Chapitre 3. Les lits du mausolée A63 « à la Sphinge »
p. 175-240
Texte intégral
Le mausolée A63
Portrait archéologique
Le mausolée
1Découvert en 2005, le mausolée A63, dont seul le noyau de maçonnerie émergeait alors du sol, fit l’objet d’une fouille l’année suivante, complétée en 2009 par une étude supplémentaire. Son dégagement mit en évidence un grand enclos de 17,60 m par 14,40 m (fig. 11), à l’intérieur duquel on pénétrait par une entrée située dans la partie nord du mur ouest. Les murs est, ouest et arrière sont construits en opus reticulatum surmonté d’un couronnement de blocs en tuf jaune, et ceux à l’est et à l’ouest sont chacun pourvus en leur partie centrale d’une abside. La façade, faite de blocs de tuf gris liés entre eux par des clefs de bois, est ponctuée de chaque côté par deux exèdres d’un peu moins de deux mètres, occupées par des banquettes tournées vers la voie, invitant les passants à s’asseoir. Une fontaine siège au centre – elle était alimentée par une tuyauterie en plomb depuis une citerne appuyée contre le mur sud, à l’extérieur –, de part et d’autre encadrée d’un mur ajouré en lignes verticales. Chaque extrémité de la façade était décorée de bas-reliefs, conservés seulement côté ouest. Ils représentent une porte à deux battants à gauche de laquelle est assise, sur son arrière-train, une sphinge enserrant un crâne humain entre ses pattes avant (fig. 12-13)1.
Fig. 11. Mausolée A63.

a. Vue aérienne prise depuis un ballon.
cliché J.-P. Brun

b. Plan général.
archives CJB
2Le tombeau se dresse approximativement au centre de l’enclos. De l’élévation initiale seul est conservé le noyau de maçonnerie, rendant délicate l’interprétation de la forme exacte. Il semble acquis cependant que cette élévation disparue prenait la forme d’un autel, d’environ 8 m par 5 à la base (fig. 11 et 14). Entouré d’un dallage – légèrement surélevé par rapport au sol de l’enclos – sur le pourtour proche, le mausolée se compose de deux éléments principaux : une chambre hypogée avec vestibule d’accès et une élévation en forme d’autel au-dessus. Un bloc de marbre portant en bas-relief une frise d’armes avec casque et bouclier et retrouvé dans la couche de destruction, appartenait probablement à la décoration. Il s’agit du seul rescapé des prélèvements et récupérations des marbres et blocs de calcaire opérés à l’époque byzantine pour alimenter les fours à chaux.
Fig. 12. Mausolée A63, exèdre ouest de la façade de l’enclos.

cliché J.-P. Brun
Fig. 13. Mausolée A63, bas-relief décoratif de l’enclos, ouest de la façade.

cliché J.-P. Brun
Fig. 14. Mausolée A63, détail du plan : escalier, vestibule et chambre.

archives CJB
3Sous cette élévation se trouvait la chambre funéraire. On y accédait par un escalier extérieur, situé au sud, qui donnait dans un vestibule d’accès ; on passait ensuite une porte en bois, dont subsiste encore la partie basse sur quelques centimètres, qui ouvrait sur un petit corridor d’un mètre de long puis sur la chambre (fig. 15). Cette porte fut murée après la dernière utilisation de la tombe.
Fig. 15. Mausolée A63.

De haut en bas et de g. à dr. : escalier extérieur menant au vestibule hypogée ; vestibule inondé par la nappe phréatique ; corridor intermédiaire donnant accès à la chambre depuis le vestibule ; voûte de la chambre funéraire au moment de la découverte.
clichés J.-P. Brun
La chambre et les tombes
4À l’intérieur, la chambre était lors de sa découverte inondée par l’eau provenant de la nappe phréatique, qu’un système de pompage permit d’évacuer provisoirement. Il s’agit d’une pièce grande de 3,51 m de long sur 2,95 m de large, dont le sol est fait de béton de tuileau incrusté d’éclats de marbre de couleur. Les parois, couvertes d’un enduit blanc, ne comportent ni décoration picturale ni niche ; à partir d’une petite corniche basse, elles donnent, vers le haut, naissance à une voûte en plein cintre dont la hauteur culmine à 2,50 m. Deux puits de lumière y avaient été ouverts, dont l’un avait été agrandi par les pilleurs pour s’introduire à l’intérieur. Dans cette chambre (fig. 16), la fouille a mis en lumière une configuration funéraire particulièrement intéressante et peu fréquente : l’espace est organisé en triclinium maçonné, où reposaient les dépouilles de trois défunts : deux crémations secondaires et une inhumation primaire.
Fig. 16. Mausolée A63.

En haut : intérieur de la chambre. En bas : lit ouest (à gauche) ; lit est (au centre) ; banquette à mobilier et à offrandes dans le prolongement du lit est.
clichés J.-P. Brun
L’inhumation et la banquette
5Au moment de la découverte, deux lits de 0,90 m de large, destinés à des inhumations, occupent les parois ouest et est, ce dernier étant prolongé au sud par une petite banquette de même hauteur. Le lit ouest, creusé en rectangle long dans la maçonnerie, n’en a pourtant jamais accueilli : il a été découvert vide, avec seulement une fine planche de bois sur le fond. Le lit situé à l’est en revanche, offrant également un creusement rectangulaire, comportait le squelette d’un homme déposé sur un lit de sable recouvert d’une natte – ou quelque revêtement équivalent –, comme semblent l’indiquer les restes organiques conservés sous le corps et sous un balsamaire en verre (forme Isings 70a), placé juste à sa droite au niveau du crâne. Les analyses anthropologiques ont révélé un homme d’âge assez avancé. La banquette de l’angle sud-est, liée à ce lit, servait de table sur laquelle on avait déposé du mobilier : deux strigiles en bronze2 et un vase à paroi fine assimilable à la forme Mayet IX. À ce mobilier s’ajoutent des objets qui avaient glissé au fond du corridor, mais qui probablement avaient pris place au départ sur la même banquette3.
Les urnes et les lits
6Le long de la paroi nord, se trouve un banc de hauteur et de largeur similaires aux lits ; on y avait ménagé en creux deux emplacements rectangulaires, laissant vide la partie gauche de l’ensemble. C’est là qu’ont été déposées deux vasques identiques rectangulaires de marbre blanc (fig. 17). Évasées vers le haut, les parois extérieures sont lisses et se terminent par deux fines moulures puis un bord mouluré puis arrondi, tandis que quatre pieds quadrangulaires portent l’ensemble, prolongés par un évasement suivant l’inclinaison des parois en leurs angles, et pourvus également de moulures fines successives. Il s’agit de vasques de forme connue, telles qu’il s’en trouvait dans les atriums ou les jardins. L’urne à l’ouest (SP63117) était close d’une plaque de marbre et celle à l’est (SP63118) d’une plaque de plomb noirci par le temps. La première contenait les restes d’une femme assez âgée et la seconde ceux d’un jeune homme au corps robuste, dont l’étude anthropologique a déterminé un âge entre 16 et 25 ans. Lors de leurs funérailles, tous deux avaient été étendus sur un lit d’apparat recouvert d’ivoire sculpté avant d’être brûlés sur un bûcher ; une partie de cet ivoire réduit à l’état de fragments fut ensuite récoltée avec les ossements, pour être déposée dans l’urne.
Fig. 17. Mausolée A63, vasques utilisées comme urnes funéraires.


Musée archéologique des Champs phlégréens, Baia (clichés A. Cormier, sur concession du MiC – PA Campi Flegrei).
La mensa
7Au centre de l’espace autour duquel s’articule le triclinium funéraire avait été construite une mensa maçonnée en forme de cylindre, montrant clairement une volonté d’assimiler ce tombeau à une salle de banquet, manifestement liée au culte de Bacchus, si l’on y associe la forme des urnes, assimilables à des lènoi, et aux décorations en ivoire du lit « au Centaure » (inv. 63317), lui aussi lié au thiase dionysiaque4.
Vue d’ensemble
8Cette chambre funéraire renfermait donc des tombes à inhumation et des tombes à crémation. Pourtant, l’examen de cet ensemble maçonné permet de comprendre une composition architecturale cohérente et unique, dans un prolongement homogène des parois, qui indique clairement une construction d’un seul jet, sans ajout postérieur. Cela signifie par conséquent que les deux modes de sépulture ont été envisagés de manière concomitante, constituant un cas tout à fait particulier. Il est difficile de savoir exactement quel fut l’ordre chronologique des dépositions, mais il est tentant de voir dans les trois défunts les membres d’une même famille, où l’on reconnaîtrait deux époux et leur fils. Mais, alors que quasiment aucun élément de décoration du mausolée n’a survécu, la mise au jour en 2009 d’une inscription sur marbre remployée dans un puits creusé au iie s. pour l’installation artisanale, à proximité immédiate du monument, autorise des hypothèses (fig. 18) :
9C(aius) Gauius C(aii) f(ilius) | Garra Cauonius, | annorum XVI praet(uram) | gessit, ereptus est annor(um) | XXI, funere et loco publice | ex senatu consultu | municipiq(ue) iussu datum.
Caius Gavius Garra Cavonius, fils de Caius, à l’âge de 16 ans a revêtu (et géré) la préture, à l’âge de 21 ans il a été arraché à la vie ; par sénatus-consulte et par décision du municipe, à titre public, on a donné des funérailles et un lieu (de sépulture)5.
Fig. 18. Inscription provenant probablement du mausolée A63.

Musée archéologique des Champs phlégréens, Baia (cliché J.-P. Brun, sur concession du MiC – PA Campi Flegrei).
10Cette plaque de marbre, qui mesure 0,78 m de large sur 0,66 m de haut, mentionne un fait peu ordinaire, évoqué plus bas6 : le cas exceptionnel de ce jeune homme, étudié de près par les spécialistes7, montre combien « la charge revêtue, à la mesure des dimensions imposantes et de la qualité décorative du monument, renvoie aux liens traditionnels qu’entretenaient les élites sociales et politiques de Rome avec cette partie de la Campanie8 ». L’inscription appartenait-elle au mausolée A63 ? Il est probable que c’est « en récupérant des blocs dans la façade ruinée que les artisans ont utilisé l’inscription9 ».
11L’appartenance vraisemblable de cette inscription au mausolée, reconnaissant ainsi le jeune homme de la sépulture 63118 probablement comme Caius Gavius Garra Cavonius10, laisserait penser qu’il mourut avant les autres, ou du moins avant l’un des deux autres. Et le corps inhumé de l’homme âgé pourrait fort bien en ce cas être son père… Le cas remarquable de la situation du jeune homme, nommé préteur si jeune, fait aussi écho de manière probante à la valeur tout aussi particulière des lits d’apparat décorés d’ivoire, sur lesquels deux des trois défunts furent disposés. Une telle qualité d’ouvrage, dont le prix était particulièrement important, constitue un argument supplémentaire pour rattacher l’inscription au mausolée A63.
12Les hypothèses formulées, ajoutées aux informations archéologiques et épigraphiques, constituent une grille de données cohérente offrant une réelle harmonie sur l’histoire du monument et de ses occupants. Bien des ombres demeurent il est vrai, mais depuis les petits fragments d’ivoire, image de lits d’apparat peu ordinaires, à C. Gavius Garra Cavonius élu préteur dans des conditions telles, ces détails font écho à l’aspect grandiose et monumental de ce mausolée, qui s’inscrit dans la tradition des tombeaux-autels bien attestés en Italie à partir de la fin du iie s. av. J.-C. et issus de modèles hellénistiques, comme on en trouve à Rhodes, à Cnide ou à Halicarnasse11. Les autels, de petite taille, étaient à cette époque disposés dans les enclos funéraires pour les sacrifices ; plus tard, en Italie en particulier, ils sont repris comme ornements dans des enclos plus grands, pour constituer en définitive la forme et la décoration mêmes de la tombe, comme en témoignent les exemples au sortir de la porte d’Herculanum, à Pompéi12. Henner von Hesberg distingue deux périodes principales dans l’évolution des tombeaux-autels. La première, entre 120 et 20 av. J.-C., reprend, comme rappelé ci-avant, les modèles hellénistiques. Puis, à partir de l’époque augustéenne, le savant distingue trois tendances dans l’évolution de ce type de monument13, rappelées ici succinctement. Une première place l’autel sur un haut socle de quelques mètres ; une seconde le place au sein d’un large enclos, telle qu’on en trouve surtout dans le nord de l’Italie ; quant à la troisième tendance, il s’agit surtout du message et de la symbolique qui sont conservés, faisant davantage référence à l’idée de l’autel plus qu’à sa forme explicite et directe14. Le monument A63 de Cumes entre donc la seconde tendance (fig. 19), mais l’architecture générale et surtout la composition architectonique et décorative de la façade nord de l’enclos15 en font un cas unique dans les Champs phlégréens16.
Fig. 19. Premier état du mausolée A63 : hypothèse de reconstitution.

