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Les Élections législatives britanniques du 9 juin 1983

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Monica Charlot

La sélection des candidats travaillistes et conservateurs

Richard Sibley

Texte intégral

Plusieurs responsables des partis conservateur et travailliste nous ont apporté une aide précieuse lors de la rédaction de cet article. Nous souhaitons remercier tout particulièrement M. Bryan Davies (secrétaire du groupe parlementaire travailliste), Lord Fanshawe (jusqu'en juin 1983 Sir Anthony Royle, vice-président du parti conservateur, responsable des candidatures), et M. David Hunt (député, et depuis juin 1983 vice-président du parti conservateur, responsable des candidatures).

1La sélection des candidats est une de ces institutions qui permettent de distinguer les caractéristiques propres au système politique d'un pays. Comme l'a fait remarquer un spécialiste américain :

  • 1 RANNEY (A.). Pathways to Parliament : Candidate Selection in Britain. Londres : Macmillan, 1965, p (...)

La pratique britannique en matière de sélection des candidats parlementaires est largement déterminée par le système constitutionnel et social au sein duquel elle fonctionne, mais en même temps elle contribue au maintien de ce système1.

2Ce politiste arrive à la conclusion suivante :

  • 2 C'est ainsi que le journaliste Anthony Howard avait qualifié la sélection des candidats en Grande- (...)
  • 3 RANNEY (A.), op. cit., p. 282: "When an outsider manages a few glimpses into the 'secret garden of (...)

Quand un étranger parvient à entrevoir "le jardin secret de la vie politique britannique"2, il ne trouve là rien de honteux ni même de surprenant : il voit la même faune et la même flore politiques et sociales qui prospèrent depuis longtemps sur le sol anglais3.

3Or, depuis une dizaine d'années la "faune" et la "flore" caractéristiques du paysage politique en Grande-Bretagne sont en train d'évoluer, voire de subir des mutations profondes. Du moins, on est obligé de poser la question : le régime politique britannique tel qu'on le connaissait depuis longtemps, est-il entré, depuis le début des années 70, dans une période de changement radical ?

  • 4 LERUEZ (J.), et al. Les partis politiques britanniques : du bipartisme au multipartisme ? Paris : (...)

Sommes-nous à l'aube d'une vaste mutation ou bien, comme il arrive le plus souvent en Grande-Bretagne, n'y aura-t-il que quelques modifications de détail qui permettront au système actuel des partis de s'adapter et de se perpétuer ?4

4C'est dans le cadre de cette problématique globale - continuité, ou adaptation - ou mutation du régime ?-que nous aborderons la sélection des candidats aux législatives de 1983. Nous l'aborderons notamment à travers deux questions particulières à la conjoncture de 1983 :

  • Quelles sont les implications de deux innovations introduites depuis 1979 dans les méthodes de sélection des candidats (une chez les conservateurs, l'autre chez les travaillistes) ?
  • Quelles ont été les répercussions, sur la sélection des candidats travaillistes et conservateurs, du nouveau découpage des circonscriptions effectué juste avant les législatives de 1983 ?

Le mode de sélection des candidats : deux innovations

  • 5 RANNEY (A.), op. cit., 1965, et RUSH (M.). The Selection of Parliamentary Candidates. Londres : Ne (...)
  • 6 "List of Approved Candidates".

5La façon dont les deux grands partis britanniques procèdent à la désignation de leurs candidats aux élections législatives a fait l'objet au cours des années soixante, de deux ouvrages importants5. Aussi pour l'essentiel de la procédure suffira-t-il d'en rappeler brièvement les traits fondamentaux, en tenant compte de quelques petites modifications intervenues depuis 1970. Cependant, depuis les législatives de 1979, chacun des partis a innové dans un aspect important du mode de sélection. La presse a assez largement commenté l'obligation qu'ont les députés travaillistes, depuis 1979-80, de se soumettre systématiquement à une procédure dite de "re-sélection" entre deux élections législatives générales. En revanche, les nouvelles méthodes pratiquées depuis 1980 pour constituer, chez les conservateurs, une liste nationale de candidats à la candidature6, sont passées relativement inaperçues.

Les méthodes traditionnelles7

  • 7 Voir en particulier RANNEY (A.), op. cit., pp. 29-56, 133-166, 270-273, 280-282, pour une analyse (...)

6Malgré de nombreuses différences dans les détails, le parti conservateur et le parti travailliste ont des méthodes de sélection analogues.

  • 8 Cf. RANNEY (A.), op. cit. RANNEY relève, entre 1945 et 1964, seulement deux cas de veto chez les c (...)
  • 9 op. cit., p. 130.

7La responsabilité de désigner un candidat incombe en majeure partie aux dirigeants locaux : ni l'ensemble des adhérents dans la circonscription, ni les états-majors à Londres, n'exercent en général beaucoup d'influence sur le choix. Certes, les instances nationales interviennent dans le processus : elles mettent à la disposition des sections locales des listes d'aspirants à la candidature ; elles vérifient que les modalités prescrites ont bien été respectées ; elles valident les candidatures et elles entérinent le choix final. La sélection des candidats en Grande-Bretagne est néanmoins résolument décentralisée. C'est difficile à croire, mais tous les témoignages ainsi que des études objectives concordent : quelques élections partielles mises à part, les états-majors n'interviennent pas pour imposer un candidat, et n'ont opposé leur veto à un candidat dûment sélectionné qu'à un nombre infime d'occasions8. La décentralisation de la sélection des candidats est, selon l'expression de Jacques Leruez, "un privilège jalousement gardé par le parti de circonscription"9.

  • 10 Notons, cependant, que chez les travaillistes le conseil de gestion peut, par la suite, ajouter de (...)

8Dans les deux partis, une fois que tous les aspirants-candidats ont postulé, un petit comité de responsables locaux examine les dossiers, convoque après un premier tri une vingtaine de postulants pour une entrevue, puis arrête une liste de noms à retenir pour l'étape suivante (short list : 3 ou 4 noms chez les conservateurs, de 4 à 6 chez les travaillistes). C'est évidemment un stade crucial, où une vingtaine de responsables locaux éliminent la plupart des candidats à la candidature10.

  • 11 Prospective candidate.

9Ensuite, le conseil exécutif (parti conservateur) ou le conseil de gestion (parti travailliste) de la circonscription, siégeant en réunion plénière comprenant entre 50 et 150 des principaux représentants et délégués des instances locales, entend et interroge les candidats restés en lice, avant de désigner le vainqueur, à bulletin secret et à la majorité absolue. Après validation de ce choix par le comité exécutif national (parti travailliste) ou ratification par une assemblée générale des adhérents de la circonscription (parti conservateur), est donc nommé le "candidat en perspective"11 qui deviendra candidat officiellement investi au moment de l'ouverture de la campagne électorale.

  • 12 The Problem of Party Government. Londres : Macmillan, 1974, p. 257.

10C'est ainsi que, comme l'a fait remarquer Richard Rose12, puisque dans les deux tiers des circonscriptions on sait d'avance quel parti l'emportera au moment des élections, la plupart des députés britanniques sont en fait sélectionnés par moins de personnes qu'avant la Grande Réforme de 1832 ! Mais il ne faut pas oublier que les épreuves de sélection sont redoutables, ni que la concurrence dans un siège "sûr" sera particulièrement forte, au sein du parti qui va l'emporter. Dans un tel siège, le nombre de "candidats à la candidature" peut dépasser la centaine.

11Les principales différences entre les méthodes de sélection utilisées par les deux partis proviennent de leurs structures locales : chez les travaillistes, il est plus difficile de passer le cap de la proposition de candidature (nomination), les propositions étant limitées à une seule par organisme affilié au parti de circonscription (section ou quartier, section syndicale, etc...). C'est aussi à ce stade que le simple adhérent travailliste participe le plus activement au choix du futur candidat, car les sections se réunissent, délibèrent, et parfois interviewent d'éventuels candidats avant de proposer un nom. En revanche, chez les conservateurs les propositions de candidature se font avec moins de contraintes, et les adhérents n'interviennent directement qu'au stade ultime : ratification en assemblée générale du choix effectué par les dirigeants locaux.

  • 13 Cf. les premières lignes des Notes on Procedure for the Adoption of Conservative Parliamentary Can (...)

12Les critères qui déterminent le choix diffèrent d'un parti à l'autre. Au parti travailliste, on évoque plus ouvertement les questions et controverses d'ordre politique, on accepte plus volontiers que les candidats à la candidature fassent campagne (ou du moins, qu'on le fasse pour eux). Chez les conservateurs, faire campagne aboutit inévitablement à l'élimination ; il faut compter sur l'appui discret de quelques notables de l'association de circonscription. Le savoir-vivre et l'allure du postulant sont importants13.

