Lecture 1. La bibliothèque en sa localité : généalogie du dialogue entre bibliothèques et territoires
p. 67-75
Texte intégral
1Que peut entendre Denis Merklen par « penser en termes de localité » ? La « localité » est une notion qu’il a déjà eu l’occasion de définir, dans de précédents travaux, comme « un lien social territorialisé, comme une forme d’appartenance locale »1. « Penser en termes de localité » constitue une recommandation forte qu’il adresse aux bibliothécaires lors de la conférence prononcée devant l’ABF, mais aussi à travers une interview accordée à Actualitté2. Selon lui, cela ne peut se réduire ni à une sociologie statistique des publics potentiels de la bibliothèque, ni aux échanges plus ou moins contraints des directeurs d’équipement avec leur municipalité. Une bibliothèque qui ne considérerait pas la localité se penserait « comme une institution à vocation universelle implantée dans un territoire donné », vision prédominante « jusqu’à une date assez récente ». C’est cette inflexion que le sociologue croit déceler que nous allons chercher à caractériser et à dater, en la réinscrivant dans le temps long du dialogue entre bibliothèques et territoires. Cette démarche revient à interroger la façon dont les bibliothécaires ont intégré leur territoire dans leur réflexion professionnelle, créant ainsi des spécificités locales, y compris lorsque le modèle de bibliothèque qu’ils promouvaient se voulait reproductible partout en France. Plus encore, on s’attachera à étudier les formes concrètes qu’a pu revêtir le dialogue de la bibliothèque avec les communautés qui l’entourent, jusqu’au succès actuel des démarches participatives et de la coconstruction.
Le juste territoire de la bibliothèque : le définir et le connaître
2La réflexion autour de la lecture publique qui se développe dans l’entre-deux-guerres accorde une place majeure à la question du territoire, mais sous une forme différente de celle envisagée par Denis Merklen. Il s’agit alors de savoir à quelle échelle doivent se penser les bibliothèques, enjeu crucial qui irrigue tous les plans pour la lecture publique des années 1930 et 19403. Notons d’ailleurs que cette question d’échelle est absente du texte de Denis Merklen, alors même que son raisonnement semble considérer principalement les petits équipements, c’est-à-dire ceux où la saynète du bibliothécaire et de la mère de famille4 serait envisageable.
3Le discours bibliothécaire sur le territoire est donc d’abord une analyse administrative, qui consiste à choisir le maillage le plus pertinent, les aires géographiques que doivent desservir les bibliothèques et les formes de coopération qu’elles devraient entretenir. En ce sens, et quelles que soient les positions de leurs auteurs, la conception sous-jacente est toujours celle d’un modèle universel à diffuser partout en France. Ce primat accordé au thème de l’organisation territoriale d’un réseau de lecture publique ressurgit périodiquement tout au long du XXe siècle, à la faveur de grands tournants administratifs français (débats autour de la bibliothèque de secteur et de la nationalisation dans les années 1960-1970, de la décentralisation dans les années 1980, de l’intercommunalité dans les années 1990-2000…).
4Dépasser les spécificités locales répond à plusieurs objectifs pour les modernistes des années 1930 et leurs successeurs : il s’agit bien sûr de répandre le plus largement possible des pratiques que l’on estime meilleures, tout en œuvrant à la reconnaissance professionnelle du métier de bibliothécaire et en contournant les obstacles que représenteraient les élus locaux. Au-delà de ces motivations affichées et bien connues, d’autres éléments ont pu jouer, notamment celui des représentations : l’image du conservateur que dénonçaient certains militants de la lecture publique correspondait bien souvent à un érudit local qui n’entretenait de liens qu’avec les sociétés savantes, et qui, faute de compétences, aurait été perdu dans une autre bibliothèque que la sienne. Promouvoir la professionnalisation du métier de bibliothécaire, c’était aussi promouvoir des personnels capables de travailler dans différents territoires.
