1. Libre-acces au document ou a l’information ?

1.1. La documentation électronique

1Les documents informatiques ont une caractéristique commune avec les documents audio-visuels : l’instrumentalité de leur lecture. On admet généralement qu’aucun matériel particulier n’est nécessaire pour lire un ouvrage imprimé alors que la simple consultation d’une micro-fiche, d’une vidéo-cassette ou d’un cd-rom met en oeuvre un appareillage plus ou moins lourd et complexe qui justifie une exploitation bibliothéconomique particulière de ces catégories de documents. Cette distinction entre les modes d’accès à l’imprimé et aux autres supports tend cependant à faire oublier que tout accès à l’information est instrumentalisé : la nature nous a doté d’un appareillage optique d’origine si souvent défaillant qu’il nous faut le renforcer par des lunettes ou lentilles et nous ne comprenons les signes imprimés sur le papier que pour autant que nous avons appris, dans la langue appropriée, à décoder ces signes.

2Pour peu que l’on s’attarde assez sur le détail de la succession des opérations qui s’enchaînent dans la prise de connaissance du contenu d’un document on s’aperçoit que la principale différence entre l’utilisation de la documentation électronique et celle de supports plus traditionnels réside dans le rapport au support physique de l’information : pour lire un livre il est nécessaire de le tenir en main et d’en tourner les pages, pour lire des données sur un disque magnétique aucune manipulation de ce disque n’est nécessaire, l’envoi de commandes par l’intermédiaire d’un clavier n’étant pas à proprement parler une manipulation du support.

3Quand nous parlons du libre-accès dans nos bibliothèques nous entendons toujours accès direct à la matérialité du document, imprimé, microforme, support vidéo, dont le lecteur s’empare pour le consulter avec le matériel de lecture approprié. En matière de documentation électronique il n’y a de véritable libre-accès qu’à l’information stockée sur le support : à quoi sert à un usager d’avoir en main le cd-rom rempli de toute la science dont il a besoin s’il ignore comment charger et appeler ce cd-rom sur un micro-ordinateur dont les procédures d’exploitation lui sont inconnues ?

4Il existe trop souvent encore des services dits "de cd-rom" où ce support est utilisé comme le sont les micro-fiches : l’usager se voit remis par un bibliothécaire un disque qu’il va engager dans un lecteur pour suivre ensuite une procédure précisément décrite dans un guide situé à proximité du poste de consultation, à moins que cette procédure ne soit exécutée par un bibliothécaire préposé à l’assistance de l’usager pendant toutes les heures d’ouverture du service.

5Le libre-accès à l’information électronique tel qu’il va être traité ici exclut au contraire toute manipulation du support, pour l’usager comme pour le bibliothécaire et, dans la mesure du possible, toute intervention du bibliothécaire qui n’a pas à se transformer en spécialiste de la microinformatique.

1.2. Les supports

6Les termes de documentation électronique ou de documents informatiques désignent tout un ensemble de supports dont le seul point commun est qu’ils servent à stocker des données issues du traitement informatisé de l’information ce qui nécessite un poste de travail informatique pour leur lecture.

7Sans détailler les particularités de ces supports, ni distinguer entre les mémoires optiques, magnétiques ou magnéto-optiques, retenons simplement que trois d’entre eux intéressent plus spécialement les usagers et les professionnels des bibliothèques :

• Les cd-rom, produits pressés, destinés à une large diffusion, ce sont les ouvrages de référence contemporains, il n’y a plus aucun domaine du savoir où un cd-rom n’offre un énorme corpus de connaissances. Les cd-i, compacts-disques interactifs, sont de la même famille mais requièrent des conditions d’exploitation particulières (lecteur spécifique et téléviseur) et sont plus destinés à un usage familial que professionnel.
• Les disquettes informatiques, toutes désormais au format de trois pouces et demi, contiennent toutes sortes de données et servent le plus souvent de support de transfert pour les chargements et les mises à jour des bases de données qui sont acquises pour une utilisation locale (par exemple Doctrinal en droit ou Current contents en sciences).
• Les disques optiques numériques (Don) sont généralement utilisés comme périphériques sur un système local où ils permettent de constituer et de stocker d’importantes bases de données internes à l’établissement qui les produit.