élaboration S. Girardot, architecte DPLG
Contexte local
13Ce grand et majestueux ensemble est une histoire de famille. Alors que le municipe de Cumes connaît une situation politique et économique stable et confortable, la gens des Gauii doit jouir d’une assise et d’une influence notables, participant de manière active à la vie publique. Nous sommes autour des dernières années du règne d’Auguste ou au début de celui de Tibère. Caius Gavius Garra assure la prestigieuse charge de préteur à son fils, le jeune Caius âgé de seize ans, comme le précise l’inscription sur marbre découverte à proximité du monument. Un tel privilège n’a pu être octroyé à une si jeune personne que parce que le père et sa famille sont influents, et bénéficient du soutien de hauts dignitaires de la cité, peut-être de Rome aussi. Caius est donc élu préteur, comme fut élu édile le neveu de Cicéron, guère plus âgé, quelques décennies auparavant. Mais cinq ans plus tard il meurt, prématurément.
14Le municipe décide alors de lui offrir des funérailles publiques, au frais de la cité, ainsi qu’un lieu de sépulture aux très proches abords ; ces honneurs furent inscrits sur le marbre du monument.
15Aujourd’hui, il ne reste de cette magnificence que des ruines dépouillées. À une centaine de mètres de la porte Médiane, en empruntant vers l’ouest la voie Domitienne, on découvre, sur la gauche, un grand enclos au milieu duquel siège un noyau de maçonnerie (fig. 11a). Contrairement au mausolée A2 situé une quarantaine de mètres à l’est, le monument n’est pas directement cerné d’édifices funéraires. Au sud, la muraille se trouve à quelques mètres, ce qui explique l’absence de tombe monumentale. À l’est, un espace vide d’une vingtaine de mètres le sépare de l’enclos funéraire A6117, daté du ier s. apr. J.-C., mais probablement un peu plus tardif que A63. Un sondage partiel a pour le moment révélé quelques sépultures de jeunes enfants, inhumés dans des amphores et des vases de cuisson. Attenant au côté est de A61, se trouve le mausolée A6218 qui fut construit plus tard – à l’époque sévérienne – à l’emplacement d’un monument du ier s. apr. J.-C. Mesurant environ 6,50 m par presque 5 m, il est pourvu de cinq arcosolia ornés de peintures à thèmes floraux. Il est probable que d’autres monuments occupaient l’espace entre cet édifice et la porte de la cité, mais l’épais bosquet recouvrant un monticule de terre occupant l’espace entre les remparts et la voie n’a pas encore été dégagé. En revenant vers et dépassant A63, on se trouve bloqué par les bâtiments d’une ferme d’époque moderne qui recouvrent vraisemblablement d’autres constructions funéraires. De l’autre côté de la voie, légèrement plus à l’ouest, trône le monument A68 ; de ce même bord mais au sud-est, en se rapprochant de la porte, subsistent les fondations du mausolée A49-A51.
16À la fin du ier s. apr. J.-C., le mausolée A63 est à l’abandon : lors des travaux de la création de la voie Domitienne matérialisés par un rehaussement de la chaussée recouvert d’un dallage, le mur en grand appareil de son enclos est détruit et les blocs remployés dans le remblai de la voie. L’escalier d’accès à la chambre funéraire est comblé par des amphores et un remblai de gravats. L’enclos est alors divisé en deux et utilisé pour une part comme espace funéraire et une autre pour une activité artisanale19. La partie ouest, transformée dans sa longueur en espace clos et couvert, comporte, à l’intérieur de l’enceinte d’origine, un bassin. Hors de l’enclos, au nord-ouest du mur, plusieurs bassins et un puits sont alors aménagés. L’usage de ces bassins est lié à un artisanat qu’il n’a pas été encore possible de déterminer précisément. Il semble que l’activité de ces installations ait persisté jusqu’au troisième quart du iiie s.20, donc pendant environ un siècle. La partie est de l’enclos, aménagée au départ en jardin, reçoit progressivement des tombes individuelles a bauletto, dont l’une a conservé un fragment d’inscription. Après une destruction des élévations, peut-être due à un séisme dans la seconde moitié du iiie s.21, de nouvelles tombes individuelles sont installées au ive et au ve s. ; puis des constructions dont l’usage n’est pas assuré – peut-être agricole – sont édifiées sur les niveaux de destruction entre les vie et viie s.
Épilogue
17En 2005, les fouilles du mausolée A6322 avaient nécessité la mise en place d’un système de pompage, pour rabattre la nappe phréatique et permettre un accès à la chambre. Complétées par une nouvelle étude en 2009, ces fouilles ont permis de dater l’édifice de la fin de l’époque augustéenne ou du début du règne de Tibère. Il renfermait deux urnes en marbre blanc23, en forme de vasque rectangulaire, contenant chacune les restes d’un défunt auxquels étaient mélangés des fragments d’ivoire. Comme pour ceux du mausolée A2, certains d’entre eux ont pu être assemblés et collés, permettant de reconstituer des formes de décorations souvent d’un grand intérêt, mais dont l’extrême fragilité a nécessité une manipulation prudente. L’étude anthropologique, effectuée par Henri Duday, a permis d’observer que ces fragments avaient été déposés pour l’essentiel au fond de l’urne, et en particulier ceux de taille importante. Cette dernière remarque est d’ailleurs logique, puisqu’il s’agit des plus visibles, qui apparaissaient le plus facilement dans les cendres du bûcher. Il est à noter qu’aucun reste d’autre matériau que l’ivoire n’a pu être isolé, hormis un balsamaire en verre dans l’urne ouest (inv. 63117).
Le lit « au Centaure », inv. 63317
Présentation
18Couverte par une plaque de marbre, la vasque ouest de la banquette, située le long de la paroi nord de la chambre funéraire, contenait les restes d’une femme assez âgée. Henri Duday parle ainsi d’une adulte très gracile, présentant une arthrose cervicale modérée et une pathologie buccale. Les ossements ont manifestement subi une crémation hétérogène, mais en général assez faible.
19L’anthropologue a déterminé neuf passes lors de la fouille de l’urne, numérotées de R01 à R09. Une dixième (R10) a été rajoutée a posteriori. Seule la passe R02 ne contenait aucun fragment d’ivoire. Au total, 171 fragments ont été dénombrés, pour une masse de 49,2 g24.
20Le tri initial et la répartition générale ont abouti à la distribution suivante :
passe R01 : 1 fragment en ivoire (L. max. 2,5 cm), ainsi qu’un balsamaire en verre déformé par la chaleur (L. max. 7 cm),
passe R02 : aucun fragment d’ivoire,
passe R03 : 13 fragments, de 0,8 à 2,5 cm (L. max.),
passe R04 : 2 fragments, de 0,8 et 4 cm (L. max.),
passe R05 : 4 fragments, de 1,5 à 2 cm (L. max.),
passe R06 : 3 fragments, de 1,2 à 2,6 cm (L. max.),
passe R07 : 2 fragments, de 4,1 et 5,1 cm (L. max.),
passe R08 : 62 fragments, de 0,5 à 3,2 cm (L. max.),
passe R09 : 65 fragments, de 1 à 5 cm (L. max.),
passe R10 : 19 fragments, de 0,5 à 4 cm (L. max.).
Étude morphologique et iconographique
Contexte de travail
21Comme pour le lit 2050 du mausolée A2, l’élaboration du catalogue du lit « au Centaure » (voir ci-après p. 190-212) a nécessité la prise en compte de l’état extrêmement fragmentaire des éléments en ivoire et des conséquences induites par la crémation. Mais aussi, et contrairement à 2050, les fragments du lit 63317 ont été conservés en faible quantité, rendant délicate la compréhension d’ensemble et la reconstitution, puisque seule une part réduite de l’ensemble de l’ornementation en ivoire peut être proposée. Ce postulat s’explique par deux causes qui se sont peut-être ajoutées l’une à l’autre. D’une part, la crémation a opéré une destruction importante, bien supérieure à celle du lit 2050 ; pourtant, comme indiqué plus haut, le rapport anthropologique de l’étude des ossements du défunt a conclu à une crémation en général assez faible, ce qui apparaît contradictoire. Proportionnellement, la part d’ivoire est nettement moindre par rapport à celle de l’os humain que pour le précédent lit : 49,2 g pour 1086,6 g contre 363,1 g pour 1296,9 g. D’autre part, cette faible proportion laisse penser que l’officiant a procédé à une récolte partielle, moins minutieuse de ce qui restait dans le foyer, une fois le feu éteint et refroidi.
22Fort heureusement, malgré l’anéantissement de l’ossature en bois du lit et la perte d’une partie conséquente de sa décoration, des éléments de pièces figurées importantes ont été ramassés et déposés dans l’urne, au milieu des restes de la défunte, parfois dans un état de conservation permettant une avantageuse lisibilité. Il a ainsi pu être établi avec certitude que l’essentiel de ces fragments provient des montants, et une dizaine du cadre. Pour quelques autres – un peu moins d’une dizaine –, un doute subsiste sur leur emplacement d’origine, que l’on peut supposer sur le cadre ou sur un fulcrum. Comme pour 2050, certains fragments ont conservé des indices du travail de l’outil, permettant par exemple de discerner un placage fin d’une lamelle désolidarisée de son épaisseur d’origine ; les autres remarques énoncées pour 205025 se vérifient également, mais dans une mesure moindre, du fait du petit nombre de fragments.
23La silhouette générale du lit était fine : les montants étaient constitués d’une figure principale en partie basse centrale, accompagnée au-dessous et au-dessus de volumes variés dominés par des disques épais, alternant avec des éléments fins. Un fragment a conservé des motifs décoratifs végétaux en léger relief26, indiquant clairement que certains volumes des montants – au moins – en étaient ornés, contrairement, nous le verrons, à l’autre lit du mausolée, ainsi qu’à celui de A2. Pour ce qui est du cadre, les indices de décoration sont minces, mais la taille des fragments de placage qui en proviennent27 indique qu’il s’agissait d’un cadre épais. Enfin, par comparaison avec d’autres exemplaires de lits du même type, la présence de fulcra, dont l’existence ne peut cependant être archéologiquement prouvée, semble très probable.
Les éléments figurés
Les ailes
24La catégorie A.5 du catalogue a rassemblé cinq éléments se rapportant à des ailes. Les reliefs et incisions caractéristiques, orientés perpendiculairement au fil de l’ivoire, permettent de comprendre qu’il s’agissait d’ailes d’un type différent de celle du lit 2050. Il est certain, en effet, que leur silhouette s’élançait horizontalement et non verticalement, comme le laisse entendre l’observation de chacune des pièces, et particulièrement la pièce 2050.04. Sur celle-ci d’ailleurs, comprenant trois fragments assemblés pour trois rangées verticales de plumes, on distingue nettement la partie latérale qui était directement reliée au corps auquel l’aile appartenait.
Les corps
25La crémation a épargné des pièces particulièrement intéressantes, appartenant elles aussi à la catégorie A.5 du catalogue, parmi lesquelles trône celle qui a été interprétée comme un Centaure28, et qui tient une place centrale dans la restitution graphique. Une main droite tenant un objet, conservée sur un autre fragment29, lui était peut-être attachée. De taille comparable, un buste de forme humaine30, qui devait occuper la même place sur un autre montant, était peut-être lié à certains fragments d’aile ; il fait pendant à une troisième représentation figurée31 sur laquelle subsistent une patte et une aile d’un personnage à corps d’oiseau, auquel est associé un relief végétal, lui-même identique à celui présent sur un autre fragment32.
La restitution graphique
26La répartition des fragments, essentiellement attribués aux montants, ainsi que leur nombre restreint, induit à ne proposer qu’une restitution partielle du lit qu’ils ornaient (voir p. 212). Comme pour le lit 2050, seul un montant est détaillé, mais son orientation morphologique tend vers un résultat différent, lié en particulier à la présence d’une succession de volumes discoïdaux.
27Ainsi peut-on décrire le résultat graphique obtenu, de bas en haut : en contact direct avec le sol, le pied proprement dit, initié par une moulure simple en son bord inférieur, se rétrécit ensuite légèrement vers le haut en un montant d’environ 4 cm, se terminant peut-être en cône. Celui-ci rejoint ensuite un volume campaniforme, dont la moulure à angle saillant du bord inférieur initie une cloche un peu étirée en hauteur et plate en son sommet. Au-dessus est fixé un court élément évasé auquel répond immédiatement et symétriquement un rétrécissement, de diamètre identique, formant ainsi au centre un anneau dédoublé en deux disques saillants, inspiré de ceux que l’on trouve sur de nombreux lits en bronze33, mais surtout sur les formes hellénistiques en ivoire34 et le lit-sarcophage de l’Héroon de Calydon (pl. XXIV, no 4) – ce dernier présente cette forme également située juste au-dessus de la cloche. Ce volume donne ensuite naissance à un disque plus large et d’environ 1 cm d’épaisseur. Cette base forme ainsi le support du cylindre figuré, élément décoratif principal du montant. Ce cylindre est sculpté en haut-relief, pour une hauteur totale d’une dizaine de centimètres, selon une estimation de la partie basse manquante du personnage, ici le Centaure. En regard de ce personnage, j’ai choisi de disposer à côté le dessin des autres figures importantes – 63317.02 et .03 –, afin de pouvoir visualiser le fait que chacune ornait probablement un autre montant, de la même manière. J’y ai ajouté l’aile 63317.04, qui par sa taille importante peut donner une idée de celle du corps auquel elle était attachée. Un doute subsiste sur les volumes qui surmontaient le cylindre : il est possible que cette partie intermédiaire ait été constituée d’un élément tubulaire cylindrique ou un volume plus large, peut-être décoré de motifs végétaux ou géométriques incisés ou en léger relief. Le fragment 63317.05a, qui se présente actuellement en tube fin, était en réalité plus épais, car la paroi visible est partie intégrante d’une épaisseur plus importante qui a disparu. La partie supérieure du montant propose en revanche une construction plus stable. Elle est composée de deux volumes généraux. Le premier, initié par un cône évasé vers le haut et mouluré, soutient une succession de trois disques épais : on retrouve cette configuration, sous différentes variantes, sculptés ou peints sur des montants plus anciens35, ou bien à la même époque et aux siècles suivants, moins saillante sur l’un des montants en ivoire de Eskişehir36, et sculptés ou peints sur différents supports37. Au-dessus de cette accumulation de disques, le deuxième volume constitue le chapiteau : sa base arrondie est moulurée d’une fine arête saillante, puis va s’élargissant en un évasement important pour aller fixer et stabiliser sur une surface large le montant sous le châssis. Ce chapiteau présente la particularité d’avoir conservé un reste de décoration en léger relief s’apparentant un motif floral, ou peut-être une partie de palmette.
28Soutenu par des montants de facture fine, le cadre, d’une épaisseur que l’on peut estimer à une dizaine de centimètres, peut-être un peu davantage, était recouvert – au moins partiellement – par des placages en ivoire, comme l’indiquent les fragments retrouvés. Il est difficile de savoir si certains de ces recouvrements étaient décorés, car les fragments conservés n’en comportent pas trace, mais il est possible que ce fût le cas sur certaines parties, à l’image de plusieurs exemplaires connus, tel celui de Cambridge.
29Concernant les fulcra, seuls de maigres indices permettent la supposition de leur existence. Le fragment 63317.36 pourrait constituer une partie de l’épaisseur d’un médaillon, mais il pourrait tout aussi bien prendre place sur le cadre. C’est pourquoi une silhouette standard a été intégrée à la reconstitution, dans le but de conserver un équilibre visuel. En fait, le seul véritable argument en faveur de cette hypothèse réside dans le fait qu’à cette époque tous les lits comparables de ce type en sont pourvus.
30La proposition de restitution graphique inscrit donc le lit « au Centaure » dans une tradition ancienne, qui trouve une forme d’aboutissement à l’époque hellénistique, en particulier avec le modèle de l’Héroon de Calydon cité plus haut. Dans cette lignée, le lit de Cumes développe d’ailleurs une ornementation, par l’ajout du cylindre figuré, faisant ainsi écho aux modèles les plus anciens avec patte de félin, en Perse, et aux nombreux modèles grecs intégrant la classe 2000 de la typologie38. Héritier de ces évolutions, le lit de Cumes entre dans le type 3300 de la typologie, comprenant les lits à montants fins avec cylindre figuré en haut-relief, et plus précisément dans la variante 3312 – avec cadre épais et fulcra en bas-relief –, comme le lit du mausolée A2.
Approche iconographique
31Le travail d’analyse des fragments et de reconstitution des décors du lit, bien que tronqué par la rareté des parties conservées, autorise des hypothèses sur le cycle iconographique39. Les montants, décorés sur certains volumes d’une ornementation végétale et/ou géométrique, s’inscrivent par leur forme générale – et par la superposition d’anneaux discoïdaux en particulier – dans une tradition ancienne, comme nous venons de le voir.
32Ici, l’attention est portée sur la partie basse supérieure où se développe le cylindre figuré, comme c’était le cas pour le lit 2050 et ceux de la variante 3312 de la typologie. Trois personnages sont à replacer à cet endroit : le Centaure, le buste à forme humaine et l’élément au corps d’oiseau. Cette tripartition induit que chacun avait sa place sur un des montants, avec un quatrième manquant, à moins que le morceau d’aile 63317.04 ne lui appartienne, si l’on renonce à le rapprocher du corps d’oiseau 63317.02. Mais cette hypothèse, nous le verrons, n’est pas retenue.
33Le Centaure. Représenté sur le montant de la reconstitution, c’est un personnage mythologique que l’on trouve sur des supports variés, que ce soit dans des situations violentes de combat, ou bien pacifique – porteur d’offrandes, participant au thiase dionysiaque, musicien. Si l’on se reporte aux Kentauroi et Kentaurides du LIMC40, on l’observe sur des vases dont certains remontent à l’époque géométrique, sur des bijoux, lampes à huile, vaisselle, reliefs, peintures murales… Les Centaures, nés d’Ixion et de Néphélé (la Nuée) dans la tradition la plus répandue sur leur origine, sont au départ violents et intempérants : l’épisode le plus célèbre les montre ainsi aux noces d’Hippodamie et de Pirithoos, roi des Lapithes41. Mais ils trouvent ensuite, dans le thiase dionysiaque auquel ils sont mêlés, un rôle pacifié et glorieux, lié à Dionysos triomphant. Moins fréquemment, ils deviennent aussi le jouet des nymphes42 ; ou bien, sous les traits de Chiron, le Centaure enseigne la sagesse, tel sur la peinture célèbre d’Herculanum conservée au Musée de Naples (pl. XLI, no 4). Finalement, musicien jouant de la flûte ou de la lyre (ou de la cithare)43, personnage de sagesse, porteur d’offrandes, il se soustrait nettement aux situations guerrières. Le motif qui nous intéresse, en rapport direct avec celui de Cumes, est celui du personnage accompagné d’une lyre (ou d’une cithare), qu’il en joue ou qu’il la tienne simplement dans une main : par exemple, le Cabinet des médailles conserve un skyphos en argent montrant un centaure barbu accompagné de cet instrument, lors d’une bacchanale (pl. XLI, no 3). Ainsi, jouant de la lyre comme à Cumes, il est essentiellement lié au thiase dionysiaque : en contexte funéraire, on retrouve fréquemment ce thème, qui se développe en particulier sur les sarcophages romains de l’époque impériale – entre les iie et iiie s. apr. J.-C. surtout44 : les centaures sont attelés au char de Dionysos triomphant et jouent de la lyre dans son cortège45, ou portent l’imago clipeata du défunt46.
34Sur les lits funéraires en bois ornés de matériaux plaqués, ce thème du Centaure est nettement moins présent : j’en ai répertorié seulement à Aquinum (pl. XI, no 1) et à Ostie47. On remarquera ainsi que le sujet, peu présent à la fin de la République et au début de l’Empire – quand les lits funéraires sont les plus nombreux et les mieux connus pour nous –, se développe et prend de l’ampleur aux siècles suivants, sur les sarcophages. En contexte domestique, seul le lit en bronze de Modène en est décoré (pl. XVIII, no 2). Le Centaure de Cumes fait donc partie des rares exemples connus dans le monde romain, lui conférant un intérêt d’autant plus marqué. Associé aux deux autres figures conservées, il met en scène une signification symbolique et eschatologique qui contient déjà les éléments qui se développeront ensuite sur les sarcophages, de manière courante et répétée48.
35Une des autres pièces préservées, justement, le fragment 63317.03, pose une question intéressante. La chaleur du bûcher n’a conservé qu’une partie très fragmentaire de la figure d’origine, ne laissant que le buste. Pourtant, de cette destruction restent des formes qui constituent autant d’indices sur l’identité possible du personnage : l’esquisse de la forme du bras droit, dans une position symétriquement identique à celle du bras du Centaure 63317.01 ; la forme de l’épaule et surtout de la poitrine gauches, préservées dans leur silhouette extérieure, indique un personnage féminin ; la taille du tronc enfin, identique à celle du Centaure. Ces trois observations, associées à la conservation d’un bout d’incurvation concave sur la partie intérieure, indiquant un emplacement sur un montant, permettent de supposer là une Centauresse, qui faisait écho d’un montant à l’autre au Centaure déjà identifié. Le cycle à arrière-plan dionysiaque s’en trouve ainsi confirmé et renforcé. Dans l’iconographie, plus tardive, des sarcophages, il n’est en effet pas rare de trouver ce personnage féminin, souvent nourrissant un petit, au milieu du cortège et attelé au char du dieu49. Il rappelle ici la défunte elle-même, animant l’ensemble d’un souffle féminin.
36L’aile et la Sirène. À côté du Centaure et de la Centauresse, l’urne a révélé un troisième élément figuré, féminin lui aussi50 : les motifs subsistants indiquent qu’il s’agit cette fois d’une figure d’oiseau, puisqu’ils montrent une patte avec serres et l’arrière d’un corps terminé par une queue. Cet élément ornait un cylindre figuré, comme l’indique de façon indubitable la forme intérieure du fragment : au même titre que les deux précédents, il occupait aussi certainement la partie centrale basse d’un montant, constituant comme eux l’élément principal de sa décoration. La forme caractéristique du corps prolongé par la queue, orientée vers le bas, ainsi que les pattes crochues en serres, laissent penser à une Sirène.
37De plus, un examen attentif a conduit à un rapprochement de ce corps d’oiseau avec l’aile 63317.04 : le personnage ainsi partiellement reconstitué présente des caractéristiques que l’on retrouve sur certaines représentations grecques : la taille du fragment 63317.04 indique que l’aile, dans sa totalité déployée, était de grande taille par rapport au corps : c’est ainsi le cas sur le célèbre stamnos à figures rouges du British Museum (pl. XLII, no 2), daté de 480 av. J.-C. environ, où l’on voit trois Sirènes entourant le navire d’Ulysse, alors que celui-ci est attaché au mât. L’un des deux monstres disposés sur les côtés a les ailes repliées, enveloppant presque l’ensemble du corps, tandis que l’autre les déploie. Le troisième, comme plongeant verticalement, les déploie également et laisse voir son corps : c’est dans l’attitude de ces deux dernières que fut probablement sculptée dans l’ivoire la Sirène de Cumes. On peut également observer et comparer les serres de l’exemplaire de Londres : la similitude avec celles de la patte de Cumes est frappante, et ne fait qu’ajouter un argument à l’identification de cet ivoire. Citons encore, d’un siècle plus ancien que le vase de Londres, et provenant de Cumes même, une pyxide stamnoïde corinthienne, conservée au musée des Champs phlégréens à Baia (pl. XLII, no 1) : plus hiératique, une Sirène aux couleurs rouges et noires y déploie largement ses ailes. Sur ces deux exemples, comme sur celui du lit de Cumes, les ailes sont de type horizontal, différentes en particulier de celles du lit 2050 du mausolée A2, ou même de celles des Sirènes du sarcophage de Belevi (pl. XLII, no 5).
38Dans la mythologie gréco-romaine, les Sirènes sont des personnages mystérieux et intrigants, hybrides au corps d’oiseau et à tête de femme, tentatrices au chant irrésistible, « jeunes filles ailées, vierges filles de la Terre… », écrit Euripide51. L’image la plus célèbre reste leur confrontation avec Ulysse, au chant XII de l’Odyssée, magnifiquement illustrée sur le vase évoqué à l’instant.
39L’iconographie grecque a développé des représentations sur vase au moins dès l’époque archaïque, comme sur la pyxide de Cumes, ou sur la coupe à figures noires du Peintre de Naucratis conservée au musée du Louvre, que nous avons déjà évoquée (pl. XXX, no 3) ; mais aussi sur relief en pierre, sur monnaie, sur mosaïque52, ou en forme même de vase53. Dans l’iconographie funéraire, les Sirènes apparaissent au moins à partir du ve s. av. J.-C., jouant de la lyre ou de la flûte, comme sur le sarcophage de Belevi cité plus haut54, modulant le threnos, cette complainte en l’honneur du défunt55. Hélène, sous la plume d’Euripide, les invoque ainsi, après son incantation citée plus haut56 :
Σειρῆνες, εἴθ’ ἐμοῖς γόοις
μόλοιτ’ ἔχουσαι Λίβυν
λωτὸν ἢ σύριγγας [ἢ φόρμιγγας], αἰλίνοις [κακοῖς]
τοῖς ἐμοῖσι σύνοχα δάκρυα,
πάθεσι πάθεα, μέλεσι μέλεα.
Sirènes, puissiez-vous venir à mes plaintes faire écho sur le lotos de Libye ou la syrinx, apportant à mes cris funèbres des larmes bien à l’unisson, des accompagnements de peines à mes peines, et de chants à mes chants.
40Ou bien, plus symboliquement, elles transportent les âmes des morts, telles qu’elles sont représentées sur le relief de la tombe « des Harpies »57 : la signification est ici aisée à saisir.
41Chez Apollonios de Rhodes58, elles sont encore liées au monde des morts, par Perséphone qu’elles ont suivie là-bas après l’avoir cherchée lors de son enlèvement. Il en est de même plus tard chez Ovide59 :
Vobis, Acheloides, unde
Pluma pedesque auium, cum uirginis ora geratis ?
An quia, cum legeret uernos Proserpina flores,
In comitum numero, doctae Sirenes, eratis ?
Mais vous, filles d’Acheloüs, d’où vous viennent vos plumes et vos pattes d’oiseau, quand vous avez un visage de vierge ? Serait-ce parce qu’au moment où Proserpine cueillait les fleurs printanières vous vous trouviez au nombre de ses compagnes, ô doctes Sirènes ?
42Dans l’iconographie tardive des sarcophages romains, le thème de la Sirène s’est moins développé et standardisé que celui du Centaure, et lorsqu’il est utilisé, c’est seulement en rapport avec Ulysse60. Mais à Cumes, au-delà d’un simple élément décoratif féminin dont le spectateur de l’époque percevait immédiatement la signification symbolique, il semble bien que ce choix de sujet d’ornementation conduise à une interprétation eschatologique plus complexe et plus profonde, inspirée de la pensée grecque61.
Catalogue et élaboration graphique

