libre échange amoureux

    Ronald Creagh

    Accès ouvert

    Accès ouvert freemium

    ePub

    PDF

    PDF du chapitre

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque

    Acheter

    Édition imprimée

    • amazon.fr
    • decitre.fr
    • mollat.com
    • leslibraires.fr
    • placedeslibraires.fr
    ePub / PDF

    1 Dos Passos contribuera à cette vision en affirmant que l’opinion américaine s’est partagée selon les frontières ethniques et non selon les clivages de classe. Cf. John Dos Passos. Facing the Chair: Sacco and Vanzetti: The Story of the Americanization of Two Foreign Born Workmen. Boston : Sacco and Vanzetti Defense Committee, 1927. 124 et passim.

    2 Robert D’Attilio, « La Salute è in Voi: The Anarchist Dimension, » Sacco-Vanzetti: Developments and Reconsiderations. Boston: Trustees of the Public Library of the City of Boston, 1983. 77.

    3 David Montgomery, « Nationalism, American Patriotism, and Class Consciousness among Immigrant Workers in the United States in the Epoch of World War I, » « Struggle a Hard Battle » Essays on Working-Class Immigrants. Dirk Hoerder, ed., DeKalb, Ill.: Northern Illinois University Press, 1986, p. 345.

    4 Carlo Tresca, « Uno sciopero con Bill Haywood », Omaggio alla memoria imperitura di Carlo Tresca. New York: Il Martello, 1943.

    5 Eugene Lyons. « Another Frame-up Exposed », Free Voice, Dec. 1, 1920: 1.

    6 David Montgomery. The Fall of the House of Labor. The Workplace, the State and American Labor Activism, 1865-1925. Paris : Maison des Sciences de l’Homme and Cambridge University Press, 1987.

    7 Montgomery, id. pp. 374-375.

    8 David Wieck, « What Need Be Said », Sacco-Vanzetti: Developments and Reconsiderations, p. 70.

    9 Report of New York Joint Investigation Committee, Part 1. Vol. 2, pp. 1902-1904. Voir aussi la lettre de Zinoviev.

    10 David Montgomery. The Fall of the House of Labor, 426.

    11 Ibid. p. 393.

    12 Par exemple lors de la grève contre le géant United States Steel.

    13 Situation qui se prolongera pour certains jusqu’à la fin des années 1970 !

    14 Lettre de Vanzetti à Mrs. Elsie Hillsmith, Ragged Hill Farms, South Danbury, N.H. 6 mai 1923, Prison de Charlestown. Une autre version française de cette lettre est parue dans Sacco et Vanzetti, Lettres/1921-1927. Paris : U.G.E. (coll. 10/18), pp. 125-128.

    15 « workers’ radicalism now found individual, personal expression in doing as little as possible for the wages they received and wasting as much material as possible, » Elton Mayo. Human Problems of an Industrial Civilization. Cambridge, Mass.: 1933, cité in D. Montgomery, op. cit. p. 459.

    Les États-Unis à l'épreuve de la modernité

    X Facebook Email

    Les États-Unis à l'épreuve de la modernité

    Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

    Suggérer l’acquisition à votre bibliothèque Acheter ce livre aux formats PDF et ePub

    Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

    Les États-Unis à l'épreuve de la modernité

    Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books.

    Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org

    Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

    Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

    La syntaxe de l’email est incorrecte.

    Référence numérique du chapitre

    Format

    Creagh, R. (1993). La classe ouvrière américaine et l’affaire Sacco-Vanzetti. In D. Royot (éd.), Les États-Unis à l’épreuve de la modernité (1‑). Presses Sorbonne Nouvelle. https://doi.org/10.4000/books.psn.5189
    Creagh, Ronald. « La classe ouvrière américaine et l’affaire Sacco-Vanzetti ». In Les États-Unis à l’épreuve de la modernité, édité par Daniel Royot. Paris: Presses Sorbonne Nouvelle, 1993. https://doi.org/10.4000/books.psn.5189.
    Creagh, Ronald. « La classe ouvrière américaine et l’affaire Sacco-Vanzetti ». Les États-Unis à l’épreuve de la modernité, édité par Daniel Royot, Presses Sorbonne Nouvelle, 1993, https://doi.org/10.4000/books.psn.5189.

    Référence numérique du livre

    Format

    Royot, D. (éd.). (1993). Les États-Unis à l’épreuve de la modernité (1‑). Presses Sorbonne Nouvelle. https://doi.org/10.4000/books.psn.5171
    Royot, Daniel, éd. Les États-Unis à l’épreuve de la modernité. Paris: Presses Sorbonne Nouvelle, 1993. https://doi.org/10.4000/books.psn.5171.
    Royot, Daniel, éditeur. Les États-Unis à l’épreuve de la modernité. Presses Sorbonne Nouvelle, 1993, https://doi.org/10.4000/books.psn.5171.
    Compatible avec Zotero Zotero

    1 / 3

    Presses Sorbonne Nouvelle

    Presses Sorbonne Nouvelle

    • Mentions légales
    • Plan du site
    • Se connecter

    Suivez-nous

    • Facebook
    • Instagram
    • Flux RSS

    URL : http://psn.univ-paris3.fr

    Email : psn@sorbonne-nouvelle.fr

    Adresse :

    Maison de la Recherche

    4 rue des Irlandais

    75005

    Paris

    France

    OpenEdition
    • Candidater à OpenEdition Books
    • Connaître le programme OpenEdition Freemium
    • Commander des livres
    • S’abonner à la lettre d’OpenEdition
    • CGU d’OpenEdition Books
    • Accessibilité : partiellement conforme
    • Données personnelles
    • Gestion des cookies
    • Système de signalement