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L’enjeu de la défense : “l’élection nucléaire” n’aura pas eu lieu
p. 55-76
Texte intégral
Les données générales du débat
1Si, pour la première fois depuis la guerre, la question de la défense a constitué un véritable enjeu des élections générales britanniques, c'est d'abord parce que l'aile gauche du parti travailliste avait enfin réussi à faire inscrire le désarmement nucléaire unilatéral dans le programme du parti1. On a souvent dit que l'arrivée au pouvoir de Mrs Thatcher en 1979 marquait la fin du "consensus d'après-guerre", à propos des problèmes économiques et sociaux. De même, le passage officiel du parti travailliste à "l'unilatéralisme", en 1982, a également mis fin à une politique bi-partisane en matière de défense qui, bon an mal an, avait prévalu depuis la guerre et explique pourquoi pendant quinze ans - entre 1965 et janvier 1980 - aucun débat important sur l'arme nucléaire n'avait été organisé au sein du Parlement britannique.
2Mais, la raison principale pour laquelle la politique de défense s'est trouvée substantiellement débattue est liée à la décision, prise en décembre 1979, par les quinze pays de l'O.T.A.N., d'implanter, à partir de décembre 1983, des missiles de croisière dans cinq pays d'Europe occidentale : R.F.A., Italie, Belgique, Pays-Bas et Grande-Bretagne et des missiles Pershing-2 exclusivement en R.F.A.2, pour tenter de contrebalancer les nouveaux missiles "intermédiaires", les SS-20, mis progressivement en place sur ses frontières occidentales par l'Union soviétique dès 1977. Le déploiement des 160 missiles de croisière qui seront implantés en Grande-Bretagne, se fera sur deux bases américaines déjà existantes : Greenham Common (dans le Berkshire) pour commencer et Molesworth (dans le Cambridgeshire) ensuite, et s'échelonnera jusqu'en 1986-88. Les premiers missiles installes à Greenham Common (seize d'ici la fin de l'année) devaient être également opérationnels en décembre 1983, leur mise en place n'ayant pas été retardée par les manifestations qui s'y déroulent quasi-quotidiennement.
3Ce qu'il faut souligner, c'est que la décision américaine d'installer des missiles intermédiaires en Europe ne provient pas d'une demande de la Grande-Bretagne, mais de l'ancien Chancelier ouest-allemand Helmut Schmidt qui avait remarqué, dès 1977, que le "parapluie nucléaire" américain en Europe n'était plus guère crédible face à l'installation des premiers SS-20. Notons également que ce sont les gouvernements européens qui refusèrent un contrôle commun de la mise à feu des missiles (ce qu'on appelle couramment la "double clé") pour des raisons technico-financières d'abord (le coût d'installation en eût été augmenté) mais surtout pour des raisons politiques, l'association des Américains à la défense de l'Europe étant jugée plus complète, s'ils continuaient de posséder et de contrôler seuls leurs fusées.
4Le débat nucléaire en Grande-Bretagne rejoint donc le débat européen et, dans ce domaine, les adversaires des euromissiles agissent de concert avec les mouvements de la paix européens. Mais il a aussi sa spécificité propre, car il intervient au moment où le gouvernement britannique doit songer à moderniser la force de frappe nationale3 qui implique le remplacement à terme des fusées Polaris existantes par des missiles Trident II, également de fabrication américaine, dont le coût est incertain.
5Au cours du débat du 24 janvier 1980 aux Communes - rappelons qu'il n'y avait pas eu de débat important sur la défense depuis quinze ans - le secrétaire d'État à la Défense d'alors, Francis Pym, avait reconnu que les gouvernements précédents n'étaient pas restés inactifs et avaient fait mettre au point une fusée Polaris améliorée, dite Chevaline, capable de traverser les défenses antiballistiques soviétiques les plus récentes et permettant de rendre les quatre sous-marins nucléaires britanniques opérationnels pendant une autre dizaine d'années environ. Malgré tout, il fallait penser à l'avenir et Francis Pym avait alors annoncé que la Grande-Bretagne était prête à dépenser de 4 à 5 milliards de livres sur quinze ans pour acquérir une nouvelle génération (encore non précisée mais de toute façon de technologie américaine) de sous-marins nucléaires et leur équipement en missiles. Le problème c'est que l'année suivante (1981), le missile qui devait remplacer les Chevaline, le Trident I (ou C4) qui avait l'avantage de pouvoir être utilisé sur les sous-marins actuels, était finalement abandonné par les Américains au profit de Trident II (ou D5), plus efficace mais aussi plus coûteux, et qui requiert en outre des sous-marins porteurs plus importants. On conçoit l'embarras du gouvernement britannique qui finit par annoncer, au début de 19824, qu'il optait pour Trident II. Le coût du programme était estimé à 7 milliards et demi de livres de 1981, étalé sur quinze ans, soit 3 % du budget total de la défense et un peu plus de 6 % du budget d'équipement militaire pendant la même période. Cette estimation était en fait très hasardeuse, car le nouveau missile était encore en voie de développement. En outre, les retombées économiques internes que le secrétaire d'État, John Nott, évaluait généreusement à 4 milliards de livres et 20.000 emplois dans les meilleures années, semblaient fort aléatoires. On conçoit que l'opposition toute entière ait alors refusé de donner un accord de principe au programme, faute d'éléments d'appréciation plus solides. Or, au moment de l'élection, les aspects financiers et les données industrielles exactes du programme n'étaient pas davantage précisés.