43Pièce de forme circulaire composé de deux fragments assemblés et collés, dont le profil externe est lisse. Le bord supérieur (sur la photographie, mais qui pourrait être inversé) est mouluré en angles simples et se prolonge en une paroi s’incurvant de manière concave vers l’intérieur. L’intérieur apparaît de forme tronconique. Le plat du bord mouluré laisse penser que cet élément était rélié à un autre de diamètre similaire, avec lequel il formait peut-être un ensemble symétrique.
Références comparatives
44Élément en ivoire du lit 63318 de Cumes : inv. 63318.24 dans le présent catalogue.
Montant en albâtre (gypse) de Bolsena : Sordini 1893, p. 66, fig.

45Fragment de forme circulaire longiligne et sans moulure formant un demi cylindre, dont l’intérieur tubulaire présente une légère déformation.
46La surface externe a disparu et ne permet donc pas de savoir si elle était lisse ou sculptée. Il s’agit cependant probablement d’un élément long intermédiaire entre deux volumes.

47Fragments de forme circulaire à profil externe lisse et légèrement concave, comprenant une moulure à une extrémité, mais dont l’autre est incomplète. L’intérieur, lisse également, présente au niveau de la moulure extérieure une mortaise, particulièrement accentuée en .05b, destinée à accueillir un autre élément avec tenon. L’aspect fragmentaire et déformé de ces deux pièces ne permet pas d’en déterminer les diamètres externe et interne, mais laisse deviner qu’il s’agit de deux bas ou bords supérieurs d’éléments tubulaires sans doute enfilés à même l’âme de fer du montant.

48Fragment de forme circulaire à profil externe lisse et concave avec moulure à une extrémité, tandis que l’autre est brisée. La moulure est constituée d’une tranche supérieure assez épaisse et dominant un fin listel en arête légèrement saillante. L’intérieur présente une forme tronconique qui se rétrécit vers le bas, contrairement au corps extérieur qui semble amorcer une descente plus verticale. Il s’agit vraisemblablement du bord supérieur d’un élément à corps cylindrique, dont il est impossible de déterminer la hauteur mais qui était fixé sur un fin rehaut de bois, lui-même enfilé sur l’âme de fer d’un montant.

