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La Grande-Bretagne et l’Europe des Lumières

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Serge Soupel

Première partie. Aspects généraux : mœurs, histoire, philosophie

Les clans des Hautes-Terres et des îles d’Ecosse et leurs partenaires européens lors des rébellions jacobites

Denis-Richard Blackbourn

Texte intégral

  • 1 Voir J.D. Mackie, A History of Scotland (Harmondsworth : Penguin, 1964) "In the medieval mappamundi (...)
  • 2 Voir à ce sujet T.C. Smout, The Emergence of the Highlander, A History of the Scottish People 1560- (...)
  • 3 Voir John de Fordun, cité par P.Hume Brown, ed., Scotland before 1700 from Contemporary Documents ( (...)
  • 4 Jacques Ier fut assassiné (en 1437 à l'âge de 31 ans), Jacques II mourut à 23 ans d'un accident (14 (...)
  • 5 A l'exception des rares Jacobites anglais, en particulier ceux du Manchester Regiment.

1Tenue pour une région hostile et redoutable, peuplée de clans qui ne l’étaient pas moins, les Hautes-Terres et les îles d’Ecosse furent longtemps considérées comme situées aux confins extrêmes de la civilisation européenne1 Dès le XIVe siècle2 le pouvoir politique en vint, en raison des caractéristiques linguistiques et culturelles3 de ces contrées sauvages à les considérer comme une entité distincte du reste de l’Ecosse ; ce clivage d’une nation récemment indépendante fut, en grande partie, dû à l’incompétence de ses souverains, les Stewarts (orthographié Stuart après le règne de Marie Stuart (Queen of Scots, 1542-67), dynastie extraordinairement malchanceuse4 sinon incompétente dans ces rapports avec ses sujets écossais en général et ceux des Highlands et des Hébrides en particulier. Cependant, lors de leurs périodes d’infortune, les rois Stuart exilés firent appel aux sentiments légitimistes des clans, seuls adhérents britanniques à prendre les armes pour la cause royaliste5 ; les clans des Hautes-Terres et des Iles, en dépit de la façon dont les “Rois des Ecossais” avaient, pour la plupart, traités leurs ancêtres, affrontèrent l’armée régulière du gouvernement légal de la Grande-Bretagne, lors des soulèvements sporadiques qui suivirent, pendant plus d’un demi-siècle, la Révolution de 1688. Au cours de ces multiples tentatives armées de restauration des Stuarts, les clans des Hautes-Terres et des Iles reçurent-ils une aide ou un renfort militaire quelconque de la part des grandes puissances européennes, alliées aux Stuarts ?

Les clans et l’image du Highlander

  • 6 Voir W.F. Skene, Celtic Scotland (Edinburgh, 1880) "The clan System no doubt took its origin largel (...)
  • 7 Voir D. Stewart, Sketches of... Highlanders of Scotland (Edinburgh, 1822): “(The chiefs) surrounded (...)
  • 8 La caractéristique essentielle du clan, est clairement indiqué par son nom gaélique (clann signifia (...)
  • 9 Voir Sir Gordon of Gordonstoun, A Genealogical History of the Earldom of Sutherland, from Its Origi (...)
  • 10 Au fil des siècles, se développa chez les Lowlanders un sentiment de peur mêlé de mépris et de hain (...)
  • 11 Le vol de bétail ou creach était une tradition codifiée entre Highlanders permettant aux jeunes hom (...)
  • 12 Le blackmail consistait à assurer et à "protéger" le bétail (bovins souvent noirs) d'un clan ou plu (...)
  • 13 L'on vit ainsi apparaître la première mention du mot clan lorsque que le propre fils illégitime du (...)
  • 14 Jacques II à 6 ans, Jacques III à 9 ans, Jacques IV à 15 ans, Jacques V à 1 an, Marie Stuart à une (...)
  • 15 De la mort de Robert Ier à celle de Jacques VI (de 1329 à 1625) l'Ecosse vit sept minorités en dix (...)

2Les hommes de ces régions les plus reculées du royaume d’Ecosse6, se donnèrent une structure sociale hiérarchisée7, connue sous le nom de Clan8 ; dont l’originalité réside surtout dans la croyance en une origine commune ; unis par des liens de sang, les clansmen sont entièrement dévoués à leur chef, référence suprême9. Dès le XIVe siècle, le simple nom de Highlander évoqua pour les habitants des Lowlands l’image quelque peu terrifiante d’un individu susceptible, brutal, voleur, en un mot : dangereux10 sans nul doute en raison de ses activités illégales (vol de bétail11, chantage12) et agressives. Au cours des siècles, cette fâcheuse réputation ne fit que se détériorer aux yeux des Lowlanders et des souverains écossais. Quelles furent, dans ces conditions, les relations des clans13 avec l’autorité lointaine du roi ? Si les clansmen n’obéissaient qu’à leur chef, des rapports, parfois complexes, existaient cependant entre les chefs de clan et le gouvernement central, représenté de 1371 à 1688, à l’exception de l’Interrègne, par la dynastie des Stewarts, objet d’une malchance tenace qui ne se démentira d’ailleurs pas après 1688 ; pendant près de deux cents ans, les monarques écossais accédèrent au pouvoir si jeunes14 que le pays connut pratiquement un siècle de régence15 entre 1406 et 1587. Cette extraordinaire “malédiction” de la maison des Stuarts profita aux intrigants de la noblesse, aux régents et aux factions rivales mais aussi aux clans des Highlands et des Hébrides qui menèrent leur existence tumultueuse en marge des lois du royaume.

Les clans et le pouvoir royal

  • 16 L'introduction du système féodal dans les Highlands et les Hébrides ne revêtit pas le même caractèr (...)

3Les relations entre les clans des Highlands et des îles et la dynastie des Stuarts, se résumèrent pendant plus de trois siècles à la confrontation, souvent brutale, de deux concepts : autorité royale et indépendance régionale ; en désespoir de cause16, les Stuarts en vinrent à rechercher des solutions dont l’efficacité fut aussi discutable que l’éthique :

    • 17 Ce discutable procédé fut inauguré par Jacques I qui se livra à une démonstration de la puissance r (...)

    Enlèvement de chefs de clans, libérés sous certaines conditions17.

    • 18 Le "roi des Ecossais" demeurait investi d’un certain prestige aux yeux des Highlanders ; en effet, (...)

    Intervention personnelle du souverain18.

    • 19 Les comtes d’Argyll étaient les chefs des Campbell. Les Gordon étaient le clan des comtes de Huntly (...)
    • 20 En échange des services rendus à la Couronne lors d'opérations militaires de maintien de l'ordre ro (...)

    .Utilisation de plus en plus fréquente des puissants clans Campbell, Gordon ou Mackenzie, dont les chefs19 devinrent des “Lieutenants du Roi”20.

    • 21 Jacques V inaugura cette politique en lançant un ordre d'extermination (Letters of Fire and Sword, (...)

    .Ordre royal donné à d’autres clans d’exterminer des clans rebelles21.

    • 22 L'épisode des Fife Adventurers, encouragés par Jacques VI à occuper l’île de Lewis (1599) au détrim (...)

    .Tentatives de déportation de populations de Highlanders et surtout d’hommes des Îles et remplacement par des Lowlanders, plus respectueux des lois22.

  • 23 Parmi celles-ci, l'on peut citer l'obligation pour les chefs de clans de produire une charte royale (...)
  • 24 Autorité suprême (souvent supérieure, étant donné le contexte local, à celle du roi) exercée par le (...)

4D’autres mesures furent également promulguées par les souverains écossais23 dénotant une profonde méconnaissance de l’âme gaélique en provocant d’autres rebellions (en particulier celles des MacDonald, Seigneurs des Iles24).

Les alliances internationales des clans

  • 25 Par le traité de Westminster-Ardtornish (1462) John, seigneur des îles et comte de Ross, Donald Bal (...)
  • 26 Une longue tradition de "garde écossaise" ou "gendarmes écossais" exista en France dès l'époque de (...)
  • 27 En 1168, le roi d'Ecosse Guillaume Ier (1143-1214) offrit d'aider le roi de France contre les Angla (...)
  • 28 Le premier traité d'aide franco-écossaise, la Auld Alliance fut signé en 1295. Le Danemark, se vit (...)
  • 29 C'est traditionnellement en France que les fils des chefs de clans allaient faire leurs études. De (...)

5Les clans, soumis aux effets de cet impressionnant arsenal politique et juridiquement vinrent à rechercher des alliances, en particulier avec les adversaires politiques de leur souverain25 Depuis fort longtemps cependant, les hommes des Highlands et des îles, excellents combattants, louaient leurs services de mercenaires26 ; dès le XIIe siècle27, des alliance furent conclues entre les clans, divers pays étrangers28 et l’Ecosse ; le partenaire privilégié de la Couronne écossaise fut longtemps la France29, alliance plus que jamais vivante après la Révolution de 1688.

  • 30 Les Mackenzie de Kintail, les Munro de Foulis, les Ross de Balnagowan, les Macintosh de Dunachton, (...)
  • 31 En particulier les Gordon, les Chisholm de Strathglass et surtout les MacDonald de Keppoch, Glengar (...)
  • 32 La promulgation de l’établissement de l'Eglise presbytérienne en 1592 incita quelques nobles écossa (...)

6La Réforme religieuse du XVIe siècle parvint à s’établir jusque dans les Highlands et les îles Hébrides où elle bénéficia de l’appui de grandes familles et clans locaux30 mais cette nouvelle situation religieuse provoqua des antagonismes parmi les clans des Highlands et des îles, certains clans des Hautes-Terres demeurant fidèles à l’ancienne Eglise catholique31. La Réforme religieuse écossaise inquiéta beaucoup les catholiques européens et parmi ceux-ci, non seulement la Papauté, mais aussi l’Espagne32.

L’Union des couronnes

  • 33 Dans le Basilikon Doron (ouvrage, publié en 1603, écrit par Jacques VI, destiné à l'éducation de so (...)
  • 34 “Here I sit and govern [Scotland] with my pen, I Write and it is done.... I govern Scotland now, wh (...)
  • 35 Par le traité de Northampton (1328), les souverains écossais et anglais s'étaient engagés à ne pas (...)
  • 36 Argyll obtint en 1607 une charte royale lui permettant d’évincer du Kintyre les MacDonald et les Ma (...)
  • 37 Le Décret du Parlement de 1608 tenta d'imposer l'abolition des privilèges judiciaires des chefs, le (...)
  • 38 Parmi ses adversaires ce dernier compta bientôt, Montrose et surtout le redoutable Alasdair MacColl (...)

