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Devenirs urbains

 | 
Maryse Carmes
, 
Jean-Max Noyer

L’homo mobiquitus

Serge Miranda

Abstract

This article encompasses two parts: first a strategic introduction to mobiquity based upon 10 years of innovation at University of Nice Sophia Antipolis on mobiquitous information systems (at MBDS Innovation lab) ; then it tries to infer some economical, sociological and political lessons changing the way we consider Space and time. We propose a new era symbolized by the concepts of Homo Mobiquitus and “commonactor” opening the road towards new form of holocraty in which COMMONS will play a kernel role.

Full text

I- LE DISPOSITIF SOCIO-TECHNIQUE DE LA MOBIQUITÉ ET SES APPLICATIONS

  • 1 Cette partie est une version actualisée et étendue de l’introduction publiée dans la revue univers (...)

1L’affirmation de la question mobiquitaire se caractérise notamment par trois phénomènes convergents : la diffusion des téléphones mobiles, les dispositifs et pratiques socio-numériques, la production exponentielle de données (utilisateurs), ces dernières étant comme les applications personnelles dissiminées… dans le nuage (cloudcomputing) à des coûts marginaux1 . La mobiquité n’est pas un simple mot valise proposé dans les années 1990 par Xavier Dalloz au début de l’Internet sur mobile (lors de l’échec du WAP par manque notamment de contenus et de services). Ce couplage entre la MOBIlité du téléphone devenu ordinateur (le Smartphone ) et l’ubiQUITE d’Internet devenu 2.0, local (le local wide web ?) et marqué par l’arrivée du haut débit dans la poche, exprime aussi le passage continu entre le monde physique et le monde numérique, ainsi qu’un horizon très vaste de création de nouveaux contenus et services. Ce concept de mobiquité est prometteur en termes d’innovation et de recherche (pluridisciplinaire) sur les contenus, les services, les architectures et les méthodes. Il modifie complètement la nature du territoire en modifiant le référentiel espace/temps, en introduisant la contextualisition personnalisée et géolocalisée qui sera amplifiée par le prédictif du (Little) big data.

  • 2 www.physorg.com/news198405924.html (étude Ericsson de Juillet 2010) en cohérence avec le chiffre d (...)

2Le 8 Juillet 2010 (étude Ericsson2), il y avait 5 milliards de téléphones mobiles sur la planète pour une population de 6,8 milliards d’habitants qui possédait 1,8 milliard de comptes bancaires. Pratiquement tout individu de cette planète a (ou va avoir) un terminal de communication (et bientôt de traitement d’information avec le smartphone) dans la poche. Cela signifie aussi, qu’environ 3 milliards d’adultes sur cette planète ont un mobile mais pas de compte en banque ; ce constat est au cœur du projet FIRST défini au MBDS en 2012 avec Tata CS et Gemalto en Inde (résumé plus loin). En 2015, un habitant sur deux de la planète aura un smartphone (Estimation Gartner) avec donc de nouvelles opportunités de services à valeur ajoutée : un banquier, un guide, un tuteur, un médecin, un réparateur, un policier… dans la poche. Cette perspective ouvre la voie à une créativité illimitée en termes de contenus, de services et d’usages dans les sphères privée, publique et professionnelle que traverse le téléphone mobile.

3Comme le dit Michel Serres en revenant malicieusement sur l’étymologie du mot « maintenant » : « maintenant, la main tenant le monde grâce au smartphone ». Le monde virtuel existe de manière ubiquitaire au bout du sans fil . C’est un privilège d’empereur pour chaque citoyen de notre planète. Un nouvel homme est né avec un artefact omnipotent et omniscient, son smartphone (un ordinateur qui en 2014 a la puissance informatique d’une fusée d’alunissage Appollo) connecté en permanence Il semble parfois que l’être mobiquitaire, l’homo mobiquitus, pourrait tenir le monde dans sa main.

4Le rêve de Laplace est en train de se réaliser : « Une entité connaîtra parfaitement l’état du monde passé et présent pour prévoir son évolution » ! De son côté, Tim Berners Lee voit le web comme une immense base de données que l’on pourrait interroger facilement. Ce web Sémantique est né en 2001 autour du paradigme RDF (et de ses triplets d’URI) avec son langage d’interrogation proche de SQL : SPARQL :

« I have a dream for the Web [in which computers] become capable of analyzing all the data on the Web – (the content, links, and transactions between people and computers. A « Semantic Web », which should make this possible, has yet to emerge, but when it does, the day-to-day mechanisms of trade, bureaucracy and our daily lives will be handled by machines talking to machines. The « intelligent agents » people have touted for ages will finally materialize ».

5Une des composantes fondamentales du big data est née avec notamment cette approche d’apprentissage par la machine (machine learning) et d’exploration par la machine de cette massification des données qui nous entoure. La recherche scientifique va changer de nature avec des corrélations trouvées par la machine que l’homme prendra comme hypothèses de recherches à valider : le quoi précède le comment ?

6En 2015, le monde produira chaque minute autant de données temps réel que depuis le début de l’histoire de l’humanité jusqu’à 2010 soit cinq Exa octets (cf. le CEO de Google Eric Schmidt à Davos en 2010). Toute l’Information, toutes les formations (avec les MOOCS) seront accessibles dans la poche de l’utilisateur et dans sa main avec le smartphone. Le prédictif personnalisé va se généraliser avec le little big data.

7Nous n’en sommes qu’au début de cette ère de l’Internet mobile, de l’Internet entre objets et individus, du symbionet (J. de Rosnay), de la suppression de l’espace temps (Michel Serres), de la mobiquité, du temps rizhomatique (au sens Deleuzien), qui va être très féconde en termes d’innovations et de recherches dans tous les secteurs de l’économie : m-enseignement, m-tourisme, m-culture, m-commerce, m-paiement, etc. L’Homo Mobiquitus qui est en train de naître va être porteur de ruptures à commencer sur sa nature profonde, ses façons d’apprendre, de se soigner, de parcours de son territoire avec une augmentation du prédictif personnalisé pour le meilleur comme pour le pire.