49Fragment de forme circulaire à profil externe lisse et légèrement incurvé de manière concave. Le bord supérieur, une brisure très irrégulière qui ne constitue pas la limite de l’élément, se prolonge vers le bas en s’élargissant progressivement, pour atteindre le bord inférieur qui est constitué d’une moulure fine en rehaut simple. La paroi interne, elle aussi légèrement concave, débute en sa partie basse par une incision régulière anguleuse rectiligne qui suit en parallèle le ligne du bord, comparable à une très fine mortaise. L’ensemble est composé de deux fragments assemblés et collés. Il est à noter la couleur gris foncé de la matière, ce qui tendrait à indiquer une combustion qui n’aurait pas anéanti encore totalement la part organique de l’ivoire. Cet assemblage constituait vraisemblablement le pied proprement dit d’un montant, et reposait directement sur le sol ou sur un support qui terminait l’âme métallique.
Références comparatives de .05b, .12, .16, .18.
50Montant en ivoire d’Aï Khanoum : Bernard 1970, p. 333, fig. 6.
Élément de lit en os de L’Esquilin à Rome : Talamo 1987-1988, A1, p. 28, fig. 16a.
Élément de lit en os d’Aquinum : Pracchia, Carcieri 2008, p. 55, pl. 7, f et k.
Élément de lit en os de Colatio : Groh 2007, A5, p. 429-430, fig. 7.
Élément de lit en os de Teramo : D’Agata, Barbetta 1997, A3 et A15, p. 298, fig. 22-23.
Élément de lit en os de Saint-Paul-Trois-Châteaux : Bel 2002, p. 211, fig. 214, no 52.
Montant en albâtre (gypse) de Bolsena : Sordini 1893, p. 66, fig.
Montant en bronze de Modène : Ortalli 1988, p. 345, fig. 272, p. 353, fig. 280.
Élément de lit en os de Mortara : Bianchi 2004, p. 356, pl. I, no 7.
Pied de lit en ivoire de Fréhat En-Nufégi : Bernard 1970, p. 335, fig. 8.
Pied de lit en os de Cambridge : Nicholls 1979, A2 et A6, p. 4.
Pied de lit en os de Saint-Lambert (Fréjus) : Béraud, Gébara 1986, p. 194, fig. 6, nos 1-2.
Pieds de lit en os d’Avenches : Schenk 2008, p. 292, fig. 134, nos 1107-1109.

5163317.22 est un fragment très légèrement bombé et de forme circulaire, dont deux des côtés sont curvilignes et forment deux courbes presque parallèles, tandis que les deux autres ne sont que des brisures. Ces courbes présentent un profil plus fin que le corps du fragment, indiquant un taillage en léger biseau. La courbe concave (intérieure) a subi de légères déformations et brisures, ce qui pourrait expliquer la distorsion de parallèle avec le contour convexe extérieur. Des traces d’outillage sont nettement visibles sur l’avers, tandis que le revers laisse voir les stries en courbes constitutives de l’ivoire. Il s’agit d’un fragment appartenant à un disque, composé d’une ou plusieurs pièces, qui devait former la partie supérieure ou inférieure d’un élément discoïdal plus épais avec vide circulaire central (pour le passage de l’âme de fer), et composé d’un emboitement de deux disques bisautés symétriquement plaqués et séparés par un troisième en interval, au centre.
52Les trois fragments de forme circulaire 63317.44, .45 et .46, plus épais que le précédent, semblent justement esquisser une forme propre à constituer un disque plat, à bord également plat ou légérement convexe, intégré en partie intermédiaire de cet élément discoïdal.
Références comparatives
53Élément de lit en os de Saint-Lambert (Fréjus) : Béraud, Gébara 1986, p. 195, fig. 7, nos 12-13.
Élément de lit en os d’Aquinum : Pracchia, Carcieri 2008, p. 55, pl. 7, j.

54Deux fragments de forme circulaire à profil externe en incurvation concave. En 63317.19, le bord inférieur est légèrement mouluré, puis la courbe extérieure remonte pour être interrompue par une brisure irrégulière qui ne permet par de déterminer la hauteur de l’élément complet. La paroi interne, lisse, débute par une fine incision en forme de mortaise pour suivre ensuite une courbe parallèle à la paroi externe. Celle-ci, bien que disparue sur une partie, présente des aspérités assimilables à des reliefs sculptés, manifestement des motifs floraux. 63317.17 a subi une détérioration encore plus importante que le précédent, mais sa forme lui est cependant comparable et peut donc en être rapprochée. Les éléments que ces fragments constituaient étaient fixés sur un rehaut de bois, lui-même enfilé sur l’âme de fer du montant, pour former un volume en cloche renversée, tel un chapiteau. Leur emplacement sur le montant est donc supposé en partie supérieure, fixé sous le châssis.
Références comparatives
55Élément de lit en os de Saint-Lambert (Fréjus) : Béraud, Gébara 1986, p. 194, fig. 6, no 9.
Élément de lit en os d’Aoste : Mollo Mezzena 2005, p. 155, fig. 24.
Élément de lit en os de Colatio : Groh 2007, A7, p. 423-424, fig. 3.

56Trois fragments de forme cirulaire de hauteur réduite, complets sur la partie inférieure mais dont la partie supérieure a disparu. Le profil externe est lisse et comporte un moulure large et plate, inclinée vers l’intérieur. La paroi interne débute en son extrémité basse par une incision anguleuse en forme de mortaise, puis remonte parallèlement à la paroi externe jusqu’à la brisure supérieure. Selon toute vraisemblance, l’ensembe compose ainsi le bord inférieur d’un élément campaniforme comportant un plan inférieur large et plat, puis remontant vers le haut par rétrécissement en une ligne bombée. Cette cloche, positionnée très certainement sur la partie basse du montant, devait probablement être constituée de plusieurs pièces d’ivoire - et non d’un seul bloc - qui étaient fixées sur un rehaut de bois, lui-même enfilé sur l’âme de fer.
Références comparatives
57Cloche du lit en ivoire d’Aï Khanoum : Bernard 1970, p. 329, pl. XX.
Cloche du lit en ivoire de Fréhat En-Nufégi : Bernard 1970, p. 335, fig. 8.
Cloche du lit en os de Cambridge : Nicholls 1979, A3, p. 4 et fig. 2.

58Fragment de forme circulaire à profil externe lisse, essentiellement constitué d’un bord concave surmontant une fine arête saillante qui lui est parallèle et qui interrompt la ligne de paroi externe descendant vers l’intérieur. La paroi interne, plate, est elle aussi interrompue en sa partie supérieure par un creux anguleux mais légèrement concave servant de mortaise. La largeur trop réduite de ce fragment ne permet par de déterminer les diamètres externe et interne de l’élément dont il faisait partie, mais son inclinaison laisse penser à une pièce assez large en son sommet, ou en sa partie basse si on dispose le fragment en sens inverse.
Références comparatives
59Élément de lit en os de Cambridge : Nicholls 1979, A7, p. 4, fig. 2.
Élément de lit en os de Colatio : Groh 2007, A3, p. 419-420, fig. 1.

Description de 63317.01
60Pièce sculptée à décor figuré composée de trois fragments assemblés et collés, dessinant la silhouette d’un buste avec bras et début de membres inférieurs. La partie droite est très abîmée et pour une bonne part disparue. Le bras droit et une petite partie de l’épaule droite sont également manquants, tout comme le relief de la tête dont on n’observe plus que la partie arrière, c’est-à-dire le support sur lequel elle reposait. Le bas des membres inférieurs (jusqu’au-dessus du genou) est aussi absent. Mais sont conservés l’essentiel du buste, qui présente une surface lisse et bien nette sur son côté gauche, le haut des membres inférieurs (gauche essentiellement), ainsi que l’épaule, le bras et la main gauches. Le bras est un peu plié et la main, plaquée contre la hanche, tient un objet par un de ses côtés, dont la majeure partie, assez large et plate, descend le long du corps. Malgré une conservation fragmentaire, on reconnaît là une lyre ou une cithare, tenue par le joug et s’offrant donc à notre régard dans une position verticale. On devine d’ailleurs sur ce joug la trace des chevilles. Le buste se tient droit et cambré, poitrine avancée et épaules légèrement en arrière, apparemment non recouvert de vêtements. Le bas du dos se prolonge vers l’arrière par un angle prononcé qui poursuit sa ligne en inclinaison conséquente, donnant une impression d’accentuation de la cambrure du buste. Le bas du corps ne laisse voir que le départ des membres inférieurs, recouverts de ce qui ressemble à un drapé ou plutôt aux poils épais d’un animal. Le support situé derrière le buste et contre lequel il repose présente une surface plate verticale avec un ressaut le long de sa limite gauche, et son extrémité supérieure est rectiligne et plate, tandis que celle inférieure n’est plus visible. L’intérieur de ce support prend une forme tubulaire cylindrique, d’un diamètre correspondant à celui de l’âme de fer sur laquelle il était enfilé et fixé, sans rehaut de bois. L’examen de cette silhouette, malgré la disparition du visage qui aurait pu fournir de précieux indices, permet de comprendre qu’il s’agit d’un centaure, par cette combinaison du buste humain, du prolongement du dos vers l’arrière et du bas du corps poilu. La lyre (ou cithare) tenue dans la main gauche précise davantage le contexte et oriente l’hypothèse vers un centaure du thiase dionysiaque (étayée supra dans la partie sur l’approche iconographique), écartant par son association avec l’élément 63317.03 l’idée de Chiron, personnage qui n’apparaît d’ailleurs pas dans les décorations de contexte funéraire. Cet élément sculpté en haut-relief, reposant donc sur un cylindre fin, devait orner la partie basse d’un montant, au-dessus de la cloche.
Références comparatives
61Cylindre figuré du lit en bronze de Modène : pl. XVIII, no 2, dans le présent volume. Voir également Ortalli 1988, p. 346-347, fig. 273-274. Chaque montant présente un centaure, mais en situation de violence.
Couronnements en os de fulcrum du lit d’Aquinum : pl. XI, no 1, dans le présent volume.

62Composé de deux éléments assemblés. La partie supérieure du motif est manquante sur la moitié de l’ensemble.
63Fragment d’élément sculpté à décor figuré dessinant la silhouette d’un buste. Les caractéristiques sont en partie comparables à celles de 63317.01, en particulier pour les dimensions, qui en sont proches, et la posture du bras droit, avec le coude replié selon un angle similaire. L’état de conservation est cependant beaucoup plus fragmentaire et n’a laissé intacts que le devant de l’épaule gauche ainsi que la partie de la poitrine située du même côté. On distingue tout de même aussi la forme du bras droit, dont seuls subsistent les contours du profil, plaqués contre le flanc. Ont totalement disparu la tête, le bras gauche et le bas du corps, ainsi que les lamelles constitutives de l’enveloppe extérieure du ventre et de la partie droite de la poitrine. Au revers du fragment, la partie interne est également très incomplète, puisqu’il manque une partie de l’épaisseur du corps, mais surtout le support sur lequel il était fixé, dont il ne reste qu’une menue partie concave et lisse, en extrémité inférieure. Les indices d’identification du personnages sont minces : le développement de la poitrine oriente l’idée d’un personnage féminin, contrairement à 63317.01. Par association avec ce dernier, il est envisageable de voir ici une Centauresse, comme il s’en trouve en contexte funéraire, liée au thiase dionysiaque (voir supra la partie sur l’analyse iconographique). Cet élément sculpté en haut-relief devait orner, comme le précédent, la partie basse d’un montant, au-dessus de la cloche.
Références comparatives
64Élément 63317.01, décrit ci-avant.

Description de 63317.02 et .07
6563317.02. Fragment de cylindre sculpté comprenant deux éléments décoratifs. Le plus conséquent, de bas en haut, représente la patte droite d’un oiseau dont on distingue les griffes et qui va s’élargissant pour dessiner une cuisse assez large, prolongée latéralement et vers l’arrière, en retour vers le bas, par une queue large elle aussi à la base et se rétrécissant progressivement. Elle se trouve en partie recouverte par le plumage de l’aile droite, qui laisse ensuite à l’extrémité paraître celui de la queue elle-même, sculpté en fines stries parallèles. Un examen du profil de l’ensemble permet de distinguer la trace en négatif du bas de la patte gauche, symétrique à celui de la droite. Le second élément décoratif, à droite de la patte, représente une double feuille d’acanthe dont chaque bord supérieur est replié vers le bas et vers l’avant. La partie intérieure du fragment prend une forme tubulaire d’un diamètre quasiment équivalent à celui de 63317.01, destiné à enserrer l’âme de fer sans rehaut de bois. Cet oiseau, au vu de la partie visible, peut être assimilé à une Sirène, dont la présence en contexte funéraire trouve tout son sens (voir en infra pour l’approche iconographique, et partie III pour les aspects interprétatifs). Cet élément doit être rapproché du suivant, le 63317.04, un élément d’aile qui lui était probablement associé.
6663317.07. Ce fragment de forme cylindrique représente lui aussi une double feuille d’acanthe avec chaque bord replié vers l’avant pour retomber légèrement. L’intérieur est incomplet, désolidarisé des lamelles qui formaient le cylindre fixé sur l’âme de fer.
Références comparatives
67Pl. XLII, no 2, dans le présent volume : Sirènes de la tombe dite « des Harpies », en Turquie.
Stamnos à figures rouges du British Museum, inv. 4440, représentant trois Sirènes autour du navire d’Ulysse.


