Lecture 9. Indispensables bénévoles : tisseurs de liens et vecteurs de sens entre acteurs et territoires de la lecture publique
p. 142-150
Texte intégral
« La bibliothèque comme espace public s’oppose, idéalement, à la bibliothèque d’un territoire. En ce sens qu’elle n’est pas une émanation de la vie locale1, qu’elle n’est pas la bibliothèque d’un groupe social, d’un quartier, par exemple, comme elle peut l’être dans le cas des bibliothèques que nous voyons créées dans les quartiers populaires d’Amérique latine ou en Espagne, comme des projets militants – souvent impulsés par des enseignants – ou des bibliothèques associatives dans des villages ou des petites villes en France ; ou comme bibliothèque populaire d’autrefois. La bibliothèque espace public n’émerge pas au sein d’un territoire par des énergies locales qui la feraient naître. Elle est implantée dans un territoire grâce à la force transformatrice des pouvoirs publics. Dans un cas comme dans l’autre, la bibliothèque résulte de forces visant la transformation de la localité, mais elles partent, pour ainsi dire, en sens inverse. »
Denis Merklen
1Et si les bénévoles, si nombreux dans les réseaux de lecture publique ruraux, dans les plus petites communes, étaient également des « ponts », intermédiaires, passeurs et facilitateurs, entre les bibliothécaires et les lecteurs-usagers ?
2Le recours aux bénévoles s’inscrit également dans une ambiguïté : ils incarnent l’« émanation de la vie locale », la proximité absolue sans forcément pouvoir, à eux seuls, garantir la cohésion d’un « espace public » qui se veut transformateur, posant les limites fédératrices de la seule « localité partagée ».
3Peut-être plus encore que le bibliothécaire, le bénévole serait un relais précieux, car identifié sur le territoire, habilité à « parler, discuter, accompagner et participer à la vie sociale, familiale, personnelle et collective qui l’entoure : – “Madame, vous me parliez l’autre jour de votre fille, je pense que ce film est intéressant pour vous” », comme le souligne Denis Merklen. Si le bénévole peut permettre la socialisation de premier cercle, celle de la coprésence, qui permet aux uns et aux autres de se retrouver à la sortie de l’école ou un dimanche de juin au vide grenier, il peut difficilement faire aboutir l’autre versant de la socialisation attendue de la bibliothèque, celle qui, plus institutionnelle, jette des ponts vers ce que et ceux que « je ne connais pas personnellement et que je ne rencontrerai sûrement jamais, ce lien social médié par des ponts institutionnels ou commerciaux, la bibliothèque, la maison d’édition ou la salle de cinéma, le livre ou la presse ».
4En 2022, un rapport de l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche (IGÉSR), rédigé par Philippe Marcerou, Christian Bigaut, Isabelle Duquenne et Françoise Legendre2, s’interrogeait sur la place et le rôle des bénévoles dans les bibliothèques territoriales : dissociant les « bénévoles » des « volontaires », tout en constatant que les bénévoles représentent l’écrasante majorité des collaborateurs occasionnels, cette mission d’inspection a souhaité suivre l’avis du 24 février 1993 du Conseil économique et social (CES) considérant le bénévole comme « une personne qui s’engage librement pour mener une action non salariée en direction d’autrui, en dehors de son temps professionnel et familial ».
5Les bénévoles qui exercent dans des bibliothèques en régie sont, par conséquent, des « collaborateurs occasionnels du service public », notion qui a fait l’objet d’une abondante jurisprudence. Ce sont environ 70 000 personnes qui sont aujourd’hui engagées dans une action de bénévolat en bibliothèques territoriales3, chiffre que la mission n’a pas souhaité augmenter des quelque 20 000 personnes qui exercent dans le réseau associatif « Lire et faire lire » et des quelque 10 000 autres qui ont une action de développement du livre et de la lecture dans divers cadres associatifs. Ces 70 000 personnes représentent environ 12 000 équivalents temps plein. Dans de nombreuses collectivités territoriales de moins de 5 000 habitants, leur présence permet – et souvent, conditionne – l’ouverture et le fonctionnement courant des bibliothèques ; dans d’autres collectivités, plus grandes, le recours à des bénévoles ou à des volontaires est plus limité.
6La répartition géographique du bénévolat dans les bibliothèques territoriales n’est pas homogène : phénomène rural, il est plus fréquent à l’ouest de la France, plus réduit au sud-est et limité dans les grandes villes et leurs banlieues.