8Les trois facteurs clés de la réussite d’un nouvel écosystème technologique sont : 1) les usages, 2) les usages, 3) les usages. S’accompagnant de conséquences spatiotemporelles dans tous les secteurs de la société, la mobiquité constitue à mon sens une rupture aussi importante que l’écriture ou l’imprimerie. Son processus d’innovation est en cours d’actualisation (l’invention a déjà rencontré ses premiers usages et ses futurs marchés sont là déjà ouverts).

9« Le seul acte intellectuel authentique c’est l’invention » (Serres, 2013). La forme suprême d’intelligence, c’est l’intuition qui résulte d’un apprentissage besogneux et d’une « intuition sérendipitine ». Celle à venir, serait-elle celle de la sérendipité mobiquitaire, permise par l’exploitation du (little) big data, et dont l’habilité principale serait cette capacité à mettre en exergue des corrélations à expliquer ? Question ô combien discutée.

10En effet, une véritable science des donnees (Abitboul, 2013), de nouveaux métiers (comme CDO, Chief data officer ou data scientist), une véritable ingénierie des usages (services ou applications) mobiquitaires sont en train de se développer avec, d’une part, les concepts d’app store d’Apple ou de market/Google play d’Androïd de Google pour les applications natives, et d’autre part, avec HTML5 offrant une alternative web multi plate-forme de développement des applications mobiles. Cette dualité dans les approches applicatives mobiquitaires existera encore dans les années à venir, avec en sus, des approches hybrides : les développements d’applications en mode natif (Android, IOS, W8) mono plates-formes filtrés par les opérateurs de l’internet et les développements en mode web multi plate-forme (autour de HTML5) permettant des mises à jour automatiques (sans passer par les magasins applicatifs et le contrôle des opérateurs de l’internet).

11La Mobiquité en plus des standards récents (NFC, HTML5, etc.) repose sur plusieurs éléments technologiques majeurs :

  • Les étiquettes du monde physique (les tags) pouvant être lues par le téléphone mobile de l’utilisateur final ; ces tags peuvent être des codes barre bidimensionnels (comme le standard Datamatrix et son dérivé Open Source le QR Code), des tags Radio Frequence (RFID-Radio Frequence IDentification) comme le NFC (Near Field Communication), sonores voire invisibles (de reconnaissance de formes comme GoogleS ou SNAPnSEE de Tokidev, la spin off du MBDS). Nous aurons 1000 milliards d’objets tagués en 2020 lisibles par notre mobile, donc communicants donc… vivants (en quelque sorte). Ils sont re-définis par le couple information (ici identifiant unique) et communication (via le téléphone mobile qui accède à l’histoire de l’objet tagué dans une base de données).
  • La réalité modifiée (augmentée ou diminuée ) avec des plates-formes open source comme Wikitude, Layar qui permettent de superposer au monde réel visionné dans le mobile, des informations contenues dans une base de données (exemple : des informations immobilières ou touristiques) ;
  • Le transmedia (concept créé par Martha Fisher en 1991 et repris dans le livre Convergence Culture du Pr. Henry Jenkins du MIT en 2003) avec des contenus adaptés aux cinq écrans de notre histoire (cinéma, TV, PC, téléphone mobile et tablettes) ; notons que dans cette histoire, les entreprises leaders des contenus et des services d’un écran n’ont jamais été les leaders de l’écran suivant !
  • Le big data : mésuré en ZETA Octet (10**21), nous entrons dans l’ère du tsunami des données en temps réel et du bottom up venant des réseaux sociaux, des logs d’Internet ou des tags qui vont permettre d’offrir aux citoyens et aux touristes des informations personnalisées : citons par exemple la cartographie des inondations dans la ville de New York réalisée en temps réel à partir de 530 000 photos sur Instagram et des 5,9 millions de tweets générés dans la ville de New York le 30 octobre 2012 ; citons encore à Bruxelles en 2014 le projet tagtagcity permettant de faire une cartographie touristique en temps réel suivant le profil et la nationalité des touristes. Nous pouvons aussi imaginer une synthèse automatique géo-localisée des informations contenues dans wikipedia pour un monument donné avec une approche de recherche sur DBpedia mobile (http://dbpedia.org/​) utilisant le formalisme RDF (du web Sémantique). Tous les secteurs de la vie privée, publique et professionnelle vont être impactés par ce décisionnel prédictif : certains annoncent même la possibilité de prédire votre vie sentimentale à l’aune de l’ensemble de vos traces d’achats (comme la société Visa).

12Le QR code est un code (gratuit) en 2D qui peut gratuitement être lu par un mobile ; une URL ou 4296 caractères (contre une dizaine pour un code barre traditionnel 1D) peuvent très facilement lui être associés. Le QR Code est en Open Source depuis 1999 (créé pour Toyota au Japon en 1993) et est dérivé du standard Datamatrix ISO18 004 (le flashcode est la version propriétaire des opérateurs mobiles Français).

13De nombreux générateurs de QR Code gratuits existent comme ZebraCrossing (http://zxing.appspot.com/​generator/​) ou Google Chrome. Des applications gratuites peuvent être téléchargées pour lire les QR Codes ; citons I-Nigma ou Mobiletag. Cet applicatif est fourni par défaut sur tous les smartphones Android. Les applications des QR Codes sont de plus en plus nombreuses en matière d’information dynamique et multimedia dans les domaines du tourisme mobiquitaire, de l’édition, de la communication ou du marketing de proximité. En Décembre 2010 au Japon il y eu plus de scans de QR Code que de SMS envoyés !

QR Code (Wikipedia) et Zones utiles du Code

14NFC un acronyme de trois lettres qui va changer le monde des télécommunications et de l’informatique comme le GSM (ou SQL ou GPS). NFC (Near Field Communication) est un standard mondial porté initialement en 2004 par Nokia, Philips et Sony (ce qui est très révélateur de la convergence attendue entre les mondes des télécommunications, de l’électronique grand public et de l’informatique) ; NFC correspond à un des douze standards de RFID, technologie connue depuis les années 1940. NFC va jouer sa pleine mesure avec l’intégration d’un lecteur de tags dans un téléphone mobile qui, en « touchant » un objet ayant une étiquette (tag) NFC, va permettre d’obtenir une information, d’en écrire (dans le tag ou vers un site social), d’émuler une carte de paiement (standard EMV des cartes bancaires), d’ouvrir une porte ou de faire des échanges sécurisés en mode P2P (peer-to-peer).

