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Nains sans géants

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Francesca Musiani

Conclusion. Quel avenir pour le P2P ?

Volltext

1Le P2P : une technologie aux principes de fonctionnement simples et à l’implémentation souple, controversée pour son rôle de « facilitatrice » d’infractions et délits, présage de libertés économiques et civiles… Dans cet ouvrage, j’ai cherché à faire ressortir les pratiques que cachent ces visions normatives, les aventures d’usagers et développeurs qui restent trop souvent discrètement dissimulées sous les étiquettes. En s’appuyant non seulement sur les trois cas présentés, mais également sur les développements plus récents, les pages qui suivent cherchent à tirer quelques conclusions sur l’avenir du P2P, en termes de sa viabilité économique, des rapports de force qui pourraient en limiter la diffusion, des opportunités et obstacles techniques, économiques, juridiques auquels le P2P semble faire face dans celle qui est de plus en plus souvent qualifiée d’« ère post-Snowden ».

2La communauté de developpeurs qui s’intéresse au mariage entre open source et P2P reste très active. Voilà, par exemple, que Raspberry Pi, le micro-ordinateur à 35 dollars lancé en février 2012 et adoré par les bricoleurs de l’Internet, s’associe récemment à arkOS, une version légère du système d’exploitation ArchLinux, en cours de développement au printemps 2014. L’objectif de son créateur, le jeune Jacob Cook ? Permettre à l’utilisateur lambda de créer son cloud personnel, pour stocker des données qui lui seraient accessibles de n’importe où, et sans devoir faire confiance à un centre de données lointain et de propriété de Dropbox ou de Microsoft. ArkOS ne doit pas servir à arrêter la surveillance, mais à rendre la surveillance massive plus compliquée à mettre en œuvre : les intrusions répétées de la NSA seraient rendues bien plus difficiles et coûteuses par une plateforme sécurisée et auto-hébergée, dotée de techniques d’encryptage fiables. Si Jacob Cook déclare que sa mission est de rendre l’hébergement d’un serveur aussi facile qu’utiliser un ordinateur portable ou un smartphone, il reconnaît lucidement le défi principal auquel un projet comme le sien doit faire face, défi qu’on a retrouvé fréquemment dans cet ouvrage : l’auto-hébergement et la mise en sécurité d’un service Internet décentralisé nécessitent, à ce jour, de temps et d’investissement, auquel l’utilisateur lambda n’a que très rarement envie de se consacrer.

3Il est difficile de persuader les utilisateurs à abandonner la commodité du cloud dans sa version centralisée : c’est ce qu’ont appris à leur dépens les quatre jeunes créateurs de Diaspora, un réseau social distribué annoncé en 2010 afin de contrer la domination centralisée de Facebook, et ayant pu bénéficier d’une couverture médiatique jusque là inédite pour une initiative de ce type, grâce à une modification particulièrement controversée à la politique de confidentialité de Facebook. De son côté, Eben Moglen, professeur de droit à la Columbia University fortement investi dans le logiciel libre (que les jeunes développeurs de Diaspora avaient cité en tant qu’inspirateur), propose la Freedom Box : un dispositif devant permettre à chaque utilisateur d’avoir la pleine maîtrise de ses données, hébergeant des fichiers, permettant une communication sécurisée, et se connectant à d’autres dispositifs similaires quand nécessaire. Mais en dépit des échos médiatiques et des campagnes de levées de fonds ayant plus que rempli leurs objectifs, aucun des deux projets ne dépasse le stade de prototype. Un mélange de problèmes personnels, nouveaux compétiteurs et lancement d’une version beta (trop) pleine de bugs amène le désarroi chez l’équipe Diaspora, tandis que la Freedom Box doit encore se matérialiser malgré la publication d’un logiciel appelé Privoxy et l’annonce, en mars 2014, d’une deuxième version beaucoup plus « mûre ».