5Est-ce à dire que toutes les bibliothèques se ressemblaient ou avaient vocation à se ressembler ? Dans la première moitié du XXe siècle, les bibliothèques municipales se caractérisaient avant tout par leur très grande hétérogénéité, due tant à leur histoire qu’aux personnalités qui en avaient la charge. Le lien avec le territoire se retrouvait parfois dans les collections : beaucoup avaient hérité d’un fonds local, que certains bibliothécaires continuaient d’enrichir de loin en loin. Le choix des acquisitions courantes pouvait témoigner lui aussi d’une prise en compte du territoire, dans ses caractéristiques géographiques, économiques et sociales : quelques rapports d’inspection, rapports annuels transmis à l’administration centrale, ou enquêtes nationales attestent d’achats fondés sur une connaissance réelle ou supposée de l’environnement de la bibliothèque. Les projets des modernistes prévoyaient également une adaptation des services aux populations desservies, notamment à propos des bibliothèques circulantes : ainsi les premières expériences de bibliobus ne furent-elles pas conçues selon un modèle théorique unique, mais fondées sur des considérations démographiques, sociologiques et géographiques5. Au versant de la réflexion territoriale répond donc presque toujours celui de la sociologie des publics, censée apporter l’assise nécessaire à la définition de services de lecture publique adaptés à la réalité des Français.
6Définir le territoire de la bibliothèque et s’appliquer à le connaître sur un plan théorique demeure pendant plusieurs décennies au cœur du projet moderniste et de son héritage. Ces analyses ne sont pas pour autant désincarnées car elles se fondent sur l’expérience de terrain des bibliothécaires, notamment dans les relations aux élus.
« Les municipalistes ne sont pas localistes » : ce que la décentralisation a changé (ou pas)
7Il serait tentant de considérer que les liens entre les bibliothèques municipales et départementales et leur environnement se sont resserrés à partir des lois de décentralisation. Or, plusieurs travaux ont montré que les changements avaient en réalité été limités, relevant peut-être davantage du symbole politique que d’un bouleversement structurel6. Les bibliothèques municipales étaient depuis leur création sous la tutelle des communes, et les bibliothèques centrales de prêt, créées en 1945 comme des institutions d’État, n’avaient pas attendu 1986 pour développer des liens plus étroits avec les collectivités locales, notamment les départements7. D’après Anne-Marie Bertrand, les années 1970 avaient marqué un tournant à partir duquel nombre de bibliothécaires s’étaient détournés de l’État au profit d’un rapprochement avec les villes, recherchant « une nouvelle légitimité, locale et sociale »8. Si des débats professionnels subsistaient entre « sectoristes » (partisans du modèle de la bibliothèque de secteur, qui confiait à l’État l’organisation de la lecture publique) et « municipalistes » (partisans d’une gestion entièrement décentralisée), les seconds tendaient à l’emporter, bien avant l’acte I de la décentralisation. Ce n’est donc pas non plus un hasard que l’intérêt professionnel pour les fonds locaux et régionaux ait été ravivé à partir de la fin des années 19709, ce que la Charte des bibliothèques de 1991 vient confirmer en affirmant que « les bibliothèques municipales ou intercommunales doivent constituer […] un fonds d’intérêt local »10.
8L’accélération des années 1970, repère chronologique majeur dans l’histoire des bibliothèques françaises, ne signifie pas que le dialogue entre bibliothécaires et élus locaux passe d’une phase de silence ou de méfiance réciproque à une entente cordiale et fructueuse. Si l’attitude majoritaire des maires français était bien l’indifférence à l’égard de leur bibliothèque, les quelques réalisations d’envergure des années 1920 aux années 1960 bénéficièrent d’un soutien politique évident, à différents échelons, pour lesquels les archives témoignent d’intenses échanges11. Il n’en est pas moins vrai que les modernistes considèrent souvent les élus locaux comme des ignorants à convaincre, au mieux, ou comme des obstacles impossibles à contourner, au pire. Cette position explique en partie que la plupart de leurs projets d’organisation de la lecture publique soient des systèmes reposant sur une implication forte de l’État. À la création de la Direction de la lecture publique et des bibliothèques en 1945, cette tendance est renforcée par l’arrivée en administration centrale d’anciens bibliothécaires municipaux ayant eux-mêmes rencontré des difficultés avec des élus locaux, et culmine dans les années 1960-1970 avec le mouvement de la bibliothèque de secteur. Assimilant la décentralisation à une « féodalisation »12, les « sectoristes » ne reprochent plus tant aux élus leur immobilisme que leur ingérence néfaste. Cette méfiance s’étend aussi aux électeurs, accusés de ne pas porter de « demande de culture »13. L’échec du projet de nationalisation aurait donc dû conduire à une réaffirmation des échanges entre bibliothécaires et élus, voire entre bibliothécaires et habitants.
