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Les Romains et le commerce

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André Tchernia

Première partie. Les Romains et le commerce

Chapitre V. Acheminer ce qui fait défaut

Texte intégral

  • 1 Synésius, lettre 54.
  • 2 Finley 19852, 33 (1973, 38) ; Whittaker 2004, 174.
  • 3 Laubenheimer, Lecquoy 1992 ; Misonne et al. 1998.
  • 4 Liou 1987b ; Miró 1988, 120-123 et 189-197 ; Liou, Corsi-Sciallano 1985 ; Carreras Monfort 2009.
  • 5 Voir les cartes de Ehmig 2003 et p. 118, fig. 1.
  • 6 Nieto Prieto 1997.
  • 7 Tab. Vindol. II, 184, 4 ; voir Pearce 2002.
  • 8 Desbat, Savay-Guerraz 1990 ; Arthur, Williams 1992 ; Tchernia 2011.
  • 9 Borgard 2005.
  • 10 Cotton, Geiger 1989, 140-160 ; Manacorda 1998, 323.
  • 11 Voir p. 344-345.
  • 12 Rico 1995 ; Thébert 2000. Ce dernier fait remarquer que, même si ces briques ont dans certains cas (...)

1Il y a des colporteurs, sur terre et sur mer, comme le marchand de chaussures athénien qui, au tournant du IVe et du Ve siècle, vient chaque année à Phykous, le port de Cyrène, et qui un jour étend son commerce et se met à vendre aussi des vêtements fabriqués en Attique. L’évêque Synésius de Cyrène en profite pour demander qu’on lui achète trois capes légères pour l’été1. Finley et Whittaker ont fait grand cas, sans doute trop, de cet achat2. Il y a des commerces régionaux, qui couvrent quelquefois un territoire assez grand mais strictement limité. Donnons comme exemple les curieuses amphores dites Gauloises 12, produites dans divers ateliers en Normandie et un peu plus au sud, jusqu’à Chartres et au Mans, aux IIe et IIIe siècles. Elles contenaient probablement du vin. On les trouve en de nombreux points de Normandie, dans les îles anglo-normandes et dans le sud-est de la Bretagne insulaire. Mais elles se limitent strictement à cette zone, si ce n’est deux tessons trouvés en Écosse et un en Bretagne continentale. Aucun n’est signalé au sud ni à l’est des ateliers les plus méridionaux3. Il y a des commerces au départ régionaux et à partir desquels se sont développées des expéditions vers de grands centres de consommation. C’est le cas du vin de Tarraconaise, dont les amphores produites en Catalogne entre l’Èbre et l’Ampurdan ont commencé peu après le milieu du Ier siècle av. n. è. par être envoyées en Aquitaine et pour une faible part dans la vallée du Rhône, avant d’arriver quelques années après à Rome et en bien d’autres endroits4. Il y a des commerces adventices qui em-pruntent à un tronc principal des quantités plus faibles pour les conduire là où se trouvent des consommateurs suffisamment riches. C’est l’image que donnent les amphores à huile de Bétique présentes dans la vallée de la Loire et le centre de la Gaule5. Il y a des ports de redistribution, à partir desquels des marchands locaux ravitaillent des agglomérations secondaires6. Il y a un commerce de luxe, qui peut s’étendre à tout l’Empire, avec une distribution sporadique et en quantités limitées. Il concerne bien entendu les produits exotiques (et que le soldat Tagarminis, à Vindolanda, en ait acheté pour deux deniers, n’exclut pas le poivre des biens de luxe7), mais en relèvent aussi les Dr. 2-4 tardives de la fin du IIe siècle et du IIIe siècle qui ont contenu des vins campaniens de qualité : elles sont attestées de Tarragone à Chypre et de Carthage à South Shields, jamais en très grand nombre, et mieux représentées dans des villes riches comme Rome ou Lyon. De Saint-Romainen-Gal en face de Vienne vient sans doute la découverte la plus nombreuse : 52 amphores formaient un groupe homogène dans deux cellae d’un petit entrepôt ; à South Shields, site de dépôt destiné à fournir les camps du mur d’Hadrien, un ensemble de 102 tessons, soit un minimum de cinq amphores, constitue « un total remarquable »8. La distribution des amphores à alun est du même genre : l’alun est un produit indispensable aux teinturiers grand teint et aux tanneurs, et n’a que deux origines possibles : Lipari et Milo9. La différence est qu’on en trouve quelquefois des milliers de tessons à proximité de sites artisanaux. C’est une situation d’oligopole et de marché captif. Il y a des commandes individuelles faites quelquefois fort loin : nous avons vu celles du gouverneur de Rhétie ; on peut y ajouter les treize amphores de vin commandées par Hérode le Grand en Apulie et retrouvées à Masada : elles portent la date consulaire de 19 avant notre ère, la mention d’un vin philonianum, qui renvoie au gentilice Philonius, attesté presque exclusivement à Brindes, celle du domaine de L. Laenius et, au datif, le nom d’Hérode, Regi Herodi Iudaicoi10. II y a des cargaisons de retour des transports annonaires, qui font qu’on trouve en Égypte des amphores de Bétique11 et à Carthage une quantité non négligeable de briques faites dans la région de Rome, ainsi que de moins nombreuses dans d’autres villes d’Afrique, en Sardaigne, autour du delta du Rhône et sur la côte de Tarraconaise : elles servaient avantageusement de lest12. Il y a des façades maritimes qui trouvent par des routes brèves et directes un marché naturel à Rome. Il y a enfin quelques transports massifs établis pour deux siècles ou plus sur de longues distances qui requièrent des ports, des entrepôts, des routes et des réseaux de marchands. Ils profitent du cheminement des fournitures nécessaires à l’État (blé, métaux, armement) ou destinées aux empereurs (marbres) sans forcément y participer. En bref, on ne cherchera pas à subsumer tous les commerces du monde romain sous une seule formule.