4L’opportunité politique et sociale des dispositifs et services décentralisés n’a jamais été aussi évidente qu’avec l’affaire Snowden. Le vrai défi semble donc celui de rendre ces alternatives, aux yeux d’une masse importante d’utilisateurs, aussi sûres, confortables et séductrices qu’un compte Google. La réduction des barrières à l’entrée pourrait être utile, dans des domaines tels que la conception de l’interface utilisateur, les complexités techniques d’installation, et l’expérience utilisateur dans son ensemble. Un meilleur travail de sensibilisation de l’utilisateur à la valeur ajoutée de ce type de dispositif – l’auto-hébergement, le contrôle sur sa machine pour nombre de questions qui lui tiendraient à cœur, comme la protection de la vie privée et la maîtrise de ses contenus – serait aussi souhaitable.

5Les communautés de chercheurs et de développeurs foisonnent autour de questions de cryptologie, d’auto-hébergement, de logiciel libre associé à des logiques de réseautage peer-to-peer. Mais le message important véhiculé par les résultats de ces recherches et par ces start-up reste souvent dans les cercles techniques, caché sous le jargon. Des organisations comme Redecentralize. org – groupe activiste qui soutient, d’un point de vue logistique et économique, nombre de projets voulant rendre le Web plus décentralisé – se proposent aujourd’hui de dévoiler cette richesse d’initiatives et de porter l’innovation, la résistance des réseaux, les protocoles ouverts et la propriété des données au centre des discussions grand public, pour que l’Internet continue à rester libre, démocratique, et engageant. Les débuts des services P2P ont pu, par moments, être informés par la philosophie du « construisez-le, et ils viendront à vous ». Mais les étapes suivantes, si elles doivent exister, seront avec toute probabilité centrées sur la vente. La prise en main rapide, et la facilité d’usage, seront essentielles ; d’autres utilisateurs que… les développeurs eux-mêmes devront être en mesure de s’approprier, dans la pratique, les idées les plus novatrices, au risque qu’elles restent simplement des idées.

6Bien que celui-ci n’existât presque pas encore au moment où j’ai choisi les terrains qui informent cet ouvrage, plusieurs des projets P2P les plus récents sont inspirés par Bitcoin, monnaie électronique décentralisée créée par le/s mystérieux Satoshi Nakamoto. La technologie peer-to-peer utilisée par Bitcoin n’est pas nouvelle, et plusieurs commentateurs et analystes s’interrogent sur la conception de la monnaie que le système sous-tend, ou sa tendance à favoriser les spéculations. Cependant, ingénieurs et développeurs semblent s’accorder sur une chose : la mise en œuvre pratique du système est, en soi, une réalisation technique impressionnante. Les nœuds du réseau – c’est-à-dire, les machines des utilisateurs qui exécutent le logiciel Bitcoin sur leurs ordinateurs – contrôlent périodiquement l’intégrité des autres nœuds, pour s’assurer que personne ne dépense les mêmes bitcoins deux fois. Toutes les transactions sont publiées dans un annuaire partagé, appelé « chaîne de blocs », et vérifiées par les « mineurs », usagers qui mettent à disposition du système une partie plus importante de leurs ressources de calcul en échange de la production de nouveaux bitcoins.

7En démontrant que, dans certains contextes, les utilisateurs préfèrent donner leur confiance aux créateurs d’algorithmes plutôt qu’aux administrateurs politiques et financiers, la conception et le traitement de l’argent mis à l’œuvre dans Bitcoin pourraient ouvrir la voie à des traitements novateurs d’autres types de données et de contenus. Si le système est actuellement en train de révéler, en dépit de ses objectifs affichés, nombre de points de concentration et d’intermédiation (on se demande notamment si le statut de mineur n’entraîne pas un contrôle excessif sur l’ensemble du système), son « élégance technique » a amené plusieurs développeurs à essayer d’importer vers d’autres applications les dynamiques de décentralisation et d’anonymisation qui le caractérisent.

8Bitmessage, par exemple, est un système email alternatif qui peut être considéré comme le « Bitcoin des communications électroniques ». Au lieu d’interagir avec un serveur central, Bitmessage distribue ses messages au moyen d’un réseau de pairs qui exécutent le logiciel Bitmessage. Les « adresses email » sont, dans Bitmessage, des séquences cryptographiques qui encryptent automatiquement les contenus d’un message : ce qui signifie que, bien que plusieurs nœuds dans le réseau participent, de par la mise à disposition de leurs ressources, à stocker le message et le faire parvenir à son destinataire, seulement celui-ci peut effectivement le déchiffrer. Une autre option de ce logiciel, qui rappelle les « remailers » anonymes crées par le mouvement cypherpunk des années 90, rend opaque l’identité de l’expéditeur en créant une adresse alternative qui envoie le message de sa part.