9Toutefois, comme l’a bien rappelé Marine de Lassalle, « les municipalistes ne sont pas localistes »14 : s’opposer à la nationalisation du système de lecture publique ne signifiait pas accorder sa confiance ou son estime aux autorités locales, ni à la population. De fait, les usagers n’étaient jamais vus comme des acteurs du développement de la lecture publique, contrairement à la « triangulation »15 que représentaient l’administration centrale, les élus locaux (auxquels il faudrait ajouter aussi les fonctionnaires municipaux) et les professionnels des bibliothèques. Au point que, par un renversement curieux, on ait pu écrire qu’il manquait « aux bibliothèques […] une société civile apte à les accompagner »16… Quelle que soit la position adoptée, et malgré le développement (certes inégal) des échanges avec les autorités municipales ou départementales, le dialogue avec la localité est toujours partiellement grevé, à la fin du XXe siècle, de défiance politique.
Parler avec les « acteurs collectifs » locaux : des comités d’inspection et d’achat aux démarches participatives
10Tel que l’envisage Denis Merklen, le dialogue avec la vie locale ne peut se réduire aux échanges avec les élus ou les personnels administratifs locaux ; il doit au contraire prendre la forme de conversations avec les usagers réels ou potentiels17. Le Manuel de la lecture publique rurale en France, publié en 1955, ne dit pas autre chose en affirmant que « connaître le public auquel il s’adresse est le premier devoir du bibliothécaire »18. Bien avant Denis Merklen, ce manuel rappelle que les ouvrages de sociologie de la lecture ne suffisent pas : il faut pratiquer une « enquête permanente […] par des entretiens avec les maires, les dépositaires, les habitants eux-mêmes chaque fois que l’occasion s’en présentera »19. L’injonction au dialogue est donc loin d’être nouvelle… Les modernistes de l’entre-deux-guerres débattaient déjà des manières d’impliquer les lecteurs dans la gestion des bibliothèques, sous la forme de comités de lecteurs élus ou de représentants de différents groupes sociaux20. À cette époque, l’idée était encore loin de faire consensus, puisque certains bibliothécaires jugeaient les comités de lecteurs « démagogiques »21 ; mais l’appel de Denis Merklen à « la présence d’agents collectifs comme des associations, des clubs, des partis politiques, des églises [...], qui viennent non pas pour amener des individus, mais pour amener un intérêt, un point de vue qui peut être partagé ou pas, des valeurs, des projets… »22, fait écho aux vues des membres de l’Association pour le développement de la lecture publique en 1936.
11La théorie est donc ancienne. Pour autant, Denis Merklen a-t-il raison d’affirmer que sa mise en pratique est récente ? Ce sont ces formes d’interactions que nous nous attacherons maintenant à rechercher dans l’histoire des bibliothèques au XXe siècle. Sans surprise, elles sont extrêmement difficiles à débusquer, dans la mesure où elles reposent davantage sur des échanges oraux et informels, peu susceptibles d’avoir laissé de traces écrites. C’est pourquoi seule leur manifestation institutionnalisée, sous la forme de comités ou d’associations des amis de la bibliothèque, est généralement évoquée. C’est par exemple le cas dans la thèse de Raphaëlle Bats sur la participation en bibliothèque, sous la direction de… Denis Merklen : les deux pages consacrées à l’historicité de la démarche n’évoquent que les associations d’amis des bibliothèques23.
12De fait, ces comités réglementaires ou volontaires ont connu de multiples avatars. Au début du XXe siècle, les bibliothèques municipales sont théoriquement sous le contrôle d’un comité d’inspection et d’achat, institué par une circulaire de 1839, et dont les missions sont ensuite précisées par décret en 1897, puis en 1912. Ces comités se composent généralement de notables ou d’érudits locaux, mais il arrive que le milieu enseignant y soit majoritaire24. On retrouve dans la critique qu’en font les modernistes de l’entre-deux-guerres les mêmes reproches perpétuellement adressés à l’échelon local : ces comités sont coupables soit d’indifférence (en ne se réunissant pas suffisamment), soit d’entrave au bon fonctionnement de la bibliothèque. Toutefois, il s’agit bien d’une forme de dialogue avec la localité : le bibliothécaire est alors contraint d’écouter certains habitants de la commune, détenteurs d’une forme d’autorité (politique, sociale et/ou intellectuelle), et d’agir en conséquence. Les comités d’inspection et d’achat ayant été des coquilles vides dans leur grande majorité, leur rôle n’a guère marqué les esprits. Néanmoins, dans quelques situations, ils ont clairement relayé une demande sociale. C’est le cas lorsqu’ils privilégient les romans et les « lectures faciles » dans les acquisitions de la bibliothèque, ou lorsqu’ils réclament des modifications d’horaires d’ouverture comme à Troyes ou à Saint-Brieuc en 1923, afin de « rendre plus facile aux employés de bureau ou de commerce, ainsi qu’aux travailleurs manuels, l’accès […] qui, auparavant, était en quelque sorte monopolisé par un certain nombre de privilégiés »25. En 1961, ces comités deviennent des « comités consultatifs » auprès de certaines bibliothèques municipales (des comités consultatifs avaient déjà été institués auprès des BCP en 1946). L’objectif affiché est bien de permettre « une coopération plus étroite entre [le bibliothécaire] et les usagers […] qui peuvent apporter une aide valable et efficace à la bibliothèque »26, mais cette instance demeure très encadrée et soumise au contrôle des maires.
