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Figures de bibliothécaires

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Isabelle Antonutti

Figures de bibliothécaires

ESQUER, Gabriel

Caunes-Minervois, 12 avril 1876 – Alger, 14 avril 1961

Isabelle Antonutti

Texte intégral

Administrateur de la Bibliothèque nationale d'Alger et historien de la colonisation, il est l’auteur d’une monumentale Iconographie historique de l’Algérie.

Portrait dans Braudel Fernand. Gabriel Esquer (1876-1961). In: Annales. Economies, sociétés, civilisations. 18e année, N. 3, 1963. pp. 604-608;

1Sa famille est composée d'officiers et de fonctionnaires ayant servi en Indochine et dans les comptoirs français de l'Inde. Il étudie à Toulouse puis suit une longue scolarité à l'ENC, à partir de 1895, car il est aussi attiré par le théâtre et le journalisme. Secrétaire général des théâtres des Mathurins et des Bouffes-Parisiens, il écrit dans Gil Blas et L'Aurore. Il obtient, en 1903, le titre d'archiviste paléographe, après avoir soutenu une thèse sur François de Valois, duc d’Alençon et d’Anjou, les Malcontents, les Pays-Bas (1554-1584).

2Il travaille comme archiviste au département du Cantal de 1903 à 1908, et publie des articles scientifiques dans la Revue de la Haute-Auvergne. Il est nommé archiviste-bibliothécaire du Gouvernement général à Alger en février 1909, puis administrateur de la Bibliothèque nationale d’Alger. Il en relate l’histoire lors de sa conférence pour le congrès de l’ABF en 1931 à Alger. Cette bibliothèque nationale, fondée en 1835, est installée en 1863 dans le palais hispano-mauresque de Mustapha Pacha. Ce magnifique bâtiment s’adapte mal au fonctionnement d’une bibliothèque et Gabriel Esquer espère convaincre de la nécessité d'en construire un nouveau, mais il ne sera inauguré par sa successeure, Germaine Lebel, qu’en 1954. La collection est composée de plus de 80 000 volumes de publications de tous genres, elle possède aussi des manuscrits orientaux. Le fonds nord-africain (habitants, histoire, politique, économie, colonisation, etc.) compte 10 000 volumes. Un administrateur et deux bibliothécaires y travaillent. Gabriel Esquer a laissé des souvenirs amers à certains usagers, car les lectures des étudiants algériens étaient surveillées et censurées, une pratique alors courante envers les chercheurs autochtones. Gabriel Esquer reste un fonctionnaire inféodé à l’idéologie courante de son époque.

3Son travail d’historien s’inscrit dans un rapport au savoir lié à la construction d’un passé, celui de la colonisation de l'Algérie par la France. Il est membre de la Société historique algérienne, qui anime la Revue africaine dans laquelle il publie des articles sur l'histoire contemporaine de l'Algérie, et assure le rôle de secrétaire général de 1927 à 1938. Il accomplit un travail de recensement des archives de la colonisation et se trouve être à l'origine de la collection Documents inédits sur l'histoire de l'Algérie. Il est l’auteur d’une Iconographie historique de l'Algérie, du XVIe siècle à 1871, en trois volumes où il rassemble des sources visuelles et artistiques originales. À partir de 1927, Il enseigne les sciences auxiliaires de l'histoire et l'histoire du Moyen Âge à la faculté des lettres d'Alger.

4Témoin actif de son temps, il écrit dans les quotidiens comme l’Oran Républicain et Le Journal d'Alger. En 1940, il rejoint la résistance gaulliste et collabore à l’hebdomadaire Combat où il assure une chronique radiophonique. Il publie 8 novembre 1942, jour premier de la Libération où il rassemble faits, chroniques et témoignages, pour un récit sur le vif de ce moment historique.

5Il part à la retraite en 1948, poursuit ses recherches, et publie Une petite histoire de l'Algérie, sur la période 1830-1957, dans la collection Que sais-je ?

6Son œuvre est récompensée par le Prix Gobert de l'Académie française en 1923 et par le Prix Bordin de l'Académie des beaux-arts en 1930. Il reçoit plusieurs distinctions honorifiques : chevalier de la Légion d'honneur et officier de l'Instruction publique. Il est enterré à Alger.

ISNI

0000 0000 8088 9559

Bibliographie

Braudel, 1963 ;

Lebel, 1961a, 1961b ;

Oulebsir, 2004 ;

Schaub, Dictionnaire des orientalistes de langue française, 2008.

Table des illustrations

Crédits Portrait dans Braudel Fernand. Gabriel Esquer (1876-1961). In: Annales. Economies, sociétés, civilisations. 18e année, N. 3, 1963. pp. 604-608;
URL http://books.openedition.org/pressesenssib/docannexe/image/13049/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 2,2M

Auteur

Responsable de formations, Médiadix, Pôle Métiers du livre, université Paris Nanterre ; historienne, membre du Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines, université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

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