L’enfant et la télévision : un rapport contrôlé
p. 155-166
Note de l’éditeur
Cette communication a fait l’objet d’une présentation lors du Congrès de la SAES de 1993.
Texte intégral
1L’assassinat du petit James Bulger en 1993, la tuerie de Dunblane en Ecosse au cours de laquelle seize enfants de cinq ans ont trouvé la mort, le meurtre du directeur d’école Lawrence par un élève en décembre 1995, autant d’événements tragiques qui ont jalonné la chronique de la violence de ces dernières années. L’enfant est au centre de chacun de ces drames soit en qualité de victime, soit en tant qu’auteur lui-même de violences meurtrières.
2Si le meurtre de l’enfant s’inscrit dans l’histoire déshonorante de la folie humaine, l’enfant meurtrier met à mal les tabous qui structurent nos sociétés post-industrielles. L’horreur de la fable allégorique de Golding, Lord of the Flies, qui mettait en scène le meurtre rituel d’un des jeunes garçons livrés à eux-mêmes sur une île déserte rejaillit plus intense à chaque meurtre commis par un enfant. L’innocence dont l’enfance était traditionnellement investie est en passe de se muer en mythe poétique. Il faut bien se rendre à l’évidence : l’enfant n’est pas plus épargné que l’adulte par le mal suprême qui s’incarne dans le meurtre. Le malaise s’accentue du fait que les auteurs d’actions violentes sont de plus en plus jeunes. Les enfants commettent aujourd’hui des crimes d’adultes et il n’est plus rare de trouver de toutes jeunes filles au nombre de ces meurtriers précoces.
3On ne se résout pas facilement à un tel révisionnisme moral. Les rousseauistes que nous sommes acceptent mal de remettre en cause leur dogme fondateur. Si l’enfant est né bon, il faut que quelque chose l’ait perverti. Il n’est pas nécessaire de chercher bien loin ; la télévision fait un coupable très présentable, la télévision en tant que médium spécifique bien entendu mais aussi en tant que relais de la vidéo dont les produits sont largement disponibles. On compte aujourd’hui en Grande-Bretagne davantage de points de location de cassettes vidéo que de librairies.
4Cette vague de violence meurtrière juvénile n’est pas propre à la Grande-Bretagne. On la rencontrera dans toutes les sociétés hier bien nanties aujourd’hui minées par les crises économiques ou l’aggravation des inégalités sociales. Le fait que ces sociétés où l’acte meurtrier est en voie de banalisation soient aussi celles où les industries audiovisuelles sont le plus développées n’est sans doute pas le fruit du hasard. C’est là aussi que depuis plusieurs années se fait entendre la voix d’associations de tous ordres relayée par certains responsables politiques pour responsabiliser les producteurs de programmes télévisuels et les studios de cinéma.
5Au Canada, le meurtre de la jeune Marie-Eve Larivière en 1992 a suscité une intense réaction populaire qui s’est exprimée par une pétition revêtue d’un million de signatures, réclamant un renforcement du contrôle du contenu des programmes de télévision. L’enquête engagée par le comité permanent des communications et de la culture de la Chambre des communes canadienne aboutissait à un rapport au titre sans appel : La violence à la télévision : dégradation du tissu social (juin 1993). Les conclusions de ce rapport étaient reprises par l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) dans son projet de code déontologique accepté par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) et entré en vigueur au début de 1994. S’agissant de la protection spécifique des enfants, le code prévoit l’interdiction de la présentation de la violence comme solution des différends ou comme thème central d’une émission destinée aux enfants. En outre, les conséquences négatives de la violence doivent être systématiquement soulignées. Le Canada prenait ainsi une position en pointe dans une réflexion qui connaissait des développements importants de l’autre côté de la frontière aux ÉtatsUnis. En août 1993, à l’invitation du ministre de la Justice, les producteurs de télévision et directeurs de chaîne américains réunis à Los Angeles acceptaient le principe d’un code de bonne conduite visant à réduire la part de la violence dans les émissions de télévision.