Description de 63317.04, .08, .09, .10, .11
68Cinq pièces incisées et finement sculptées reproduisant des plumages d’ailes. 63317.04, composé de trois fragments assemblés, est la mieux conservée et la plus significative. Elle présente trois rangées verticales se chevauchant de gauche à droite, et dont les plumes, disposées horizontalement, se chevauchent elles aussi du haut vers le bas. Les rangées s’interrompent sur le côté droit du fragment par une brisure nette et presque verticale, signe d’un assemblage de plusieurs morceaux d’ivoire ; cette observation est d’ailleurs renforcée par la présence de stries rectilignes laissées apparentes en surface inférieure, sur laquelle le morceau disparu reposait. L’extrémité gauche comporte une surface en surépaisseur qui faisait la jointure avec le corps de l’animal ou du personnage auquel l’aile appartenait. La face interne est très incomplète, désolidarisée des lamelles qui formaient le volume cylindrique fixé sur l’âme de fer. Est cependant bien visible le retour intérieur arrondi de l’aile. Cette aile était d’un type que l’on trouve davantage sur les sujets animaux que sur les personnages humains, comme le montre l’orientation horizontale et même dirigée vers le haut des plumes de cette partie d’aile, la plus proche du corps. Tout type d’aile comporte en effet deux parties bien distinctes, sur les représentations picturales comme sur les sculptures : un premier ensemble de rangées de petites plumes aux extrémités souvent arrondies, large et faisant la jonction avec le corps ; et un second, dans le prolongement du précédent, beaucoup plus long et plus fin, dont les plumes sont étirées et représentées en rangées, sans les extrémités arrondies.
69Les quatre autres pièces comportent elles aussi des incisions reproduisant des plumages d’ailes, dont les formes et dispositions sont similaires à 63317.04. La détermination de l’emplacement dans la constitution de l’aile est un peu plus problématique, du fait de leur caractère très fragmentaire.
Références comparatives
70Très peu d’occurrences comparables :
Cheval ailé du lit en os d’Aoste : Mollo Mezzena 2005, p. 155, fig. 24.
Ailes de type vertical :
Personnage féminin du lit en os de Cambridge : Nicholls 1979, A8a, p. 3 , fig. 1et pl. 5.
Personnage féminin du lit en os de Teramo : D’Agata, Barbetta 1997, B2, p. 298, fig. 22-23.
Personnages féminins du lit en os d’Aquinum : Bellini 2008, p. 44-45, pl. 5, p. 46-47, pl. 6.
Couple d’Amours ailés d’un lit d’Aielli (tombe I ou II) : Copersino 2001, p. 244.
Ailes du lit en os de Crémone : Bianchi 2000, p. 60-62, frag. A.c.47, A.c.48, A.c.49, A.c.50.
Personnage et animal ailés de lit d’Ostie : Pellegrino 1999, p. 62, fig. 26, 28.

71Fragment à profil cylindrique dont seule la partie interne a conservé une forme déterminable : il s’agit de l’élément tubulaire par lequel l’âme de fer du montant passait. La surface externe est très irrégulière mais le fragment devait faire partie d’un cylindre figuré, dont il constituait une épaisseur interne.

72Fragment à décor figuré particulièrement délicat qui représente une main sculptée. Il s’agit d’une main droite tenant un objet plaqué contre ce qui pourrait être le flanc ou la hanche d’un corps, les doigts – dont on peut observer la finesse – repliés vers l’intérieur, dont seul le petit n’a pas été préservé. La position proposée sur les photographies est motivée par la cohérence de la posture montante, selon un axe un peu incliné, du poignet et du début de l’avant-bras, que l’on imagine aisément prolongé vers le coude, lui-même légèrement plié. Le rapprochement avec 63317.01 et .03 se fait immédiatement, au vu des dimensions et de la position de leurs bras, à l’un desquels cette main appartient probablement. L’examen du revers du fragment montre l’intérieur arrondi de l’avant-bras, et la partie centrale, disposée verticalement, renforce la cohérence de la position d’ensemble telle qu’elle est proposée ici. Il semble difficile de déterminer l’objet tenu par cette main, objet que l’on voit dépasser de part et d’autre du membre et comme plié, peut-être un drapé.
Référence comparative
73Mains du lit en os de Cambridge : Nicholls 1979, pl. 4, fig. b, pl. 5, fig. c.


Description des fragments de B.1
74Dix fragments plats sur l’avers et sur le revers, malgré la forte déformation provoquée pour la plupart d’entre eux par la chaleur du bûcher. Les six premiers sont des fragments de garniture ou de bandeaux lisses, sans décoration sculptée. 63317.35a et .35b comportent sur leur revers des bandes de doubles et triples liserés rectilignes très fins, traces de l’utilisation par l’artisan d’un outil denté. Leur extrême finesse peut aussi laisser supposer qu’ils servaient de support sur lequel d’autres éléments sculptés étaient fixés – comme des frises par exemple – et qu’ils s’intégraient dans une épaisseur plus conséquente, mais dont ces lamelles se seraient désolidarisées. Cette hypothèse est corroborée par l’examen du fragment 63317.27, qui présente sur l’avers une surface homogène – bien qu’irrégulière –contrairement à son revers sur lequel on observe des coupures verticales et horizontales parfaitement nettes, signes d’un assemblage, de ce côté seulement.
75Il est intéressant de remarquer également, sur l’avers en particulier de ce même fragment, une partie de la surface de couleur blanc-gris terne (en cours d’analyse) qui ressemble fort à ce « stuc » de rebouchage à base de poudre d’os ou d’ivoire mélangé à une colle, utilisé pour combler les défauts et irrégularités naturels de la matière, comme cela est attesté sur certains mobiliers (voir par exemple le coffret en os et en ivoire des Arcs-sur-Argens dans le Var, dans Reymondon 1986, p. 117). Les quatre derniers fragments présentent des côtés longitudinaux très réguliers et une épaisseur plus importante que les précédents, pour une largeur très réduite mais constante. Il s’agit sans doute de languettes plates, sculptées et/ou peintes, qui entouraient des éléments de garniture.
Références comparatives
76Cadre du lit de l’Esquilin : Talamo 1987-1988, p. 29, fig. 16b.
Cadre du lit en os d’Aoste : Mollo Mezzena 2005, p. 155, fig 24.
Cadre du lit en os de Cambridge : Nicholls 1979, B1, B4 et B6, p. 6, fig. 3.

77Fragment au revers plat et à la silhouette triangulaire, d’épaisseur assez importante. Deux des trois côtés présentent une rectitude sans faille, bien que l’angle qui aurait dû être le lieu de leur rencontre soit brisé. Le troisième côté est de forme très convexe et manifestement incomplet. L’avers est plat comme le revers. La forme générale pourrait laisser penser à un élément constitutif de l’éperon du fulcrum gauche, mais cette hypothèse n’est pas assurée. Il s’agit du seul élément conservé appartenant probablement à cette partie du lit.

78Deux fragments plats sur l’avers et sur le revers, malgré la déformation provoquée pour .29a par la chaleur du bûcher. Il s’agit de fragments de garniture ou de bandeaux lisses, sans décoration sculptée, comparables aux éléments décrits en catégorie B.1, avec cependant une épaisseur plus importante. Le doute subsiste quant à une appartenance possible au cadre ou à un fulcrum.

79Trois éléments qui n’ont en commun que le plat de leur revers, mais qui laissent tous subsister un doute quant à leur provenance. 63317.26 est un fragment dont la silhouette est de face légèrement courbe, et lisse sur les quatre côtés. Il pourrait s’agir d’une partie de cadre d’un champ de fulcrum, ou bien constitutive d’un élément discoïdal comme .36 (en page suivante). 63317.21, d’épaisseur identique à .29b (catégorie C.2), pourrait comme lui appartenir à un champ de fulcrum. Quant à 63317.37, son aspect très détérioré mais en fort relief pourrait laisser supposer à une partie d’un décor en relief d’un fulcrum, mais peut-être aussi du cadre.

80Fragment de forme discoïdale, tourné d’une seule pièce manifestement, dont l’avers et le revers sont plats. Ce qui devait être le centre du disque est ponctué par une petite cavité concave qui a sans doute servi à caler le morceau d’ivoire sur le tour de l’artisan. La détermination du diamètre total de l’élément complet n’est pas possible, et ne nous laisse aucune certitude quant à son emplacement sur le lit : il pourrait provenir du cadre mais aussi d’un médaillon de fulcrum.

81Inv. 63317.38. Ensemble de 5 fragments non identifiables. Les formes et fragmentations en relief pourraient laisser penser à des éléments sculptés et figurés, mais la détermination n’est pas possible.
82Inv. 63317.48. Ensemble de 101 fragments non identifiables. Il s’agit pour l’essentiel de lamelles déformées par la chaleur, désolidarisées d’éléments plus importants.
Proposition de restitution partielle du lit « au Centaure », inv. 63317.

