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    Plan détaillé Texte intégral Laveries Teintureries Filage et tissage : des activités peu documentées Ateliers de feutriers Fouleries Notes de bas de page Auteur

    L'artisanat du textile à Pompéi au Ier siècle après J.-C.

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    L’archéologie de la filière textile à Pompéi : état de l’art

    Jean-Pierre Brun

    p. 7-15

    Texte intégral Laveries Teintureries Filage et tissage : des activités peu documentées Ateliers de feutriers Fouleries Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1La nature et les performances de l’économie pompéienne ont fait l’objet de multiples débats souvent biaisés par la conservation partielle des vestiges, par une mauvaise observation et interprétation de ceux-ci et par des présupposés idéologiques1. La filière textile a toujours été au centre du débat pour deux raisons. D’une part, l’artisanat puis l’industrie textile furent à la base de la prospérité économique du Moyen Âge classique, puis constituèrent le premier moteur de la Révolution industrielle. D’autre part, le grand nombre d’installations liées à la fabrication des tissus a pu faire penser que Pompéi était un centre de production textile d’une ampleur comparable à certaines villes médiévales.

    2La première foulerie de vêtements a été dégagée en 1825 en VI 8, 2.20-21. Puis la découverte de l’inscription dédicatoire des foulons dans l’édifice d’Eumachia a conduit à interpréter, en 1869, ce bâtiment comme un marché des tissus. Cette hypothèse a été renforcée par l’autorité d’August Mau en 1892, alors que Giuseppe Fiorelli dans le Guide de Pompéi2 en faisait, contre toute évidence, une grande foulerie. De là, Tenney Frank, en 19183, a tiré la théorie que Pompéi était un centre de commerce des tissus. Mikhail Rostovstzeffa a suivi cette voie dans The Social and Economic History of the Roman Empire paru en 19264. L’idée était donc déjà bien ancrée lorsque W. Moeller a commencé ses travaux sur la production et le commerce des tissus de laine en proposant d’identifier un nouveau type d’atelier comme lieu consacré au lavage des toisons de laine dans son article The lanifricarius and the officinae lanifricariae at Pompeii, paru en 19665. Dans la synthèse parue dix ans après, The wool trade of ancient Pompeii6, Moeller replaça tous les vestiges d’installations dans une perspective économique et sociale, soulignant le rôle politique que les foulons auraient joué en se fondant sur les interprétations des inscriptions électorales qu’avaient données M. Della Corte7 dans son ouvrage Case ed abitanti di Pompei.

    3Les interprétations archéologiques et les conclusions sociales de W. Moeller furent sévèrement critiquées en 1988 par Willem Jongman dans son livre The Economy and Society of Pompeii8.Jongman a montré de façon convaincante que Moeller avait interprété de manière erronée les témoignages épigraphiques des affiches électorales et qu’il n’y avait aucune preuve que les dirigeants de la cité, représentés par les curiales et les duumvirs, étaient composés en partie par des individus engagés dans la filière textile, notamment les foulons. Jongman a systématiquement critiqué tous les points, déniant aux ateliers nommés par Moeller officinae lanifricariae tout rôle dans le lavage de la laine. Soulignant que les opérations fondamentales de filage et de tissage étaient peu documentées, il aboutit à la conclusion inverse de Moeller : le textile n’était pas un artisanat important à Pompéi, la production était orientée vers le marché local et les foulons n’avaient pas de rôle socio-politique sauf en tant que courroies de transmission entre le peuple et les classes dominantes. Selon lui, les foulons ne faisaient pas partie des classes dominantes à Pompéi, même dans la dernière phase9.

    4Deux thèses étaient donc en présence, toutes deux forcées dans le sens de la démonstration de leurs auteurs. La seule façon de relativiser les arguments impliquait un retour sur le terrain. En 1992, Florian Seiler a publié ses recherches sur les fullonicae VI 16, 3-4 et VI 16, 6, et en 2001, Jens-Arne Dickman et Félix Pirson ont présenté leurs hypothèses sur l’atelier de la casa dei Postumii VIII 4, 410. Les avancées les plus significatives sont dues aux travaux de P. Borgard à partir des années 2000, qui a refouillé la plupart des teintureries11, et à ceux de M. Flohr qui s’est occupé des fouleries12 ; enfin Nicolas Monteix a réétudié toutes les structures de la filière textile à Herculanum13. Ils ont abouti à des conclusions quelque peu divergentes. Selon P. Borgard, la quantité et la qualité des vestiges de l’industrie textile à Pompéi ne s’expliquent que par l’engagement de la cité dans une production importante de tissus, probablement exportatrice dans les dernières années de son existence. En revanche, M. Flohr, suivant W. Jongman, rejette l’interprétation des ateliers dotés de chaudières et de bancs comme laveries de laine et estime que les fouleries jouaient essentiellement un rôle dans l’entretien des vêtements de l’élite et dans la préparation de tissus et de vêtements neufs importés à Pompéi, suivant un fonctionnement qu’il a détecté à Ostie et à Rome. M. Flohr se sépare toutefois de W. Jongman quant au rôle de la fabrication textile locale. D’une part, il considère que la situation est plus complexe qu’on ne le pense et que la demande réclamait non seulement des produits locaux, mais aussi des tissus importés ; d’autre part, il souligne que certains propriétaires fonciers investissaient dans cette filière et donc en escomptaient des bénéfices venant compléter leurs autres revenus.

    5Dans son ouvrage sur Herculanum, N. Monteix rallie l’essentiel de ses interprétations à celles de P. Borgard, en exposant les raisons de notre déficit documentaire sur les activités de filage et de tissage. Il aboutit lui aussi à la conclusion que l’ampleur et le nombre des ateliers ne s’expliquent que par un contexte de production destiné à la commercialisation ; il souligne également que Pompéi aurait eu un rôle économique bien plus étendu que celui d’Herculanum14.