La contestation pacifiste et le débat sur la défense nucléaire
6Le mouvement anti-nucléaire n'est pas, on le sait, une nouveauté en Grande-Bretagne. On se rappelle les célèbres marches d'Aldermaston à la fin des années cinquante. Fondé en 1958 à l'initiative de quelques intellectuels ou hommes d'église pacifistes, l'écrivain J.B. Priestley, le philosophe B. Russell, l'historien A.J.P. Taylor et le chanoine Collins de Saint Paul, le C.N.D. (Campaign for Nuclear Disarmament) devint très vite, après l'adhésion de Frank Cousins, secrétaire-général du syndicat des transports (T.G.W.U.), suivie de celles de nombreux autres syndicalistes, une véritable machine de guerre de la gauche travailliste contre le leader de l'époque, H. Gaitskell. Parvenu provisoirement à ses fins au congrès de 1960 qui mit Gaitskell en minorité à propos du désarmement nucléaire (la décision fut annulée l'année suivante), le premier C.N.D. ne survécut pas à la mort de Gaitskell (en janvier 1963) et surtout à l'adoption, la même année, par la Grande-Bretagne, du traité sur l'interdiction des essais nucléaires dans l'atmosphère (que seule la France refusa). Après les élections de 1964, le cabinet Wilson ne remit pas en cause les accords de Nassau (décembre 1962) qu'avait signés Macmillan et qui dotaient la Grande-Bretagne de fusées Polaris pour sous-marins nucléaires. Le nouveau gouvernement se contenta de renoncer à la construction d'un sous-marin Polaris (ils sont quatre actuellement) mais uniquement pour des raisons financières. C'est cette attitude - malgré le maintien de l'opposition très vive d'une minorité de militants et de certains syndicats - qui allait permettre une politique bi-partisane en matière de défense pendant quelque vingt ans.
7L'accord de l'O.T.A.N. de décembre 1979 allait, comme ailleurs en Europe, ranimer le pacifisme et rappeler au parti travailliste ses états d'âme passés. De 1980 à 1982, le C.N.D. passait de 9.000 à plus de 50.000 membres (500 adhésions par semaine à la fin de 1981)5. Et il n'est pas le seul mouvement pacifiste. Il agit en effet en collaboration avec la branche britannique d'E.N.D. (European Nuclear Disarmament) animée par E.P. Thompson et plus proche des mouvements européens, y compris ceux qui tentent d'exister de l'autre côté du rideau de fer. Plus spécifiques de certaines couches sociales ou de certaines professions sont d'autres groupes Women Oppose Nuclear Threat, Gays for a Nuclear Free Future, Journalists against Nuclear Extinction, Medical Campaign against Nuclear Weapons, Scientists aqainst Nuclear Arms (S.A.N.A.). Les femmes, qui ont établi en 1981 le célèbre "camp de la paix" autour de la base de Greenham Common, la première à recevoir les missiles de croisière, ne sont pas, pour la plupart, membres du C.N.D. et se méfient des mouvements organisés. Certes, elles sont soutenues par le C.N.D., matériellement et intellectuellement, mais elles se sont mobilisées spontanément sans mot d'ordre d'aucun mouvement d'importance et leurs motivations sont beaucoup plus "émotionnelles" que celles des adhérents du C.N.D. dans leur ensemble. Le C.N.D. n'en reste pas moins le chef de file de la protestation pacifiste.
8Une enquête effectuée pour le congrès de 19826 a montré que la structure socio-professionnelle du C.N.D. n'est pas très représentative de la population britannique dans" son ensemble : en fait, on peut dire qu'il a toutes les caractéristiques d'un mouvement de classes moyennes : 50 % des adhérents appartiennent à des professions tertiaires, 20 % sont des étudiants ; en outre, il recrute surtout à Londres et dans le sud-est (la moitié des adhérents vient de cette région) ; par ailleurs, 50 % des membres sont adhérents individuels, le reste est venu au C.N.D. par l'intermédiaire d'associations diverses et de groupes locaux qui adhèrent collectivement. Enfin, environ 30 % des membres déclarent avoir déjà activement milite pour le désarmement nucléaire dans d'autres organisations ; églises, syndicats, partis politiques. Dans l'ensemble, les adhérents veulent donner du C.N.D. une image "responsable". Interrogés dans le même questionnaire sur les moyens d'action souhaitables pour le mouvement, 44 % donnaient la priorité à l'"action pédagogique" (educational work), 27 % à de "grandes manifestations" (big public events), 8 % seulement à 1'"action directe illégale non-violente réfléchie" (considered non-violent illegal action), 2 % à des "boycotts". Cette hésitation à propos de l'action directe s'explique par la recherche d'une certaine "respectabilité" mais aussi, sans doute, par la difficulté qu'il y a à empêcher l'"action directe illégale" de dégénérer en "action violente et irréfléchie".