  • 13 Encore récemment dans la CEHGRW, 572 et par De Callataÿ 2005, repris par Jongman 2007. Ces dernier (...)
  • 14 Parker 1992, fig. 3.

2Encore moins si l’on prend en considération la grande rupture entre l’époque républicaine et l’époque impériale. Souvent reproduite13, la courbe du nombre d’épaves trouvées en Méditerranée qu’a publiée A. J. Parker14 présente la ligne la plus régulière possible d’essor et de décadence : montée à partir de 500 av. n. è. jusqu’au pic formé par le bloc du Ier siècle av. n. è. et du Ier siècle de n. è., chute exactement symétrique de l’essor (fig. 3). L’image régulière que donne cette courbe est trompeuse, parce que la division en siècles n’est pas adéquate.

  • 15 Méthode des probabilités par année (chaque année de la fourchette est comptée au taux de 1/n, n ét (...)
  • 16 Wilson 2009, 223, fig. 9-4.
  • 17 Wilson sp.

3Un autre diagramme, publié à la page suivante, porte sur les épaves de Méditerranée occidentale et les répartit par demi-siècle. La belle continuité disparaît. Après le pic le plus élevé de tous dans la première moitié du Ier siècle av. n. è., le nombre s’effondre dans la seconde et dépasse à peine les niveaux du IIe siècle av. n. è. (fig. 4). On peut étendre ces observations en ne se limitant pas à la Méditerranée occidentale, puisque l’auteur a donné dans ses pages liminaires une liste des épaves répertoriées rangées dans le détail par ordre chronologique. La chute de la seconde moitié du Ier siècle av. n. è. est tout aussi visible (fig. 5). Andrew Wilson et son équipe ont récemment repris les données de Parker en utilisant une autre méthode pour situer les épaves dont la date ne peut être indiquée que par une large fourchette15 : le creux de la seconde moitié du Ier siècle av. n. è. continue à apparaître, même s’il est un peu moins accentué (fig. 6)16. Il est bien marqué aussi dans un graphique fondé uniquement sur les 533 épaves étroitement datées17.

4Si maintenant on regarde la composition des groupes, on constate qu’une écrasante majorité des épaves de Méditerranée occidentale datées entre 150 et 50 transportaient des amphores gréco-italiques, Dr. 1 ou Lamboglia 2, autrement dit du vin du versant tyrrhénien ou, en moins grand nombre, du versant adriatique de l’Italie. Ces amphores restent majoritaires quand on prend en compte l’ensemble des épaves de toute la Méditerranée à cette époque. À partir d’Auguste, les provenances et les contenus sont beaucoup plus diversifiés. Les épaves de Bétique forment le groupe le plus nombreux, mais leurs contenus sont divers et elles n’exercent pas la domination des amphores italiennes dans la période précédente.

Fig. 3. - Épaves de Méditerranée entre 500 av. n. è. et 500 de n. è., histogramme par siècles (d’après Parker 1992, fig. 3).

Fig. 4. - Épaves romaines de Méditerranée occidentale entre 200 av. n. è. et 400 de n. è., histogramme par demi-siècles (d’après Parker 1992, fig. 5).

Fig. 5. - Épaves de Méditerranée entre 500 av. n. è. et 500 de n. è., histogramme par demi-siècles (d’après la liste de Parker 1992, p. 10-14).

Fig. 6. - Épaves de Méditerranée entre 500 av. n. è. et 500 de n. è., histogramme par demi-siècles, datation. selon la méthode des probabilités par année (d’après Wilson 2009, 223, fig. 9-4).

  • 18 Diodore de Sicile, V, 23, 6 ; Strabon, V, 1, 8 et IV, 6, 12 ; Polybe, IV, 38, 4-5 ; Strabon, XI, 2 (...)
  • 19 Voir p. 14, n. 25.
  • 20 Poux 2004 ; Tchernia 2009 et voir p. 358-359.