  • 14 Les dépôts de candidature au moment d'une élection législative sont évidemment réglés par des disp (...)
  • 15 Chez les conservateurs : règlement de chaque association de circonscription ; "Model Rules for Cons (...)

13Aucune disposition légale ne s'applique à la sélection des candidats14, qui est néanmoins minutieusement réglementée par un code interne, d'un côté comme de l'autre15.

  • 16 Report of the Annual Conference of the Labour Party, 1965, p. 174.
  • 17 Ibid., 1978, p. 446.

14Suite à quelques abus, depuis les années soixante au parti travailliste on a défini avec une grande précision le calendrier, le déroulement de chaque étape, et les conditions requises pour participer à la sélection des candidats. Notamment, depuis 1965 tous les délégués assistant à la réunion plénière où les candidats sont entendus et où a lieu le scrutin pour les départager, doivent être adhérents individuels du parti (jusqu'à cette date un délégué syndical, non adhérent individuel, pouvait participer et voter)16. Depuis 1978, ne peuvent participer à cette réunion que les délégués à jour de cotisation, ayant une ancienneté comme adhérent individuel d'au moins un an, et ayant assisté à au moins une réunion du conseil de gestion pendant l'année précédant la sélection17.

  • 18 "... for any remotely winnable seat, lists 'A' and 'B' have almost lost their significance. Candid (...)

15Par ailleurs, il semblerait qu'au parti travailliste l'importance d'une inscription sur les listes d'aptitude tend à diminuer depuis quelques années. Dans les circonscriptions où le parti peut espérer emporter le siège, "les aspirants envoient une lettre de candidature comme s'ils postulaient à un emploi", selon les termes utilisés devant nous par un permanent travailliste18.

"Concours" et "liste d'aptitude"

  • 19 "Vice-Chairman (Candidates)", représentant donc la direction du parti.
  • 20 "Standing Advisory Committee on Candidates", représentant l'Union nationale des associations de ci (...)
  • 21 "Constituency Association Chairman".

16Au siège du parti conservateur, un vice-président nommé directement par le leader du parti19 et un comité consultatif permanent20 ont la responsabilité de tenir une liste nationale de personnes reconnues aptes à la candidature. Lorsqu'une vacance se déclare dans une circonscription, tous les inscrits en sont informés (en 1983, ils étaient environ 650), et le vice-président du parti fait parvenir au président de l'association locale21 les noms de ceux qui lui ont signalé qu'ils sont candidats à la candidature dans la circonscription en question. L'intention est d'élargir le choix offert aux responsables locaux, et d'éviter que soit sélectionné un candidat qui se révélerait par la suite un handicap pour le parti.

17Depuis 1980, la façon dont les postulants sont inscrits sur la liste d'aptitude a été modifiée. Les éventuelles répercussions de cette innovation sur le profil des candidats conservateurs ne manquent pas d'intérêt.

  • 22 Depuis octobre 1983, on doit obligatoirement fournir la liste de tous les organismes auxquels on a (...)

18Jusqu'en 1980, les aspirants-candidats se faisaient connaître auprès d'un responsable du parti (normalement, à l'échelon local). Après une série de formalités (questionnaire, trois attestations, éventuellement une enquête discrète sur les aptitudes du candidat et sur les responsabilités exercées)22, le postulant était convoqué au siège du parti pour un entretien avec le vice-président. Un député conservateur, rappelant cet entretien à Central Office dans les années cinquante, a écrit :

  • 23 CRITCHLEY (J.), Daily Telegraph, 25 septembre 1981 : "25 years ago I spent 15 minutes with a nice (...)

Il y a vingt-cinq ans, j'ai passé quinze minutes avec un brave monsieur, vieillot mais gentil, qui était persuadé qu'il connaissait mon père...23.

19Le journaliste David Watt avait conclu, en 1964, qu'en fait...

  • 24 The Spectator, 1er mai 1964, p. 573 : "... any man who is a Conservative of even moderate education (...)

... n'importe quel conservateur, d'une éducation et d'une réussite même très moyennes, franchira presque toujours l'obstacle, à moins d'être beaucoup trop jeune, inexpérimenté ou vulgaire24.

20Toute caricature mise à part, manifestement ces méthodes de présélection ressemblaient davantage aux procédés de recrutement d'une vieille entreprise familiale, qu'aux techniques modernes auxquelles on ferait appel pour recruter les cadres d'une entreprise de pointe. Le rôle du député a évolué, les méthodes de présélection au parti conservateur aussi.

  • 25 Chaque candidat en puissance doit d'ailleurs débourser quarante livres pour participer au week-end (...)
  • 26 CRITCHLEY (J.), Daily Teleqraph, 25 septembre 1981 : "At a Conservative estimate, they may get as (...)

21En 1980, ont été instaurés des Parliamentary Selection Boards. Les méthodes sont beaucoup plus proches des techniques de recrutement utilisées couramment dans les grandes sociétés industrielles et commerciales. Trois fois par an, on réunit pendant un week-end, dans un grand hôtel, une cinquantaine de candidats potentiels. Ils y passent une série d'épreuves, menées de façon très intensive25. À titre d'illustration, nous citerons le témoignage d'un député qui a assisté, en tant qu'expert jugeant les candidats, à deux journées de présélection26.

22Les candidats potentiels sont répartis en groupes de six. Chaque groupe est confié à un député, à un industriel, et à un permanent de parti, qui jugeront et noteront tous les candidats. Les épreuves se déroulent de la façon suivante :

  1. Discussion, au sein de chaque groupe, sur un sujet d'actualité (exemple : les effets de la professionnalisation sur le comportement des joueurs de tennis de haut niveau).
  2. Dissertation, rédigée en deux heures, sur un sujet d'ordre politique (exemple : le chômage des jeunes).
  3. Interview de chaque candidat par un député et un permanent du siège central ; les candidats doivent également s'interviewer les uns les autres, sur un sujet non-politique (exemple : la chasse à courre, l'opéra,...).
  4. Un débat est organisé sur le modèle parlementaire ; l'ensemble des candidats doivent participer (exemple de sujet : la censure).
  5. On confie à chaque groupe un problème, à résoudre en deux heures (exemple : comment préparer rapidement une campagne électorale dans une circonscription marginale ?).

23A ces épreuves structurées, s'ajoute évidemment l'observation du comportement des aspirants-candidats, par exemple au moment des cocktails (mais pas, apparemment, lors du dîner : les candidats sont assis tous ensemble à une table à part !).

  • 27 strong, good, adequate, limited, weak; trois aspects de chaque candidat sont notés : potentiel inte (...)
  • 28 Chiffre confirmé en novembre 1983 par le vice-président responsable des candidatures.

24Les candidats sont notés sur chaque épreuve, puis classés en cinq mentions : en principe seuls ceux ayant obtenu les deux meilleures mentions seront retenus27. Le taux d'échec se situe autour de 25 %28. En ce qui concerne le profil des postulants, citons encore le mime témoin :

  • 29 "The 48 (candidates) ranged in age from 24 to 51. There were 3 women, and 4 'ethnic' candidates, o (...)

L'âge des quarante-huit (candidats) allait de 24 à 51 ans. Il y avait trois femmes et quatre candidats des minorités ethniques : un noir et trois "asiatiques". Parmi les candidats blancs, un appartenait de toute évidence aux classes supérieures, un était ancien agent de police. Les autres faisaient partie de la bourgeoisie moyenne. Leurs positions politiques, pour autant que j'aie pu les découvrir, les situaient plutôt vers la droite du parti29.

  • 30 Ces chiffres nous ont été fournis le 23 novembre 1983 par M. David Hunt, nouveau vice-président du (...)

25Rappelons qu'il ne s'agit pas d'un nouveau système pour sélectionner les candidats dans les circonscriptions, mais simplement d'une présélection de ceux parmi lesquels les associations de circonscriptions vont probablement choisir leur candidat. En ce qui concerne les élections législatives de 1983, sur les 650 "candidats à la candidature" inscrits sur la liste d'aptitude, 277 étaient passés devant les Parliamentary Selection Boards. Mais, chiffre plus significatif, environ 150 candidats effectivement investis par le parti conservateur avaient été pré-sélectionnés par le nouveau système (soit presque un candidat sur quatre)30. Une étude détaillée des profils de ces candidats permettrait peut-être de mesurer les effets de l'innovation, et de se prononcer sur une éventuelle évolution par rapport aux candidats pré-sélectionnés à d'autres époques et par d'autres méthodes.

  • 31 Sur ce point, les renseignements qu'on nous a fournis sont toujours restés très vagues.

26Nous ignorons dans quelle mesure le chef du parti conservateur - Mme Thatcher - est responsable de cette innovation31. Quoi qu'il en soit, le nouveau système de présélection correspond au modèle "méritocratique" des "couches nouvelles" du parti conservateur que leur leader est censé représenter.

Des députés travaillistes destitués par leurs militants ?