9Sur le plan politique stricto sensu, si une faible minorité du C.N.D. adhérait à des partis politiques, 68 % des membres déclaraient avoir l'intention de voter travailliste aux futures élections générales, 13 % pour l'Alliance et moins de 2 % pour le parti communiste. Ce dernier pourcentage minore sans doute l'influence des militants communistes : tous les électeurs savent en effet que, dans le contexte électoral britannique, voter communiste n'est guère "utile" ; en outre, le plus souvent, moins de 10 % des circonscriptions ont un candidat communiste. Quoi qu'il en soit, on aurait tort, je pense, de considérer le C.N.D. comme la "courroie de transmission" du mouvement communiste international, comme l'affirme un peu rapidement une partie de la presse, exploitant ainsi certaines déclarations de son secrétaire-général, le prêtre catholique Bruce Kent qui insiste sur la nécessité d'essayer de comprendre les sentiments et les craintes de l'autre camp. Il est sans doute plus juste de reprocher au C.N.D. d'offrir un "soutien objectif" aux thèses de l'U.R.S.S., en prônant le désarmement unilatéral de la Grande-Bretagne et du reste de l'Europe, dans le contexte actuel de l'affrontement est-ouest.
10Plus ambigus sont les rapports que le C.N.D. entretient avec le parti travailliste. Incontestablement, son influence a augmenté, notamment au sein du P.L.P. (Parliamentary Labour Party) ; avant les élections, 120 députés travaillistes étaient membres du groupe C.N.D. des Communes ; en outre, le C.N.D. disposait d'une courte majorité de sympathisants au comité exécutif national du parti, élu en octobre 1982. De plus, Michaël Foot, leader entre novembre 1980 et octobre 1983, avait été autrefois membre du C.N.D. et était resté personnellement favorable aux thèses unilatéralistes. On peut donc parler d'une étroite symbiose7 entre le C.N.D. et la gauche travailliste au moment des élections. Cette symbiose n'a pas été sans influencer le comportement des dirigeants les plus proches du C.N.D. - dont Michaël Foot - ce qui ne leur a pas permis d'être sensibles aux réactions profondes de la classe ouvrière que, l'analyse sociologique du C.N.D. le montre, le mouvement unilatéraliste a peu convaincue. D'ailleurs, Bruce Kent, dans un entretien avec l'auteur, a en quelque sorte admis la contribution du C.N.D. à la défaite travailliste en déclarant : "Pauvre Michael, on lui en a peut-être demandé trop"8.
11C'est qu'en effet, la campagne du C.N.D. depuis 1981 semble plutôt avoir été un échec dans l'opinion britannique. Si l'on en croit les sondages effectués tous les quatre mois environ par l'institut Marplan9, le pourcentage des "unilatéralistes" est en constante régression : 31 % en septembre 1982, 21 % en janvier 1983, 19 % en mai 1983, 16 % en octobre 1983. A l'inverse, la majorité favorable au statu quo s'est nettement renforcée : 51 % en septembre 1982, 59 % en janvier 1983, 64 % en mai, 63 % en octobre, cependant que la proportion de ceux qui veulent améliorer la défense nucléaire est restée à peu près stable (respectivement, 15 %, 13 %, 10 % et 14 %). La campagne unilatéraliste semble avoir été plus efficace sur deux points précis : l'implantation des missiles de croisière et le problème de Trident II. Les opposants aux missiles de croisière sont en effet passés de 50 % (41 % pour) en avril 1981 à 61 % (27 % pour) en janvier 1983 pour revenir à 54 % (34 % pour) au moment des élections et à 48 % en octobre (37 % pour). Notons à ce propos une très nette différence entre hommes et femmes, au point même qu'en octobre 1983, les hommes sont en majorité ralliés aux missiles de croisière : 48 % contre 43 %, les femmes restant farouchement hostiles : 51 % contre 27 %. Par ailleurs, seuls les électeurs conservateurs donnent une majorité favorable aux missiles de croisière (55 % contre 29 %), alors que les électeurs travaillistes et de l'Alliance y sont défavorables en majorité (respectivement 66 % contre 21 % et 53 % contre 36 %). Mêmes attitudes à propos de l'achat de Trident II ; l'hostilité générale reste grande, même si elle diminue quelque peu : 50 % d'opposants en octobre 1983'contre 54 % en mai, 56 % en janvier et 53 % en avril 1981. La différence entre hommes et femmes s'estompe : hommes : 50 % contre, 36 % pour ; femmes : 50 % contre, 17 % pour (33 % ne savent pas). Là encore seuls les conservateurs approuvent en majorité mais pour presque un tiers (28 %), ils se prononcent avec l'opposition.
12Le partage de l'opinion montrait que la campagne électorale était susceptible de changer beaucoup de choses.
Les manifestes des partis
13Bien évidemment, le manifeste conservateur10 mettait l'accent sur les efforts déjà déployés en matière de défense : augmentation du budget en termes réels, "brillante réoccupation" des Falkland, engagement de déployer les missiles de croisière si l'U.R.S.S. ne tenait pas compte d'ici la fin de l'année des "craintes légitimes de l'Occident". Mais il se gardait bien de prendre des engagements précis pour l'avenir, notamment, dans le domaine financier ; le programme Trident II n'était pas mentionné, ni même la nécessité de moderniser l'arme nucléaire de la Grande-Bretagne ; on ne trouvait pas non plus d'allusion à la difficile conciliation entre les engagements anciens de la Grande-Bretagne vis-à-vis de l'O.T.A.N. et ses nouvelles obligations à propos des Falkland. Les conditions minima attendues des Soviétiques pour qu'un accord soit conclu au sujet des euromissiles n'étaient pas énumérées (pas d'allusion à "l'option zéro" donc). Pas de référence non plus au problème de la "double clé", c'est-à-dire au contrôle bilatéral des armes américaines installées sur le sol britannique à propos duquel Mrs Thatcher avait pris un certain nombre d'engagements. Il faut noter toutefois que les orateurs conservateurs étaient bien armés pour parler avec précaution du problème de la défense : en effet, le Campaign Guide11 indiquait aux candidats tout ce qu'il fallait savoir : définition des termes (notamment la terminologie des diverses négociations en cours), statistiques, réponses aux questions-pièges (Trident II et "double-clé"), positions des autres partis (accent mis sur "l'aventurisme" de la politique travailliste).