7Selon l’Observatoire de la lecture publique (sources 2017), les régions comptabilisant le plus grand nombre de professionnels du livre par habitant sont aussi celles où le nombre de bénévoles est le plus élevé (Auvergne – Rhône-Alpes, Bretagne) ; la corrélation inverse fonctionne aussi (Hauts-de-France, Grand Est).
Figure. Nombre de bénévoles par département

Source : ministère de la Culture, Direction générale des médias et des industries culturelles, Service du livre et de la lecture, 2021 (chiffres de 2018). Extrait du rapport cité de l’IGÉSR : < https://www.education.gouv.fr/media/113219/download >.
8En 2019, à l’occasion de la journée mondiale du bénévolat, le département de l’Isère organisait une rencontre avec et pour les 2 000 bénévoles des bibliothèques et médiathèques du territoire4. Dans ce département, 488 salariés et 1 972 bénévoles animent les bibliothèques et médiathèques. Sans bénévoles, beaucoup de bibliothèques, notamment en zone rurale, ne pourraient plus ouvrir leurs portes. En effet, 90 % de ces bénévoles interviennent dans les communes de moins de 10 000 habitants. En majorité, ils sont retraités, avec 80 % des femmes de plus de 63 ans, mais aussi de plus en plus de jeunes actifs souhaitant transmettre leur passion du livre au plus grand nombre. Dans le cadre d’une campagne vidéo, une question est posée à l’ensemble des bénévoles. Pour moi, le bénévolat c’est… Les réponses sont variées : « aller à la rencontre des autres » ; « le bénévole sert à participer à la vie de la bibliothèque, à amener ses compétences et son savoir-faire et à être une “ouverture” » pour les bibliothécaires salariés. Les trois qualités essentielles du bénévole : « écoute » « partage » et « ouverture ». Grâce à leur formation, les bénévoles sont maintenant plus « armés », pour répondre aux missions. Dans la représentation même de ses missions, la notion d’ouverture, de transmission, de passage, est centrale et constitutive du cœur de l’action du bénévole.
Portraits des bénévoles : enjeux et fragilités du bénévolat
9Les femmes sont très majoritaires parmi les bénévoles, environ 90 % des effectifs, indépendamment de leur âge. Un constat qu’il conviendra de nuancer à l’avenir en fonction des bibliothèques : l’arrivée de jeunes retraités, de bénévoles encore engagées dans la vie professionnelle ou de jeunes de moins de 18 ans, peut faire évoluer cette proportion. Les bénévoles, considérés comme la « colonne vertébrale » du tissu associatif français, ont déjà été mis à mal par la crise de la Covid, qui a éloigné une partie des retraités de leurs missions associatives : en effet, plus d’un bénévole sur trois est à la retraite. La récente réforme des retraites5 inquiète les responsables du million d’associations actives. En repoussant l’âge de départ à la retraite, l’hypothèse d’une baisse de l’afflux de celles et ceux qui, après avoir quitté leur travail, s’engagent dans une activité bénévole, est réelle.
10En 2021, dans le département des Hautes-Alpes, on recense 331 bénévoles. La majorité d’entre eux sont des retraités diplômés : la quasi-totalité des bénévoles sont titulaires du baccalauréat et 30 % ont un diplôme supérieur à la licence.
11Dans certains territoires ruraux, comme dans les Côtes-d’Armor, le réseau de 234 bibliothèques compte un nombre d’emplois publics en bibliothèques relativement limité et le fonctionnement du réseau départemental de lecture publique repose essentiellement sur les bénévoles, qui représentent 78 % des personnels. L’engagement citoyen est donc essentiel, mais le temps disponible et le vieillissement des bénévoles ne garantissent pas la continuité du service public, moins encore le développement de nouveaux services, notamment les services numériques. Un état des lieux en opposition avec les attentes contemporaines des publics telles que l’amplitude horaire ou le développement de nouveaux services innovants. En Indre-et-Loire, la bibliothèque départementale souligne l’importance des bénévoles, mais aussi le vieillissement généralisé des profils, qui posent plusieurs problèmes : celui d’un engagement souvent ponctuel, des équipes fragilisées qui n’entreprennent pas spontanément des démarches de formation. En 2018, une enquête menée par la bibliothèque départementale des Bouches-du-Rhône confirme ce constat : sur 1 168 bénévoles pour lesquels la mission dispose de données précises, on retrouve sept lycéens (0,7 %), 208 personnes en activité professionnelle (20 %) et 854 retraités (73 %).