9Des projets d’alternative décentralisée au système de noms de domaine de l’Internet, ou DNS (pour l’anglais Domain Name System) font aussi régulièrement leur apparition. Le DNS est l’« annuaire téléphonique » de l’Internet, la composante essentielle de son infrastructure qui traduit les adresses IP numériques, associées à tout ordinateur connecté à l’Internet, en noms de domaine alphanumériques plus facilement reconnaissables et traitables par l’utilisateur. Il s’agit d’un système à la fois hiérarchique et distribué, comme l’a montré le deuxième chapitre de cet ouvrage ; notamment, des points d’autorité centraux sont représentés par les registrars des domaines, qui vendent les adresses Web aux propriétaires de sites, et surtout par l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) qui gère la distribution des domaines. Il s’agit d’une infrastructure qui, par acte délibéré ou par erreur, comporte la possibilité de retraits de sites à large échelle : le département de justice américain en a fait la preuve lorsque, en 2010, une tentative de saisine de dix sites soupçonnés d’avoir hébergé de la pédo-pornographie a donné lieu à un arrêt accidentel de 84,000 sites web, coupables du seul fait de partager le domaine mooo. com avec les dix sites en question98 .

10Parmi les projets de replacement decentralisé du DNS figurent P2P-DNS, proposé par l’ex-fondateur de The Pirate Bay, Peter Sunde, ou plus récemment Namecoin, un système peer-to-peer quasi-identique à Bitcoin dans son architecture, qui au lieu de registraires centralisés, utilise des « jetons » encryptés similaires aux bitcoins pour authentifier la propriété de domaines de type. bit. En théorie, les propriétaires respectifs ont la complète maîtrise de ces noms de domaine, qui ne peuvent être saisis par des criminels ou bloqués par des gouvernements.

11Enfin, certaines « histoires à succès » de la décentralisation continuent à prospérer… avec quelques caveats. C’est le cas de Tor, « The Onion Router », réseau décentralisé à l’échelle mondiale composé de routeurs organisés en couches, qui transmettent de manière anonyme des flux TCP pouvant ainsi rendre anonymes les échanges Internet fondés sur ce protocole. L’affaire Snowden est suivie par des tentatives de rendre la prise en main de Tor plus facile et immédiate pour le public : à l’automne 2013, la firme Pogoplug annonce la sortie de Safeplug, une « boîte à 49 dollars » censée sécuriser la connexion Internet des utilisateurs via un Tor plug-and-play. Mais comme l’a révélé le Guardian à l’été 2014, Tor n’est pas sans avoir une face cachée : on apprend que la NSA s’en est servie pour des tentatives de surveillance et d’identification des utilisateurs, via une faille dans le navigateur Web Firefox. Bien que le mécanisme fondamental assurant la sécurité du réseau et son protocole ne soient apparemment pas affectés, la controverse autour de Tor re-pose la question de l’anonymat sur les réseaux, et celle des « points de passage obligés » auxquels même la plupart des réseaux dits décentralisés n’échappent pas [Ball, Schneier & Greenwald, 2013].

12Comment ces projets et start-ups, s’appuyant sur la décentralisation, peuvent-ils envisager des modèles économiques viables ? Les trois cas que cet ouvrage a analysés en détail ne fournissent pas de réponse évidente. Drizzle, en particulier, semble être le symbole de l’incompatibilité de fond entre économie marchande et P2P, puisque ses développeurs se sont tournés vers des architectures centralisées lorsque, en septembre 2012, il a fallu rendre le service rapidement profitable. La réaction des utilisateurs à ce retour à la centralisation – la désertion en masse, déçus, et le départ d’un service qui était désormais « pareil à tous les autres » – ouvre d’autres questions intéressantes, mais ne donne pas de réponse satisfaisante à la question initiale.