14Le manifeste de l'Alliance12 était certainement plus explicite mais il ne l'était pas trop, compte tenu des positions complexes et nuancées des deux partis qui constituaient la coalition. Pour l'Alliance, la participation à l'O.T.A.N. devait être "la pierre angulaire de la politique de défense du pays" ; tout en admettant qu'il fallait que l'O.T.A.N. fût dotée d'armes nucléaires face aux armes soviétiques, le manifeste estimait cependant que l'organisation atlantique devait refuser à l'avenir "son excessive dépendance actuelle d'une utilisation précoce des armes nucléaires". Pour aller dans ce sens, il suggérait le renforcement de l'armement conventionnel de l'O.T.A.N. et l'établissement d'une zone dénucléarisée d'une largeur de 150 kms sur le front central européen, donnait son entier soutien aux diverses négociations Est-Ouest en cours, proposait de fusionner les négociations START (fusées intercontinentales) et INF (fusées intermédiaires) et ajoutait que, "pour éviter une nouvelle et dangereuse contribution à la course aux armements", le programme Trident II devrait être abandonné et que la Grande-Bretagne devrait accepter que ses missiles Polaris soient mis dans la balance aux cours des négociations sur le désarmement "comme contribution supplémentaire à l'espoir d'un désarmement multilatéral". Par contre, sur les missiles de croisière américains, un gouvernement de l'Alliance ne se serait prononcé qu'après une étude des positions respectives des deux camps et des alliés européens de la Grande-Bretagne et un accord éventuel sur un système de "double contrôle de sécurité". Le manifeste de l'Alliance montrait la difficulté de définir une position centriste, de juste milieu, dans ce domaine comme dans d'autres ; s'il souffrait, bien sûr, d'être un compromis laborieux entre les aspirations des libéraux (qui s'étaient montrés "unilatéralistes" à leur congrès de 1982, contre l'avis de David Steel) et celles des sociaux-démocrates plus pragmatistes et plus "atlantistes", il portait néanmoins la marque du principal porte-parole du S.D.P. sur les problèmes extérieurs et de défense, David Owen13, et surtout comportait des propositions précises qui, si elles étaient quelque peu difficiles à digérer par l'électeur moyen, n'en avaient pas moins une certaine cohérence.
15On ne pouvait en dire autant du manifeste travailliste14, et pourtant ce n'était pas le résultat d'un compromis entre droite et gauche. En effet, il se contentait de reprendre le programme de défense adopté par les congrès des années précédentes - notamment en 1982 - mais dans une présentation tellement embrouillée (à dessein ?) qu'une partie de ses implications pouvait échapper au lecteur peu attentif. Le document rappelait d'abord les positions internationalistes du parti, notamment son attachement aux Nations Unies et aux négociations sur le désarmement à Genève que la Grande-Bretagne devait faciliter en renonçant à Trident II, ainsi qu'en s'opposant (objectif prioritaire) à l'installation des missiles de croisière américaine sur le sol britannique et ailleurs en Europe. Le parti travailliste proposait également, comme l'Alliance, l'inclusion des fusées Polaris britanniques dans les négociations à Genève, mais ajoutait ensuite : "Après consultation, nous mettrons en œuvre, pendant la durée du prochain Parlement, notre politique de défense non-nucléaire". Quelle que soit l'issue des négociations ? On pouvait le penser, ce qui détruisait l'effet de la première proposition, puisque l'adversaire savait d'avance que, de toute façon, la force nucléaire britannique disparaîtrait. D'ailleurs, deux paragraphes plus haut, le manifeste explicitait ce qu'il entendait par "défense non-nucléaire" de la façon suivante : "...Le rejet de toutes nouvelles bases ou armes nucléaires sur le sol et les eaux britanniques et la fermeture (removal) de toutes les bases et armes nucléaires existantes". Certes, le mot de désarmement nucléaire unilatéral était évité (ou plutôt il était prononcé dans un contexte où il ne signifiait rien : "Unilatéralisme et multilatéralisme doivent aller de concert"). Certes, le manifeste précisait que le projet travailliste ne pouvait s'appliquer en un jour et sans consultation. Il n'en restait pas moins qu'il impliquait, outre la renonciation à l'arme nucléaire, la suppression progressive des bases américaines en Grande-Bretagne. Aussi pouvait-on se demander quelle valeur attacher à la pétition de principe en faveur de l'O.T.A.N. qui suivait quelques lignes plus loin : "Le prochain gouvernement travailliste continuera de soutenir l'O.T.A.N., en tant qu'instrument de détente autant que de défense" ? Les adversaires des travaillistes, en tout cas, n'ont pas manqué de montrer la contradiction dans laquelle le parti s'enfermait en souscrivant au principe d'une alliance et en lui contestant en même temps ses moyens d'action et de pression.