Tag passif (sans batterie) de type NFC fabriqué à Sophia Antipolis (ASK) avec la puce visible contenant l’Identifiant et l’antenne autour. La taille peut être celle d’une tête d’épingle

15Le standard NFC (ISO/IEC 14443 et Felica) comprend trois modes opératoires de base : lecture/écriture d’un tag, émulation carte (cartes d’accès comme de paiement) et pair-à-pair. Une organisation internationale dédiée au NFC (en plus de la reconnaissance du standard par l’ETSI et IEEE) regroupe plus de 130 Membres en 2011 : le NFC Forum qui valide les nouvelles versions du standard, (www.nfc-forum.org). Le mode « lecture » de tag NFC est équivalent au mode scan d’un QR Code avec un applicatif à télécharger gratuitement sur tout mobile doté d’une caméra ayant la fonction zoom (a minima).

16Le téléphone mobile du futur intègrera le standard NFC (50 % des téléphones vendus en 2015). Dès Décembre 2010, Google a commercialisé le premier smartphone NFC (le Nexus S) avec une stratégie claire sur le m-paiement lancé le 26 mai 2011 à New York en opposition frontale avec les MNO (Opérateurs de téléphonie mobile) et les banques (créant ainsi une ralentissement de déploiement).

17Le téléphone mobile NFC prédéfinit cinq dimensions dans un système d’information mobiquitaire (les 5 « W » : « Who, Where, When, Whereabout et What ») : le profil (dynamique) du porteur (avec ses habitudes ou goûts), l’espace et le temps (« ici et maintenant » quand on touche), l’objectif recherché (information ? transaction ?) et le résultat obtenu (information, ticket, coupon de réduction, transaction, RDV,…).

18Avec le standard NFC, l’intelligence pourra être répartie sur les tags, les smartphones ou les serveurs et induire des modèles économiques totalement différents autour de la question fondamentale : qui va contrôler les informations résultant des interactions de l’utilisateur entre son mobile et les tags ? qui va contrôler les données personnelles des espaces de partageet des réseaux sociaux : les opérateurs mobiles ? les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) ?, les opérateurs de paiement ?, les fournisseur de services ?, les fabricants de mobiles ?

19Est-ce que la valeur d Instagramracheté par Facebook en 2012 1 milliard de dollars était produite par ses 13 employés ou par ses 100 millions d’utilisateurs qui ont poste gratuitement des photos ? La valeur marchande réside dans l’agrégation et l’analyse de masses de données mais pas dans la fourniture/production de la matière première DATA qui est gratuite.

20Les architectures des systèmes d’information mobiquitaires à cinq niveaux fonctionnels vont apparaitre dans l’ordre (historique) suivant : niveau serveur de base de données (autour des standards SQL3 ou ODMG), niveau serveur d’applications (avec des services web basés sur SOAP/UDDI et WSDL autour du standard XML), niveau serveur mobile (autour e HTML5), niveau serveur EDGE (gérant les objets communicants, les tags comme les capteurs), et niveau enfin (purement recherche aujourd’hui) des serveurs d’interaction encapsulant de l’intelligence au plus près de l’utilisateur pour optimiser les performances.

21Big Data

22L’humanité a mis 5 000 ans pour produire 5 exa octets de données ; il en faudra 5 minutes en 2015 et 5 secondes en 2020 ; nous sommes rentrés dans l’ère de l’accumulation de données temps réel venant du web, des réseaux sociaux (twitter, Facebook, Instagram,. etc.), des objets tagués (NFC, QR Code, OCR), des capteurs (smartphones), représentant plus d’un Exaoctets (1018) chaque jour fin 2012 avec des projets de la NSA visant le Yotta octets de données (1024) en 2030 (big data intègre aussi bien les données publiques de type open data (CSV, PDF, etc.), les linked data (Web Sémantique et ses standards RDF, OWL et SPARQL) que les mobiquitous data (venant des objets tagués). Tous les secteurs scientifiques (culturels, santé aussi) vont être impactés ainsi que l’économie mobiquitaire (tourisme, commerce, MNO, m-paiement) et la gestion des risques (avec des cartographies en temps réel).

23M. Stonebraker a donné les « 3 V » caractérisant le big data (volume, velocity, variety) avec un quatrième « V » proposé par Popescu (variability) et posé les bases d’une discussion que nous étudions au MBDS entre le monde des Bases de Données SQL et le monde N. O. SQL (not only SQL) préparant l’avènement de systèmes hybrides NEW SQL.

24Trois grandes approches existent en effet pour gérer du BigData (MIRA 2014) :

  • L’approche des standards SQL3/ODMG voire RDF (Sparql, OWL) basée sur une approche top down, un schéma fixe de données, les propriétés TIPS et ACID des transactions et lesparadigmes objet/valeur/table ou RDF.
  • N. O. SQL (Not Only SQL) basée sur une approche bottom up, temps réel avec un schéma variable ou inexistant, les propriétés base, le théorème CAP et le paradigme clé valeur ; l’acronyme « WHAT » (Web Data, Hadoop/map-Reduce, Anti Schema/join/ACID, Temps Réel Bottom Up) que nous avons défini (Mira2014) résume l’apport du big data à cette nouvelle science des données au-delà de la gestion traditionnelle SQL des bases de données.
  • NEW SQL de systèmes hybrides entre SQL et N. O. SQL comme VoltDB ou Mysql ou des connecteurs Hadoop/mapReduce vers les systèmes de gestion de bases de données Oracle, Microsoft, Ibm ou Teradata (offrant H-SQL).

Une équation pour l’information au futur : E = MC3

25Nous devons donc traiter l’information comme « la » ressource énergétique centrale de ce millénaire avec les mêmes questions stratégiques top down que nous nous posons pour toute autre ressource vitale : Qui la produit ? Qui la transporte ? Qui la partage ? Qui la stocke ? Qui la contrôle ? Qui la consomme ? Qui relève les compteurs ?