    6Le débat reste vif comme le montre la série d’articles de Mark Bradley15 et de M. Flohr consacrés aux fouleries, puis du même M. Flohr sur la filière textile dans The Journal of Roman Archaeology 2013, en partie contesté par N. Monteix dans le même numéro de la revue16. Les points d’achoppement sont toujours les mêmes : les ateliers dotés de chaudières sont-ils des laveries de toison ou n’ont-ils aucun rapport avec la filière textile ? Pompéi produit-elle des tissus pour la demande locale ou pour l’exportation ? La production textile a-t-elle apporté des revenus significatifs et à qui ? Comment le prouver ?

    7On peut tenter une synthèse en se fondant surtout sur les résultats des fouilles, notamment celles de P. Borgard, qui a eu le mérite d’explorer à nouveau les installations et donc d’apporter des observations inédites17.

    8Il faut rappeler dès l’abord que Pompéi ne fait pas partie des villes dont les sources antiques nous indiquent qu’elles étaient des grands centres de production textile comme Padoue, Canosa ou Tarente en Italie18, Narbonne en Gaule19 ou Patras en Grèce20. Malgré le naufrage des archives et d’une grande part de la littérature, nous avons suffisamment de textes sur l’Italie du début de l’Empire pour considérer que ce silence est significatif. Pompéi n’était pas considérée comme une ville de grande production textile. Cette observation liminaire ne signifie pas que Pompéi ne produisait pas de tissus, mais que la ville n’exportait guère au-delà du golfe de Naples et qu’elle jouait un rôle uniquement régional. Il devait se limiter à l’interface entre la zone de production de laine et le port pour la distribution21.

    9Quel est l’état de la question concernant les installations liées au traitement des fibres textiles ?

    Laveries

    10Les laveries de toison de laine dont l’identification fut proposée par Walter Moeller sont, selon le mot de N. Monteix, la pomme de discorde, par leur rôle supposé et par leur nombre22. En effet, dix-neuf installations artisanales comportent des banquettes en maçonnerie, une ou deux chaudières pour faire chauffer de l’eau dans de grand bassins tronconiques en plomb et un caniveau d’évacuation des eaux usées passant au pied des banquettes (fig. 1). Elles sont groupées en deux zones : l’une à l’est du Forum et l’autre autour du théâtre23. Un bon exemple est donné par la maison limitrophe du fameux lupanar près des thermes de Stabies en VII 12, 17.

    Fig. 1 - Pompéi, laverie de laine localisée en VII 10, 3.

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    © J.-P. Brun

    11Ces installations, contrairement aux teintureries, sont équipées de banquettes maçonnées recouvertes de béton de tuileau ; elles sont dépourvues de stalles de foulage, ce qui les différencie des ateliers de foulons destinés au lavage et à la préparation des vêtements. Leur disposition conviendrait bien, en revanche, au nettoyage des toisons qu’on pouvait étaler sur les banquettes avant de mettre les fibres de laine brute dans les bassins d’eau chaude additionnée de saponaire pour en ôter la lanoline et les dégraisser afin d’en faciliter les transformations ultérieures.

    12Cette interprétation, techniquement plausible, rencontre une difficulté. On pense que, le plus souvent, le dégraissage des toisons devait être réalisé dans les exploitations pastorales afin de limiter le poids et l’encombrement de la laine à transporter. C’est cette voie que suit Willem Jongman24 pour contester l’interprétation de Moeller. On ne comprendrait la présence d’aussi nombreuses laveries de laine que si la campagne autour de Pompéi était largement vouée au pastoralisme. Or, nous savons la grande place qu’occupaient les cultures, notamment les céréales et la vigne ; en conséquence l’espace disponible pour l’élevage ovin devait être assez limité. Il y avait toutefois des troupeaux de moutons puisque Sénèque dans Questions naturelles 6, 27 écrit que, lors du tremblement de terre en Campanie en 62 ou 63, « un troupeau de six cents moutons périt sur le territoire de Pompéi ». Ces troupeaux locaux devaient paître sur les hautes pentes du Vésuve et dans les pâturages publics attestés dans les tablettes du banquier L. Caecilius Jucundus qui en affermait les taxes25. De plus, les troupeaux devaient être conduits à la pâture sur les chaumes des champs de céréales à la fin de l’été. L’évaluation de la place de l’élevage dans l’économie pompéienne est donc à réévaluer. L’alternative est la suivante : l’élevage était plus développé qu’on ne le croit autour de Pompéi et/ou on importait des toisons transportées par barques descendant le Sarno, soit les installations dotées de chaudières et de banquettes ne sont pas des laveries de laine.

    13Cette deuxième option a été explorée par W. Jongman26 et par M. Flohr27, qui ont souligné que l’on avait trouvé des ossements d’animaux dans une de ces installations située en I 3, 15 et fouillée en 1869. Pour eux, ces installations dotées de chaudières pourraient donc être associées à un artisanat de bouche, à la préparation de viandes ou de charcuteries. N. Monteix a fait justice de cette association en montrant qu’elle était sans doute fortuite car, dans aucune des autres installations fouillées dans les mêmes années par les mêmes personnages, les journaux de fouille ne signalent des ossements en quantité notable28.

