Les Romains et le commerce
|Deuxième partie. Scripta varia
Subsistances à Rome : problèmes de quantification1
Texte intégral
Le blé
- 1 Paru dans Cl. Nicolet, R. Ilbert, J.-Ch. Depaule (dir.), Mégapoles méditerranéennes, Actes du coll (...)
1La quantité des arrivées de blé à Rome est une donnée si nécessaire pour les historiens que tous ceux qui se sont intéressés à l’économie romaine ont dit leur mot sur ce sujet, en se fondant toujours sur les mêmes sources, fort peu nombreuses, et sur des raisonnements toujours du même ordre. Ou l’on part des quatre textes qui peuvent faire allusion à la consommation globale de Rome, et on discute de leur interprétation (c’est ce que j’appellerai l’approche A) ; ou l’on part du chiffre de la population de Rome et on le multiplie par celui de la consommation par individu, supposée au moyen des rares données sur les rations et de vraisemblances caloriques (c’est ce que j’appellerai l’approche B). Il faut prendre garde, dans ce cas, à ne pas invoquer un chiffre de population calculé auparavant en divisant un chiffre global de consommation par celui de rations supposées normales : c’est une des trois méthodes que retenait Beloch pour calculer la population de Rome. Le jeu de la démographie et de la consommation offre pour Rome les plus grands risques de circularité.
L’approche A
2Les données sont si peu nombreuses que j’ai la place de les rappeler :
- Flavius Josèphe, Bell. Iud., II, 386 : l’Égypte fournit à Rome quatre mois de son ravitaillement en blé, autrement dit un tiers.
- Epit. de Caesaribus, I, 6 : l’Égypte fournit à Rome 20 millions de modii de blé par an.
- SHA, Sev., 23, 2 : moriens septem annorum canonem, ita ut cottidiana septuaginta quinque milia modium expendi possent, reliquit.
- Scholie de Lucain, Pharsale, I, 318 : consommation de 80 000 modii par jour à la fin de la République.
Sources 1 et 2
- 1 Un modius = environ 8,8 l ou 6,5 à 7 kg de blé.
3Le chiffre des fournitures de l’Égypte (source 2) multiplié par trois en se fondant sur la source 1 donne une arrivée de 60 millions de modii par an pour la capitale, soit 527 millions de litres ou environ 390 000/420 000 tonnes, selon la densité du blé1.
- 2 Voir une discussion dans Rickman 1980b, 231-235.
- 3 De Romanis 1996b (interprétation acceptée et défendue par Catherine Virlouvet 1995b, n. 27). [De R (...)
4Cette façon de faire a été critiquée par Beloch, avec toutes les apparences de la raison, d’une phrase si dévastatrice – « Ein so unmethodisches Verfahren bedarf keiner Widerlegung » – qu’elle n’a plus guère été avancée par les bons auteurs2. Elle s’appuie en effet sur une combinaison de textes dont l’un est peut-être fiable puisqu’il vient d’un auteur d’époque flavienne contemporain de ce qu’il avance, mais dont l’autre est l’œuvre d’un épitomateur qui écrivait plus de trois siècles plus tard. Beloch ajoutait que le chiffre auquel on aboutit, soixante millions de modii, correspond pour lui à une population invraisemblable de deux millions d’habitants. On pouvait encore ajouter à ces critiques un argument qui reposait sur Flavius Josèphe, Bell. Iud., II, 383 : l’Afrique (sans l’Égypte) nourrit la plèbe de Rome pendant huit mois. Rapproché de la source (1), ce passage conduisait à exclure tout approvisionnement en blé qui ne viendrait pas de l’Égypte ou de l’Afrique, ce qui était peu vraisemblable. Il s’agit en fait, selon Federico De Romanis, de huit mois du blé gratuit distribué à la plèbe, et non de huit mois de ravitaillement global3, et ce texte n’est plus pertinent à notre problème.
Sources 3 et 4
5Beloch accordait plus de confiance au texte des SHA, dans lequel il admettait que canon indiquait la consommation totale de Rome, ce qui n’est pas le sens habituel. Le chiffre de 75 000 modii par jour, équivalent à 27 375 000 modii par an, a l’intérêt d’être proche de celui que donne la scholie de Lucain (source 4). Il s’en est servi pour évaluer la population de Rome : environ 760 000 habitants à raison d’une consommation moyenne par personne qu’il estimait à 36 modii par an. Mais stocker d’avance sept ans de la consommation de Rome est absurde et impossible : il faut renoncer à donner un sens sérieux à la première partie de la phrase.
- 4 Piganiol 19722, 8-9, n. 4.
- 5 Sirks 1991b.
