MONDAIN-MONVAL Georges, MONDAIN-MONVAL Jean, MONDAIN-MONVAL Madeleine
MONDAIN-MONVAL, Georges Avon (1er avril 1845 – Paris, 28 juin 1910), MONDAIN-MONVAL Jean (Paris, 9 mai 1882 – Paris, le 22 décembre 1942), MONVAL-HORN, Madeleine (Paris, 26 mars 1886 – Herblay, le 3 février 1972)
p. 185-188
Texte intégral
Le père, le fils et la fille sont des bibliothécaires, archivistes et historiens du théâtre. Ils ont organisé et valorisé des collections à la Comédie-Française et à l’Arsenal et ils ont contribué par leurs études savantes à mieux faire connaître l’histoire du spectacle vivant.

Portrait de Georges Monval par Daniel Bérard, vers 1883.
CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet
1Georges Mondain est fils d'une famille d'officiers, son père est colonel. Dans sa jeunesse, doué d'une mémoire exceptionnelle, il impressionne par sa fine connaissance des textes de Molière. Après son baccalauréat, il poursuit des études de droit. Avocat, il s’inscrit au barreau de Paris en 1868. Mais la vocation puissante du théâtre le fait changer de voie à 27 ans. Il prend alors le nom de Monval et est reçu au Conservatoire, puis entre à l'Odéon en 1874 dont il écrit une histoire remarquée. Il est appelé par Émile Perrin, administrateur de la Comédie-Française, et le 26 avril 1878 il est nommé archiviste aux côtés de son oncle François Coppée. À la suite de la démission de ce dernier, Monval prend le poste d'archiviste-bibliothécaire. Il établit plusieurs catalogues comme Les collections de la Comédie-Française en 1897, qui identifient les richesses du fonds muséal (peintures sculptures et objets). En 1900, il publie la Liste alphabétique des sociétaires depuis Molière jusqu'à nos jours, fruit d’une recherche archivistique précise, avec biographie et fac-similé de chaque signature. Il prend sa retraite en 1908, car sa santé décline. La détermination et la compétence de Monval entérinent la fonction de la bibliothèque de la Comédie-Française comme lieu de référence sur le répertoire théâtral.
2Sa passion pour Molière l’anime toute sa vie. Il fonde la revue Le Moliériste (1879-1899) pour populariser les découvertes sur cet auteur et sa Chronologie moliéresque reste un modèle. Le hasard et la persévérance le font devenir un éditeur du Neveu de Rameau. En effet, il trouve chez un bouquiniste le manuscrit original écrit de la main de Diderot. Ce roman a connu une histoire éditoriale originale : écrit entre 1762 et 1773, il n’est publié en France qu’en 1821 à partir d’une traduction de Goethe. Expert en autographes et manuscrits, Monval authentifie le document qui constitue depuis le texte utilisé pour les éditions de cette œuvre.
3Il épouse Ève Marie Madeleine Lafaye, la fille du peintre verrier Prosper Lafaye, et parmi leurs cinq enfants, Jean, Madeleine et Marcelle, poursuivront une carrière de bibliothécaire.

Jean Mondain-Monval et François Coppée.
© Collection particulière
4Jean Mondain-Monval entre à la Comédie-Française comme archiviste adjoint le 1er juillet 1908. Il a suivi ses études au lycée Louis-le-Grand, puis à l'ENC (promotion 1904) et il est nommé pensionnaire de la fondation Thiers pour poursuivre une thèse sur Jacques-Germain Soufflot, l’architecte du Panthéon. À la mort de son grand-oncle, le poète François Coppée, il reçoit la responsabilité de publier ses œuvres inédites et sa correspondance. Il s’acquitte de cette tâche avec toute la rigueur d’un chartiste mais aussi l’entendement d’un poète puisqu’il a publié un recueil de poésies, Le Jet d’eau. En 1911, il épouse Clémentine Welschinger et ils ont trois enfants. Comme son père, et aussi avec lui, il publie régulièrement des articles sur le théâtre, les comédiens et la Comédie-Française dans le Bulletin de la Société de l'histoire du théâtre, et aussi dans des journaux et revues de plus large audience, comme Le Figaro, Le Gaulois, Les Belles-Lettres, Comœdia, la Revue bleue. En 1936, il est promu bibliothécaire en chef ; il cumule alors trois postes, à la bibliothèque, aux archives et au secrétariat du comité du théâtre. Le sentiment religieux animant ses dernières recherches, il publie trois volumes sur les ordres monastiques dont en 1934, Les Sulpiciens (Prix Montyon de l'Académie française).

Madeleine Monval-Horn et sa fille.
© Collection particulière
5Sa sœur, Madeleine Monval-Horn est connue pour avoir administré la prestigieuse collection Rondel. Elle suit des études au Collège Sévigné, un des premiers établissements scolaires secondaires ouverts aux jeunes filles. Elle épouse Charles Horn, conseiller du Commerce extérieur et représentant d'une imprimerie à Leipzig, et le couple s’installe en Allemagne. Ils ont trois enfants ; ils reviennent en France à la déclaration de guerre de 1914. Son mari meurt au front en 1915. Pour assurer la vie matérielle de sa famille, elle devient professeur en collège puis passe ses examens de licence. Elle quitte l'enseignement pour travailler avec Auguste Rondel. Ce riche financier a constitué une extraordinaire collection de 300 000 documents sur le théâtre et la lègue à l'État en 1920 mais il en conserve l’administration. Ce fonds est d’abord installé à la Comédie-Française puis est confié à la bibliothèque de l'Arsenal en 1925. Dans ce travail titanesque d’inventaire, d’organisation et de communication, Madeleine Monval-Horn est secondée par sa sœur, Marcelle. En 1947, Madeleine est nommée chevalier de l’Ordre de la Légion d'honneur. Elle travaille à l’Arsenal jusqu’à son départ en retraite en 1951. Sa connaissance du théâtre se déploie aussi dans des travaux de recherche. Elle collabore à l’iconographie de l’Histoire générale illustrée du théâtre de Lucien Dubech. Elle élabore un Répertoire bibliographique des traductions et adaptations françaises du théâtre étranger du XVe siècle à nos jours, édité en 8 volumes par le CNRS. Cet ouvrage est couronné par l'Académie française en 1965.
6Ces bibliothécaires hautement spécialisés mènent de front un travail technique et une activité de recherche. Ils produisent de riches études qui reposent sur la compilation et la compréhension de documents et aussi sur l’émulation et l’enthousiasme familial.
ISNI Georges Mondain-Monval
0000 0000 8094 0422
ISNI Jean Mondain-Monval
0000 0001 0923 1508
ISNI Madeleine Monval-Horn
0000 0000 8130 302X
Source primaire et bibliographie
Archives nationales F/21/5226/19 ;
Acrivopoulos, 2013 ;
Bouteron, 1946 ;
Huthwohl, 2008 ;
Mondain-Monval, 1923 ;
Monval-Horn, 1960 ;
Veinstein, 1972.
Auteur
-
Isabelle Antonutti
Responsable de formations, Médiadix, Pôle Métiers du livre, université Paris Nanterre ; historienne, membre du Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines, université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
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