    14À vrai dire, faute de fouilles et d’analyses, je n’ai pas d’argument décisif pour trancher le débat. On peut être sensible à l’objection théorique du traitement des toisons en amont de la ville, dans les exploitations, mais je me méfie des théories. Ce que l’on voit des ateliers dégagés à Pompéi montre qu’au ier siècle de notre ère, la filière textile s’était affranchie en grande partie de l’économie agricole et domestique. En conséquence, l’argument logique du dégraissage de la laine systématiquement réalisé en amont pourrait être anachronique : ce stade était en quelque sorte dépassé29.

    15La solution à ce problème d’interprétation pourrait être recherchée par comparaison avec des installations analogues mises au jour dans d’autres villes romaines. Or, il faut constater que, mis à part Herculanum, aucun atelier de ce type n’a été signalé, sauf dans la petite agglomération routière romaine de Pignans dans le Var (France)30. Parmi les ateliers fouillés en ce lieu, deux comportaient, comme à Pompéi, des banquettes avec un foyer de chaudière et un caniveau d’évacuation. La présence d’ateliers de traitement primaire de la laine conviendrait dans un village agricole faisant le lien entre les campagnes environnantes propices à l’élevage ovin et l’axe routier conduisant au port de Telo Martius (aujourd’hui Toulon).

    16À Pompéi, quatre installations un peu différentes sont situées en I 8, 19, VI 16, 3-4 et VII 14, 5 et dans la casa dei Postumii (VIII 4, 4). Dans ces ateliers, les banquettes sont plus hautes et les chaudières, nettement plus petites, sont bâties sur la banquette.

    17Jens-Arne Dickmann31, suivi par M. Flohr32, considère que ces tables, formées de dalles de calcaire établies à hauteur d’homme, servaient à la fabrication du feutre. Celle-ci est représentée sur une peinture de la Via dell’Abbondanza, en façade de la maison IX 7, 5-7 où les quactiliarii soutiennent la candidature d’A. Vettius Firmus33. Des hommes se tiennent de part et d’autre d’une table où ils amalgament les fibres de laine à l’aide d’un liquide chauffé dans une chaudière localisée au milieu de l’espace de travail. On sait que les écailles dont sont formés les fibres de laine se combinent sous l’effet de la friction dans l’eau chaude donnant une surface inextricable que l’on appelle feutre. L’hypothèse, séduisante, de Dickmann associerait des teintureries à des ateliers de fabrication de feutre et aurait pour conséquence de redonner à ce matériau une place généralement sous-estimée.

    18Le principal obstacle à cette interprétation est que, dans la peinture de la Via dell’Abbondanza, les tables de feutrage qui sont visiblement en bois comportent des bords surélevés pour empêcher l’eau chaude de couler par terre. Cette eau retourne continuellement dans la chaudière centrale pour y être réchauffée. Un procédé analogue était utilisé au xviiie siècle où, selon l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, les chapeliers fabriquaient le feutre dans des bassins chauffés par dessous34. Or, les tables de pierre installées dans les teintureries ne comportent pas de rebords, disqualifiant ainsi l’hypothèse d’ateliers de feutriers.

    19Une interprétation opposée a été proposée par P. Borgard, suivi par N. Monteix35 : ces installations seraient un second type de laveries de laine, plus tardif que les premières, et dateraient des dernières années de Pompéi. L’installation de la casa dei Postumii comportant des banquettes maçonnées peu élevées, comme dans la majorité des ateliers de ce type, mais avec une chaudière bâtie en hauteur, marquerait peut-être la transition entre les deux types.

    20Au total, l’hypothèse de laveries de laine brute reste la meilleure interprétation pour les vingt-trois ateliers dotés de chaudières. Quelques indices épigraphiques, certes ténus, les relient à l’industrie textile. Dans l’atelier I 4, 26 Dionysius soutient la candidature de son patron L. Popidius Secundus en se qualifiant de fullo36, ce qui tend à rattacher cet atelier à la filière textile, même si la preuve n’est pas absolue37. Quant au graffito lanifricari dormis utilisé par W. Moeller38 pour identifier les laveries et qui se rapporte peut-être à un laveur de laine, il a été trouvé dans la taverne VII 12, 15 et non dans l’atelier voisin VII 12, 17. Cet élément lui enlève toute valeur de preuve, mais indique toutefois que ce secteur de la rue était fréquenté par des ouvriers de la laine.

    21Si l’on admet l’identification de ces ateliers comme étant des laveries, deux conséquences en découlent. D’une part, les archéologues ne savent pas reconnaître ces installations lorsqu’elles sont mal conservées (ailleurs qu’à Pompéi où les chaudières sont encore en place). D’autre part, le nombre de ces ateliers implique qu’on faisait venir à Pompéi des quantités importantes de laine brute pour la dégraisser. Cette activité ne surprend d’ailleurs pas : elle est conforme au rôle de Pompéi, centre d’un terroir agricole diversifié et surtout place de commerce au débouché de la vallée du Sarno. Ce fleuve côtier mettait la côte en communication avec les montagnes de l’Apennin où l’élevage ovin et bovin était développé. Pompéi serait donc bien un centre du travail textile, certes mineur à l’échelle de l’Empire, mais dont le rôle régional était notable, parallèle à celui que cette ville portuaire jouait dans le traitement des peaux et des cuirs.

    Teintureries

    22Les teintureries posent moins de problèmes d’interprétation. Reconnues depuis longtemps, leur rôle a été précisé par les travaux de P. Borgard en relation avec l’usage de l’alun comme mordant39. Il a en effet montré, à la suite de la fouille d’un atelier de fabrication d’amphores Richborough 527 à Portinenti sur l’île de Lipari, que ces conteneurs, très largement diffusés dans l’Empire, servaient à transporter de l’alun semi-liquide récolté dans les fumeroles des volcans de l’île40. Les tanneurs employaient l’alun de Lipari pour traiter et assouplir les cuirs et les teinturiers l’utilisaient pour modifier la structure des fibres de laine afin de les rendre aptes à s’imprégner des colorants. Des amphores de ce type ont été trouvées dans la teinturerie V 1, 4 et dans la tannerie I 5, 241. Ce travail était réalisé par des infectores – ce qu’on traduirait en français par teinturiers de grand teint42. D’ailleurs la façade de « l’atelier de la via dell’Abbondanza » (IX 7, 2) porte la mention infectores rog(ant) qui en assure l’identification43.