7En 1603, le “roi des Ecossais”33 devint également roi d’Angleterre et partit pour Londres où il gouverna “par la plume”34. En fait, l’accession à un trône unique permit à Jacques VI (et Ier de Grande-Bretagne) de régler le problème des clans irlando-écossais35, mercenaires et ennemis jurés des Campbell36. Le roi de Londres, développa tout l’arsenal juridique possible à l’encontre des clans37. Le règne de Charles Ier vit les querelles religieuses devenir une guerre civile et les clans se ranger aux côtés ou s’opposer à Argyll, le Covenanter38.

Les clans des Highlands et des Hébrides à la fin du XVIIe siècle

  • 39 Ligne imaginaire, suivant les premiers contreforts des Hautes-Terres, elle sépara, non seulement gé (...)
  • 40 Au XVIIIe siècle, le chef des Cameron, Ewen Cameron de Lochiel, pouvait lever une armée d'environ 1 (...)

8Réfugiés au-delà de la Highland Line39, les clans avaient vu se succéder les règnes chaotiques de douze rois Stewart (depuis l’accession au trône de Robert II, en 1371). Les conséquences des régences multiples, les luttes entre les diverses factions de la noblesse écossaise, les guerres incessantes contre l’Angleterre avait suffisamment occupé les “rois des Ecossais” pour qu’ils n’accordent qu’une attention fort distraite au respect de l’ordre dans les régions les plus reculées du royaume ; en conséquence de quoi, les Highlanders et les Islanders, livrés à eux-mêmes, avaient obstinément perpétué leur mode de vie, leurs croyances et leur culture ancestrales. En cette fin du XVIIe siècle, la population des Highlands était d’environ 600 000 âmes regroupées en clans, à l’importance numérique variable, mais toujours soumis à l’autorité d’un chef. La longue tradition armée des clans, responsable de la situation intérieure anarchique du pays pendant quatre siècles, pouvait cependant présenter un avantage pour les Stuarts exilés pour peu qu’ils parviennent à s’attacher et utiliser l’énorme potentiel militaire40 des clans des Highlands et des Hébrides.

La Révolution, l’exil des Stuarts, les Jacobites

  • 41 Frère de Charles II, décédé sans héritier, converti au catholicisme en 1676, il coiffa la couronne (...)
  • 42 Avant d'accéder au trône d'Écosse, Jacques Stuart s'y rendit à plusieurs reprises (en 1679 puis de (...)
  • 43 Un Test Act obligea toutes les personnes occupant des fonctions dans l'Eglise ou dans le gouverneme (...)
  • 44 Les frères Stuart ne perçurent pas les véritables raisons pour lesquels l’aristocratie anglaise ava (...)
  • 45 Le Duc d'Albany et d’York manifesta son intolérence religieuse vis-à-vis des comtés du sudouest (ré (...)
  • 46 En 1677, un envoyé de Rome chiffra à environ deux mille le nombre de catholiques entre la Moray et (...)
  • 47 Celui-ci avait encore en mémoire la Révocation de l'Edit de Nantes (1685) par le très catholique ro (...)
  • 48 Fils du "Covenanting Marquis", exécuté le 24 mai 1661 pour sa supposée collaboration avec Cromwell, (...)
  • 49 L'occasion lui fut donnée après son accession au trône lorsque celui-ci de retour de son exil holla (...)
  • 50 L’annonce de la naissance de son héritier provoqua l'invitation faite à Guillaume d'Orange d'occupe (...)
  • 51 Fut-ce le résultat d'une certaine solidarité entre monarques catholiques de droit divin ou le résul (...)
  • 52 Dans la chambre de Marie de Modène, épouse du souverain en exil, Madame de Maintenon avait fait dép (...)

9Jacques VII41 fut le dernier Stuart sur le trône de Grande-Bretagne et son remplacement par Guillaume d’Orange en 1688 plongea l’Ecosse dans plus d’un demi siècle de rébellions en faveur des Stuart ; duc d’Albany et d’York42, il entreprit de s’assurer de la légitimité de ses droits à la couronne (remis en cause en raison de sa religion catholique) et s’aliéna une grande partie de son peuple par ses exigences en matière de religion43 ; High Commissioner in Scotland à partir de juillet 1681, Jacques Stuart44, persuadé de la fidélité de la nation entière aux principes de monarchie absolue, persista à tenter de “re”-convertir la nation au catholicisme45 en dépit du petit nombre d’adhérents à l’ancienne religion46 ; il fit bénéficier les rares catholiques de promotions sociales et inquiéta le peuple britannique47. Espérant s’attirer les bonnes grâces des chefs des Highlands et des clans des Hébrides, il entreprit d’éliminer Argyll48, chef du clan Campbell49 mais le roi Jacques VII Stuart n’eut guère le temps de régner50 ; le 5 novembre 1688, Guillaume débarquait à Torbay et la Révolution s’acheva avec la fuite vers un nouvel exil continental. Reçu par Louis XIV51, le roi déchu et sa famille s’installèrent au château de Saint Germain-en-Laye, en janvier 1689 où l’accueil du roi-soleil fut des plus généreux52. Tant à St Germain, qu’en Grande-Bretagne, ou que dans d’autres cours européennes les partisans de la contre-révolution se préparaient à agir.

  • 53 Nom issu du latin Jacobus. La période jacobite est difficile à définir dans la mesure où les nombre (...)
  • 54 Il s'agit bien là de l’esprit même des déclarations faites par le Parlement d'Ecosse en 1681 et 168 (...)
  • 55 La plupart des clans étaient presbytériens ; seuls, semble-t-il, les MacDonald de Glencoe, les Stew (...)
  • 56 Celui-ci était particulièrement vif chez tous ceux qui avaient eu à souffrir par le passé du zèle a (...)
  • 57 Fournissant des troupes, la Argyll Militia (qui compta jusqu'à 2776 hommes) en renfort de l'armée g (...)
  • 58 D'autres clans manifestèrent un empressement moindre ou épisodique à défendre la cause jacobite ; l (...)
  • 59 Si l’on estime la population des Highlands et des Hébrides, au début du XVIIIe siècle, à environ 60 (...)
  • 60 Certains d'entre eux restèrent officiellement fidèles au gouvernement tandis que d'autres membres d (...)

10Les partisans de Jacques II Stuart, connus sous le nom de “Jacobites”53, firent leur la doctrine du droit irrévocable du roi de droit divin et héréditaire54. Le jacobitisme des clans des Highlands et des îles Hébrides fut un mélange, dans des proportions variables, de convictions religieuses55, d’attachement à la dynastie des Stuarts en tant que que Ard-righ Albainn (grand roi d’Ecosse), d’un certain nationalisme mais aussi d’un sentiment anti-Campbell56. L’on peut cependant s’étonner du jacobitisme de certains clans des Highlands et des Hébrides qui eurent à souffrir, pendant plus de trois siècles, de l’attitude des Stuarts à leur égard. Tous les clans des Hautes-Terres et des Iles d’Ecosse n’étaient pas jacobites ; les clans Munro, Mackay et les Campbell57, étaient résolument whig et ne vacillèrent pas de cette ligne de conduite ; les Ross et les Sutherland se rangèrent aussi aux côtés des troupes gouvernementales lors des soulèvements armés. En revanche, les rois Stuart exilés savaient qu’était susceptible de leur être acquise la fidélité d’un nombre important de clans : les clans MacDonald (de Keppoch, de Glencoe et le Clanranald) MacDonnell de Glengarry, Cameron, Robertson, MacPherson, Stewart d’Appin, MacLean, Mackintosh, MacKinnon, MacLachlan, Chisholm, Drummond, Farquharson, Fraser, Gordon, Grant, MacBean, MacGillivray, Menzie58. Cette impressionnante liste de clans ne doit pas cependant occulter le fait que le nombre de combattants dans les armées de Dundee, Mar, ou Charles Edouard Stuart demeura minime par rapport à l’énorme potentiel militaire des Highlands and Islands59 ; il est probable que les clans eux-mêmes furent divisés dans leur allégeance (Voir R. L. Stevenson, The Master of Ballantrae, 1889) et que par conviction ou par prudence tactique, des membres d’une même famille combattirent dans des rangs opposés60.

Le premier soulèvement jacobite et la guerre irlandaise

11Si la révolution de 1688 se déroula sans effusion de sang, la contre-révolution menée par les Jacobites afin de restaurer la dynastie des Stuart allait parfois avoir de graves conséquences pour les rebelles britanniques, encouragés et parfois activement soutenus par d’autres puissances européennes. Les clans des Hautes-Terres et des Iles participèrent activement à ces efforts de restauration qui se jouèrent sur l’échiquier international mais en un peu plus d’un demi siècle, l’ancienne civilisation gaélique d’Ecosse allait cependant apporter la preuve de son incapacité à s’adapter aux nouvelles exigences capitalistes de la société britannique.

  • 61 Voir Sir C. Petrie, The Jacobite Movement (Londres : Eyre and Spottiswoode, 1959) : "They were also (...)
  • 62 Commandant des forces royalistes catholiques en Irlande. Voir G.H. Jones, The Main Stream of Jacobi (...)
  • 63 L'étonnante constante des différentes rebellions jacobites fut l’incapacité de coordonner les mouve (...)
  • 64 Des cavaliers de Purcell’s Dragoons, mais sans leurs chevaux.

12S’étant aliéné le Parlement écossais par son attitude hautaine, Jacques ne pouvait plus compter que sur le prodigieux soldat qu’était John Graham de Claverhouse, vicomte Dundee. Celui-ci leva une armée de clans, très vite en proie aux luttes intestines61, tout en espérant des renforts irlandais alors que Jacques II, fort des promesses de fidélité des envoyés irlandais de Tyrconnel62, entreprenait de déclencher sa contre-révolution sans tarder63 et traversa de Brest à Kinsale ; l’aide militaire étrangère se limita à trois frégates françaises transportant un petit détachement de cavalerie64.