8Ces trois types de support sont les seuls qu’on rencontre à ce jour, et très exceptionnellement pour le troisième, dans la documentation interne des bibliothèques.

9Nous ne parlerons pas non plus des bases de données interrogeables à distance via des réseaux de télécommunication (la R.D.I. des B.U.) sinon pour souligner qu’il est difficilement envisageable de laisser en libre-accès ces services payants et relativement complexes à interroger et remarquer que de plus en plus de bases de données consultables en ligne sont également diffusées sur cd-rom à fins de consultation locale.

10Quant à l’accès au réseau Internet il ne concerne pas cette étude qui va s’en tenir, chacun l’a compris, à la description des meilleures conditions possibles d’utilisation locale des trois supports identifiés ci-dessus.

2. Le réseau en libre-accès

2.1. Réseau de cd-rom ou réseau local

11Depuis 1991, dans le souci de ne pas affecter un micro-ordinateur à la consultation exclusive d’un seul titre de cd-rom, les premiers réseaux dits de cd-rom sont apparus. Cette notion de réseau de cd-rom, qui relève de l’abus de langage, mérite d’être éclaircie.

12Pour lever toute équivoque soulignons d’abord qu’il n’y a jamais de réseaux de cd-rom mais des cd-rom consultables sur un réseau local et par local il faut entendre interne à un bâtiment ou un campus. Sur un tel réseau qui permet à des micro-ordinateurs de communiquer entre eux et de partager les ressources, logiciels ou bases de données, implantées sur un serveur en un point du réseau il est possible de partager également des cd-rom accessibles à travers un serveur de cd-rom installé sur le réseau.

13Alors, tous les cd-rom utilisables étant montés en permanence dans un lecteur dédié à chacun et relié au réseau local, il devient possible de toutes les stations de ce réseau d’accéder à la consultation de tous ces cd-rom de même que ces stations accèdent virtuellement à l’ensemble des applications, messagerie, bureautique, bases de données, disponibles sur le serveur de réseau

14Avant de revenir à la consultation en libre-accès voyons donc les conditions de mise en service d’un réseau local.

2.2. Configuration d’un réseau local

15Un réseau local est constitué d’éléments passifs, les câbles, les prises, et de composants actifs, les postes de travail, les cartes de communication, les concentrateurs (hub), le serveur de réseau, le logiciel gestionnaire de réseau.

2.2.1. Les éléments passifs

16Les caractéristiques de vitesse de transmission d’un réseau et donc sa capacité à faire transiter d’importants volumes de données, sont fonction du type de câblage et des cartes de communication utilisées. Une vitesse de transmission de 10 mégabits par seconde (mb/s) est très largement suffisante sur un réseau local pour exploiter des applications sur cd-rom, 100 mb/s représente une vitesse très élevée qui ne s’impose que pour faire passer des images animées de haute définition. Ces vitesses sont gérées par des cartes de communication, ou cartes-réseau, de type Ethernet.

17Le choix d’un type de câble est moins déterminé par le besoin de vitesse que par l’étendue du réseau à constituer. Les câbles de type téléphonique, appelés "double paire torsadée" autorisent une vitesse de transmission jusqu’à 100 mb/s mais ne garantissent pas l’intégrité de la transmission des données sur une longueur de plus de cent mètres sans recourir à des équipements amplificateurs ou répétiteurs de signaux ; le câble coaxial fin permet de porter cette distance à deux cents mètres, le coaxial à cinq cents mètres et la fibre optique libère totalement de ces contraintes de distance au moins pour un réseau local. Ces différents types de câblage sont parfaitement compatibles entre-eux mais les coûts d’installation ne sont pas les mêmes pour tous ce qui suppose de bien évaluer ses besoins avant de choisir l’un ou l’autre.

18Les prises de raccordement, elles, sont toutes désormais du type RJ45.

2.2.2. Les éléments actifs

19Les postes de travail sont des micro-ordinateurs compatibles avec au minimum 4mo de mémoire vive (ram) exploités sous Dos ou OS/2, ils doivent être équipés pour leur connexion au réseau local d’une carte de communication de type Ethernet. Les concentrateurs (hub), comme leur nom l’indique, permettent à l’ensemble des lignes tirées sur le réseau d’accéder au serveur de réseau par un port commun. Le serveur de réseau est un micro-ordinateur compatible, généralement plus puissant et plus rapide que les postes de travail, sur lequel est installé un logiciel gestionnaire de réseau qui est, entre autres fonctions, une espèce d’aiguillage centrale du réseau.