13Une option prometteuse est actuellement explorée par la start-up écossaise de cloud décentralisé MaidSafe99 , qui propose une plateforme destinée à servir de base commune à d’autres services : elle permettrait d’amorcer, sans complexités techniques excessives, des solutions ad hoc. Quand un produit développé sur cette plateforme deviendrait profitable, un pourcentage de ce profit reviendrait à MaidSafe (sur le modèle de l’AppStore). L’espoir des développeurs MaidSafe, peut-on penser, est qu’une demande croissante de privacy de la part des utilisateurs, associée à un impératif commercial de vitesse et d’efficacité, va générer une forte demande de licences, qui rendront l’entreprise profitable à moyen terme. Mais, comme dans de nombreuses autres occasions, MaidSafe semble finir par mettre au deuxième plan la question du modèle économique au profit d’une « vision » de l’Internet en tant qu’écosystème plus sûr et efficace, soutenue par l’idée que l’infrastructure pour mettre en œuvre cette vision existe déjà. La question des modèles économiques du P2P reste ouverte, et par conséquent, on continue à s’interroger sur les manières dont les services décentralisés peuvent assurer la qualité de service dans la phase d’amorçage – c’est-à-dire, le moment où une masse critique d’utilisateurs (et leurs équipements informatiques) leur est particulièrement nécessaire afin d’assurer non seulement le bon fonctionnement, mais l’existence même du service.

14Si l’architecture P2P de ces projets ouvre la voie à de possibles améliorations de la protection de la vie privée et de la sécurité, leur défi principal reste de se confronter au « reste du monde » : à l’heure actuelle, ils existent encore largement à côté (et dans l’ombre) des protocoles et standards les plus utilisés, ce qui rend beaucoup plus difficile, en amont, toute possibilité d’adoption et diffusion à large échelle. En revanche, à l’aune des révélations Snowden, la transition vers un Internet qui repose de façon plus importante sur des technologies P2P et décentralisées pourrait bien séduire, en tant que moyen technique de défense contre les attaques d’acteurs malveillants – qu’il s’agisse de criminels ou d’agences de renseignement. Après être restées de longues années dans l’ombre (à l’exception des applications de partage de fichiers), les technologies décentralisées ont été placées sous les feux des projecteurs, en tant qu’instrument de protection de la vie privée, par les révélations Snowden. Dans un futur qu’on espère proche, il appartiendra aux ingénieurs et à l’écosystème d’institutions, utilisateurs, intermédiaires économiques qui les entoure, de rapprocher ces technologies du grand public, de les faire connaître, de les rendre viables.

OUVERTURE : VERS DE NOUVELLES FRONTIÈRES POUR LA GOUVERNANCE DE L’INTERNET ?

15Cet ouvrage a pu en donner un premier aperçu : on reproche souvent au champ d’étude portant l’étiquette « gouvernance de l’Internet » de réunir des sujets et des concepts qui paraissent souvent trop vastes ou trop vagues – et au pire, non ou peu pertinents. Ces critiques ne préjugent certainement pas de la validité d’un champ d’études qui non seulement est en train de se construire, mais s’intéresse à un objet particulièrement dynamique [Brousseau & Marzouki, 2012] ; toutefois, force est de constater que la littérature spécialisée dans le domaine de la gouvernance de l’Internet tend souvent à se concentrer exclusivement sur un nombre limité d’institutions internationales impliquées dans d’intenses discussions et débats sur la gouvernance globale de l’Internet. La qualification de « gouvernance de l’Internet » ne s’applique normalement pas à l’étude d’un grand nombre d’activités et pratiques, sur et par moyen de l’Internet, qui jouent pourtant un rôle de premier plan dans le formatage et la régulation du « réseau des réseaux » [van Eeten, 2009].