26D’autres paradigmes prometteurs de partage d’information bottom up apparaissent de facto autour des « commons » dans la logique de l’internet des objets comme nous le verrons dans la deuxième partie de cet article.

27Avec Internet, nous sommes rentrés dans l’ère de l’équation « E = MC2 » pour définir l’information : l’information est l’« Energie (E) » de l’économie numérique ; elle est de nature « multimedia » (M) et l’ordinateur n’existe plus que comme nœud d’un réseau en pair à pairavec le protocole TCP IP (Internet) d’où le couple « computer and communication (C2) de l’équation ».

28Ce parallèle avec l’énergie nous conduit de manière symétrique à considérer l’énergie renouvelable (éolien, solaire, biomasse) de demain comme les COMMONS de l’information partagée d’aujourd’hui i. e. de manière bottom up dans des grids collaboratifs échappant aux contrôles centralisés de multi-nationales. Cet internet de l’énergie ouvrira des perspectives passionnantes notamment pour les pays émergents qui n’auront pas le passé passif top down basé sur les énergies fossiles à gérer.

29Avec le smartphone, nous avons affaire à une triple convergence « computer + communication + consumer electronics » où le « M » devient celui de la mobiquité et les attentes de l’information sont la personnalisation (customization) maximale induite par cet artefact omnipotent et omniscient !

Le MBDS et « l’innovation »

30Nous faisons une distinction entre deux notions complémentaires à équilibrer dans une démarche universitaire comme sociétale d’acquisition des connaissances, l’ innovation et la recherche : la recherche universitaire est de nature tubulaire et descendante (top down) sans aboutir nécessairement à des applications concrètes alors que l’ innovation est pluridisciplinaire et ascendante (bottom up ) en partant de besoins sociétaux identifiés et en s’appuyant sur des démonstrateurs de faisabilité et des prototypes réalisés en spirale (vieillissement de la population, nouveaux modes de paiement avec le téléphone mobile, lutte contre le showrooming du centre ville, etc.).

31L’innovation était au cœur de la raison d’être de la fondation partenariale DreamIT créée en 2009 à l’UNS à partir du réseau industriel du master MBDS (créé lui en 1992 avec un modèle original de valorisation de l’innovation en France). L’Université a une puissance pluridisciplinaire cachée qui peut et doit s’exprimer au cœur de l’innovation dans l’économie numérique.

32Le MBDS, avec plus de vingt démonstrateurs de services mobiquitaires innovants depuis 2004, est devenu, de facto, un véritable laboratoire d’Innovation de l’UNS qui a conduit notamment la ville de Nice à être la première ville Européenne de déploiement commercial du standard NFC (le sans contact mobile) en Mai 2010.

33L’expérience de vingt ans de prototypage de services d’innovation au MBDS (et de la nature de ses sponsors) permet de montrer facilement comment nous sommes passés dans le monde des systèmes d’information, d’une vision stratégique centrée outils en 1992, à une logique centrée services sans fil dix ans plus tard pour arriver aujourd’hui à une logique d’ espaces intelligents contenant des objets devenus vivants avec la télécommande universelle qu’est devenu le téléphone mobile intelligent (le smartphone ) : l’abribus, le campus, la voiture, la maison, la gare, l’aéroport, la ville… la planète deviennent intelligentes et mobiquitaires !

34Parmi les services innovants prototypés au master MBDS depuis le début du standard NFC en 2004, nous avons sélectionné les projets suivants pouvant faire l’objet d’un déploiement sociétal avec des recherches pluridisciplinaires et porteurs de facettes de l’homo mobiquitus :