20Cet aperçu évidemment sommaire d’une architecture de réseau local n’est qu’un simple commentaire du schéma de la page 116 destiné aux lecteurs qui auraient du mal à en comprendre les légendes.

2.3. Le serveur de cd-rom

21Sur un tel réseau les bases de données stockées sur le disque dur du serveur sont accessibles de tous les postes de travail et pour rendre le contenu de disquettes lisible de tous ces postes il suffit de les installer sur le serveur. De même une station de disque optique numérique (DON) sera reliée au serveur comme un périphérique et accessible de toutes parts.

22Le cas des cd-rom est analogue. Consultables à tout moment, sans manipulation physique du disque, ils doivent être montés en permanence dans un lecteur relié au réseau. Ces lecteurs se présentent de plus en plus fréquemment dans des tours de quatre ou sept, ou en jukebox, qui permettent de partager alternativement un seul lecteur entre plusieurs disques avec un chargement automatique du cd-rom utilisé.

23Pour gérer simultanément les accès à ces multiples cd-rom il est nécessaire de faire piloter les lecteurs de disques par un gestionnaire de cd-rom, logiciel de partage installé sur un micro-ordinateur désigné comme le serveur de cd-rom et lui même relié au réseau local (cf. schéma p. 116).

2.4. Matériels et logiciels à utiliser

24Sans prétendre effectuer de prescriptions absolues il est clair que certains produits sont plus à recommander que d’autres, d’une part parce qu’on les rencontre dans des solutions éprouvées qui fonctionnent à la satisfaction de leurs utilisateurs et d’autre part parce qu’ils correspondent à des standards de fait en raison de leur très large diffusion sur le marché de l’informatique de réseau.

25Pour les micro-ordinateurs, stations de travail et serveurs, mieux vaut recourir à des marques connues ayant un réseau de distributeurs bien implanté et offrant des conditions de garantie satisfaisantes (un an est un minimum). Si l’on envisage de réutiliser des matériels anciens ceux-ci doivent être au minimum des PC 386 dotés de 4mo de ram.

26Le gestionnaire de réseau le plus répandu est le logiciel Netware de la société Novell dans sa version 4 et le gestionnaire de cd-rom en réseau le plus fréquemment utilisé est le produit Cd-net de la société Meridian-data. Quant aux lecteurs de cd-rom les marques Toshiba ou Pioneer sont généralement appréciées.

27Bien sûr une alimentation électrique secourue (onduleur) est recommandée pour mettre tous ces appareillages à l’abri de coupures de courant intempestives qui ne pourraient que leur être néfastes.

3. La mise en libre-accès

3.1. Sécurité des postes de consultation

28L’infrastructure informatique et la documentation électronique installées il faut définir dans quelles conditions les utilisateurs y auront accès.

29Il peut être imprudent de laisser le public utiliser sans surveillance des appareils coûteux et faciles à démonter, au moins pour leurs éléments les plus légers tels claviers ou souris. Aussi est-il préférable de laisser le moins possible d’éléments mobiles à la disposition du public.

30Il n’est pas nécessaire pour autant d’aller jusqu’à implanter des bornes interactives, véritables carénages enfermant micro-ordinateur, imprimante associée, lecteur de carte magnétique et ne laissant apparent qu’un écran sous une vitre, un clavier encastré dans une tablette et une souris inverse également encastrée. Un tel dispositif est particulièrement onéreux car, outre son habillage, il exige l’utilisation de matériels très robustes dont l’accessibilité difficile à l’intérieur du carénage impose qu’ils ne présentent que d’exceptionnels dysfonctionnements ce qui est particulièrement improbable en ce qui concerne les imprimantes.

31Une solution intermédiaire peut consister à enfermer le micro-ordinateur dans un coffre dont la paroi antérieure est vitrée, laissant voir l’écran, et dont la partie arrière est équipée d’une porte, fermant à clef, donnant accès aux différentes prises de raccordements du micro et percée d’ouvertures laissant passer les câbles. On peut prévoir en outre un interrupteur électrique commun à tous les éléments du micro-ordinateur et il ne faut pas oublier à l’arrière de ce coffre un petit ventilateur fonctionnant en extracteur d’air pour éviter que la température ne monte trop à l’intérieur. Un tel emboîtage n’existe pas dans le commerce mais un menuisier peut le fabriquer pour moins de cinq mille francs.