6Federico De Romanis vient de proposer une lecture tout à fait différente du texte, qui aboutit à en sauver l’ensemble. Au lieu de l’interprétation traditionnelle du ita ut exprimée dans la paraphrase de Piganiol4 « Sévère aurait laissé du blé pour sept ans à raison de 75 000 modii par jour », il comprend, à la suite de B. Sirks5, chaque membre de phrase comme présentant un système de calcul différent dont le ita ut indique l’équivalence. Il faut alors admettre que la seconde phrase désigne une quantité quotidienne sur un an : ce qu’on aurait pu offrir pendant un an si on avait distribué dans cet espace de temps la quantité désignée dans le premier membre de phrase. Surgit une difficulté : le chiffre de la distribution possible, 27 375 000 modii, impliqué par le second membre de phrase, étant l’équivalent de sept fois le canon annuel, devrait être divisible par 7, ce qui n’est pas le cas. Federico De Romanis est donc amené à proposer de corriger LXXV en CLXXV, chiffre divisible par 7 et qui, par ailleurs, permet d’interpréter de façon plausible le canon très élevé du premier membre de phrase comme désignant une contribution des provinces et des domaines impériaux sept fois supérieure aux besoins des distributions gratuites, cinq modii par mois à 150 000 ayants droit. Le total, 63 millions de modii, serait voisin de la consommation globale de Rome.
- 6 Ep., 80, 7.
- 7 Notons un calcul différent de Duncan-Jones 1974, 147 qui, passant par la valeur calorique du pain, (...)
7De Romanis rapproche en effet ce chiffre de celui obtenu par la combinaison des sources 1 et 2, pour réhabiliter cette approche. On serait alors obligé d’admettre soit une population, soit une consommation par tête bien supérieures à celles que supposait Beloch. Les bénéficiaires du blé gratuit recevaient mensuellement cinq modii : on admet en général qu’ils servaient aussi à leur famille. C’est également la quantité que, dans une lettre de Sénèque6, reçoit un esclave acteur de tragédies qui bénéficie aussi de quatre deniers par mois. Il s’agit selon moi d’un esclave à pécule très privilégié, ne fût-ce que par rapport au second exemple de Sénèque quelques lignes plus bas, un autre acteur esclave qui lui ne reçoit qu’un diurnum. Rien en fait ne me paraît prouver que les cinq modii par mois du premier acteur représentent la somme de ses rations journalières ; c’est un complément en nature des quatre deniers. Une consommation de cinq modii = 35 kg par mois fournirait 3900 calories par jour7, ce qui est une consommation très élevée pour un adulte moderne et ne peut être étendu, même si l’on tient compte, comme le fait à juste titre Federico De Romanis, des privilèges alimentaires des habitants de la capitale, à l’ensemble d’une population y compris femmes et enfants. Ils ne mangeaient du reste pas que du blé et buvaient pas mal de vin.
- 8 Quant à la scholie de Lucain, Federico De Romanis pense qu’elle pourrait dériver des manuscrits de (...)
8En réalité, rien ne prouve, si l’on se laisse convaincre par la subtile démonstration de Federico De Romanis et la cohérence des chiffres obtenue grâce à la correction proposée, que le second membre de phrase indique plus qu’une pure possibilité dont le rapport avec la réalité n’a pas de raison d’être étroit, une virtualité de consommation, du reste ressentie comme particulièrement élevée, dont on n’a pas de raison de penser qu’elle ait été réellement dépensée. C’est bien ce que dit le latin expendi possent, qui indique qu’une possibilité a existé, sans s’engager sur sa réalisation. Rien n’interdit, par exemple, que du blé fiscal ait été mis en vente dans d’autres villes demanderesses, ou que des réserves aient été faites pour l’année suivante. Au total, l’interprétation de Federico De Romanis me paraît aboutir à retirer le texte des SHA des sources utilisables sur la consommation globale de Rome, sinon de celles concernant les disponibilités impériales8.
L’approche B
- 9 E. Lo Cascio 1997 favorise les interprétations aboutissant aux chiffres les plus bas, C. Virlouvet (...)
- 10 Voir là-dessus l’article important de W. V. Harris 1994.
- 11 Garnsey 1983 ; 1988, 231.
- 12 Cracco Ruggini 1985.
- 13 Sur ces difficultés, voir Foxhall, Forbes 1982 ; Gallant 1991, 62-68.