G. Stelo et A. Cormier.
Le lit « à l’Ibis », inv. 63318
Présentation
83L’urne 63118, qui était située à l’est de sa vasque jumelle 63117, était close par un couvercle de plomb. Elle contenait les restes d’un jeune homme de corpulence robuste, vraisemblablement âgé entre 16 et 25 ans, selon les observations de l’anthropologue Stephan Naji. Henri Duday précise également qu’il s’agit d’un adolescent robuste – listels vertébraux, crête iliaque, épiphyse médiale clavicule non soudés, troisièmes molaires à l’état de germes –, dont la morphologie pubienne penche en faveur d’une attribution au sexe masculin. Comme nous l’avons évoqué, ce jeune homme est à mettre en relation avec l’inscription découverte en 2009 aux abords du mausolée. Henri Duday, qui a procédé à la fouille de l’urne, a déterminé six passes, de R01 à R06, au sein desquelles 328 fragments d’ivoire ont été dénombrés, pour une masse totale de 127,9 g62.
Le tri initial et la répartition générale ont abouti à la distribution suivante :
passe R01 : 35 fragments d’ivoire, de 0,5 à 3,6 cm (L. max.),
passe R02 : 2 fragments, de 1 et 4 cm (L. max.),
passe R03 : 8 fragments, de 0,8 à 4,2 cm (L. max.),
passe R04 : 73 fragments, de 0,4 à 2,8 cm (L. max.),
passe R05 : 130 fragments, de 0,3 à 3,7 cm (L. max.),
passe R06 : 80 fragments, de 0,4 à 3,9 cm (L. max.).
Six petits morceaux de charbon et six fragments d’os d’animal ont également pu être identifiés.
Étude morphologique et iconographique
Contexte de travail
84Procédons à une comparaison numéraire entre les restes du lit 63317 précédemment étudié et celui-ci (voir le catalogue ci-après p. 217-240), du fait de leur proximité de déposition dans le même monument et de la similitude des tombes. Pour 171 fragments conservés dans l’urne 63117 – et une masse de 49,2 g –, en ont été restitués ici deux fois plus ; la masse presque trois fois plus importante indique une densité de la matière plus forte, et par conséquent aussi davantage de pièces plus grosses, donc mieux conservées. Cette dernière remarque se vérifie d’ailleurs à l’observation visuelle et à l’analyse. Proportionnellement, la part d’ivoire par rapport à celle de l’os humain dans l’urne est plus importante que pour la précédente : 127,9 g pour 1443,9 g, contre 49,2 g pour 1086,6 g.
85Alors que la masse des ossements récoltés par l’ustor est supérieure à celle de l’autre urne, la taille des fragments indique globalement une fragmentation moins importante : même si s’impose la même remarque de disparition d’une bonne part de la décoration ainsi que celle, totale, de l’ossature en bois du lit, le travail de reconstitution dispose de davantage d’éléments, permettant de proposer une composition plus affinée des montants ; il assure aussi de l’existence des fulcra et de la présence d’un cadre épais, comme le montre la restitution graphique.
86Dans sa silhouette d’ensemble, le lit 63318 est constitué de formes plutôt fines. Et le premier constat met en évidence l’absence de cylindre figuré sur les montants, contrairement aux lits 63317 et 2050, au profit de volumes aux contours lisses et amples, dont aucun ne comporte de motifs décoratifs végétaux ou géométriques. Ceux-ci se retrouvent en revanche en bas-relief sur le cadre, tandis que le fulcrum a conservé sa partie supérieure, le couronnement (incomplet), lui aussi en bas-relief.
Les éléments décoratifs
Les fleurs
87Les flammes du bûcher ont épargné trois fragments à revers plat63, dont le bord extérieur circulaire indique leur appartenance à au moins deux éléments discoïdaux. Les reliefs et incisions caractéristiques dessinent des parties de fleurs identifiées comme des anémones. Attribués au cadre, ils entrent dans la catégorie B.2, et vraisemblablement dans un ensemble décoratif végétal plus ample, peut-être au sein de rinceaux comparables à ceux du lit de l’Esquilin, qui comprennent eux aussi des fleurs, à intervalle régulier en partie centrale du cadre (pl. XII, no 1 et XVI, no 1).
L’oiseau
88Le seul élément figuré conservé orne le couronnement du fulcrum. Il appartient donc à la catégorie C.3 de la classification des fragments. Sa présence, qui assure l’existence des fulcra, très probablement aux deux extrémités du cadre comme c’est le cas pour ce type de lit, implique la présence d’une ornementation sur le médaillon. À l’image de l’exemplaire d’Aquinum (pl. XI, no 1), de celui d’Eskişehir (pl. VIII, no 2) ou de celui de Cambridge (pl. XII, no 2), on peut supposer un portrait en bas-relief. Il est aussi probable que le champ était décoré, peut-être de motifs végétaux, comme sur le dernier exemplaire cité.
89Hormis les fulcra, d’autres parties du lit étaient-elles rehaussées d’éléments figurés ? Sur les montants, la variété des formes de volumes semble impliquer une occupation presque totale des surfaces, ne laissant pas d’espace disponible pour accueillir un cylindre figuré. Reste le cadre, aux angles duquel la présence d’un personnage en pied est imaginable, comme c’est le cas pour le lit de Cambridge (pl. XII, no 2), celui de l’Esquilin (pl. XVI, no 1) ou celui de Teramo (pl. XVI, no 2). Mais la constitution d’ensemble, en particulier au regard de la forme des montants, ne paraît pas aller en ce sens.
La restitution graphique
90Le travail de reconstitution, qui a abouti à la restitution graphique présentée ci-après (voir p. 240), met en évidence une composition inhabituelle, non seulement différente des deux autres lits de Cumes, mais aussi peu commune pour l’époque. Les éléments conservés ont permis de proposer le dessin d’une partie latérale du lit seulement, incluant un montant, un angle du cadre et un fulcrum.
91De bas en haut, on observe donc d’abord, en contact avec le sol, le pied proprement dit. Il est constitué d’un élément tronconique se rétrécissant vers le haut et terminé par une double moulure fine. Dans le prolongement, sur environ cinq centimètres, un nouveau tronc de cône initié par un léger creux puis une fine arête, plus élancé, repart vers le haut en s’élargissant progressivement en une incurvation concave, pour venir soutenir le volume suivant. Celui-ci, dont subsistent l’arête inférieure saillante et le début de la paroi, embrasse la forme d’une cloche. Le corps de cette dernière, très légèrement rentrant, s’achève vers le haut en un arrondi régulier puis une partie supérieure presque plate. Au-dessus, élément intermédiaire, une demi-bobine très évasée vers le haut se termine par une moulure simple. D’un diamètre légèrement supérieur, vient ensuite un épais anneau à silhouette discoïdale semi-torique, prolongé par un probable large cylindre – peut-être légèrement tronconique – tel qu’il s’en trouve sur les montants de Fréhat En-Nufégi, d’Aï Khanoum (pl. IV, no 1) ou de Eskişehir (pl. VIII, no 1). Puis, en partie centrale, à l’image des deux premiers exemples cités ci-avant, siège un anneau dédoublé en deux disques à double moulure, émergeant dans le prolongement de deux forts évasements. Ce double volume donne ensuite naissance à un élément cylindrique légèrement concave terminé par une nouvelle moulure, fine et saillante. Lui succède une paire d’anneaux discoïdaux lisses, semi-toriques et épais, d’un diamètre plus large que celui situé en bas du montant, et séparés par un élément transitoire plus fin et de diamètre réduit. Enfin, ce double volume est surmonté par un nouvel élément annulaire, à la paroi très légèrement concave et s’élargissant à peine vers le haut, pour terminer par un dernier élément, le chapiteau. Évasé vers le haut en légère concavité, il comporte en son extrémité supérieure une moulure large et verticale, initiée dans sa partie inférieure par un fin retour à angle rentrant.
92Soutenu par le montant, le cadre devait être assez épais pour recevoir des décorations végétales, à l’instar du lit de l’Esquilin, soit au moins une dizaine de centimètres. Enfin, reposant sur un probable pommeau – dont il ne reste pas trace –, un fulcrum de forme élancée et fine, intégrant le fragment à l’oiseau 63318.01, achève l’ensemble.
93Cette proposition de restitution du lit « à l’Ibis » inscrit très clairement ce meuble d’apparat dans une lignée remontant à la période hellénistique, en particulier par l’accumulation des éléments annulaires discoïdaux, et le dédoublement en partie centrale – que Paul Bernard comparait à un « yoyo ». De par sa constitution générale, ce lit entre dans le type 3200 de la typologie64, comprenant les lits à montants sans cylindre figuré, et plus précisément dans la variante 3213, ceux pourvus de fulcra.
Approche iconographique
94Tel que le travail d’analyse et de reconstitution le montre, les décorations du lit n’entrent manifestement pas dans une composition et un cycle iconographiques développés65. Mais l’intérêt est ailleurs : deux éléments essentiels doivent ainsi être retenus : la silhouette des montants avec ses formes peu courantes, et la présence de l’oiseau sur le fulcrum.
95Cet oiseau tout d’abord. Ainsi disposé en couronnement de fulcrum, ce type de décoration d’oiseau en bas-relief connaît une utilisation répandue, dans les tombes mais aussi dans les demeures, au moins à partir du iiie s. av. J.-C. dans le monde hellénistique, et à partir du siècle suivant dans les contextes romains66. On reconnaît dans ces oiseaux surtout des cygnes et des canards. Presque systématiquement pourtant, seule la tête, repliée le long du cou, est représentée, alors que l’animal est ici sculpté en pied, même si le haut du corps a disparu. À ma connaissance, seul un autre exemplaire, complet cette fois, mais en os, est ainsi représenté en entier : daté de la fin du ier s. av. J.-C., il provient d’un monument funéraire retrouvé à Maccaretolo, en Italie, une localité proche de Bologne67 ; il s’agit aussi d’un ibis. Ce constat, ajouté à celui de la rareté du sujet, confère un statut particulier à cet oiseau, suggérant non pas une simple ornementation à thème nilotique, mais peut-être une intention eschatologique, en rapport avec le dieu Thot égyptien, le « seigneur du temps », qui était représenté là-bas soit en babouin, soit avec un corps humain et une tête d’ibis, soit enfin totalement en cet oiseau (pl. XLIII, nos 1-2). Ce dieu, détenteur de la connaissance et inventeur de l’écriture, présidait à l’audition des morts au tribunal d’Osiris.
96À l’époque romaine, alors que se développent ces cultes égyptiens, il peut être assimilé à Mercure. Mais la représentation de l’ibis se retrouve aussi – en particulier au début de l’Empire, à l’époque du mausolée A63 – dans une mode égyptisante florissante, dont Pompéi a gardé des traces : des scènes nilotiques ornent les murs ou les sols des demeures, comme la mosaïque du seuil de l’exèdre 37 de la maison du Faune, conservée au Musée de Naples68. On y retrouve, dans un contexte aquatique, toute une série d’animaux et de plantes exotiques de la vallée du Nil, dont deux ibis croisant le bec. Sur une peinture à fresque provenant d’Herculanum (pl. XLIII, no 4), l’ibis permet, selon les termes de Franz Cumont69, de donner une couleur locale à la scène religieuse de l’adoration de l’eau sacrée, en rapport avec les rites isiaques.
97En contexte funéraire, l’ibis connaît aussi des formes de représentations : ainsi sur un relief qui ornait la tombe d’un probable fidèle d’Isis, daté d’environ 100 apr. J.-C. et retrouvé en 1919 à Ariccia, au sud de Rome (pl. XLIII, no 5)70, une rangée d’ibis occupe le registre inférieur du décor, tandis que le registre central montre une danse rituelle isiaque, et le registre supérieur reflète une cérémonie se déroulant dans l’Iseum Campense, à Rome. Les aspects ornementatifs et symboliques semblent donc se conjuguer, à Ariccia comme à Herculanum.
98L’autre élément important du lit 63318 concerne la forme des montants. Deux particularités attirent surtout l’attention : la présence d’abord, en partie centrale, d’un anneau dédoublé en deux disques, volume qui se retrouve sur les lits d’Aï Khanoum, de Frahat En-Nufégi et de certains de Nisa (pl. IV, nos 1-2 ; pl. V), mais aussi sur de nombreux montants en bronze d’époque hellénistique, comme l’exemplaire du Louvre (pl. XVIII, no 1). Et puis, en partie supérieure du montant, la superposition des anneaux discoïdaux, présente sur des reliefs hellénistiques (pl. XXIV, no 4) ou romains du iie s. av. J.-C. (pl. XXXIII, no 1). Ces deux particularités, ajoutées l’une à l’autre, constituent une forme peu courante qui entre dans une filiation ancienne71, et qui dépasse par sa rareté la simple mode, se rapprochant des représentations des très riches demeures, comme dans la villa des Mystères à Pompéi, ou bien dans la villa sous la Farnésine à Rome (pl. XXXVI, nos 1 et 3). Sobriété et solennité, ancrées dans des références anciennes et traditionnelles, confèrent ainsi un statut unique à ce lit.
Catalogue et élaboration graphique

99Fragment de forme circulaire à profil externe lisse et très prononcé en incurvation concave ; le bord supérieur est mouluré en angles simples, et le bord inférieur présente une rectitude horizontale lisse et bien finie, ce qui indique qu’il s’agissait d’une limite de l’élément. La partie interne, plate sur le dessus, prend ensuite vers l’intérieur la forme accentuée d’une mortaise, destinée à recevoir un autre élément qui s’encastrait. L’ensemble compose ainsi une demi-bobine très évasée, qui devait reposer sur un autre élément plus large.

100Fragment de forme circulaire à profil externe lisse et concave, terminé en sa partie supérieure par une moulure se repliant vers le bas pour former une fine languette. La partie interne est plate sur le dessus puis forme un angle droit pour redescendre verticalement. L’ensemble compose ainsi le bord supérieur ou la base d’un élément à corps tronconique.

101Pièce presque complète de forme tronconique, composée de deux fragments assemblés et collés : la partie inférieure forme un fin tenon surmonté d’une délicate moulure en arête, qui laisse ensuite la paroi remonter en s’élargissant en une courbe concave de plus en plus prononcée, pour se terminer par un bord supérieur mouluré et pourvu en partie interne d’une mortaise, destinée à accueillir un autre élément. Ce fragment présente une tranche verticale lisse perpendiculaire à la paroi externe, ce qui indique que l’élément tronconique était composé de deux parties identiques, assemblées verticalement au moyen de colle. La partie tubulaire interne, qui enserrait l’âme de fer du montant, laisse apparentes les traces d’outillage de l’artisan et présente une nette déformation, due à la chaleur du bûcher. On observe enfin deux fines lignes incisées verticales et parallèles sur la paroi extérieure, signes d’une décoration discrète.

102Pièce presque complète de forme tronconique, composée de deux fragments assemblés et collés. L’extrémité inférieure est manquante, mais la paroi externe, lisse, remonte en s’élargissant fortement selon une très légère courbe concave, pour se terminer en un bord simple, non moulurée et formant un faux plat, dont le rayon est incliné depuis l’intérieur vers l’extérieur. L’intérieur présente une cavité lisse et elle aussi conique, s’élargissant vers le haut, ponctuée aux trois quarts par un ressaut léger. Comme pour 63318.24, ce fragment présente une tranche verticale lisse perpendiculaire à la paroi externe, ce qui indique que l’élément tronconique était composé de deux parties identiques, assemblées verticalement au moyen de colle. La vue de dessus permet de bien le visualiser, et montre aussi les deux fragments assemblés ainsi que les lamelles constitutives de l’ivoire, ici presque plates. La couleur bleutée visible sur la partie extérieure est significative du processus chimique lié à la crémation.

103Fragment de forme circulaire à profil externe lisse et légèrement incurvé de manière concave. Le bord supérieur, incomplet, est ponctué par une moulure en arête et ne constitue pas la limite de l’élément, qui se prolongeait vers le haut sans doute en s’élargissant progressivement. L’extrémité inférieure va s’élargissant vers le bas et est rehaussée d’une moulure fine ; son bord présente une rectitude horizontale lisse et bien finie, ce qui indique qu’il s’agissait de la limite de l’élément. Le fragment présente une tranche verticale lisse perpendiculaire à la paroi externe, ce qui indique que l’élément tronconique était composé de deux pièces identiques, assemblées verticalement au moyen de colle. L’ensemble constituait le pied proprement dit du montant, et reposait directement sur le sol ou sur un support de fer qui finissait l’âme métallique.
Catégorie A.1 : références comparatives
104Montant en ivoire d’Aï Khanoum : Bernard 1970, p. 333, fig. 6.
Élément de lit en os de Teramo : D’Agata, Barbetta 1997, A10, p. 298, fig. 22-23.
Élément de lit en os de Saint-Paul-Trois-Châteaux : Bel 2002, p. 211, fig. 214, no 52.
Montant en albâtre (gypse) de Bolsena : Sordini 1893, p. 66, fig.
Montant en bronze de Modène : Ortalli 1988, p. 345, fig. 272, p. 353, fig. 280.
Élément de lit en os de Mortara : Bianchi 2004, p. 356, pl. I, no 7.
Pied de lit en ivoire de Fréhat En-Nufégi : Bernard 1970, p. 335, fig. 8.
Pied de lit en os de Cambridge : Nicholls 1979, A2, p. 4.
Pied de lit en os de Saint-Lambert (Fréjus) : Béraud, Gébara 1986, p. 194, fig. 6, nos 1-2.
Pieds de lit en os d’Avenches : Schenk 2008, p. 292, fig. 134, nos 1107-1109.

Description de 63318.10a, .10b, .43
105Fragments de forme circulaire à profil externe lisse, comportant à une extrémité une moulure fine et légèrement arrondie pour les deux premiers, plus large pour le troisième. L’autre extrémité est incomplète et ne permet pas de déterminer la hauteur totale de l’élément. L’intérieur est également lisse, sans tenon ni mortaise. Il s’agit donc de bords supérieurs ou de bases d’éléments à corps cylindrique. Comme pour 63318.24 et .29, le fragment 63318.10b (et sans doute .10a) présente une tranche verticale lisse perpendiculaire à la paroi externe, ce qui indique que l’élément cylindrique était composé d’au moins deux parties, assemblées verticalement au moyen de colle.
Référence comparative
106Élément de lit en os de Teramo : D’Agata, Barbetta 1997, A3 et A15, fig. 22 et 23, p. 298.

10763318.26. Fragments de forme circulaire à profil externe lisse et sans moulure, dont il est difficile de déterminer le sens de disposition verticale, mais qui probablement devait être disposé ainsi. L’extrémité inférieure (sur les photographies) présente un plat assez large se terminant en partie interne par un creux en mortaise. L’extrémité supérieure présente une tranche à ressaut qui redescend vers l’intérieur plus bas que le plat du bord. Le fragment est complet dans sa hauteur mais brisé sur une tranche. Il faisait partie d’un élément composé de plusieurs pièces collées sur leurs tranches verticales.
10863318.31. Fragment composé de deux pièces assemblées et collées. Les caractéristiques sont comparables aux trois fragments précédents, mais avec une moulure beaucoup plus prononcée et plus anguleuse. Il s’agit du seul fragment en os, retrouvé dans l’urne. Ce constat pourrait laisser penser à une réparation postérieure à la fabrication du lit, ou en laisser supposer la provenance d’un autre mobilier.
Références comparatives
109Élément de lit en os de Cucuron : Béal 1986, p. 288, fig. 1, no 15.
Élément de lit en os d’Aquinum : Pracchia, Carcieri 2008, p. 55, pl. 7, f et k.

110Trois fragments de forme circulaire et de hauteur réduite, complets sur la partie supérieure mais dont la partie inférieure a disparu. Le profil externe comporte une moulure large et verticale, qui se prolonge vers le bas par un léger retour et un angle rentrant, avant de développer un début de paroi de forme légèrement concave. La partie interne, plate sur le dessus, présente en son angle supérieur une arête fine (plus accentuée pour 63318.15) en ressaut sur un plan incliné, qui s’achève par le plan vertical intérieur. Au vu de la forme globale, de l’épaisseur de la moulure et de la taille importante du diamètre, l’ensemble compose manifestement le bord supérieur d’un élément campaniforme formant le chapiteau d’un montant, c’est-à-dire son extrémité supérieure, reposant juste sous le châssis. Les pièces d’ivoire étaient fixées sur un rehaut de bois, lui-même enfilé sur l’âme de fer.
Références comparatives
111Élément de lit en os de Cambridge : Nicholls 1979, A10, p. 5.
Élément de lit en os de Norcia : Pasqui 1890, pl. II, fig. 1.
Élément de lit en os d’Acquasparta : Monacchi 1990-1991, p. 112, fig. 17.

