Où va le travail à l’ère du numérique ?
| ,Première partie. S’associer au travail à l’ère du numérique
Chapitre I-3. L’organisation syndicale : du communautaire vers le réticulaire
Texte intégral
- 1 Nous utiliserons l’expression « organisation syndicale » pour désigner les différentes structures (...)
- 2 A travers ce travail, nous considèrerons qu’une organisation est une entité collective poursuivant (...)
1Les usages des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) ont fait l’objet de nombreuses recherches. La plupart s’intéressent à leur développement au sein des entreprises mais peu au sein d’autres types d’organisation tels que les organisations syndicales1. Pourtant, elles n’échappent pas à ces évolutions. Certains travaux ont étudié l’impact de l’utilisation des TIC sur le fonctionnement et la gestion des syndicats. Qu’il s’agisse de l’étude de l’impact des TIC sur l’efficacité des syndicats [Fiorito et al., 2002], sur la décentralisation de la prise de décision en leur sein ([Fiorito et al., 2000a et 2000b] ; [Greer, 2002]) ou sur l’existence d’un syndicalisme d’opposition [Biétry, 2005], de l’enjeu stratégique de ces technologies ([Fiorito et Bass, 2002] ; [Shostak, 1999 et 2002]), de leur capacité à favoriser la diffusion de l’information ([Diamond et Freeman, 2002] ; [Lucore, 2002] ; [Carmagnat, 2005]) et à mobiliser [Pierson, 2001 et 2004], toutes ces recherches ont mis en évidence les évolutions engendrées par l’introduction des TIC. Pourtant, elles accordent peu d’attention aux impacts de l’internet, de l’Intranet ou des messageries électroniques sur le fonctionnement des organisations syndicales en tant que collectif2.
2Nous proposons de décrire les changements engendrés par l’introduction des TIC sur les manières de s’associer au sein d’une organisation syndicale. À partir de la typologie des collectifs exposée dans le chapitre 1, nous montrerons dans un premier temps qu’une organisation syndicale a les traits des collectifs sociétaire et communautaire (1). Nous nous interrogerons dans un second temps sur l’impact de l’utilisation des TIC sur le collectif et mettrons en lumière l’émergence d’un fonctionnement réticulaire (2).
MÉTHODOLOGIE
3Nous avons mené des investigations de terrain dans les différentes structures présentes dans une organisation syndicale : la Confédération, trois Fédérations professionnelles, une Union Interprofessionnelle régionale et trois Syndicats professionnels au sein de cette même région. Afin d’apprécier l’impact des TIC sur le collectif que représente cette organisation syndicale, plusieurs méthodes d’observation ont été mobilisées.
41) Des entretiens : nous avons réalisé 25 entretiens semi-directifs auprès de différentes catégories d’acteurs pertinentes au regard de la question de recherche. L’échantillon interrogé comprend des membres de chacun des niveaux organisationnels : secrétaires généraux et membres des organes de décision de différents Syndicats et Fédérations professionnelles correspondantes, d’une Union locale interprofessionnelle (au niveau régional et départemental). Au niveau de la Confédération, nous avons rencontré plusieurs acteurs chargés du développement et de la mise en place des TIC d’un point de vue technique mais aussi stratégique. Nous avons ainsi interrogé des militants, des responsables et des élus. Grâce à ces entretiens, nous avons pu saisir les enjeux organisationnels et stratégiques des TIC au sein de cette organisation syndicale. Chacun de ces entretiens a duré entre une heure et une heure et demie. La grille d’entretien utilisée comportait deux parties : l’une avait pour objet de déceler les caractéristiques essentielles de l’organisation syndicale en nous basant sur la grille représentant les quatre idéaltypes de collectifs (liens et relations, sens du collectif, normes et valeurs, structure du collectif, relation et positionnement aux autres collectifs). L’autre était destinée à évaluer l’impact des TIC sur chacune des caractéristiques du collectif.
52) Des observations non participantes : nos visites au sein des entités étudiées nous ont parfois donné l’occasion de réaliser des observations non participantes. Nous avons pu ainsi observer certains paramètres relatifs au collectif, en particulier la nature et la forme des relations prenant place entre les acteurs ainsi que les normes et valeurs de l’entité observée (par exemple, l’union régionale ou encore les Syndicats qui ont fait l’objet de notre étude).
63) Une analyse documentaire : de nombreux documents internes ont pu être collectés lors de nos investigations : revues, journaux, brochures, tracts… Les sites internet de certaines des entités observées (en particulier au niveau confédéral et des Fédérations) fournissent également des indications intéressantes sur leur fonctionnement organisationnel (structure, prise de décision…) ainsi que sur les TIC et leur utilisation. Ces différents documents collectés nous ont permis de compléter voire de croiser les informations obtenues grâce aux entretiens ou observations réalisés.
1. UN COLLECTIF SOCIÉTAIRE ET COMMUNAUTAIRE
7Les spécificités du collectif qu’est cette organisation résultent de la nature du lien qui existe entre ses membres (1.1) et de son fonctionnement (1.2). Ainsi, elle a les traits des collectifs sociétaire et communautaire (1.3).