9Les estimations de la population de Rome se sont passablement rapprochées depuis quelque temps, et une fourchette de population comprise entre 800 000 et 1 200 000 habitants rencontrerait peu d’opposition. La marge – 50 % du premier chiffre – reste grande. La donnée la meilleure semble bien être le nombre des bénéficiaires des distributions de blé, quand on peut penser qu’elles s’adressent à tous les mâles adultes : 320 000 avant que César ne révise les listes en 46. La question est de savoir si la population citoyenne de Rome n’était pas alors particulièrement élevée, précisément à cause des distributions de blé, si beaucoup de non-citoyens ne s’étaient pas alors glissés parmi les bénéficiaires et en bref si un chiffre identique peut être retrouvé sous Auguste. Ce dernier point dépend de savoir qui sont les 320 000 personnes destinataires d’un congiaire en 5 av. n. è. (seuls les mâles adultes, ou tous les mâles y compris les enfants) et symétriquement si les 200 000 bénéficiaires du blé public en 2 av. n. è. représentent toute la plèbe ou une part déjà limitée par Auguste9. La différence est importante. On doit ensuite imaginer la structure de la population de Rome, avec très probablement un fort déséquilibre en faveur des hommes, dû au choix favorable aux mâles à la naissance, rendu possible par la normalité de l’exposition des nouveaux-nés10. Il faut enfin trouver une ration de blé moyenne par habitant, qui fait elle aussi l’objet de divergences sérieuses : P. Garnsey11 a fixé le minimum calorique de la population de Rome à 1745 calories/jour, ce qui ne la nourrirait pas beaucoup ; L. Cracco Ruggini12 lui accorde une consommation plus raisonnable de 2500 calories/jour, et nous avons vu que Federico De Romanis aurait voulu monter sensiblement plus haut13.
- 14 Polybe, VI, 39, 12-14 qui dit plus exactement deux tiers de médimne par fantassin. Selon la capaci (...)
- 15 Caton, Agr., 56.
- 16 Cuvigny 1996, 141.
10Nous possédons des données sur la consommation de blé dans le monde romain, mais pas à Rome, si l’on admet que les cinq modii mensuels des rations de blé gratuit dépassent la consommation individuelle. Au IIe siècle av. n. è., le soldat romain reçoit trois modii par mois14. Vers la même époque les esclaves de Caton sont nourris selon le travail qu’ils font : 4 à 4,5 modii pour les travailleurs ; 3 pour les gestionnaires, les surveillants et les bergers15. En Égypte sous l’Empire, la ration traditionnelle d’un travailleur est d’une artabe, soit 39,5 litres, environ 4,5 modii16. Sert-elle uniquement à sa consommation personnelle ? Ces données relativement cohérentes montrent l’écart qu’il peut y avoir entre les rations. Il faut tenir compte non seulement du travail fourni, mais aussi des possibilités disparates d’une alimentation complémentaire. Une ration de 4 à 4,5 modii par mois, équivalente à 3100 à 3500 calories/jour, paraît en tout cas possible pour le travailleur mâle adulte, qui est le plus gros consommateur de blé.
- 17 Lo Cascio 1990, 232-238.
- 18 Voir Rickman 1980b, 10 ; Garnsey 1983, 118 et n. 3 ; Cracco Ruggini 1985, 229.
11On ne saurait évidemment étendre ce chiffre à l’ensemble d’une population. Le calcul du besoin moyen en calories supposerait lui aussi la connaissance de sa structure. Il faudrait aussi tenir compte, comme le fait Lo Cascio17, des autres denrées consommées. En fait, les estimations des besoins du Romain en blé données ces dernières années reposent plus sur des impressions de vraisemblance, dont le souci de ne pas trop s’éloigner de l’estimation canonique de Beloch (36 modii par an) n’est pas absent, que sur des calculs menés à leur terme, qui ne feraient peut-être que masquer la même incertitude18.
12Je donne cependant ici, pour la curiosité du lecteur, deux estimations modernes de la consommation souhaitable, l’un venant d’un organisme français, l’autre d’un organisme indien :
13On arriverait, en prenant une population déséquilibrée (comme je pense que c’était le cas), avec 40 % de femmes, 60 % d’hommes et environ 65 % d’adultes, et les chiffres indiens les plus élevés, à une consommation qui pourrait aller jusqu’à 2900 calories/jour. Nous ne sommes pas loin du chiffre canonique souvent avancé d’un litre de blé par homme et par jour, qui fournit à peu près 2700 calories. Mais cela fait 42 modii par an, sensiblement plus que les chiffres de Beloch, Garnsey et Lo Cascio, et un peu plus que ceux de Rickman et de Cracco Ruggini.
14Dans un domaine qui met en jeu des variables si incertaines, et dont on a tort de penser qu’elles ont pu rester presque constantes pendant deux siècles et demi, je crois à l’utilité des fourchettes. On peut situer de façon presque sûre la consommation en blé de Rome entre deux seuils. Celui d’une consommation calculée bas par Garnsey et d’une population estimée prudemment par Beloch à 800 000 habitants. Au total environ 24 millions de modii par an (autour de 170 000 tonnes). Celui d’un calcul qui s’appuierait sur les 42 modii annuels que je viens de considérer comme un maximum, et sur une population élevée, de l’ordre de 1 200 000 habitants : il aboutirait à environ 50 millions de modii, soit plus du double du chiffre précédent. Si important que soit l’écart, de telles données ne sont pas inutilisables.
Les sources 1 et 2 de l’approche A et les pertes durant le stockage
- 19 Geraci 1994, 282-285 [repris en 2003, 633-634. Geraci voit comme source immédiate de ce passage de (...)