  • 32 Voir les anciens "Rules for Constituency Labour Parties", Clause XIV (7) ; (on trouve l'article en (...)
  • 33 Cf. pages 9 et 11.

27Jusqu'aux années 70, tout député travailliste savait qu'il serait réinvesti par son parti, sans repasser par le processus de la sélection. Il était très difficile, pour un parti de circonscription, de refuser l'investiture à un député qui souhaitait se représenter32, comme l'ont démontré les rares cas où des responsables locaux ont voulu le faire (les mobiles étaient presque toujours d'ordre personnel et non politique33.

  • 34 Voir à ce propos : KOGAN (D.) et KOGAN (M.). The Battle for the Labour Party. Londres : Kogan Page (...)
  • 35 Campaign for Labour Party Democracy.

28Or, tout au long des années 70, des militants travaillistes ont mené une campagne à l'intérieur du parti, pour rendre les parlementaires plus responsables devant la base. Nous ne reviendrons pas sur ces luttes34, sauf pour rappeler le fait qu'accorder aux partis locaux la possibilité de mettre en question la reconduction de leur député était une des trois grandes réformes internes exigées par la gauche travailliste, les deux autres étant l'élargissement de l'électorat du leader (réforme adoptée en janvier 1981) et la prépondérance du comité exécutif national lors de la rédaction du manifeste électoral (proposition abandonnée, après bien des péripéties entre 1977 et 1981). Lancée en 1973 par un petit groupe de stratèges, la "Campagne pour la démocratie à l'intérieur du parti travailliste"35 réussit au fil des années, et notamment à partir de 1976, à rallier des milliers de militants travaillistes et syndicalistes ; la campagne était axée sur une méfiance prononcée vis-à-vis de députés et de ministres que l'on accusait d'être trop timides dans l'application du programme adopté par le congrès du parti.

  • 36 Voir le Report of the Annual Conference of the Labour Party, 1978, pp. 271-282 (débat), 422 (vote) (...)
  • 37 Ibid., 1979, pp. 262-272 (débat) et 454 (vote).
  • 38 Ibid., 1980, pp. 136-148.

29En un premier temps (1978), le congrès travailliste vota une réforme accordant aux partis locaux la possibilité mais non l'obligation de mettre en cause la réinvestiture d'un député sortant (optional reselection), cela suite à un rapport rédigé par une commission du comité exécutif national36. Ce ne fut qu'en octobre 1979 que le congrès adopta une résolution rendant obligatoire le processus dit de "resélection", une fois par législature (mandatory reselection ou automatic reselection)37. Finalement, à la suite d'un imbroglio dû à une ambiguité dans la rédaction du nouveau statut, cette obligation n'est devenue effective qu'après le congrès d'octobre 198038.

30Les modalités d'une "resélection" sont les mêmes que celles d'une première sélection, sauf qu'un député qui veut maintenir sa candidature est automatiquement inscrit sur la short list et ne peut en être rayé (même si aucune section ne l'a proposé comme candidat), à moins d'avoir cherché une candidature ailleurs, auquel cas il perd ses droits en tant que député sortant. Fin 1980 et début 1981, certains partis locaux ont contourné l'esprit du nouveau règlement en arrêtant la short list au seul nom du député sortant. Mais en mai 1981 il a été précisé (par le comité exécutif national) qu'on devait retenir à ce stade au moins deux candidats potentiels, dont le député sortant.

31Le règlement précise que la procédure doit être amorcée dans un délai de trois ans au maximum après des législatives, de dix-huit mois au minimum si le député n'est qu'à son premier mandat.

  • 39 Brent East, Brent South : la procédure a été retardée à la suite de controverses à l'intérieur du (...)

32On aurait pu penser que la nouvelle carte des circonscriptions limiterait les effets de la "resélection automatique", la modification de la plupart des circonscriptions nécessitant de toute façon une nouvelle sélection des candidats. Mais en fait, à deux exceptions près39, la nouvelle procédure a été appliquée dans toutes les circonscriptions ayant un député travailliste. Loin de diminuer les conséquences pratiques de la resélection, à cause du redécoupage des circonscriptions, tous les députés travaillistes sortants qui voulaient se représenter (sauf deux) ont dû passer deux fois devant un comité de sélection !

  • 40 Newham North West (Arthur Lewis), Bradford North (Ben Ford).

33Quelles étaient donc les conséquences de cette réforme, avant les élections législatives de juin 1983 ? La presse anglaise, en général peu favorable aux travaillistes, n'a pas manqué d’attirer l'attention sur quelques cas très litigieux (et notamment sur deux circonscriptions où le député travailliste à qui on avait refusé la réinvestiture a maintenu sa candidature comme "indépendant")40.

  • 41 J. White (Glasgow Pollack), R. Mason (Barnsley), J. Golding (Newcastle-under-Lyme).
  • 42 Cf. note (39).

34En tout et pour tout, sept députés travaillistes se sont vu refuser l'investiture par leur parti local après les épreuves de "resélection" (voir Tableau 1, colonne 4 et note 1, p. 10). Nous avons relevé en outre seulement trois cas où, toujours dans le cadre de l'ancienne circonscription mais après bien des controverses, le député travailliste sortant a finalement été sélectionné41 : il convient également de tenir compte des deux circonscriptions où le processus de la resélection n'avait pas été amorcé42.

35Comment mesurer les conséquences de cette réforme des statuts travaillistes ? C'est surtout, nous semble-t-il, une affaire de contexte :

  • Par rapport à l'ensemble des députés travaillistes sortants (242), le chiffre sept paraît bien modeste (2,9 %), et tout particulièrement si l'on pense au vacarme déclenché par cette innovation.
  • Par rapport au nombre de députés travaillistes sortants qui, dans le passé, n'avaient pas été sélectionnés par leur parti local, le chiffre sept constitue une nette évolution en hausse : depuis 1945, en général un ou deux députés travaillistes n'étaient pas réinvestis à chaque élection législative générale43.
  • L'évolution est qualitative autant que quantitative, car dans le passé les motifs de non-reconduction étaient presque toujours d'ordre personnel, alors qu'en 1983 dans les sept cas (plus les trois - ou cinq - tentatives échouées), il s'agissait de militants de la gauche travailliste qui voulaient faire remplacer un député trop modéré à leur goût.
  • Un seul député conservateur s'est vu refuser l'investiture dans son ancienne circonscription : il a cependant réussi à se faire désigner comme candidat dans la "même" circonscription après le redécoupage44.
  • En revanche, au moment de la nouvelle sélection des candidats après le redécoupage des circonscriptions, un seul travailliste mais sept conservateurs45 n'ont pas été réinvestis dans une circonscription correspondant à leur ancien siège, alors qu'ils souhaitaient l'être (voir Tableau 1, colonnes 5 et 6). Il est vrai que pour le travailliste et trois des conservateurs, c'est un autre député sortant qui les a "évincés" : on se demande néanmoins si le taux de "désélection" chez les conservateurs n'aurait pas été plus proche de celui des travaillistes si dans les deux partis il avait existé la possibilité de mettre en question le renouvellement du mandat du député sortant.
  • Il convient également de faire remarquer que dix travaillistes n'ont pas réussi à trouver une circonscription suite à la suppression (neuf cas) ou la modification (un cas) de leur ancienne circonscription (voir Tableau 1, colonne 8) : les Boundary Commissions auraient-elles fait plus de ravages que les célèbres militants de la gauche travailliste ?
  • Enfin, le nombre de députés travaillistes non reconduits par leur parti local aurait peut-être été plus élevé, d'une part si vingt-six députés de l'aile modérée n'avaient pas rallié le parti social-démocrate46, d'autre part si quelques-uns des députés sortants ne s'étaient pas retirés de leur propre gré47.

TABLEAU 1. Députés sortants conservateurs et travaillistes : candidatures non retenues

TABLEAU 1. Députés sortants conservateurs et travaillistes : candidatures non retenues

C = Conservateurs T = Travaillistes
(1) Les sept députés travaillistes dont la candidature n'a pas été retenue, avant le découpage des circonscriptions, sont :
S. COHEN, Leeds S-E (candidature également rejetée après le redécoupage).
R. FLETCHER, Ilkeston (qui de toute façon se serait retiré pour des raisons de santé).
B. FORD, Bradford N (s'est maintenu comme "indépendant").
F. HOOLEY, Sheffield Heeley (devenu candidat travailliste à Stratford-upon-Avon).
A. LEWIS, Newham N-W (s'est maintenu comme "indépendant").
F. MULLEY, Sheffield Park.
J. SEVER, Birmingham Ladywood (devenu candidat travailliste à Meriden).
(2) Sortants qui finissent par être candidat dans une autre circonscription.
(3) Le sortant s'est réimposé après le redécoupage de la circonscription.
(4) Voir note (45).
(5) Voir note (63).