12Les bénévoles peuvent être porteurs de « représentations » ou « perceptions » de la bibliothèque parfois trop en décalage avec les évolutions actuelles portées par les professionnels des bibliothèques. Ces représentations sont et restent souvent très centrées sur les publics scolaires, parfois au détriment du reste de la population. Dans certains réseaux, l’âge moyen vieillissant de certains bénévoles s’accompagne d’une lassitude, du souhait de transmettre, de passer le relais à de nouvelles générations, mais ces bénévoles ne trouvent personne pour les remplacer. Se pose enfin la problématique d’harmoniser les procédures, les horaires, la programmation de l’action culturelle. Pour beaucoup de bénévoles, les compétences se limitent par ailleurs au prêt et retour de documents. Sur les quelque 61 179 personnes enregistrées par le Service Livre et Lecture dans la collecte statistique en 2018, 10 676 bénévoles sont considérés comme « qualifiés ».
13La fragilité induite par la dépendance à un bénévolat vieillissant, parfois peu organisé, peut mettre en péril la pérennité de certains établissements ou réseaux : ce fut notamment le cas dans le réseau de Savoie Biblio où, depuis mars 2020, les effets des confinements se sont fait plus lourdement sentir sur ces équipes.
14L’image d’Épinal du bénévole « retraité de l’enseignement » s’avère être plus qu’un simple cliché, alimenté par une réalité sociologique relevée par le rapport de l’IGÉSR : parmi les personnes retraitées – majoritaires dans les équipes de bénévoles –, les enseignantes retraitées sont très représentées, voire majoritaires dans un nombre important de bibliothèques départementales. Cette surreprésentation participe au biais de perception d’une bibliothèque assumant un rôle de prolongement de l’école. Elle serait ainsi, et avant tout, « un service destiné aux enfants ou à une portion très particulière de la population, pour un usage spécifique »6. Un décalage avec l’ensemble de la population active puisque la part d’enseignantes reste minoritaire dans la population.
Un engagement qui s’inscrit dans le temps long
15Cependant, il n’y a pas une pratique mais plusieurs « pratiques » du bénévolat.
16L’ancienneté de la pratique de bénévolat en bibliothèque est étroitement liée au profil même des bénévoles : une part importante de bénévoles âgés de plus de 70 ans est impliquée sur un temps long (plus de 20 à 26 ans en moyenne dans le département des Bouches-du-Rhône) – et plus couramment plus de dix ans. Le rapport de l’IGÉSR relève également une durée de l’engagement bénévole davantage corrélée au mandat électoral des élus communaux ou intercommunaux que par le passé. Une évolution imputable pour partie à la taille des petites communes, favorisant une proximité entre bibliothèques et services municipaux : une proximité parfois filiale des bénévoles avec l’exécutif de la commune, maires ou adjoints. Des mouvements de remplacement des bénévoles lors des changements d’exécutif sont parfois observés. Certains bénévoles inscrivent leur engagement dans un cheminement vers la professionnalisation et le métier de bibliothécaire7 : les bénévoles projetant par ailleurs une notion de stabilité et de sécurité professionnelles inhérente au statut du fonctionnaire. En Saône-et-Loire, la formation initiale d’une durée de sept jours lors de la formation des bénévoles permet l’identification de profils en reconversion professionnelle.
17Dans son article « Le bénévolat : du militantisme au volontariat »8, l’économiste Danièle Demoustier soulignait l’usage alors relativement récent du terme « bénévole ». Évoqué pour la première fois dans la littérature des années soixante-dix et quatre-vingt, dans un contexte d’essor associatif, il était le plus souvent associé au terme « militant » : militant bénévole, puis bénévole militant. Si l’autonomie du bénévolat par rapport au militantisme s’est affirmée au gré du renforcement de missions « gestionnaires » au sein d’associations ou avec l’apparition du salariat et de la professionnalisation, l’engagement bénévole en bibliothèque reste porté par un socle de valeurs : accès à la culture, émancipation, promotion de l’égalité femme-homme, lutte contre l’illettrisme, la fracture numérique ou sensibilisation aux enjeux du développement durable et de l’écologie.