La place de la défense dans le débat électoral proprement dit
16A s'en tenir aux manifestes, il y avait donc une distance appréciable entre les formations rivales sur la question de la défense, et notamment entre les deux grands partis qui alternent au pouvoir depuis la guerre. Mais il était imprudent de s'en tenir aux manifestes. Si le gouvernement conservateur pouvait à la rigueur être cru quand il disait vouloir poursuivre sur la voie tracée depuis quatre ans, il était légitime cependant de se poser des questions au sujet du financement de la défense. Mais c'était, bien sûr, la politique effective d'un futur gouvernement travailliste qui faisait surtout problème, ne serait-ce que parce que, dans le passé, les gouvernements de ce parti n'ont que trop habitué le public britannique à "adapter", sinon même à "oublier" totalement, les aspects du programme qui ne leur paraissaient pas devoir être acceptés par l'opinion. En outre, il n'était un secret pour personne que les deux anciens Premiers ministres encore membres de la Chambre des Communes (Wilson et Callaghan) étaient "réservés" vis-à-vis des changements promis ; ou avaient aussi quelques doutes sur la "conversion" totale des leaders de l'aile droite à une "défense non-nucléaire", notamment de ceux qui, tels Denis Healey et Roy Hattersley, avaient été des membres importants des gouvernements précédents. Par contre, l'engagement ancien de Michaël Foot du côté des "unilatéralistes" semblait indiquer que les promesses du manifeste avaient plus de chances d'être tenues, encore qu'elles fussent, nous l'avons dit, susceptibles d'interprétations variées.
17C'est bien entendu ces incertitudes et ces ambiguités que les adversaires du parti travailliste - et notamment le parti gouvernemental - allaient s'efforcer de faire ressortir devant le pays pendant la campagne.
18Bien que l'élection ait été annoncée le 9 mai, c'est seulement le 16 mai que la campagne a effectivement commencé15. Cependant, dès le 12 mai, dans un discours devant le congrès du parti conservateur écossais, Michaël Heseltine, nommé ministre de la Défense à la fin de 1982 - et incontestablement plus efficace que son prédécesseur John Nott devant l'opinion-, attaquait la crédibilité de Michaël Foot en tant qu'éventuel premier responsable de la défense de la Nation et déclarait notamment : "Il faut vraiment une bonne dose de foi aveugle pour imaginer de confier à Michaël Foot la défense de cette nation"16. Il mettait ainsi le doigt sur un des défauts les plus évidents de la personnalité du leader travailliste ; on voyait mal cet intellectuel idéaliste et fragile trancher de la paix et de la guerre. Quelques jours plus tard (le 17), le même ministre envoyait une lettre17 aux candidats de son parti ; cette lettre insistait surtout sur les liens privilégiés entre le C.N.D. d'une part, le parti travailliste et les groupes de gauche et d'extrême-gauche d'autre part, et répétait les dangers encourus par la Grande-Bretagne après la rupture du consensus sur la défense par le parti travailliste. Le 21 mai, Michael Heseltine faisait une déclaration18 sur les conséquences pour l'emploi de la politique de défense travailliste. Selon lui, l'application complète de la politique envisagée par les travaillistes aurait entraîné la suppression de 400.000 emplois. Enfin, le 23 mai, le News Service conservateur publiait un supplément no 119 qui reprenait les questions et réponses essentielles sur la défense et le désarmement du Campaign Guide. Ce document, destiné aux candidats mais aussi aux journalistes réaffirmait les positions gouvernementales en insistant sur la continuité d'intention par rapport à la politique du gouvernement précédent. L'"option zéro" du président Reagan était clairement expliquée et justifiée. Par ailleurs, à propos du double contrôle (dit "double clé") souhaité par l'Alliance et bon nombre d'observateurs spécialisés, pas tellement pour ses vertus propres que parce qu'il rend, selon eux, la présence des missiles et des bases américaines psychologiquement plus facile à accepter, le document citait le discours récent du Premier ministre20 qui rappelait que les missiles de croisière seraient soumis aux mêmes "arrangements" concernant les armes américaines plus anciennes déjà stationnées en Grande-Bretagne, arrangements qui avaient en leur temps paru suffisants aux ministres travaillistes et qui signifiaient, selon Mrs Thatcher, "qu'aucune arme nucléaire ne pouvait être mise à feu ou lancée à partir du territoire britannique sans l'accord du Premier ministre britannique". Sur cette question, le document concluait : "Le parti conservateur fait entièrement confiance aux États-Unis... et considère un système de "double clé" comme tout à fait inutile, indépendamment de son coût".
19Toutefois, malgré l'ardeur mise par M. Heseltine à exposer sa politique et surtout à attaquer les propositions de l'opposition, c'est la polémique qui éclata dans les rangs travaillistes, dans la semaine du 23 au 28 mai, qui allait d'une part mettre le débat sur la défense sur le devant de la scène, d'autre part rendre encore moins compréhensibles les intentions véritables de l'opposition officielle dans ce domaine et, par conséquent, ruiner les derniers espoirs de l'équipe dirigeante travailliste d'offrir l'image d'un gouvernement de rechange crédible pour le pays.