36Au bout du compte, les effets quantitatifs de cette innovation, qui a fait couler beaucoup d'encre, paraissent minimes. Ce sont surtout les aspects qualitatifs qui nous semblent importants : le renvoi de quelques députés, par leur propre parti, pour des motifs d'ordre politique et non personnel ; le fait que parmi les députés travaillistes qui ont été renouvelés, certains négligent moins leur circonscription depuis 1980.

La refonte des circonscriptions britanniques

37À première vue, la nouvelle carte des circonscriptions introduite en 1983 semblait avoir un immense potentiel perturbateur en ce qui concernait la sélection des candidats. Ce potentiel ne s'est cependant pas réalisé. Nous essaierons d'expliquer exactement en quoi et pourquoi l'effet sur les candidatures a finalement été si réduit.

38Notre analyse sera axée sur la situation de 574 députés sortants (334 conservateurs et 240 travaillistes) : nous n'aborderons pas la situation des autres candidats, pour qui il est plus difficile d'obtenir des données complètes et exactes. On peut supposer que pour au moins un certain nombre d'entre eux - et notamment ceux qui s'étaient déjà présentés dans le passé - les difficultés étaient analogues à celles auxquelles les députés étaient confrontés.

39Trois aspects du redécoupage des circonscriptions pouvaient rendre plus difficile la sélection des candidats :

  1. l'importance quantitative de la révision de la carte électorale ;
  2. le calendrier de la préparation et de l'application de la réforme ;
  3. les conséquences politiques des modifications apportées, celles-ci posant des problèmes à tous les partis, et plus particulièrement à certains députés sortants.

L'importance de la révision de la carte des circonscriptions

  • 48 Boundary Commissionners.

40Sur un plan purement quantitatif, la refonte des circonscriptions effectuée avant les législatives de juin 1983 fut la plus importante dans toute l'histoire des élections britanniques. Cela s'explique non seulement par les déplacements démographiques qui nécessitent de temps en temps une révision des limites des circonscriptions, mais aussi par la consigne donnée aux "commissaires"48 chargés du redécoupage : ils devaient aligner les limites des circonscriptions parlementaires sur celles des nouvelles unités d'administration régionale et locale issues de la grande réforme de 1974-75. Le Tableau 2 permet d'apprécier l'importance du nouveau découpage effectué en 1983 : neuf circonscriptions sur dix avaient été modifiées ; les trois quarts des circonscriptions étaient soit entièrement nouvelles, soit modifiées d'une façon considérable. Plus de 90 % des électeurs se trouvaient dans des circonscriptions dont les limites avaient été redéfinies.

  • 1 En Irlande du Nord le nombre des circonscriptions est passé de 12 à 17, soit un total pour le Roya (...)

TABLEAU 2. Révision de la carte des circonscriptions (1983) : Angleterre, Ecosse, Pays-de-Galles1

Circonscriptions 1979

Circonscriptions 1983

AUCUNE MODIFICATION

66 (10,6 %)

66 (10,4 %)

LEGERES MODIFICATIONS

103 (16,5 %)

103 (16,3 %)

MODIFICATIONS IMPORTANTES

386 (62,0 %)

386 (61,0 %)

CIRCONSCRIPTION NOUVELLE

-

78 (12,3 %)

CIRCONSCRIPTION SUPPRIMEE

68 (10,9 %)

-

624 (100 %)

633 (100 %)

Statistiques calculées à partir des données fournies pour chaque circonscription dans The BBC/ITN Guide to the New Parliamentary Constituencies, Chippenham, Parliamentary Research Services, 1983.
Définitions :
"Aucune modification" : circonscription n'ayant ni gagné ni perdu un seul électeur du fait de la modification des limites géographiques (certaines ont changé de nom, d'autres ont subi des modifications géographiques sans conséquences quant à l'électorat).
"Légères modifications" : d'une part, au moins 90 % des électeurs de l'ancienne circonscription (1979) passent dans la circonscription de 1983 ; d'autre part, au moins 90 % des électeurs de la circonscription de 1983 proviennent de l'ancienne circonscription.
"Modifications importantes" : sans que la circonscription puisse être classée parmi les précédentes, d'une part au moins 50 % des électeurs de l'ancienne circonscription passent dans celle de 1983, d'autre part au moins 50 % des électeurs de la circonscription 1983 proviennent de l'ancienne.
"Circonscription nouvelle" : une circonscription 1983 qui ne ressemble à aucune ancienne circonscription, soit : le seuil des 50 % n'est pas atteint.
"Circonscription supprimée" : une circonscription 1979 qui est coupée en plusieurs morceaux dont aucun n'atteint le seuil des 50 %.
(Noter cependant que si deux circonscriptions sont fondues en une seule - l'une des deux constituera donc forcément au moins 50 % de la circonscription ainsi créée - nous comptons : 2 circonscriptions supprimées + 1 circonscription nouvelle).

41Or, conformément à leurs habitudes, les deux grands partis britanniques avaient déjà sélectionné un candidat dans presque toutes les anciennes circonscriptions. Il a donc fallu recommencer ce processus dans 567 circonscriptions sur 633.

  • 49 D'après une règle explicitement admise dans les deux partis, chaque député pouvait être candidat à (...)

42Les candidats sélectionnés dans une circonscription qui disparaissait devaient évidemment se mettre à chercher ailleurs. Les autres n'étaient pas sûrs d'être sélectionnés une seconde fois : les circonscriptions (nouvelles ou modifiées) considérées comme les plus favorables ou les plus "sûres" pouvaient regrouper des fractions importantes de l'ancien électorat de deux ou trois députés représentant le même parti dans une même localité. Le redécoupage des circonscriptions risquait donc d'encourager des luttes fratricides49.

43Une fois investis ou réinvestis, les candidats devaient se familiariser avec une circonscription et un électorat partiellement - parfois profondément remodelés, et se faire connaître de leurs nouveaux électeurs. L'ampleur de la réforme fut telle que dans des centaines de circonscriptions, il fallait donc non seulement refaire la sélection du candidat, mais aussi faire un effort particulier de réadaptation et de coordination, entre députés sortants et parmi des militants venus de deux, trois, quatre et parfois cinq circonscriptions différentes.

Le calendrier de la réforme des circonscriptions

44Cet effort d'adaptation et d'organisation était rendu d'autant plus urgent, et en même temps difficile, que les délais entre l'adoption définitive de la réforme et l'annonce de la dissolution de la Chambre des Communes étaient très courts :

  • le Parlement donna son accord courant février 1983 pour les circonscriptions du Pays-de-Galles, courant mars 1983 pour l'Angleterre et l'Ecosse ;
  • la réforme devait prendre effet le 31 mars 1983 ;
  • la dissolution fut annoncée le 9 mai ;
  • les candidatures devaient être déposées pour le 23 mai au plus tard (soit deux mois à peine après l'adoption définitive de la nouvelle carte des circonscriptions).

45Étant donné ce calendrier, on ne serait pas surpris de constater une certaine précipitation, pour ne pas dire improvisation, lors de la sélection des candidats. En revanche, l'élaboration de la nouvelle carte des circonscriptions était très longue, ce qui pouvait avoir un effet néfaste sur les préparatifs des partis.

46Les commissions chargées de proposer les modifications des circonscriptions avaient commencé leur travail en 1976 pour l'Angleterre, en 1978 pour l'Ecosse, et en 1981 pour le Pays-de-Galles. La procédure était très lente : chaque proposition pouvait faire l'objet d'appels et éventuellement d'une enquête, éventualité qui se réalisa dans de nombreuses circonscriptions. Les rapports des commissions furent présentés au Ministre de l'Intérieur en novembre et décembre 1982. Le comité exécutif du parti travailliste retarda alors la procédure de deux mois encore, en intentant une action en justice pour essayer de renverser certaines propositions. Cette tentative ayant échoué, le gouvernement examina rapidement les propositions qui furent soumises au Parlement en février 1982.

47Si cette lenteur permettait aux partis de connaître longtemps à l'avance les modifications proposées pour la plupart des circonscriptions, ils n'en tiraient aucun bénéfice : ils restaient dans l'incertitude totale quant à la date d'application de la réforme, et même quant à son application tout court avant des législatives qui étaient à l'horizon depuis la mi-1982.

48Les candidats déjà sélectionnés dans les anciennes circonscriptions, les militants et les instances locales des partis pouvaient hésiter entre trois solutions :

  1. continuer à préparer l'élection dans l'ancienne circonscription, qui pouvait être modifiée voire même disparaître ;
  2. faire un effort minimum, en attendant que le calendrier et les intentions du Premier ministre quant à la dissolution se précisent (mais on risquait alors d'être pris de court par l'annonce d'élections anticipées) ;
  3. ou commencer déjà les préparatifs dans une nouvelle circonscription hypothétique, dont les limites n'étaient pas connues avec certitude, et pour laquelle aucun candidat ne pouvait encore être désigné (au risque d'être obligé de revenir à l'ancienne circonscription).

