La Beauté et ses monstres
Dans l’Europe baroque (16e-18e siècles)
Les études réunies sous le titre La beauté et ses monstres sont nées d'un constat de rupture entre l'idéal platonicien qui posait l'alliance étroite du Beau et du Bien et les pratiques esthétiques des XVIe, XVIIe siècles. La poétique baroque, expression d'une crise de la pensée analogique et de l'idéalisme platonicien, procède en effet d'une reconnaissance implicite de la dangereuse contiguïté entre le beau et le monstrueux et trouve son originalité créatrice dans la mise en mouvement de forme...
Éditeur : Presses Sorbonne Nouvelle
Lieu d’édition : Paris
Publication sur OpenEdition Books : 2 février 2018
ISBN numérique : 978-2-87854-847-1
DOI : 10.4000/books.psn.4087
Collection : Monde anglophone
Année d’édition : 2003
ISBN (Édition imprimée) : 978-2-87854-263-9
Nombre de pages : 266
Gisèle Venet
Avant-proposI. Ombres portées sur la beauté. Une esthétique de l'ambiguïté
Tony Gheeraert
Forma Dei, forma servi : les paradoxes de la beauté du Christ chez quelques poètes dévotionnels français du XVIIe siècleLine Cottegnies
Blazing Leviathan : les beautés de la raison dans Le monde glorieux de Margaret Cavendish (1666)Robert Mankin
La grammaire de la monstruosité chez David HumeStéphane Lojkine
Beauté aveugle et monstruosité sensible : le détournement de la question esthétique chez Diderot (La Lettre sur les aveugles)Christian Leroy
« Nigra sed formosa » : notes sur le statut de la prose dans la poésie française du XVIIe siècle au préromantismeII. Les monstres de la beauté. Imaginaire et séduction
Gisèle MathieuCastellani
La séduction du monstre Méduse, Hermaphrodite, chimères et monstres fantasquesMichael Edwards
La belle ÉriphileMarie Couton
« Virtue set out in her best colours » : la beauté héroïque dans la Nouvelle Arcadie de sir Philip SidneyRaphaëlle Costa De Beauregard
Quête et conquête de la beauté dans l’œuvre d’Isaac OliverLaïla Ghermani
Forme et difformités dans « Upon Appleton House to The Lord Fairfax » de Andrew MarvellClaire Boulard
Des beautés du Spectator aux charmes du Ugly ClubIII. La beauté et ses masques. L’infâme et ses représentations
Nadeije Dagen–Laneyrie
La beauté et ses monstres : la scatologie dans l’art du XVIIe siècleAthéna Efstathiou-Lavabre
Beauté noire et théâtre dans The English Moor or The Mock-Marriage de Richard BromeTanya Pollard
Laetitia Coussement-Boillot (trad.)
Les dangers de la beauté : maquillage et théâtre au XVIIe siècle en AngleterreXavier Cervantès
« A monster, nay the monster of monsters » Le chant et les chanteurs italiens en Angleterre au XVIIIe siècle : une beauté nuisible ?Lois Potter
Claire Gheeraert-Graffeuille (trad.)
Iconographie de l’infamie : les métamorphoses de IagoLes études réunies sous le titre La beauté et ses monstres sont nées d'un constat de rupture entre l'idéal platonicien qui posait l'alliance étroite du Beau et du Bien et les pratiques esthétiques des XVIe, XVIIe siècles. La poétique baroque, expression d'une crise de la pensée analogique et de l'idéalisme platonicien, procède en effet d'une reconnaissance implicite de la dangereuse contiguïté entre le beau et le monstrueux et trouve son originalité créatrice dans la mise en mouvement de formes « dépravées », dans l'invention de formes qui contreviennent aux lois de la « proportion ». Métamorphoses et anamorphoses jouent de cette virtualité du monstmeux latent en toute forme parfaite qu'un rien peut déformer, déjouant toute tentative de figier des rhétoriques littéraires ou d'immobiliser des genres dans une codification rigoureuse. De même, par l'attraction qu'elle exerce, tant physique que métaphysique, la beauté a suscité la défiance devant l'envers toujours possible de cet attrait, la séduction par une beauté frelatée ou trompeuse.
L'étrange et fascinante intimité entre la beauté et ses monstres fonde de la cohérence d'une dynamique de recherche par-delà la variété des angles d'analyse adoptés et la contiguïté entre le beau et le monstrueux apparaît bel et bien comme facteur supplémentaire d'unité dans l'expression de la sensibilité baroque. Ce volume, à ce titre, est une contribution à l'histoire d'une esthétique liée à cette sensibilité et aux paradoxes par lesquels elle trouve à s'exprimer, paradoxes qu'implique la saisie unifiée d'éléments contradictoires. C'est une illustration de plus, s'il en fallait, d'une crise de la représentation qui a trouvé dans une esthétique de la discordia concors ou de la coincidentia oppositorum sa réponse la plus pertinente, sa « monstrueuse beauté »
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