  • Le projet « FIRST » de paiement mobiquitaire (NFC) social en Inde, (Maroc et Haïti) qui s’appuie sur deux projets antérieurs développés depuis 2005 au MBDS, avec une thèse en économie sur les nouveaux modèles économiques du m-paiement et une réflexion bi disciplinaire sur l’émergence d’une nouvelle monnaie mobiquitaire ; ce projet pour les pays émergents peut aussi s’appliquer en période de crise pour les chômeurs dans les pays développés et réhabiliter le troc mobiquitaire avec des systèmes d’échange de produits et services qui ont connu un succès dans les années 1980 avec le LETS (Local Exchange Transfer System créé par Michael Liton en 1983 pour les organisations caritatives) ou les concepts de crédit mutualisé, de financement participatif (crowdfunding) ou de banque du temps. Un bouquet de services mobiquitaires d’inclusion financière avec le principe central du no cash out d’échange de produits sans monnaie matérialisée (billets de banque, coupons) a été défini dans le projet F1RST : transfert de fonds international avec aide ciblé par le NFC, banque d’animaux en zone rurale avec le projet BARTER2.0 en 2014.
  • Le projet « MBDS2.0 » de plate-forme de gestion de tags (QR Code et NFC) avec des interfaces originales vers les réseaux sociaux et la réalité augmentée dans le secteur de la culture, du tourisme et du marketing mobiquitaire du futur (en France et à l’étranger : Nice, Menton Grasse, Sophia Antipolis, Cambodge, Russie, Méditerranée, Caraïbes) avec une thèse en informatique sur les systèmes formels d’interaction ; cette plate-forme MBDS2.0 est mise en Open Source depuis 2011 avec une subvention de la région PACA. En sociologie, le concept de sérendipitémobiquitaire émerge au-delà des réseaux sociaux actuels. Le projet matriuM sur Grasse, ville mobiquitaire pour la revitalisation du centre ville historique autour d’une multi-mediathèquemobiquitaire, a servi de cadre à un projet de tourisme culturel avec une statue olfactive (Projet marinapp de novembre 2013 avec l’artiste Marina Latta) et à la création d’un « chemin invisible » sur un territoire avec une contribution pédagogique et ludique des écoles du voisinage (Projet domapp avec l’artiste Dominique de Seguin montré en janvier 2014 à Nice). Un projet de serious game sur les territoires a été défini en 2014 (projet talk lines inspiré par les chants des pistes song lines – des aborigènes d’Australie) avec un contenu contributif des écoles du voisinage.
  • Tout territoire devient ainsi grâce au smartphone, un musée à ciel ouvert, une école sans murs ou une grande surface (avec des galeries marchandes virtuelles personnalisées).
  • Le projet pilote « Nice Future Campus » (N. F. C) 2010-2012 sur le Campus de Valrose à Nice (Projet IPER du Ministère de l’Industrie avec un consortium de six industriels et un co-pilotage du projet par le MBDS et l’Université) dans lequel le téléphone NFC de l’étudiant joue le rôle de carte virtuelle avec un bouquet de six services (contenus dans la carte SIM) porteurs de manière simultanée des trois modes du standard NFC : m-paiement au restaurant Universitaire (avec BMS/Moneo mobile), contrôle d’accès, bibliothèque2.0, vitrine impactile NFC pour offres de stages/Embauches, coupons de réduction étudiant. Des recherches collatérales en sociologie et en économie ont été conduites à l’UNS au Gredeg ; ce projet N. F. C. a étédéployé dans la construction du premier bâtiment mobiquitaire des Amériques qui a été inauguré Mi-Avril 2011 à Port au Prince et qui sert à héberger le master MBDS de l’UNS délocalisé depuis 1998 à l’Université d’Etat d’Haïti (le bâtiment initial du MBDS à l’UEH a été détruit lors du séisme de 2010). La composante bibliothèque2.0 du projet est aussi utilisée dans le projet de Multi-médiathèque mobiquitaire à Grasse (projet MATRIUM) et à l’Université d’Etat d’Astrakhan (Russie). Ce projet a enfin permis en 2013 de définir le projet de maisonmobiquitairelowcostMASLOW à énergie renouvelable (avec des pilotes prévus en Haïti, Santo Domingo, Madagascar et Maroc). Nous avons défini, dans l’espace privé, un autre projet original qui fait de la voiture électrique un simple périphérique du smartphoneProjet VAMP avec Google et PSA en 2012 [LESA 2012].
  • Le projet « RoboDOMO » d’assistance aux personnes âgées isolées avec la possibilité de télé-surveiller et télé-assister une personne âgée entourée d’objets communicants (capteurs de chute ou de présence, pilulier, médicaments tagués, tensiomètre) via un simple téléphone mobile ; Robodomo a connu trois versions de 2006 à 2012 en partenariat avec RoboSoft, une spin off de l’Inria, (et avec le support contractuel des Mutuelles de Coveaco-créatrices de la Fondation universitaire DreamIT). Une recherche en droit à l’Université de Montpellier a été conduite sur ce projet ainsi que des recherches en informatique à l’I3S à Nice (ontologie comportementale et web sémantique). Un autre projet passionnant pour les personnes âgées concerne le dépistage d’Alzheimer avec la création d’une valise mémorielle émotionnelle multi-sensorielle (projet Emoi qui a eu le prix de l’innovation de Groupama en 2011) et qui doit être testée en vraie grandeur dans un atelier de mémoire au CH de Grasse. Ce projet rejoint le projet d’éternité digitale de Jim Gray lorsqu’il était à Microsoft [GRAY 2009].
  • Le projet SISMAPP (non NFC) défini en 2013 avec le laboratoire de Géosciences Azur de l’UNS et le CEA a permis de démarrer un projet mobiquitaire permettant de détecter un séisme de forte magnitude en utilisant un phénomène de corrélation entre les vibrations des capteurs de smartphones et d’envisager une cartographie temps réel des séismes.
  • La recherche en big data est transversale à plusieurs de ces projets comme la cartographie temps réel des destructions post-séisme, des touristes suivant leur profil ou de l’aide sociale en Inde. Elle ouvre la voie à de nouveaux systèmes décisionnels prédictifs personnalisés.

35Ces projets innovants de services mobiquitaires s’inscrivent dans une dynamique nouvelle longtemps marginalisée de l’informatique, de SCIENCE des SERVICES et de SCIENCE des DATA qui viennent compléter la science traditionnelle des concepts et des outils.

36Tous ces prototypes de services mobiquitaires relèvent du « paradigme bottom up », de l’avènement du temps réel et de l’immédiateté (big data, communautés, etc.) de l’innovation dans cette nouvelle économie numérique qui nécessite une recherche pluridisciplinaire. La mobiquité permet de corréler l’utilisateur au nuage via son téléphone mobile devenu télécommande universelle, de viser la lune et de se perdre dans les étoiles.

Interview pour le Groupe La Poste en 2011 sur la mobiquité

II- RÉFLEXIONS AUTOUR DE L’HOMO MOBIQUITUS « COMMUNACTEUR »

Nouveaux rapports spatio-temporels

37En s’inspirant de la fameuse phrase de Schumpeter, nous pourrions aller plus loin et dire aujourd’hui que nous sommes rentrés avec l’ homo mobiquitus, dans l’ère de la « déconstruction créatrice ». Celle-ci est marquée par une transformation des rapports de vitesse et de lenteur, des rapports à l’espace. Nos coordonnées changent. L’espace réel n’est plus ce qu’il était avec la réalité augmentée ou diminuée ; tous espace est de facto tagué (QR Code, NFC ou tag invisible ) du fait de la géolocalisation systématique du smartphone (par triangulation télécom ou GPS/Galileo ou tag NFC). Ces tags constituent des points d’intérêt historiques, culturels, ludiques, pédagogiques sur des chemins invisibles qui tapissent un territoire permettant des promenades dans l’espace et dans le temps, des promenades réelles dans des espaces virtuels . Chaque école du voisinage peut apporter un contenu pédagogique multidisciplinaire à chaque objet tagué ou point d’intérêt (POI) comme nous l’avons montré en janvier 2014 sur le chemin invisible de l’artiste Dominique de Séguin avec des classes d’art plastique : de la twiterature au piratage virtuel d’un monument ou à son détournement artistique dans l’imaginaire d’un enfant. L’école est un premier contributeur géolocalisé naturel à l’espace commun et l’élève mobiquitaire le premier.. enseignant de l’alphabétisation numérique (comme l’expérience des AMIS à l’Île à Vaches en Haïti l’a démontré en 2013).