16Les approches STS, comme celles adoptées dans cet ouvrage, peuvent aider dans ce contexte à se désengager d’une conception de l’Internet comme espace identifiable a priori, étranger aux forces institutionnelles de la « réalité » hors ligne, ou au contraire, entièrement retranché derrière les espaces codifiés de la politique traditionnelle [Cheniti, 2009]. Ces approches permettent de mettre l’accent sur les mécanismes qui amènent les différents participants à la gestion technique, politique et économique de l’Internet à construire des connaissances communes, reconnaître certaines d’entre elles (et pas d’autres) comme « faits » de l’Internet, tracer des limites qui puissent réconcilier les préoccupations des experts et des usagers.

17Cet ouvrage souhaite contribuer à l’ouverture de directions nouvelles, ou peu explorées, dans l’étude de la gouvernance de l’Internet. Une étude qui aborde la gouvernance de l’Internet « telle qu’elle se fait », celle qui, au sens de Michel Callon et Bruno Latour [e. g. 1990], agit, produit et s’organise ; une étude, aussi, qui ouvre l’enquête empirique à des lieux et des dispositifs « autres », souvent ignorés ou négligés par une communauté qui se focalise généralement sur un nombre réduit d’institutions politiques internationales et supra-nationales. Ce travail est un possible prélude à une ré-conceptualisation pragmatique du domaine « gouvernance de l’Internet », en tant que champ d’étude qui puisse englober avec plus de précision les procédures, dynamiques, actants et acteurs clé pour l’évolution et la mise en forme technique, économique et politique de l’Internet.

18Acteurs clé, bien que souvent « rélégués » aux études des usages, sont bien les utilisateurs de l’Internet qui, dans les modèles d’architecture alternative analysés dans cet ouvrage, font confiance au reste du réseau pour gérer une portion de leurs ressources logicielles et matérielles, et dépendent des autres utilisateurs et de leurs ordinateurs pour la gestion des informations, des communications, des transactions. Les questions que ces usages suscitent sont pourtant des questions de gouvernance : si les utilisateurs sont habitués à avoir confiance dans un serveur DNS classique, ou dans une banque centrale, pour leur indiquer la bonne direction quand ils veulent accéder à un site web ou pour légitimer la valeur de leur monnaie d’échange, qu’est-ce qui change quand ils doivent faire de même avec un ordinateur domestique parmi d’autres ? Sur quelles valeurs sera conçu et implémenté un réseau où les usagers accepteront de transformer leur équipement informatique en une partie de l’« annuaire téléphonique » de l’Internet, ou en un générateur d’argent virtuel, pour le bien commun d’un réseau alternatif global ? Les acteurs politiques de la gouvernance globale de l’Internet sont-ils capables de prendre en compte ces projets d’Internet alternatif et leur « potentiel de changement perturbateur et de surprise » [Rejeski, 2003] ?

  • 100 Les travaux conduits récemment par l’université technique de Delft et la Next Generation Infrastru (...)

19À la fois pour son approche méthodologique et pour ses objets d’étude, cet ouvrage a commencé à proposer des pistes pour répondre à ces questions. Si la diversité et la multiplicité des enjeux abordés ici ont écarté ce travail de la voie de la spécialisation – ce qu’on n’hésite pas à reconnaître comme une de ses limites – on espère avoir contribué de manière originale à l’exploration de cette multitude de systèmes naissants qui – axés sur l’utilisateur et sur l’auto-organisation, principalement caractérisés par un développement et un système de contrôle décentralisés – proposent des alternatives aux infrastructures centralisées dominantes aujourd’hui100, sans pour autant exclure toute hiérarchie. Tel est, probablement, l’un des principaux apports de cet ouvrage : avoir montré comment le P2P repartit autrement la responsabilité entre les nains et les géants du réseau, tout en montrant les limites d’une partition trop nette entre le top-down et le bottomup, les serveurs et les clients – le centre et la périphérie.

Anmerkungen

98 TorrentFreak, « U.S. Government Shuts Down 84,000 Websites, “By Mistake” »,http://torrentfreak.com/u-s-government-shuts-down-84000-websites-by-mistake-110216/

99 http://maidsafe.net/

100 Les travaux conduits récemment par l’université technique de Delft et la Next Generation Infrastructures Foundation ont amené à définir ces systèmes en termes de « inverse infrastructures » [Egyedi et al., 2009 ; Egyedi & Mehos, 2012].

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