Les conséquences politiques du nouveau découpage

49Toute modification des limites d'une circonscription pouvait accentuer ou creuser l'avantage d'un parti, rendre "marginale" une circonscription considérée auparavant comme "sûre", ou même faire pencher la balance d'un parti à l'autre. Ainsi au niveau individuel, de nombreux députés se trouvaient-ils confrontés à un dilemme : quitter une circonscription devenue marginale, voire défavorable, pour chercher une élection plus facile ailleurs ? Ou alors rester sur place, étant le mieux armé pour préserver les chances du parti (grâce à l'éventuelle "prime" au député sortant déjà connu des électeurs de la circonscription) ?

  • 50 Notamment, dans le Sud de l'Angleterre l'Essex gagnait 2 sièges, alors que les comtés suivants ava (...)

50Globalement, réduire les écarts entre circonscriptions devenues trop grandes et celles ayant perdu de nombreux électeurs revenait à ajouter de nouvelles circonscriptions (et à diminuer la taille des anciennes) dans les grandes banlieues, dans quelques régions semi-rurales, et dans les villes nouvelles. En revanche, il fallait en supprimer à Londres et dans les anciennes villes industrielles : les centres urbains du Nord de l'Angleterre perdaient des sièges au profit des comtés des Midlands, du Sud et surtout du Sud-Est. Les arrondissements de Londres ("Inner London") eurent une "perte" de six circonscriptions (de 35 à 29) ; Manchester trois (de 8 à 5), Glasgow et Liverpool deux (de 13 à 11, de 8 à 6), Birmingham, Bristol et Newcastle une (12/11, 4/3, 5/4). Mais une vingtaine de comtés "gagnaient" une ou deux circonscriptions50. En tout, la perte "nette" (solde des gains et des pertes) dans les grandes villes ou metropolitan counties monta a seize circonscriptions, le gain "net" des grandes banlieues et des zones semi-rurales (shire counties) étant de vingt-trois circonscriptions.

  • 51 Par exemple, sur les quatre villes nouvelles de Basildon, Cumbernauld, Stevenage et The Wrekin, en (...)

51Or, de telles modifications "techniques", dont l'objectif était de rééquilibrer la taille des circonscriptions, n'étaient évidemment pas sans incidence sur le résultat que pouvait escompter chaque parti : les bastions travaillistes, anciens centres industriels devenus sur-représentés, perdaient des circonscriptions au profit des zones manifestement sous-représentées auparavant, plutôt favorables aux conservateurs. Seules quelques villes nouvelles a priori favorables aux travaillistes gagnaient en représentation (mais en fin de compte, le 9 juin les conservateurs allaient emporter la plupart de ces sièges51).

52En somme, pour les députés sortants travaillistes, les modifications et les suppressions de circonscription aboutissaient forcément à une situation qui rappelait un peu le jeu des quatre coins, ou plutôt le jeu des enfants anglais musical chairs : on enlève les chaises une par une, et chaque fois que la musique s'arrête celui qui ne trouve pas une place assise est éliminé. Quant aux conservateurs, si quelques députés sortants étaient désavantagés par le redécoupage, en principe tous pouvaient trouver un siège ailleurs : non seulement il n'y aurait pas de perdants, mais au contraire on ajoutait des sièges, de sorte que de nouveaux venus pouvaient participer.

53Le simple rééquilibrage opéré par ceux qui étaient chargés de redécouper les circonscriptions mettrait donc une plus grande pression sur les travaillistes, si tous leurs députés sortants souhaitaient retrouver un siège.

Les députés sortants : un bouleversement en perspective ?

  • 52 BBC/ITN Guide to the New Parliamentary Constituencies. Chichester : Parliamentary Research Services (...)

54Pour mesurer plus précisément les effets de la nouvelle carte électorale sur les députés sortants, il faut comparer le résultat réel des élections législatives de mai 1979 et un résultat hypothétique : celui qu'aurait pu donner en 1979 l'application de la carte électorale de 1983. Ces "résultats" hypothétiques ont été calculés, pour chaque circonscription, par une équipe de journalistes et d'universitaires travaillant pour les services d'informations des deux grandes chaînes de la télévision britannique52.

  • 53 Ibid., p. 2. Ces chiffres, ainsi que les chiffres concernant l'avance réelle ou hypothétique des pa (...)

55D'après cette hypothèse, du seul fait de la nouvelle carte électorale, les conservateurs auraient un gain net de 21 sièges (de 339 à 360), et les travaillistes une perte nette de 9 sièges (de 268 à 259)53. Mais derrière le résultat global, se cachent de nombreux transferts de sièges. On peut analyser ces transferts selon deux perspectives : celle du départ d'un député défavorisé par le découpage, celle de l'arrivée dans une autre circonscription d'un député défavorisé dans sa circonscription d'origine.

TABLEAU 3. La nouvelle carte des circonscriptions (1983) : nombre de modifications défavorables au parti du député sortant

TABLEAU 3. La nouvelle carte des circonscriptions (1983) : nombre de modifications défavorables au parti du député sortant

Notes :
- Sont compris : un siège conservateur devenu vacant suite à un décès juste avant les élections ; un siège travailliste vacant à la suite d'un décès ; la circonscription du Speaker.
- Conservateurs : 59 modifications défavorables, soit 17,6 % de leurs 335 circonscriptions.
Travaillistes : 90 modifications défavorables, soit 37,2 % de leurs 242 circonscriptions.
- "Modification défavorable" et "avance hypothétique" ; voir le texte, ci-dessous.

56Le Tableau 3 répertorie les éventuels départs de députés "défavorisés" par le découpage : nous entendons par là toute diminution de l'avance par rapport au parti arrivé en seconde position, là où cette avance est inférieure à 5 % (pourcentages d'avance calcules d'après les suffrages exprimés en 1979) ; une diminution d'au moins 1 % là où l'avance se situe entre 5 % et 10 % ; une diminution d'au moins 2 % là où l'avance se situe entre 10 % et 20 %. Au delà de 20 %, nous n'avons considéré aucun découpage comme "défavorable". Le Tableau 3, ci-contre, présente ces données en fonction de sièges "sûrs" (plus de 10 % d'avance), "semi-marginaux" (avance de 5 % à 9,9 %), "marginaux" (avance entre 0,1 % et 4,9 %), et "négatifs" (circonscription qui passe à un autre parti).

57En clair, du fait de la "disparition" de certaines circonscriptions, les travaillistes perdent 42 sièges, dont 31 "sûrs" et 5 "semi-marginaux". Les conservateurs n'en perdent que 17, dont 11 "sûrs" et 2 "semi-marginaux". En revanche, la perte potentielle des conservateurs en sièges devenus favorables à un autre parti est légèrement supérieure à celle des travaillistes : 12 contre 11 ("avance" devenue négative). Enfin, les modifications n'ayant pour effet qu'une réduction de l'avance de chaque parti, défavorisent un peu plus les conservateurs dans les circonscriptions marginales et semi-marginales (10 et 10 contre 6 et 7), alors que les travaillistes sont plus "pénalisés" dans des circonscriptions restant néanmoins "sûres" en théorie (24 contre 10).

58Ainsi, ce que l'on pourrait appeler le "taux de départs potentiels" - départs provoqués par le nouveau découpage - est de 17,6 % chez les conservateurs, et de 37,2 % chez les travaillistes. Il faut préciser que dans ces calculs nous avons exclu tous les sièges travaillistes (vingt-six) et le siège conservateur où le député sortant avait rejoint, depuis 1979, le nouveau parti social-démocrate.

59Au Tableau 4 (cf. page 20), sont répertoriées toutes les circonscriptions de 1983, dans la perspective de l'arrivée éventuelle de députés sortants défavorisés dans leur circonscription d'origine. On remarquera que les conservateurs disposent d'une centaine de sièges théoriquement "sûrs" de plus que les travaillistes. Cet "avantage" s'explique, bien entendu, par le fait que les conservateurs avaient mieux réussi en 1979 que les travaillistes : le point de départ n'est pas l'égalité entre les deux formations, mais des élections où les conservateurs avaient recueilli 43,9 % des voix, et les travaillistes 36,9 %. Naturellement, la plupart de ces circonscriptions "sûres", d'un côté comme de l'autre, étaient "occupées" en 1983 par le député sortant. En revanche, pour ce qui est des circonscriptions nouvelles, créées lors du découpage et donc "libres", 39 sont favorables aux travaillistes (dont 31 "sûres") et 39 aux conservateurs (dont 29 "sûres"). Rappelons que 53 députés travaillistes sortants représentaient un siège disparu ou devenu favorable à un autre parti, en raison de la nouvelle carte des circonscriptions, 29 conservateurs se trouvant dans la même situation.