5L’exportation du vin italien et égéen au IIe siècle av. n. è. et dans la première moitié du Ier a été un phénomène à part. Pour l’essentiel, ce vin a servi de marchandise de troc, échangée contre des esclaves, des métaux, du bétail et des peaux, comme le disent Diodore de Sicile pour la Gaule, Strabon pour les peuples du Danube, Polybe et Strabon pour la mer Noire18. C’est un « cross-cultural trade » avec le monde barbare ou les pirates, dont les termes d’échange étaient considérés par les Romains comme très favorables et où le prix du transport ne comptait guère. Ils ont acquis par ce moyen quantité de « biens indispensables à la vie », comme le dit Polybe, catégorie dans laquelle il range les esclaves et le bétail alors que le miel, la cire et les salaisons de poisson font partie du superflu19. La Gaule, où les restes d’amphores italiennes se comptent par centaines de milliers dans toutes les fouilles de grands oppida, en a été un lieu privilégié20. La consommation de vin y était rituelle dans des rassemblements pouvant réunir plusieurs milliers de personnes autour de ce que, faute de mieux, nous appelons des banquets, qui avaient un caractère à la fois évergétique, politique et sacré ; il faut voir là le moteur de ces importations. L’ivresse gauloise, proverbiale auprès des Anciens, était en réalité une institution sociale dont un texte de Tacite à propos des Germains doit, malgré l’anachronisme, donner l’idée la plus juste :

  • 21 Tacite, Ger., XXII, 1.

« La réconciliation d’ennemis privés, la conclusion d’alliances de familles, le choix des chefs, la paix enfin et la guerre se traitent le plus souvent dans les banquets. […] Le lendemain on reprend la question. Ils délibèrent quand ils ne sauraient feindre ; ils décident quand ils ne peuvent s’égarer »21.

  • 22 Il faut le redire puisque la cause, malgré les travaux de Matthieu Poux, est difficile à entendre  (...)

6Ce trafic n’a aucune ressemblance avec les achats monétaires que sous l’Empire font individuellement les habitants des villes et les légionnaires pour améliorer leur ordinaire. Il n’y a aucune continuité entre les importations de vin italien dans les oppida gaulois indépendants et les importations de produits variés dans les camps du limes et les villes de la Gaule romaine22.

  • 23 Voir p. 359.
  • 24 Harris 1980 et 1999 ; Giardina 1997, 251 sq. ; Scheidel 1997 ; Lo Cascio 2002.

7Le vaste troc dont témoignent les épaves de gréco-italiques, de Dr. 1 et de Lamboglia 2 a pris fin dans le deuxième quart du Ier siècle av. n. è. Le grand marché d’esclaves de Délos disparaît après le pillage de 69 et les victoires de Pompée en 66 sur les pirates qui les fournissaient. Pour d’autres raisons, le trafic avec la Gaule subit le même sort après la conquête césarienne et la mise au pas de la noblesse gauloise, installée dans les villes, et privée à la fois de ses marchandises d’échange et de ses rassemblements festifs, évergétiques et politiques23. L’Italie impériale aura beaucoup plus recours, pour renouveler sa population servile, à la reproduction naturelle ou à l’élevage d’enfants abandonnés24.

  • 25 P. 210-212.
  • 26 Polybe, X, 10, 11 et XXXIV, 9, 8, ap. Strabon, III, 2, 10.
  • 27 Mal di Ventre : Parker 1992, no 637 ; Salvi 1992. Autres épaves : Domergue 1998, à compléter par D (...)

8C’est cette rupture que traduit le creux dans la courbe des épaves, du moins en ce qui concerne les produits transportés en amphores. Car les décomptes d’épaves ne témoignent bien évidemment que d’une partie du commerce. La création des provinces annonaires, la Sicile, la Sardaigne, a intensifié les transports de blé vers Rome et commencé à créer des routes régulières ouvertes à de plus grands navires25. Ils n’ont pas laissé de traces repérables par les plongeurs, mais on verrait sinon le nombre d’épaves de navires à destination de Rome monter régulièrement, sauf les blocages dus aux guerres et aux pirates. Polybe présente un tableau des mines d’argent de Carthagène en pleine production au milieu du IIe siècle av. n. è.26 mais la plus ancienne épave transportant des lingots de plomb de Bétique, celle de l’île de Mal di Ventre à l’ouest de la Sardaigne ne date que du second quart du Ier siècle. C’est la seule qui en soit exclusivement chargée : 983 lingots de 33 kg en ont été remontés. Il est probable que les métaux ont longtemps voyagé seuls, et que les épaves ainsi chargées, uniquement à fond de cale pour des raisons évidentes de densité du métal, se sont la plupart du temps enfoncées dans le sable. On connaît en revanche, entre la fin du Ier siècle av. n. è. et le milieu du Ier siècle de n. è., pas moins de six épaves transportant une cargaison mixte d’amphores et de lingots posés au fond du bateau27.