15Nous pouvons toutefois tenter d’avancer un peu plus en revenant sur les sources citées en commençant. Certes, Beloch a raison de se méfier de l’épitomateur du De Caesaribus, et tout autant de condamner la méthode qui consisterait à combiner deux sources que plus de trois siècles séparent. Mais c’est justement parce que l’auteur du De Caesaribus est un épitomateur que le problème ne peut être tout à fait posé en ces termes. La question est de savoir quelle confiance on peut accorder à la source qu’il recopie, peut-être correctement, et à quelle époque elle peut appartenir. G. Geraci a récemment apporté plusieurs arguments pour faire remonter la source de l’Epitome à l’époque augustéenne et défendre les 60 millions de modii critiqués par Beloch19.
- 20 Duhamel de Monceau 1765, XIX-XX. Je remercie Jean-Yves Grenier des précieux renseignements qu’il m (...)
16Il est vrai, peut-on dire en reprenant son raisonnement, que le chiffre de 60 millions de modii excède largement la fourchette que nous avons définie plus haut. Il faut toutefois prendre garde que ce chiffre ne serait pas celui de la consommation de la ville, mais, au mieux, celui des arrivées de blé à Rome. Or le blé est un aliment fragile, et, si attentifs qu’aient été les architectes romains à construire des horrea adaptés à ce problème, si conscient qu’on soit des risques moindres encourus par les blés vêtus que par les blés tendres, un pourcentage de perte est inévitable pendant la période de stockage. Le dessèchement fait de toute façon perdre du poids aux grains ; les pertes dues aux petits mammifères et aux insectes, ainsi que les risques créés par les possibilités de fermentation, sont plus graves. L’humidité qu’il a pu contracter au cours d’un long transport maritime accroît encore la fragilité du blé. Au XVIIIe siècle, Duhamel de Monceau a consacré deux ouvrages à préconiser des techniques de conservation des grains, en particulier l’étuvage (qui n’a jamais véritablement reçu d’application pratique) et à persuader ses concitoyens que l’on devait et pouvait faire sans crainte des réserves de blé. Manifestement, cela n’allait pas sans peine : contre les exemples d’excellente conservation qu’il a rassemblés, il a reçu des lettres lui faisant part de dégâts importants. « Un particulier du pays de Caux », écrit-il dans son second traité20, « m’a mandé qu’au commencement de septembre 1764, il avait déjà perdu le quart du grain qu’il avait récolté en 1763, par la quantité prodigieuse des fausses teignes qui s’y étaient attachées ».
- 21 Rickman 1991. Voir aussi Garnsey 1991, 78. [Geraci est revenu en détail sur les problèmes de conse (...)
- 22 Tom Gallant 1991, en s’appuyant sur des données ethnographiques, va jusqu’à 50 à 80 % de perte si (...)
17Pour l’Antiquité, Geraci a admis un taux de perte de près de 20 % ; Rickman21 allait jusqu’au quart ou au tiers22. Je ne sais sur quoi reposent ces chiffres. Il paraît en fait difficile de donner un taux moyen, car les résultats doivent être très inégaux selon les années, puisqu’ils dépendent non seulement des modes de conservation, mais aussi des conditions climatiques et de la qualité du blé engrangé. Il n’y a en tout cas aucune difficulté à admettre que s’il arrivait à Rome 60 millions de modii de blé par an, il n’en restait la plupart du temps pas plus de 50 millions propres à la consommation. D’autant que le souci de stockage était constant, et qu’on devait souvent consommer le blé de l’année précédente.
- 23 Voir Tacite, Ann., VI, 13.
- 24 Je remercie Federico De Romanis des observations qu’il a eu la gentillesse de faire sur cette part (...)
18Nous retombons donc sans peine à l’intérieur de la fourchette définie. Il est également vrai que, si l’on admet que la source de l’Epitome est augustéenne, trois quarts de siècle la sépare de Flavius Josèphe : la part de l’Égypte dans le ravitaillement en blé de Rome a pu entre-temps changer. Mais ce serait plutôt dans le cadre d’une augmentation globale des arrivées23 qu’en raison d’une diminution des quantités prélevées en Égypte. L’on aurait tort de rejeter entièrement la combinaison des deux sources ; elle nous conduit, pour les entrées de blé, plutôt vers le haut de la fourchette24.
L’huile
- 25 Rodríguez Almeida 1984, 116-119.