  • 65 Originaire de Scourie, ce Highlander, avait effectué la majeure partie de sa carrière militaire au (...)
  • 66 L'armée de Dundee comptait des MacLean de Duart, des troupes irlandaise, le Clanranald, les MacDone (...)
  • 67 Une excellente description du mode de combat des Highlanders, dont la tradition veut veut que l'inn (...)
  • 68 Partisans de Richard Cameron (1648-80), fidèles à une forme extrême de presbytérianisme ; longtemps (...)
  • 69 Voir Francisque Michel, Les Ecossais en France, les Français en Ecosse (London, 1862) : "Entre tous (...)
  • 70 En raison sans doute de la longue tradition d'alliance unissant les clans des deux pays.
  • 71 Killiecrankie et la suite de la première campagne jacobite ne vit pas l'intervention des "grands cl (...)
  • 72 La cause des Stuarts s'y trouva mêlée aux intérêts français (souhaitant utiliser le pays comme tête (...)
  • 73 Remplacement de Von Rosen par le duc de Lauzun, qui s'avéra être un stratège maladroit et indécis ; (...)
  • 74 Le roi Stuart prétendit que son retour en France était dû à la nécessité de préparer un débarquemen (...)
  • 75 En février 1692, les "Wild Geese", soldats irlandais préférant s'expatrier plutôt que vivre sous la (...)

13Le général Hugh Mackay65 tenta d’interdire l’accès au nord du pays à l’armée des clans jacobites ; la rencontre eut lieu à Killiecrankie, le soir du 27 juillet 1689 ; les clans66, fidèles à leur stratégie habituelle67, bousculèrent en quelques minutes les troupes inexpérimentées de Mackay mais la victoire jacobite fut ternie par la mort de Dundee. Son successeur, Cannon, ne put empêcher les clansmen de subir une lourde défaite aux mains des Cameronians68 défendant Dunkeld (21 août 1689). Les clans, en proie aux querelles, reprirent le chemin de leurs glens ou de l’exil69 ; mis à part les Irlandais70, aucune troupe étrangère n’avait débarqué pour prêter main forte aux clans jacobites dont la campagne rapide et le retour vers la sécurité des Highands laissèrent l’impression d’une escarmouche71. Le premier soulèvement jacobite écossais était terminé, sans avoir obtenu de résultats décisifs et le combat se poursuivait maintenant en Irlande72. La confrontation finale eut lieu sur les rives de la Boyne où une accumulation de maladresses françaises et jacobites73 donna la victoire aux troupes de Guillaume d’Orange tandis que Jacques Stuart retournait en France, ternissant sa réputation à jamais74. Le soulèvement irlandais se conclut par le Traité de Limerick75 ; la répression fut féroce et explique l’apathie irlandaise lors des soulèvements jacobites de 1715 et 1745.

La politique internationale et les soulèvements jacobites du XVIIIe siècle

  • 76 Louis XIV alloua à Jacques VII une pension annuelle de 600 000 livres.
  • 77 On estima leur nombre à environ 2500 au début du siècle.

14Les rois Stuart exilés furent l’objet non seulement d’une certaine compassion de la plupart des souverains catholique européens mais reçurent souvent de ces derniers une assistance politique non négligeable et des aides financières76 et militaires. Ce fut néanmoins la France qui assuma le rôle de terre d’exil des Jacobites ; les réfugiés irlandais et écossais se pressèrent auprès de leur souverain, dont le château de Saint-Germain, bientôt trop exigu, ne put les accueillir tous77 ; il y avait cependant peu de Highlanders parmi eux, la plupart s’étant réfugié au sein de leur clan dans les solitudes sauvages des Hautes-Terres et des Iles.

  • 78 Le chef convoquait tous ces hommes en armes par l’intermédiaire d’un coureur porteur de la Fiery Cr (...)
  • 79 Ils nécessitaient un entraînement préalable avant de pouvoir servir le moindre dessein guerrier ; p (...)

15L’avenir des rois exilés allait se jouer autant sur l’échiquier de la politique internationale que sur d’éventuels champs de bataille car si les clans des Highlands et des Iles étaient à même de prendre les armes presque instantanément78, les Jacobites anglais étaient peu entraînés aux choses de la guerre79 ; dans le contexte britannique, les Highlanders représentaient donc bien le principal espoir des anciens “rois des Ecossais”.

  • 80 Celle-ci fut consacrée, en fait, à solliciter la permission de Jacques II ; pendant ce temps s'évan (...)
  • 81 Lequel, retardé par la neige, ne prêta serment que le 6 janvier.
  • 82 Le clan MacDonald de Glencoe était bien connu pour ses sympathies jacobites et plus vulnérable que (...)
  • 83 “If M’Kean of Glencoe, and that tribe, can be well separated from the rest, it will be a proper vin (...)
  • 84 L'opération échoua dans la mesure où la majeure partie du clan parvint à s'enfuir (il y eut cependa (...)

16Guillaume d’Orange était parfaitement conscient de la menace que représentaient pour son trône ces Highlanders ; la facilité de leur victoire sur les troupes gouvernementales à Killiecrankie n’avait pu manquer de l’inquiéter ainsi que leurs sentiments jacobites (un nombre important de chefs de clans, dont Lochiel, n’avaient consenti à faire la paix avec le nouveau gouvernement écossais qu’après une longue période de réflexion80). Le roi britannique exigea des chefs de clans l’acceptation de sa seule autorité avant le 1er janvier 1692, faute de quoi ils s’exposeraient aux rigueurs de la loi. Désirant l’accord de leur roi en exil, les chefs des clans jacobites perdirent un temps précieux, en particulier Alasdair MacDonald de Glencoe81. Les whigs du nouveau gouvernement tenaient enfin leur bouc émissaire82 ; le Secrétaire d’Etat, Sir John Dalrymple, Master of Stair, qui n’aimait ni les Highlanders ni les Jacobites, confia à Robert Campbell de Glenlyon sa mission punitive83. Le massacre84 jeta un discrédit à l’échelle européenne sur Guillaume d’Orange, et renforça les sentiments jacobites de nombreux clans locaux, maintenant animés plus que jamais d’un esprit de vengeance contre le nouveau régime et les Campbell.

Les projets militaires et diplomatiques du début du XVIIIe siècle

  • 85 Ajoutant ses efforts à ceux de Louis XIV, l'empereur Léopold Ier d'Autriche, proposa la conquête d’ (...)
  • 86 Les 16 000 soldats français demeurèrent bivouaqués près de Calais, car les hésitations de Jacques, (...)
  • 87 James Francis Stuart vit son surnom de "Jamie the Rover" se muer très vite en celui de "Old Mr Misf (...)
  • 88 L’Ecosse était dépourvue de troupes gouvernementales susceptibles de les empêcher de rejoindre Stir (...)
  • 89 La paix d'Utrecht en 1713, obligea Louis XIV à éloigner les Stuarts de France et c'est en Lorraine (...)

17Louis XIV, impressionné par la vigueur du sentiment jacobite écossais ordonna une invasion de l’Angleterre ; en avril 1692, Jacques Stuart s’apprêtait à embarquer depuis la côte normande mais la flotte de protection de l’amiral Tourville ne put, en raison de vents contraires, rejoindre la flottille transportant les vingt quatre mille soldats français, mouillée dans le Cotentin. Lorsque les quarante-quatre navires de Tourville, quittèrent finalement Brest ce fut pour se jeter dans le piège d’une flotte anglo-hollandaise qui leur infligea la lourde défaite de La Hague et les projets d’invasion furent remis à une date ultérieure. Seule, la voie diplomatique semblait susceptible de permettre aux Stuarts de reconquérir un trône85 mais ni Guillaume d Orange ni Jacques Stuart ne semblaient désireux d’accepter de compromis. Une nouvelle expédition navale française fut préparée en 1696-97 qui connut le même échec86 que la précédente. La mort de Jacques II (en septembre 1701) et la reconnaissance par Louis XIV de Jacques François87, précédèrent un nouveau conflit entre la France et l’Angleterre (Guerre de la Succession d’Espagne, 1702) ; la France se prépara de nouveau à intervenir en liaison avec les mécontents écossais et Louis XIV, conseillé par le duc de Chevreuse, se décida en février 1708, à faire embarquer à Dunkerque, une armée de 6000 hommes ainsi que le jeune roi de 19 ans ; cette expédition n’avait d’autre ambition que d’aider à sa restauration sur le seul trône d’Ecosse. Cependant, Jacques, atteint de rougeole, retarda le départ de la flottille ; à partir de ce moment, l’Amiral Forbin sembla n’avoir aucune foi dans sa mission. Celle-ci, après une tempête, le mena dans le Firth of Forth, où les Jacobites se préparaient à débarquer quand la Royal Navy apparut, provoquant la fuite de Forbin qui refusa, en dépit de ses exhortations de débarquer le jeune “Jacques III”, gâchant ainsi une magnifique occasion de Restauration des Stuarts88 ; celle-ci s’offrit de nouveau à la mort de la reine Anne ; avec obstination, Jacques89 refusa de renoncer à la foi catholique. L’occasion fut perdue et l’électeur de Hanovre prit le titre de Georges I.

Les Jacobites et la recherche d’alliés européens

  • 90 Cependant tant que les Stuarts ne parviendraient pas à mieux assurer leurs chances d'accès au trône (...)
  • 91 Les Danois, ennemis de la Suède, étaient alliés à Hanovre. En 1714, Charles XII, roi de Suède, semb (...)
  • 92 De même, les Jacobites tentèrent en 1718, de s'assurer l'alliance de Pierre le Grand de Russie en p (...)
  • 93 Cette période vit l’augmentation du sentiment de mécontentement écossais contre le gouvernement de (...)
  • 94 Ses tentatives d'alliances européennes ne rencontraient guère d’écho favorable et Louis XIV, son me (...)

18Cependant, des pourparlers, négociés avec l’aide du roi de France, permirent à Jacques François de s’assurer de l’appui de Philippe V d’Espagne en échange de la promesse de réinstaurer la religion catholique en Irlande puis en Grande-Bretagne90 tandis que l’aide du roi de Suède était également sollicitée91 ; mais la mort de ce dernier en 1718 mit un terme aux espoirs jacobites92. La situation de Jacques était ambiguë : l’Ecosse était mécontente93 et prête à se rebeller, mais en même temps sa propre situation politique n’était guère brillante94.