20Le différend apparut de la manière suivante. Healey, semble-t-il, s'était engagé à soutenir le manifeste du parti à condition que le leader accepte de "clarifier" les ambiguités des paragraphes sur la défense dans un sens favorable aux positions de la droite. Apparemment Foot promit mais n'en fit rien. D'où la décision de Healey de mettre les choses au point à la conférence de presse du lundi 23, d'où le titre du Times du lendemain : "Foot ne parvient pas à réduire son différend avec Healey, à propos de la politique non-nucléaire". Mais ce qui mit le feu aux poudres, aux yeux du grand public tout au moins, fut un discours de James Callaghan prononcé le 25 mai dans sa circonscription21 mais destiné à avoir une audience nationale (les médias avaient été convoqués). L'ancien Premier ministre refusait tout d'abord, comme le faisaient volontiers les orateurs travaillistes, notamment Michaël Foot, d'accuser le président Reagan d'approche "non-constructive" dans les négociations de Genève, puis il ajoutait : "Notre refus d'un désarmement unilatéral a déjà provoqué des propositions plus réalistes de l'Union soviétique... En l'absence d'un accord satisfaisant, la Grande-Bretagne et l'Occident ne doivent pas, sans compensations, démanteler leur arsenal d'armes nucléaires", d'autant plus, concluait-il, que les Polaris resteront une dissuasion efficace pendant dix ans au moins. Ce discours, qui se voulait surtout un discours d'homme d'État d'expérience au-dessus des contingences strictement électorales, a été immédiatement interprété par les médias comme un "coup de poignard dans le dos" de Michaël Foot qui, le matin même, avait déclaré : "La renonciation aux Polaris fait partie d'un processus d'ensemble. Bien sûr, le gouvernement britannique doit rester juge de la rapidité du processus et cela dépend en partie de la réaction que nous obtiendrons des super-puissances et des autres pays"22. La distance entre les deux anciens associés à la tête du parti pouvait paraître d'autant plus significative que l'ancien leader - pour les journalistes, c'était évident - disait tout haut ce que la majorité du cabinet-fantôme travailliste pensait tout bas. Elle fut immédiatement exploitée par Mrs Thatcher qui (le 26) déclarait23 que le programme "unilatéraliste" travailliste montrait bien que ce parti était maintenant entre les mains de la gauche la plus extrême, que les "soi-disant modérés" avaient "capitulé", et, pour faire bonne mesure, contrastait leur attitude avec celle de l'ancien leader, Gaitskell, qui, lui, avait tenu bon. Quant à Shirley Williams24, elle affirmait, au nom de l'Alliance, que James Callaghan ne pouvait être accusé de trahison ; simplement, il restait fidèle à ce qu'il avait toujours pensé et "plaçait son pays avant son parti".
21La façon dont Michaël Foot affronta cette tempête en dit long sur son style de leadership. Interrogé la conférence de presse du lendemain (le 26), il déclarait : "Nous sommes dans un pays libre et dans un parti libre et il (Callaghan) est libre d'exprimer ses opinions... (mais) c'est moi qui parle pour le parti travailliste. Il y a des gens qui cherchent à inventer des différends. Mais personne ne peut douter de ce qu'est notre politique"25. Sans doute alarmé par la faiblesse de cette répartie, le secrétaire-général du parti, Jim Mortimer, affirmait aussitôt après : "Au comité de la campagne (qui venait de se réunir), nous avons tous répété avec insistance que c'est M. Foot le leader du parti travailliste, que c'est lui qui parle au nom du parti et que nous soutenons tous le manifeste". Ce rappel de ce qui aurait dû être une évidence fit la plus déplorable impression. Il montrait à quel point Michael Foot ne dominait ni son parti, ni la campagne.
22Après le long week-end du 28 au 30 mai, le thème de la défense ne fut pas abandonné pour autant, mais il ne fut plus privilégié. Sans doute les dirigeants conservateurs estimaient-ils qu'il avait déjà fait son œuvre et que cela le gênerait plutôt d'approfondir le débat. Le 31 mai, à une question du Times à sa conférence de presse, Mrs Thatcher répondit que, si l'arme nucléaire est vraiment une arme de dissuasion, "alors les Russes doivent savoir que, dans certaines circonstances, elle serait mise à feu"26. Questionné de la même façon, Michaël Foot refusa de répondre27. Le même jour, pourtant, l'ancien ministre conservateur, Enoch Powell, lui vint en aide en parlant de la "folie" de l'arme nucléaire britannique : "Personne ne conteste, je crois, que notre armement nucléaire soit négligeable comparé à celui des Russes... Par conséquent, utiliser cet armement serait pour nous davantage encore qu'un suicide : ce serait un génocide - l'extinction de notre race- dans le sens le plus littéral et le plus précis de ce terme fort galvaudé"28. Malgré cette relance, l'intérêt pour la question parut retomber de lui-même et lorsque le C.N.D. organisa, du 1er au 4 juin, un sit-down de quatre jours pour tenter de paralyser la base américaine de Upper Heyford dans l'Oxfordshire où sont basés des bombardiers nucléaires F1-11, la manifestation eut certes un certain écho (environ 3.000 manifestants et 752 arrestations pour obstruction) mais donna l'impression de se dérouler dans un monde différent de celui de la campagne électorale. C'est peut-être parce qu'au même moment la presse était pleine des échanges au sujet des Falkland (sujet qui avait été peu abordé pendant les deux premières semaines de la campagne, apparemment sur les instructions des conseillers de Mrs Thatcher). Alors que, le 1er juin, Neil Kinnock se contentait, assez raisonnablement, de réclamer, lors d'une émission télévisée officielle, une commission d'enquête sur l'affaire du Belgrano29, Denis Healey attaquait personnellement Mrs Thatcher, lui reprochant "d'avoir tiré gloire du massacre"30, ce qui provoquait immédiatement un tollé. Le lendemain, Healey retirait son expression, mais maintenait son accusation au fond. On pouvait néanmoins penser que l'affaire allait se calmer, lorsque, le lundi 6 juin, au cours d'un meeting télévisé en direct31, Neil Kinnock, alors qu'un interlocuteur avait lancé, à propos des Falkland, que Mrs Thatcher avait "montré qu'elle avait du cœur au ventre", répliqua : "c'est dommage que d'autres aient dû laisser leurs tripes à Goose Green pour le prouver".