TABLEAU 4. La nouvelle carte des circonscriptions (1983) : avance du parti vainqueur en 1979

TABLEAU 4. La nouvelle carte des circonscriptions (1983) : avance du parti vainqueur en 1979

"Avance" : par rapport au parti arrivé en deuxième position, après le redécoupage (soit une avance théorique, sauf pour les circonscriptions inchangées).
"Circonscriptions nouvelles" : circonscriptions théoriquement favorables aux conservateurs/travaillistes, et non pour un député sortant.

  • 54 Sur les 29 circonscriptions représentées par un député social-démocrate, sept furent supprimées et (...)

60Ces derniers chiffres constituent donc une mesure des répercussions apparentes du découpage des circonscriptions pour les députés sortants, et l'on voit en quoi les travaillistes risquaient de souffrir davantage que leurs adversaires (mais, rappelons-le encore une fois, ils avaient été sur-représentés jusqu'en 1983). Devant la perspective d'un chassé-croisé, dont certains sortiraient vaincus avant même que les électeurs n'aient été consultés, il y avait une maigre consolation pour les travaillistes : sur les vingt-deux circonscriptions représentées par un social-démocrate, vingt étaient en théorie favorables aux travaillistes sans être "occupées" par un député sortant de ce parti. Ces circonscriptions constituaient donc une sorte de "ballon d'oxygène" pour les sortants travaillistes dont la circonscription avait disparu54.

Conclusions : l'efficacité des partis britanniques ; la stabilité l'emporte

61Finalement, pour ce qui est tant du calendrier que de l'importance et de la nature même des modifications apportées aux circonscriptions, les effets réels sur les candidatures des députés sortants ont été bien moindres que les effets potentiels.

62En moins d'un mois et demi, entre le 31 mars où la réforme des circonscriptions devint effective, et le 9 mai, jour où furent annoncées les élections législatives anticipées, les partis conservateur et travailliste avaient sélectionné leurs candidats presque partout : quand la dissolution fut annoncée il ne restait à sélectionner qu'une cinquantaine de candidats travaillistes (la plupart dans des sièges que le parti n'avait aucun espoir d'emporter), et une dizaine de candidats conservateurs. En d'autres termes, en cinq semaines et deux jours, 95 % des candidats avaient été sélectionnés dans les 567 circonscriptions nouvelles ou modifiées.

63Le Tableau 5 (voir page 22) présente un résumé statistique de "l'effet perturbateur réel" de la nouvelle carte des circonscriptions sur les candidatures des députés conservateurs et travaillistes sortants. Sans entrer dans tous les détails, on peut constater quelques données essentielles, qui vont toutes dans le même sens : le bouleversement réel est peu important.

  1. Rares sont les députés sortants qui quittent leur circonscription en raison d'un découpage défavorable : aucun dans les circonscriptions ayant subi de légères modifications (deux conservateurs et six travaillistes mis dans une situation moins favorable restent pour défendre les couleurs de leur parti55)), dix-sept conservateurs et six travaillistes dans les circonscriptions ayant subi des modifications importantes (mais ceux qui restent sont plus nombreux : vingt conservateurs et vingt-six travaillistes, dont trois et cinq respectivement dans une circonscription devenue favorable à l'autre parti). Le "taux des départs" occasionnés par le redécoupage, pour l'ensemble des circonscriptions qui n'ont pas été supprimées, est de 5,3 % (conservateurs) et 3,0 % (travaillistes). De surcroît, trois des conservateurs ont quitté un siège devenu simplement "moins sûr" pour une circonscription où leur réélection semblait tout à fait assurée.
  2. La grande majorité des députés sortants, conservateurs et travaillistes, se représentent dans la même circonscription : 265 conservateurs et 164 travaillistes sont candidats là où une circonscription 1979 constitue la base de leur circonscription 1983.
  3. L'écart entre les deux partis est négligeable, circonscriptions supprimées et nouvelles mises à part. Le "taux de départ" des travaillistes est même légèrement inférieur à celui des conservateurs.
  4. C'est parmi les députés représentant des circonscriptions supprimées que les deux partis sont inégalement touchés. Dans cette catégorie, si la disparition de la circonscription n'est pas la raison du départ d'un conservateur et de neuf travaillistes (départs à la retraite de députés âgés, un refus d'investiture dans l'ancienne circonscription), seize conservateurs et trente-trois travaillistes ont cherché une autre circonscription : tous les conservateurs sauf un y ont réussi, neuf des travaillistes ont échoué56.
  5. Vingt-quatre travaillistes dont la circonscription avait "disparu" lors de la refonte trouvent une candidature ailleurs. Le Tableau 6 (voir page 24) révèle que là où apparemment il devait y avoir rupture, en fait la continuité est frappante : 23 sur ces 24 travaillistes trouvent une circonscription comprenant une partie de leur ancien électorat (dont 21 dans des sièges théoriquement "sûrs", dix-huit étant des circonscriptions nouvelles et sûres) ; 9 conservateurs sur les 15 qui se représentent retrouvent aussi d'anciens électeurs.
  6. Si l'on considère les effets de la nouvelle carte électorale dans la perspective de l'arrivée de députés dans une circonscription autre que celle qu'ils représentaient jusqu'en 198357, sur la trentaine de cas dans chaque parti, plus des deux tiers ont trouvé un point de chute dans une circonscription nouvelle (cf. Tableau 7 ci-contre). Mais 14 des 20 conservateurs et 21 des 22 travaillistes y retrouvent des électeurs de leur ancienne circonscription. En somme, la continuité est remarquable, même dans le cadre des circonscriptions supprimées et nouvelles.
  7. Au bout du compte, un seul travailliste et un seul conservateur se sont présentés dans des circonscriptions où le sortant est un social-démocrate. Il s'agit des deux sièges emportés au moment d'une élection partielle par un chef de file national du nouveau parti : à Crosby, Shirley Williams se trouve face à face avec un député conservateur dont la circonscription voisine est devenue favorable aux travaillistes58 ; à Glasgow Hillhead, Neil Carmichael (dont la circonscription de Kelvingrove a disparu) entre en lice contre Roy Jenkins. Un cas analogue se présente à Southwark and Bermondsey, où un travailliste dont le siège a été supprimé tente de reprendre une circonscription emportée par un libéral lors d'une célèbre élection partielle.

TABLEAU 5. Résumé statistique de "l'effet perturbateur réel" de la nouvelle carte électorale : députés conservateurs et travaillistes

TABLEAU 5. Résumé statistique de "l'effet perturbateur réel" de la nouvelle carte électorale : députés conservateurs et travaillistes

Le député sortant est candidat dans la "même" circonscription (soit circonscription inchangée, soit circonscription dont plus de 50 % de l'électorat constituaient déjà plus de 50 % des électeurs d'une ancienne circonscription) :
Conservateurs 265 (dont 22 découpages défavorables)
Travaillistes 164 (dont 32 découpages défavorables).
Candidature autre que celle du député sortant, mais découpage sans incidence :
Conservateurs 33 (dont 3 avec découpage défavorable)
Travaillistes 29 (dont 10 avec découpage défavorable)
(1) Ne sont répertoriés que les départs et arrivées imputables au découpage des circonscriptions.
(2) % = du nombre des circonscriptions, dans la catégorie, représentées par le parti en question ( % total = de l'ensemble des circonscriptions représentées par le parti en question).

TABLEAU 6. Députés conservateurs et travaillistes circonscriptions supprimées sortants : circonscriptions supprimées

TABLEAU 6. Députés conservateurs et travaillistes circonscriptions supprimées sortants : circonscriptions supprimées

Chiffres entre parenthèses = circonscriptions comprenant une partie de l'électorat de la circonscription supprimée
* Dont un député à qui on avait refusé la réinvestiture dans son ancienne circonscription, avant la suppression de celle-ci.

TABLEAU 7. Circonscription nouvelles

TABLEAU 7. Circonscription nouvelles

Chiffres entre parenthèses = circonscriptions comprenant une partie de l'électorat de la nouvelle circonscription.

  • 59 D. Jay à Battersea, F. Allaun à Salford.
  • 60 Gateshead West, Stockport South, Islington (3 circonscriptions).
  • 61 J. Tilley laisse la circonscription de Vauxhall à S. Holland, et se porte candidat à Southwark and (...)

64Pourquoi y a-t-il eu apparemment si peu de concurrence entre députés travaillistes sortants ? En dehors de quelques exemples à Glasgow (deux), Manchester (trois), Bristol (un) et Londres (trois), les difficultés que nous avions envisagées pour les députés travaillistes dans les centres urbains se sont effacées : la retraite d'un député âgé59, des circonscriptions représentées par un social-démocrate60 ou une vacance dans un quartier voisin61 ont permis d'éviter une lutte entre deux travaillistes sortants pour une nouvelle circonscription composée de deux anciennes.