1. 1 La nature du lien au sein d’une organisation syndicale
- 3 Pour Durkheim « Les seuls groupements qui aient une certaine permanence sont ce qu’on appelle aujo (...)
8La littérature relative au rôle joué par les organisations syndicales montre que celui-ci est complexe. Si pour Durkheim [Durkheim, 1930], les syndicats3 étaient les seuls groupements dotés d’une permanence et susceptibles de créer des solidarités à même d’intégrer et de guider les individus, une analyse de certains travaux montre que le rôle d’une organisation syndicale peut être analysé de manières diverses : sous l’angle de son rôle économique ou politique, source d’un lien social ou organisationnel.
9Pour les Webb [Webb et Webb, 1894], le syndicat est une association permanente de salariés dans le but de maintenir ou d’améliorer leurs conditions d’emploi. La négociation collective est son mode d’action privilégié. Elle lui permet de participer à la création de règles communes destinées à réaliser un contrôle direct du marchandage sur le marché du travail, grâce à la détermination du salaire minimum et à l’uniformisation des conditions de travail. Les Webb considèrent ainsi qu’une organisation syndicale est avant tout un agent économique. Cette conception a été critiquée par de nombreux auteurs. Pour A. Flanders [Flanders, 1968], les syndicats ne vendent pas le travail des ouvriers. La négociation collective n’engage personne à vendre ou à acheter du travail et n’est donc pas un marchandage collectif. Elle est l’expression d’une relation de pouvoir entre des organisations. La controverse qui a pris place entre J. T. Dunlop [Dunlop, 1950] et A. Ross [Ross, 1948] montre également qu’une organisation syndicale peut être considérée comme un agent économique ou politique.
10Pour Dunlop, le syndicat défend les intérêts purement économiques de ses membres. Pour Ross, il est avant tout un agent politique qui opère dans un environnement économique, puisque l’action d’un syndicat traduit l’existence d’enjeux de pouvoir, le processus de prise de décision interne à une organisation syndicale étant l’expression de relations de pouvoir. En outre, les travaux de J.-D. Reynaud montrent que les organisations syndicales peuvent contribuer à l’élaboration d’une régulation conjointe [Reynaud, 1988 a et b] et leur permettre ainsi de jouer un rôle important en Sciences de gestion [Pierson, 2005].
11Certains auteurs ont plus particulièrement insisté sur la nature du lien présent entre leurs membres. À travers une analyse des raisons de l’adhésion, P.-J. Benghozi [Benghozi, 1998] lui reconnaît une double nature. Elle traduit l’existence d’un lien social et d’un lien organisationnel. Le lien social est basé sur l’écoute et le sentiment de solidarité. Il est d’ordre fusionnel et correspond au sentiment de partager des valeurs communes. L’adhésion suppose d’adhérer à une culture, à des idées ou à des croyances. Elle « constitue ainsi un groupe social, structuré qui représente pour ses membres une culture commune, des valeurs à défendre, des modèles dont ils s’inspirent, une communauté à laquelle ils adhèrent » ([Benghozi, 1998], p. 54). Une organisation syndicale est également porteuse d’un lien organisationnel puisqu’elle propose, négocie, offre des « produits »… L’adhésion à ce type d’organisation traduit donc l’existence d’un lien plus réfléchi et intéressé renvoyant « à des relations contractuelles, motivées, formelles et fonctionnelles porteuses, à ce titre, d’organisation » (ibid., p. 52). Mais selon cet auteur, il n’y a pas de coupure entre le monde des valeurs et le monde de l’économie et de l’organisation. C’est grâce à l’existence de valeurs partagées (et pas seulement à l’application de règles ou de procédures) que cette coordination prend place. Cet auteur rejoint ici les travaux de C. Offe et H. Wiesenthal [Offe et Wiesenthal, 1985], selon lesquels la mobilisation des adhérents et militants grâce à un projet politique commun et un système de valeurs permet de résoudre les difficultés liées à l’apparition de revendications contradictoires risquant d’entraîner des dysfonctionnements organisationnels.
- 4 Depuis l’arrêté du 31 mars 1966, la CGT, la CFDT, la CGT-FO, la CFTC et la CGC bénéficient d’une p (...)
12La complexité des liens et de leur nature au sein d’une organisation syndicale est accrue par la variété des types d’implication qui peuvent y prendre place. J. Rojot [Rojot, 1977] constate que l’influence d’un syndicat s’étend au-delà de ses adhérents-cotisants. Il distingue les militants syndicaux (qui ont une activité de recrutement ou encore d’organisation des réunions), les sympathisants (adhérents porteurs d’une carte et payant leurs cotisations régulièrement ou irrégulièrement, travailleurs ayant un jour acheté une carte et ne l’ayant jamais renouvelée, non-adhérents mais considérant que les syndicats défendent leurs intérêts collectifs) et les indifférents ou hostiles. Cette dernière catégorie est particulièrement importante en France dans la mesure où le statut de salarié permet de bénéficier des actions d’une organisation syndicale sans avoir besoin d’en être membre. Un accord collectif, conclu au niveau de l’entreprise par une organisation syndicale représentative4, s’applique à l’ensemble des salariés de l’entreprise qu’ils soient membres ou non de l’organisation syndicale signataire.