23Ces attaques montraient-elles simplement que les dirigeants travaillistes avaient perdu leur sérénité à l'approche d'une défaite aux proportions "historiques" ou bien que, d'ores et déjà, les principaux prétendants à la succession de Michael Foot (qui ne pouvait qu'être prochaine) cherchaient à se placer en rivalisant d'agressivité envers le Premier ministre ? On ne le saura jamais vraiment. Une seule chose est sûre, c'est qu'elles ont encore amoindri les chances travaillistes. Comme le suggérait un cartoon du Guardian32, s'attaquer à "Saint Margaret of the Falkland Martyrs" relevait du blasphème.
L'élection nucléaire n'a pas vraiment eu lieu
24Au moment de la dissolution du Parlement, la question de l'armement nucléaire arrivait en troisième position parmi les "problèmes les plus préoccupants" pour l'opinion britannique. Selon un sondage Louis Harris33 exécuté en avril 1983 dans neuf pays occidentaux, c'était l'avis de 32 % des personnes interrogées ; le chômage, bien évidemment, venait en tête avec 67 %, la criminalité en second avec 37 %. On ne sera pas surpris de noter que le désarmement était le second problème le plus préoccupant en Allemagne fédérale ; par contre, il ne figurait qu'en septième position pour la France. Par ailleurs, un sondage Mori34 avait montré que les manifestations de femmes à Greenham Common avaient eu un certain retentissement (94 % des personnes interrogées en avaient entendu parler) et n'étaient pas impopulaires : 31 % des personnes qui en avaient entendu parler (contre 14 %) répondaient que ces manifestations avaient avivé leur crainte des missiles de croisière, même si, pour plus de la moitié (53 %), cela n'avait rien changé. Enfin, le succès des rassemblements de Pâques avait encouragé le C.N.D. à poursuivre son action. Pour toutes ces raisons, on pouvait espérer - ou craindre - que la campagne électorale serait dominée - comme en Allemagne fédérale en mars - par le débat sur la politique nucléaire. D'où le slogan "d'élection nucléaire" lancé par le C.N.D.
25Il n'en a pas tout à fait été ainsi. Certes, la politique de défense a joué un grand rôle dans la campagne mais dans la tactique des adversaires du parti travailliste et non sur le fond. En d'autres termes, c'est la politique qu'aurait éventuellement suivie le parti travailliste qui a été débattue et non pas celle effectivement suivie par le gouvernement en place. Par conséquent, si l'on peut dire que le débat sur la défense a incontestablement contribué, sinon à provoquer, du moins à aggraver la défaite travailliste, les enjeux véritables n'ont pas été abordés pour autant.
26Or, la politique suivie et annoncée par Mrs Thatcher contenait au moins deux contradictions.
27En effet, d'une part le Premier ministre estimait devoir procéder à la modernisation de la force nucléaire britannique et exaltait la nécessité de lui conserver un caractère indépendant, d'autre part, elle acceptait sans sourciller que des missiles de croisière américains soient installés sur le sol britannique et puissent être utilisés quasi-discrétionnairement par le commandement américain, bien qu'officiellement destinés à la défense de l'Europe. Certes, on peut arguer d'une différence technique entre les deux systèmes d'armement (stratégique dans un cas, "intermédiaire dans l'autre) ; il n'empêche que le contrôle de leur utilisation est un problème de même nature politique. On pouvait donc arguer que le tempérament nationaliste de Mrs Thatcher faisait une exception de taille vis-à-vis des États-Unis et on peut se demander rétrospectivement si le gouvernement se serait tiré à si bon compte de cette contradiction si l'invasion de l'île de Grenade avait eu lieu pendant la campagne électorale. Mrs Thatcher aurait-elle pu alors se contenter d'affirmer comme elle l'avait fait le 12 mai à la Chambre des Communes : "Je fais confiance aux Américains" ?