65Continuité, efficacité des partis, loyauté des sortants mis dans une situation délicate, une concurrence limitée au minimum, des effets réels presque identiques pour les deux grandes formations : voilà que des hypothèses préliminaires semblent se révéler fausses.

66Or, une dernière question se pose : cette apparente stabilité ne serait-elle pas précisément le résultat de la précipitation imposée par le calendrier de la réforme ? En d'autres termes, n'était-il pas finalement plus simple de reconduire les sortants dans la plupart des cas, étant donné les délais très courts dont on disposait pour sélectionner les candidats ? Il est possible que dans certains cas on ait accepté une solution de facilité. Mais il ne faut pas oublier qu'entre le 31 mars et le début du mois de mai, si l'immense majorité des candidats avait été sélectionnée déjà, à cette époque il semblait de plus en plus probable que la dissolution de la Chambre serait reportée à octobre voire au printemps 1984. Ce ne fut que pendant la semaine précédant le 9 mai (annonce de la dissolution), que l'on envisagea comme tout à fait probables des élections en juin.

67En fin de compte, nous nous inscrivons en faux contre l'affirmation du Times Guide to the House of Commons 1983, selon laquelle :

  • 62 Page 287: "... many MPs... failed to be selected for seats following upon the huge boundary change (...)

... de nombreux députés sortants... n'ont pas réussi à être sélectionnés comme candidats, à la suite des immenses changements dans les limites des circonscriptions...62.

  • 63 Au parti conservateur : Mme S. Faith (Belper), J. Bruce-Gardyne (Knutsford).
    Au parti travailliste : (...)

68La presse a beaucoup disserté sur les quelques cas de ce genre. Mais il n'y a eu que deux députés conservateurs et dix députés travaillistes dont nous pouvons affirmer qu'ils souhaitaient trouver un siège, mais qu'il n'en ont pas trouvé en raison du nouveau découpage des circonscriptions63. Ce sont les unhappy few qui ont fait les frais de la nouvelle carte des circonscriptions, au moment de la sélection des candidats. Ils ont été rejoints, après les élections, par quelques collègues qui ont franchi l'obstacle des candidatures mais dont la défaite devant les électeurs était en partie imputable aux nouvelles limites des circonscriptions ; mais il s'agit là de l'effet du découpage sur la façon de comptabiliser le verdict des électeurs, et non pas sur la sélection des candidats.

Notes

1 En Irlande du Nord le nombre des circonscriptions est passé de 12 à 17, soit un total pour le Royaume-Uni de 635 (1979) et de 650 (1983).

Notes de fin

1 RANNEY (A.). Pathways to Parliament : Candidate Selection in Britain. Londres : Macmillan, 1965, p. 282: "The British way of selecting parliamentary candidates is both shaped by and helps to sustain the whole constitutional and social System in which it operates".

2 C'est ainsi que le journaliste Anthony Howard avait qualifié la sélection des candidats en Grande-Bretagne, in "Candidates and the Closed Door", Town, avril 1962, p. 40.

3 RANNEY (A.), op. cit., p. 282: "When an outsider manages a few glimpses into the 'secret garden of British politics', he sees nothing shameful of even surprising; he sees the same political and social flora and fauna that have flourished in British soil for a long time".

4 LERUEZ (J.), et al. Les partis politiques britanniques : du bipartisme au multipartisme ? Paris : P.U.F., 1983, p. 244.

5 RANNEY (A.), op. cit., 1965, et RUSH (M.). The Selection of Parliamentary Candidates. Londres : Nelson, 1969. On consultera, pour un bref résumé en français de l'essentiel en ce qui concerne la sélection des candidats : CHARLOT (M.). La démocratie à l'anglaise. Paris : F.N.S.P., 1972, pp. 62-66, ainsi que LERUEZ (J.), et al. op. cit., 1983, pp. 71-73 et 130-131..

6 "List of Approved Candidates".

7 Voir en particulier RANNEY (A.), op. cit., pp. 29-56, 133-166, 270-273, 280-282, pour une analyse en profondeur de la question.

8 Cf. RANNEY (A.), op. cit. RANNEY relève, entre 1945 et 1964, seulement deux cas de veto chez les conservateurs et cinq cas chez les travaillistes

9 op. cit., p. 130.

10 Notons, cependant, que chez les travaillistes le conseil de gestion peut, par la suite, ajouter des noms à la short list.

11 Prospective candidate.

12 The Problem of Party Government. Londres : Macmillan, 1974, p. 257.

13 Cf. les premières lignes des Notes on Procedure for the Adoption of Conservative Parliamentary Candidates, édition 1981 :
"Whether he wins or loses, the candidate's bearing and behaviour will affect the reputation of the Conservative Party in his constituency. In a closely contested election the issue may well be determined by his personal qualities and performance".

14 Les dépôts de candidature au moment d'une élection législative sont évidemment réglés par des dispositions juridiques externes aux partis.

15 Chez les conservateurs : règlement de chaque association de circonscription ; "Model Rules for Conservative and Unionist Constituency Association" (Central Office, Organisation series) ; "Notes on Procedure for the Adoption of Conservative Party Candidates" (revised edition 1981, Conservative Central Office).
Chez les travaillistes : "Constitution and Standing Orders, Clause X"; " Rules for Constituency Labour Parties"; "N.E.C. Guidelines for the Selection of Parliamentary Candidates"; "Additional N.E.C. Guidelines for the Reselection of Members of Parliament".

16 Report of the Annual Conference of the Labour Party, 1965, p. 174.

17 Ibid., 1978, p. 446.

18 "... for any remotely winnable seat, lists 'A' and 'B' have almost lost their significance. Candidates write in if applying for a job...".

19 "Vice-Chairman (Candidates)", représentant donc la direction du parti.

20 "Standing Advisory Committee on Candidates", représentant l'Union nationale des associations de circonscriptions.

21 "Constituency Association Chairman".

22 Depuis octobre 1983, on doit obligatoirement fournir la liste de tous les organismes auxquels on a adhéré (cela à la suite de l'embarras provoqué en juin par la candidature à Stockton South d'un ancien membre - et candidat - du National Front).

23 CRITCHLEY (J.), Daily Telegraph, 25 septembre 1981 : "25 years ago I spent 15 minutes with a nice old buffer who laboured under the impression that he knew my father".

24 The Spectator, 1er mai 1964, p. 573 : "... any man who is a Conservative of even moderate education or achievement will almost inevitably pass unless he is hopelessly young, inexperienced or uncouth".

25 Chaque candidat en puissance doit d'ailleurs débourser quarante livres pour participer au week-end d'épreuves.

26 CRITCHLEY (J.), Daily Teleqraph, 25 septembre 1981 : "At a Conservative estimate, they may get as far as Westminster".

27 strong, good, adequate, limited, weak; trois aspects de chaque candidat sont notés : potentiel intellectuel, potentiel pratique, personnalité.

28 Chiffre confirmé en novembre 1983 par le vice-président responsable des candidatures.

29 "The 48 (candidates) ranged in age from 24 to 51. There were 3 women, and 4 'ethnic' candidates, one black and three brown. Of the whites, one was self-evidently upper class, another a former policeman. The rest were middle-class. Their political prejudices, in as much as I was able to discover them, were somewhat to the Right of Tory centre".

30 Ces chiffres nous ont été fournis le 23 novembre 1983 par M. David Hunt, nouveau vice-président du parti conservateur.

31 Sur ce point, les renseignements qu'on nous a fournis sont toujours restés très vagues.

32 Voir les anciens "Rules for Constituency Labour Parties", Clause XIV (7) ; (on trouve l'article en question dans le rapport du congrès travailliste de 1978, p. 271).

33 Cf. pages 9 et 11.

34 Voir à ce propos : KOGAN (D.) et KOGAN (M.). The Battle for the Labour Party. Londres : Kogan Page, 1982 ; YOUNG (A.). The Reselection of MPs. Londres ; Heinemann, 1983 ; MULLIN (C.) et ATKINS (C.). How to Select or Reselect your MP. Londres : Campaign for Labour Party Democracy, 1981. Cf. notre, article dans les Annales de l'Université de Savoie, no 2, 1981 : pp. 17-33 : "Le nouveau mode d'élection du leader travailliste : fin du parlementarisme ou fin du travaillisme ?".

35 Campaign for Labour Party Democracy.

36 Voir le Report of the Annual Conference of the Labour Party, 1978, pp. 271-282 (débat), 422 (vote), 443-449 (rapport).

37 Ibid., 1979, pp. 262-272 (débat) et 454 (vote).

38 Ibid., 1980, pp. 136-148.

39 Brent East, Brent South : la procédure a été retardée à la suite de controverses à l'intérieur du parti travailliste dans cet arrondissement de Londres.