13Ainsi, la nature du lien au sein d’une organisation syndicale est complexe. Cette complexité est également due à son fonctionnement organisationnel et plus particulièrement à son caractère fédéraliste.
1.2 Le fonctionnement organisationnel
14L’organisation syndicale laisse apparaître une grande importance accordée aux règles et aux procédures définies dans les statuts. Son fonctionnement est qualifié de « fédéraliste » dans la mesure où l’organisation est le résultat d’une articulation entre différentes structures. Comme le montre le Schéma 1 (page suivante), l’organisation syndicale comprend une Confédération, des Fédérations de branche (services, santé, métallurgie…), des Unions interprofessionnelles (départementales, régionales) et des Syndicats professionnels (qui regroupent les sections syndicales d’un secteur géographique et professionnel). Dés lors qu’il est affilié à la Confédération, le Syndicat est le fondement de l’organisation et l’interlocuteur direct des adhérents. D’une part, il nomme la délégation syndicale au sein de la section syndicale d’entreprise. D’autre part, chaque Syndicat désigne une délégation au sein de l’Union interprofessionnelle et de la Fédération (qui correspond à sa branche professionnelle) et participe de plein droit à leurs congrès ainsi qu’à ceux de la Confédération. Enfin, les Unions interprofessionnelles et les Fédérations désignent leurs représentants aux instances dirigeantes de la Confédération. L’organisation syndicale ne fonctionne donc pas sur un mode hiérarchique de haut en bas, mais plutôt de bas en haut, le Syndicat jouant un rôle central.
15Chaque structure dispose d’une autonomie et d’organes de décision à son niveau mais est tenue de respecter les statuts et les orientations définis par la Confédération. Un principe de non-ingérence entraîne que chaque structure ne peut pas s’immiscer dans les affaires d’une structure voisine. En outre, chaque structure accepte de remettre une part de sa souveraineté aux instances fédératives pour tous les domaines qui ne sont pas de sa compétence directe et / ou qui dépassent son champ d’activité.
- 5 Ces signes sont destinés à préserver l’anonymat de cette organisation syndicale.
- 6 Les extraits des discours des personnes interrogées figurent entre guillemets et en italique.
16L’organisation syndicale privilégie le débat à tous les niveaux : « Le système de fonctionnement de ***5 émane du débat collectif »6. Certaines personnes interrogées ont même parlé de « culture du débat ». Ainsi, à côté du fonctionnement formel basé sur les règles issues des statuts et déterminant les liens entre les différentes structures, il existe un fonctionnement informel très riche du fait de l’existence de débats à tous les niveaux. Enfin, les membres interrogés semblent être attachés au mode de fonctionnement fédéraliste ainsi qu’à cette culture du débat. En effet, chaque entretien a montré que ces deux éléments constituaient des référents importants pour les acteurs.
17Après avoir étudié la nature du lien et le fonctionnement de l’organisation syndicale, il est temps de caractériser celle-ci à partir de la grille des collectifs types. Elle semble avoir les traits des collectifs sociétaire et communautaire.
1.3 Un collectif sociétaire et communautaire
18Nos développements précédents et nos investigations de terrain doivent nous permettre de déterminer le type de collectif auquel correspond cette organisation syndicale. Nous reprendrons chacune des caractéristiques du collectif afin de les rapporter au cas étudié.
19Liens et relations
- 7 Dans l’une des Fédérations étudiées, la plupart des acteurs sont salariés.
20Type de relation entre les membres : nous constatons ici l’existence d’un lien social et d’un lien organisationnel [Benghozi, 1998] qui donnent à cette organisation des traits des collectifs sociétaires et communautaires. Quant au lien social, le discours des acteurs montre qu’il y a un partage de valeurs communes (le débat, la démocratie, le fédéralisme…) et de moyens (en l’espèce, les locaux sont communs entre les différents Syndicats et il y a mise en commun de moyens tels que des salles de réunion…). Quant au lien organisationnel, le fonctionnement est basé sur le militantisme bien que cela dépende du type d’implication [Rojot, 1977]. Le bénévolat joue un rôle très important mais les différentes structures sont également composées de salariés dont le nombre peut-être important7. En outre, le fonctionnement fédéraliste entraîne une nature politique des relations qui peuvent être basées sur le pouvoir et l’accession à certains niveaux de responsabilité par la désignation ou l’élection.
21Niveau d’engagement exigé des membres : il est important pour les militants syndicaux (lorsqu’il s’agit de participer à l’atteinte des objectifs de l’organisation) mais moindre pour les sympathisants [Rojot, 1977]. Le collectif a donc trait au sociétaire et est nettement lié aux objectifs à atteindre. Il a peu trait au communautaire même si les valeurs étant fortes, on pourrait s’attendre à ce que la pression vers la norme soit forte. En réalité, nous ne l’avons pas constaté à l’occasion de nos investigations de terrain.