Des « COMMONS » à la « communaction » de l’homo mobiquitus

38Internet nous a habitués à la richesse d’espace commun partagé gratuitement ; la première encyclopédie de référence multi lingue au monde en est un symbole : c’est Wikipedia. Les logiciels Open Sourceen… creativecommons (https : creativecommons. org) font partie du patrimoine de la communauté des développeurs d’applications informatiques. Nous pourrions multiplier les exemples.

39Jeremy Rifkin dans son ouvrage sur la troisième révolution industrielle, pose le problème des biens communs, des territoires de partage, des « commons »« au cœur de l’internet des objets et de l’internet énergétique sur le modèle de l’internet de communication ; cet internet de communication a démontré ce qu’était un collaborative commons (voire un creativec ommons) permettant l’échange planétaire d’information, de ressources naturelles ou culturelles, accessibles à tout le monde de manière ubiquitaire, à pratiquement zéro coût marginal introduisant ainsi un paradigme post capitaliste basé sur le bottom up (à l’opposé des systèmes étatiques top down).

40Nous avons créé le néologisme « communacteur » pour identifier cet homo mobiquitus qui :

  • a en main un artefact hyperpersonnalisé, producteur et consommateur d’informations, capable de changer le monde (cf Printemps Arabes, les Indignés, Ocupy Wall Street dans le champ politique ou AirBnB, WhatsApp, etc.) voire a minima d’enrichir de manière bottom up les territoires et les espaces communs (MOOCS, etc.).
  • est acteur potentiel ubiquitaire de la création du commun.

41Nous sommes tous des « communacteurs » mobiquitaires du bottom up dans les secteurs de l’Information, de la formation (MOOC), de la communication, de la culture, du commerce,… de la banque (crowdfunding ) et de l’énergie (avec les micro-centrales solaires ou éoliennes à venir échappant au contrôle top down des multinationales).

42Concernant les territoires, ces commons 2.0 mobiquitaires bénéficient par exemple de la réalité augmentée apportée par les applications des smartphones dans les secteurs du tourisme, du commerce et de l’éducation avec une coalescence espace-temps :

43Je peux faire une promenade sur les pas de Tchekhov à Nice en 1840 avec le smartphone jouant le rôle d’un guide multimédia dans ma poche (projet du MBDS en 2007 avec des tags QR Code et NFC) ; écouter en Russe un extrait (écrit à Nice) des Ames Mortes sur la place de l’hôtel Les Étrangers qui n’existe plus. Puis je croise le chemin invisible d’Aragon un siècle plus tard et je finis ma promenade avec lui et Eluard à Cimiez. J’ai fait une promenade mobiquitaire dans le temps et dans l’espace à Nice.

44Le projet DOMAPP du MBDS (avec l’artiste Dominique de Seguin à Nice en Janvier 2014) associe les écoles présentes dans le maillage des territoires pour fournir du contenu dynamique créatif Bottom Up pluridisciplinaire sur des points d’intérêt du territoire : cours d’Arts Plastiques, de « Twiterature » (2 vers de moins de 140 caractères sur le Mode de Tchekhov ou Aragon), d’Histoire, de Bio diversité pouvant permettre la création de jeux de pistes pédagogiques : inciter les écoles à … faire le mur pour faire parler les territoires ! Le territoire devient une école sans mur. Chaque école du monde devient potentiellement une communactrice de son territoire. Chaque adolescent scolarisé à la mobiquité devient un communacteur potentiel éduquant sa famille notamment dans les pays émergents comme l’expérience du MBDS avec les AMIS de l’Ile à Vaches en 2013 a ouvert la voie : trois « AMIS » (Assistants Mobiquitaires Informationnels) adolescents de l’orphelinat de Sœur Flora ont reçu en cadeau/travail un smartphone NFC et trois jours de formation à Port au Prince. L’été 2013, ils ont parcouru les villages de l’Ile pour jouer au Cybercafé mobile et apporter l’information aux habitants, créer des communications entre familles (mail, skype) et collecter des informations sociales ou culturelles (Photographies d’objets pirates ou d’indiens Taïnos). Cette expérience des « AMIS » sera améliorée en 2014 avec des cycles de passage dans les villages et la mise en place du cadeau Smartphone à l’issue du travail avec des objectifs qualitatifs et quantitatifs atteints.

45L’Homo Mobiquitus est doté d’un artefact à la fois d’hyper personnalisation et de contribution voire d’amélioration d’un espace commun à la fois :

  • individualiste soucieux de sa différenciation identitaire et de son épanouissement ; il se veut l’homme Prométhéen du Pic de la Mirandole « qui peut tout parce qu’il n’a rien ». « Nous avons à devenir ce que nous sommes » au sens de Nietzsche.
  • communacteur zélé d’une fraternité existentielle choisie.

46Nous devons penser qui favorise l’épanouissement de soi dans « l’ÊTRE-AVEC, l’ÊTRE-ENSEMBLE » i. e. sa contribution aux COMMUNS.

Holocratie et holomorphisme

47Ces deux mots Holocratie et Holomorphisme ont en commun la racine grecque HOLOS : « tout ».

48Un ensemble holomorphe en mathématiques est un ensemble dont chaque élément possède les mêmes propriétés que l’ensemble lui-même.

49Prenons l’exemple de l’architecture d’un ordinateur demain. Un ordinateur demain aura une structure massivement parallèle (MPP), c. a. d. sera un réseau de processeurs : mais tout ordinateur demain sera aussi nœud d’un réseau.

50L’ensemble des ressources informatiques matérielles sera donc demain un ensemble holomorphe. Nous pourrions le dire aussi pour la gestion de big data : du smarphone jusqu’aux serveurs dans le cloud nous aurons une interface standardisée SQL pour manipuler les bases de données.

51L’holocratie (www.holacratie.org) le pouvoir de tous par tous guette ainsi l’homo mobiquitus dans sa communaction !