La rébellion de Mar (1715)

  • 95 Vexé de l'attitude de Georges Ier à son égard, il réunit, sous prétexte d'une partie de chasse, que (...)
  • 96 L'argent des Jacobites fut entreposé au château de Drummond ; de nombreuses sources financèrent la (...)
  • 97 Le roi fit une impression désastreuse sur les clans et leurs chefs : “When we saw the Person who we (...)

19C’est dans ce climat d’hésitation que le comte de Mar95 brandit l'étendard de la révolte en septembre 1715. Les clans furent alertés par des espions jacobites et de l’argent96 et des armes furent convoyés depuis la France, mais une fois de plus, le manque de concertation des Jacobites fit échouer la rébellion anglaise qui, dans le sud-ouest du pays devait être le champ d’opération principal. Pendant ce temps, dans les Highlands, les clans se préparaient ; le puissant clan Mackenzie, commandé par le comte de Seaforth, la “Atholl Brigade” regroupant des membres jacobites de la famille du duc d’Atholl, et les clans traditionnellement jacobites tels les MacGregor, les MacDonell de Keppoch et de Glengarry, les MacLean, le Clan Cameron et même des Campbell de Breadalbane. Face aux clans jacobites, les 1500 clansmen d’Argyll, défenseur du gouvernement, semblaient une bien piètre armée mais, en raison des hésitations perpétuelles de Mar, les Jacobites parvinrent à perdre l’initiative laissant Argyll prendre position au château de Stirling. Mar, indécis, occupa Perth, avec environ 12 000 hommes, divisa ses forces et finit par se porter à la rencontre d’Argyll, à Sheriffmuir (13/11/1715) où l’issue de la bataille fut indécise. Les forces jacobites, sous le commandement inefficace de Mar, se dispersèrent et furent rejointes par le roi débarqué à Peterhead, 3 jours avant Noël 171597, ce qui incita les Highlanders à croire à un prochain débarquement de troupes françaises ; mais l’aventure se termina en marasme, les clans rejoignant leurs glens. Le soulèvement jacobite de 1715 resta dans l’histoire d’Ecosse comme l’exemple même de la malchance et de l’incompétence conjuguées : le roi Jacques s’embarqua à Montrose en compagnie de Mar et retrouva le chemin de l’exil ; la cause jacobite semblait entendue.

1719, les Espagnols à Glen Shiel, des étrangers en Ecosse

  • 98 L'Espagne venait de s'emparer de la Sicile et de la Sardaigne (1717).

20La France et l’Angleterre étant maintenant en paix, les Jacobites perdaient leur principale alliée et la raison majeure de ses projets d’intervention : débarquer en Angleterre ou bien en Ecosse et ouvrir, avec l’aide des Highlanders, un second front et attaquer l’Angleterre sur ses arrières ; ces stratégies et tactiques n’étaient maintenant plus de mise et il semblait que les Stuarts dussent se faire à l’idée de voir le trône de leurs ancêtres occupé par les Hanovre. C’est alors qu’une aide espagnole fut proposée par le cardinal Alberoni, Premier Ministre du roi Philippe V d’Espagne, à qui la Grande-Bretagne venait de déclarer la guerre, effrayée par la politique expansionniste espagnole98. Une invasion espagnole de la Grande-Bretagne fut proposée aux envoyés de Jacques “III” : une opération de diversion en Ecosse devait voir le débarquement de quelques compagnies espagnoles sous la responsabilité du comte-maréchal Georges Keith.

  • 99 Les quarante-cinq Espagnols de la garnison se rendirent sans opposer la moindre résistance.

21Le 11 mars la flottille, transportant 327 militaires espagnols, quitta San Sébastian, faisant escale au Havre pour embarquer des chefs jacobites vétérans de l’insurrection de 1715 ; parmi ceux-ci figurait William Mackenzie, comte de Seaforth, chef du puissant clan Mackenzie, ainsi que Cameron de Lochiel et MacDonald de Clanranald. Les trois bateaux atteignirent les Hébrides où les hésitations divisèrent encore les Jacobites quant à la marche à suivre : attaquer Inverness et déclencher un soulèvement ou attendre les nouvelles de l’expédition principale commandée par Ormonde sur les côtes anglaises ? En désespoir de cause, les troupes espagnoles débarquèrent à Loch Alsh, et occupèrent le château des Mackenzie, Eilean Donan, qui fut bombardé puis pris d’assaut par des troupes débarquées de bateaux de la Royal Navy99.

  • 100 Immortalisé par Sir Walter Scott sous les traits d'un "Robin des Bois" des Highlands.
  • 101 Les troupes jacobites comptaient moins de mille hommes soumis aux effets de l'artillerie de Wightma (...)

22Quelques clans vinrent renforcer, à contre-cœur semble-t-il, le petit détachement espagnol : les Cameron, au nombre de 150, 500 Mackenzie commandés par Seaforth, quelques groupes épars du Perthshire sous le commandement de Lord George Murray et Rob Roy MacGregor100. Le 10 juin, l’armée jacobite101 fut contrainte de livrer bataille à GlenShiel au major-general Wightman, vétéran de Sheriffmuir, en garnison à Inverness. Après qu’environ une centaine d’hommes eurent été mis hors de combat dans chaque armée, la victoire resta aux troupes du gouvernement ; en fin de journée, il fut décidé, dans la petite armée jacobite des clans qui voyaient enfin des troupes étrangères alliées fouler le sol écossais, que les Highlanders rejoindraient leurs glens, tandis que les Espagnols, considérés comme prisonniers de guerre offriraient leur reddition. Une fois de plus, un soulèvement jacobite se terminait dans la confusion sans avoir atteint un seul de ses buts.

De 1719 à 1745

  • 102 Un point reste cependant obscur et pour cause : quelles eussent été les réactions des populations a (...)
  • 103 En 1745, le duc d'Argyll se rendit à Londres afin d'obtenir la permission de réarmer les hommes de (...)
  • 104 “This act has been found by experience to work the quite contrary effect from what was intended by (...)
  • 105 En fait, les Highlanders répugnaient, en raison des coutumes nées de l'histoire tumultueuse des Hig (...)

23Après le fiasco de pratiquement toutes les tentatives de restauration des Stuarts, il ne pouvait paraître qu’étonnant qu’un seul Jacobite écossais puisse encore espérer et entreprendre quoi que ce soit en vue de la Restauration des anciens souverains d’Ecosse. La malchance qui présida lors de pratiquement toutes les expéditions maritimes n’eut d’égal que l’incompétence ou l’indécision des divers meneurs. Peu à peu, dans les cours européennes, une conclusion s’imposait aux monarques alliés des Stuarts : ceux-ci pouvaient certainement encore prétendre occuper le trône de leurs ancêtres mais à condition d’accepter de limiter leurs ambitions à la reconquête du seul trône écossais ; les Jacobites anglais ayant fait la preuve de leur hostilité à toute rébellion armée102, seuls, les clans de Highlanders, dont le potentiel combattant n’était guère entamé, pouvaient encore être considérés comme une force armée jacobite. Le gouvernement de Londres, parfaitement informé de cet état de fait, passa des lois pour désarmer les clans, tout en étant conscient de l’impossibilité d’entériner ce Disarming Act ; les clans whig obtempérèrent103 et remirent leurs armes alors que les clans jacobites ne cédèrent que de vieilles lames et des armes hors d’usage104, dans l’attente d’un prochain soulèvement105.

  • 106 Chef du puissant clan Fraser, il gagna le surnom de " The old Fox", ce qui en dit long sur ses agis (...)
  • 107 Le rapport de Wade sur les Highlands en 1724, est cité par Allardyce, Historical Papers (Aberdeen, (...)
  • 108 En particulier sur le Great Glen, où les sympathies jacobites étaient particulièrement vives chez l (...)
  • 109 Les six premières compagnies indépendantes (Am Freiceadan Dudh, "The Black Watch") furent crées en (...)

24Deux spécialistes adressèrent au gouvernement de Londres des rapports alarmants concernant l’état des Highlands et le mode de vie et la mentalité des Highlanders et des hommes des Hébrides ; l’un fut Simon Fraser de Lovat106 et l’autre le général Wade107. Ce dernier dénombra, pour l’ensemble des Highlands, un potentiel de 22 000 combattants dont environ la moitié étaient des Jacobites, probablement armés et prêts à se rebeller à la première occasion. Wade proposa des solutions et obtint des moyens lui permettant de pallier cette situation : construction de forts108, création de routes, ponts, levée de “compagnies indépendantes”109, constituées de Highlanders fidèles au gouvernement et utilisées pour maintenir l’ordre.

La dernière rébellion (The ’45)

  • 110 Le prince Charles Edouard Stuart arriva en Ecosse sans armes, ni argent, ni armée ; il n'était acco (...)
  • 111 Les deux principaux chefs de clans de l’île de Skye étaient Sir Alexander MacDonald de Sleat et Nor (...)
  • 112 Il fit appel à ses sentiments jacobites mais l'assura également que la victoire serait rapide et ai (...)
  • 113 Clanranald, MacDonald de Morar, MacDonald de Keppoch, tandis que d’autres clans plus éloignés se mo (...)

25Si la France avait, au niveau européen, la puissance politique et militaire pour intervenir en Angleterre et aider à la restauration de la dynastie des Stuarts, les hésitations de Louis XV incitèrent Charles Edouard Stuart à considérer les clans jacobites des Highlands et des Hébrides comme les plus sûrs garants de la Cause. Fort de cette certitude et espérant provoquer ainsi l’intervention française, le jeune Prince, âgé de 25 ans débarqua sur la côte atlantique des Highlands, le 23 juillet 1745110. Il apprit, sans grande surprise, que les deux chefs111 de clans locaux ne le suivraient que s’il était accompagné de troupes, armes, et argent français. Les chefs des Highlands et des Hébrides, comprenant parfaitement la dynamique des forces en présence, hésitaient à risquer leurs clansmen dans une nouvelle rébellion ; cependant, Charles Edouard parvint à gagner à sa cause le chef du grand clan Cameron, “The gentle Lochiel”112, ainsi que les autres chefs de clans alliés qui ne purent que se joindre à l’armée du prince113.

  • 114 Mercenaires hollandais, suisses et hessois.
  • 115 Deux projets français d'invasion et d'aide aux jacobites écossais furent mis en échec par le mauvai (...)
  • 116 Les clans de Highlanders et d'hommes des îles répugnaient à abandonner trop longtemps leur famille (...)