- 8 La théorie du « free rider » (ou passager clandestin) d’Olson [Olson, 1965] est célèbre : pourquoi (...)
- 9 Par exemple, l’une des personnes interrogées a déclaré : « Les adhérents deviennent plus exigeants (...)
22Intérêt individuel de participer au collectif : les raisons pour lesquelles il y a participation à une organisation syndicale sont variées. La littérature est partagée sur ce point. Par exemple, l’adhésion peut reposer sur un mécanisme d’appartenance à un groupe et sur des relations interpersonnelles [Benghozi, 1998] ou être le résultat d’un calcul individuel destiné à évaluer les coûts et les bénéfices d’une adhésion [Olson, 1965]8. Nos investigations de terrain ne nous permettent pas de répondre à cette question. L’intérêt à participer peut donc être dû à des intérêts individuels (ou communs) ou à l’adhésion à des valeurs communes. À nouveau, le collectif a ici des traits sociétaires et communautaires. Néanmoins, les acteurs interrogés ont insisté sur l’évolution des comportements des adhérents et sur le développement d’un certain « clientélisme »9.
23Sentiment d’appartenance : il est fort. Les personnes interrogées ont semblé éprouver un fort sentiment d’appartenance avec une adhésion aux valeurs et aux objectifs de l’organisation. Il semble être dû au partage de valeurs communes qui ont souvent été mises en avant : « Il y a un respect des règles philosophiques et une adhésion aux valeurs de l’organisation ».
24Sens du collectif
25Mode de constitution du collectif : la naissance de l’organisation syndicale étudiée est le résultat d’une scission. Il s’agit d’un collectif auto-institué par la décision de certains acteurs de s’associer pour poursuivre des valeurs et des objectifs organisationnels différents. Il a donc des traits communautaires et sociétaires.
26Finalités du collectif : il ne s’agit pas ici de la reproduction d’une communauté mais plutôt de l’atteinte des objectifs de l’organisation. Ceux-ci sont quand même imprégnés par les valeurs de l’organisation (fédéralisme, démocratie, culture du débat) mais le positionnement est clairement organisationnel (construction d’une organisation majoritaire, « être un outil syndical efficace qui crée les conditions du rapport de force pour construire les avancées »…).
27Normes et valeurs
28Degré de formalisation des normes de fonctionnement du collectif : le fédéralisme nécessite que les procédures de prise de décision et de désignation soient formalisées. Les acteurs se réfèrent souvent à ces procédures et en particulier aux statuts. Par exemple, à propos d’une initiative prise par un acteur de construire un site internet, l’une des personnes interrogées a déclaré : « Cela pose un problème : quand c’est une affaire collective, il faut en discuter en Bureau et en Conseil ». Néanmoins, de nombreuses personnes ont insisté sur le fait que la culture syndicale est une culture orale. Elle favorise l’existence d’un fonctionnement informel et de beaucoup d’entraide (par exemple dans le cadre de l’utilisation des TIC).
29Mode de régulation des conflits : la formalisation des règles de fonctionnement et la légitimité que les acteurs leur accordent assurent une régulation formelle des conflits. Mais l’existence d’une vie informelle riche due à une forte implication des militants entraîne que la résolution des conflits est aussi très largement informelle.
30Structure du collectif
31Durée d’existence du collectif : il s’agit d’un collectif communautaire car une organisation syndicale n’est pas à durée déterminée. Elle peut disparaître ou faire l’objet d’une scission mais sa durée d’existence est longue et indéterminée.
32Critères de fermeture et d’exclusion : les règles de désignation, de fin de mandat ou d’intégration varient selon le niveau d’implication (militants, sympathisants…). Par exemple, pour bénéficier des actions d’une organisation syndicale représentative (cas étudié ici), il faut être salarié (titulaire d’un contrat de travail). Les critères de fermeture et d’exclusion sont importants sauf pour les sympathisants.
33Présence / distance : le fonctionnement du collectif est basé sur le débat. Une présence minimale et régulière est donc indispensable. Là encore, cela varie selon le niveau d’implication (la présence est plus importante pour les militants que pour les sympathisants).
34Composition : l’existence de différents niveaux d’implication au sein de l’organisation pourrait conduire à une certaine hétérogénéité. En réalité, les valeurs fortes et partagées permettent une homogénéité. On peut également constater une certaine stabilité des membres des organes de décision des différentes structures (Confédération, Fédérations…).
35Relation / positionnement aux autres collectifs
36Le fonctionnement organisationnel basé sur le fédéralisme conduit à une indépendance des différentes structures puisque chacune dispose d’organes de décision qui lui sont propres.
37Par ailleurs, l’existence de règles et de procédures relatives à la composition ou au fonctionnement de ces organes est source de dépendance politique. En effet, la Confédération dépend de ce point de vue des Fédérations professionnelles, des Unions interprofessionnelles et surtout des Syndicats (quant aux membres qui participent à la prise de décision et aux choix stratégiques). Néanmoins, il existe une certaine dépendance financière des Syndicats à l’égard des niveaux supérieurs, en particulier de la Confédération. La mise en place des TIC qui constitue un coût certain, est un exemple significatif de ce phénomène. Le Syndicat, quant à lui, collecte les cotisations de ses adhérents et les transmet à un service central de perception (au niveau confédéral) qui est ensuite chargé de les répartir dans chaque structure proportionnellement selon des règles adoptées par le Congrès confédéral. Du fait de ces différentes dépendances (politique et financière), il est donc possible de parler d’interdépendance.
