D. La coopération dans le dépouillement des périodiques
p. 61-65
Texte intégral
1Le contenu de ce chapitre est essentiellement basé sur l’expérience de CD-RAP, cédérom de références bibliographiques liés au dépouillement de 150 titres de périodiques et fruit de la coopération, depuis juin 1995, de 30 bibliothèques françaises. Ce n’est pas le premier produit coopératif de ce genre : l’Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie produit depuis 1985 une base de données Delphes dans le domaine de l’économie et de la gestion de l’entreprise ; d’abord interrogeable via des serveurs de bases de données, (Européenne de données, etc.) et par Minitel, elle est aujourd’hui aussi commercialisée sous la forme d’un cédérom. Les produits coopératifs non commercialisés sont certainement nombreux mais ne sont souvent connus que de leurs producteurs-utilisateurs. On citera cependant le travail des 22 chambres régionales des comptes et de la Cour des comptes qui se répartissent depuis de nombreuses années le dépouillement de titres intéressant le domaine des finances publiques.
2La réalisation des produits coopératifs est toujours très attractive : gain de temps (on ne dépouille plus qu’une partie des titres), économie budgétaire (produits moins onéreux que ceux du commerce), produits mieux adaptés aux besoins (les décisions concernant le contenu relève des membres du réseau) mais toute coopération, pour qu’elle subsiste, implique une organisation réfléchie.
1. Qui associer ?
3Il est bien évident que des actions de travail partagé, quel qu’il soit, ne peuvent voir le jour que sur la base d’un volontariat. Encore faut-il faire savoir aux établissements susceptibles d’être intéressés qu’un produit est en gestation ou qu’il est déjà constitué si on souhaite élargir le nombre des partenaires. Les moyens ne manquent pas : mailing classique, annonces dans la presse professionnelle, articles sur Internet. Il est nécessaire de préciser quelles seront les contraintes liées à la participation de chacun : qualité et quantité du travail attendu, délai de livraison, coût du produit.
4La signature de conventions reste la meilleure des garanties et permet de s’assurer que l’ensemble du réseau va travailler dans le même esprit : discernement dans le choix des articles quand ceux-ci ne sont pas repris de façon exhaustive, résumés, non critiques, etc.
5Statut, taille de l’établissement importent peu si chacun des protagonistes est prêt à consacrer les moyens nécessaires en temps, et en compétence du personnel surtout, pour honorer ses engagements. Il faut cependant être conscient que pour s’assembler mieux vaut se ressembler : un centre de documentation intervenant dans un domaine pointu n’aura pas les mêmes exigences quant aux caractéristiques du produit documentaire qu’une bibliothèque publique. On peut certes faire évoluer le produit coopératif afin de répondre à des demandes particulières mais cela peut générer des coûts supplémentaires (modification du logiciel de dépouillement et d’interrogation par exemple), surcoût non forcément accepté par l’ensemble du réseau. Les produits trop universels semblent plutôt voués à l’échec.
6Quant au budget des établissements, il peut avoir une influence sur le contenu (cf § 2).
2. Que dépouiller ?
7La réponse dépend des bibliothèques qui constituent le réseau. Ce peut-être la somme de ce qui intéresse chacun ou les titres susceptibles d’intéresser l’ensemble. Dans le premier cas, il faudra accepter des titres régionaux voire locaux et cela peut favoriser l’extension du réseau.
8Dans tous les cas, la notion de complémentarité est essentielle pour établir la liste des titres à dépouiller.
- Complémentarité par rapport aux produits offrant des dépouillements de périodiques et commercialisés, lorsque l’on peut les acquérir. Ex : Repères : banques de données québécoise sur cédérom qui propose les références bibliographiques ou les textes intégraux (environ 10000) de plus de 500 revues francophones dont une centaine de titres français.
- Complémentarité par rapports aux index sur papier publiés par les éditeurs de périodiques (souvent gratuits) ou sous forme électronique (payants) : cédérom des index de La Recherche, bases de données sur Minitel pour LSA (Libre service actualités).
9Alors pourquoi dépouiller dans CD-RAP des titres qui figurent dans Repères par exemple ? Parce que beaucoup de bibliothèques du réseau n’ont pas les moyens financiers suffisants pour acquérir plusieurs outils documentaires ou parce qu’elle jugent que la fréquence de mise à jour ne peut satisfaire les exigences de leur public. Ces établissements à faible budget sont généralement des éléments particulièrement motivés du réseau car la coopération peut représenter leur seul moyen d’obtenir un outil de recherche documentaire un peu évolué.
10Il existe donc toujours de bonnes raisons pour coopérer...
3. Comment ?
11Outre les engagements contractuels cités au § 1, il est indispensable de demander à l’un des établissements du réseau de coopération d’assurer la coordination afin que chacun des membres puisse avoir un interlocuteur unique. Cet établissement-référence peut être celui qui est à l’origine du projet, celui qui possède le fonds de périodiques le plus important ou encore celui qui a les moyens matériels de fabrication du support, ou qui géographiquement est proche de l’entreprise à laquelle cette tâche a été confiée. Cette liste de critères pourrait sans doute être augmentée.
12Le coordinateur doit organiser régulièrement des réunions d’information et de concertation afin que les participants puissent statuer sur les modalités de diffusion du produit :
- support : le cédérom est actuellement d’une fabrication aisée et sa consultation n’implique pas un équipement élaboré et coûteux
- tarifs pour les membres du réseau en fonction du degré de participation
- commercialisation en dehors du réseau ou non
- fréquence de mise à jour ainsi que sur le type d’indexation admise, le contenu de la notice de dépouillement et sur toute suggestion formulée par l’un des coopérants.
Conclusion
13La coopération est un mode de travail qui favorise les échanges entre les professionnels de la documentation. La pérennité du produit réalisé ne dépend pas strictement de sa rentabilité mais de sa capacité à satisfaire l’ensemble de ses producteurs. La conception peut aussi aboutir à la conception « d’accessoires » : thésaurus dans le cas de Delphes et des Chambres régionales des comptes. Elle pourrait être à l’origine de réflexions plus nombreuses sur l’acquisition et la conservation partagées des périodiques surtout pour les petites bibliothèques, les politiques nationales n’intéressant souvent que les grands établissements.
CD-RAP
Producteur : entreprise CD-SCRIPT
Coordinateur du réseau : Bibliothèque municipale de Lyon
Logiciel : version adaptée de Paprika (société Decalog)
M embres du réseau : 29 bibliothèques dont 18 bibliothèques municipales, 2 bibliothèques municipales et universitaires, 6 bibliothèques universitaires, la B.P. I., l’I.F.B., le Ministère des affaires étrangères et les bibliothèques des centres culturels français à l’étranger.
Tous ces établissements dépouillent de 1 à 10 titres
Données : références bibliographiques
162 titres de périodiques français
indexation : Rameau sans respect de la syntaxe et Blanc-Montmayeur essentiellement
résumés pour certains articles
Périodicité : 6 N° par an
Support : cédérom ; projet de mise à disposition sur Internet
Condition d’adhésion et d’acquisition du cédérom : dépouiller au moins un titre
Tarifs du cédérom : fonction du nombre de titres dépouillés et du type de bibliothèques :
type A : ville < 50 000 hab.
Bib. spécialisées } de 2000 à 4025 FF
Bib.universitaires délocalisées
type B : autres de 3000 à 6825 FF
Auteur
-
Anne-Marie Boyer
Bibliothèque Municipale de Lyon
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