26A ce stade des préparatifs, force est de constater, une fois de plus, l’absence de troupes étrangères auprès des clans de Highlanders qui persistèrent dans leur avance sur Perth (où ils furent rejoints par le duc de Perth et Lord George Murray) puis Edimbourg. Charles et les clans remportèrent leur première victoire de Prestonpans contre les troupes de Cope. Les conséquences furent multiples ; la menace jacobite était enfin prise au sérieux par Georges II car l’Ecosse était toute entière à la merci des Jacobites ; quant au prince, il conclut trop hâtivement que “ses” Highlanders étaient invincibles. Cette confiance l’incita à envahir l’Angleterre au lieu de demeurer en Ecosse et de défendre ce pays dont il aurait pu être proclamé roi à la fois par Louis XV et éventuellement par le gouvernement de Londres, sans doute heureux de s’en tirer à si bon compte. Il commit l’erreur d’hésiter, d’attendre, laissant l’armée anglaise se renforcer de troupes revenues en hâte de Flandres114. Les Jacobites anglais furent peu nombreux et les renforts français inexistants115 car la décision du prince de rebrousser chemin à Derby (16/12/1745), sous la pression des clans116 eut l’énorme conséquence d’annuler le projet de débarquement français. Les clans, après leur victoire facile de Falkirk, se virent poursuivis par les troupes de Cumberland et contraints à livrer, seuls, leur dernière bataille à Culloden (Drummossie Moor). Le 16 avril 1746 ; tout espoir d’un futur soulèvement jacobite fut noyé dans le sang des clans et le gouvernement britannique s’assura par la répression féroce qui suivit la défaite des clans jacobites que cette rébellion des Highlanders en faveur des Stuarts serait la dernière.

  • 117 Aucun soldat des troupes françaises embarquées à plusieurs reprises (1692, 1696-97, 1708, 1744, 174 (...)

27Lors des soulèvements jacobites de la fin du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle, les clans de Highlanders et les clans des Hébrides jouèrent un rôle primordial. L’on ne peut manquer cependant d’être frappé, non seulement par la constance avec laquelle ces clans, en dépit des risques encourus, se soulevèrent pour tenter de restaurer la dynastie des Stuarts qui n’avait pas toujours été compréhensive vis-à-vis des Highlanders, mais aussi par leur solitude dans ces combats qui revêtirent souvent une importance internationale ; à de très rares exceptions près (soldats irlandais ou espagnols), les troupes régulières des monarques européens (en particulier soldats français), brillèrent par leur absence sur le sol britannique117. Les Stuarts comprirent-ils cependant que s’ils avaient limité leurs ambitions au seul trône d’Ecosse, ils auraient probablement pu reconquérir ce pays, berceau de leurs ancêtres ? Qui furent les véritables responsables de l’échec jacobite ? En dépit de leur engagement à de multiples reprises, les clans des Highlands et des Îles Hébrides n’avaient que peu de chances de réussite en l’absence d’une aide militaire étrangère. Comme l’affirma Lord George Murray, The Jacobite General, en 1755 :

  • 118 John, 7th Duke of Atholl, Chronicles of the Atholl and Tullibardine Familles (Edinburgh : Abbotsfor (...)

Had the Ministers of the Court of Versailles, ten years ago, been persuaded to support his Royal Highness the Prince at the beginning of his attempt, in a proper manner, I think I do not say too much if I affirm that his Royal Highness could not have failed of success118.

  • 119 Comme le dit la chanson Flower of Scotland, redevenue l'hymne écossais.

28Les Stuarts auraient probablement pu renverser le cours de l’Histoire, en utilisant à meilleur escient l’énorme potentiel militaire des clans des Highlands et des Iles mais encore eut-il fallu qu’ils eussent pu bénéficier de l’appui militaire de leurs alliés européens sous la forme de troupes régulières étrangères dont le nombre et surtout la discipline eussent été garants de victoires exploitables sur le plan politique. La malchance s’attacha cependant à leurs pas et les rébellions jacobites demeureront dans l’Histoire comme la dernière occasion de voir l’Ecosse redevenir “a Nation again”119.

Notes

1 Voir J.D. Mackie, A History of Scotland (Harmondsworth : Penguin, 1964) "In the medieval mappamundi'which shows the world as a disc with Jerusalem as its centre and ocean as its rim, Scotland was shown to be diametricaly opposite to 'Paradise'" (11).

2 Voir à ce sujet T.C. Smout, The Emergence of the Highlander, A History of the Scottish People 1560-1830 (Bungay : Fontana, 1972) 39-46.

3 Voir John de Fordun, cité par P.Hume Brown, ed., Scotland before 1700 from Contemporary Documents (Edinburgh, 1893) : "The manners and customs of the Scots vary with the diversity of their speech. For two languages are spoken amongst them, the Scottish and the Teutonic : the latter of which is the language of those who occupy the seaboard and plains, while the race of Scottish speech inhabit the highlands and outlying islands.... The highlanders and people of the islands... are a savage and untamed nation, rude and independant, given to rapine, easy-living, of a docile and warm disposition, comely in person but unsightly in dress, hostile to the English people and language and owing to diversity of speech ; even to their own nation, and exceedingly cruel” (11-12).

4 Jacques Ier fut assassiné (en 1437 à l'âge de 31 ans), Jacques II mourut à 23 ans d'un accident (1460) ; Jacques III fut assassiné (en 1488 à 28 ans), Jacques IV mourut sur le champ de bataille de Flodden (en 1513 à 25 ans), Jacques V mourut de désespoir après sa défaite de Solway Moss (en 1542, âgé de 29 ans) Marie Stuart fut décapitée (après 19 années d'emprisonnement, à l'âge de 44 ans en 1587) ainsi que Charles I (1649) ; Charles II fut vaincu à Worcester (1651) et contraint à l’exil, sort qui fut également celui de son frère Jacques VII après la Révolution de 1688.

5 A l'exception des rares Jacobites anglais, en particulier ceux du Manchester Regiment.

6 Voir W.F. Skene, Celtic Scotland (Edinburgh, 1880) "The clan System no doubt took its origin largely from the mountainous nature of the country in which the people found themselves, each familiy or tribe living in its own glen, separate from the rest of the world and too remote from any capital to be interfered with by a central government" (236). Voir aussi W. Notestein, The Scot in History (London : Cape, 1946) 8.

7 Voir D. Stewart, Sketches of... Highlanders of Scotland (Edinburgh, 1822): “(The chiefs) surrounded by men devoted to the defence of their rights, their property and their power, established within their own territoires a jurisdiction almost wholly independent of their liege land” (21).

8 La caractéristique essentielle du clan, est clairement indiqué par son nom gaélique (clann signifiant : enfants, descendants).

9 Voir Sir Gordon of Gordonstoun, A Genealogical History of the Earldom of Sutherland, from Its Origin to the Year 1630 (Edinburgh, 1813): “For all these ilanders (and lykwayes the Hielanders) are, by nature, most bent and prone to adventure themselves, their lyffs and all they have, for their masters and lords, yea beyond all other people” (271).

10 Au fil des siècles, se développa chez les Lowlanders un sentiment de peur mêlé de mépris et de haine que les habitants des Hautes-Terres et des Iles d'Ecosse appelèrent en gaélique : Mi-run mor nan Gall "la grande haine" du Lowlander.

11 Le vol de bétail ou creach était une tradition codifiée entre Highlanders permettant aux jeunes hommes du clan de faire la preuve de leur valeur et de leur habileté. Ces vols étaient cependant également dirigés contre les troupeaux des plaines fertiles des Lowlands et se trouvaient justifiés par une ancienne croyance voulant que les Lowlands (Where all men taken their prey) aient appartenu à une époque antérieure aux Highlanders.

12 Le blackmail consistait à assurer et à "protéger" le bétail (bovins souvent noirs) d'un clan ou plus généralement d'un propriétaire des Lowlands contre les "risques" de vol. 

13 L'on vit ainsi apparaître la première mention du mot clan lorsque que le propre fils illégitime du roi Robert II en compagnie de "wyld Wikked Helend-men" saccagea les villes de Forres et Elgin (en 1390).

14 Jacques II à 6 ans, Jacques III à 9 ans, Jacques IV à 15 ans, Jacques V à 1 an, Marie Stuart à une semaine et Jacques VI à 1 an.

15 De la mort de Robert Ier à celle de Jacques VI (de 1329 à 1625) l'Ecosse vit sept minorités en dix règnes (chaque roi, à part Jacques IV, accédant au trône à un âge n'autorisant d'autre possibilité qu'une régence).

16 L'introduction du système féodal dans les Highlands et les Hébrides ne revêtit pas le même caractère hiérarchique qu'en Angleterre ou même que dans les Lowlands, car la situation de fait était déjà différente : la structure clanique était suffisamment autonome pour ne pas avoir à rechercher en dehors d'elle-même des références d'obédience.

17 Ce discutable procédé fut inauguré par Jacques I qui se livra à une démonstration de la puissance royale en faisant arrêter une cinquantaine de chefs des Highlands, réunis à Inverness par convocation royale (08/1428). Autre exemple : en 1540, Jacques V se rendit dans les Iles à la tête d'une flotte, installa des garnisons et appréhenda tous les chefs qu'il put rencontrer, ne les libérant qu'en échange d'otages garants de leur bonne conduite future.

18 Le "roi des Ecossais" demeurait investi d’un certain prestige aux yeux des Highlanders ; en effet, chaque fois qu'il se présenta en personne face à des clans révoltés, il parvint à commander leur respect. La plupart des rois Stuart se rendirent, en personne, dans les Highlands (Jacques Ier [1428] Jacques II [en 1455 et 1457]) mais c'est surtout Jacques IV qui laissa le souvenir d'un roi à l’écoute de ses sujets gaéliques (langue qu'il fut le dernier Stewart à savoir utiliser) : il se rendit dans les Highlands mais surtout les îles en 1490 puis à six reprises entre 1493 et 1499.

19 Les comtes d’Argyll étaient les chefs des Campbell. Les Gordon étaient le clan des comtes de Huntly, tandis que les Mackenzie, grand clan du nord-ouest, voyaient leurs territoires s'agrandir au fur et à mesure des manoeuvres politico-judiciaires de leurs chefs (qui devinrent comtes de Seaforth).