38Le Tableau 1 (page suivante) suivant permet de visualiser les caractéristiques essentielles de l’organisation syndicale à partir de la grille de typologie des collectifs. Elle a donc les traits du collectif sociétaire et du collectif communautaire.
39Quel peut-être l’impact de l’utilisation des TIC sur les caractéristiques de ce collectif ? C’est ce qu’il convient maintenant de déterminer.
2. L’IMPACT DES TIC : VERS UN COLLECTIF RÉTICULAIRE ?
40Afin d’évaluer cet impact, nous analyserons tout d’abord la politique de l’organisation syndicale en matière de TIC (2.1) puis nous décrirons les transformations du collectif dues à l’introduction de ces technologies (2.2).
2.1 La politique de l’organisation syndicale en matière de TIC
41Chaque structure disposant de sa propre autonomie de décision, il convient de décrire la politique menée par chacune : la Confédération, les Fédérations et les Unions interprofessionnelles et enfin les Syndicats.
- 10 Plus généralement, cette Charte définit les principes relatifs à la collecte et au traitement des (...)
42Au niveau confédéral, deux outils ont été mis en place et développés. Pour le grand public et les adhérents, un site internet a été construit en 1997 et refondu en 2004. Aujourd’hui, il contient 8 000 pages et a été visité 2 millions de fois en 2003 (à peu près autant en 2004). Le site est mis à jour 24h / 24h, 7 jours sur 7. Il comprend trois parties : l’actualité, la pratique (des internautes posent des questions par mails) et l’action (campagne de tracts, mobilisation, manifestations). Pour les militants qui exercent des responsabilités au sein de la Confédération mais aussi des Fédérations, des Unions interprofessionnelles et des Syndicats, un Intranet leur est réservé. Il s’agit d’un portail sécurisé avec accès individuel grâce à un code d’accès. Les personnes se connectent directement au fichier central par l’intermédiaire d’un portail de connexion dans lequel figurent des outils de gestion du contenu. Un responsable peut avoir jusqu’à sept rattachements possibles. Le système place le responsable au centre du dispositif : il a accès aux informations en fonction de sa responsabilité puis les diffuse à une liste type qui ensuite les rediffuse à d’autres. Selon une personne interrogée au niveau de la Confédération, cela permet « de rationaliser l’information c’est-à-dire de la simplifier ». L’ouverture de l’Intranet plus largement aux militants est actuellement discutée au sein de l’organisation syndicale. Selon certaines personnes interrogées, cela risquerait de remettre en cause le fonctionnement fédéraliste car la confédération s’adresserait directement aux militants sans passer par les Unions interprofessionnelles, les Fédérations Professionnelles et les Syndicats. Enfin, l’Intranet favorise la transmission par les Syndicats des cotisations des adhérents au niveau confédéral. À ce sujet, une Charte financière et informatique dont les dispositions ont été adoptées par le Congrès confédéral, précise les règles relatives à la transmission des cotisations auprès du service central de perception10.
- 11 Selon les personnes interrogées, cette Fédération est la seule (au sein de l’organisation syndical (...)
43Les Fédérations professionnelles peuvent jouer un rôle essentiel dans le développement des TIC. L’une d’entre elles a mis en place un site internet type11 : le cadre visuel est construit au niveau de la Fédération, les Syndicats se contentant de saisir des informations destinées à leurs adhérents. Grâce à un code les Syndicats ont accès à des pages de modification d’informations (par exemple, les actualités). Les documents locaux sont donc mis en ligne sur le site du Syndicat à partir d’un cadre construit par la Fédération et ainsi commun à l’ensemble des Syndicats de la branche professionnelle. Néanmoins, certains syndicats ne suivent pas la même procédure et choisissent de construire eux-mêmes leur site sans utiliser le cadre construit par la Fédération. L’informaticienne à l’origine de la construction de ce système assure également la formation des militants dont le rôle est de saisir les données au niveau local. Elle se déplace donc à travers la France afin de diffuser ce cadre commun aux Syndicats de la branche qui souhaitent en bénéficier.
- 12 Cette utilisation est d’ailleurs très développée dans toutes les structures que nous avons observé (...)
44Au niveau de l’Union Interprofessionnelle, un site expérimental a été créé. Il s’agit essentiellement d’un site d’information destiné au grand public : actualité, lien vers certains sites d’information régionaux (tels que des quotidiens), coordonnées des Syndicats de la région… Il n’est pas raccordé au portail confédéral mais ceci est en projet. Par ailleurs, la messagerie électronique est très utilisée12. Les deux secrétaires de cette Union régionale envoient les propositions de formation aux syndicats grâce à cet outil. Jusqu’en mars 2000, les lancements se faisaient par courrier papier et maintenant la moitié est réalisée par mails. En effet, encore la moitié des Syndicats de la région n’ont pas de mails.