13D’autres groupements ont existé auprès des bibliothèques, sans assise réglementaire. Les « sociétés des amis », souvent constituées à l’initiative du bibliothécaire, permettaient ainsi d’accroître la visibilité de la bibliothèque et de contourner les limites du budget municipal, en rassemblant des fonds pour les acquisitions patrimoniales ou en attirant les dons d’ouvrages27. Elles émanaient ou entretenaient des liens étroits avec les sociétés savantes, dont les conservateurs étaient souvent membres28. Les rares travaux existant sur le sujet montrent que cette forme associative connaît un regain d’activité au début des années 1970. Ces associations d’amis, ancrées dans leur époque, conservent parfois une vocation patrimoniale, mais affichent désormais le souhait de promouvoir la lecture publique29. Là encore, il ne s’agit pas de considérer qu’à chaque bibliothèque municipale correspond une association d’amis dynamique et représentative de la vie sociale du lieu, mais plutôt de rappeler que des expérimentations existent, minoritaires sans être confidentielles30.
14Plus difficiles à cerner sont les échanges des bibliothèques avec des « acteurs collectifs » de la vie locale, lorsqu’ils n’adoptent pas de forme institutionnalisée. Les grands événements liés à la lecture publique, au premier rang desquels les projets de constructions, peuvent générer ce type d’interactions. Anne-Marie Bertrand en a analysés plusieurs, à partir d’archives et d’entretiens, notamment celui des bibliothèques municipales de Nantes et Grenoble où une demande citoyenne influente s’exprima dans la presse locale31. Sans doute l’ampleur du mouvement fut-elle ici exceptionnelle, mais elle atteste du moins de l’existence d’une « demande » sociale de bibliothèque.
15En outre, si Denis Merklen appelle les « agents collectifs » à investir la bibliothèque, c’est aussi oublier que le mouvement peut se faire dans l’autre sens. Les pratiques « hors les murs » des bibliothèques sont anciennes, à destination de publics dits « éloignés » ou « empêchés », à commencer par les bibliothèques circulantes. Dès les années 1950, les enquêtes sur les bibliothèques centrales de prêt témoignent ainsi du rôle des « dépositaires actifs dirigeant parfois non seulement le dépôt de livres mais aussi un télé-club, un ciné-club ou un groupement de jeunes et qui transforment radicalement l’ambiance d’un dépôt tandis qu’ailleurs on attend le lecteur qui ne vient pas spontanément »32.
16Depuis le début des années 2010, le développement de la littérature professionnelle, des formations et des journées d’études sur les démarches participatives en bibliothèque démontre l’importance prise par ce thème33, tant par le nombre d’initiatives que par leur dimension politique. Au point que la réflexion professionnelle puisse dépasser ou décaler les attentes du sociologue : prenant acte des limites inhérentes à la position sociale du bibliothécaire, l’objectif devient alors de faire de la bibliothèque un lieu où « des citoyens accueillent les autres citoyens », les bibliothécaires adoptant une posture de « facilitateurs » de ces dialogues34.
17À travers ces brèves considérations historiques, nous pouvons constater que l’appel au dialogue des bibliothécaires avec le monde qui les entoure, ainsi qu’à l’implication de groupements d’intérêts dans la vie de la bibliothèque, n’est pas chose nouvelle. Bien entendu, nombre de ces discours sont demeurés des vœux pieux, au moins à court terme. Pour autant, la réalité de ce type de pratiques est attestée dans quelques cas et il est tout à fait probable que le manque de sources nous conduise à la sous-estimer.
18De fait, redonner une perspective historique à des phénomènes locaux requiert de s’appuyer sur des travaux de microhistoire (ou, a minima, de recourir à des sources locales) ; se contenter de synthèses nationales ou de textes programmatiques tend à invisibiliser les expérimentations entreprises à petite échelle. Ce sont pourtant de ces tentatives que naissent souvent de nouveaux discours, alors vécus comme des innovations.