Un vivier local à l’équilibre fragile
La localité facteur de force et de faiblesse du bénévolat
18Le vivier local de recrutement des bénévoles est à la fois sa force et sa faiblesse : certaines bibliothèques relèvent une « faible reconnaissance des élus vis-à-vis des bénévoles. Se pose également la question de l’ancrage et du renouvellement des bénévoles : il est ainsi difficile de déloger certains bénévoles de 80 ou 85 ans »9. Par l’historique de leur engagement, mais aussi le décalage entre le « turnover » des équipes salariées et la constance des effectifs bénévoles, un équilibre fragile impacte le fonctionnement de certaines équipes. Certains bibliothécaires témoignent dans le rapport de l’IGÉSR et se déclarent, en tant que salariés « dépendant[s] de leur bon vouloir [celui des bénévoles] »10. Cette cohabitation des profils professionnels et bénévoles n’est pas sans soulever plusieurs problématiques : méconnaissance réciproque, absence de « culture professionnelle commune », rôle et répartition des missions, positionnement hiérarchique avec le sentiment possible d’une mise à l’écart pour le bénévole historique lors de l’intégration d’un professionnel salarié de la lecture publique.
Un encadrement de la pratique du bénévolat à conforter
19Toujours très largement informel dans ses modalités et les engagements qu’il implique, le bénévolat souffre encore d’un déficit d’encadrement : les bibliothèques départementales sont au centre du dispositif et l’encadrement des bénévoles dans les bibliothèques territoriales s’inscrit dans un schéma à deux niveaux : si les bibliothèques municipales et intercommunales recrutent des bénévoles, ce sont les bibliothèques départementales qui mettent en place les dispositions de gestion de ces bénévoles, plus spécifiquement sur le volet de la formation. Le rapport de l’IGÉSR souligne des lacunes dans la connaissance de la population des bénévoles par les bibliothèques départementales. Dans le département du Bas-Rhin, la bibliothèque de la Collectivité européenne d’Alsace s’associe au réseau des médiathèques de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg lors de « visites conseils » qui permettent de croiser, d’actualiser les données de chaque partenaire, de réaliser un point d’étape sur les relations entre la collectivité et l’équipe de la bibliothèque, de son équipe, des salariés aux bénévoles. Rares sont les bibliothèques départementales qui ont réalisé des enquêtes spécifiques sur la population bénévole, l’enquête de la bibliothèque départementale des Bouches-du-Rhône faisant exception.
Sur les sites Web des bibliothèques départementales, la diversité des informations présentées atteste d’une absence de réglementation régissant les bénévoles, que le service soit géré en régie directe – via la gestion directe du service créé par l’autorité délibérante de la collectivité –, ou par délégation de service public – en confiant la gestion du service public à une personne privée, en l’occurrence une association. Parce que leur investissement se retrouve de fait nimbé d’un flou administratif et juridique, les bénévoles sont le plus souvent associés aux acteurs du champ associatif. Ce sont ainsi plusieurs textes réglementaires particuliers qui sont applicables « par extension » aux bénévoles : par exemple, les frais de déplacement assumés par les bénévoles peuvent être défrayés des dépenses qu’ils ont engagées pour l’association ou la collectivité publique.
Bénévoles et collectivités territoriales
20L’exercice du bénévolat en bibliothèque relève ainsi d’une activité de gré à gré entre les collectivités territoriales et les bénévoles. L’enjeu de lier les parties sans lien d’autorité, de subordination et sans contrepartie financière n’est pas simple, en l’absence d’un « contrat de travail », qui fixe les droits et obligations entre les bénévoles, l’association qui les représente et la collectivité territoriale. Le rapport de l’IGÉSR souligne ici la portée d’un texte « qui s’efforcera de concilier deux principes contradictoires : le désir des bénévoles de rester libres de la gestion de leur temps et leur besoin de régularité et, pour la collectivité, la nécessité d’une présence exigée par le principe de continuité du service public » (p. 4). À ce titre, le recours aux bénévoles dans un réseau de lecture publique impacte le projet culturel, mais aussi politique, du territoire sur lequel il œuvre.