45Au niveau des Syndicats, le développement des TIC est très variable. Dans les trois Syndicats observés, cette technologie est relativement bien développée et utilisée de manière quotidienne, les mails en particulier. Les informations des Fédérations arrivent souvent par mails mais les Syndicats communiquent encore très peu avec les adhérents par l’intermédiaire de cet outil. Le courrier postal est encore privilégié et « permet de faire une confirmation par courrier ». En outre, les TIC sont utilisées par les Syndicats dans le travail régulier et administratif (téléchargement de fiches relatives à la carrière, aux changements d’échelons ou encore aux mutations des adhérents…).
46Les TIC sont donc relativement bien développées dans les structures. Quel est l’impact de l’usage de ces technologies sur le collectif ?
2.2 Vers un collectif réticulaire ?
47L’introduction des TIC semble être à l’origine d’une évolution du collectif. Celui-ci a désormais certaines caractéristiques réticulaires. Il convient tout d’abord de décrire les changements occasionnés par ces technologies (2.2.1) puis d’en dresser un tableau récapitulatif (2.2.2).
2.2.1 Les changements occasionnés par les TIC
48Tout d’abord, la quasi-totalité des personnes interrogées ont insisté sur l’accroissement de la vitesse de circulation de l’information, sur son immédiateté. En contrepartie, les acteurs deviennent plus exigeants. Ainsi, les TIC seraient productrices d’exigences d’immédiateté. Certains militants exerçant des responsabilités ont souligné l’accroissement de leurs propres exigences voire de leur impatience lorsque par exemple une réponse à un mail n’est pas donnée très rapidement : « Il ne faut pas tomber sous la dictature de l’immédiateté ». En réalité, ces exigences nouvelles proviennent surtout des adhérents. Nous assisterions à un développement d’un clientélisme (voire d’un consumérisme) accru du fait des TIC. « Les TIC accroissent cela car il y a un effet pervers du sentiment de proximité de l’outil. Tout devient possible donc on peut demander n’importe quoi. C’est une relation commerciale. Ils en veulent de plus en plus ».
49Les TIC entraînent également des possibilités de choix des acteurs plus importantes : choix des informations, des interlocuteurs, du moment de l’échange. Elles favorisent une gestion personnelle de son temps (par exemple, un mail peut être envoyé dans la matinée ou la nuit, puis il est lu ensuite plus tard). Il en résulte que « les relations sont moins inattendues, moins inopinées ». Elles sont plus calculées, les acteurs ont le temps de répondre et de choisir les termes précis de leurs réponses.
50Cela est d’autant plus important que les TIC introduisent une formalisation de certaines relations du fait des mails. Celles qui auparavant demeuraient informelles à l’occasion de rencontres ou de conversations téléphoniques laissent des traces écrites. Tandis qu’auparavant elles permettaient aux acteurs de se mettre d’accord, voire de mettre en place une résolution informelle des conflits, les mails peuvent désormais prendre la forme d’engagements écrits : « Quelqu’un pourrait envoyer une information (du bureau) qui serait erronée. Donc il y a une responsabilité si des mails sont envoyés ». Le caractère spontané des relations en pâtit et les interactions peuvent prendre un caractère fonctionnel. Ainsi, le caractère auparavant informel de certaines interactions permettait la construction de liens sociaux personnels voire affectifs ou intimes. Désormais, les échanges ont essentiellement pour objet l’obtention d’informations sur des problèmes précis.
51Pourtant, les TIC peuvent favoriser l’entraide entre les acteurs. Il arrive que ces nouvelles technologies posent des problèmes d’adaptation voire de compétence des utilisateurs.
- 13 Ce phénomène de développement des interactions lors de l’introduction de l’informatique en général (...)
52Du fait de l’existence d’un fonctionnement informel déjà basée sur l’entraide, l’apparition de difficultés rencontrées par certains acteurs entraîne parfois un accroissement de celle-ci. Certaines personnes interrogées ont souligné l’existence d’une autoformation due à beaucoup d’échanges entre les personnes. Les relations informelles existantes ont donc permis de développer les interactions et l’entraide : « L’esprit d’équipe s’est développé avec les TIC. Il y a des personnes très intéressées et qui sont prêtes à expliquer certaines choses à d’autres concernant ce domaine »13.
53Les TIC ont également un impact sur le fédéralisme. Avec ce fonctionnement organisationnel, le Syndicat est l’interlocuteur privilégié des adhérents. Or les TIC permettent à la Confédération, par l’intermédiaire du site internet destiné au grand public, de diffuser des informations auxquelles ont accès tous les acteurs quel que soit leur niveau d’implication. Cette technologie est donc source d’ouverture (« Cela offre un espace de dialogue avec la population »). Néanmoins, elle risque de remettre en cause certaines bases essentielles du fédéralisme : « Il y a un risque de déstructuration du collectif car on n’a plus besoin d’aller voir le délégué pour avoir l’information ». Les débats actuels relatifs à l’ouverture de l’Intranet plus largement aux militants est représentatif d’une certaine crainte d’aboutir à un fonctionnement où les structures intermédiaires seraient court-circuitées : « Le plus gros risque est celui de la relation directe entre la tête de l’organisation et le public. Il ne faut pas passer à côté des organisations intermédiaires, elles réagiraient ».