112Fragment de forme circulaire à profil externe lisse et concave. La partie inférieure est moulurée en angle saillant, puis la courbe remonte pour être interrompue par une brisure transversale qui ne permet pas de déterminer la hauteur de l’élément complet. La partie interne est verticale puis forme en sa basse extrémité un angle droit pour laisser place au-dessous, plat lui aussi. Selon toute vraisemblance, l’ensemble compose ainsi le bord inférieur d’un élément campaniforme comportant une partie basse large et plate, puis remontant vers le haut par rétrécissement en une courbe concave précédant une convexe. Cette cloche, positionnée très certainement sur la partie basse du montant, devait probablement être constituée de plusieurs pièces d’ivoire – et non d’un seul bloc – qui étaient fixées sur un rehaut de bois, lui-même enfilé sur l’âme de fer.
Références comparatives
113Cloche du lit en ivoire d’Aï Khanoum : Bernard 1970, p. 329, pl. XX.
Cloche du lit en ivoire de Fréhat En-Nufégi : Bernard 1970, p. 335, fig. 8.
Cloche du lit en os de Cambridge : Nicholls 1979, A3, p. 4 et fig. 2.

114Fragment de forme circulaire à profil externe lisse et concave fortement rentrant, essentiellement constitué d’une moulure à double listel. La partie supérieure est plate et se poursuit à l’intérieur vers le bas avec une incision en mortaise, peut-être destinée à recevoir le tenon d’un autre élément. Il s’agit d’une base ou plus probablement d’un bord supérieur, complet sur les bords extérieurs et intérieurs, d’un élément dont il est difficile de déterminer la forme globale, mais qui était fixé sur un rehaut de bois, lui-même enfilé sur l’âme de fer.

115Fragment de forme circulaire à profil externe lisse et concave, essentiellement constitué d’une moulure bombée en sa partie supérieure. Il se prolonge vers le bas en une partie encore partiellement présente qui apparaît plate et fortement rentrante, dont l’extrémité inférieure a disparu. Il s’agit donc du bord supérieur d’un élément dont il est difficile de déterminer la forme globale, mais qui était fixé sur un rehaut de bois, lui-même enfilé sur l’âme de fer.

Description de 63318.21 et .37
116Ces deux éléments, chacun composés de deux fragments assemblés, sont de forme similaire. Leur profil externe circulaire est lisse et légèrement concave, essentiellement constitué d’une moulure simple. La partie supérieure est fine et légèrement arrondie et l’intérieur ne comporte ni tenon ni mortaise. Il semble que les deux fragments, composés de deux pièces assemblées et collées, ont conservé une partie de leurs bords intérieur et extérieur. L’importance du diamètre interne, dont le calcul n’est pas certain, indique cependant la présence d’un rehaut de bois enfilé sur l’âme de fer.
Références comparatives
117Élément de lit en os de Teramo : D’Agata, Barbetta 1997, A35 (sans motif), p. 298, fig. 22.
Élément de lit en os de Cambridge : Nicholls 1979, A10b, p. 5 et fig. 2.

118Les deux éléments appartiennent à un même anneau bombé à silhouette semi torique, mais dont la paroi extérieure a disparu. L’arrondi est étiré sur les deux flancs, présentant ainsi une surface concave tirant vers le plat. La partie manquante devait suivre un arrondi final plus marqué, induisant un profil se rapprochant du cône. L’intérieur, encore parfaitement dessiné, est concave dans le sens circulaire (voir les photographies de profil) et inclut des éléments travaillés. Un des bords (celui du bas sur les photographies) forme un ressaut terminé par une arête, tandis que l’autre, dessinant aussi un ressaut, est sur la ligne externe précédé d’un creusement en forme de mortaise, destiné à accueillir un autre élément, sur ou sous l’anneau. Aux deux tiers de la surface, du côté de la mortaise, une incision rectiligne suit en parallèle les lignes des bords. Il est à noter enfin les fissures et fractures provoquées par la chaleur, et les variations de couleurs, depuis un gris charbonneux sur la surface au blanc jaunâtre de l’intérieur.

Description de 63318.05a, .06a, .06b
119Éléments comparables à 63318.04a et .04b, mais dont le profil est à silhouette plus anguleuse pour .05a et plus trapézoïdale pour .06a et .06b. Chacun est constitué de plusieurs fragments assemblés et collés. .06a et .06b n’ont conservé que la partie la plus extérieure de l’anneau, ce qui ne permet pas d’affirmer la présence de mortaise ni de déterminer un diamètre interne précis, mais la comparaison avec les trois précédents le laisse supposer. La largeur du diamètre interne de .05a permet en revanche de supposer les pièces d’ivoire fixées sur un rehaut de bois, lui-même enfilé sur l’âme de fer.

120Éléments comparables à .04a, .04b, .05a, mais dont le profil est à silhouette arrondi pour .07a et indéterminable pour .09, .08 et .30. Ces trois derniers sont très incomplets et n’ont conservé que des fragments de lamelles constitutives d’anneaux. 63318.09 et .08 forment la partie interne des éléments, ce que l’on saisit grâce à la présence de mortaises, à une extrémité pour .09 et aux deux pour .08, ainsi que pour ce dernier, au milieu de la surface, d’une incision rectiligne qui suit en parallèle les lignes des bords. Il est enfin difficile pour .09, .08 et .30 de déterminer un diamètre interne précis, vu leur déformation, mais la comparaison avec les précédents le laisse supposer. La largeur du diamètre interne de .07a permet en revanche de supposer les pièces d’ivoire fixées sur un rehaut de bois, lui-même enfilé sur l’âme de fer.
Références comparatives pour 63318.04a, .04b, .05a, .06a, .06b, 07a
121Représentation d’un trône (embrasure de la porte orientale) et d’un siège en bas-relief sur l’Apadana de Persépolis, avec superposition de trois anneaux toriques : pl. XXXIV, no 1, dans le présent volume.
Représentation d’anneaux discoïdaux sur montants de lit, cratère à figures rouge dit « des funérailles de Patrocle », Peintre de Darius, MANN, inv. 81393 : pl. XXXI, no 4, dans le présent volume.
Représentation d’anneaux toriques de lits maçonnés à Alexandrie (iie s. av. J.-C.) : Guimier-Sorbets, Nenna 2003b, p. 538, cat. no 8 et p. 570, fig. 10, p. 539, cat. no 11 et p. 571, fig. 12.
Représentation d’anneaux discoïdaux sur montants de lit, laraire du Rione Terra de Pouzzoles : pl. XXXIII, no 1, dans le présent volume.
Représentation d’anneaux discoïdaux sur montants de lit, lit-sarcophage de l’Heroon de Calydon: pl. XXIV, no 4, dans le présent volume.
Représentation d’anneaux discoïdaux semi-toriques sur montants de lit, lits sculptés sur urne étrusque : pl. XXVIII, nos 1-2, dans le présent volume.
Représentation d’anneaux discoïdaux sur montants de lit, lit funéraire maçonné de Corinthe : pl. XXV, no 1, dans le présent volume.
Représentation picturale d’anneaux toriques de lits : Pompéi, casa del Larario del Sarno (I 14, 7), cadre avec scène de banquet, jardin. La qualité technique de la représentation est certes très approximative, mais on y distingue parfaitement les anneaux sur les montants.
Représentation picturale d’anneaux toriques de siège : pl. XXXVI, no 1, dans le présent volume (Pompéi, villa des Mystères).
Représentation picturale d’anneaux toriques de siège : pl. XXXVI, no 3, dans le présent volume (Rome, villa sous la Farnésine).
Anneau dédoublé en deux disques moulurés : montant en ivoire (Aï Khanoum) et montant en bois recouvert d’argent (Fréhat En-Nufégi) : pl. IV, nos 1-2, dans le présent volume.
Anneaux dédoublés en deux disques moulurés : montants en ivoire de Nysa : pl. V, nos 1-2, dans le présent volume.

122Quatre fragments de forme circulaire à profil manifestement travaillé et sculpté. L’action du feu et de la chaleur a rendu impossible la lecture des motifs, mais les irrégularités des parois externes attestent bien de sculptures sans doute en bas-relief. Pour 63318.25, .27 et .28, la partie interne laisse voir l’incurvation tubulaire lisse prévue pour y introduire l’âme de fer qui servait de base aux décorations et de soutien au montant, tandis qu’elle est manquante pour .14. La surface supérieure est plate et horizontale pour chacun des quatre fragments, mais pourrait aussi, en les retournant, en constituer en réalité la base inférieure. Ces fragments pourraient orner la face cachée des cylindres figurés situés en partie basse du montant, dont aucun n’a été conservé.
Références comparatives
123Élément sculpté de lit en os de Cambridge : Nicholls 1979, A8a, p. 3, fig. 1, p. 5.
Élément sculpté de lit en os d’Aquinum : Bellini 2008, p. 44-47, fig. 5-6.

124Fragments en lamelles fines, à l’origine plats mais déformés ici par la chaleur du bûcher. Les deux premiers, .03a et .03c, présentent sur l’avers une surface lisse et noircie par endroits, avec de très légères surépaisseurs, tandis que le troisième offre une surface lisse, interrompue par de petites crevasses. Ces légers reliefs de .03a et .03c sont probablement des restes de polychromie, entrant ainsi dans un motif décoratif peint. Les revers ont conservé de nets liserés en doubles lignes parallèles avec une surépaisseur entre elles, particulièrement visibles sur .03b, et qui se croisent horizontalement et verticalement sur les deux autres. Il s’agit là manifestement des traces de lissage de l’artisan ivoirier, effectuées au moyen d’un ciseau à dents. Ces fragments pouvaient orner la partie centrale d’un des côtés longs du cadre, ou bien d’un côté latéral.
Référence comparative
125Bande de mobilier ou d’objet en os de Pompéi : Allison 2006, p. 190 et cat. 1344-8, pl. 87, n° 9.

Description de 63318.02a, .02b, .02c
126Ces trois fragments présentent chacun un bord extérieur arrondi et convexe, augmenté d’une moulure simple soulignée par un fin réhaussement en partie interne. La régularité de l’arrondi permet de déterminer leur appartenance à au moins deux appliques cirulaires discoïdales, formées chacune d’un seul élément d’ivoire.
12763318.02a. La partie intermédiaire est décorée d’un fin godronnage radial regulièrement ponctué par des rayons de plus grosse épaisseur, qui vient s’appuyer en partie centrale sur un ensemble de petites demi sphères en léger relief, constituant elles-mêmes un ensemble rond légèrement bombé. Le centre du disque est creusé d’une petite cavité circulaire et concave. Au vu de l’aspect plat des revers, ces fragments étaient fixés sur une partie plate du lit, située sur le fulcrum ou sur le cadre du lit funéraire qu’il décorait. La première hypothèse impliquerait de la placer sur la partie basse, dévolue au médaillon ; ce qui serait surprenant, comparé aux nombreux fulcra connus, puisque cet emplacement est normalement attribué à des bustes de personnages mythologiques, divins ou humains. Mais il s’agit ici d’un élément floral, offert en vue zénithale et représentant vraisemblablement une anémone : il serait donc plus cohérent de l’intégrer dans un motif végétal de plus grande ampleur, qui décorerait par conséquent le cadre.
12863318.02b. Le dessin permet de comprendre cet élément comme complétant une partie manquante du disque de 63318a.
12963318.02c. Cet élément appartient selon toute vraisemblance à un second disque mouluré comportant les mêmes motifs que le précédent.
Références comparatives
130Appliques décoratives florales de lit en os de l’Esquilin : Talamo 1987-1988, p. 29, fig. 16b.
Appliques décoratives florales de lit en os d’Aoste : Mollo Mezzena 2005, p. 155, fig. 24.
Appliques décoratives florales de lit en os de Teramo : D’Agata, Barbetta 1997, p. 298. Les motifs ne sont pas identiques mais comparables.
Applique décorative florale d’un probable lit de Nola : Bonghi Jovino, Donceel 1969, pl. XXV, fig. B.
Appliques décoratives florales de lit en os de Pompéi : De Franciscis 1963, fig. 91.