32Ce dispositif ne laisse accessibles que le clavier et la souris qui peuvent être fixés, collés ou vissés, sur le meuble de consultation ; il empêche l’utilisation du lecteur de disquettes du micro, ce qui élimine le risque d’introduction de virus dans les programmes du réseau, interdit l’accès aux différentes prises qui ne risquent plus d’être débranchées intempestivement et à l’interrupteur du micro qui ne sera jamais coupé de façon "sauvage". M requiert à peine plus d’espace pour son installation que le micro-ordinateur lui-même.

3.2. Le mobilier

33Il est préférable de ménager des places assises pour la consultation de bases de données qui peuvent retenir le lecteur au-delà de deux ou trois minutes, voire l’amener à travailler simultanément devant l’écran et sur des notes qu’il doit pouvoir poser à côté du poste de travail. Il convient de considérer que l’utilisation d’une station de travail informatique, sans son imprimante, entraîne l’occupation d’un espace équivalant à celui occupé par deux places assises, l’imprimante ajoutant encore l’encombrement d’une autre place assise. Ce sont là des chiffres à prendre en compte lors de l’implantation matérielle du réseau de consultation

34Les postes de travail seront généralement posés sur des plans de hauteur standard (70 à75 cm) éventuellement munis d’une tablette à glissière pour poser le clavier sous le plan de travail. Il est surtout important de prévoir des sièges à hauteur d’assise réglable pour compenser les hauteurs d’écrans, variables selon les modèles et les marques, et assurer le confort des utilisateurs quelle que soit leur taille.

35On préférera situer ces postes de travail le long de murs ou de cloisons pour des commodités d’alimentation électrique et de réseau, mais dans le cas d’un bâtiment "intelligent" cette recommandation n’a pas lieu d’être car on ne risquera pas d’embarras de câbles au sol. En revanche il faudra toujours veiller à l’éclairage, point trop violent près des écrans, et éviter les sources de lumière susceptibles de se refléter dans ceux-ci.

4. La consultation

4.1. Des postes multi-fonctions

36Tous les matériels mis en place, il importe de considérer les conditions d’accès à la documentation elle-même et non plus aux seuls appareils de lecture. Un réseau tel qu’envisagé ici permet de consulter sur le même poste des bases de données différentes et on mesure l’intérêt de ce service quand on a vu, par exemple, un utilisateur trouver, sans quitter son siège, des références d’articles de périodiques dans une base de données de dépouillement et, aussitôt, localiser ces périodiques dans Myriade.

37Ce service n’est véritablement utilisé et apprécié que si l’utilisateur, pour en bénéficier, n’a pas besoin de connaître le chemin d’accès et la commande de lancement de chaque base ou cd-rom consultables ; cela suppose donc de disposer sur le réseau d’un logiciel qui prend en charge la gestion des programmes de consultation des différents cd-rom et celle des utilisateurs en fonction des droits qui leur sont accordés. Parmi ces logiciels gestionnaires de bases de données en réseau le plus répandu dans les bibliothèques est actuellement le progiciel Cd-manager de la société Cd-tech qui assure toutes les fonctions de gestion nécessaires au partage de cd-rom sur un réseau. Avec un tel produit le lecteur se trouve devant un menu qui a été paramétré par les bibliothécaires, véritable catalogue de bases de données, et il n’a qu’à choisir celle qu’il veut consulter en clicquant dessus sans se soucier des procédures d’appel.

38Outre les commodités de consultation qu’il offre un gestionnaire de bases de données garantit aussi la sécurité des données et du réseau. Il n’est pas souhaitable en effet qu’un utilisateur ait facilement accès au système d’exploitation des postes de travail qu’il pourrait alors, même sans malveillance, sensiblement perturber ; le gestionnaire de bases de données permet de verrouiller le retour au Dos ou à Windows à l’intérieur de chaque application et également en sortie d’application. Cela limite assurément les possibilités d’exploitation des bases de données (exports par exemple) mais c’est une importante garantie de stabilité du réseau.