28La seconde contradiction, et sans doute la plus importante, était d'ordre financier. On ne peut à la fois annoncer une lutte accrue contre la progression des dépenses publiques et, en même temps, promettre le renforcement du budget de la défense, au moins dans ses aspects nucléaires. Ne fallait-il pas envisager une redistribution des crédits de la défense aux dépens de l'armement conventionnel ? Une telle politique était-elle conforme aux autres engagements du gouvernement, notamment à propos des Falkland ? Or, Mrs Thatcher avait déjà pris des risques à cet égard. Il ne faut pas oublier en effet que le gouvernement avait dû procéder en 1981 à une "réactualisation" importante du budget de la défense35. Tout en reprenant pour les deux années 1983-84, la promesse d'une croissance de 3 % des dépenses militaires en termes réels (conforme aux engagements pris vis-à-vis de l'O.T.A.N.), ce nouveau programme n'en annonçait pas moins des renoncements importants : suppression d'emplois militaires dans la marine notamment (environ 10.000 hommes en cinq ans contre 7.000 pour l'armée de terre) et surtout réduction de la marine de surface, réduction si draconienne qu'on a pu dire, au moment des Falkland, que si le général Galtieri avait eu la patience d'attendre un an de plus, le Royaume-Uni eût été alors bien incapable d'utiliser l'armada rassemblée en 1982, car bon nombre des navires qu'elle comprenait eussent été, soit déjà à la casse, soit hors d'état de prendre la mer. Et cela, bien que le budget militaire, soulignons-le, ait cru de 23 % en termes réels pendant les quatre ans de gouvernement Thatcher.
29Il est clair donc que la puissance de moyenne importance qu'est devenu le Royaume-Uni ne peut plus prendre d'engagements militaires à l'échelle mondiale. Une nouvelle révision déchirante s'impose que la campagne électorale n'a guère contribué à éclairer.
Annexe
Annexe
Annexe 1 : Réactions comparées aux problèmes de la défense et du désarmement

The percentages do not add up to 100 because people could name more than one cause for concern.
* F=France, G=Germany, UK=United Kingdom, N=Norway, S=Spain, H=Holland, I=Italy, US=United States, J=Japan. Source : Paris Harris pour Atlantic Institute for International Affairs, Paris.
Annexe 2 : Coûts de la défense comparés

* 1979 figures.
... not available.
Military burden is military expenditure as a proportion of Gross Domestic Product at purchasers' values.
Source: CHALMERS (M.). The Cost of Britain's Defence. Peace Studies no 10, 1983, School of Peace Studies, University of Bradford, Table 1.
Notes de fin
1 En faisant voter une résolution condamnant l'arme nucléaire à la majorité des deux tiers au congrès d'octobre 1982, ce qui, en principe, inscrivait automatiquement cette mesure dans le "programme En outre, en élisant Michaël Foot, en novembre 1980, les députés travaillistes avaient choisi comme leader un pacifiste notoire dont on savait qu'il ne ferait pas obstacle - comme l'auraient fait sans aucun doute les leaders précédents à l'inscription de la nouvelle politique dans le "manifeste" électoral.
2 Pour des détails sur la nature de ces missiles, leur répartition et leur nombre, cf. Dossier du Monde, 22 octobre 1983.
3 La question de savoir si cette force de frappe est vraiment "indépendante" est un autre sujet. On sait qu'en son temps, le général de Gaulle avait estimé qu'une force de frappe qui dépendait d'une technologie étrangère, fût-elle celle de l'allié privilégié, n'était ni "nationale" ni "indépendante".
4 Hansard. H.C., 22 mars 1982.
5 Ces chiffres, ainsi que ceux qui suivent, sont tirés d'une étude de J.C. Sergeant, "La nouvelle vigueur de la contestation pacifiste" (Le Monde Diplomatique, juin 1983), de divers articles du Financial Times et du Times. Ils proviennent également de documents fournis par le C.N.D. lui-même.
6 National Membership Survey Report, nov. 1982. Enquête par questionnaire envoyé par la poste à un échantillon représentatif de 413 membres, avec un taux de réponse de 72 %.
7 Cette symbiose persiste avec l'arrivée de Neil Kinnock au poste de leader.
8 7 juin 1983.
9 Cf. Sondages Marplan in: The Guardian, 22 octobre 1983.
10 Conservative Manifesto, 1983, pp. 42-43.
11 Campaign Guide, 1983, pp. 377-391.
12 S.D.P.-Liberal Alliance, Working for Britain, Programme for Government, pp. 28-29.
13 Voir à ce sujet S.D.P. Policy Document no 3 on Defence and Disarmament in Europe, 30 p.
14 The New Hope for Britain. Labour's Manifesto, 1983, pp. 35-37.
15 Le manifeste conservateur n'a même été publié que le 18 mai.
16 Rapporté par le Financial Times, 13 mai 1983.
17 Conservative Party News Service, 17 mai 1983.
18 Conservative Party News Service, 21 mai 1983.
19 Daily Notes Supplement, 23 mai 1983.
20 Hansard, 12 mai 1983, col. 435.
21 Cardiff South and Penarth.
22 Conférence de presse quotidienne du 25 mai.
23 Discours à Harrogate.
24 Conférence de presse de l'Alliance du 26 mai.
25 Conférence de presse du parti travailliste, le 26 mai.
26 Conférence de presse du parti conservateur du 31 mai 1983.
27 Roy Jenkins, le leader de l'Alliance en fit autant.
28 Rapporté par le Times du 1er juin 1983.
29 A la suite des accusations contenues dans le livre de Tarn Dalyell, député travailliste, Mrs Thatcher's Torpedo.
30 Times et Guardian du 2 juin.
31 Sur Television South, rapporté dans le Guardian du 7 juin.
32 du 4 juin.
33 Louis Harris et Atlantic Institute for International Affairs, Paris, avril 1983. Voir détails en Annexe 1, p. 73.
34 Sunday Times, 23 janvier 1983.
35 The U.K. Defence Programm. The Way forward, H.M.S.O. juin 1981. Cf. Annexe 2, p. 73.
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Les Élections législatives britanniques du 9 juin 1983
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