40 Newham North West (Arthur Lewis), Bradford North (Ben Ford).

41 J. White (Glasgow Pollack), R. Mason (Barnsley), J. Golding (Newcastle-under-Lyme).

42 Cf. note (39).

43 BUTLER (D.) et SLOMAN (A.). British Political Facts, 1900-1979. Londres : Macmillan, 1980, p. 221, donnent les chiffres suivants : 1945 - 2 ; 1950 - 1 ; 1951 - 2 ; 1955 - 2 ; 1959 - 1 ; 1964 - 1 ; 1966 -1 ; 1974 fév. - 1 ; 1974 oct. - 2 ; 1979 - 2.

44 H. Dykes, Harrow East.

45 Conservateurs : Brotherton (Brigg and Cleethorpes), Walker (Perth and Kinross : mais il a été sélectionné ailleurs), Mawby (Teignbridge), Stainton (Suffolk South), Rees-Davies (N Thanet), Benyon (Wantage), Morgan (Clwyd N-W). Travailliste : Mme McElhone (Glasgow Central).

46 Sans doute un certain nombre d'entre eux ont-ils rejoint le S.D.P. parce que leur parti local risquait de ne pas les réinvestir. Cependant, un seul député travailliste (E. Ogden) a rallié le parti social-démocrate à un moment où une procédure de "resélection" était déjà entamée et où il semblait que la décision ne lui serait pas favorable. Au moment où il annonça son adhésion au S.D.P., Ogden faisait appel contre la décision du parti travailliste local de ne pas le réinvestir.

47 Parmi les retraits volontaires, nous avons relevé 3 députés qui auraient été en difficulté s'ils s'étaient maintenus. Mais dans les trois cas, les motifs du mécontentement vis-à-vis du député étaient d'ordre personnel et non politique.

48 Boundary Commissionners.

49 D'après une règle explicitement admise dans les deux partis, chaque député pouvait être candidat à la candidature dans une circonscription comprenant une partie de son ancien électorat. Au parti travailliste, on précisa même que dans un premier temps, ne seraient prises en compte que les candidatures de personnes déjà sélectionnées dans les anciennes circonscriptions dont tout ou partie se trouvait inclus dans la circonscription 1983 ; ces candidatures étaient inscrites d'office. Toutefois, les sections locales pouvaient par la suite solliciter d'autres candidatures (Voir N.E.C. Report, 1981, page 6). Ainsi, de nombreux députés sortants se trouvaient-ils d'office candidats à la candidature dans plusieurs circonscriptions, où ils faisaient concurrence les uns aux autres.

50 Notamment, dans le Sud de l'Angleterre l'Essex gagnait 2 sièges, alors que les comtés suivants avaient un gain net d'un siège : Berkshire, Buckinghamshire, Cambridgeshire, Devon, Dorset, East Sussex, Hampshire, Kent, Norfolk, Oxfordshire, Somerset, Sussex.

51 Par exemple, sur les quatre villes nouvelles de Basildon, Cumbernauld, Stevenage et The Wrekin, en théorie toutes favorables aux travaillistes, une seule (Cumbernauld) a effectivement élu un travailliste le 9 juin 1983.

52 BBC/ITN Guide to the New Parliamentary Constituencies. Chichester : Parliamentary Research Services 1983, 247 p.

53 Ibid., p. 2. Ces chiffres, ainsi que les chiffres concernant l'avance réelle ou hypothétique des partis, ne tiennent pas compte d'une éventuelle candidature SDP, ni de la poussée des libéraux depuis leur alliance avec le SDP : seules les voix qu'a obtenues ou qu'aurait obtenues le parti libéral en 1979 entrent en ligne de compte (voir, à ce propos, le Guide pré-cité, pp. 15-17, 232-234).

54 Sur les 29 circonscriptions représentées par un député social-démocrate, sept furent supprimées et deux étaient favorables aux conservateurs (Crosby et Norfolk North West).

55 Un député travailliste avait annoncé son retrait longtemps avant le redécoupage : S. Silkin (Dulwich).

56 Dont trois après plusieurs tentatives de candidature, les autres ayant abandonné après un seul échec.

57 Arrivée de députés ayant quitté une circonscription supprimée ou modifiée à leur désavantage lors du redécoupage.

58 M. Thornton, député sortant de Liverpool Garston.

59 D. Jay à Battersea, F. Allaun à Salford.

60 Gateshead West, Stockport South, Islington (3 circonscriptions).

61 J. Tilley laisse la circonscription de Vauxhall à S. Holland, et se porte candidat à Southwark and Bermondsey.

62 Page 287: "... many MPs... failed to be selected for seats following upon the huge boundary changes".

63 Au parti conservateur : Mme S. Faith (Belper), J. Bruce-Gardyne (Knutsford).
Au parti travailliste : J. Barnett (Heywood and Royton), C. Davis (Hackney Central), M. English (Nottingham West), L. Huckfield (Nuneaton), A. MacMahon (Glasgow Govan), E. Marshall (Goole), C. Morris (Manchester Openshaw), R. Race (Wood Green), A. Stallard (St. Pancras North) et D. Watkins (Consett).
Cf. page 30, note (45) : députés non investis, après le découpage, dans une circonscription semblable à celle qu'ils représentaient auparavant (et où le refus d'investiture n'est donc pas imputable à la nouvelle carte électorale).

Table des illustrations

Titre TABLEAU 1. Députés sortants conservateurs et travaillistes : candidatures non retenues
Légende C = Conservateurs T = Travaillistes(1) Les sept députés travaillistes dont la candidature n'a pas été retenue, avant le découpage des circonscriptions, sont :S. COHEN, Leeds S-E (candidature également rejetée après le redécoupage).R. FLETCHER, Ilkeston (qui de toute façon se serait retiré pour des raisons de santé).B. FORD, Bradford N (s'est maintenu comme "indépendant").F. HOOLEY, Sheffield Heeley (devenu candidat travailliste à Stratford-upon-Avon).A. LEWIS, Newham N-W (s'est maintenu comme "indépendant").F. MULLEY, Sheffield Park.J. SEVER, Birmingham Ladywood (devenu candidat travailliste à Meriden).(2) Sortants qui finissent par être candidat dans une autre circonscription.(3) Le sortant s'est réimposé après le redécoupage de la circonscription.(4) Voir note (45).(5) Voir note (63).
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Titre TABLEAU 3. La nouvelle carte des circonscriptions (1983) : nombre de modifications défavorables au parti du député sortant
Légende Notes :- Sont compris : un siège conservateur devenu vacant suite à un décès juste avant les élections ; un siège travailliste vacant à la suite d'un décès ; la circonscription du Speaker.- Conservateurs : 59 modifications défavorables, soit 17,6 % de leurs 335 circonscriptions.Travaillistes : 90 modifications défavorables, soit 37,2 % de leurs 242 circonscriptions.- "Modification défavorable" et "avance hypothétique" ; voir le texte, ci-dessous.
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Titre TABLEAU 4. La nouvelle carte des circonscriptions (1983) : avance du parti vainqueur en 1979
Légende "Avance" : par rapport au parti arrivé en deuxième position, après le redécoupage (soit une avance théorique, sauf pour les circonscriptions inchangées)."Circonscriptions nouvelles" : circonscriptions théoriquement favorables aux conservateurs/travaillistes, et non pour un député sortant.
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Titre TABLEAU 5. Résumé statistique de "l'effet perturbateur réel" de la nouvelle carte électorale : députés conservateurs et travaillistes
Légende Le député sortant est candidat dans la "même" circonscription (soit circonscription inchangée, soit circonscription dont plus de 50 % de l'électorat constituaient déjà plus de 50 % des électeurs d'une ancienne circonscription) :Conservateurs 265 (dont 22 découpages défavorables)Travaillistes 164 (dont 32 découpages défavorables).Candidature autre que celle du député sortant, mais découpage sans incidence :Conservateurs 33 (dont 3 avec découpage défavorable)Travaillistes 29 (dont 10 avec découpage défavorable)(1) Ne sont répertoriés que les départs et arrivées imputables au découpage des circonscriptions.(2) % = du nombre des circonscriptions, dans la catégorie, représentées par le parti en question ( % total = de l'ensemble des circonscriptions représentées par le parti en question).
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Titre TABLEAU 6. Députés conservateurs et travaillistes circonscriptions supprimées sortants : circonscriptions supprimées
Légende Chiffres entre parenthèses = circonscriptions comprenant une partie de l'électorat de la circonscription supprimée* Dont un député à qui on avait refusé la réinvestiture dans son ancienne circonscription, avant la suppression de celle-ci.
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Titre TABLEAU 7. Circonscription nouvelles
Légende Chiffres entre parenthèses = circonscriptions comprenant une partie de l'électorat de la nouvelle circonscription.
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Auteur

Université d'Orléans

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