Notes de bas de page
1 Denis MERKLEN et Geoffrey PLEYERS, « La localisation des mouvements sociaux », Cahiers des Amériques latines, 2011, no 66. [En ligne] < http://journals.openedition.org/cal/385 >.
2 Antoine OURY, « Bibliothécaires, pensez “en termes de localité plutôt que d’usagers” (Denis Merklen) », Actualitté, 10 juin 2022. [En ligne] < https://actualitte.com/article/106372/interviews/bibliothecaires-pensez-en-termes-de-localite-plutot-que-d-usagers-denis-merklen >.
3 Hind BOUCHAREB, Penser et mettre en œuvre la lecture publique : discours, débats et initiatives (1918-1945), thèse de doctorat d’histoire, université Lyon-2, 2016, p. 354-362. [En ligne] < http://theses.univ-lyon2.fr/documents/lyon2/2016/bouchareb_h >.
4 Denis MERKLEN, « Indispensables bibliothèques, proximité et distance » [conférence prononcée au 67e Congrès de l’ABF], 2022 : « Madame, vous me parliez l’autre jour de votre fille, je pense que ce film est intéressant pour vous. » À quelques détails près, le même tableau avait déjà été imaginé par Alice Garrigoux en 1972, qui indiquait explicitement que ce type de relations de proximité ne pouvait avoir lieu dans de grandes bibliothèques (Alice GARRIGOUX, « La lecture publique en France », Notes et études documentaires, 1972, no 3948, Paris, La Documentation française, p. 10).
5 Hind BOUCHAREB, op. cit., p. 341-348.
6 Marine de LASALLE, « L’équilibre introuvable. Le rapport local-national dans les politiques de lecture publique », in Vincent DUBOIS et Philippe POIRRIER (dir.), Politiques locales et enjeux culturels. Les clochers d’une querelle (XIXe-XXe siècles), Paris, La Documentation française, 1998, p. 128.
7 Bertrand CALENGE, « Les bibliothèques centrales de prêt : naissance de la lecture publique rurale », in Martine POULAIN (dir.), Histoire des bibliothèques françaises. 4. Les bibliothèques au XXe siècle (1914-1990), Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2009, p. 403.
8 Anne-Marie BERTRAND, Les villes et leurs bibliothèques : légitimer et décider (1945-1985), Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 1999, p. 167-168.
9 Laure RIOUST, De l’érudit aux usagers. Publics des fonds locaux et régionaux en bibliothèque municipale : évolutions, pratiques et représentations, mémoire d’étude de conservateur des bibliothèques, Villeurbanne, Enssib, 2008, p. 9-11. [En ligne] < http://enssibal.enssib.fr/bibliotheque/documents/dcb/rioust-dcb16.pdf >.
10 Charte des bibliothèques adoptée par le Conseil supérieur des bibliothèques le 7 novembre 1991, art. 24. [En ligne] < https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/1096-charte-des-bibliotheques.pdf >.
11 Voir par exemple : Anne-Marie BERTRAND, op. cit., p. 244-247 ; Hind BOUCHAREB, op. cit., p. 244-248.
12 Michel BOUVY, « Pourquoi la bibliothèque de secteur ? » (interview par Dominique Lahary), 2006 [version intégrale de l’interview publiée sous forme abrégée dans BIBLIOthèque(s), no 28, juin 2006]. [En ligne] < http://www.lahary.fr/pro/2006/bouvy.htm >.
13 Dominique LAHARY, « Les bibliothèques en pleine réforme territoriale », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2017, no 12, p. 52-59. [En ligne] < https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2017-12-0052-006 >.
14 Marine de LASALLE, op. cit., p. 125.
15 Ibid., p. 124.
16 Il s’agit de propos de Jean-Pierre Saez lors du congrès de l’ABF en 2004, rapportés par Anne-Marie Bertrand (Anne-Marie BERTRAND, « Bibliothèques et territoires : le 50e congrès de l’ABF », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2004, no 5, p. 102-104. [En ligne] < https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2004-05-0102-004 >.).