    23Cinq teintureries de grand teint ont été retrouvées dans la ville. Les fibres brutes, réunies en écheveaux juste après le lavage, étaient d’abord plongées dans une grande chaudière en plomb contenant de l’eau chaude et de l’alun importé de l’île de Lipari. Ce mordançage provoque une attaque chimique de la fibre et différents produits tinctoriaux d’origine végétale, comme les racines de garance pour le rouge, peuvent ensuite être fixés sur la fibre en la plongeant dans des chaudières remplies de bains colorants. D’autre couleurs comme les bleus extraits de l’indigo (indicum importé d’Inde) ou du pastel ne s’obtiennent pas dans des chaudières mais dans des cuves de fermentation en plomb, beaucoup plus basses que les chaudières observées en V 1, 4 et en VII 14, 5-1744.

    24À côté de ces teintureries d’écheveaux de laine brute ou d’étoffes déjà tissées, se trouvaient des teintureries de vêtements usagés que les artisans rafraîchissaient en leur donnant une nouvelle teinte ; ces artisans, appelés offectores, n’utilisaient pas de mordançage à l’alun et donc les couleurs ne tenaient pas aussi bien.

    25Les fouilles de P. Borgard ont porté sur des teintureries de tailles variables, mais généralement importantes. La maison VII 14, 5-17 comportait un atelier de lavage de la laine avec deux banquettes de travail et une chaudière, ainsi qu’une grande teinturerie dotée de quatre bassins de rinçage et neuf chaudières en plomb réparties en trois groupes : une grande chaudière de mordançage, sept chaudières pour les couleurs fixées à chaud et une cuve basse pour les teintures bleues par fermentation. L’atelier I 8, 19 comprenait lui aussi un atelier de nettoyage et dégraissage de la laine brute ainsi qu’un ensemble de chaudières en plomb, dont une grande pour le mordançage. L’atelier V 1, 4 semble plus petit, mais il fait partie d’un complexe qui a dû adapter son implantation à des bâtiments préexistants et qui inclut la teinturerie V 1, 5 et la foulerie V 1, 2 (fig. 2). Ce groupe d’ateliers montre une intégration verticale probablement contrôlée par le propriétaire de la casa del Torello di bronzo (V 1, 7) dont les boutiques occupaient les pièces en façade sur la Via di Nola. Toutes ces teintureries, importantes et bien bâties, sont implantées dans la dernière phase de vie de la cité, entre 62-63 et 79 apr. J.-C. ; elles manifestent un essor de la production textile qui avait commencé dans la première moitié du ier siècle.

    Fig. 2 - Vue zénitale des chaudières de deux teintureries de Pompéi (V 1, 4 et V 1, 5).

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    © J.-P. Brun

    Filage et tissage : des activités peu documentées

    26Une fois les fibres nettoyées puis éventuellement dégraissées et teintes à l’aide de couleurs définitivement fixées, la laine était filée et tissée. Ces deux étapes laissent peu de traces archéologiques mais quelques graffiti les évoquent45.

    27Le filage était réalisé dans les maisons, à temps perdu par les femmes et les esclaves, mais aussi dans quelques ateliers spécialisés, car une inscription trouvée en VI 13, 6-8-946 mentionne un homme et une dizaine de femmes qui filent du fil mesuré au poids de laine.

    28Le tissage était parfois réalisé dans les maisons, mais il y avait aussi, et peut-être surtout, des tisserands professionnels : on en connaît cinq par des graffiti trouvés dans la maison I 10, 847. La difficulté à identifier les ateliers a été soulignée par N. Monteix48 : les métiers à tisser sont faits d’un bâti de bois qui ne laisse pas de trace. Sous la République, les métiers à tisser utilisaient des pesons de céramique pour tendre les fils de chaîne : des alignements restés à terre témoignent de métiers à tisser disparus. Mais ces humbles objets n’ont été que sporadiquement observés dans les fouilles anciennes et les comptages sont partiels et biaisés. De plus, à partir d’une époque que l’on estime dans le courant du ier siècle av. J.-C., le métier à tisser vertical à deux barres s’ajoute aux dispositifs verticaux à poids. Ne laissant aucune trace évidente, de nombreux métiers à deux barres ont pu fonctionner à Pompéi au cours du ier siècle sans que nous puissions les détecter. N. Monteix aboutit à la conclusion qu’il nous est impossible de déterminer la place occupée par le tissage à Pompéi, pas plus qu’il n’est possible d’estimer sa nature domestique ou artisanale. Toutefois, la partie dégagée de Pompéi a livré vingt-trois ateliers probablement voués à la préparation de la laine, cinq teintureries importantes et pas moins de treize fouleries. Le chaînon manquant du tissage doit donc être restitué dans les mêmes proportions.

    29On peut arguer que le tissage était réalisé à façon dans les familles : c’est improbable car tout le reste de la filière montre une forte spécialisation exercée par des artisans. Les tissus conservés témoignent d’une qualité de savoir-faire supposant un long apprentissage. Dans ce registre, les archives de l’Égypte romaine attestent que, pour l’essentiel, les tisserands étaient des professionnels, parfois assez aisés et exerçant leur métier de père en fils49. Il n’y a pas de raison qu’il en aille différemment en Italie, d’autant plus que les autres maillons de la filière textile, laveries, teintureries, feutreries et fouleries sont professionnalisés et se déroulent dans des ateliers souvent d’une certaine ampleur.