6Sous la pression de l’opinion, les décideurs avaient ainsi estimé que le moment était venu de favoriser la responsabilisation des professionnels malgré l’absence de mise en évidence convaincante du lien entre la représentation de la violence sur les écrans et le recours croissant à la violence par les enfants et les adolescents. Sur un plan plus général, Barrie Gunter, responsable du service recherche à l’Independent Television Commission britannique et auteur d’une étude importante sur le problème1 se montre réservé. Selon lui l’ensemble des écrits scientifiques relatifs au sujet — environ un millier d’études — ne permet pas d’établir de manière irréfutable un lien de causalité entre la consommation de films ou de programmes de télévision à caractère violent et l’adoption de conduites violentes, y compris létales. Il précise : « la question relative à la présence éventuellement excessive de la violence sur le petit écran est subjective autant que scientifique : la réponse à cette question réside dans une large mesure dans l’opinion et les goûts du public à un moment donné »2. Les régulateurs de l’audiovisuel canadien confirment implicitement ce point de vue. Le président du CRTC pouvait ainsi déclarer :
Très vite, nos concitoyens ont percé l’écran de fumée que certains avaient tenté de créer en citant des recherches aux résultats contradictoires, recherches le plus souvent commandées par l’industrie et qui définissaient trop étroitement la relation entre la violence à la télévision et la violence dans la société. Leur simple bon sens leur disait bien que si trente secondes de publicité pouvaient changer les attitudes des consommateurs et les habitudes de consommation, des émissions complètes renfermant des scènes de violence ne pouvaient qu’avoir des retentissements certains3.
7L’opinion publique réclamait des mesures concrètes de nature à endiguer le flot d’images violentes, et surtout gratuitement violentes, dans les programmes de fiction, émissions les plus regardées par les enfants. Cette réaction populaire se nourrit de la conviction que loin de purger l’agressivité des jeunes par ses vertus cathartiques, la représentation de la violence peut induire des pratiques mimétiques. Le juge Morland qui présidait le tribunal chargé de juger les assassins de James Bulger n’avait-il pas mis en relation l’acte de ces jeunes meurtriers et l’existence sur le marché de cassettes vidéo présentant des enfants tortionnaires et sadiques (en particulier Child’s Play 3) qu’ils auraient pu visionner ? En 1994, un bambin de quatre ans a été victime à Bristol d’une attaque karaté portée par l’un de ses camarades de son âge qui l’a conduit à l’hôpital après éclatement d’un rein. En l’occurrence, l’agresseur inconscient ne faisait que reproduire le comportement des jeunes héros de la série américaine Power Rangers diffusée en tranche matinale par la chaîne britannique GMTV, série que les autorités norvégiennes et suédoises avaient décidé d’interdire et dont la diffusion avait été suspendue aux Pays-Bas.
8Le recours à la thèse du mimétisme, éternellement disponible, dispense bien entendu d’analyses plus fines et d’examens de conscience plus approfondis. Que n’a-t-on pas mis sur le compte d’Oliver Stone, réalisateur du film Tueurs nés ? Les jeunes criminels s’en servent d’ailleurs parfois comme d’un paravent pour tenter d’obtenir l’indulgence des jurys. Ainsi Ben et Sarah, âgés respectivement de dix-neuf et dix-huit ans, qui après avoir assassiné un homme dans le Mississipi en mars 1995, ont tenté d’abattre la caissière d’un épicerie en Louisiane quelques jours plus tard. Ces deux jeunes à la dérive ont confié au cours de leur procès qu’ils visionnaient inlassablement le film de Stone, y compris la veille du meurtre. C’est ce qui a décidé la victime de l’agression manquée, paralysée à vie, à assigner en justice le réalisateur et la maison de production (juillet 1996). Il s’agit là d’une première qui pose le problème, lui aussi étemel, de la responsabilité de l’artiste auquel les créateurs ne peuvent pas se soustraire. On se souvient, à cet égard, que Stanley Kubrick avait décidé en 1973 de retirer du circuit son film Orange mécanique à qui l’on reprochait d’avoir inspiré un certain nombre d’actes violents identiques à ceux décrits dans le film.
9Impossible à établir de façon irrécusable, malgré les présomptions, le lien mimétique entre images de violence et comportements agressifs n’est en fait que l’occasion privilégiée de frictions entre la société soucieuse de protéger la santé mentale de ses enfants et les diffuseurs de programmes. La violence à laquelle les jeunes enfants ont accès par le truchement de la télévision suscite bien d’autres inquiétudes. Le visionnage d’images violentes, celles des programmes de fiction mais aussi d’information, préparerait un passage à l’acte potentiel en banalisant la violence.
10L’imprégnation permettrait de lever les inhibitions face à la violence intégrée, dès lors, comme un mode de comportement acceptable puisque généralisé à l’écran. Plus préoccupante encore puisque échappant au repérage serait la désensibilisation des jeunes enfants.
11Tout se passe comme si l’accoutumance à la violence gommait les frontières entre le bien et le mal et brouillait les repères moraux des jeunes enfants. S’il est extrêmement difficile de repérer explicitement l’effet de la télévision sur le système de valeurs des enfants, certaines études, notamment américaines, mettent en évidence un lien entre frayeurs pathologiques et la consommation régulière de programmes télévisuels à caractère violent.
12Liliane Lurçat, spécialiste française de la question4, souligne pour sa part les dangers de cette initiation à la violence qui, loin d’inciter l’enfant à la compassion pour les victimes, est de nature à atrophier chez le jeune téléspectateur le sentiment de pitié et à cristalliser sa dureté. Ainsi seraient préparées les bases psychologiques propices au passage à l’acte violent par des adolescents au psychisme par ailleurs fragilisé.