52Quelques exemples issus du monde de l’entreprise peuvent interpeller. Selon le magazine Quartz, Zappos (1500 employés) s’apprêterait à passer l’ensemble de la structure – filiale d’Amazon depuis 2009 – en mode Zéro management (plus de managers mais 400 cercles holomorphes) ou Holocratie ainsi que, Tony Hsieh le CEO de Zappos l’a annoncé dans une réunion auprès des employés du groupe en novembre 2013. L’idée d’Holocratie qui recrée l’esprit Start Up, vient de Brian Robertson, un consultant en Management, fondateur de Holocracy one3 et auteur d’une intervention sur TedX intitulée « pourquoi supprimer les boss et distribuer le pouvoir »4.

53Cette holocratie rejoint le « commmunisme herméneutique » des interprétations de Gianni Vattino à l’opposé de toute approche scientifique de l’économie top down vouée à l’échec : « En économie il n’y a pas de lois scientifiques universelles et intangibles ; il n’y a que des interprétations de la vérité qui s’affrontent » (G. Vattino).

54On associe le développement des Imprimantes 3D (qui permettent aussi bien aujourd’hui de fabriquer des maisons que des fusils…)5 à la fin possible d’un capitalisme industriel top down, et ce, au bénéfice d’un espace COMMON bottom up élargi. Les modèles marchands traditionnels basés « produits » et « services » vont disparaitre. L’Usage prime sur la propriété ! Ce passage est ce qui est cours de négociation, d’actualisation, d’hybridation…

  • 6 Airbnb est valorisé 10 milliards de dollars en 2014. C’est plus que la capitalisation boursière de (...)

55Des nouveaux usages bottom up se traduisent par l’extension des espaces COMMONS (Wikipedia, Wifi, logiciels Open Source,..) ou la création d’entreprises à succès telles que Leboncoin, AirBnB6 Kisskissbankbank (crowdfunding), Lafourchette, Uber, BlablacarOUIShare (économie collaborative).

56La Mobiquité porte la confrontation entre deux modèles économiques antagonistes : la gratuité de l’Internet et le paiement à la durée (ou à la transmission de données) du mobile. Le capitalisme cognitif doit définir de nouveaux modèles économiques pour faire du business autour du gratuit !

57Peut-il réussir le mariage de l’industrie et de l’information mobiquitaire ? Les fondateurs de Google clament qu’ils veulent changer le monde et fabriquer un homme nouveau en capitalisant sur les NBIC (Nanotechnologies Biotechnologies Informatique et Cognition) vers le transhumanisme, l’homme augmenté par la technologie ! Nous vivons une rupture anthropologique avec deux options pour les COMMONS.

58L’holocratie sera-t-elle donc le fossoyeur du capitalisme industriel avec soit l’émergence d’un capitalisme cognitif liberticide soit d’un COMMONS libertaire dans un JEU DE GO en cours ? Comme l’écrit l’économiste Yann MoulierBoutang,«  Nous sommes passés d’une économie du savoir (KNOWLEDGE) à une économie du savoir-faire et du savoir en train de se faire (KNOWING) » : La part de la production matérielle ne va représenter que 10 % de la valeur économique globale « tout le reste se jouera dans l’usine du futur c’est-à-dire l’université » voire la.. Multiversité pour intégrer la composante plurielle du Knowing et devenir une plate-forme de pollénisation.

59L’holocratie doit assurer la neutralité du réseau et la transmission des données gratuite sur notre planète. Elle favorise le partage des connaissances et non pas leur marchandisation et leur privatisation.

60L’idéologie du partage a contaminé le capitalisme traditionnel. L’économie contributive de communaction est-elle du post capitalisme ? Elle s’inscrit dans la durée alors qu’un produit du système capitaliste est dans l’obsolescence programmée ; « mettre en place une société basée sur la demande (bottom up) et non plus sur l’offre » (top down) dit Michel Bauwens (Fondation P2P).

61Nous sommes à la croisée des chemins pour l’holocratie : les nouveaux monoples capitalistes de l’économie numérique contre l’espace commun collaboratif (MonopolyCapitalism vs. Collaborative Commons) Dans la logique Picketty, ne pourraiton pas imaginer un IMPOT NUMERIQUE pour les GAFA qui bénéficierait aux COMMONS ? une utopie de plus pour l’holocratie.

62De nouveaux « voyages en Icarie » au sens du socialiste utopique Etienne Cabet (1840) sont à construire ! De nouveaux territoires virtuels d’enrichissement des COMMONS sont à découvrir. L’Utopie mobiquitaire va succéder à l’utopie Internet et ouvrir à une civilisation du partage par des communs acteurs hyper individualistes.

63Ma proposition est donc celle d’un ré-enchantement du territoire par la communaction et par l’utopie eniantrodiomique de l’holocratie où chacun s’épanouira en enrichissant l’autre.

Bibliography

RÉFÉRENCES

Références externes

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Michel Serres « La petite poucette » Le Pommier, 2013.

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Davenport, Patil « Data scientist : the sexiest job of the 21st century » Harvard Business Review, 2012.

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(MIRA2014) Serge Miranda, Catherine Papetti « Le tourisme mobiquitaire du futur : les enjeux informatique et marketing » Revue Monde du Tourisme, Avril 2014.

(MIRA2012) Serge Miranda, Anne Marie Lesas « Architecture logicielle du projet VAMP, Plate-forme mobiquitaire embarquée dans un véhicule automobile » Revue Génie Logiciel, Decembre 2012, Numero 103, pp38-48.

[RTSI 2011] Revue Complete RTSI (110 pages) sur les SI Mobiquitaires : Numéro spécial de RTSI, sur « les Systèmes d’Information mobiquitaires » S. Miranda Ed., Hermes Lavoisier, Numéro 16/2011, Sept-Oct 2011 avec 5 articles présentant les principaux projets d’innovation/recherche issus de prototypes du MBDS :

Serge Miranda « Introduction aux systèmes d’Information mobiquitaires : de l’utilisateur au nuage » in [RTSI2011], pp 3-8.

Serge Miranda, Nicolas Pastorelly, Evgeniya Ishkina, Dominique Torre, Laetitia Chaix « Lessonsinferredfrom NFC mobiquitousinnovative information systems » Leçons tirées de l’innovation de services d’information mobiquitaires NFC, in [RTSI2011], p7-48.