19L’huile était utilisée, comme chacun sait, non seulement pour l’alimentation mais pour l’éclairage et les frictions des thermes et de la palestre : sa consommation ne peut être mesurée en calories, et nous n’avons aucun chiffre ancien utile. Aussi faut-il recourir là à l’archéologie et précisément au Monte Testaccio. Au sud de Rome, derrière les plus grands horrea de la ville, cette colline de tessons, haute de 35 m et de 700 m de tour, enferme les débris de plus de 50 millions d’amphores à huile, selon les calculs d’Emilio Rodríguez Almeida25 – ce qui correspond à environ 37 millions d’hectolitres d’huile –, qui, quoiqu’on ne soit pas sûr de la date du début de cette décharge, semblent s’être amoncelés entre l’époque d’Auguste et 255 de n. è., donc pendant environ deux siècles et demi. Cela porte à 150 000 hl par an les arrivées d’huile en amphore à Rome. Mais, si utile que fût une décharge traitée régulièrement à la chaux pour des amphores irrémédiablement imprégnées de corps gras, elles n’y finissaient pas toutes leur vie : on en retrouve des morceaux dans les autres fouilles de Rome. L’équipe de Clementina Panella, par exemple, a compté qu’elles représentent entre 12 et 17 % du total des tessons d’amphores dans trois contextes de fouilles menées au pied du Colisée et au Forum, datables entre le milieu du Ier siècle et le début du second. Le chiffre d’arrivées d’huile en amphores de Bétique et d’Afrique fondé sur les données du Testaccio est donc fort inférieur à la réalité, sans qu’on puisse savoir de combien. Si l’on voulait passer à la consommation, il faudrait ajouter encore l’huile de Sabine, qui n’a cessé d’être produite et apportée à Rome, dans des conteneurs qui n’ont pas laissé de traces.
Le vin
- 26 Tchernia 1986, 21-27.
20Je n’ai pas grand chose à changer aux estimations que j’ai faites il y a dix ans de la consommation de vin à Rome26. Partant, là encore, des rations données par Caton à ses esclaves, et surtout de quelques rares textes ou inscriptions qui semblent montrer qu’on est sobre en ne buvant qu’un setier (0,54 l) et qu’on pouvait en boire trois un jour de fête, j’ai estimé la consommation moyenne du mâle adulte autour d’un setier et demi ou de deux setiers. Ces chiffres restent très inférieurs, trop peut-être, à ceux de la consommation des villes italiennes entre le XIVe et le XVIIIe siècle. Je me contente ici de les adapter aux chiffres de la population romaine que j’ai passés en revue à propos du blé, entre 1 170 000 hl et 1 460 000 pour 800 000 habitants ; entre 1 750 000 et 2 200 000 pour 1 200 000 habitants ; rappelons mon chiffre de référence : 730 000 hl de vin consommés à Paris à l’époque de la Révolution.
21En calculant de la sorte, on se trouve devant une difficulté inverse de celle de l’huile : une fois estimée la consommation, comment faire la part des vins arrivant en amphores, par mer ou par le Tibre, dont on parvient à déterminer l’origine et parfois la qualité, et celle du vin de la région, des alentours immédiats de Rome, des monts Albains, de Sabine et de Tibur en particulier ? Rien ne permet de donner une réponse chiffrée à la question. Mais il faut cependant souligner ce qui constitue à mon sens une exception absolue : aux Ier et IIe siècles de n. è., des vins arrivant par mer, de Léétanie en Tarraconaise, de Sagonte ou de Crète, faisaient partie des vins les plus communs et les moins chers de Rome. Qu’on soit allé si loin quérir la boisson de base de la plèbe montre assez l’étonnante extension de la zone de subsistance de Rome, et le développement des transports en faveur de son ravitaillement.
Conclusion
- 27 [Antoinette Hesnard 2001, 294 a critiqué à juste titre l’absence d’argument en faveur de ce chiffr (...)
- 28 Pomey, Tchernia 1978. [Voir maintenant Heilporn 2000 pour un tonnage possible d’environ 600 tonnes (...)
- 29 Dig., L, 5, 3.
- 30 Le chiffre global du tonnage ainsi calculé est nettement supérieur à celui supposé par Hopkins 198 (...)
22C’est par ce dernier point que je voudrais conclure. En allant encore un peu plus loin dans les devinettes numériques, on peut tenter de se faire une idée de la flotte nécessaire au ravitaillement de Rome. Prenons des valeurs moyennes parmi celles que nous avons évoquées : 50 millions de modii, ou 350 000 tonnes de blé, ont pu arriver en un an à Rome à l’apogée de l’Empire ; pour l’huile nous ajouterons arbitrairement 30 % au chiffre des amphores du Monte Testaccio27 : 260 000 amphores de Bétique, principalement, ou d’Afrique par an. Enfin, pour le vin, je supposerai qu’au moins la moitié d’une consommation de 1 600 000 hl arrivait par mer, ce qui représente 3 200 000 amphores. Les bateaux de blé devaient être les plus gros ; les tonnages comme celui de l’Isis28 ont cependant dû rester exceptionnels ; je prendrai comme moyenne des navires de 350 tonnes, minimum pour que les constructeurs d’un bateau mis au service de l’annone bénéficient d’une exemption de charges publiques29. Pour un tiers, le blé pouvait venir d’Égypte, trajet sur lequel deux rotations par an au grand maximum étaient possibles ; nous admettrons trois rotations pour les autres parcours. Les grosses amphores de Bétique pèsent pleines environ 90 kg : un navire de 2000 amphores de ce type (180 t) est d’une taille raisonnable ; supposons que ceux de vin transportaient en moyenne 3000 amphores. Le calcul conclut que 786 navires d’un port en lourd d’entre 150 et 350 tonnes devaient être mis au service du ravitaillement de Rome, et je ne tiens pas compte des arrivées de salaisons de poisson, dont l’archéologie atteste l’abondance30. Cette hypothèse très grossière est cependant éloquente si on la rapproche du nombre global des navires de toute la flotte de commerce française du XVIIe siècle : en tout quelques milliers de navires de plus de 30 tonnes, dont quatre cents à peine de plus de 100. Elle n’aurait probablement pas suffi à assurer l’alimentation des habitants de Rome au Ier ou au IIe siècle de notre ère.