- 14 Certaines études menées dans des entreprises montrent que les TIC, et plus généralement l’informat (...)
54Les TIC entraînent d’ailleurs des difficultés quant au contrôle de l’information. Une fois qu’une information a été diffusée, elle peut être rediffusée sans que la personne à l’origine de sa diffusion ne puisse la contrôler (« On ne contrôle plus où ça part derrière »). Ce risque était déjà présent lorsque des moyens plus traditionnels d’information et de communication étaient utilisés (téléphone, courrier papier…). Mais les TIC ont l’avantage (et l’inconvénient) de la rapidité voire de l’immédiateté. En outre, elles permettent de toucher un grand nombre de personnes très rapidement. Il devient donc plus difficile de contrôler la diffusion de l’information. Certains acteurs interrogés ont également souligné des risques de rétention d’informations destinée à accroître la marge de liberté et d’action. Les TIC permettraient éventuellement de construire des coalitions, des poches de résistance autonomes. Ainsi, « il y a des risques de fonctionnements horizontaux. Il y a un risque que des syndicats opposants s’organisent entre eux »14.
55Les TIC ont aussi un impact sur un aspect essentiel du fonctionnement de l’organisation syndicale : le débat. En effet, les personnes interrogées ont souvent mentionné les risques de limitation des débats du fait de la substitution des mails à des types d’échanges plus directs ou en face-à-face : « Des réponses sont données mais il n’y a pas de débats. Il y a juste des questions / réponses » ou encore « Le risque est de tuer le débat ». Le débat suppose l’existence de relations plus directes, voire de relations informelles qui permettent « très souvent de négocier des choses ou de cristalliser des oppositions ». Sur cette question, nos observations semblent aller dans le sens de recherches déjà menées et qui mettent en lumière les différences entre les relations de face-à-face et celles utilisant les TIC. Ainsi, le degré d’attention à l’égard de l’autre, à l’occasion de l’interaction, est élevé quand la présence sociale l’est aussi, mais elle est moindre dans le cas des communications mettant en scène les TIC [Short et al., 1993]. De même, la communication en face-à-face est un moyen plus riche pour transmettre des significations verbalement ou para-verbalement. Par contre, le mail ne transmet que de l’information textuelle [Barile et Durso, 2002]. En outre, comme le soulignent les personnes interrogées, celui-ci ne permet pas les échanges en groupe : « Il y a peu d’échanges en groupes. Cela permet de consulter plus facilement le conseil fédéral, mais il n’est pas question de remplacer la réunion. Les échanges entre les personnes à l’occasion de ces réunions sont des débats ». Là encore, nos observations semblent aller dans le sens de travaux qui montrent que le consensus a du mal à être atteint lorsqu’il s’agit de prendre des décisions en groupe par l’intermédiaire des TIC ([Finholt T. et Sproull, 1990] ; [Strauss et McGrath, 1994]). Néanmoins, certains ont insisté sur le fait que si les mails ne permettent pas de prendre des décisions en groupe, ils favorisent leur préparation en permettant avant tout un échange d’informations : « Cela change sur la préparation de la prise de décision. L’outil informatique permet plus d’allers / retours avec les responsables. Les échanges en amont permettent d’éclairer le débat, de rechercher un consensus. Mais il s’agit plus d’un échange d’informations ».
56Après avoir décrit les changements occasionnés par la mise en place des TIC au sein de cette organisation syndicale, il convient désormais d’apprécier l’évolution du collectif à laquelle ils aboutissent.
2.2.2 L’évolution du collectif : vers le réticulaire ?
57Comme le montre le Tableau 2 (page 87), les traits fondamentaux du collectif ne semblent pas être remis en cause. Les caractéristiques sociétaires et communautaires demeurent mais les TIC conduisent à l’apparition de la dimension réticulaire.
58Ainsi, quant aux liens et relations, les traits sociétaires et communautaires fondamentaux du collectif demeurent. Néanmoins, les TIC entraînent l’apparition d’une forme d’individualisme voire d’utilitarisme (clientélisme, relations fonctionnelles, exigences…) quel que soit le degré d’implication. Le sens du collectif demeure également inchangé mais est marqué par la construction de coalitions à la recherche d’une autonomie. Bien que ce phénomène ait été présenté par les interviewés comme un risque, il conduit à s’interroger sur l’éventuel éclatement organisationnel pouvant en résulter. Les normes et valeurs sont fortement marquées par l’introduction des TIC. Outre l’apparition d’une dimension réticulaire risquant d’entraîner là aussi un éclatement organisationnel, certaines caractéristiques originelles se trouvent renforcées : le sociétaire (accroissement de la formalisation) et le communautaire (accroissement de l’entraide). La structure du collectif ne semble pas être remise en cause. Le développement de l’internet conduit néanmoins à une ouverture. Enfin, la relation / positionnement aux autres collectifs est marquée par un enjeu de contrôle de l’information qui risque de renforcer les possibilités de choix des acteurs, les coalitions et poches de résistance autonomes ou encore le clientélisme.