  • 28 Mattingly 1988, 52-54 ; Hitchner 2002, 74 (1993, 501).
  • 29 Domergue 1994 ; Domergue et al. 2003 ; Domergue et al. 2006 (pour les lingots d’Agrippa).
  • 30 Liou, Corsi-Sciallano 1985 ; Carreras Monfort 2009.

9Cela donne raison à David Mattingly et à Bruce Hitchner quand ils attribuent aux métaux le mérite d’avoir ouvert la route vers Rome et facilité ainsi l’essor des produits de Bétique28. Les métaux ne sont pas à proprement parler des biens annonaires, mais l’État en avait grand besoin, comme l’a montré Claude Domergue29. Le commerce de Bétique est lui aussi un commerce imbriqué. Encore faut-il comprendre pourquoi le métal s’est exporté seul pendant un siècle, et pourquoi les produits des ateliers de salaisons n’apparaissent qu’au milieu du Ier siècle av. n. è et ceux des oliveraies dans son dernier quart. De la même façon, les plus anciennes épaves de vin de Tarraconaise dirigées vers Rome datent des alentours du changement d’ère30.

  • 31 Je suis Virlouvet 1995a, 184-205 : la réduction à 150 000 du nombre des bénéficiaires opérée par C (...)
  • 32 En comptant le testament d’Agrippa : Res Gestae, 15 ; ESAR, V, 14-16 ; Ridley 2003, 116.
  • 33 Cf. supra p. 140-141 « Le blé est un bien Giffen ».
  • 34 Botte 2009.
  • 35 Ce raisonnement n’est cependant pas valable pour l’huile d’Apulie, qui disparaît un peu avant le c (...)

10Après la fin des échanges vin/esclaves, un bouleversement bien différent a eu lieu dans la seconde moitié du Ier siècle av. n. è. Quand en 58 les distributions de blé à prix réduit à la plèbe de Rome sont devenues gratuites et que entre 250 000 et 320 000 habitants en ont bénéficié jusqu’aux dernières années avant le changement d’ère, et 200 000 jusqu’à la fin du règne d’Auguste31, quand en plus ce dernier a fait distribuer au même nombre de gens des sommes en numéraire qui se sont élevées, entre 44 et 2, à un total de 668 millions de sesterces32, la demande des produits que désirait consommer plus régulièrement toute la part des bénéficiaires dont le niveau de vie n’était pas très supérieur au niveau de subsistance a reçu une accélération brutale33. Dans le domaine de l’alimentation, elle a porté sur le vin, l’huile et ce qui constitue l’obsonium, le complément du pain, pour lequel sardines ou thon salés conviennent fort bien. Dans les mêmes années, la population de Rome s’accroissait certainement de façon rapide. Les campagnes dans l’Illyricum, les troupes de Germanie ont créé en périphérie un appel analogue. On ne peut être surpris de voir les produits transportés en amphores, le vin, l’huile, le poisson et les sauces de poisson arriver sur le Rhône, sur le Rhin, sur le Danube, et Rome chercher autour du changement d’ère son ravitaillement plus loin qu’auparavant. Il y avait beaucoup plus de consommateurs que trente ans plus tôt. Du métal précieux auparavant thésaurisé en Gaule ou en Égypte était entré dans la circulation monétaire. Retardés un temps par les guerres civiles et les obstacles à la navigation créés par Sextus Pompée entre 44 et 36, le commerce maritime et la production des façades maritimes les mieux placées ont répondu alors à ces nouveaux besoins. Au moment où se développent considérablement les importations de Bétique, se développe aussi sur les côtes de Campanie, d’Italie du Sud et de Sicile une production de poisson salé, contenue dans les amphores Dr. 21-22, qui se vend dans le golfe de Naples et à Rome34. L’offre avait quelque peine à satisfaire la demande35.