Description de 63318.01 et .33
13163318.01. Deux fragments assemblés figurant les pattes longilignes et les plumes de la queue d’un oiseau aquatique. Le volume sculpté des pattes est visible sur la partie supérieure (les cuisses), et s’élargit là vers le haut pour développer le corps de l’animal, qui a malheureusement disparu. Le relief du reste des pattes, tibias et tarses, n’est plus en place, laissant en voir la base seulement, tandis que les doigts ont conservé leur relief : ceux de la patte gauche reposent sur un support long et légèrement arrondi, jusqu’à leur extrémité qui se recourbe, alors que l’un disparait derrière en partie ; ceux de la gauche semblent enserrer le support sur lequel ils se trouvent. Ce support constitue la base de l’ensemble : il est difficile d’en déterminer la forme précise, mais il pourrait s’apparenter à une branche sur laquelle serait posé l’oiseau. Composé schématiquement de deux croissants de lune dans le prolongement l’un de l’autre et incurvés vers le haut, il prend la forme typique de l’élément de soutien d’un couronnement de fulcrum (feuille demi-circulaire ou double feuille), dont il compose la base tout en fermant le haut du champ. Le plumage de la queue s’étend sur les deux tiers de la longueur des pattes, selon un relief vertical bien net et défini. Enfin, cet élément présente un revers plat, ce qui indique un support plat lui aussi.
132La forme de l’ensemble, délicatement incurvée vers la droite, ajoutée aux caractéristiques évoquées plus haut, indique sans le moindre doute qu’il constituait la partie inférieure d’un couronnement de fulcrum, qui était situé sur le côté droit du lit, en regardant le meuble de face. L’action de la chaleur de la crémation a provoqué non pas une désolidarisation des lamelles de l’ivoire, mais des cassures assez nettes ainsi qu’une coloration significative : ce gris bleuté indique que la carbonisation de la matière organique n’est pas totalement achevée, comme c’est le cas également pour une partie des autres fragments. Il s’agit, comme l’a expliqué François Poplin (voir le bilan initial en présentation du catalogue, supra p. 99), de la dernière phase avant disparition définitive de la part organique. Cette observation laisse supposer une crémation non poussée à l’extrême, et/ou que les fragments, une fois séparés de leur support, sont tombés en périphérie du foyer.
133La finesse des tarses et tibias, la forme des doigts et la disposition du plumage de la queue, confrontées aux représentations connues mais aussi aux oiseaux réels, indiquent que nous sommes ici certainement en présence d’un ibis. Ce choix de figuration nous ouvre la voie vers l’Égypte, où l’ibis est associé au dieu Thot, détenteur de la connaissance, et qui préside à l’audition des morts au tribunal d’Osiris. Dans le monde romain, il peut être associé aux funérailles et au monde des morts (pour la discussion sur cette identification, se reporter à la partie III).
13463318.33. Deux fragments assemblés qui figurent sur le bas le ramage d’un début de plumage en fines ciselures verticales légèrement ondulantes, appartenant probablement à un oiseau. La surface restante a perdu ses motifs, laissant voir les couches inférieures, tout comme les contours qui n’expriment aucune forme fiable, exception faite du bord droit, lisse et légèrement convexe, qui a conservé sa forme originelle. Le revers présente une partie plate.
135Un rapprochement opéré avec 63118.01, en particulier pour la partie basse, tant dans sa forme que dans ses dimensions, laisse penser qu’il s’agit là aussi d’un fragment de couronnement de fulcrum figurant également un oiseau aquatique (bas de la queue), mais dans une position symétriquement opposée au précédent. Ce couronnement ornerait donc un fulcrum situé sur l’autre côté du lit, sur la gauche en regardant l’ensemble.
Références comparatives
136Couronnement de fulcrum de lit en os, Cumes, De Jorio 1810, pl. IV, no 19 : voir pl. X, no 1, dans le présent volume.
Couronnement de fulcrum de lit en os, Tarente, De Juliis 1985, p. 463, cat. 4, p. 508-509, cat. 18 : voir pl. X, no 2, dans le présent volume.
Couronnement de fulcrum de lit en ivoire, Pompéi, MANN, inv. 109890 : voir pl. X, no 3, dans le présent volume.
Couronnement de fulcrum de lit en ivoire, Pompéi, MANN, inv. 109889 : voir pl. X, no 4, dans le présent volume.
Couronnement de fulcrum de lit en os, Bologne : Faust 1989, pl. 78.2, cat. no 49 (oiseau représenté en pied, comme 63318.01).
Couronnement de fulcrum de lit en os, villa de Lucius Verus (Rome), New York : Richter 1966, fig. 531 : voir pl. XIV, no 2, dans le présent volume.
Couronnement de fulcrum de lit en os, Ancône : Colivicchi 2002, p. 232, cat. 33.25 ; Frapiccini 2010, p. 28, fig. 27.
Couronnement de fulcrum de lit en os, Saint-Lambert (Fréjus) : Béraud, Gébara 1986, p. 196, fig. 8, no 21.

137Deux fragments à revers plat, ce qui indique un emplacement et un collage sur un support plan. 63318.32 dessine une forme oblongue, avec un côté rectiligne constituant certainement un bord, et l’autre, lui faisant face mais non parallèle, semble vouloir le rejoindre en un angle aigu qui a disparu. Vu les irrégularités de sa ligne, il est difficile de dire s’il s’agit aussi d’un bord. Les deux autres côtés constituent en réalité des brisures. Le revers montre des stries liées au travail de l’ivoirier. Quant à 63318.35, composé de deux fragments assemblés et collés, il s’agit d’une pièce totalement plate sur l’avers et le revers. Trois des bords sont des brisures, mais le quatrième présente une courbe régulière convexe dont la tranche est légèrement biseautée. Il pourrait s’agir d’une partie constitutive du champ d’un fulcrum.

138Cinq fragments à revers plat, bien qu’incomplets, dont la forme des éléments auxquels ils appartenaient est difficile à déterminer, en particulier pour .07d et .44. Le fragment .06c semble se rapprocher de .07b par une esquisse de relief trapézoïdal qui se rétrécit vers le haut. .06d présente en revanche une forme un peu plus nette par sa surface extérieure convexe ; un des bords (vertical gauche sur la photographie), d’apparence rectiligne malgré son irrégularité, fait face à un autre qui ondule avec une nette incurvation concave en son milieu. Ce creux est en réalité une cassure. Ces fragments pourraient tout autant appartenir au cadre qu’à un fulcrum.

139Inv. 63318.46
Ensemble de 73 fragments, essentiellement en lamelles. Les formes sont très variables mais la détermination n’est pas possible. Il s’agit de parties éclatés ou désolidarisées d’éléments plus gros, suite à l’action de la chaleur.
140Inv. 63318.50
Ensemble de 181 fragments non identifiables. Il s’agit pour l’essentiel de lamelles déformées par la chaleur, désolidarisées d’éléments plus importants.
Proposition de restitution partielle du lit « à l’Ibis », inv. 63318.

G. Stelo et A. Cormier
Notes de bas de page
1 Pour des précisions sur la symbolique de cette représentation, voir Brun et al. 2009c, p. 673-675 ; Brun, Munzi, Botte 2017.
2 Voir Botte, Cavassa 2008, p. 406.
3 Ibid. Les fouilleurs ont retrouvé une ampoule en verre transparent de forme Isings 6, un balsamaire en verre coloré de forme Scatozza Höricht 49, un flacon à parfum en forme d’amphorette en bronze avec une seule anse (forme Tassinari F. 2210), une chaîne de bronze ainsi qu’une serrure, en bronze elle aussi.
4 Voir infra p. 263, sur la symbolique des urnes, et l’analyse iconologique du lit « au Centaure », p. 261 et suiv.
5 Traduction proposée par Cébeillac-Gervasoni, Camodeca 2011, p. 392. Voir aussi Cébeillac-Gervasoni 2014.
6 Voir infra p. 181.
7 Cébeillac-Gervasoni, Camodeca 2011, p. 395-400 ; Cébeillac-Gervasoni 2014.
8 Brun, Munzi 2011, p. 157.
9 Pour un développement sur cette hypothèse, voir Brun et al. 2011, p. 298.
10 Pour l’étude de cette inscription, voir Cébeillac-Gervasoni, Camodeca 2011 ; Cébeillac-Gervasoni 2014.
11 Hesberg 1992, p. 196-197 ; Brkojewitsch 2012, p. 346.
12 Hesberg 1992, p. 199.
13 Ibid., p. 200-209.
14 Ibid., p. 201.
15 Voir supra p. 175-176.
16 Brkojewitsch 2012, p. 346.
17 Inédit.
18 Brun et al. 2009a ; 2009c, p. 702-703. Ce monument fut découvert en 2005 lors du dégagement de la voie Domitienne.
19 Botte et al. 2011, p. 298-299 ; Brun, Munzi, Botte 2017.
20 Brun et al. 2011, p. 299.
21 Un lot de monnaies de Gallien et de Claude II le Gothique, enfoui dans la couche de destruction, constitue un terminus post quem.
22 Inv. 63024.
23 Inv. 63117 et 63118.
24 La répartition par passe des ossements du défunt semble montrer un ordre aléatoire de prélèvement dans le bûcher, donc mal défini.
25 Supra p. 114-115.
26 Inv. 63317.19 et .17.
27 Catégorie B.1 du catalogue.
28 Inv. 63317.01.
29 Inv. 63317.39.
30 Inv. 63317.03.
31 Inv. 63317.02.
32 Inv. 63317.07.
33 Voir, par exemple, le lit du musée du Louvre, pl. XVIII, no 1 ; le lit d’Amiternum, pl. XVIII, no 4. Voir également les exemplaires d’Avenches (Duvauchelle et al. 2012), de Bourgoin-Jallieu (Boucher 1982), de Golfe-Juan (Baudoin, Liou, Long 1994), de Mahdia (Greifenhagen 1930), de Volubilis (Piccot-Boube 1960).
34 Les montants de Nisa, en particulier (Bernard 1970), reproduits pl. V et VI.
35 Voir, par exemple, pl. XXXIII, no 1, le lit peint dans le laraire du Rione Terra à Pouzzoles ; pl. XXIV, no 4, le lit-sarcophage de l’Héroon de Calydon ; pl. XXVIII, les urnes cinéraires étrusques ; pl. XXXIV, no 4, le relief du Getty Museum. Signalons enfin, pl. XXXIV, no 1, le trône de Darius, beaucoup plus ancien.
36 Pl. VIII, no 1.
37 Voir, par exemple, pl. VIII, no 1 ; pl. XXV, nos 1-3 ; pl. XXVI, nos 1-2 ; pl. XXXII, no 4 ; pl. XXXIII, no 2 ; pl. XXXVI, nos 1 et 3.
38 Voir la typologie, supra p. 75.
39 Comme pour le lit du mausolée A2, l’iconographie est ici abordée sous son aspect formel : celui de la symbolique et du sens ostentatoire est développé infra p. 261 et 272.
40 S. Drougou, M. Leventopoulou, L. Marangou, E. Van der Meijden, L. Palaiokrassa, I. E. Petrocheilos, Th. Sengelin, I. Touratsoglou, « Kentauroi » et « Kentaurides », in LIMC, VIII, Suppl., p. 671-721.
41 Voir, par exemple, pl. XLI, no 1, la peinture sur marbre d’Herculanum conservée au MANN, représentant le centaure Eurytos face à Thésée.
42 Comme sur la frise miniature sur fond noir du MANN : pl. XLI, no 2.
43 Je remercie ici Christophe Vendries pour son expertise sur l’instrument tenu par le Centaure de Cumes, entre lyre et cithare. La question de savoir s’il s’agit de l’une ou de l’autre n’est finalement pas tranchée, du fait de la disparition de la caisse de résonance.
44 Turcan 1999, p. 101-110 ; Lavagne 1999 pour le centaure du sarcophage de Cadenet, daté du milieu du iiie s. : p. 309 et fig. 1, p. 312 et fig. 6.
45 Turcan 1999, p. 108-109 et fig. 131-134.
46 Ibid., p. 109 ; voir également, pl. XLI, no 6, un sarcophage du musée du Louvre du début du iiie s. avec centaures attelés aux chars de Dionysos et d’Ariane, dont l’un joue de la lyre, et deux autres tiennent l’imago clipeata.
47 Vaglieri 1912.
48 Le développement sur le sujet est renvoyé infra p. 261. Voir supra n. 39.
49 Voir, par exemple, Turcan 1999, fig. 105, 107-108, 170.
50 Inv. 63317.02.
51 Hélène, 167-168. Filles du fleuve Achéloos ou de Phorcys, ces créatures ont pour mère Stéropé ou bien une des Muses ; Euripide leur attribue donc Gaia ou Chthon, la Terre elle-même.
52 Voir E. Hofstetter, I. Krauskopf, « Seirenes », in LIMC, VIII, Suppl., p. 1093-1104, pl. 734-744, nos 1-123.
53 Voir, par exemple, l’askos en bronze du Getty Museum, daté de la première moitié du ve s. av. J.-C., pl. XLII, no 3, d’après Tsiafakis 2001, fig. 1a, dont il existe au Musée de Reggio Calabria ou au British Museum des exemplaires du même type.
54 Voir pl. XLII, no 4 (et pour une vue d’ensemble, pl. XXII, no 2), la frise en bas-relief de ce lit-sarcophage en marbre. Sur le sujet, on peut se reporter à Mancini 2010. Je remercie Marcella Leone de m’avoir indiqué cette référence.
55 Voir à ce sujet Cumont 1942, p. 327.
56 Hélène, 169-173, trad. H. Grégoire et L. Méridier, CUF, 1950.
57 Pl. XLII, no 4 : cette frise montre, non des Harpies, mais des Sirènes transportant les âmes des défunts.
58 Argonautiques, IV, 895-897.
59 Métamorphoses, V, 552-555, trad. G. Lafaye, revue et corrigée par J. Fabre, CUF, 2007.
60 Turcan 1999, p. 27-29 et 76.
61 Cette réflexion sur la signification allégorique de la Sirène, liée au mythe évoqué par Platon, est abordée infra p. 261-262.
62 Concernant la répartition par passe des ossements du défunt, il semble que toutes les parties du corps soient représentées et qu’aucun élément à chaque fois ne domine. Le prélèvement dans le bûcher, manifestement, n’aurait pas suivi un ordre particulier.
63 63318.02a, .02b, .02c.
64 Voir le détail supra p. 77 et suiv.
65 Comme pour les lits 2050 et 63317, l’iconographie est ici abordée sous son aspect formel : celui de la symbolique et du sens ostentatoire est développé infra p. 262.
66 Plusieurs exemples ont été donnés au cours de ce travail : voir les cas les plus significatifs pl. X, pl. XI, no 1, pl. XVI, no 4, ainsi que celui d’Aielli (Copersino 2001, p. 246). Chiara Bianchi en a répertorié d’autres encore (Bianchi 2010, fig. 13-28).
67 Voir pl. XLIII, no 3. Voir également Faust 1989, cat. 49 ; Bianchi 2010, p. 55 et fig. 25.
68 Inv. 9990.
69 Cumont 1929, commentaire à la pl. VII, 2.
70 Rome, Museo Nazionale, Palazzo Altemps, Inv. 77255 ; H. 0,50 m ; L. 1,12 m. Voir Paribeni 1919, p. 106-112. L’auteur suppose que ce relief pourrait provenir d’un édifice sépulcral de la voie Appia (p. 111), ce qui est confirmé dans Dardaine et al. 2008, p. 174. Voir également Paribeni 1919, pl. 107 ; Lembke 1994 ; Clarke 2003 ; Sist Russo 2011 ; Dunbabin 2016.
71 Nous avons déjà évoqué les influences perses, grecques puis hellénistiques. Voir, pour synthèse, les trônes et sièges pl. XXXIV.
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