4. Les autres études de Luynes sur la grande Grèce
p. 63-65
Texte intégral
1S’en tenir aux contributions sur Métaponte serait réducteur et limiterait notre compréhension du projet de Luynes, qui s’inscrit en réalité dans un cadre plus vaste et vise à une compréhension d’ensemble de l’archéologie de la Grande Grèce.
2Son intérêt pour l’architecture dorique décida Luynes à entreprendre une campagne de fouilles à Locres, où les recherches archéologiques n’avaient pas manqué depuis les années 1780227. Avec Debacq, il concentra son attention sur la Casa Marafioti, dite également Casino dell’Imperatore, qui se dressait sur les ruines d’un temple consacré à Zeus, comme on l’établira par la suite :
3« Curieux de connaître ce qui subsistait encore de ce temple, j’y entrepris une fouille dont le succès ne couronna pas mon attente. Nous découvrîmes seulement quelques gradins extérieurs à l’Occident ; mais les excavations faites dans l’emplacement de la cella n’amenèrent aucun résultat. Le pavé même avait disparu. Les seuls restes d’un monument qui fut peut-être le temple de Proserpine sont donc ces gradins et quelques morceaux de colonnes, d’oves et de chapiteaux entassés dans les murailles du Casino228. »
4Ces fouilles assez malheureuses firent l’objet d’un article des Annales en 1830229. Celui-ci adopte la même structure que l’ouvrage sur Métaponte : une brève description topographique – ou, pour mieux dire, géographique – suivie d’une discussion des sources qui, dans le cas de Locres, ne servaient pas seulement à reconstituer l’histoire de la ville, mais aussi sa topographie, décrite par Tite-Live. S’ajoutait un plan dessiné par Debacq230, où les vestiges archéologiques visibles sur le site de la cité étaient situés pour la première fois (fig. 23).
5En 1829, la ville de Vélia fit aussi l’objet d’un article des Annales. Antonini en avait donné une description détaillée231, mais la difficulté de son accès décourageait les visiteurs. Luynes s’attache essentiellement à la topographie de la cité et à sa localisation, en partie d’après les sources littéraires. Contre Cluverius, qui situait l’antique Vélia à Pisciotta, les observations que Luynes a pu faire sur place l’amènent à préférer Castellamare della Bruca, où l’on trouvait au-delà du mur d’enceinte des matériaux de récupération employés à la construction du château et des débris de sceaux portant des caractères grecs232. Comme l’observe L. Vecchio, l’article de Luynes doit son intérêt aux descriptions des témoignages archéologiques qui lui permettent de localiser la ville avec exactitude, comme l’avaient fait avant lui, mais principalement sur la foi des sources écrites, Antonini, L. Alberti et S. Mazzella233. En sorte que ce point fut acquis pour la recherche et devint un acquis partagé par tous.
6Outre ces enquêtes topographiques, une bonne part de la production scientifique de Luynes jusqu’aux années 1840 concerne les monnaies d’Italie méridionale et de Sicile, une recherche qui atteint son point d’orgue en 1836 avec la publication d’un imposant article sur les monnaies incuses de Grande Grèce, accompagné de données et de discussions portant sur les principaux centres de la région234. À l’exception de quelques études de moindre importance publiées en 1843235, il s’agit là des dernières contributions notables que le duc de Luynes ait apportées à la connaissance de la Grande Grèce.
Notes de bas de page
227 Barra Bagnasco, Elia 1996, p. 79. Pour l’histoire des fouilles de Locres, voir Cardosa 2010, p. 351-353.
228 Luynes 1830a, p. 6-7.
229 Ibid., p. 3-12
230 Monuments inédits, 1830, pl. XV.
231 Antonini 1795, p. 279-316 ; Vecchio 2007, p. 46-53 ; 2012, p. 612. La cité fut visitée également par le jurisconsulte napolitain Francesco Maria Lancillotti, auteur d’une description détaillée restée inédite ; voir Vecchio 2007, p. 53-58.
232 Vecchio 2007, p. 84-86.
233 Alberti 1568, p. 176 ; Mazzella 1597, p. 79.
234 Luynes 1836.
235 Luynes 1840a et 1843 (monnaies de Syracuse).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les tableaux d’Italie de Friedrich Johann Lorenz Meyer (Darstellungen aus Italien, 1792)
Friedrich Johann Lorenz Meyer Elisabeth Chevallier (éd.) Elisabeth Chevallier (trad.)
1980
Voyage court, agréable et utile fait par Mr Eyrard, prêtre de la congrégation de la Mission (1787)
François Eyrard Wanda Rupolo (éd.)
1988
Fabriquer l’antique
Les contrefaçons de peinture murale antique au XVIIIe siècle
Delphine Burlot
2012
Le duc de Luynes et la découverte de la Grande Grèce
Francesca Silvestrelli Jean Pietri (trad.)
2017