- 31 Lo Cascio 1997, 40-41, n. 123, qui reprend par ailleurs l’historiographie de l’ensemble de la ques (...)
- 32 Vera 2005b.
- 33 Il a été remarqué à plusieurs reprises que l’emploi du verbe expendere (ita ut cottidiana septuagi (...)
- 34 SHA, Sev., 8, 5 ; 23, 2 : Hel. 27, 7.
23[L’interprétation proposée par De Romanis du passage des SHA, Sev., 23, 2 n’a été approuvée dans son ensemble ni par Elio Lo Cascio31 ni par Domenico Vera32. Entre autres arguments, l’un et l’autre trouvent difficile d’accepter le chiffre des 150 000 ayants droit aux distributions gratuites alors que le congiaire de 202 a été offert à 200 0000 bénéficiaires. Domenico Vera est revenu longuement sur le sujet en adoptant une approche littéraire : le texte lui paraît faire partie des passages fantaisistes, ou fantastiques, des SHA, qui mêlent des allusions au présent dans le récit du passé33, le vrai et le faux, le vraisemblable et l’incroyable. La triple récurrence des allusions à ce canon de sept ans34 en est pour lui un signe ; elle constitue une sorte de jeu de piste à travers un piège littéraire chiffré. Le problème de la divisibilité par sept, qui sert de point de départ à De Romanis, se résoudrait en considérant que les générosités folles (et imaginaires) attribuées à Elagabal avaient retiré aux réserves de blé deux ans de canon, et qu’il faut donc calculer sur cinq années (chiffre qu’on retrouve aussitôt après notre passage dans la phrase disant que le même empereur a laissé assez d’huile pour subvenir aux besoins de toute l’Italie pendant cinq ans, ce qui est unanimement considéré comme une invention). Cela rend le chiffre des 75 000 modii admissible, puisqu’il est divisible par cinq. On voit là combien l’approche des deux auteurs est opposée : pour De Romanis, le contraste que forme la vague mention des besoins de l’Italie en huile avec le chiffre précis donné pour le canon frumentarius valide celui-ci, alors que pour Domenico Vera, les cinq ans choisis pour évaluer la quantité d’huile participent au rébus construit comme divertissement par l’auteur des Vies. Il est évident que selon la façon de lire l’ensemble de la phrase, quantités de blé et d’huile incluses, on choisira l’un ou l’autre parti : si on en fait un tout homogène, elle relève des passages amusants et irréels des SHA ; si on la découpe et que l’on oppose le premier membre de phrase au second, il est légitime de tenter de donner un sens réaliste aux chiffres cités.
- 35 De Romanis 2007, 222-225.
- 36 Les SHA, dans la Vie d’Elagabal, 27, 7, parlent d’un canon de sept ans existant à Rome au début du (...)
- 37 Par exemple Rickman 1980a, 271.
- 38 Cf. Virlouvet 2000b, 122 et 125. Erdkamp 2005, 249.
24De Romanis a répondu à ces critiques en expliquant les deux cent mille bénéficiaires du congiaire par l’inclusion de catégories supplémentaires à celle des plébéiens ayants droit aux distributions de blé. Ceux-là sont restés exactement 150 000, les nouveaux titulaires entrant in locum erasorum. Il a réaffirmé de façon synthétique l’ensemble de ses thèses35 et clarifié sa position sur le sens de canonem relinquere : si pour Vera l’auteur entend parler d’une réserve laissée par l’empereur à sa mort, renouvelée par Caracalla et en partie dilapidée par Elagabal36, pour De Romanis il s’agit d’une quantité, annuellement renouvelée, d’entrées fiscales égales à sept fois les quantités nécessaires aux distributions gratuites. Il souligne que cela impliquerait la disparition à cette époque du commerce libre du blé à Rome, le canon étant égal à la consommation totale de la ville. De fait, on ne peut douter que les disponibilités en blé relevant de l’empereur aient augmenté au cours du IIe siècle, en particulier sous l’effet de l’extension des domaines impériaux en Italie, et la diminution du rôle des chargeurs (mercatores frumentarii) au profit de celui des transporteurs (navicularii) a été notée depuis longtemps37. Tous cependant n’excluent pas la persistance d’un commerce libre38.