13Si la télévision se retrouve en position d’accusée principale, c’est sans doute du fait de l’intensité du lien qui l’attache à l’enfant. Entre huit et douze ans, celui-ci regarde la télévision trois heures par jour en moyenne, un peu plus à l’âge de treize, quatorze ans avant de prendre ses distances avec le petit écran lorsque lui viendra, rituellement, le goût de la musique "pop" peu présente dans les grilles de programmes des chaînes hertziennes. La télévision ne saurait être systématiquement inculpée à bon droit puisqu’elle n’intervient dans bien des cas qu’en tant que support de cassettes vidéo achetées ou le plus souvent louées, ou encore comme vecteur des jeux vidéo souvent violents dont les adolescents sont grands consommateurs. Il suffira de rappeler que 75 % des foyers britanniques sont équipés d’un magnétoscope et que 90 % des familles en possèdent un pour mesurer l’importance de ce type d’activité dans laquelle le téléviseur ne joue qu’un rôle indirect. Par ailleurs, la télévision se trouve en outre confrontée à la concurrence des ordinateurs portables présents dans 20 % des foyers britanniques et auxquels les moins de 16 ans consacrent 20 % du temps qu’ils accordent aux médias (chiffres 1995).
14Réelle ou fantasmée, la responsabilité de la télévision dans la propagation d’une culture de la violence ne pouvait pas laisser les autorités indifférentes. Dès 1962, le rapport Pilkington consacré à la télévision5 préconisait que les chaînes s’abstiennent de présenter des émissions réservées à un public adulte avant 21 heures. Ainsi est née la fameuse limite horaire que l’Independent Television Authority, l’instance de tutelle de la télévision privée de l’époque, fut contrainte d’accepter en dépit de ses réserves. Il fallut de nombreuses campagnes de sensibilisation pour propager dans l’opinion publique l’existence de cette frontière horaire (watershed) dont 28 % seulement des téléspectateurs connaissaient l’existence en 1985. Aujourd’hui, la notion de frontière est intégrée par 90 % du public qui souhaite majoritairement la voir s’appliquer aux programmes des chaînes satellite6 échappant au contrôle de l’ITC.
15Cette disposition réglementaire est intégrée au code régissant la diffusion des programmes sur les chaînes privées hertziennes ou par abonnement élaboré par l’Independent Television Commission aux termes de la loi sur l’audiovisuel de 1990. Le code de l’ITC va même plus loin puisqu’il impose aux titulaires d’une concession d’exploitation de s’abstenir de programmer des films déconseillés aux enfants ("unsuitable for children") avant 22 heures. En outre, la Commission conseille aux diffuseurs d’informer le public de la nature des programmes présentés en faisant, par exemple, précéder les films de l’avis de classement du British Board of Film Classification, étant entendu que les classifications de cette commission de censure, plus restrictives pour les cassettes vidéo que pour les films présentés en salle, ne dispensaient pas les diffuseurs de faire preuve d’un plus grand discernement. L’ITC, tout en reconnaissant que son code ne saurait fournir de règles universelles, fait appel à la responsabilité des responsables de chaînes : "Dans un domaine aussi sensible, il importe de pouvoir justifier les risques que l’on prend. En cas de doute, il vaut mieux couper"7.
16La BBC respecte naturellement des normes identiques tout en invitant les parents à exercer leurs responsabilités dans le cadre de sa politique de programmation familiale qui ne doit cependant pas occulter le fait que les enfants ne sont présents que dans 30 % des foyers équipés d’un téléviseur. Les responsables de la télévision publique précisent néanmoins que la pratique consistant à repousser après 21 heures les émissions destinées plus explicitement aux adultes n’a d’autre but que d’aider les parents à décider de ce qu’ils jugent bon de laisser regarder par leur enfants8.
17Ces compartimentages programmatiques, dont les transgressions occasionnelles sont épinglées infailliblement par la presse populaire avant de nourrir les statistiques du Broadcasting Standards Council, semblent aujourd’hui perdre de leur efficacité du fait de l’autonomie croissante des jeunes téléspectateurs. Selon une étude de la société Market Assessment Publications publiée en 1996, sept enfants sur dix regardent la télévision après 21 heures, une enquête de l’association Childwise Monitoring Group indiquant que les enfants regardent de moins en moins les émissions qui sont diffusées à leur intention au profit de celles destinées aux adultes.