    Ateliers de feutriers

    30À côté des textiles tissés, on fabriquait des étoffes de feutre, très résistantes, utilisées aussi bien pour des couvre-chefs que pour des pantoufles ou des manteaux. La peinture de l’atelier de Verecundus sur la via dell’Abbondanza, déjà citée50, est essentielle pour comprendre le processus de fabrication, la confection des vêtements et la vente51. La détermination archéologique des installations est moins aisée. Si l’on élimine les ateliers utilisant les tables de pierre associées aux teintureries, il ne reste que deux installations possibles à Pompéi – en I 12, 4 et VII 11, 7 – et une à Herculanum52.

    31La place de la fabrication du feutre serait donc limitée, ce qui ne surprend pas car, bien entendu, la grande majorité des étoffes étaient tissées, certaines pouvant être d’ailleurs feutrées dans un second temps.

    Fouleries

    32Lorsque les tissus de laine sortaient du métier à tisser, il fallait les porter au foulon dont le travail était double : d’une part apporter une finition aux vêtements neufs par foulage, rinçage, blanchiment au soufre et pressage, d’autre part laver et rénover les vêtements usagés portés par les riches habitants de la ville, notamment les magistrats : la toge blanche, toga candida, passait entre les mains et les pieds du foulon avant de revêtir tout candidat qui se présentait aux élections53.

    33Les foulons malaxaient les tissus avec leurs pieds dans des bassines ovales scellées dans le sol et flanquées de murets leur permettant de se tenir. Ces cuvettes contenaient soit divers types d’argile, soit de l’urine fermentée qui est un excellent détergent. L’amphore peinte dans la scène des amours foulons de la casa dei vettii pourrait faire allusion à la récolte de l’urine des passants. Cette interprétation jusque là admise tend toutefois à être remise en cause54. Le foulage dégraissait, nettoyait et resserrait les tissus, produisant un feutrage et une rétraction qui en augmentait la cohésion et la solidité. Les vêtements étaient ensuite abondamment rincés dans de grands bassins. Puis les tissus étaient blanchis en faisant brûler du soufre sous une cloche en osier souvent représentée. Pour finir, les vêtements étaient repassés dans des presses à deux vis dont deux exemplaires ont été découverts à Pompéi (dans la fullonica dite de Stephanus en I 6, 7 et en VI 14, 21-22 ; fig. 3). Cette presse est aussi représentée sur la fameuse peinture de la fullonica dite de L. Veranius Hypsaeus. Enfin, certains vêtements comme les toges étaient blanchis à la craie, selon Pline55 et Isidore de Séville56.

    Fig. 3 - Presse à vis pour vêtements représentée sur une peinture d’un pilier de la fullonica dite de L. Veranius Hypsaeus (VI 8, 2.20-21).

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    © J.-P. Brun

    34Ces fouleries sont suffisamment caractéristiques pour être aisément reconnues. Depuis la première découverte de 1825 (VI 8, 2.20-21), elles ont été étudiées plusieurs fois, notamment par W. Moeller et plus récemment par M. Flohr57.

    35Treize fouleries ont été dégagées à Pompéi. M. Flohr les répartit en trois classes correspondant à autant de types d’investisseurs :

    36Un premier groupe de fouleries appartenait à des propriétaires qui possédaient plusieurs boutiques dont une était consacrée au textile. Il s’agissait souvent d’une petite foulerie, comme I 4, 7 appartenant à la casa del Citarista, la foulerie I 10, 6 en façade de la casa del Menandro, l’atelier VI 3, 6 appartenant à la maison VI 3, 7, et l’officine VII 2, 41 appartenant à la casa di Popidius Priscus (VII 2, 20). Pour les propriétaires de ces grandes demeures, les profits tirés de cette activité devaient ne constituer qu’une petite partie d’un revenu global. Limitant les risques, ils investissaient dans de petites entreprises assurant un revenu sûr et constant, mais faible.

    37Un deuxième groupe de fouleries étaient intégrées à de petites maisons : l’atelier VI 15, 3 appartenant à la domus à atrium VI 15, 2 ; la foulerie IX 3, 1-3 et la boutique IX 6, 1 appartenant à une série de trois bâtiments liés à la petite maison à atrium IX 6, 3. Il s’agit du même type d’investissement que les fouleries du premier groupe, mais à plus petite échelle. Destinés cette fois à des propriétaires plus modestes, les revenus de la foulerie devaient tenir une place plus grande dans leur budget.

    38Le troisième groupe inclut quatre fouleries de taille moyenne dotées de cinq à dix stalles de foulage et de deux à trois bassins de rinçage. Cela correspond à des investissements importants dans l’artisanat textile : I 6, 7 ; VI 8, 20 ; VI 14, 21-22 ; VI 8, 20-21 et la moyenne VI 16, 3-4 (auxquelles il faut ajouter les teintureries VII 2, 11 ; V 1, 2 à 5 et VII 14, 5-17). Ces ateliers couvrent environ la moitié de la surface des unités d’habitation auxquelles ils appartiennent et concentrent près de 80 % des capacités de production. M. Flohr envisage que ces fouleries, toutes de taille moyenne par rapport à celles d’Ostie ou de Rome, entraient pleinement dans des circuits professionnels, d’autant que les établissements VI 8, 20-21 et VI 16, 3-4 ne disposaient pas de boutiques et ne nettoyaient donc pas les vêtements des particuliers. Ces ateliers auraient exécuté des commandes de marchands de vêtements. M. Flohr refuse toutefois d’y voir la dernière phase de préparation de textiles fabriqués localement, préférant penser qu’on y préparait pour la vente des vêtements et tissus importés pour la clientèle des notables locaux. Étant donné le nombre et l’ampleur des autres maillons de la filière, laveries de toisons et teintureries, il faut plutôt envisager que les fouleries du troisième groupe correspondaient en partie au débouché logique des tissus produits localement.