25La traduction de posset par « aurait pu », que je maintiens, laisse cependant à mon sens, comme je l’ai dit, planer le doute, même dans le cadre de l’interprétation réaliste, sur la valeur du chiffre des SHA comme indicateur de la consommation de Rome, et le rapprochement entre les 63 millions de modii annuels résultant de la correction proposée par De Romanis, et les 60 millions de modii qu’indique la combinaison des passages de Flavius Josèphe et de l’Epitome n’est pas forcément significatif.
26Les diverses tentatives d’expliquer le passage de la Vie de Sévère aboutissent ainsi à des constructions des plus savantes et des plus subtiles, mais qui comportent toutes des difficultés et dont la complexité pourrait paraître décourageante aux yeux de ceux qui ne sont pas spécialistes de l’exégèse des SHA.
- 39 De Romanis 2003a.
- 40 Pline, NH, XVIII, 89, qui dit plus exactement qu’un modius de similago permet de faire vingt-deux (...)
27Toutefois, De Romanis a aussi repris en détail la question de la ration de cinq modii octroyée mensuellement aux bénéficiaires des distributions gratuites39. Il l’a expliquée par l’usage à Rome d’un pain de qualité, fait à partir d’une farine de blé dur bien tamisée, la similago. Pline indique que l’on n’obtient à partir d’un modius de blé qu’un demi-modius de similago et onze livres de pain40. La ration de cinq modii de blé par mois équivaut donc à moins de deux livres quotidiennes de pain blanc, moins nutritif que le pain complet, consommation tout à fait envisageable et qui requiert des compléments alimentaires. Les cinq modii de l’esclave acteur dont parle Sénèque se justifient de la même façon.
- 41 Garnsey 1991, 77. Ce pain plus nutritif présente d’autres dangers.
- 42 Pline, NH, XIII, 82 ; XVIII, 89.
- 43 Pace Erdkamp 2005, 228-229 et 257, qui s’en tient aux 30 millions de modii de Garnsey, sans discut (...)
28Les bénéficiaires des distributions gratuites sont des citoyens privilégiés, et toute la population de Rome ne mangeait pas ce pain blanc. Une bonne partie devait manger un pain de qualité inférieure, fait à partir d’une farine beaucoup moins tamisée, comportant plus d’éléments nutritifs41. Il ne faut évidemment pas prendre les cinq modii mensuels comme le chiffre de la consommation moyenne à Rome. L’usage du pain de similago par une partie importante de la population contribue cependant à l’élever. De Romanis a rappelé aussi l’usage industriel bien réel de farines de blé tendre dans les fonderies de cuivre et la papeterie42. Ces observations étayent les arguments déjà présentés en faveur de la crédibilité d’arrivées d’environ 60 millions de modii de blé à Rome chaque année, et je serais encore plus enclin à les défendre qu’il y a dix ans43].
Notes
1 Un modius = environ 8,8 l ou 6,5 à 7 kg de blé.
2 Voir une discussion dans Rickman 1980b, 231-235.
3 De Romanis 1996b (interprétation acceptée et défendue par Catherine Virlouvet 1995b, n. 27). [De Romanis a repris sa démonstration en 2003a, 700-702 et sa traduction de τό κατὰ τὴν ʽΡώμην πλῆθος devrait s’imposer].
4 Piganiol 19722, 8-9, n. 4.
5 Sirks 1991b.
6 Ep., 80, 7.
7 Notons un calcul différent de Duncan-Jones 1974, 147 qui, passant par la valeur calorique du pain, aboutit à 3000 à 3500 calories par jour, ce qu’il considère comme proche de « la valeur idéale moderne de 3300 calories par jour pour les mâles adultes ».
8 Quant à la scholie de Lucain, Federico De Romanis pense qu’elle pourrait dériver des manuscrits des SHA.
9 E. Lo Cascio 1997 favorise les interprétations aboutissant aux chiffres les plus bas, C. Virlouvet 1995a celles aboutissant aux chiffres les plus élevés.
10 Voir là-dessus l’article important de W. V. Harris 1994.
11 Garnsey 1983 ; 1988, 231.
12 Cracco Ruggini 1985.
13 Sur ces difficultés, voir Foxhall, Forbes 1982 ; Gallant 1991, 62-68.
14 Polybe, VI, 39, 12-14 qui dit plus exactement deux tiers de médimne par fantassin. Selon la capacité accordée au médimne, la conversion varie : d’autres disent quatre modii. Je me fie à Walbank 1957, I, 722.