18Il n’en reste pas moins que la violence à l’écran, pas seulement à la télévision, est devenue un thème de campagne électorale. À la faveur des élections primaires américaines à la fin de 1995, le Président Clinton déplorait le déclin des valeurs familiales traditionnelles. Dans son discours sur "l’état de l’Union" retransmis en direct par les réseaux de télévision le 23 janvier 1996, le Président américain se déclarait favorable à l’intégration obligatoire de la puce anti-violence (V-chip) dans les téléviseurs. D’origine canadienne, cette puce permet de filtrer les programmes diffusés en fonction d’un système de codage identifiant le degré de violence et d’érotisme de l’émission concernée. La simple programmation de la puce suffit à expurger les programmes litigieux au gré des exigences des téléspectateurs. D’une formule, Bill Clinton annonçait au pays la fin de la surenchère en matière de violence entre les diffuseurs qui, à l’en croire, allaient rendre aux parents l’usage de la télécommande. Le coût de cette protection sera supporté par les constructeurs de téléviseurs chargés d’intégrer la puce à l’électronique de l’appareil et aux diffuseurs qui devront assortir chacun de leurs programmes à une codification lisible par la puce. Réunis en février 1996 à la Maison Blanche, les chefs de file de la télévision américaine, Ted Turner et Rupert Murdoch compris, se sont engagés à mettre le système en place dès janvier 1997. Cette collaboration était le prix à payer pour dissuader l’Administration américaine de vendre aux enchères le spectre de fréquences mises à la disposition des diffuseurs pour leurs programmes numériques.
19En Grande-Bretagne, le débat relatif à la puce anti-violence a connu provisoirement son épilogue avec la décision en mars 1996 de ne pas imposer la présence de la puce sur les nouveaux téléviseurs alors qu’au même moment le Parlement et la Commission de l’Union européenne se saisissaient du problème. À l’évidence, la télévision n’est plus seule en cause. La montée d’activités délictueuses liées aux échanges d’informations sur Internet pose un problème bien plus épineux que celui de la violence à la télévision. "Les États sont désarmés par l’étendue du réseau et la libre expression" titrait justement Libération le 30 août 1996. À chaque épidémie son vaccin. Il semble que là encore l’électronique puisse venir au secours des familles avec le développement des systèmes PICS (Platform for Internet Content Selection). Ces systèmes, mis au point par le consortium World Wide Web, permettent de filtrer les communications offertes sur la "toile" en fonction des critères définis par les utilisateurs euxmêmes à l’aide d’échelles à quatre niveaux appliquées à certains thèmes (par exemple nudité, sexualité, violence, qualité du langage). En évitant l’autocensure en amont par les producteurs de messages, les systèmes PICS placent les utilisateurs — en l’occurrence les parents — devant leurs responsabilités.
20Là réside sans doute la clé du problème posé par la présence croissante de la violence sur les petits écrans (ceux des téléviseurs et des ordinateurs domestiques) même si la parade postule l’existence de structures familiales solides dont on connaît aujourd’hui la précarité. Que ceux qui ont théoriquement la garde de la protection morale de leurs enfants ne soient plus toujours en mesure de l’assumer ne devrait cependant pas conduire à se défausser sur la télévision — et demain sur Internet — de la responsabilité des déviances juvéniles. Le diagnostic du président du CSA pourrait, à cet égard, être repris par n’importe quel responsable de programmes :
Il conviendrait enfin que les responsables politiques et éducatifs prennent conscience du fait que la télévision n’est ni la seule cause des maux de la société moderne ni le seul antidote. Elle en est d’abord le reflet9.
Notes de bas de page
1 Barrie Gunter et Mallory Wober, Violence on Television: What the Viewers Think, Londres: ITC, 1988.
2 Barrie Gunter, "Putting the Research into Perspective", Spectrum, été 1993, p. 17.
3 Le Canada et la violence à la télévision : collaboration et consensus, document élaboré par le CRTC, n.d., p. 3.
4 On lira avec profit du même auteur Violence à la télé : l'enfant fasciné. Paris : Syros, 1989 et Le Temps prisonnier, Paris : Desclée de Brouwer, 1995.
5 Report of the Committee on Broadcasting, 1962, Cmnd. 1753.
6 Voir le rapport annuel du Broadcasting Standards Council pour l'année 1990-91.
7 The ITC Programme Code, 1.6 (i) (j).
8 BBC, Producers' Guidelines, 1993, p. 104.
9 Hervé Bourges, "Violence et télévision", Le Monde, 28 septembre 1996.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
La Beauté et ses monstres
Dans l’Europe baroque (16e-18e siècles)
Gisèle Venet, Tony Gheeraert et Line Cottegnies (dir.)
2003
Le Lierre et la chauve-souris
Réveils gothiques. Émergence du roman noir anglais (1764-1824)
Élizabeth Durot-Boucé
2004
Médecins et médecine dans l’œuvre romanesque de Tobias Smollett et de Laurence Sterne
1748-1771
Jacqueline Estenne
1995