    39Au total, il existe un faisceau d’indices archéologiques témoignant d’une chaîne opératoire traitant des laines locales et d’autres importées depuis l’intérieur des terres par le Sarno, puis les transformant en tissus et, dans une moindre mesure, en feutre. Comme les textes à notre disposition ne mentionnent pas Pompéi parmi les grands centres de production textile, il est probable que la ville ne jouissait pas d’une réputation particulière dans ce domaine au-delà de son rôle régional. Une autre option a été avancée par P. Borgard qui a constaté que, pour l’essentiel, les ateliers de teinturiers et les fouleries, voire certaines laveries, ont été construits dans les quinze dernières années d’existence de la ville. Pompéi n’aurait développé l’artisanat du textile qu’après le milieu du ier siècle et aurait ainsi accédé au statut de « ville drapière » capable de produire des tissus en grandes quantités, au-delà de la demande locale. Cet essor aurait été brisé par l’éruption du Vésuve qui aurait empêché Pompéi de se faire un nom parmi les centres textiles. Mais il s’agit de spéculations : rien n’assure que Pompéi ait joué un rôle extra-régional ; il est en revanche probable que sa production relativement importante a largement fourni la demande locale et/ou régionale.

    40Comme nous venons de le montrer, une étude des productions textiles pompéiennes fondée sur la seule analyse des ateliers, et notamment sur celle des laveries de toisons et des fullonicae, ne pouvait que mettre en exergue le rôle de la laine. Sans remettre en question l’évidence d’une large utilisation de ce matériau dans la cité antique, nous nous efforcerons de mesurer le rôle éventuel d’autres fibres textiles. L’opportunité nous en a été offerte lorsqu’en 2008, avec l’aimable autorisation de Piero Guzzo, directeur du Parco archeologico di Pompei, et celle d’Annamaria Ciarallo, responsable du Laboratorio di Ricerche Applicate de la SANP, nous avons eu la chance de pouvoir accéder à une remarquable collection de tissus, en grande partie inédite, issue des fouilles de la ville antique. L’ensemble de cette recherche a pu voir le jour grâce à l’aide financière et matérielle fournie par le ministère des Affaires étrangères (École française de Rome - Centre Jean Bérard), le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (CNRS - Centre Camille Jullian), l’association AVR et, à partir de 2008, par l’Agence nationale pour la recherche (ANR).

    Notes de bas de page

    1  Jongman 1988.

    2  Fiorelli 1875, p. 260.

    3  Frank 1918, p. 225.

    4  Rostovstzeff 1988, p. 445, note 20.

    5  Moeller 1966.

    6  Moeller 1976.

    7  Della Corte 1965.

    8  Jongman 1988.

    9  Kudlien 2002 p. 56-68, discute, à propos d’une inscription de Magnésie du Méandre, d’un foulon ridicule du fait de ses ambitions politiques. Voir aussi Bradley 2002.

    10  Dickmann, Pirson 2000.

    11  Borgard 2002; Borgard, Puybaret 2003; 2004.

    12  Flohr 2013b.

    13  Monteix 2010, p. 169-217.

    14  Ibid.

    15  Bradley 2002 souligne que les foulons ont pour rôle principal de nettoyer les vêtements, mais ils s’occupaient aussi des vêtements neufs et non des draps [cela tient à la forme des vêtements antiques qui ne sont pas « taillés », ajustés et cousus].

    16  Flohr 2013a ; Monteix 2013.

    17  Dans le cadre du programme sur l’Artisanat antique en Italie du Sud piloté par le Centre Jean Bérard avec le concours du Centre Camille Jullian et des financements du ministère des Affaires étrangères et de l’ANR (programme ARTIFEX).

    18  Padoue : Strabon V, 1, 7 ; Canosa et Tarente : Plin. N.H., VIII, 73.

    19  CIL VI, 9962 : Vestiarius Narbonensis négociant de tissus à Rome.

    20  Patras : Pausanias VII, 21, 7.

    21  Selon un schéma privilégié par Horden, Purcell 2000, p. 362-363. Trois modèles sont envisageables : soit la fabrication des tissus se faisait à la campagne et on les vendait à la ville (Jones 1960, p. 186 ; Vicari 2001, mais ce modèle ne fonctionne que pour les tissus grossiers qui ne demandent pas de spécialisation) ; soit la fabrication se faisait dans les ports ou dans les villes où était concentrée la main d’œuvre compétente comme en Égypte ou dans les villes où des inscriptions mentionnent des artisans du textile (Jongman 2000, p. 194 ; contre Flohr 2013b, selon qui ce serait un effet de source et donc inutilisable pour conclure à une concentration urbaine des artisans du textile).

    22  Monteix 2013.

    23  Goodman 2016, p. 311-313, revient sur cette question estimant que c’est la fermeture des rues menant au Forum par l’ouest qui a diminué leur attractivité pour le commerce et entraîné les propriétaires à créer des ateliers qui ne dépendent pas du passage des clients et donc dépourvus de boutiques.