5. Les copies

39Tant qu’il ne s’agit que de consulter des bases de données bibliographiques les utilisateurs s’accommodent de noter manuscritement les références trouvées, mais dès que des banques en plein texte leur sont offertes ils expriment le besoin de copier les informations qu’ils y découvrent et ils revendiquent rapidement la mise à leur disposition d’une imprimante.

5.1. Les impressions

40Le contrôle des impressions est ce qu’il y a de plus délicat dans la gestion d’un réseau de consultation de cd-rom et c’est relativement à ces procédures d’impression que l’utilisateur se sent le moins autonome. Que l’on prenne le parti technique d’effectuer toutes les impressions en un seul point du réseau sur une imprimante centralisée, solution la moins onéreuse, ou celui d’installer des imprimantes locales (en parallèle) sur les stations du réseau, il n’est pas envisageable de laisser au public toute liberté d’imprimer car, même sans mauvaises intentions, par naïveté ou maladresse, un lecteur peut lancer une impression de plusieurs dizaines de pages, voire centaines ou milliers, qui va occuper l’imprimante trop longtemps et revenir cher à l’institution.

41Comme la notion d’accès libre est contradictoire avec une surveillance de tous les instants il est nécessaire de limiter le recours aux procédures d’impressions. Il existe de multiples solutions qui supposent toutes une intervention plus ou moins constante du personnel de la bibliothèque ; celle qui ménage le plus l’esprit du libre-accès consiste à monter en parallèle sur une station de travail une imprimante laser (donc silencieuse) équipée d’un lecteur de cartes magnétiques identique à ceux des photocopieurs habituellement présents en bibliothèques.

42Ce lecteur de cartes magnétiques reconnaît celles qui sont utilisées dans les photocopieurs et n’ouvre la possibilité d’imprimer que lorsqu’une carte créditée est engagée et il débite une ou plusieurs unités à chaque page imprimée selon le tarif fixé par l’établissement. Un tel système impose impérativement l’utilisation d’une imprimante laser et entre l’achat de celle-ci et celur du lecteur de cartes il faut dépenser environ dix mille francs par station d’impression.

43L’avantage d’une telle solution, qui peut éventuellement être installée sur toutes les stations de consultation du réseau, est de rendre l’utilisateur totalement responsable des impressions qu’il lance : toute page imprimée est payée d’avance quel que soit l’intérêt qu’elle présente pour celui qui l’a demandée. Ce système est le meilleur garant d’une autodiscipline des lecteurs en matière de copies mais il ne résoud pas tous les problèmes posés par l’hétérogénéité des procédures d’impression des cd-rom, y compris pour ceux d’un même éditeur ! Il faut s’attendre à une fréquente demande d’assistance de la part d’usagers égarés dans ces procédures et savoir que les imprimantes requièrent des interventions régulières ne serait-ce que pour les réapprovisionner en papier ou débloquer les inévitables bourrages.

5.2. Les déchargements

44Une autre attente des lecteurs est de pouvoir décharger le résultat de leurs recherches sur une disquette qu’ils retravailleront ensuite chez eux. Du point de vue du droit cette démarche ne fait pas plus problème que la photocopie ou l’impression tant que cette copie demeure à usage personnel et privé, en revanche les problèmes techniques se posent nombreux.

45Il faut d’abord que l’accès au lecteur de disquette soit déverrouillé sur les postes où ces déchargements sont autorisés. Afin de prévenir l’introduction de virus sur le réseau il est préférable que ce soit la bibliothèque qui fournisse des disquettes neuves et formatées, quitte à les vendre si un accord peut être trouvé avec la régie de recettes de rétablissement. Si l’on veut éviter des extractions trop volumineuses qui permettraient de reconstituer à domicile tout ou partie d’une base de données, en contradiction avec la loi sur la protection de la propriété intellectuelle, il convient en principe de surveiller le volume des données extraites. Enfin, les procédures de déchargement requérant un minimum de connaissance des logiciels d’interrogation et nécessitant l’accès aux systèmes d’exploitation, mieux vaut qu’elles soient sinon effectuées au moins supervisées par un bibliothécaire

46On comprend que ce type de service requiert une grande disponibilité de la part d’agents relativement qualifiés : toutes les bibliothèques n’ont pas les moyens de l’offrir.