20 En échange des services rendus à la Couronne lors d'opérations militaires de maintien de l'ordre royal, les chefs de ces clans étaient parvenus à agrandir considérablement les territoires de leurs clans respectifs au détriment de clans "rebelles" tels les MacDonald, les MacLean et les MacGregor, le Clan Chattan et les MacLeod.

21 Jacques V inaugura cette politique en lançant un ordre d'extermination (Letters of Fire and Sword, 1528) à l'encontre du clan Chattan. Les persécutions diverses, dont le clan Gregor fut l'objet, forment l'une des pages les moins glorieuses de l'Histoire du règne des Stuart (sous le règne de Marie puis surtout celui de Jacques VI).

22 L'épisode des Fife Adventurers, encouragés par Jacques VI à occuper l’île de Lewis (1599) au détriment des MacLeod, fit ressortir la complexité des alliances et des liens entre les clans et le pouvoir central (rôle des Mackenzie).

23 Parmi celles-ci, l'on peut citer l'obligation pour les chefs de clans de produire une charte royale de propriété des terres occupées par leur clan, l'instruction "anglaise" obligatoire de leurs fils, l'obligation pour les chefs de produire leurs clansmen coupables devant le justice royale (décret du 3/10/1496).

24 Autorité suprême (souvent supérieure, étant donné le contexte local, à celle du roi) exercée par les chefs du puissant clan MacDonald sur les Hébrides, ce titre fut assumé (à partir de 1354) par les MacDonald d’Islay à la suite du démantèlement du "grand Clan Donald" (conséquence de la Guerre d'indépendance) et reconnu par la couronne au XVe. Pendant 140 ans, la puissance des Iles tint en échec un pouvoir royal malchanceux et trop souvent incompétent. Le conflit entre l'autorité royale des Stuart et les Seigneurs des Iles dura bien au-delà de la confiscation du titre par Jacques IV (1493) et c'est seulement en 1545 que les dernières rebellions furent matées, cédant la place à l’inquiétude face au pouvoir croissant des Campbell.

25 Par le traité de Westminster-Ardtornish (1462) John, seigneur des îles et comte de Ross, Donald Balloch et leurs subgettez s'engageaient à devenir les sujets et les vassaux du roi Edouard IV d'Angleterre et à l'aider dans ses entreprises guerrières à l'encontre de leur souverain légitime, Jacques III, "to their uttermest myght and power". Voir D. Macpherson, ed„ Rotuli Scotiae in Turri Londinensi et in Domo Capitulari Westmonasterensi Asservati (London, 1814-19) 2 : 405-07.

26 Une longue tradition de "garde écossaise" ou "gendarmes écossais" exista en France dès l'époque de Jeanne d'Arc (premier tiers du XVe siècle) ; ainsi le roi Charles VII possédait-il une "garde écossaise" (Les Gardes de la Manche) forte d'environ 120 hommes. S. Wood, The Auld Alliance (Edinburgh : Mainstream, 1989) 32-33.

27 En 1168, le roi d'Ecosse Guillaume Ier (1143-1214) offrit d'aider le roi de France contre les Anglais.

28 Le premier traité d'aide franco-écossaise, la Auld Alliance fut signé en 1295. Le Danemark, se vit proposer des négociations d’alliance par Alexandre MacDonald, fils de Donald Seigneur des Iles, en vue d'un retour à une souveraineté norvégienne (vers 1433).

29 C'est traditionnellement en France que les fils des chefs de clans allaient faire leurs études. De ce pays ils "rapportaient la politesse étrangère greffée sur le respect d'eux-mêmes et sur la dignité de leurs ancêtres". Francisque Michel, Les Ecossais en France, les Français en Ecosse (London, 1862) 2 : 228. Parmi tant d'autres chefs des Highlands éduqués en France, en particulier à la Sorbonne, on peut citer l'un des premiers alliés de Dundee en 1689, le 12e chef des MacIan de Glencoe, le géant Alasdair MacDonald.

30 Les Mackenzie de Kintail, les Munro de Foulis, les Ross de Balnagowan, les Macintosh de Dunachton, les Fraser et bien entendu les Campbell.

31 En particulier les Gordon, les Chisholm de Strathglass et surtout les MacDonald de Keppoch, Glengarry et le Clanranald, futurs clans jacobites.

32 La promulgation de l’établissement de l'Eglise presbytérienne en 1592 incita quelques nobles écossais dont Huntly, Errol et Angus à rechercher des appuis auprès de Philippe d'Espagne.

33 Dans le Basilikon Doron (ouvrage, publié en 1603, écrit par Jacques VI, destiné à l'éducation de son fils Henry), le souverain écossais donna son opinion sur les habitants des régions septentrionales de son royaume: “As for the Hie-lands, I shortly comprehend them al into two sorts of people; the one, that dwelleth in our maine land, that are barbarous for the most parte yet mixed with some shewe of civilitie: the other that dwelleth in the Iles and are allutezrlie barbares... reforme and civilize the best inclined among them, rooting out or transporting the barbarous and stubborne sort and planting civilitie in their roomes”. Jacques VI et Ier, Basilikon Doron, J. Craigie, ed.(Edinburgh: Scottish Text Society, 1942) 71.

34 “Here I sit and govern [Scotland] with my pen, I Write and it is done.... I govern Scotland now, which others could not do by the sword”. Cité par M. Lee, James VI’s Government of Scotland After 1603, Scottish Historical Review (Edinburgh, 1976)41.

35 Par le traité de Northampton (1328), les souverains écossais et anglais s'étaient engagés à ne pas intriguer l’un contre l’autre par l'intermédiaire de leurs sujets celtes. Certains clans, tels les MacDonald d’Islay (ou MacDonell de Dunivaig et des Glens) occupaient des territoires en Ecosse et en Irlande. Le regroupement sous une seule couronne de l'Ecosse, de l'Angleterre, du Pays de Galles et de l'Irlande eut pour effet de mettre un terme non seulement aux agressions entre ces pays (surtout l’Ecosse et l'Angleterre) mais aussi de résoudre le délicat problème des "alliances" (même temporaires) entre certains d'entre-eux (Irlande ou Angleterre) et certains chefs de clans des Highlands et des Hébrides.

36 Argyll obtint en 1607 une charte royale lui permettant d’évincer du Kintyre les MacDonald et les MacLean. Ce dernier point pourrait expliquer leur détermination à rejoindre le Marquis de Montrose lors de sa campagne militaire en faveur de Charles Ier, en 1644.

37 Le Décret du Parlement de 1608 tenta d'imposer l'abolition des privilèges judiciaires des chefs, le désarmement des clans, l’obligation faite aux fils de chef de résider (en otages) à Edimbourg, la destruction des galères. Il poursuivit avec une sévérité proche du génocide le Clan Gregor (mission confiée à Argyll) et le Clan Donnald in the North (sous la responsabilité de Huntly). Par les "Status d’Iona"(1609), le gouvernement prit toutes les dispositions possibles à l'encontre de l'ancien mode de vie des Highlands et des Iles ; l'ancienne culture gaélique de ces régions était maintenant sur le chemin de l'extirpation.

38 Parmi ses adversaires ce dernier compta bientôt, Montrose et surtout le redoutable Alasdair MacColla ; inventeur de la Highland Charge, qui vengea l'honneur des MacDonald dans le sang des Campbell. Il fut l'archétype du héros gaélique, celui dont les exploits et les louanges furent chantés par les bardes des clans, celui que chaque chef de clan se devait d'imiter ou de surpasser, l'exemple du Gael conquérant cher à l'idéologie jacobite.

39 Ligne imaginaire, suivant les premiers contreforts des Hautes-Terres, elle sépara, non seulement géographiquement les Highlands des Lowlands mais aussi deux modes de vie, deux cultures, deux langues.

40 Au XVIIIe siècle, le chef des Cameron, Ewen Cameron de Lochiel, pouvait lever une armée d'environ 1000 hommes en quelques heures. Ce clan jacobite du Great Glen était loin d’être le plus puissant des Highlands ; c’est dire l'énorme potentiel militaire de ces régions.

41 Frère de Charles II, décédé sans héritier, converti au catholicisme en 1676, il coiffa la couronne en 1685 ; avant d’accéder au trône, son intolérence et son manque de jugement politique avaient amené son frère Charles II à porter sur lui ce jugement prémonitoire : “When I am dead and gone I know not what my brother will do : I am much afraid that when he cornes to wear the crown he will be obliged to travel again”. Cité par McLynn, F. The Jacobites (London : Routledge, 1985) 9.

42 Avant d'accéder au trône d'Écosse, Jacques Stuart s'y rendit à plusieurs reprises (en 1679 puis de 1680 à 1682), servant d'intermédiaire entre le Parlement d’Edimbourg et la Cour de Londres.

43 Un Test Act obligea toutes les personnes occupant des fonctions dans l'Eglise ou dans le gouvernement à adhérer à la Confession de Foi de 1560, acceptant la suprématie royale dans tous les domaines.

44 Les frères Stuart ne perçurent pas les véritables raisons pour lesquels l’aristocratie anglaise avait provoqué leur retour en 1660 ; les querelles internes du parti vainqueur de Cromwell affaiblirent ce dernier et laissaient présager le retour d'un chaos social peu compatible avec les exigences d'une nouvelle aristocratie mercantile décidée à voir le capitalisme triompher de l'ordre ancien. C'est pour pallier cette situation que le retour des Stuart fut provoqué par cette nouvelle classe sociale, avec la mission implicite de veiller à leurs intérêts et d'empêcher que n'éclate une véritable révolution sociale (voir rôles des Levellers et des Diggers).

45 Le Duc d'Albany et d’York manifesta son intolérence religieuse vis-à-vis des comtés du sudouest (régions fortement acquises aux idées des Covenanters) et fit prononcer par ce même Parlement l'interdiction sous peine de mort d'assister aux messes des Covenanters.

46 En 1677, un envoyé de Rome chiffra à environ deux mille le nombre de catholiques entre la Moray et la Solway.

47 Celui-ci avait encore en mémoire la Révocation de l'Edit de Nantes (1685) par le très catholique roi de France, Louis XIV, allié de Jacques. S'ajoutant à cela, son obstination à vouloir augmenter les effectifs de l'armée (de 5000 à 15 000 hommes) ne fit qu'éveiller des soupçons quant à un éventuel pogrom anti-protestant ; si Charles II bien résolu à ne pas retrouver le chemin de l'exil hollandais, eut la finesse politique d'accepter l'implicite changement de statut de son rôle de monarque, son frère accumula les erreurs et inquiéta la nouvelle classe mercantile qui avait provoqué le retour des Stuarts au pouvoir.