    24  Jongman1988, p. 169.

    25  Andreau 1974, p. 63-68.

    26  Jongman 1988, p. 167-170.

    27  Flohr 2013a, b.

    28  Monteix 2013.

    29  Pline rapporte que les fabricants de matelas utilisent la laine sortie des chaudières, ce qui semble impliquer un traitement par des artisans (Plin. N.H., VIII, 192). Mais le passage n’est pas clair car il semble concerner le feutre.

    30  Brun 1999, p. 556-560.

    31  Dickmann 2013, p. 208-227.

    32  Flohr 2013b.

    33  La peinture a été publiée plusieurs fois depuis Spinazzola 1953, p. 189-210. L’inscription CIL IV, 7838 indique : Vettium Firmum aed(ilis) quactiliari rog(ant). On trouvera une photographie et un commentaire détaillé dans Monteix 2010, p. 187-189.

    34  Diderot, d’Alembert 1775, article feutrier.

    35  Borgard, Puybaret 2004 ; Monteix 2013.

    36  CIL IV, 2966

    37  Jongman1988, p. 176.

    38  Moeller 1966.

    39  Borgard 2002 ; 2005 ; Borgard, Puybaret 2003 ; 2004 ; 2008 ; Borgard et alii, 2014.

    40  Bernabò-Brea, Cavalier 2000 ; Borgard, Puybaret 2004.

    41  Botte 2005.

    42  Borgard 2002.

    43  Spinazzola 1953 p. 251 et fig. 280.

    44  Borgard et alii, 2014, p. 189-202.

    45  Inscriptions CIL IV, 5363, 8380-8381, 8384 : Moeller 1976, p. 39-40.

    46  CIL IV, 1507.

    47  CIL IV, 8380-8381, 8384.

    48  Monteix 2010, p. 176-186 ; 2013.

    49  Sur l’apprentissage des tisserands : Freu 2012. Tryphon, fils de Dionysos, tisserand à Oxyrhynchos dans la première moitié du ier siècle, est le fils et le petit-fils de tisserands attestés depuis le recensement de 11 apr. J.-C. toute la famille était impliquée dans le tissage (P. Oxy. II, 314). À Hermopolis Magna, il y avait une rue des tisserands (tarsikariôn : P. Flor. I, 13, 9 du vie-viie siècle apr. J.-C.), mais l’étude des archives égyptiennes montre qu’il n’y avait pas de véritables concentrations d’artisans du textile dans les villes antiques, entre autres parce que, à la différence du Moyen Âge, il n’y avait aucune régulation juridique et administrative (Dross-Krüpe 2016, p. 334-351). Les toponymes tirés des noms de métiers témoignent d’un état des lieux ancien et ont une valeur de repère topographique sans que l’activité qui donne le nom à la rue se soit forcément maintenue sur la longue durée.

    50  Spinazzola 1953, p. 189 sq. ; Monteix 2010, p. 188-191.

    51  Spinazzola 1953, p. 207-208, publie une autre peinture montrant la vente d’objets en feutre. Une inscription trouvée en IX 7, 1 mentionne les coactiliari prenant parti lors des élections : CIL IV, 7809 : Herennium et Suettium / Aedilis quactiliari rogant D(igni) R(ei) P(ublicae).

    52  Monteix 2010, p. 190 sq.

    53  Deniaux 2003, p. 49-55.

    54  Flohr (2013b, p. 170-171) réfute de son côté l’idée d’une collecte d’urine dans des amphores disposées sur la voie publique.

    55  Plin. N.H., 35, 196.

    56  Isidore de Séville, Orig. 19, 24, 6.

    57  Moeller 1976 ; Flohr 2013b.

    Auteur

    • Jean-Pierre Brun

      Professeur au Collège de France, titulaire de chaire Techniques et économies de la Mediterranée antique.

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    1  Jongman 1988.

    2  Fiorelli 1875, p. 260.

    3  Frank 1918, p. 225.

    4  Rostovstzeff 1988, p. 445, note 20.

    5  Moeller 1966.

    6  Moeller 1976.

    7  Della Corte 1965.

    8  Jongman 1988.

    9  Kudlien 2002 p. 56-68, discute, à propos d’une inscription de Magnésie du Méandre, d’un foulon ridicule du fait de ses ambitions politiques. Voir aussi Bradley 2002.

    10  Dickmann, Pirson 2000.

    11  Borgard 2002; Borgard, Puybaret 2003; 2004.

    12  Flohr 2013b.

    13  Monteix 2010, p. 169-217.

    14  Ibid.

    15  Bradley 2002 souligne que les foulons ont pour rôle principal de nettoyer les vêtements, mais ils s’occupaient aussi des vêtements neufs et non des draps [cela tient à la forme des vêtements antiques qui ne sont pas « taillés », ajustés et cousus].

    16  Flohr 2013a ; Monteix 2013.

    17  Dans le cadre du programme sur l’Artisanat antique en Italie du Sud piloté par le Centre Jean Bérard avec le concours du Centre Camille Jullian et des financements du ministère des Affaires étrangères et de l’ANR (programme ARTIFEX).

    18  Padoue : Strabon V, 1, 7 ; Canosa et Tarente : Plin. N.H., VIII, 73.

    19  CIL VI, 9962 : Vestiarius Narbonensis négociant de tissus à Rome.

    20  Patras : Pausanias VII, 21, 7.

    21  Selon un schéma privilégié par Horden, Purcell 2000, p. 362-363. Trois modèles sont envisageables : soit la fabrication des tissus se faisait à la campagne et on les vendait à la ville (Jones 1960, p. 186 ; Vicari 2001, mais ce modèle ne fonctionne que pour les tissus grossiers qui ne demandent pas de spécialisation) ; soit la fabrication se faisait dans les ports ou dans les villes où était concentrée la main d’œuvre compétente comme en Égypte ou dans les villes où des inscriptions mentionnent des artisans du textile (Jongman 2000, p. 194 ; contre Flohr 2013b, selon qui ce serait un effet de source et donc inutilisable pour conclure à une concentration urbaine des artisans du textile).