6. L’intervention des bibliothécaires

6.1. Formation

47Un réseau local ne peut être installé dans une bibliothèque sans une forte implication du personnel. Même si l’exploitation du réseau, relativement simple au demeurant, est confiée à un service informatique, l’exploitation des cd-rom comme supports documentaires est toujours du ressort des bibliothécaires qui doivent au moins savoir les installer et paramétrer le progiciel gestionnaire de bases de données. Une bonne connaissance des systèmes Ms-dos ou Os/2 et Windows est donc évidemment indispensable ; elle peut s’acquérir en quatre ou cinq jours de formation. Ensuite ce sont les interventions régulières sur le réseau et la consultation fréquente des bases de données qui permettront à chacun de se perfectionner : en la matière il n’est pas de science infuse et seul le travail donne des résultats.

48Il ne faudrait toutefois pas que le bibliothécaire cherchât à maîtriser cette documentation électronique aussi bien que l’étudiant ou le chercheur qui, eux, en ont besoin pour avancer leurs recherches.

6.2. Assistance

49Nous passons notre temps, dans nos établissements, à acquérir et traiter des monographies dont l’essentiel du contenu nous est incompréhensible sans nous affliger outre mesure de notre ignorance. Semblablement nous n’avons pas à nous sentir coupables de ne pas savoir faire toutes les recherches possibles sur un cd-rom ni d’en ignorer toutes les ressources. Notre travail consiste essentiellement à donner accès à de la documentation mais c’est à l’utilisateur d’exploiter cette documentation et non pas au bibliothécaire à qui on ne peut pas demander de connaître les logiciels d’interrogation de dizaines de cd-rom de même qu’on ne peut attendre de lui qu’il connaisse par coeur les tables, les index, les classements de tous les ouvrages d’un fonds de référence ; tant mieux s’il en est capable, après une longue expérience, mais sachons qu’il faudra aussi beaucoup de temps pour acquérir cette expérience en ce qui concerne les banques de données.

50En conséquence le souci d’assistance aux utilisateurs doit principalement porter sur l’apprentissage des procédures d’accès aux différentes bases disponibles sur le réseau, procédures simples avec l’utilisation d’un progiciel gestionnaire de bases de données, et laisser ensuite chacun apprendre à chercher seul dans la documentation de sa discipline qu’il connaît beaucoup mieux que le bibliothécaire.

51Le besoin de formation des utilisateurs est à relativiser d’une part à cause de la faiblesse de l’effectif qu’il est possible de former et d’autre part en raison de la facilité de consultation des cd-rom qui, à chaque étape de recherche, affichent toutes les commandes possibles. Enfin n’oublions pas que nous avons affaire de plus en plus souvent à un public familier des outils informatiques.

52Si la formation apparaît peu nécessaire l’assistance est en revanche indispensable, ne serait-ce que pour dédramatiser les difficultés qu’il peut y avoir à imprimer ou pour relancer une machine bloquée. L’idéal est que cette assistance soit assurée par les bibliothécaires effectuant les permanences de renseignement, ainsi l’usage de la documentation électronique est traité comme celui des autres supports et la continuité du service documentaire est affirmée par delà la diversité des sources et des supports de l’information.

7. Le suivi du service

7.1. Exploitation

53Outre l’assistance aux lecteurs ci-dessus évoquée la mise à disposition de documents électroniques sur un réseau local requiert peu d’attention de la part des bibliothécaires. L’exploitation, nous l’avons dit, est réduite au minimum une fois le réseau en place, les sauvegardes se font de façon réellement automatique et le suivi des abonnements de cd-rom est identique à celui d’un fonds de périodiques avec en plus l’avantage d’une périodicité assez large.

7.2. L’utilité des statistiques

54L’évaluation des services rendus ne représente qu’un travail léger dans la mesure où un progiciel gestionnaire de bases de données prend en charge toutes les statistiques d’activité qu’il peut fournir de façon très détaillée, ventilées par dates, périodes, titres de cd-rom, durée d’interrogation, etc. L’analyse de ces statistiques est d’un grand intérêt.