48 Fils du "Covenanting Marquis", exécuté le 24 mai 1661 pour sa supposée collaboration avec Cromwell, le comte d'Argyll ne rentra en possession des territoires confisqués à son père qu'en 1669. Il n'était pas, lui-même un "Covenanter" mais le recouvrement de son domaine lésait les MacLean, clan très royaliste, avec lesquels Argyll était en conflit au sujet de l'acquisition de Tiree, Mull et Morvern.

49 L'occasion lui fut donnée après son accession au trône lorsque celui-ci de retour de son exil hollandais, prit la tête d'un soulèvement en mai 1685 ; malgré le soutien militaire de son clan (800 Campbell menés par Sir Duncan Campbell d'Auchinbreck, ainsi que d'autres clans portant son armée à 2500 hommes), il fut capturé et exécuté (26/06/1685). L'exécution d’Argyll ne pouvait effacer les rancœurs et les haines accumulées à l'égard des Campbell par les clans victimes de la politique impérialiste des comtes d'Argyll depuis le règne de Jacques III ; par contre le souverain s'aliéna le concours du puissant Clan Campbell qui se rangea aux côtés du gouvernement lors de toutes les rebellions jacobites du XVIIIe siècle.

50 L’annonce de la naissance de son héritier provoqua l'invitation faite à Guillaume d'Orange d'occuper le trône de Grande-Bretagne.

51 Fut-ce le résultat d'une certaine solidarité entre monarques catholiques de droit divin ou le résultat de siècles d'alliances, parfois matrimoniales entre les souverains français et écossais ? Faut-il rappeler que Jacques V fut l’époux de Marie de Guise et que leur fille, Marie Stuart, fut l'épouse de François, Dauphin de France, tandis que Charles I était l'époux de Henriette Marie, soeur de Louis XIII et fdle d'Henri IV ?

52 Dans la chambre de Marie de Modène, épouse du souverain en exil, Madame de Maintenon avait fait déposer un coffre contenant 6000 livres d'or, ainsi que des bijoux ; cette générosité française allait permettre de subvenir aux besoins des autres exilés jacobites présents à la cour de leur roi.

53 Nom issu du latin Jacobus. La période jacobite est difficile à définir dans la mesure où les nombreux auteurs d'ouvrages consacrés à cette période agitée de l'Histoire d’Écosse, mais surtout des Highlands, font souvent état de dates différentes : Sir Charles Petrie, The Jacobite Movement (1603-1807) (London : Eyre et Spottiswood, 1959) débute la période jacobite à l'accession de Jacques VI d'Ecosse au trône d'Angleterre et l’achève à la mort d'Henry IX Stuart, cardinal d’York, second fils de Jacques "VIII", The Old Pretender. Voir également G.H. Jones, The Main Stream of Jacobitism (1688-1746) (Cambridge : Harvard UP, 1954), B. Lenman, The Jacobite Risings in Britain 1689-1746 (London : Eyre Methuen, 1980) et F. McLynn, The Jacobites (1688-1788) (London : Routledge, 1985), qui clôt son ouvrage à la mort de Charles Edward Stuart (The Young Pretender ou Bonnie Prince Charlie).

54 Il s'agit bien là de l’esprit même des déclarations faites par le Parlement d'Ecosse en 1681 et 1685.

55 La plupart des clans étaient presbytériens ; seuls, semble-t-il, les MacDonald de Glencoe, les Stewart d'Appin et les Cameron étaient épiscopaliens.

56 Celui-ci était particulièrement vif chez tous ceux qui avaient eu à souffrir par le passé du zèle avec lequel les comtes d'Argyll avait mené à terme leurs missions de maintien de l'ordre en tant que Lieutenants du Roi.

57 Fournissant des troupes, la Argyll Militia (qui compta jusqu'à 2776 hommes) en renfort de l'armée gouvernementale joua un rôle important à Culloden (1746).

58 D'autres clans manifestèrent un empressement moindre ou épisodique à défendre la cause jacobite ; les MacLeod, MacDonald de Sleat, Macrae, Mackenzie, MacDougall, MacGregor et Sinclair.

59 Si l’on estime la population des Highlands et des Hébrides, au début du XVIIIe siècle, à environ 600 000 personnes, le chiffre théorique de 30 000 combattants jacobites ne paraît pas exagéré ; or jamais les chefs jacobites n'eurent une telle armée à leur disposition. En fait Montrose, en 1640, n'eut jamais plus de 3 000 combattants à ses côtés, Dundee environ 4000 ; quant au Prince Charles Edouard Stuart l'effectif maximum de ses troupes de Highlanders est estimé à environ 6000 hommes. Voir Barron, The Scottish War of Independence (Inverness : Carruthers 1934) lvii, lxiv-vi.

60 Certains d'entre eux restèrent officiellement fidèles au gouvernement tandis que d'autres membres de la même famille combattaient à la tête de leur clan dans les forces jacobites ; ainsi, en 1745, Angus, chef des Mackintosh, servait avec les forces gouvernementales du comte de Loudoun (Loudoun's Highlanders) tandis qu'en son absence, sa femme Anne mit le clan Mackintosh au service du prince Charles Edouard Stuart.

61 Voir Sir C. Petrie, The Jacobite Movement (Londres : Eyre and Spottiswoode, 1959) : "They were also completely undisciplined, and, although among the best fighters in Europe, it was extremely difficult to keep them together on the morrow either of victory or of defeat, for they deemed it their right to deposit in safety at home any booty they might have acquired during the course of a campaign, or even in a single action" (95).

62 Commandant des forces royalistes catholiques en Irlande. Voir G.H. Jones, The Main Stream of Jacobitism (Cambridge : Harvard UP, 1954) 7.

63 L'étonnante constante des différentes rebellions jacobites fut l’incapacité de coordonner les mouvements diplomatiques et militaires ; les communications entre les forces armées sur le terrain et l'état major souvent demeuré à l'étranger furent pratiquement non-existantes.

64 Des cavaliers de Purcell’s Dragoons, mais sans leurs chevaux.

65 Originaire de Scourie, ce Highlander, avait effectué la majeure partie de sa carrière militaire au service des Pays Bas.

66 L'armée de Dundee comptait des MacLean de Duart, des troupes irlandaise, le Clanranald, les MacDonell de Glengarry, la cavalerie de Dundee, les Cameron et les MacDonald de Sleat ; les Mac Donald de Keppoch, plus préoccupés de rapines que de restauration, des MacIan de Glencoe, les Stewart d’Appin, les Mac Neill de Barra et les MacLeod de Raasay, soit environ 2000 hommes des clans opposés aux 4000 de Mackay.

67 Une excellente description du mode de combat des Highlanders, dont la tradition veut veut que l'innovateur ait été Alasdair MacColla (l'allié de Montrose en 1645) est celle du Lieutenant General Henry Hawley, donnée en janvier 1746, quelques jours avant sa propre défaite à Falkirk : “When [the Highlanders] corne within a large Musket shot, or threee score yards, [the] front Rank gives their fire, & Immediately thro'down their firelocks & Corne down in a Cluster with their Sxords &Targets making a Noise & Endeavouring to pearce the Body, or Battalions before them becoming 12 or 14 deep by the time they corne up to the people they attack”. Cité par K. Tomasson et F. Buist, Battles of the'45 (London : Pan, 1967) 105-06.

68 Partisans de Richard Cameron (1648-80), fidèles à une forme extrême de presbytérianisme ; longtemps persécutés par les Stuarts, ils conservèrent l'habitude d'être armés lors des services religieux en plein air.

69 Voir Francisque Michel, Les Ecossais en France, les Français en Ecosse (London, 1862) : "Entre tous les martyrs de la légitimité des Stuarts, les officiers qui avaient servi sous Claverhouse à Killiecrankie méritent une place parmi les Ecossais en France. Environ cent cinquante de ces gentilhommes, protestant contre la capitulation des montagnards, abandonnèrent leur patrie pour suivre la fortune de Jacques II” (2 : 384).

70 En raison sans doute de la longue tradition d'alliance unissant les clans des deux pays.

71 Killiecrankie et la suite de la première campagne jacobite ne vit pas l'intervention des "grands clans" écossais ; mis à part Sir Ewan Cameron de Lochiel, chef des Cameron, âgé de 60 ans, l'armée de moins de 2000 clansmen était composée des MacDonald de Keppoch, plus préoccupés de rapines que de restauration des Stuarts, des MacIan de Glencoe, les MacDonald de Sleat, les MacDonald de Clanranald, les Maclean de Duart, les Stewart d'Appin, les MacNeill de Barra et Macleod de Raasay ; tous ces "petits clans" furent menés au combat, en général par de jeunes chefs, ayant souvent à peine terminé leurs études. Voir B. Lenman, The Jacobite Risings in Britain 1689-1746 (London : Eyre Methuen, 1980) 44-47.

72 La cause des Stuarts s'y trouva mêlée aux intérêts français (souhaitant utiliser le pays comme tête de pont pour des opérations militaires contre l'Angleterre) et aux exigences des partisans d'une indépendance irlandaise.

73 Remplacement de Von Rosen par le duc de Lauzun, qui s'avéra être un stratège maladroit et indécis ; remplacement par Louis XIV de 7000 soldats des troupes d'élite irlandaises par des troupes françaises.

74 Le roi Stuart prétendit que son retour en France était dû à la nécessité de préparer un débarquement français en Angleterre ; quoi qu'il en soit, il fut soupçonné de désertion par les Jacobites irlandais et sa cause souffrit autant que sa réputation.

75 En février 1692, les "Wild Geese", soldats irlandais préférant s'expatrier plutôt que vivre sous la loi anglaise, commencèrent à affluer en France ; plus de 11 000 d'entre eux suivant Sarsfield, héros jacobite irlandais, constituèrent des régiments irlandais dans l’armée française.