11En conquérant l’oikouménè, Rome a déplacé richesses et populations. Les premières se sont accumulées dans la capitale depuis les conquêtes orientales jusqu’à celle de la Gaule riche en or et au fabuleux butin pris en Égypte. Elles ont d’abord profité aux sénateurs et aux publicains. Lucullus et Crassus étaient respectivement vingt et quarante fois plus riches que ne l’avait été Scipion l’Africain, et on voit passer dans les Verrines des navires transportant biens de luxe et esclaves qui n’ont pas laissé de traces repérables par les archéologues. Mais la richesse de Rome a fini par profiter à toute la population de la ville, en même temps qu’elle devenait une mégapole démesurée. Ainsi s’est créé un marché de consommateurs de produits plus courants dépassant tout ce qui avait pu exister jusque-là. Tout cela conduit à la liste de l’Apocalypse que j’ai citée dans l’introduction et aux prix élevés de Rome. La colonisation dans les premiers temps, avant que les colons ne réussissent à développer leurs cultures, et surtout l’installation périphérique des armées a complété le dispositif. Les nouvelles concentrations urbaines ont été reliées aux zones productrices par des routes qu’empruntaient les biens demandés ou exigés par l’État. Ils assuraient aux marchands des flux réguliers, facilitaient les conditions de transport et incitaient les négociants à développer leurs affaires privées. Ainsi sont nés et se sont maintenus les plus spectaculaires des flux commerciaux que les données font apercevoir à l’époque de l’Empire romain. La production de son côté connaît un élan durable dans une économie loin d’être saturée. Jusqu’à la fin du IIe siècle, la production des trois principales marchandises transportées en amphores s’étend sur des territoires de plus en plus grands. Après le démarrage des exportations de vin de Tarraconaise vers l’Aquitaine, dans les années qui suivent le milieu du Ier siècle, les vignes de Gaule commencent sous Auguste une expansion rapide, d’abord dans la vallée du Rhône, puis dans le sud-ouest, et ensuite dans la vallée de la Loire. Elle ne s’arrête qu’en Moselle au IIIe siècle. L’huile d’Afrique proconsulaire se développe à partir du début du IIe siècle, apparemment sans gêner l’huile de Bétique. Les grandes fabriques de salaisons de poisson de Lusitanie s’ajoutent dans la seconde moitié du Ier siècle de n. è. à celles de Bétique, et celles de la côte orientale d’Afrique proconsulaire feront de même dans le courant du IIe siècle.

12Cette thèse privilégie la création de nouveaux équilibres géographiques et de nouveaux besoins comme moteur du grand commerce de l’Empire romain et d’une croissance extensive de la production dans les régions les plus favorisées par la géographie des transports. La place pour une plus grande exploitation des ressources ne manquait pas.

  • 36 Hopkins 1980, 102-103.
  • 37 La Narbonnaise par exemple n’a guère exporté de vin avant les Flaviens et l’Afrique proconsulaire (...)
  • 38 Freyberg 1989.
  • 39 Hopkins 1980, 102. Une version plus sophistiquée dans la révision de 2002, 209. Les lecteurs de Ke (...)

13Elle peut sembler opposée, entre autres, au modèle « Taxes and Trade » de Keith Hopkins, qui met au contraire en avant l’effet sur l’offre des impôts exigés dans les provinces. Dans celles où avant la conquête les paysans n’avaient guère été soumis à des taxes monétaires (ce sont essentiellement les provinces occidentales), ils se sont trouvés contraints de produire et de vendre un surplus qu’auparavant ils ne produisaient pas ou qu’ils consommaient eux-mêmes. Dans les provinces où l’État est consommateur, c’est-à-dire celles où stationnent les armées, il dépense sur place les impôts dont il bénéficie : les flux restent locaux. Ailleurs il a fallu, sous peine d’entraîner un déséquilibre durable qui théoriquement conduit à un blocage, qu’au moins une partie des produits vendus par les agriculteurs soit expédiée vers les zones qui bénéficiaient des impôts et les dépensaient, Rome et les armées36. Malgré quelques difficultés d’ajustement chronologique37, le modèle de Keith Hopkins, et plus encore la version plus développée qu’en a donnée von Freyberg38, offre sur le plan macro-économique une explication satisfaisante du maintien sur la longue durée d’un déséquilibre financier entre les régions dépensières et les autres : il était compensé par un déséquilibre commercial inverse. Mais le modèle a plus de mal à expliquer comment se sont organisés, à partir des producteurs agricoles contraints de gagner de l’argent pour payer leurs impôts, des flux commerciaux de longue distance. Keith Hopkins a vu la difficulté et ne l’a résolue qu’au prix d’une hypothèse plus qu’invérifiable : les paysans payeurs d’impôts vendaient leurs produits sur le marché local, où ils étaient achetés par des artisans qui fabriquaient des marchandises plus faciles à transporter et offrant de meilleures possibilités de plus-value : « étoffes, cuirs, poterie ». Les deux premiers produits sont périssables et ne laissent pas de traces archéologiques, mais la poterie doit être considérée comme leur représentant39.

  • 40 Hopkins 2000, 261 ou 2002, 220. Voir ce que disait déjà Lo Cascio 1994, 102-103.

14Quand il a révisé son modèle vingt ans plus tard, Keith Hopkins (suivant en cela des propositions de von Freyberg) a recouru à une explication différente. La concentration de population et de pouvoir d’achat à Rome fait que les prix y sont beaucoup plus élevés qu’ailleurs. Les marchandises y arrivent « macro-économiquement pour permettre aux provinces débitrices de payer rentes et impôts, micro-économiquement parce que des marchands individuels espéraient faire d’énormes profits en vendant des marchandises sur le marché aux prix élevés de la capitale »40.