15 Caton, Agr., 56.
16 Cuvigny 1996, 141.
17 Lo Cascio 1990, 232-238.
18 Voir Rickman 1980b, 10 ; Garnsey 1983, 118 et n. 3 ; Cracco Ruggini 1985, 229.
19 Geraci 1994, 282-285 [repris en 2003, 633-634. Geraci voit comme source immédiate de ce passage de l’Epitome un Suétone auctus, et met en avant des indices très convaincants].
20 Duhamel de Monceau 1765, XIX-XX. Je remercie Jean-Yves Grenier des précieux renseignements qu’il m’a donnés sur ces questions.
21 Rickman 1991. Voir aussi Garnsey 1991, 78. [Geraci est revenu en détail sur les problèmes de conservation du blé en 2003, 635-639, et a défendu encore le chiffre de 60 millions de modii d’arrivées de blé à Rome. J’aurais pu citer Galiani 1770 (p. 156 de l’édition de 1984) « le bled est la chose qui se peut le moins garder »].
22 Tom Gallant 1991, en s’appuyant sur des données ethnographiques, va jusqu’à 50 à 80 % de perte si les conditions de conservation ne sont pas particulièrement étudiées, ce qui bien évidemment n’est pas le cas pour Rome, où existaient des horrea spécialisés. Voir ses pages 94-98.
23 Voir Tacite, Ann., VI, 13.
24 Je remercie Federico De Romanis des observations qu’il a eu la gentillesse de faire sur cette partie du texte.
25 Rodríguez Almeida 1984, 116-119.
26 Tchernia 1986, 21-27.
27 [Antoinette Hesnard 2001, 294 a critiqué à juste titre l’absence d’argument en faveur de ce chiffre, dans un article où elle met aussi en garde contre les pourcentages tirés d’un faible nombre d’objets archéologiques].
28 Pomey, Tchernia 1978. [Voir maintenant Heilporn 2000 pour un tonnage possible d’environ 600 tonnes].
29 Dig., L, 5, 3.
30 Le chiffre global du tonnage ainsi calculé est nettement supérieur à celui supposé par Hopkins 1983, 101 : « notionally 275 ships of 400 tonnes ». [Rathbone 2003, 198 sq. estime que le tonnage des navires romains devait en général être plus faible, 75 tonnes pour un bateau moyen, ce qui implique un nombre d’unités beaucoup plus élevé. Il exprime à juste titre un certain scepticisme sur la valeur de ces spéculations, qui n’ont bien évidemment d’autre fin que de fournir des chiffres possibles sinon probables, qui servent de point de départ à l’imagination].
31 Lo Cascio 1997, 40-41, n. 123, qui reprend par ailleurs l’historiographie de l’ensemble de la question des chiffres depuis Beloch. Le raisonnement de De Romanis avait en revanche été accueilli avec sympathie par Virlouvet 1995b, 269-272.
32 Vera 2005b.
33 Il a été remarqué à plusieurs reprises que l’emploi du verbe expendere (ita ut cottidiana septuaginta quinque milia modiorum expendi possent), qu’on retrouve associé au blé, au pain et au canon dans le Code Théodosien, trahit la présence de son époque dans l’esprit du rédacteur (Vera 2005b, 290).
34 SHA, Sev., 8, 5 ; 23, 2 : Hel. 27, 7.
35 De Romanis 2007, 222-225.
36 Les SHA, dans la Vie d’Elagabal, 27, 7, parlent d’un canon de sept ans existant à Rome au début du règne d’Elagabal et constitué « grâce à la prévoyance de Sévère et de Bassianus » (traduction Chastagnol) : cum eo tempore juxta provisionem Severi et Bassiani septem annorum canon frumentarius Romae esset.
37 Par exemple Rickman 1980a, 271.
38 Cf. Virlouvet 2000b, 122 et 125. Erdkamp 2005, 249.
39 De Romanis 2003a.
40 Pline, NH, XVIII, 89, qui dit plus exactement qu’un modius de similago permet de faire vingt-deux livres de pain.
41 Garnsey 1991, 77. Ce pain plus nutritif présente d’autres dangers.
42 Pline, NH, XIII, 82 ; XVIII, 89.
43 Pace Erdkamp 2005, 228-229 et 257, qui s’en tient aux 30 millions de modii de Garnsey, sans discuter les auteurs italiens que j’ai cités, ni les mises au point publiées par Catherine Virlouvet en 1995b et 2000b.
Notes de fin
1 Paru dans Cl. Nicolet, R. Ilbert, J.-Ch. Depaule (dir.), Mégapoles méditerranéennes, Actes du colloque de Rome, 8-11 mai 1996, Paris, Maisonneuve et Larose, Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, EFR, 2000, 751-760. Rédaction révisée par endroits.
Table des illustrations
![]() | |
---|---|
URL | http://books.openedition.org/pcjb/docannexe/image/6463/img-1.jpg |
Fichier | image/jpeg, 158k |
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.