Reportères de guerre
|Introduction
Les yeux de la guerre
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Extrait du texte
À sa sortie en 1986, le film documentaire Les Yeux brûlés est perçu comme une commande « détournée (…) retournée au commanditaire, avec accusé de réception »1, une réponse à l’envoyeur, l’Armée française. L’œuvre est peu diffusée, et c’est sa restauration, près de trente ans plus tard, qui permet de prendre conscience qu’elle est plus qu’un manifeste antimilitariste paradoxalement commandé par l’institution militaire. L’acmé des mouvements antiguerre, les années 1970, est loin désormais, et l’ambivalence du propos est mieux perçue, « film institutionnel en hommage aux cinéastes-soldats et brûlot antimilitariste, film-poème et réflexion sur l’ambiguë cinégénie de la guerre »2. Pourquoi l’Armée française autorise-t-elle sa diffusion et sa reprise, est évidemment la question. Parce que selon elle, il n’est ni dénonciateur ni justificateur, il prétend exprimer le peu dicible, un « inaudit » depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la construction de l’Europe en rempart contre la v...
© Presses des Mines, 2018
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