15En introduisant les prix dans son schéma, Keith Hopkins attribue l’impulsion que reçoit le commerce aux modifications du marché causées par l’afflux des impôts à Rome plutôt qu’à la contrainte pesant sur les agriculteurs provinciaux. Il passe de l’économie de l’offre à l’économie de la demande, et remet les marchands au cœur du système. La position que j’ai défendue me semble voisine de celle qu’on trouve dans ces pages. Mais c’est la première version du modèle « Taxes and Trade » qu’on continue en général à retenir, alors qu’elle a été en grande partie détruite par son auteur même.

16La différence est pourtant importante, car le clivage entre les partisans de la demande et ceux de l’offre, entre ceux qui pensent que la satisfaction des besoins et l’approvisionnement sont les moteurs de l’économie antique et ceux sous la plume de qui reviennent les termes de « conquête des marchés » est, dans bien des cas, sous-jacent aux divergences actuelles sur l’économie romaine.

  • 41 Cicéron, Off., I, 150 ; Sénèque, Ben., IV, 13, 3.
  • 42 Banaji 2006, 325. Cf. Whittaker 2004, 174 : « The trading attitude was in antiquity, as later in t (...)

17Quand Cicéron examine le rôle des marchands dans la société, il juge défendables « ceux qui apportent beaucoup de marchandises de toute part et les distribuent à beaucoup de gens ». Des deux moments de l’activité marchande, celui de l’acquisition et celui de la distribution, il retient clairement le second. Sénèque fait de façon métaphorique la même chose quand il dit que « le marchand est utile aux villes, le médecin aux malades »41. Les textes qui vont dans ce sens ne manquent pas, et je souscrirais à la remarque de J. Banaji : « Dans l’Antiquité et au Moyen Âge “marchand” veut dire quelqu’un qui importe »42.

  • 43 Morel 2008, 166.

18Il est vrai que nous sommes là dans le domaine de la représentation, et il n’est pas illégitime de se demander si, dans la pratique, la démarche des acteurs du commerce était bien conforme à cette image. C’est ainsi que Jean-Paul Morel, dans un article récent qui étudie les rapports entre la céramique et le marché et repose sur des connaissances et une expérience de la céramique républicaine romaine aussi étendues que possible, affirme au contraire que « les propriétaires des ateliers de Naples étaient manifestement animés, voire obsédés par la volonté de vendre, de conquérir des marchés »43. Cela contredit Banaji, pour qui la recherche de débouchés et de marchés ne commence qu’avec la révolution industrielle, et s’oppose aussi à une des phrases conclusives du livre d’Yvon Garlan sur les amphores grecques. Abordant à la fois la question de la concurrence et celle de la place de l’offre, celui-ci écrit :

  • 44 Garlan 2000, 187 et n. 57.

« S’il y eut concurrence, ce fut d’ailleurs sans doute davantage entre acheteurs qu’entre vendeurs, du côté de la demande que de l’offre. Tout nous porte en effet à penser que l’élément moteur du commerce antique a généralement été le besoin de se procurer des produits indispensables à la communauté et non d’écouler des excédents de production. On n’a trouvé aucune attestation de marchés de vente disputés par plusieurs puissances commerciales »44.

19Il y a là un vrai débat et de l’espace pour le nourrir d’arguments et l’approfondir. Ceux qu’on continue à appeler primitivistes et ceux qui ne voient guère de différences entre les comportements antiques et les comportements modernes pourraient trouver là un terrain plus limité et mieux balisé que dans l’opposition globale et simplificatrice qui continue à faire le cadre de nombreuses présentations de recherches.

  • 45 C’est là-dessus que se fonde le plaidoyer d’Andreau 1997, 328-330 (1994), qui ne s’attache pas à l (...)
  • 46 Horace, Ep. I, 1, 45.

20On peut certes considérer qu’à partir du moment où plusieurs marchands vendent un même produit dans une même ville et qu’il y a formation des prix, il y a concurrence45. Il est également patent que les marchands romains ont saisi des occasions et constaté des besoins, qu’ils ont cherché à les satisfaire dans les conditions les plus avantageuses pour eux et qu’ils n’ont pas dédaigné les profits latéraux. Ils se sont organisés pour cela en déployant efforts, courage et talent. Se sont-ils mis en compétition ? Ont-ils été habités par un souci constant d’accroître leurs ventes, d’étendre leurs marchés ? Ont-ils prospecté pour examiner les possibilités de le faire ? Rien de cela n’apparaît. Il ne faut pas oublier que l’infatigable marchand qui se précipite jusqu’en Inde46 ne va pas conquérir un marché, mais se procurer des biens qui satisfassent les envies de luxe ostentatoire de l’aristocratie romaine. On accuse souvent les marchands de forcer sur les prix, d’être des accapareurs. Jamais, me semble-t-il, de dumping ou de prix de pénétration.

  • 47 Sur le rôle possible de grands personnages protecteurs de marchands, voir p. 95-96 à propos des ma (...)