76 Louis XIV alloua à Jacques VII une pension annuelle de 600 000 livres.

77 On estima leur nombre à environ 2500 au début du siècle.

78 Le chef convoquait tous ces hommes en armes par l’intermédiaire d’un coureur porteur de la Fiery Cross, avertissement implicite du sort qui attendait ceux qui ne répondraient pas à son injonction de ralliement (menace d'incendie de sa demeure et de mise à mort de son cheptel).

79 Ils nécessitaient un entraînement préalable avant de pouvoir servir le moindre dessein guerrier ; pour pallier cet inconvénient, un soulèvement en Angleterre était tributaire d'un débarquement de troupes étrangères (en général françaises).

80 Celle-ci fut consacrée, en fait, à solliciter la permission de Jacques II ; pendant ce temps s'évanouissait une importante somme d’argent versée par le gouvernement de Hanovre et confiée au comte de Breadalbane (Campbell) ; elle était censée garantir la fidélité des clans des Highlands au nouveau régime.

81 Lequel, retardé par la neige, ne prêta serment que le 6 janvier.

82 Le clan MacDonald de Glencoe était bien connu pour ses sympathies jacobites et plus vulnérable que les Cameron, les MacLean de Duart ou les MacDonald de Glengarry.

83 “If M’Kean of Glencoe, and that tribe, can be well separated from the rest, it will be a proper vindication of he public justice to extirpate that sept of thieves”. Instructions citées par J. Prebble, Glencoe (Harmondsworth: Penguin, 1969) 180. Autres ordres de Robert Duncanson, commandant le régiment du comte d’Argyll: “You are hereby ordered to fall upon the rebels, the MacDonalds of Glencoe, and to put all to the sword under seventy”. J. Prebble, Glencoe (Harmondsworth : Penguin, 1969) 203.

84 L'opération échoua dans la mesure où la majeure partie du clan parvint à s'enfuir (il y eut cependant trente-sept morts en plus de la mort du vieux chef MacIain).

85 Ajoutant ses efforts à ceux de Louis XIV, l'empereur Léopold Ier d'Autriche, proposa la conquête d’un autre royaume (Egypte) au souverain déchu. La Suède, le Danemark et même la Hollande firent à un moment ou à un autre des démarches diplomatiques en faveur de solutions acceptables.

86 Les 16 000 soldats français demeurèrent bivouaqués près de Calais, car les hésitations de Jacques, les vents contraires et la présence de la flotte anglaise, conjugués à l'incompétence des jacobites anglais firent échouer tous projets de débarquement jacobite en Angleterre.

87 James Francis Stuart vit son surnom de "Jamie the Rover" se muer très vite en celui de "Old Mr Misfortunate", ce qui en dit long sur la malchance attachée à ses pas.

88 L’Ecosse était dépourvue de troupes gouvernementales susceptibles de les empêcher de rejoindre Stirling, point stratégique et clé des Highlands.

89 La paix d'Utrecht en 1713, obligea Louis XIV à éloigner les Stuarts de France et c'est en Lorraine (à Bar-le-Duc) que la cour jacobite trouva refuge.

90 Cependant tant que les Stuarts ne parviendraient pas à mieux assurer leurs chances d'accès au trône, l'Espagne ne financerait que parcimonieusement leurs projets.

91 Les Danois, ennemis de la Suède, étaient alliés à Hanovre. En 1714, Charles XII, roi de Suède, semblait prêt à accepter une proposition de débarquement suédois à Newcastle mais il ne considéra sérieusement le projet qu'en 1717.

92 De même, les Jacobites tentèrent en 1718, de s'assurer l'alliance de Pierre le Grand de Russie en proposant de marier la fille de ce dernier à leur roi déchu mais ce projet matrimonial échoua.

93 Cette période vit l’augmentation du sentiment de mécontentement écossais contre le gouvernement de Hanovre à cause de la faillite du comptoir écossais de la compagnie de Darien (1704, Panama) et l’Union des Parlement (1707).

94 Ses tentatives d'alliances européennes ne rencontraient guère d’écho favorable et Louis XIV, son meilleur et plus généreux allié s’éteignait en septembre 1714.

95 Vexé de l'attitude de Georges Ier à son égard, il réunit, sous prétexte d'une partie de chasse, quelques nobles et chefs des Highlands connus pour leurs sympathies jacobites. Surnommé "Bobbing John", en raison de ses hésitations, atermoiements et indécisions, il représenta exactement le genre de commandant que détestaient les Highlanders !

96 L'argent des Jacobites fut entreposé au château de Drummond ; de nombreuses sources financèrent la révolte : le Roi d'Espagne envoya 428 520 livres françaises, puis 200 000 couronnes, le duc de Lorraine fit parvenir 25 000 louis d'or, le pape envoya £20 000, etc.

97 Le roi fit une impression désastreuse sur les clans et leurs chefs : “When we saw the Person who we called our King, we found our selves not at all animated by his Presence, and if he was disappointed in us, we were tenfold more so in him.... Our Men began to despise him ; some ask’d if he could Speak.... I am sure the Figure he made dejected us, and had he sent us but 5000 Men of good Troops and never corne among us, we had done other Things than we have now done”. D. Defoe, “A True Account of the Proceedings at Perth” cité par J. Baynes, The Jacobite Rising of 1715 (London ; Cassell, 1970) 176.

98 L'Espagne venait de s'emparer de la Sicile et de la Sardaigne (1717).

99 Les quarante-cinq Espagnols de la garnison se rendirent sans opposer la moindre résistance.

100 Immortalisé par Sir Walter Scott sous les traits d'un "Robin des Bois" des Highlands.

101 Les troupes jacobites comptaient moins de mille hommes soumis aux effets de l'artillerie de Wightman sans être en mesure de répliquer. Voir F. McLynn, The Jacobites (London : Routledge et K. Paul, 1985) 104. Voir également W. K. Dickson, ed., The Jacobite Attempt of 1719, Scottish Historical Society 19 (Edinburgh, 1895).

102 Un point reste cependant obscur et pour cause : quelles eussent été les réactions des populations anglaises (jacobites ou non) à l'annonce d'un débarquement, en Angleterre, de troupes françaises ?

103 En 1745, le duc d'Argyll se rendit à Londres afin d'obtenir la permission de réarmer les hommes de son clan. Voir Sir J. Fergusson, Argyll in the'45 (London : Faber, 1951) 33-34.

104 “This act has been found by experience to work the quite contrary effect from what was intended by it ; and in reality, it proves a measure for more effectually disturbing the peace of the Highlands.... For... all the dutiful and well-affected clans truly submitted to the act… and gave up their arms, so that yhey are now completely disarmed ; but the disaffected clans either concealed their arms at first, or have provided themselves since with other arms”. Lettre de Lord Milton au marquis de Tweeddale (16/09/1745) citée par J. Home, The History of the Rebellion in the Year 1745 (London, 1802) 303.

105 En fait, les Highlanders répugnaient, en raison des coutumes nées de l'histoire tumultueuse des Highlands et des Hébrides, à se séparer de leurs armes. A ce jour, le Sgian Dubh, petit poignard traditionnellement dissimulé sur la personne du Highlander, est encore porté dans la chaussette droite.

106 Chef du puissant clan Fraser, il gagna le surnom de " The old Fox", ce qui en dit long sur ses agissements politiques.

107 Le rapport de Wade sur les Highlands en 1724, est cité par Allardyce, Historical Papers (Aberdeen, 1895) 1 : 143 et seq.

108 En particulier sur le Great Glen, où les sympathies jacobites étaient particulièrement vives chez les clans résidant le long du Loch Ness. Voir l'ouvrage de B. Lenman, The Jacobite Clans of the Great Glen 1650-1784 (London : Methuen, 1984).

109 Les six premières compagnies indépendantes (Am Freiceadan Dudh, "The Black Watch") furent crées en 1740 (à l'initiative de Duncan Forbes de Culloden). Elles comptaient au total 540 hommes recrutés parmi les Fraser, Campbell, Grant commandés par des chefs ou fils de chefs de ces clans. Leurs rôles allaient de missions de police (protection contre le vol de bétail) au combat contre les clans jacobites.

110 Le prince Charles Edouard Stuart arriva en Ecosse sans armes, ni argent, ni armée ; il n'était accompagné que des "Seven men of Moydart" (qui étaient en fait neuf).

111 Les deux principaux chefs de clans de l’île de Skye étaient Sir Alexander MacDonald de Sleat et Norman MacLeod of MacLeod. Leur refus de se joindre à la rébellion jacobite, en dépit de leur participation antérieure, semble avoir eu pour origine l'accord passé avec Duncan Forbes de Culloden, Lord President, qui, en échange de leur promesse de non participation aux rébellions jacobites parvint à éviter leur condamnation pour la déportation et la vente de leurs clansmen aux colonies américaines (1739).

112 Il fit appel à ses sentiments jacobites mais l'assura également que la victoire serait rapide et aisée et que ses difficultés financières seraient résolues. Le prince tint parole sur ce deuxième point car Lochiel obtint, après 1746, la charge d'un régiment français d'un revenu supérieur à celui de ses propriétés écossaises.

113 Clanranald, MacDonald de Morar, MacDonald de Keppoch, tandis que d’autres clans plus éloignés se mobilisaient à l'exemple des Stewart d'Appin.

114 Mercenaires hollandais, suisses et hessois.

115 Deux projets français d'invasion et d'aide aux jacobites écossais furent mis en échec par le mauvais temps, la Royal Navy, les espions anglais, et surtout les hésitations et le manque de concertation entre les Français et les rebelles jacobites écossais ; la première tentative, en février 1744 sous les ordres du comte de Saxe et la seconde en 1745 commandée par Richelieu.

116 Les clans de Highlanders et d'hommes des îles répugnaient à abandonner trop longtemps leur famille d'autant qu’ils les savaient, dans ce cas précis, à la merci des clans fidèles au gouvernement de Londres, dont ils craignaient les représailles ; plus d'un commandant (Montrose, Dundee) de troupes écossaises des Highlands ou des Hébrides se trouva confronte au problème de la désertion de ses troupes.

117 Aucun soldat des troupes françaises embarquées à plusieurs reprises (1692, 1696-97, 1708, 1744, 1745) ne fut jamais débarqué en Grande-Bretagne.

118 John, 7th Duke of Atholl, Chronicles of the Atholl and Tullibardine Familles (Edinburgh : Abbotsford Club, 1908) 3 : 419.

119 Comme le dit la chanson Flower of Scotland, redevenue l'hymne écossais.

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