CONCLUSION
59L’objet de ce travail était de décrire les changements au sein d’une organisation syndicale (en tant que collectif) du fait de l’introduction de TIC. Nous avons pu ainsi constater la nette apparition d’un fonctionnement réticulaire qui coexiste désormais avec les collectifs sociétaires et communautaires. Peut-on dire qu’une telle évolution conduise à un affaiblissement du lien social basé sur le sentiment de solidarité et le partage de valeurs communes, au profit d’un lien purement organisationnel orienté vers la recherche d’efficacité (qu’il s’agisse de l’atteinte d’objectifs communs ou individuels) ? Nous avons vu que traditionnellement, une organisation syndicale concilie ces deux liens. Mais l’apparition et le développement d’un fonctionnement réticulaire risquent de conduire à un éclatement organisationnel prenant la forme de coalitions et de résistances autonomes grâce à un contrôle de l’information. De même, le fonctionnement fédéraliste axé sur le respect de règles formelles définissant le rôle et la composition de chaque structure, ainsi que le mode de prise de décision risque d’être mis à mal. Une étude plus approfondie de cette organisation devrait nous permettre d’analyser l’ampleur de ces risques.
Notes
1 Nous utiliserons l’expression « organisation syndicale » pour désigner les différentes structures qui la composent (Confédération, Fédérations, Unions régionales, Syndicats) ainsi que les relations qu’elles entretiennent. Celles-ci ont d’ailleurs une grande importance. Nous les analyserons plus loin.
2 A travers ce travail, nous considèrerons qu’une organisation est une entité collective poursuivant des objectifs. Pour [Crozier et Friedberg, 1977], l’action organisée a trait à l’accomplissement d’objectifs communs. L’action collective peut, quant à elle, parfois conduire à des orientations divergentes.
3 Pour Durkheim « Les seuls groupements qui aient une certaine permanence sont ce qu’on appelle aujourd’hui les syndicats soit de patrons, soit d’ouvriers » ([Durkheim, 1978], p. VII).
4 Depuis l’arrêté du 31 mars 1966, la CGT, la CFDT, la CGT-FO, la CFTC et la CGC bénéficient d’une présomption irréfragable de représentativité. En outre, selon l’article L. 412-4 du Code du travail, « tout syndicat affilié à une organisation représentative sur le plan national est considéré comme représentatif dans l’entreprise ».
5 Ces signes sont destinés à préserver l’anonymat de cette organisation syndicale.
6 Les extraits des discours des personnes interrogées figurent entre guillemets et en italique.
7 Dans l’une des Fédérations étudiées, la plupart des acteurs sont salariés.
8 La théorie du « free rider » (ou passager clandestin) d’Olson [Olson, 1965] est célèbre : pourquoi adhérer à une organisation syndicale s’il est possible de bénéficier des avantages obtenus par celle-ci sans en supporter le coût ?
9 Par exemple, l’une des personnes interrogées a déclaré : « Les adhérents deviennent plus exigeants. Ils veulent de l’information et en veulent de plus en plus, comme un client. L’organisation syndicale est considérée comme une association de consommateurs ».
10 Plus généralement, cette Charte définit les principes relatifs à la collecte et au traitement des informations nominatives contenues dans les fichiers informatiques concernant les adhérents.
11 Selon les personnes interrogées, cette Fédération est la seule (au sein de l’organisation syndicale) à avoir mis en place ce système.
12 Cette utilisation est d’ailleurs très développée dans toutes les structures que nous avons observées. Il semble que cet outil soit devenu un moyen d’information et de communication privilégié. Il a été décrit comme un « moyen d’échange permanent ».
13 Ce phénomène de développement des interactions lors de l’introduction de l’informatique en général (et des TIC en particulier) a déjà été mis en avant par certaines études ([Cézard et al., 1992] ; [Gollac, 1996]).
14 Certaines études menées dans des entreprises montrent que les TIC, et plus généralement l’informatique, est un enjeu de pouvoir qui se caractérise par des coopérations et des recherches d'opportunités de promotion ou de mobilité [Bouchikhi, 1990].
15 Les aires foncées du tableau et les éléments soulignés sont relatifs aux caractéristiques nouvelles dues à l’introduction des TIC ou à leur renforcement.
Table des illustrations
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Titre | Schéma 1 : Le fonctionnement de l’organisation syndicale |
URL | http://books.openedition.org/pressesmines/docannexe/image/1396/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 132k |
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Titre | Tableau 1 : Caractérisation du collectif |
URL | http://books.openedition.org/pressesmines/docannexe/image/1396/img-2.jpg |
Fichier | image/jpeg, 375k |
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Titre | Tableau 2 : L’impact des TIC sur le collectif15 |
URL | http://books.openedition.org/pressesmines/docannexe/image/1396/img-3.jpg |
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© Presses des Mines, 2007