21En ce qui concerne la concurrence, la question est de savoir si elle prenait le caractère d’une lutte par des moyens économiques comme on l’entend aujourd’hui. Dans une économie moderne saturée, l’image courante du marchand le représente affairé à susciter de la demande, à jouer sur les prix pour supplanter son confrère, à atteindre des populations encore épargnées par cette saturation. Pas plus qu’Yvon Garlan, je n’ai présent à l’esprit de texte qui donnerait cette image du marchand antique. Les marchands de Bétique qui avaient partagé à cinq ou dix le même bateau pour transporter leurs marchandises entraient-ils à peine débarqués en rivalité belliqueuse ? Ils ne le faisaient certainement pas à l’égard de leurs affranchis ou des confrères qui étaient régulièrement leurs partenaires dans des associations éphémères, ou avec qui ils nouaient des liens familiaux. On peut se demander si le recours aux omniprésentes ventes aux enchères régulait la concurrence au point qu’on ne la voit pas émerger d’une autre façon. Ou si nous sommes dans un monde d’ententes et de dominations acceptées, où les rivalités, s’il y en avait, se réglaient en amont, hors du champ de l’économie et du marché47.

  • 48 Finley 1973, 214 (19852, 160).

22L’économie romaine était, dans la plupart des cas, loin d’être saturée. Admettre l’existence d’échanges d’une dimension exceptionnelle n’oblige pas à récuser la formule de Finley « la satisfaction des besoins matériels est le concept-clé »48. Les marchands avaient déjà fort à faire pour y répondre, et ils ont plus profité que ne le pensait Finley de la configuration particulière qu’ont prise ces besoins matériels dans le monde romain.

Notes

1 Synésius, lettre 54.

2 Finley 19852, 33 (1973, 38) ; Whittaker 2004, 174.

3 Laubenheimer, Lecquoy 1992 ; Misonne et al. 1998.

4 Liou 1987b ; Miró 1988, 120-123 et 189-197 ; Liou, Corsi-Sciallano 1985 ; Carreras Monfort 2009.

5 Voir les cartes de Ehmig 2003 et p. 118, fig. 1.

6 Nieto Prieto 1997.

7 Tab. Vindol. II, 184, 4 ; voir Pearce 2002.

8 Desbat, Savay-Guerraz 1990 ; Arthur, Williams 1992 ; Tchernia 2011.

9 Borgard 2005.

10 Cotton, Geiger 1989, 140-160 ; Manacorda 1998, 323.

11 Voir p. 344-345.

12 Rico 1995 ; Thébert 2000. Ce dernier fait remarquer que, même si ces briques ont dans certains cas pu servir de lest, cela « n’enlève rien à la dimension commerciale de l’opération » ; c’est exact, mais ne peut être considéré comme un signe direct de la « commercialisation intensive des produits qui caractérise l’Empire romain » : seule l’occasion de leur faire jouer un double rôle en a fait un objet de commerce en Afrique.

13 Encore récemment dans la CEHGRW, 572 et par De Callataÿ 2005, repris par Jongman 2007. Ces derniers rapprochent la courbe des épaves de celle de la pollution du plomb d’après les prélèvements dans les glaces du Groënland, jugeant qu’elles présentent des ressemblances significatives : ce n’est guère soutenable dans le détail car, en dehors d’un pic isolé difficilement compréhensible, la courbe du plomb est à son point le plus élevé en 266 avant notre ère et présente ensuite une chute presque régulière jusqu’en 126 de notre ère (on trouve les dates exactes dans Domergue 2008, 212, fig. 126 et voir ses réflexions p. 213). La courbe des épaves avait été utilisée par Keith Hopkins 1980, en faisant des blocs de deux siècles qui donnaient une image encore plus impressionnante. Ses remarques de 2002, 211-212 ne concernent pas le problème que je soulève ici.

14 Parker 1992, fig. 3.

15 Méthode des probabilités par année (chaque année de la fourchette est comptée au taux de 1/n, n étant le nombre d’années de la fourchette), alors que Parker prenait une date moyenne.

16 Wilson 2009, 223, fig. 9-4.

17 Wilson sp.

18 Diodore de Sicile, V, 23, 6 ; Strabon, V, 1, 8 et IV, 6, 12 ; Polybe, IV, 38, 4-5 ; Strabon, XI, 2, 3. Voir aussi Salluste, Jug., XLIV, 5.

19 Voir p. 14, n. 25.

20 Poux 2004 ; Tchernia 2009 et voir p. 358-359.

21 Tacite, Ger., XXII, 1.

22 Il faut le redire puisque la cause, malgré les travaux de Matthieu Poux, est difficile à entendre : Sealey 2009, 23 in fine ; Silver 2009, 432-433. Pour ces auteurs, la conquête césarienne semble avoir eu peu d’impact sur la société, les coutumes et la consommation des Gaulois ; le même modèle économique s’appliquerait à la Gaule indépendante et aux provinces organisées par Auguste et Agrippa.