55On pense spontanément que l’utilisation de cd-rom sur un réseau suppose d’acheter chaque cd avec une licence couvrant tous les postes installés sur le réseau ; à bien lire les contrats on s’aperçoit que les licences-réseaux ne concernent pas le nombre de postes du réseau susceptibles d’utiliser le cd-rom en question mais le nombre d’utilisateurs simultanés du cd-rom sur le réseau ; c’est donc à l’administrateur de déterminer le nombre d’accès simultanés qu’il veut ouvrir à chaque cd-rom et d’acheter la licence-réseau en fonction de ce nombre. Des disques très spécialisés, au faible public potentiel, seront de préférence acquis en licence monoposte ce qui ne les empêche nullement d’être lus sur le réseau, en revanche des disques touchant un public plus large, suscitant des consultations plus fréquentes, devront être achetés en licence multipostes.

56Le nombre d’accès simultanés possibles n’est généralement pas verrouillé sur les cd-rom eux-mêmes, actuellement du moins, et il se paramètre dans le gestionnaire de bases de données. A l’issue d’une période d’essais, accordée facilement par tous les éditeurs de cd, on détermine par l’analyse des statistiques de consultation quels disques doivent être installés avec une licence monoposte et quels autres avec une licence multipostes, et pour combien ; même si l’on a sous-estimé la demande potentielle des utilisateurs il sera toujours possible après coup de faire évoluer à la hausse un contrat monoposte, l’évolution à la baisse d’un contrat initialement multi-postes serait certainement plus difficile à obtenir : il est toujours dommage de payer un service que l’on n’utilise pas.

7.3. Bilan

57Quinze mois après la mise en consultation de bases de données sur un réseau local l’intérêt du public ne fait que grandir et la demande de nouveaux titres de cd-rom est parfaitement proportionnelle à l’augmentation de l’offre éditoriale. La question est de savoir jusqu’à quel point répondre à cette demande, jusqu’à quel point suivre cette offre ?

58faut-il toujours ajouter de nouveaux disques et de nouvelles stations sur le réseau en sachant qu’un cd en ligne représente plus de cinq mille francs d’investissement informatique, indépendamment de son prix d’abonnement, et une station supplémentaire vingt à vingt-cinq mille francs d’investissement dans le réseau ? On se résignera d’autant mieux à accepter les phénomènes d’heures de pointes où les lecteurs font la queue devant un poste de consultation qu’on n’oubliera pas les heures creuses où le quart seulement de ces stations de travail si onéreuses est occupé.

59Le montant des sommes mises en jeu dans les réseaux informatiques locaux ne se justifie que si l’on envisage une utilisation de ceux-ci pour toutes les applications bibliothéconomiques de l’établissement et pas uniquement pour les seuls cd-rom.

60Dès maintenant la problématique du libre-accès à la documentation électronique doit amener à traiter ensemble deux ordres de questions naguère trop souvent séparées dans la bibliothéconomie : la politique documentaire de la bibliothèque et la politique informatique de rétablissement.

Fiche d’établissement

61Désignation : Bibliothèque de l’Université Aix-Marseille III

62Section Droit et Sciences économiques

63Services publics en libre-accès : 1 630 m² (en trois salles)

64Collections en libre-accès : 10 000 volumes

65Places assises : 750

66Public : 9 000 inscrits

67300 000 entrées annuelles

68Ouverture hebdomadaire : 53h30

69Personnel : 10 catégories A et B

7016 catégories C

Fiche d’opération

71Mise en place d’un réseau local pour la consultation de cd-rom et de bases de données

72Câblage : Ethernet 10 base T

73Serveur de réseau : PC Compaq Prosignia 486 DX 33

74Gestionnaire de réseau : Novell, Netware 3.12

75Stations de travail : 11 PC 386 et 486 SX 25

76Imprimantes : HP Laserjet 3 (réseau) et 2 HP Laserjet 4L (locales), lecteurs de cartes magnétiques TC4 Cartadis.

77Lecteurs cd : 3 tours de 7 lecteurs Toshiba

78Serveur de cd : 2 PC 486 SX 25

79Gestionnaire de cd : Cd-net de Meridian-data

80Gestionnaire de bases de données : Cd-manager de Cd-tech

81Documentation : 17 cd-rom, 3 bases de données sur le serveur

82Exploitation : 10 à 15H hebdomadaires réparties entre trois agents formés

83formation : 5 jours pour 3 agents puis 2 jours après un an de fonctionnement

84Implantation : 3 postes en salle de lecture, 4 dans le bureau de renseignement

85Consultations : En moyenne, après un an de fonctionnement : 3 500 interrogations mensuelles pour 600 H de connexion