Gregory Narni-Mancinelli, Hamine Benouali, Mylene Leitzelman, Mathieu Salvadore, Evgeniya Ishkina, Serge Miranda, « MBDS2.0, plate-forme générique de gestion de tags NFC et 2D pour des espaces culturels intelligents et communautaires 2.0 » MBDS2.0, a genericplatform for 2D (QR Code) and NFC tagsManagement, in [RTSI2011], pp 49-63.

Nicolas Pastorelly, Hamine Benouali, Charline Leblanc, Serge Miranda, Nhan Le Thanh, Amel Attour « Nice Future Campus, un bouquet de services NFC dans une carte virtuelle étudiant » Nice Future Campus, a portfolio of NFC services within the studentvirtual ID Card, in [RTSI2011], pp 64-86.

Cedrik Poirey, Nicolas Pastorelly, Michel Buffa, Coralie Boumaza, Christine Hugon, Nhan Le Thanh, Serge Miranda, « RoboDOMO, un robot d’assistance aux personnes âgées et dépendantes dans un environnement d’objets communicants » RoboDOMO, a mobiquitous robot for assisted living athomein a communicatingobjectenvironment, in [RTSI2011], pp 87-110.

S. Miranda, N. Pastorelly « NFC mobiquitous information services prototypingat the University of Nice and multi-mode NFC application proposal » (Conférencier invité), 3rd International IEEE conference, 22-23 February 2011, Hagenberg, Autriche, pp 3-11.

H. Fadoua, Serge Miranda, T. Delazari « A Multi-touch NFC virtual poster platform for m-learning (AL ANDALUS project) » IADIS International Conference, Mobile Learning 2009, Barcelone, Espagne, 26-28 Février 2009.

Serge Miranda, Frantz Verella « Lessons from ICT NFC experience in Haïti for emerging countries » <Conférencierinvité par Commission Européenne ; ProjetParadiso> 3rd GNH Conference, Bouthan, Décembre 2009, pp391-413, 2009, Edited by D. Karma et D. Pendore.

Serge Miranda « BD**2 : des Bases de Données à big data » Keynote, Conférence invitée ISKO Maghreb, Marrakech, 7 et 8 Novembre 2013 (Keynote, conférence invitée à IWAIICT 2013, Biskra Algérie 5 et 6 Mai 2013 et Hammamet, Conférence RIADI en Février 2014).

Serge Miranda « Robotics platform integrating wireless communicating objects for assisted living » (RoboDOMO project) » Keynote, WASM Conference, 19-21 Novembre 2009, OULOU, Finlande.

S. Miranda « Mobiquitous Information Systems » » <Keynote, Conférence invitée> 3rd International Conference on SIEE, Information Systems and Economic Intelligence, IEEE Conference, Sousse, Tunisie, 18-20 Février 2010.

Serge Miranda « MOOC mobiquitaire » Conférence Ecritech’4, Technologies mobiles et École en mouvement, MEN, 11 et 12 Avril 2013 (Colloque Mobile et Education et Mediation, 5 et 6 Dec 2013, Paris).

Serge Miranda « Innovation et recherche : les leçons du MBDS » Congrès UNSO, Nice, 11 Juillet 2013.

Serge Miranda « Outils et plates-formes logicielles pour le tourisme mobiquitaire du futur » 2ième Journées ASTRES, Nice, 2 et 3 Avril 2012.

Serge Miranda, « Application de la mobiquité au transport : le projet VAMP » Journées INRETS, Génie Logiciel, Paris 30 et 31 mai 2012.

<TUTORIAL 3 Heures> « Mobiquitous Information Systems », ICIW International Conference, Knowledge and data base systems, SantMarteens, Mars 2011

Présentation et Démonstration du Projet FIRST au sommet Franco Indien des Sciences à New Delhi en Octobre 2013.

Interview sur la mobiquité aux journées Nationales de la Poste/Docaposte en Mai 2011 (http://www.youtube.com/user/mbdsvid?gl=FR&amp;hl=fr%23p/c/377E7B4C72D226CB/0/3hEC9niOf6M).

Interview sur Mobiquité et Matrium sur le blog d’O. Bouzereau en Sept 2011 sur tourisme et troc du futur (http://www.zdnet.fr/blogs/cloud-news/le-telephone-nfcva-doper-l-echange-de-services-39764237.htm).

Notes

1 Cette partie est une version actualisée et étendue de l’introduction publiée dans la revue universitaire RTSI en 2011 sur les « systèmes d’Information mobiquitaires » (RTSI2011).

2 www.physorg.com/news198405924.html (étude Ericsson de Juillet 2010) en cohérence avec le chiffre de 5,3 milliards de lignes mobiles activées dans le monde en 2010 de l’Union Internationale des Télécommunications (ITU).

3 http://holacracy.org/

4 http://www.viuz.com/2014/01/07/holocratie-zappos-passe-au-zero-management/#aDfS2iJzzk0Vakf8.99

5 Une société chinoise imprime en 3D dix Maisons en 24h00 ; http://www.atlantico.fr/decryptage/impression-3d-societe-chinoise-imprime-10-maisons-en-24-heures-1043538.html

6 Airbnb est valorisé 10 milliards de dollars en 2014. C’est plus que la capitalisation boursière des groupes Hyatt et Wyndham. Et à peine deux fois moins que le groupe Marriott, avec ses 150 000 employés et ses 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires

List of illustrations

Caption QR Code (Wikipedia) et Zones utiles du Code
URL http://books.openedition.org/pressesmines/docannexe/image/2371/img-1.jpg
File image/jpeg, 159k
Caption Tag passif (sans batterie) de type NFC fabriqué à Sophia Antipolis (ASK) avec la puce visible contenant l’Identifiant et l’antenne autour. La taille peut être celle d’une tête d’épingle
URL http://books.openedition.org/pressesmines/docannexe/image/2371/img-2.jpg
File image/jpeg, 61k
Caption Interview pour le Groupe La Poste en 2011 sur la mobiquité
URL http://books.openedition.org/pressesmines/docannexe/image/2371/img-3.jpg
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