    22  Monteix 2013.

    23  Goodman 2016, p. 311-313, revient sur cette question estimant que c’est la fermeture des rues menant au Forum par l’ouest qui a diminué leur attractivité pour le commerce et entraîné les propriétaires à créer des ateliers qui ne dépendent pas du passage des clients et donc dépourvus de boutiques.

    24  Jongman1988, p. 169.

    25  Andreau 1974, p. 63-68.

    26  Jongman 1988, p. 167-170.

    27  Flohr 2013a, b.

    28  Monteix 2013.

    29  Pline rapporte que les fabricants de matelas utilisent la laine sortie des chaudières, ce qui semble impliquer un traitement par des artisans (Plin. N.H., VIII, 192). Mais le passage n’est pas clair car il semble concerner le feutre.

    30  Brun 1999, p. 556-560.

    31  Dickmann 2013, p. 208-227.

    32  Flohr 2013b.

    33  La peinture a été publiée plusieurs fois depuis Spinazzola 1953, p. 189-210. L’inscription CIL IV, 7838 indique : Vettium Firmum aed(ilis) quactiliari rog(ant). On trouvera une photographie et un commentaire détaillé dans Monteix 2010, p. 187-189.

    34  Diderot, d’Alembert 1775, article feutrier.

    35  Borgard, Puybaret 2004 ; Monteix 2013.

    36  CIL IV, 2966

    37  Jongman1988, p. 176.

    38  Moeller 1966.

    39  Borgard 2002 ; 2005 ; Borgard, Puybaret 2003 ; 2004 ; 2008 ; Borgard et alii, 2014.

    40  Bernabò-Brea, Cavalier 2000 ; Borgard, Puybaret 2004.

    41  Botte 2005.

    42  Borgard 2002.

    43  Spinazzola 1953 p. 251 et fig. 280.

    44  Borgard et alii, 2014, p. 189-202.

    45  Inscriptions CIL IV, 5363, 8380-8381, 8384 : Moeller 1976, p. 39-40.

    46  CIL IV, 1507.

    47  CIL IV, 8380-8381, 8384.

    48  Monteix 2010, p. 176-186 ; 2013.

    49  Sur l’apprentissage des tisserands : Freu 2012. Tryphon, fils de Dionysos, tisserand à Oxyrhynchos dans la première moitié du ier siècle, est le fils et le petit-fils de tisserands attestés depuis le recensement de 11 apr. J.-C. toute la famille était impliquée dans le tissage (P. Oxy. II, 314). À Hermopolis Magna, il y avait une rue des tisserands (tarsikariôn : P. Flor. I, 13, 9 du vie-viie siècle apr. J.-C.), mais l’étude des archives égyptiennes montre qu’il n’y avait pas de véritables concentrations d’artisans du textile dans les villes antiques, entre autres parce que, à la différence du Moyen Âge, il n’y avait aucune régulation juridique et administrative (Dross-Krüpe 2016, p. 334-351). Les toponymes tirés des noms de métiers témoignent d’un état des lieux ancien et ont une valeur de repère topographique sans que l’activité qui donne le nom à la rue se soit forcément maintenue sur la longue durée.

    50  Spinazzola 1953, p. 189 sq. ; Monteix 2010, p. 188-191.

    51  Spinazzola 1953, p. 207-208, publie une autre peinture montrant la vente d’objets en feutre. Une inscription trouvée en IX 7, 1 mentionne les coactiliari prenant parti lors des élections : CIL IV, 7809 : Herennium et Suettium / Aedilis quactiliari rogant D(igni) R(ei) P(ublicae).

    52  Monteix 2010, p. 190 sq.

    53  Deniaux 2003, p. 49-55.

    54  Flohr (2013b, p. 170-171) réfute de son côté l’idée d’une collecte d’urine dans des amphores disposées sur la voie publique.

    55  Plin. N.H., 35, 196.

    56  Isidore de Séville, Orig. 19, 24, 6.

    57  Moeller 1976 ; Flohr 2013b.

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    Brun, J.-P. (2020). L’archéologie de la filière textile à Pompéi : état de l’art. In L’artisanat du textile à Pompéi au Ier siècle après J.-C.. Naples: Publications du Centre Jean Bérard. https://doi.org/10.4000/books.pcjb.7725
    Brun, Jean-Pierre. « L’archéologie de la filière textile à Pompéi : état de l’art ». In L’artisanat du textile à Pompéi au Ier siècle après J.-C.. Naples: Publications du Centre Jean Bérard, 2020. doi:10.4000/books.pcjb.7725.
    Brun, Jean-Pierre. « L’archéologie de la filière textile à Pompéi : état de l’art ». L’artisanat du textile à Pompéi au Ier siècle après J.-C., Publications du Centre Jean Bérard, 2020, https://doi.org/10.4000/books.pcjb.7725.

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    Médard, F. (2020). L’artisanat du textile à Pompéi au Ier siècle après J.-C. Naples: Publications du Centre Jean Bérard. https://doi.org/10.4000/books.pcjb.7680
    Médard, Fabienne. L’artisanat du textile à Pompéi au Ier siècle après J.-C.. Naples: Publications du Centre Jean Bérard, 2020. doi:10.4000/books.pcjb.7680.
    Médard, Fabienne. L’artisanat du textile à Pompéi au Ier siècle après J.-C. Publications du Centre Jean Bérard, 2020, https://doi.org/10.4000/books.pcjb.7680.
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