Médiathèques départementales : vers un statut du bénévole
21Afin de sortir du « flou » induit par le manque de formalisation de l’engagement citoyen, la mission de l’IGÉSR prône la mise en place de « convention-type des collaborateurs occasionnels du service public en bibliothèques appelée Convention de bénévolat » (p. 15). Plusieurs bibliothèques départementales mettent en ligne des conventions de bénévolat, dont le but premier est de sécuriser et de consolider l’engagement. Certaines permettent la mise en place de certificats de reconnaissance du volontariat. Dans sa dimension juridique et réglementaire, il est intéressant de constater que ce « statut officiel » est peu revendiqué par les bénévoles, qui le perçoivent davantage comme un cadre contraignant. Une formalisation qui entrave la liberté et le cadre informel de l’engagement, et l’idée que ce cadre nouveau tendrait à effacer la frontière entre bénévoles et agents des médiathèques. L’enjeu est donc de proposer une « contractualisation » auprès de bénévoles, qui pourrait davantage être associée à une convention d’objectifs et de moyens. La contractualisation avec le bénévole par un texte définissant de manière claire les objectifs, moyens et modalités assurant la continuité du service public liés à l’activité du bénévole est une gageure, celle de concilier deux visées contradictoires : l’aspiration légitime de liberté et de flexibilité du bénévole, et le besoin de régularité et de gestion prévisionnelle qu’implique la continuité du service public.
22*
23Piliers discrets, essentiels à l’activité de nombreux réseaux de lecture publique, les bénévoles, par l’ancrage qui est le leur, facilitent le lien au territoire. Mais leur rapport plus complexe aux professionnels des métiers du livre questionne leur rôle et leur place, en marge d’un projet culturel et parfois même politique, auxquels ils peuvent ou non être associés. Contextes territoriaux, professionnels, voire interpersonnels, nuancent d’autant un investissement bénévole qui se dessine et s’adapte au gré des territoires et des individualités. Dans son article « La place du bénévole dans les bibliothèques publiques », Pauline Roux11 constatait « un réel écart entre les bénévoles enthousiastes, réclamant des formations, et une partie des bénévoles ne voulant pas se former – par manque de temps ou d’intérêt ». Une ambivalence qui s’explique car inhérente au statut du bénévole : « On ne peut imposer à quelqu’un s’engageant volontairement trop de contraintes et d’obligations, sans risquer d’entraver sa motivation. » Se pose enfin l’hypothèse du conflit de valeur pour la figure du bénévole « militant », dont l’adhésion, ou du moins la neutralité vis-à-vis des professionnels et de la collectivité, est attendue. Peut-être lui incombe-t-il un rôle d’intermédiaire, de « pont » et de « porte » vers l’ailleurs, vers l’autre, vers le pluralisme consacré par la Charte des bibliothèques12.
Notes de bas de page
1 [NDA] C’est nous qui soulignons.
2 Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche (IGÉSR), La place et le rôle des bénévoles dans les bibliothèques territoriales, rapport à Madame la Ministre de la Culture, no 2022-034, février 2022. [En ligne] < https://www.education.gouv.fr/media/113219/download >.
3 Par ailleurs, un nombre non négligeable de bibliothèques, singulièrement les plus petites, celles-là même qui ont le plus fréquemment recours aux bénévoles, ne déclarent pas leurs données statistiques dans cette enquête
4 « Une première en Isère, rencontres des bénévoles des bibliothèques », communiqué du département de l’Isère, publié le 9 décembre 2019 : < https://www.isere.fr/actualites/une-premiere-en-isere-rencontres-des-benevoles-des-bibliotheques >.
5 < https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000047625782 >.
6 IGÉSR, rapport cité, p. 20.
7 Cf. les recommandations du rapport de l’IGÉSR (voir note 1).
8 Danièle DEMOUSTIER, « Le bénévolat, du militantisme au volontariat », Revue française des affaires sociales, 2002, no 4, p. 97-116. [En ligne] < https://www.cairn.info/revue-francaise-des-affaires-sociales-2002-4-page-97.htm >.
9 IGÉSR, rapport cité, p. 95.
10 Ibid.
11 Pauline ROUX, « La place du bénévole dans les bibliothèques publiques », billet publié le 3 mai 2017, mis à jour 19 mai sur le carnet Hypothèses Le Monde du livre. [En ligne] < https://mondedulivre.hypotheses.org/6327 >.
12 Adoptée par le Conseil supérieur des bibliothèques le 7 novembre 1991. [En ligne] < https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/1096-charte-des-bibliotheques.pdf >.
Auteur
Membre du comité de direction des médiathèques de Montpellier Méditerranée Métropole – Chef du département de la coordination des moyens et ressources
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