23 Voir p. 359.

24 Harris 1980 et 1999 ; Giardina 1997, 251 sq. ; Scheidel 1997 ; Lo Cascio 2002.

25 P. 210-212.

26 Polybe, X, 10, 11 et XXXIV, 9, 8, ap. Strabon, III, 2, 10.

27 Mal di Ventre : Parker 1992, no 637 ; Salvi 1992. Autres épaves : Domergue 1998, à compléter par Domergue et al. 2006 pour l’épave de Comacchio (Parker 1992, no 1206).

28 Mattingly 1988, 52-54 ; Hitchner 2002, 74 (1993, 501).

29 Domergue 1994 ; Domergue et al. 2003 ; Domergue et al. 2006 (pour les lingots d’Agrippa).

30 Liou, Corsi-Sciallano 1985 ; Carreras Monfort 2009.

31 Je suis Virlouvet 1995a, 184-205 : la réduction à 150 000 du nombre des bénéficiaires opérée par César ne sera appliquée qu’à la mort d’Auguste.

32 En comptant le testament d’Agrippa : Res Gestae, 15 ; ESAR, V, 14-16 ; Ridley 2003, 116.

33 Cf. supra p. 140-141 « Le blé est un bien Giffen ».

34 Botte 2009.

35 Ce raisonnement n’est cependant pas valable pour l’huile d’Apulie, qui disparaît un peu avant le changement d’ère. C’est un des rares cas (avec le remplacement de la tardo-italique par la sigillée africaine) où la concurrence entre territoires semble manifeste et meurtrière : l’huile d’Apulie était coincée entre le développement de celle d’Istrie au nord, à l’ouest de celle de Bétique qui bénéficiait du transport de cargaisons mixtes et, au sud, de celle de Tripolitaine, où Lepcis Magna a dû s’acquitter pendant un certain temps de l’amende infligée par César en 46 (sur laquelle voir Wierchowski 2001, 50).

36 Hopkins 1980, 102-103.

37 La Narbonnaise par exemple n’a guère exporté de vin avant les Flaviens et l’Afrique proconsulaire n’a pas exporté d’huile avant le IIe siècle. Zelener 2000, 232 et n. 44 avait constaté le problème en partant du cas de l’Afrique « This is the temporal discontinuity problem of the taxes and trade model. A more robust model of the Roman economy would need to account for both regional differentiation and temporal discontinuity ».

38 Freyberg 1989.

39 Hopkins 1980, 102. Une version plus sophistiquée dans la révision de 2002, 209. Les lecteurs de Keith Hopkins n’ont guère prêté attention à cette étape de l’exposé et ils ont utilisé le modèle directement pour les produits agricoles : voir p. 326.

40 Hopkins 2000, 261 ou 2002, 220. Voir ce que disait déjà Lo Cascio 1994, 102-103.

41 Cicéron, Off., I, 150 ; Sénèque, Ben., IV, 13, 3.

42 Banaji 2006, 325. Cf. Whittaker 2004, 174 : « The trading attitude was in antiquity, as later in the Middle Ages, “provisionist” ».

43 Morel 2008, 166.

44 Garlan 2000, 187 et n. 57.

45 C’est là-dessus que se fonde le plaidoyer d’Andreau 1997, 328-330 (1994), qui ne s’attache pas à l’aspect agonistique. Cf. Id. 2010, 175-176, et p. 83, n. 103 pour les passages du Digeste sur l’éventualité d’une concurrence entre patron et affranchi. Exemples d’interprétations inadéquates par la concurrence p. 372.

46 Horace, Ep. I, 1, 45.

47 Sur le rôle possible de grands personnages protecteurs de marchands, voir p. 95-96 à propos des marchands d’esclaves et p. 332-334 sur les Balbi et le développement du commerce de Bétique.

48 Finley 1973, 214 (19852, 160).

Table des illustrations

Légende Fig. 3. - Épaves de Méditerranée entre 500 av. n. è. et 500 de n. è., histogramme par siècles (d’après Parker 1992, fig. 3).
URL http://books.openedition.org/pcjb/docannexe/image/6445/img-1.jpg
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Légende Fig. 4. - Épaves romaines de Méditerranée occidentale entre 200 av. n. è. et 400 de n. è., histogramme par demi-siècles (d’après Parker 1992, fig. 5).
URL http://books.openedition.org/pcjb/docannexe/image/6445/img-2.jpg
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Légende Fig. 5. - Épaves de Méditerranée entre 500 av. n. è. et 500 de n. è., histogramme par demi-siècles (d’après la liste de Parker 1992, p. 10-14).
URL http://books.openedition.org/pcjb/docannexe/image/6445/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 98k
Légende Fig. 6. - Épaves de Méditerranée entre 500 av. n. è. et 500 de n. è., histogramme par demi-siècles, datation. selon la méthode des probabilités par année (d’après Wilson 2009, 223, fig. 9-4).
URL http://books.openedition.org/pcjb/docannexe/image/6445/img-4.jpg
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