17 « C’est en ce sens que le bibliothécaire peut bien plus que la connaissance des profils sociaux des habitants d’un territoire. Il peut parler, discuter, accompagner et participer à la vie sociale, familiale, personnelle et collective qui l’entoure » (conférence au congrès de l’ABF). • « Les bibliothécaires disposent d’un outil beaucoup plus riche que les informations de la sociologie ou de la statistique – bien qu’ils restent indispensables, j’insiste. Leur capacité à parler et à entendre les gens qui habitent autour d’eux » (entretien avec Antoine Oury, article cité).
18 Ministère de l’Éducation nationale (Direction des bibliothèques), Manuel de la lecture publique rurale en France, Centre national de documentation pédagogique, 1955, p. 11.
19 Ibid.
20 Hind BOUCHAREB, op. cit., p. 367-368.
21 Gabriel HENRIOT, Des livres pour tous, Paris, éd. Durassié & Cie, 1943, p. 257.
22 Entretien avec Antoine Oury, article cité.
23 Raphaëlle BATS, De la participation à la mobilisation collective, la bibliothèque à la recherche de sa vocation démocratique, thèse de sociologie, université Paris-Diderot, 2019, p. 23-24. [En ligne] < https://u-paris.fr/theses/detail-dune-these/?id_these=3961 >. La plupart des informations mentionnées par Raphaëlle Bats sont issues de : Hélène STRAG, « Les associations d’amis des bibliothèques : état des lieux et perspectives », DESS, université Grenoble-II, 1991.
24 Pour plus de détails, voir : Mariangela ROSELLI et Véronique VERDIER, « Les usages sociaux d’une instance de contrôle : les comités d’inspection et d’achat des bibliothèques municipales », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), no 1, 2000, p. 20-31. [En ligne] < https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2000-01-0020-003 > ; Hind BOUCHAREB, op. cit., p. 36-39.
25 Archives nationales. F17 17336. Rapport annuel de la bibliothèque municipale de Saint-Brieuc (exercice 1923).
26 Instruction du 12 juillet 1962 pour l’application du décret no 61-1003 du 1er septembre 1961, relatif aux comités consultatifs des bibliothèques municipales. [En ligne] < https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1962-09-0488-006 >.
27 Pierre GRAS, « Contribution à l’histoire des sociétés des amis de bibliothèques : note sur la Société des bibliophiles de Bourgogne », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 1963, no 8, p. 358-360. Disponible en ligne : < https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1963-08-0358-003 > ; Hélène STRAG, op. cit.
28 Émilie PAPAIX, Les associations d’amis d’institutions culturelles du début du XXe siècle à nos jours. Le cas des Amis des archives de l’Ariège, mémoire de master 1 Histoire et document, université d’Angers, 2016, p. 18-24. [En ligne] < https://dune.univ-angers.fr/fichiers/15002503/20162MHD5539/fichier/5539F.pdf >.
29 Raphaëlle BATS, op. cit., p. 23-24 ; Émilie PAPAIX, op. cit., p. 20-21 et 30-31.
30 Parmi d’autres exemples intéressants, celui de la bibliothèque de Colmar montre une proximité de vocabulaire avec les prémisses de démarches participatives dans les années 2000 : « Une association des amis de la Bibliothèque de la ville de Colmar a été créée le 9 juin 1971. But : permettre le dialogue entre la direction de la bibliothèque et les lecteurs, les associer plus étroitement à la gestion et à l’animation de la bibliothèque ; créer une communauté d’étude et de recherche entre les lecteurs, mieux leur faire connaître les ressources de la bibliothèque ; apporter un soutien financier au développement de la bibliothèque ; promouvoir ou aider toutes les actions pouvant servir au développement de la lecture et au rayonnement de la bibliothèque » (« Association des amis de la bibliothèque de la ville de Colmar », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 1971, no 11, p. 589. Disponible en ligne : < https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1971-11-0589-012 >).
31 Anne-Marie BERTRAND, Les villes et leurs bibliothèques…, op. cit., p. 262-266.
32 « Les bibliothèques centrales de prêt en 1955 », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 1956, no 9, p. 604-613. [En ligne] < https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1956-09-0604-003 >.
33 Raphaëlle BATS, op. cit., p. 25-26.
34 Propos de Malik Diallo, directeur des bibliothèques municipales de Rennes et président de l’ADBGV (Association des directeurs de bibliothèques de grandes villes), en conclusion de la journée d’étude « La bibliothèque à l’épreuve des diversités », 18 janvier 2023. Captation vidéo disponible en ligne : < https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/notices/71019-la-bibliotheque-a-l-epreuve-des-diversites >.
Auteur
Responsable de la cellule Documentation et archives, Direction générale des affaires culturelles de Normandie
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